Réunion préparatoire à la CDD-19: la gestion des déchets et l’exploitation minière doivent favoriser le développement durable, préconisent les délégations
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Commission du développement durable
Réunion préparatoire intergouvernementale
5e et 6e séances – matin & après-midi
RÉUNION PRÉPARATOIRE À LA CDD-19: LA GESTION DES DÉCHETS ET L’EXPLOITATION MINIÈRE
DOIVENT FAVORISER LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, PRÉCONISENT LES DÉLÉGATIONS
Les membres de la Commission du développement durable (CDD), réunis dans le cadre de la Réunion préparatoire à la dix-neuvième session de la CDD, dont les travaux auront lieu au mois de mai, ont débattu aujourd’hui des orientations possibles et des mesures envisagées dans le domaine de la gestion des déchets domestiques, industriels et chimiques, et dans celui de l’exploitation minière pour accélérer la mise en œuvre du développement durable.
Lors du premier débat consacré, ce matin, à la gestion des déchets, les délégations, qui s’appuyaient sur le rapport* pertinent du Secrétaire général dont elles ont été saisies, ont été invitées à se pencher sur les moyens de développer des politiques de gestion durable et efficiente des déchets; d’imaginer des incitations à la réduction des quantités de déchets auxquelles fait face le monde; d’aider les pays en développement à traiter et à recycler les ordures et les déchets dangereux, et d’assurer la fiabilité des données relatives à cette question.
« Les déchets sont potentiellement une ressource sous-utilisée en matière énergétique et de promotion du développement durable », a dit M. Magnus Bengtsson de l’Institut des stratégies environnementales mondiales, dans un exposé liminaire. Il a estimé qu’il est essentiel pour la communauté internationale d’améliorer les cadres de marché existant pour les produits issus de la transformation et du recyclage des déchets industriels et ménagers, tandis que M. Luiz Diaz, Président de la société californienne « CalRecovery », spécialisée dans le traitement et la transformation des déchets, a estimé impératif d’enseigner la gestion de ces matériaux parfois toxiques et dangereux aux acteurs locaux et au grand public, ceci dans le cadre d’une stratégie à long terme de gestion des déchets solides pour favoriser le développement durable et faciliter l’élimination de la pauvreté.
« Il y a urgence en la matière », a déclaré, de son côté, la représentante du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), en notant que six milliards de personnes vivront dans les zones urbaines d’ici 2050, avec tous les défis que cela suppose en ce qui concerne la gestion des quantités énormes de déchets provenant du mode de vie et de consommation de cette population.
Des délégations ont lancé des appels urgents à la création de systèmes de gestion intégrée et durable des déchets. Le fonctionnement de ces systèmes s’appuierait sur le principe des 3R, soit réduire, recycler et réutiliser les produits issus de la transformation des déchets, dans l’objectif de parvenir à des économies et à des sociétés humaines dont le fonctionnement générerait le moins d’ordures et de déchets possibles -« sociétés et économies à zéro déchet ». Plusieurs intervenants ont demandé que des efforts soient faits dans tous les domaines pertinents pour permettre qu’une fois transformés ou recyclés, les déchets apportent une contribution au développement durable, à une meilleure santé publique, à l’atténuation de la pauvreté, à la création d’emplois décents, à l’amélioration des conditions de vie des populations, ainsi qu’aux efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre et autres polluants.
Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la représentante de l’Argentine a appelé au renforcement de la mise en œuvre de la Convention de Bamako sur l’interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux. Elle a aussi demandé qu’une solution soit trouvée au problème posé par les décharges de produits électroniques. La représentante de la Bolivie a, quant à elle, suggéré la création d’un « tribunal international » chargé de juger les responsables des pollutions qui touchent parfois des régions entières et leurs populations.
La représentante de la Suisse, à l’instar de plusieurs autres délégations, a attiré l’attention sur l’importance de la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, alors que la délégation de l’Union européenne (UE) souhaitait pour sa part que l’on parvienne rapidement à l’adoption des termes et dispositions de la Convention de Hong Kong, qui porte sur la gestion des déchets liés aux activités des navires, jugeant qu’un tel texte serait un complément utile à la Convention de Bâle.
Dans l’après-midi, les délégations ont tenu un débat sur le thème de l’exploitation minière. Un grand nombre d’entre elles ont exigé que des progrès soient faits en matière de respect des droits de l’homme, de droits fonciers, et de moyens de subsistance des communautés autochtones et locales. Elles ont plaidé pour que des réponses efficaces soient apportées aux incidences écologiques et sociales qu’ont les activités d’extraction minière. Pour l’examen de cette question, les délégations étaient saisies d’un rapport** du Secrétaire général qui s’appuie notamment sur des informations communiquées par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et le Forum intergouvernemental des mines, des minerais, des métaux et du développement durable.
La Réunion préparatoire à la dix-neuvième session de la Commission du développement durable (CDD-19) se poursuivra demain, jeudi 3 mars, à 10 heures.
ORIENTATIONS POSSIBLES ET MESURES ENVISAGÉES POUR ACCÉLERER LA MISE EN ŒUVRE
Débat interactif sur la gestion des déchets (E/CN.17/2011/6)
Dans une intervention liminaire, M. ABDELGHANI MERABET, de l’Algérie, a rappelé que le traitement des déchets constituait un élément de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a ajouté que les déchets pouvaient avoir des répercussions négatives sur le développement économique. M. Merabet a dit que l’expérience a montré que la question de la gestion des déchets doit être traitée de façon intégrée, avec la participation de différents partenaires. Il a estimé que la réduction des quantités de déchets à la source, leur recyclage et la réutilisation des matières qui les composent devraient sous-tendre la gestion durable des déchets. Le représentant a souhaité que les interventions des délégations se concentrent sur les moyens de développer une approche macroéconomique des politiques de gestion durable des déchets, d’imaginer des incitations à la réduction des déchets, d’aider les pays en développement à traiter et recycler les déchets dangereux et d’assurer la fiabilité des données relatives aux déchets.
Mme KATHARINA KUMMER PEIRY, Secrétaire exécutive de la Convention de Bâle, a déclaré d’emblée qu’il y a un besoin de changement dans la manière de traiter les déchets, y compris les déchets dangereux. « La Convention de Bâle a été créée dans ce but, et représente depuis son entrée en vigueur en 2002 le seul traité mondial qui aborde cette question, plaidant pour une gestion rationnelle du traitement des déchets, la réduction de leur circulation transfrontalière et la réduction des quantités de déchets dangereux tout court », a-t-elle expliqué. Mme Kummer Peiry a ensuite rappelé qu’autrefois, la question des déchets était « une question locale, pas susceptible d’être débattue ou financée au niveau mondial ». « En tant que sous-produits sales et coûteux des activités industrielles, les déchets étaient peu attractifs, et leur gestion mal financée », a-t-elle remarqué. « Aujourd’hui, avec l’essor de l’économie verte, nous n’avons plus besoin de mendier », a-t-elle ajouté, avant d’indiquer qu’au cours des dernières années, les changements de mentalité en matière de développement durable avaient permis l’établissement de nouvelles normes de salubrité. « Il faut éviter que le développement durable ne génère à son tour trop de déchets et traiter ces derniers en tant que ressources, cela en mettant en avant le potentiel qu’ils représentent dans le cadre de l’économie verte », a ajouté la Secrétaire exécutive de la Convention de Bâle. Mme Kummer Peiry a évoqué à ce propos les partenariats public-privé qui ont cours à l’échelle mondiale dans le domaine du recyclage et de la remise en état des rebuts de l’industrie et de la consommation des produits électroniques, partenariats « qui créent des emplois dans les pays développés et en développement ».
M. MAGNUS BENGTSSON, Directeur du Groupe de la consommation et de la production durable de l’Institut des stratégies environnementales mondiales, a exhorté les gouvernements à identifier et supprimer les obstacles qui se posent à la transformation des déchets en ressources utilisables après leur recyclage. Les déchets sont une ressource sous-utilisée en matière de promotion du développement durable, a dit M. Bengtsson, en mettant l’accent sur le potentiel qu’offrent les énormes volumes de déchets domestiques et industriels dont les stocks à travers le monde restent inexploités. La moitié des stocks de déchets urbains existant dans les pays en développement sont de type organique, et constituent des ressources potentielles que de nombreuses villes n’exploitent pas, a-t-il indiqué. Il a expliqué qu’il y avait des alternatives aux décharges d’ordures ménagères ou industrielles en notant que le monde dispose de technologies qui lui permettent de tirer profit et de valoriser tous les types de déchets, notamment en ce qui concerne la transformation des déchets organiques en biogaz, en compost et en aliments pour le bétail. M. Bengtsson a rappelé que le compost et le biogaz peuvent être réinsérés dans les sols avec des bénéfices durables. Il a jugé essentiel d’améliorer les marchés existant pour le commerce des produits issus de la transformation des déchets, de travailler avec les différents secteurs de la chaîne alimentaire, avec les fabricants d’engrais, et d’éduquer et de renforcer la confiance entre les différents acteurs. Il a présenté des initiatives lancées au Bangladesh et en Indonésie, où des unités de fabrication de compost de petites tailles sont créées. Il faut améliorer le marché des déchets, qui reste sous-utilisé, et le mettre au service du développement durable, a-t-il insisté.
M. LUIZ DIAZ, Président de « CalRecovery, Inc. », une entreprise de traitement des déchets basée à Concord, en Californie, a mis l’accent sur la nécessité de développer son secteur d’activité dans les pays en développement. Mettant en avant l’expérience qu’il a acquise dans ces pays, M. Diaz a expliqué que la croissance démographique dans les zones urbaines et le manque de prise en compte du problème par les politiques ont entrainé des problèmes majeurs de stockage et de collecte des ordures et des déchets. « La mise au rebut y est inadéquate, les technologies inappropriées et le personnel peu ou pas qualifié », a-t-il constaté. M. Diaz a donc souligné la nécessité de « professionnaliser la gestion des déchets dans les pays en développement, où les usines de retraitement sont dirigées par des gens qui méconnaissent les réalités locales et régionales ». Il a ensuite déploré que les pauvres vivant en milieu urbain soient pratiquement « abandonnés dans leur détritus », que les glissements de terrain entraînent littéralement, comme aux Philippines récemment, l’effondrement d’énormes décharges d’ordures sur les populations.
« Il y a bien un lien entre la mauvaise gestion des traitements de déchets et la gravité des catastrophes naturelles », a encore noté Luiz Diaz, qui a également évoqué les problèmes sanitaires causés par les rejets d’ordures et de substances toxiques effectués à proximité des cours d’eau, et l’emploi illégal d’enfants, « dont certains se nourrissent en piochant dans les ordures qu’ils sont censés trier ». Reconnaissant la complexité du problème, il a préconisé en premier lieu d’augmenter le partage des connaissances dans le domaine du traitement des déchets et de sensibiliser tant la classe politique que le public. « Les enjeux sont énormes en termes de santé et de droits des individus », a-t-il averti, estimant que la gestion des déchets doit être une prérogative des élus des populations en développement. « Ces derniers doivent faire respecter les réglementations pour améliorer la qualité de la vie et de l’environnement, créer des emplois verts et revaloriser également l’image des hommes politiques sur le terrain », a-t-il estimé. M. Diaz a aussi attiré l’attention sur l’importance d’assurer une continuité d’action, « car les activités dont nous parlons ne peuvent être délaissées sans que ne soient immédiatement recréés les problèmes écologiques et de santé déjà évoqués ».
Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la représentante de l’Argentine a dit que la gestion des déchets était un élément important de la lutte contre la pauvreté et pour la promotion de la croissance économique. Elle a estimé que la gestion rationnelle des déchets était un élément clef de l’atteinte des objectifs visant à promouvoir des modes de production et de consommation durables. La représentante a jugé essentiel que les gouvernements développent des politiques de gestion des ordures ménagères et des déchets industriels comprenant une politique globale et locale qui s’applique à tous les types de déchets, et qui soit appuyée par les institutions internationales pertinentes. Elle a indiqué qu’il est nécessaire et utile d’encourager les consommateurs à réduire les quantités de résidus et de déchets issus de leurs habitudes de consommation et à recycler davantage. Elle a lancé un appel en faveur du renforcement de la mise en œuvre de la Convention de Bamako sur l’interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux, en souhaitant que l’on trouve une réponse au problème posé par les décharges de produits électroniques.
« Il est essentiel que la communauté internationale parvienne à créer une réelle « société de recyclage », a déclaré le représentant de l’Union européenne, en appelant à la mise en place de systèmes de gestion intégrée et durable des déchets. Ces systèmes devraient comprendre toute une série d’activités, consistant notamment à réduire les quantités de déchets, les recycler et réutiliser les produits issus des matériaux recyclés. Ces tâches pourraient être exécutées par différents partenaires à des échelles variées, a préconisé le représentant. Il a souhaité que l’on parvienne rapidement à l’adoption des termes et dispositions de la Convention de Hong Kong sur la gestion des déchets liés aux navires, en estimant qu’un tel texte serait un complément utile de la Convention de Bâle.
Au nom du représentant des petits États insulaires en développement du Pacifique, le représentant de la Micronésie a souligné la mise en œuvre d’une stratégie de gestion des déchets solides du Pacifique qui permettra de régler la question posée par les sites des décharges d’ordure et de déchets, mais aussi de promouvoir une nouvelle source d’énergie tirée de la biomasse que constituent les dépôts de déchets organiques. Il a cependant indiqué que cette stratégie ne pourra être mise en œuvre sans une source de financement prévisible et durable et sans un renforcement notable des capacités humaines spécialisées dans la gestion et le recyclage des déchets.
Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), le représentant du Cap-Vert a indiqué que le tourisme était une arme à double tranchant, puisque les activités menées par les touristes étrangers et leur consommation de produits naturels ou industriels produisent en moyenne deux fois plus de déchets que ceux générés par les populations locales. Après avoir mis en exergue les difficultés que rencontrent les petits États insulaires dans le traitement des déchets liquides, il a exhorté tous les pays, même ceux qui ont le plus progressé dans ce domaine, à envisager la possibilité de devenir des économies et des sociétés à « zéro déchet ».
Le représentant des États-Unis a présenté les initiatives prises par son pays pour aider d’autres pays à réduire leurs émissions de gaz méthane et prévenir les mouvements transfrontaliers de déchets. Celui de la Chine a estimé que la mise en œuvre du principe des 3R: « réduire, réutiliser, recycler les déchets », était essentiel à la promotion du développement durable. Néanmoins, il a noté que la plupart des pays en développement n’avaient ni les ressources humaines ni les technologies nécessaires pour mettre en œuvre les 3R. Sur le même ton, les représentants de l’Algérie et de l’Afrique du Sud ont estimé indispensable la mise en œuvre, aux niveaux international, régional et national, d’une politique de gestion des déchets s’appuyant sur le principe des 3R, ceci dans l’objectif de parvenir à des économies et des sociétés « zéro déchet ».
De leur côté, les représentants du Chili et de la Bolivie se sont particulièrement inquiétés du danger que représente, pour 250 espèces animales, la pollution des océans par les sacs et autres emballages en plastique. La délégation du Chili a souligné l’importance de la Convention internationale de 1973 pour la prévention de la pollution par les navires, telle que modifiée par le Protocole de 1978 (MARPOL), alors que celle de la Bolivie suggérait la création d’un tribunal pénal international chargé de juger les responsables des dangereuses pollutions qui affectent parfois des régions entières en mettant en danger leurs habitants.
Les représentants du Cambodge et de l’Arménie ont mis l’accent sur la nécessité de renforcer la législation nationale sur la gestion des déchets. Celui de l’Iran a jugé déterminant les bénéfices tirés des échanges d’expériences entre pays.
« Quarante pour cent de l’alimentation produite aux États-Unis n’est pas consommée », a déclaré la représentante du Groupe des agriculteurs qui a plaidé pour la réduction des quantités et un meilleur recyclage des déchets liés à l’agriculture et à l’alimentation. Elle a relevé que dans certaines situations, les accumulations de déchets et leur impact négatif sur l’environnement deviennent des obstacles à la lutte contre la faim et la malnutrition. « En matière de gestion des ordures et des déchets, le monde est face à une situation d’urgence », a déclaré la représentante du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat). Elle a noté qu’à travers le monde, six milliards de personnes vivront en zones urbaines d’ici 2050, avec tous les défis que cela entrainera en matière de gestion de déchets.
Débat interactif sur l’exploitation minière (E/CN.17/2011/7)
Le Président de la séance de travail portant sur l’exploitation minière, M. ANDREW GOLEDZINOWSKI, de l’Australie, a souligné que l’exploitation minière, les minéraux et les métaux étaient importants pour l’économie mondiale et le développement des pays en développement détenteurs de ces ressources naturelles. « Lorsqu’elle est gérée correctement, dans un cadre transparent et de bonne gouvernance, l’exploitation minière offre des opportunités économiques réelles et aide à réduire la pauvreté », a-t-il ajouté, notant la bonne volonté manifestée en ce sens ces dernières années par de nombreuses compagnies impliquées dans les industries extractives. « Toutefois, de nombreux pays peuvent et doivent optimiser les apports de l’exploitation minière au développement socioéconomique de leurs population et de leurs sociétés », a-t-il ensuite souligné. M. Goledzinowski a mis l’accent sur l’importance qu’il a d’assurer le plein respect des droits des mineurs et de ceux des populations autochtones, « dont les terres sont très souvent exploitées à des fins commerciales par les industriels ». « De manière générale, la relation entre gouvernements, compagnies et citoyens doit être améliorée dans l’intérêt de tous », a préconisé le Président de séance. Il a ainsi appelé à l’intégration du secteur minier dans les stratégies de développement à long terme, et à une répartition plus équitable des richesses tirées de l’exploitation des ressources minérales. M. Goledzinowski a par ailleurs enjoint la communauté internationale à aider les pays en développement par le biais d’une coopération technique qui soit mieux adaptée à leurs besoins.
M. GARVIN HILSON, Professeur à l’Université de Reading (Royaume-Uni), a, dans son intervention, mis l’accent sur l’impact environnemental et social des activités minières artisanales ou menées à petite échelle, qui concernent 20 millions de personnes à travers le monde. Il a déclaré qu’il est important que l’on parvienne à sortir de l’informel le secteur minier artisanal pour l’intégrer dans l’économie régulée et structurée. M. Hilson a ensuite recommandé d’intégrer l’activité minière artisanale et à petite échelle dans les stratégies plus larges de développement local et de réduction de la pauvreté, afin de maximiser la contribution de secteur minier aux moyens de subsistance des populations et de faciliter la coexistence de l’activité minière avec d’autres sources de revenu. L’expert a jugé essentiel de concevoir un cadre juridique et réglementaire pour cette activité minière, afin de lutter notamment contre le travail des enfants et d’en maximiser les bénéfices sociaux, notamment par la reconnaissance légale des petites exploitations minières, la désignation de zones appropriées pour l’extraction minière à petite échelle, la facilitation de l’enregistrement des mineurs, et l’apport d’un appui technique aux communautés de mineurs artisans.
M. ROY MACONACHIE, Professeur en développement international au Département des sciences sociales et politiques de l’Université de Bath, s’est attardé sur le cas de l’exploitation artisanale des ressources minérales, « qui emploie quelque 20 millions de personnes dans le monde ». Évoquant la situation particulière de la Sierra Leone, il a d’abord précisé que l’extraction des diamants dans les sables fluviaux ou le gravier des cours d’eau dans ce pays était « une activité de pauvres, prisée par des populations jeunes, célibataires et peu éduquées, ce qui les expose aux abus ». Il a rappelé que, « comme nous le savons, l’extraction de diamant dans ce pays a été à l’origine et a alimenté des conflits qui l’ont longtemps affecté ». « La situation s’est améliorée depuis la fin de la guerre civile, et le cadre de certification fixé par le Processus de Kimberley a porté ses fruits, rendant l’activité plus transparente », a cependant assuré M. Maconachie. Le panéliste a ensuite indiqué qu’en sa qualité d’expert, il faisait office de conseiller auprès des autorités sierra-léonaises à qui il recommande notamment d’intégrer leurs politiques d’exploitation minière dans les politiques plus larges de développement durable. « En Sierra Leone, il faudrait harmoniser le secteur agricole et l’exploitation minière, qui sont deux moyens clefs de subsistance pour la population », a-t-il ajouté, notant la nécessité d’établir des liens intersectoriels à ce niveau afin de lutter plus efficacement contre la pauvreté et de créer plus d’emplois. « Nous insistons auprès des autorités pour qu’elles renforcent la formation des mineurs et pour qu’elles facilitent leur regroupement au sein de coopératives, où leurs droits et leurs intérêts pourraient être davantage et mieux défendus », a par ailleurs indiqué M. Maconachie.
« L’Union européenne (UE) a fait de la promotion et du développement de la bonne gouvernance dans la gestion des activités minières une priorité », a déclaré cet après-midi le représentant de la Hongrie, qui parlait au nom de l’Union européenne. Il a jugé qu’il est essentiel pour la communauté internationale d’intégrer les objectifs de la sauvegarde de la biodiversité, dont la conservation et le recyclage de l’eau, dans le déroulement des activités minières.
Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la représentante de l’Argentine a, pour sa part, rappelé que les activités d’exploitation minière représentaient un pourcentage considérable de l’activité économique des pays en développement. Elle a dit qu’il est indispensable de mettre en place des règles qui soient de nature à réduire les nombreux impacts négatifs qu’ont les activités d’extraction minière sur le milieu où elles prennent place, qu’il s’agisse de leurs conséquences sur l’environnement ou de leurs effets sociaux négatifs.
À l’instar du représentant d’Antigua-et-Barbuda, qui s’était exprimé au nom des petits États insulaires en développement (PEID), elle a souligné l’importance de la coopération internationale pour faciliter l’adoption de mesures visant à améliorer la gouvernance, la transparence et la responsabilisation au niveau public, ainsi que celle de la constitution de capacités techniques et administratives; de la mise au point de nouvelles techniques minières, de l’investissement et du transfert de technologies. À cela, il faut ajouter les moyens qui permettraient d’assurer une remise en état des sols et un partage équitable des bénéfices de l’exploitation minière, ont dit les deux délégations qui se sont respectivement exprimées au nom du Groupe des 77 et de la Chine et du Groupe des petits États insulaires en développement.
La représentante du Groupe des peuples autochtones, qui s’exprimait au nom des grands groupes, a reconnu que l’exploitation minière est essentielle au développement, ajoutant cependant « que nous savons que cette activité n’est pas durable tant qu’elle entraîne des processus destructeurs, en particulier ceux provoqués par les industries d’extraction à grande échelle ». L’intervenante a appelé les responsables politiques et industriels à réduire le coût social de cette activité, qui, mal gérée, crée des tensions et endommage la biodiversité. « Nos préoccupations légitimes devraient figurer dans les plans d’exploitation, et nous invitons toutes les parties prenantes à établir un cadre cohérent fondé sur le principe de bonne gouvernance et de transparence », a-t-elle également déclaré.
Le représentant du Canada a mis l’accent sur l’importance d’améliorer les technologies d’exploitation minière et de prévenir l’impact de cette activité sur la santé. « Il faut associer la société civile à l’amélioration des conditions de travail des mineurs ainsi qu’à la réduction de l’empreinte environnementale et à la promotion de la responsabilité sociale des entreprises », a-t-il ajouté. Le représentant a souhaité qu’un dialogue ouvert se tienne sur cette question lors de la dix-neuvième session de la CDD en se basant sur le thème: « l’urgence de renforcer les capacités de gouvernance du secteur minier en lien avec d’autres secteurs de l’activité économique ».
La représentante de Cuba a attiré l’attention des délégations sur le fait que les activités minières se développent le plus souvent sans la prise de mesures garantissant la sécurité de l’homme et de l’environnement. « L’exploitation minière est synonyme d’exploitation des populations les plus pauvres dans les pays en développement », a-t-elle constaté. Elle a indiqué que pour lutter contre cette situation, Cuba avait, entre autres, adopté une loi qui contraint les concessionnaires miniers à contribuer à un fonds de préservation de l’environnement autour des mines.
Le représentant des États-Unis a, à son tour, prôné l’adoption de bonnes pratiques en matière d’exploitation minière, ceci en vue d’améliorer la durabilité des sites et de réduire l’impact négatif sur la santé et l’environnement d’activités mal gérées. « L’assistance technique fournie par les États-Unis dans les pays en développement se concentre sur la « formation des formateurs », a-t-il fait savoir, ajoutant que son pays axait actuellement son effort sur la réduction des taux de mercure dans les mines artisanales. « Le traitement des eaux est en effet essentiel dans cette perspective pour apurer les mines et réduire les risques de glissements de terrain qui augmentent avec les activités d’extraction », a-t-il également expliqué.
Le représentant de l’Algérie a relevé que la communauté internationale devait trouver les moyens adéquats d’aider les pays à renforcer leurs capacités de gestion des richesses minières. « Elle doit combler les lacunes gouvernementales en faisant jouer les accords multilatéraux en matière de droit du travail et de préservation de l’environnement », a-t-il avancé. Évoquant la situation dans son pays, il a fait savoir qu’en 2007 l’accroissement de l’investissement de compagnies étrangères, « qui est synonyme d’importation de bonnes pratiques », avait permis de créer près de 30 000 emplois dans le secteur de l’exploitation minière.
Le représentant de la France a attiré l’attention sur les conséquences de la hausse prolongée de la demande mondiale en matières premières minérales, « qui constitue à la fois un défi et une opportunité ». « Un défi, car les activités extractives sont potentiellement nuisibles pour l’environnement et pour les communautés proches de sites de production; une opportunité car cette production peut accélérer le développement économique et social des pays producteurs », a-t-il expliqué. Le représentant a ainsi estimé que la promotion d’une activité minière intégrant les objectifs et les principes du développement durable doit être poursuivie avec vigueur. « La question centrale reste la capacité des économies des pays producteurs à tirer profit de la valorisation de leurs ressources naturelles dans la durée, l’appui de la communauté internationale étant indispensable dans ce contexte », a-t-il affirmé.
Le représentant du Mexique a souligné la nécessité de mettre en œuvre un processus collectif de modernisation de l’administration et de l’attribution des concessions manières, seul moyen, selon lui, d’assurer une exploitation et des transactions plus transparentes. « Un cadre juridique plus clair renforce la confiance et incite ainsi à investir dans un secteur », a-t-il fait remarquer, avant de prôner une plus grande diversification de la production et une amélioration des mécanismes financiers régulant le secteur.
La représentante de la Bolivie a réagi vivement en jugeant que si son pays n’est pas opposé aux investissements étrangers dans ses mines, les compagnies internationales doivent mener leurs activités d’exploitation des ressources naturelles « en respectant la souveraineté et l’intégrité environnementale des États qui les laissent travailler chez eux ». « Travailler dans la transparence, c’est rendre des comptes, et les compagnies étrangères des pays industrialisés ne doivent pas se dérober à cette obligation auprès des pays en développement dans lesquels ils sont présents, et qu’ils quittent parfois en laissant derrière elles des terres ravagées, détruites et désolées », a-t-elle déploré.
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