Le Forum de l’ONU sur les forêts examine les grands enjeux des forêts pour les populations, leurs moyens de subsistance et l’élimination de la pauvreté
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Forum des Nations Unies sur les forêts
Neuvième session
4e et 5e séances – matin et après-midi
LE FORUM DE L’ONU SUR LES FORÊTS EXAMINE L ES GRANDS ENJEUX DES FORÊTS POUR LES POPULATIONS, LEURS MOYENS DE SUBSISTANCE ET L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ
Les délégations débattent de la coordination des politiques et des perspectives régionales et sous-régionales sur les forêts au service des populations
« Plus de 1,6 milliard de personnes sont indirectement tributaires des forêts pour leurs moyens de subsistance et d’autres avantages économiques », ont rappelé des délégations, ce matin, au cours des travaux de la deuxième journée de la neuvième session du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF9). Le débat tenu au cours de la matinée sur le thème « les forêts au service des populations qui en dépendent pour vivre et de l’élimination de la pauvreté (1) » s’est appuyé sur les informations et recommandations de plusieurs rapports du Secrétaire général portant sur la « Gestion communautaire des forêts (2) », le « Développement social et les communautés autochtones et autres communautés locales tributaires de la forêt, y compris le régime foncier des forêts (3) », et les « Aspects sociaux et culturels (3) ».
Au cours des travaux de l’après-midi, les délégations ont également débattu durenforcement de la coopération et de la coordination des politiques et des programmes, notamment à travers la fourniture de nouvelles orientations au Partenariat de collaboration sur les forêts(4)avant de prendre part à une table rondeportant surles perspectives régionales et sous-régionales qui s’offrent dans le domaine des efforts destinés à mettre les forêts au service des populations qui en dépendent pour vivre, et dans ceux destinés à l’élimination de la pauvreté.
« Parce quela gestion durable des forêts intervient dans les stratégies de réduction de la pauvreté des communautés les plus marginalisées, elle est liée au développement économique et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement 1 et 7 », a ainsi déclaré ce matin la Directrice du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), Mme Jane McAlpine, à l’instar de nombreuses délégations. À cet égard, la représentante de la Suisse a jugé essentiel que la gestion des forêts soit reconnue comme un des piliers du développement durable et de la réalisation des OMD.
Une trentaine de délégations ont passé en revue les aspects sociaux, culturels, économiques, environnementaux et politiques des relations complexes qui unissent l’homme et la forêt. Elles ont mis en relief l’importance d’une bonne gouvernance des forêts, tout en établissant clairement ses liens avec la propriété foncière et le développement social. Une bonne gouvernance de l’économie forestière peut contribuer à l’amélioration des avantages sociaux, économiques et environnementaux provenant de ces écosystèmes, ont relevé plusieurs délégations. S’appuyant sur le contenu des rapports du Secrétaire général sur la question, plusieurs intervenants ont souhaité que le neuvième Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF9) soit l’occasion d’intégrer les populations, leurs besoins et leurs attentes, aux objectifs de gestion durable des forêts.
Le représentant de la Hongrie, au nom de l’Union européenne, a souligné l’importance du Programme REDD-plus (REDD+) comme outil de mobilisation de ressources en faveur de la gestion durable des forêts. Il a rappelé que le Programme des Nations Unies sur la « réduction des émissions causées par le déboisement et la dégradation des forêts dans les pays en développement » (REDD) est destiné à donner une valeur financière au carbone stocké dans les forêts, qui servent de ce fait de « puits de carbone », en offrant des mesures d’incitation aux pays en développement ayant une forte couverture forestière, pour les encourager à investir dans des stratégies de développement économique à faible émission de carbone. REDD+ va au-delà de la déforestation et de la dégradation des forêts en incluant la conservation, la gestion durable des forêts, et le renforcement de la capacité de stockage du carbone qu’ont les forêts.
Le débat de l’après-midi sur le renforcement de la coopération et la coordination des politiques et des programmes, notamment en fournissant de nouvelles orientations au Partenariat de collaboration sur les forêts (4), a été l’occasion pour les délégations de débattre du « Projet de directives pour les initiatives à l’appui du FNUF menées par des pays, des organisations, des régions ou de grands groupes ». À la lumière des enseignements tirés et des initiatives menées par un certain nombre de pays, d’organisations ou de régions, le Bureau de la FNUF9 a élaboré des directives qui s’inspirent de résolutions et de décisions du Conseil économique et social (ECOSOC), du FNUF et du Forum intergouvernemental sur les forêts.
La journée s’est conclue par une table ronde sur les « perspectives régionales et sous-régionales sur les forêts au service des populations » qui en dépendent pour vivre. La table ronde a été l’occasion pour un représentant du Parlement du Cameroun, M. Jean-Jacques Zam, de préciser que 40% des forêts du Bassin du Congo ont été donnés en concession et qu’aucun pays de l’Afrique centrale n’avait ratifié la Convention 169 de l'Organisation internationale du Travail (OIT), établissant des lignes directrices pour favoriser une approche participative en matière de prise de décisions, notamment avec lespeuples autochtones.
Le 9ème Forum des Nations Unies sur les forêts poursuivra ses débats, demain mercredi 26 janvier à 10 heures, en salle de conférence 2.
(1) document E/CN.18/2011/6
(2) document E/CN.18/2011/4
(3) document E/CN.18/2011/5
(4) document E/CN.18/2011/10 et 11
(5) documentE/CN.18/2011/3
Débat général (suite)
M. RAFAEL RODRIGUEZ PALMA (Guatemala) a souligné les efforts déployés par le Guatemala pour lutter contre la déforestation en notant que 70 000 hectares de forêts disparaissent chaque année du pays. Il a dit que le Guatemala se souciait d’assurer la préservation de la qualité de vie de ses populations, notamment des autochtones, qui dépendent de la forêt pour leur survie. « Nous avons lancé une stratégie de lutte contre la déforestation et la dégradation des terres dans le souci d’aider ceux qui dépendent directement des avantages offerts par la forêt, a-t-il insisté. Il a salué l’importance du Forum des Nations Unies sur les forêts et notamment de l’initiative REDD-plus qui permet d’attirer l’attention sur la question de la réduction des émissions causées par le déboisement et la dégradation des forêts dans les pays en développement.
M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal), qui s’exprimait au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a espéré que le Segment de haut niveau du Forum des Nations Unies sur les forêts, qui se tiendra la semaine prochaine, permettra d’améliorer les actions collectives dans le domaine de la gestion des forêts. Il a relevé que 1,6 milliard de personnes dépendent des forêts pour leurs moyens de subsistance, 60 millions d’entre elles habitant les zones de forêts et étant essentiellement des membres des groupes autochtones et des communautés locales. Les crises financière, économique et énergétique actuelles représentent des grands défis pour ces populations, ainsi que les changements climatiques et notamment les inondations des zones côtières. La gestion des forêts et l’éradication de la pauvreté doivent aller de pair, a-t-il dit, notant la pauvreté généralisée des communautés qui dépendent des forêts pour leur survie. Il a donc demandé à la communauté internationale d’aider les PMA à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il faut donner la priorité au renforcement de la capacité de gestion des fonds par les PMA, a-t-il estimé. Les PMA doivent aussi bénéficier du renforcement des capacités qui leur permettraient de mieux utiliser les technologies. En ce qui concerne la gestion des forêts, elle doit se réaliser grâce au respect des engagements pris, notamment dan le domaine de l’aide publique au développement (APD) et à travers le Fonds mondial pour les forêts, qui doit offrir des financements à cet effet, a ajouté le représentant.
En sa capacité nationale, le représentant du Népal a ensuite indiqué que 70% des Népalais dépendent des ressources des forêts pour assurer leurs moyens de subsistance. Après 30 ans de pratiques de gestion participative des forêts, nous avons compris que la communauté internationale doit participer à ces activités pour les renforcer, a-t-il dit. Il a mentionné le Programme de gestion des forêts au Népal, qui implique la participation des populations des zones forestières. Nous savons que combattre les raisons de la déforestation dépasse les capacités de nos organismes, c’est pourquoi nous invitons chaque acteur du secteur du développement forestier à s’impliquer dans cet effort, a-t-il ajouté. Le représentant a aussi souligné l’importante diversité du Népal en faune et en flore, expliquant que beaucoup d’espèces végétales et animales peuvent être commercialisées. C’est donc l’occasion d’investir dans le secteur forestier pour pouvoir améliorer les moyens de subsistance des populations dont la vie en dépend, a-t-il souligné. Il a enfin mis l’accent sur l’importance des ressources financières consacrées à la lutte contre la déforestation.
M. CHARLES BARBER (États-Unis) a estimé que 2011 était une opportunité particulière pour la célébration des forêts mais aussi une année de responsabilités particulières car la communauté internationale est à la veille de la tenue de la Conférence Rio+20. Nous avons une responsabilité d’obtenir des résultats concrets, a dit le représentant. Il a mis l’accent sur la nécessité de trouver des réponses aux questions concernant la gestion communautaire des forêts, la propriété, le besoin de créer un environnement adéquat pour la promotion de la préservation des écosystèmes forestiers, ainsi que pour la lutte contre l’abattage sauvage et le commerce qui y est associé. Il a dit que sa délégation appuyait le rôle joué par le Partenariat de collaboration sur les forêts pour que l’on puisse atteindre les objectifs du Forum. Le représentant des États-Unis a ensuite indiqué que le lancement de l’Année internationale des forêts coïncidera, le 3 février, avec le Nouvel An chinois et avec l’arrivée de l’Année du lièvre. Il a précisé que l’Année du lièvre était caractérisée par le bon goût et le raffinement, ainsi que par la persuasion plutôt que la contrainte. C’est une Année, a-t-il ajouté, qui est marquée par la discrétion et offre à chacun une occasion de faire des concessions utiles et mutuellement bénéfiques.
Mme ZURINAH PAWANTEH (Malaisie) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’une gestion responsable des forêts. Il faut développer les capacités dans ce domaine, afin de pouvoir résoudre les problèmes qui se posent avec la participation du secteur privé et de la société civile, a-t-elle estimé. Le développement économique et social de la Malaisie dépend de la forêt, a-t-elle expliqué, indiquant que le Gouvernement avait ainsi mis l’accent sur le caractère durable de la gestion des forêts, en luttant parallèlement contre la pauvreté. Elle a aussi assuré que son pays avait pris des mesures de protection de la biodiversité. La coopération régionale est un bon outil pour la mise en œuvre des objectifs fixés en matière de gestion des forêts, a-t-elle en outre reconnu, assurant que la Malaisie travaillait en lien étroit avec ses partenaires régionaux dans ce domaine. La Malaisie met en œuvre des initiatives grâce à ses propres ressources et en collaboration avec des institutions internationales, a précisé Mme Zurinah Pawanteh. La représentante a enfin espéré que l’Année internationale des forêts, célébrée en 2011, permettrait de mieux comprendre les objectifs concernant la protection des forêts.
Mme SIBYLLE VERMONT (Suisse) a dit qu’il était essentiel que la communauté internationale soit plus claire dans les messages qu’elle envoie concernant la préservation des forêts, ceci pour que le FNUF soit reconnu comme un pilier du développement durable. S’il est important de se consacrer aux populations qui dépendent des forêts, qui y résident et y travaillent, il est aussi bon de noter que nous dépendons tous à une moindre mesure des forêts, a dit la représentante. Elle a regretté que la valeur des services que rend la forêt soit sous-estimée ou totalement ignorée. Elle a jugé important de développer cette question, en rappelant que ce qui n’avait pas de valeur n’avait pas d’intérêt. Elle a mis l’accent sur la nécessité de la décentralisation en matière de gestion de la forêt en mettant l’accent sur l’utilité de disposer de droits fonciers clairs qui garantissent la propriété à long terme. Elle a invité les délégations à participer mercredi 26 janvier, à la pause déjeuner, en salle de conférence 2 à un séminaire qui portera sur la « Gouvernance des forêts, décentralisation et REDD-plus » qui sera l’occasion de présenter une initiative conjointe du Mexique et de la Suisse.
M. ALHASSAN ATTAH (Ghana) a estimé que le financement de la gestion durable des forêts devait s’appuyer sur les capacités du secteur privé et a émis l’espoir que cette question occuperait une place importante au cours des délibérations et autres travaux du neuvième Forum des Nations Unies sur les forêts. Il a aussi émis l’espoir que la déclaration qui sera, en principe, adoptée au cours de la session du FNUF9 contribue à une bonne préparation de la Conférence de Rio+20. « En cette Année internationale des forêts, nous devons aider les communautés locales à mieux mettre en œuvre les mesures de gestion durable des forêts, a dit M. Attah, tout en espérant que les tâches à accomplir pourraient l’être grâce à de solides partenariats, au-delà de 2011, en bénéficiant de l’élan donné par la célébration de l’Année internationale. Le Ghana s’est engagé à mettre en œuvre l’Instrument juridiquement non contraignant relatif aux forêts et a mis en place une méthodologie qui lui permet de soumettre le rapport des résultats obtenus, a rappelé M. Attah. Il a espéré que ce projet pilote servirait d’indication ou de modèle aux autres membres du Forum des Nations Unies sur les forêts pour la conduite d’une évaluation de la mise en œuvre de l’Instrument juridiquement non contraignant relatif aux forêts. Le projet pilote mené au Ghana a contribué à une meilleure compréhension de l’Instrument et c’est un cadre efficace de coordination des actions menées en faveur de la bonne gestion des forêts, a-t-il estimé. Si nous voulons atteindre les objectifs fixés, il faut impliquer toutes les parties prenantes, a-t-il ajouté.
M. PAULINO FRANCO DE CARVALHO NETO (Brésil) a déclaré que le neuvième Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF9) ne doit pas seulement s’occuper de la question concernant l’efficacité de l’Instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts et des quatre objectifs d’ensemble qui lui sont liés, mais aussi être l’occasion de restaurer la confiance envers le système multilatéral mondial en matière de protection de l’environnement. Après la Conférence sur la biodiversité de Nagoya et celle sur les changements climatiques, qui a eu lieu à Cancún, a-t-il dit, le FNUF9 ne peut se permettre de rester en retrait. En outre, a-t-il estimé, l’établissement d’un fonds mondial pour les forêts sera le signe d’un appui décisif apporté aux efforts nationaux de gestion durable des forêts. Le représentant brésilien a ensuite jugé qu’il était indispensable de faire en sorte que le FNUF9 soit l’occasion de transmettre un message politique à la future Conférence de Rio+20 sur le développement durable.
M. ISMAIL BELEN (Turquie) a indiqué que sa délégation appréciait le thème choisi pour cette session du Forum des Nations Unies sur les forêts, qui porte sur les forêts au service des populations. La Turquie soutient l’Instrument juridiquement non contraignant relatif à tous les types de forêts et la réalisation des quatre objectifs d’ensemble concernant les forêts, adoptés par l’Assemblée générale des Nations Unies. La Turquie a réussi à conserver une surface forestière importante et a lancé, pour 2008-2012, une campagne de reforestation sur son territoire, a expliqué M. Belen. En outre, 99% des forêts turques sont la propriété de l’État, qui les gère, et près de 10 000 ingénieurs des forêts sont employés et travaillent sous l’égide du Ministère turc de l’environnement et des forêts. Nous augmentons aussi la liste des secteurs protégés, a dit le représentant. M. Belen a également indiqué qu’il existe 11 centres de recherche sur les forêts en Turquie, ainsi que de nombreuses organisations non gouvernementales travaillant sur ce sujet. La semaine dernière, a-t-il indiqué, en Turquie, nous avons officiellement lancé l’Année internationale des forêts. Il a précisé que le Gouvernement a adopté un plan d’action dans ce domaine. Nous organisons aussi une manifestation parallèle à la session du FNUF9 le 27 janvier, ainsi qu’une réunion le 3 février à la Mission de la Turquie auprès de l’ONU, a-t-il ajouté.
M. TAKESHI GOTO (Japon) a souligné qu’il est important d’améliorer la conscientisation des populations envers le sort des forêts. Il a estimé que FNUF9 et l’Année internationale de la forêt 2011 offrent au monde une occasion unique d’améliorer la gestion durable des forêts en s’appuyant sur les principes essentiels énoncés en 1992. Les ONG et toutes les parties prenantes ont fait des progrès extraordinaires depuis 20 ans en introduisant dans les programmes de sauvegarde des écosystèmes forestiers un ensemble de mesures politiques et de lutte contre la déforestation, a-t-il rappelé. Néanmoins, la déforestation se poursuit à un rythme alarmant. Dans de nombreuses régions du monde, c’est une source de subsistance pour de nombreuses populations auxquelles elle offre du bois de chauffe. Mais elle représente aussi un danger si elle se fait de manière incontrôlée car elle favorise la dégradation des terres. La mobilisation et l’éducation des populations dont la survie dépend des forêts est un des grands défis à relever pour garantir leur gestion durable, a ajouté le représentant du Japon avant de souligner la nécessité d’améliorer les contributions à la sauvegarde des forêts en s’appuyant notamment sur le secteur privé.
M. BEN MITCHELL (Australie) a annoncé que le Gouvernement australien adopterait prochainement une loi visant à restreindre l’importation du bois d’œuvre. Il a aussi expliqué qu’outre la lutte contre le déboisement, l’Australie s’était engagée à lutter contre l’érosion des sols, ainsi que pour la réduction de l’exploitation du bois d’œuvre et pour l’amélioration des conditions de vie des populations dépendant des forêts. L’Australie participe en outre au renforcement des capacités en matière de gestion durable des forêts, notamment au bénéfice des populations et du Gouvernement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a noté M. Mitchell. Le représentant a ajouté que son pays œuvrait aussi en faveur de l’amélioration de la gestion des forêts et de la coupe du bois dans toute la région Asie-Pacifique.
Mme MOSHIBUDI RAMPEDI (Afrique du Sud) a espéré que la communauté internationale tiendra ses promesses de soutien aux pays qui sont dans le besoin face aux menaces que constituent les changements climatiques. Elle a précisé que l’Afrique du Sud a mis sur pied une politique agricole intégrée et un plan national pour s’assurer que les activités forestières soient au service de l’amélioration de la vie de ses communautés locales.
M. SAMUELA LAGATAKI (Fidji) a déclaré que son pays a pu poursuivre le développement d’une gestion durable de ses forêts grâce au soutien financier et technique de ses partenaires régionaux et internationaux de développement. Nous avons mis en place une campagne de sensibilisation et de conscientisation du public de grande envergure sur les questions environnementales avec la collaboration de la société civile, a-t-il précisé. Nous allons planter un million d’arbres pour 2011 dans le cadre de l’Année internationale de la forêt, a-t-il ajouté tout en notant que Fidji était confrontée à des limitations de ressources financières et à des insuffisances de capacités techniques.
M. ANGELO SARTORI (Chili) a déclaré que son pays a mis en place des mesures d’incitation, caractérisées par l’attribution d’une aide étatique aux petits et moyens propriétaires terriens et aux peuples autochtones, afin de leur permettre de développer des activités forestières bien régulées. Il s’agit notamment de favoriser la gestion des écosystèmes dans le cadre de la gestion durable des forêts, a-t-il expliqué, en assurant en même temps de meilleures conditions de vie pour ces populations pauvres. Le représentant a également mentionné les
efforts menés dans le cadre de programmes nationaux de renforcement des capacités et de sensibilisation dans le domaine forestier, ainsi que la promotion de meilleurs moyens de commercialisation des produits de la forêt au bénéfice des petits propriétaires terriens. Il a enfin plaidé en faveur du lancement d’une action collective par tous les pays afin de placer les forêts en bonne position dans l’agenda de développement de la communauté internationale.
M. LAMBERT OKRAH, Canadian Environmental Network, a constaté avec découragement que la déforestation augmente dans le monde, en même temps qu’augmente la pauvreté des populations dont la vie dépend des ressources des forêts. Nous avons une responsabilité collective dans ce domaine, a-t-il rappelé, et nous devons adopter des politiques saines afin de renverser les tendances négatives concernant les forêts. L’impact des mesures prises en matière de forêts sera proportionnel à l’investissement qui sera opéré à cet égard, a-t-il relevé. La contribution des grands groupes au Forum des Nations Unies sur les forêts fera l’objet d’une présentation demain matin, au cours du dialogue multipartite organisé par le Ghana, a-t-il indiqué. Nous ne devons pas rater l’occasion qui s’offre à nous de promouvoir une meilleure gestion des écosystèmes forestiers au cours de cette session du FNUF et de la prochaine Conférence de Rio+20, a-t-il dit.
Le représentant de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a indiqué que l’événement parallèle sur « l’Initiative carbone tropical » et « le Grand projet de la muraille verte » parrainés par l’OIF, se tiendra de 18 heures à 20 h 30 sous la présidence de Mme Sibylle Vermont, chef de la délégation suisse au présent Forum.
LES FORÊTS AU SERVICE DES POPULATIONS QUI EN DÉPENDENT POUR VIVRE ET DE L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ (E/CN.18/2011/6, E/CN.18/2011/15, E/CN.18/2011/16 ET E/CN.18/2011/17)
a) Gestion communautaire des forêts (E/CN.18/2011/4)
b) Développement social et communautés autochtones et autres communautés locales tributaires de la forêt, y compris régime foncier des forêts (E/CN.18/2011/5)
c) Aspects sociaux et culturels (E/CN.18/2011/5)
Présentation et débat général
Présentant trois rapports du Secrétaire général portant sur les grands enjeux que représentent les forêts pour les populations, leurs moyens de subsistance et l’élimination de la pauvreté, Mme JANE McALPINE, Directrice du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts, amis l’accent sur l’importance d’une gestion durable des forêts pour soutenir les efforts de réduction de la pauvreté au bénéfice des communautés les plus marginalisées. Elle a lié la gestion durable des forêts à la réalisation des objectifs de développement économique internationalement agréés et à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) nºs1 et 7. Mme McAlpine a donc souhaité que ce neuvième Forum sur les forêts soit l’occasion d’intégrer les populations, leurs besoins et leurs attentes, aux objectifs de gestion durable des forêts.
Outre les avantages matériels qu’elles offrent aux populations locales, les forêts leur fournissent aussi d’autres bénéfices moins tangibles et souvent passés sous silence parce qu’il est difficile de leur attribuer une valeur marchande, a dit Jane McAlpine en s’appuyant sur les informations contenues dans les rapports du Secrétaire général concernant « la gestion communautaire des forêts » (E/CN.18/2011/4); « le développement social, les communautés autochtones et autres communautés locales tributaires de la forêt, y compris le régime foncier des forêts » (E/CN.18/2011/5) et « les aspects sociaux et culturels » (E/CN.18/2011/5).
Comme nous n’utilisons pas les connaissances des peuples autochtones et sommes peu avertis de leur étendue, nous ne connaissons pas le niveau d’intégration et de relation qu’ont ces populations avec les forêts, a fait remarquer Mme McAlpine. S’agissant du rapport du Secrétaire général sur « les valeurs culturelles et sociales des forêts et le développement social »(E/CN.18/2011/5), elle a estimé que l’intégration des droits ancestraux dans les objectifs de gestion des forêts était le meilleur moyen de lutter contre la déforestation et la dégradation des sols. Parce que les produits extraits des forêts sont parfois difficiles à vendre, les 1,6 milliard de personnes qui sont indirectement ou directement tributaires des forêts pour leur subsistance et d’autres avantages économiques ne tirent pas d’avantages significatifs des modes actuels de gestion des forêts, a-t-elle estimé.
Le représentant de la Hongrie a pris la parole au nom de l’Union européenne(UE) et a souligné l’importance de la participation active de toutes les parties prenantes, à tous les niveaux, dans les efforts de gestion durable des forêts. Il a notamment noté l’importance de la participation des jeunes. M. Lengyel a aussi reconnu la valeur culturelle et spirituelle des forêts. Il a noté que les questions relatives aux forêts urbaines et périurbaines n’avaient pas été traitées dans les rapports présentés, alors qu’elles sont très importantes, étant donné la croissance exponentielle de la population urbaine à travers le monde. Il a par ailleurs estimé que le programme REDD-plus constitue une occasion unique de trouver de nouveaux moyens de financement pour les forêts. Le représentant a aussi souligné la nécessité de développer la coopération entre le Forum des Nations Unies sur les forêts et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), afin de mieux chercher et mettre en place des mécanismes de financement pour les programmes qui leur sont liés. Il est aussi important de se pencher sur la sécurité dans le secteur forestier, a estimé le représentant, relevant la fréquence des accidents dans le secteur de l’exploitation forestière. L’Union européenne salue l’accent qui a été mis sur la structure foncière forestière dans le document soumis du Secrétariat, a-t-il indiqué.
La représentante de la Chine a estimé que l’Année du lapin qui débute est de bon augure pour l’Année internationale des forêts. Elle a reconnu que les ressources forestières sont la base et le fondement des moyens de subsistance de nombreux groupes de populations. Indiquant que l’activité forestière a été intégrée en bonne place dans le Plan quinquennal de développement de la République populaire de Chine, elle a précisé que le Gouvernement chinois avait pris des mesures positives et efficaces en faveur de la gestion durable des forêts. Nous partagerons cette expérience dans le cadre du Forum, a-t-elle assuré. Sur la base de la propriété collective de terrains forestiers, nous permettons à la population de jouir d’un droit foncier sur ces sols, a-t-elle expliqué. Elle a aussi signalé que des terres agricoles avaient été rendues à la forêt, ce qui encourage la population à participer à la reforestation. Nous avons également augmenté le financement public de la gestion forestière, a-t-elle dit. En outre, la valeur culturelle de la forêt a été prise en compte et mise en exergue à travers des campagnes de sensibilisation sur la valeur des forêts. Pour améliorer les moyens de subsistance des populations, la Chine a mis en place un programme dont l’objectif est de maximiser les gains des populations dont la vie quotidienne est liée aux ressources des forêts. La représentante a aussi indiqué que son pays est en train de renforcer sa législation, afin que la population puisse participer de manière bien informée à la mise en œuvre des politiques forestières. Nous avons en outre encouragé la promotion de l’entreprise privée dans le cadre de la gestion durable des forêts et mis au point une économie verte, a-t-elle aussi indiqué.
Le représentant de l’Inde a déclaré que l’Inde s’est engagée dans une démarche de gestion durable de ses forêts pour améliorer les moyens de subsistance des populations qui en dépendent. La population est au cœur des objectifs de gestion durable des forêts, a-t-il assuré. En 2006, a-t-il précisé, l’Inde a promulgué une loi sur la forêt pour protéger les droits communautaires des populations locales et assurer la régénération des écosystèmes de forêts. En ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre causées par le déboisement par les techniques de brûlis et la dégradation des forêts dans les pays en développement, l’Inde a développé un programme visant la restauration de six millions d’hectares de forêts dégradées sur son territoire, a indiqué le représentant.
Le représentant de Grenade a estimé que le Forum des Nations Unies sur les forêts devait s’assurer de la mise en place de mécanismes qui permettent aux communautés locales d’être parties prenantes des cadres de gestion durable des forêts. Il a également souhaité la mise en place de mécanismes tenant compte des attentes spécifiques des petits états insulaires en développement (PEID) qui font face à des difficultés environnementales particulières et manquent d’appuis techniques en matière de gestion des forêts.
La représentante des États-Unis a rappelé que la gestion durable des forêts implique la mise en valeur de la production de bois d’œuvre et la restauration de paysages et de massifs forestiers. Il faut également trouver un système de financement de cette gestion et développer le système de REDD-plus dans le cadre de l’adaptation aux effets des changements climatiques, a-t-elle dit. En outre, elle a appelé les délégations participant au FNUF9 à adopter des politiques environnementales au profit des communautés locales et autochtones pour que celles-ci puissent participer à la gestion durable des forêts. La représentante a également invité les États Membres à revoir et, si possible, améliorer le cadre juridique des droits fonciers de ces populations. La déforestation et la dégradation des forêts sont souvent dues à des activités qui ne relèvent pas du secteur forestier, a-t-elle aussi constaté. Elle a lancé un appel aux États pour qu’ils fassent davantage participer les populations et les personnes directement concernées par l’exploitation des ressources des forêts, comme notamment les populations autochtones, à toutes les activités visant la gestion durables des forêts.
Le représentant du Brésil a présenté un cas de gestion durable des forêts qui a donné de bons résultats depuis les années 90. Dans ce cadre, a-t-il expliqué, le Brésil a cherché des solutions alternatives permettant d’extraire du bois d’œuvre des forêts sans utiliser d’équipements onéreux, ce qui permet à des petits propriétaires de le faire. Un premier modèle a ainsi été présenté pour l’exploitation de zones inondables. Cette technique est actuellement mise en œuvre dans toute la région de l’Amazonie et elle bénéficie à un millier de familles, a-t-il indiqué.
Le représentant de la République de Corée a mis l’accent sur les liens existant entre les activités de gestion des ressources forestières et les moyens de subsistance des populations locales qui en dépendent. Il a rappelé que la déforestation et la dégradation des forêts affectent dangereusement les moyens de survie, dont l’alimentation, des populations vivant dans les zones forestières. Il a indiqué que les capacités de production alimentaire de la République de Corée ont été affectées dans les années 50 à 70 par des coupes illégales de bois qui ont affecté les forêts du pays. Il a dit que l’expérience de la République de Corée en ce domaine pouvait permettre à d’autres États de trouver des solutions en matière de lutte contre les coupes illégales.
Le représentant du Japon a déclaré que les règles établies par les communautés forestières elles-mêmes étaient déterminantes pour assurer la gestion durable des ressources forestières. La garantie des droits de propriété des populations locales est essentielle pour reconnaître le rôle et la contribution qu’elles apportent dans la préservation et l’exploitation durable de ces écosystèmes, a-t-il dit avant de souligner les problèmes que posent les conflits souvent permanents entre la séparation des terres forestières des terres agricoles. Il a mis l’accent sur l’importance qu’ont acquise dans son pays les forêts de plantation, qui représentent aujourd’hui 40% de la couverture forestière japonaise. En raison du déclin constant de la valeur des produits tirés du bois de plantation, beaucoup de petits propriétaires se sont retirés de la gestion des forêts plantées et la vitalité de ces forêts en a souffert, a-t-il ajouté.
Le représentant de la Suisse a remarqué que, si la gouvernance des forêts semblait être une question « exotique » et nouvelle il y a quelques années, elle est rapidement devenue un sujet reconnu au niveau mondial. Il a souligné les résultats positifs obtenus par des réformes de décentralisation et de gouvernance en matière de gestion des forêts, notamment quand certaines règles sont respectées. Il faut notamment respecter les droits fonciers des populations locales et autochtones et veiller à une répartition équitable des ressources tirées des forêts. Il faut aussi instaurer un contrôle transparent de l’accès aux marchés, développer une sensibilisation aux traditions culturelles locales et reconnaître les droits ancestraux des communautés locales. Le représentant a également invité la communauté internationale à supprimer les obstacles à l’accès aux marchés et à favoriser l’accroissement des revenus tirés des forêts, grâce à une meilleure distribution des ressources fiscales. La Suisse estime qu’il faut aussi encourager la participation des femmes dans la gestion des forêts, a-t-il souligné. Il s’est par ailleurs félicité de la coopération entre le Forum des Nations Unies sur les forêts et le Forum permanent des Nations Unies sur les populations autochtones.
Le représentant du Kenya a parlé du programme ambitieux mis en place au Kenya et qui vise à augmenter la couverture forestière du pays d’au moins 10% d’ici à 2020. Il a aussi fait part des difficultés rencontrées dans l’atteinte de cet objectif, comme notamment la difficulté de trouver un équilibre entre les superficies d’arbres à planter et le respect des terres agricoles. Pour obtenir que les fermiers plantent des arbres, il faut les y encourager par des mesures d’incitation, a-t-il dit. Il a enfin souhaité qu’une résolution soit adoptée concernant le Fonds d’affectation spéciale sur les forêts ainsi que les autres mécanismes de mobilisation de ressources, exprimant ainsi les difficultés que rencontre son pays dans ce domaine.
La représentante de la Jamaïque a parlé de la mise en place en Jamaïque d’un plan s’étalant sur la période 2010-2014 pour promouvoir la gestion durable des forêts. Elle a cité la mise en place de huit groupes locaux chargés de mettre au point des initiatives favorisant une gestion durable des forêts dans le souci de mieux gérer les ressources des forêts et tenir compte des attentes et des besoins des populations vivant en zones forestières. La représentante a suggéré que soit menée une évaluation des opérations entreprises jusqu’à présent dans les États insulaires en développement (PEID).
Le représentant du Canada a appuyé les recommandations figurant au paragraphe 28 du document soumis au Forum par le Secrétariat. Il a cependant jugé « exagérément ambitieux » le programme figurant au paragraphe 29 du même document. S’agissant du paragraphe 32 de ce rapport, il a suggéré qu’il ne soit pas adressé trop de demandes aux États Membres.
Le représentant du Pérou a mentionné les mesures prises par son gouvernement pour atténuer la déforestation au Pérou. Le Gouvernement péruvien a appliqué ces mesures dans le cadre de l’exécution d’un programme national sur les forêts dont le but est de permettre la conservation de 54 millions d’hectares de forêts. Nous sommes en plein processus de décentralisation de l’administration forestière, a indiqué le représentant, ajoutant qu’une indemnité est offerte aux communautés désirant conserver les forêts. Cette récompense permet d’obtenir ensuite d’autres fonds, et elle permet aux communautés de s’engager dans la préservation des forêts, a-t-il expliqué. Il a en outre souligné l’importance d’un processus de suivi sur l’évolution des forêts sur les 10 années à venir.
La représentante de la Malaisie a reconnu l’importance des partenariats pour l’élimination de la pauvreté, notamment en ce qui concerne les populations dépendant des forêts. Elle s’est félicitée de la possibilité de participer au Partenariat de coopération sur les forêts, en vue de réduire la pauvreté des populations concernées. Elle s’est cependant inquiétée des difficultés que rencontrent certains États pour recueillir les informations dont ils ont besoin et ainsi que des conditions imposées par les donateurs, qui ne sont pas toujours acceptables. Dans le cadre de l’Année internationale des forêts, la Malaisie invite toutes les parties intéressées à mettre de côté leurs différences, notamment en ce qui concerne la question de la certification de la gestion durable des forêts, dans l’intérêt de la communauté mondiale toute entière, a dit la représentante.
Le représentant de la Norvège a estimé que la question la plus importante à résoudre était de mettre les populations en bonne relation avec les forêts. Il a mis l’accent sur l’importance de la promotion de droits fonciers favorables aux populations autochtones, notamment dans le cadre des objectifs du programme REDD-plus.
Le représentant de la Jordanie a estimé qu’il était essentiel de se pencher sur la question de la désertification au Moyen-Orient. Il a souhaité la mise en place d’une politique de recherche scientifique et de prise de mesures qui permettraient aux pays pauvres du Moyen-Orient de se protéger de la sécheresse et de la désertification.
RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION ET COORDINATION DES POLITIQUES ET DES PROGRAMMES, NOTAMMENT EN FOURNISSANT DE NOUVELLES ORIENTATIONS AU PARTENARIAT DE COLLABORATION SUR LES FORÊTS (E/CN.18/2011/10 ET E/CN.18/2011/11)
Présentation et débat général
Présentant les rapports du Secrétaire général sur la question ci-dessus mentionnée, Mme JAN McALPINE, Directrice du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts, a notamment souligné l’importance d’une annexe consacrée au projet de directives pour les initiatives à l’appui du FNUF menées par des pays, des organisations, des régions ou des grands groupes (annexe du rapport E/CN.18/2011/10, consacré au « Renforcement de la coopération et coordination des politiques et des programmes »). Ce rapport suggère l’existence de nouvelles possibilités de coopération, qui naîtraient à la lumière du thème général de la neuvième session du Forum. Mme McAlpine a donc souligné les efforts déployés par le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) pour créer des liens avec l’Instance permanente sur les questions autochtones.
La Directrice du Secrétariat du FNUF a également présenté le rapport du Secrétaire général intitulé « Cadre 2009 et 2010 du Partenariat de collaboration sur les forêts » (E/CN.18/2011/11) qui décrit les activités communes et les activités concertées entreprises dans le cadre du Partenariat de collaboration sur les forêts depuis son dernier rapport (E/CN.18/2009/12). Dans ce document, le Secrétaire général attire l’attention sur de nouvelles questions nécessitant une analyse et une action concertées du Partenariat en 2011 et au-delà. Dans ce contexte, le rapport recense les mesures prises à l’appui du FNUF, s’agissant notamment de la réalisation des quatre objectifs d’ensemble relatifs aux forêts, de l’Instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts (instrument relatif aux forêts), et de l’Année internationale des forêts (2011).
Le représentant du Brésil a mentionné une initiative prises en faveur des zones protégées de l’Amazone, qui est le fruit de partenariats entre le Gouvernement fédéral du Brésil, le Gouvernement de l’État fédéré de l’Amazone et la Banque mondiale, notamment. Les zones protégées sont très efficaces pour protéger l’environnement lorsqu’elles sont bien gérées, a-t-il ajouté.
Le représentant de la Hongrie, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a salué le rôle actif joué par le Secrétariat du FNUF dans la coopération conduite pour mettre en œuvre les programmes relatifs aux forêts. Il s’est aussi félicité des mesures prises pour mettre en œuvre la Stratégie de mise en œuvre concertée des Conventions de Rio. La participation des parties prenantes est essentielle pour la mise en œuvre de l’Instrument non juridiquement contraignant sur tous les types de forêts, a-t-il ajouté, saluant à cet égard la participation des grands groupes aux débats du Forum, notamment lors de la réunion qui a eu lieu à Accra, au Ghana, en juillet 2010. Nous encourageons les grands groupes à organiser d’autres manifestations à l’avenir, a-t-il dit. Reconnaissant aussi la contribution importante du Partenariat de collaboration sur les forêts (PCF) aux travaux du Forum, il a invité le PCF à rechercher d’autres voies de coopération pour progresser dans la promotion de la gestion durable des forêts.
La représentante de la Suisse a souhaité que les ressources à allouer en matière de promotion de la gestion des forêts fassent l’objet de plus de transparence, afin d’avoir une idée claire de ce qu’il est possible de mobiliser pour l’avenir.
Le représentant de la Turquie a expliqué que son pays avait préparé, avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), un plan de gestion des forêts en faveur de la Syrie. Toujours sous la houlette de la FAO, nous avons commencé un autre projet pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, qui porte sur les politiques d’adaptation aux changements climatiques dans le secteur de la foresterie et qui bénéficie du soutien de l’Allemagne, a-t-il dit.
Le représentant du Sénégal a jugé essentiel de soutenir le Partenariat de collaboration sur les forêts, citant le cas de la « Grande muraille verte » de la zone sahélienne. Ce programme a entrainé la constitution de partenariats avec le Fonds mondial pour l’environnement, la FAO et l’Union européenne, a-t-il précisé. Il a remercié les donateurs qui rendent possible la mise en place de ce programme. La Grande muraille verte est, pour les pays à faible couverture forestière, un moyen de réponse aux changements climatiques, a-t-il expliqué.
Le représentant des États-Unis a appuyé les recommandations relatives au Partenariat de collaboration sur les forêts. Réagissant à une intervention de la représentante de la Suisse, il a dit que l’on ne pouvait pas imposer au Partenariat un ordre du jour et a cité à cet égard les pressions liées aux limites budgétaires de l’ONU.
Le représentant du Canada a indiqué qu’il s’associait aux commentaires de la délégation des États-Unis et de la Suisse relatives aux missions du Partenariat de collaboration sur les forêts. Face à la diversité des projets, a-t-il dit, il est urgent de tirer des priorités en tenant compte de la concurrence des projets et des réalités budgétaires.
Le représentant de l’Inde a jugé utile de trouver des moyens de financement innovants en matière de gestion des forêts. Il a rappelé que certaines des zones forestières sensibles ne peuvent servir à promouvoir d’autres projets de développement et précisé que l’Inde utilisait l’imagerie satellitaire pour examiner la santé des forêts. Il a indiqué que 3 milliards de dollars ont été accumulés dans le cadre du programme de compensation.
Le représentant de la Jordanie a indiqué que la Jordanie s’efforçait de préserver son maigre couvert forestier en s’appuyant sur une coopération avec des organismes spécialisés. Il a précisé qu’en coopération avec ces organismes, la Jordanie a décidé d’affecter certaines zones de son territoire au reboisement.
La représentante de la Suisse a demandé ce qu’il adviendra des projets de directives des grands groupes en rappelant qu’il faudra du temps aux délégations pour examiner ces textes avant leur adoption.
Réagissant à la déclaration suisse, le représentant du Japon a estimé qu’il fallait faire preuve d’une souplesse optimale.
Intervenant à nouveau, le représentant du Brésil a souligné que, parmi les quatre objectifs politiques agréés, le quatrième est particulièrement important car il prévoit les ressources supplémentaires à fournir en matière de gestion durable des forêts. « Il nous faudra être souples, créatifs, et voir si les solutions de marché sont disponibles. Mais ce ne sont pas les seules que nous puissions envisager », a-t-il estimé.
La Directrice du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts a ensuite donné des précisions sur le financement des initiatives menées par les pays. Les dépenses moyennes d’une initiative de ce genre sont de 6,5 millions de dollars, a-t-elle indiqué. Elle s’est par ailleurs félicitée que les délégations se soucient de l’efficacité des travaux du Secrétariat. Le Forum définit les mesures prioritaires des activités de chacune de ses sessions, base sur laquelle le Secrétariat travaille, a-t-elle expliqué. S’il existe des directives sur les fonds d’affectation qui sont spéciales aux Nations Unies, c’est la Cinquième Commission qui se charge de leur examen et de leur conception, a-t-elle dit. Elle a aussi précisé que le Forum n’est pas une organisation indépendante et que son processus budgétaire est intégré dans le processus budgétaire global du système des Nations Unies, par le biais de la Cinquième Commission.
CONTRIBUTIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES (E/CN.18/2011/3)
Présentation
Présentant le rapport du Secrétaire général, la Directrice du Secrétariat du Forum a indiqué avoir reçu des rapports de 17 organisations, et elle de ce fait salué la bonne contribution des groupes régionaux au débat sur les forêts. Il est apparu que plusieurs régions avaient adopté des mesures visant à lutter contre la déforestation, a-t-elle indiqué, précisant que ces initiatives étaient assorties d’un mandat de contrôle de l’application des mesures concernées. Nous avons pu travailler notamment avec des banques régionales dans le cadre des travaux sur les moyens d’exécution, a-t-elle indiqué. Elle a appelé de ses vœux une participation renforcée de ces banques et a indiqué que le Secrétariat allait se concentrer, dans la conduite de ses activités, sur les questions relevant du financement des actions à mener.
TABLE RONDE SUR LES PERSPECTIVES RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES SUR LES FORÊTS AU SERVICE DES POPULATIONS QUI EN DÉPENDENT POUR VIVRE ET DE L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ
Exposés suivis de débats interactifs
Mme PAOLA DEDA, qui est à la tête de la Section de la foresterie et du bois à la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe, a joué le rôle de modérateur de la Table ronde.
M. JEAN-JACQUES ZAM, membre du Parlement du Cameroun et Coordonnateur régional du Réseau des parlementaires pour la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale (REPAR), a indiqué qu’en Afrique centrale, les forêts représentent une richesse dont l’utilisation appropriée peut améliorer les conditions de vie des populations qui y habitent. Il a expliqué, par exemple, que certaines lianes, qui ont la particularité de contenir de l’eau pure permettent aux populations de s’abreuver. Le bassin du Congo est le deuxième massif forestier tropical au monde et il abrite des milliers d’espèces animales et végétales, a rappelé le parlementaire camerounais. Les forêts du bassin du Congo représentent un important puits de carbone et fournissent des moyens de subsistance aux 30 millions de personnes qui y vivent. M. Zam a mentionné la présence de peuples autochtones, appelés à tort « pygmées », qui se sont adaptés depuis 20 000 ans aux conditions de vie dans l’écosystème forestier où ils pratiquent la chasse et la cueillette. On trouve également dans les espaces du bassin du Congo des agriculteurs bantous qui pratiquent l’agriculture par le défrichage et le brûlis dans la périphérie des forêts.
Mentionnant la diminution de 0,3% par an de la surface forestière du bassin du Congo, M. Zam a expliqué que ce sont les routes d’exploitation forestière qui en sont la cause principale ainsi que l’exploitation des terres boisées qui sont éclaircies pour servir de terres agricoles. L’exploitation industrielle des forêts africaines se fait par l’abattage de quelques espèces recherchées du fait de leur haute qualité, mais il s’avère que ce sont aussi bien souvent des essences porteuses de valeurs sacrées pour les populations locales, a-t-il ajouté. Quand un arbre met quatre siècles pour grandir et atteindre sa taille adulte, son abattage et sa régénération entre deux rotations d’exploitation est quasiment impossible, a déploré M. Zam. En outre, l’exploitation forestière est un facteur de braconnage, car une fois les arbres abattus, les animaux n’ont plus d’abris et leur habitat se rétrécit, a-t-il ajouté. La quasi-totalité des forêts du bassin du Congo appartient aux États de la région, qui ont mis en place des concessions pour leur exploitation. Mais, a regretté M. Zam, les droits traditionnels des peuples autochtones ne sont pas souvent établis et respectés, ce qui entraîne des conflits avec les entreprises forestières qui abattent des arbres sacrés. Parmi ses recommandations, il a proposé la mise en œuvre de pratiques de gestion durable, la mise en œuvre de mesures de conservation de la diversité biologique, le soutien au secteur informel traditionnel, ainsi que la promotion de la coopération régionale pour améliorer les lois et les règlementations forestières.
M. PETER BESSEAU, Directeur du Secrétariat du Réseau international des forêts modèles, a présenté des initiatives de promotion de forêts modèles au Cameroun. Mettant l’accent sur les enseignements tirés sur les partenariats et l’efficacité des financements, M. Besseau a indiqué que le meilleur moyen de traduire les politiques de gestion durable des forêts en pratiques bénéfiques est de travailler avec les personnes qui bénéficieront de ces politiques. Il a cité les partenariats noués avec des plates-formes de femmes et plates-formes de populations pygmées. « Faire, c’est apprendre », a-t-il ajouté en reconnaissant qu’il y avait aussi des échecs et en exhortant les donateurs à augmenter leur tolérance face au risque.
De son côté, Mme DORIS CAPISTRANO, Directrice du Programme « Forêts et Gouvernance » du Centre de recherche international pour les forêts, a jugé qu’il était important de s’appuyer sur les expériences de certains pays en rappelant que la couverture forestière de la Suisse au XIXe siècle n’était pas beaucoup plus importante que celle du Népal aujourd’hui. Mettant l’accent sur l’importance de la décentralisation pour promouvoir la gestion durable des forêts, elle a cité l’importance des conclusions de l’Atelier d’Interlaken, en Suisse, tenu en 2004. En 2006, l’Atelier de Yogyakarta, en Indonésie, s’est pour sa part concentré sur les critères de viabilité de la décentralisation. Cet Atelier a permis de confirmer les conclusions des débats de celui tenu à Interlaken en 2004, en insistant sur le fait que le rythme de la décentralisation doit être approprié afin d’éviter tout effet contreproductif. EN 2008, L’Atelier de Durban, en Afrique du Sud, a permis de mettre en évidence le fait que les femmes, en particulier, et les groupes défavorisés en général étaient oubliés dans les programmes de décentralisation. Enfin, a poursuivi Mme Capistrano, l’Atelier organisé à Oaxaca, au Mexique, en 2010, a été l’occasion d’aborder la question du droit carbone et du régime foncier des peuples autochtones. Dans ses conclusions, Mme Capistrano a estimé que la décentralisation et la réforme de la gouvernance des écosystèmes de forêts ne sont pas des panacées si on n’est pas en mesure de les adapter systématiquement à la spécificité et contexte locaux.
Les intervenants au débat interactif qui a suivi les présentations des experts ont donné divers exemples de coopération régionale et de réseaux mis en place pour promouvoir la gestion durable des forêts. Le représentant de l’Indonésie a ainsi rappelé que l’Association des nations d’Asie du Sud-Ouest, l’ANASE a créé un réseau avec les ministères des forêts des pays de la région. Il a aussi mentionné la coopération entre l’ANASE et la Suisse, qui a été mise en place pour compléter le cadre établi par l’ANASE pour la lutte contre les changements climatiques et la pêche illégale ainsi que pour la gestion durable des forêts.
La Turquie, qui a fait l’expérience de la lutte contre l’érosion des sols et la déforestation, organise des ateliers de sensibilisation sur ces questions, a indiqué son représentant. Il a aussi rappelé qu’en marge de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (Conférence PMA IV) qui aura lieu à Istanbul en mai prochain, se tiendra aussi un forum sur les forêts. Il a invité le Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts à participer à cet événement.
De son côté, la représentante du Réseau Asie Pacifique pour la gestion durable des forêts et leur réhabilitation a mentionné les quatre piliers du Réseau dont notamment le renforcement des capacités. Le Réseau travaille en coopération avec les organisations régionales et internationales pour mettre en œuvre l’Instrument juridiquement non contraignant relatif à tous les types de forêts, a-t-elle indiqué. Le Réseau organise diverses manifestations dans ce domaine et met en place des projets pour tirer des enseignements des bonnes pratiques. En 2010, des projets pilotes préparés par le Réseau ont été lancés au Viet Nam et au Népal, a précisé la représentante.
En ce qui concerne la région de l’Afrique centrale, le représentant de la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC) a noté que, malgré une grande couverture forestière, cette région connait une grande pauvreté. Il a mentionné la mise en place d’un plan qui intègre la problématique des forêts au service de la population et vise ainsi la réduction de la pauvreté. Il a expliqué par exemple qu’une partie des revenus de la forêt était rétrocédée par certains États aux communautés locales.
Le représentant de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) a, pour sa part, expliqué que les États de cette sous-région ont adopté une vision commune qui consiste à bâtir une Afrique centrale prospère, et économiquement et politiquement unie, en suivant trois axes stratégiques prioritaires dont la sauvegarde et la gestion de l’environnement. Les projets déployés à ce titre visent notamment la conservation des forêts du bassin du Congo, a-t-il précisé.
La représentante de l’Unité de liaison de « Forest Europe » a rappelé les avantages économiques, environnementaux, et sociaux, de la gestion durable des forêts. « En Europe, nous nous engageons à renforcer la mise en œuvre de cet objectif », a-t-elle assuré, annonçant la tenue de la conférence qui se tiendra prochainement à Oslo, en Norvège, dans le cadre de ce processus.
La représentante des États-Unis, parlant au nom de la présidence du Processus de Montréal, a expliqué que ce processus a pour but d’identifier des objectifs communs et d’évaluer les progrès en vue d’une gestion durable des forêts. Nos pays ont ainsi défini des indicateurs de gestion durable des forêts, a-t-elle précisé. Le Processus de Montréal était un des premiers processus internationaux à incorporer les aspects sociaux de la gestion des forêts, a-t-elle aussi indiqué.
À son tour, la modératrice de la table ronde, parlant en qualité de représentante de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CENUE), a expliqué que les gouvernements européens élaborent des politiques pour mettre en œuvre les objectifs en matière de gestion durable des forêts. Nous travaillons avec la FAO et avec « Forest Europe », a-t-elle indiqué. Elle a ajouté que la CENUE procède à des évaluations dans la région paneuropéenne et établit des critères de gestion durable des forêts pour conseiller les gouvernements dans ce domaine. Elle a aussi mentionné le Plan d’action européen sur le rôle du secteur forestier dans l’économie verte, et elle a signalé la tenue d’une session conjointe du Comité du bois de la CENUE et de la Commission de la foresterie européenne de la FAO, qui se tiendra à Antalya, en Turquie, en octobre 2011.
Le représentant du Secrétariat du processus de Téhéran pour les pays à faible couverture forestière a rappelé que 28 pays africains avaient moins de 10% de couvert forestier sur la superficie de leur territoire. Il a précisé que les pays à faible couvert forestier, en collaboration avec la FAO et d’autres organismes, travaillaient à l’élaboration d’un cadre juridique spécifique aux États handicapés par une faible couverture forestière, et aux pays arides ou semi-arides.
Le représentant de l’Iran a indiqué que son pays, qui accueille le siège du Processus de Téhéran, était prêt à participer aux efforts du FNUF pour promouvoir une gestion durable des forêts.
La représentante du Mexique a cité l’exemple que constitue le projet du couloir biologique de Mésoamérique, dont la réalisation est soutenue par le Fonds pour l’environnement et le Réseau REDD+, ainsi que par l’Atelier d’Oaxaca.
Le représentant de l’Union européenne a indiqué que les membres de ce groupe de pays participaient à des initiatives régionales et sous-régionales pour garantir aux populations locales les bénéfices d’une gestion durable des forêts. Il a mis l’accent sur le nécessaire renforcement des capacités en citant le « projet Forêt-Europe » qui a pour ambition de promouvoir la vision européenne en matière de gestion des forêts. Il a également salué la signature récente à Istanbul du Partenariat sur les forêts méditerranéennes.
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