« La bonne gestion des forêts profite à tous directement ou indirectement », déclare M. Sha Zukang, à l’ouverture de la session du Forum sur les forêts
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Forum des Nations Unies sur les forêts
Neuvième session
2e et 3e séances – matin et après-midi
« LA BONNE GESTION DES FORÊTS PROFITE À TOUS DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT », DÉCLARE M. SHA ZUKANG, À L’OUVERTURE DE LA SESSION DU FORUM SUR LES FORÊTS
L’Organisation pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) lance son rapport biennal « Situation des forêts du monde »
La neuvième session du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF9), qui se tiendra au Siège de l’ONU à New York jusqu’au 4 février, sera caractérisée par l’examen de questions politiques difficiles à résoudre, a indiqué son Président, M. Arvids Ozols, de la Lettonie, dans sa déclaration d’ouverture. En cette Année internationale des forêts, qui sera célébrée prochainement, il a espéré que les décideurs politiques seraient davantage sensibilisés à la nécessité de parvenir à une gestion durable des forêts.
« Nous bénéficions tous directement ou indirectement de la bonne gestion des forêts », a fait observer le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang. Il s’est réjoui qu’il existe maintenant davantage de politiques et de programmes pour la protection des forêts, soulignant les efforts de sensibilisation entrepris par le Forum depuis sa création, en 2000, en tant qu’organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC).
Cette session, qui a pour thème « Les forêts au service des populations qui en dépendent pour vivre et de l’élimination de la pauvreté », intervient après l’adoption, en 2007, de l’instrument non contraignant de l’ONU sur tous les types de forêts (l’instrument relatif aux forêts) et avant la Conférence sur le développement durable qui se tiendra en 2012 (Conférence Rio+20). Le Forum devra procéder à l’évaluation de la mise en œuvre de l’Instrument relatif aux forêts et se pencher sur les résultats de la première réunion du Groupe d’experts sur le financement des forêts. Il examinera aussi, au cours de la session, le renforcement de la coopération et de la coordination des politiques et programmes forestiers, avant de s’achever par une déclaration ministérielle.
La Directrice du Secrétariat du FNUF, Mme Jan McAlpine, a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’instrument relatif aux forêts et dans la réalisation des quatre objectifs d’ensemble relatifs aux forêts. Parmi les progrès aux niveaux nationaux, elle a mentionné les efforts de reforestation, la création de fonds nationaux ou encore la création de zones protégées.
La Directrice du Secrétariat du FNUF a aussi donné des précisions sur les préparatifs de l’Année internationale des forêts, qui sera lancée le 2 février à 11 heures, dans la salle de l’Assemblée générale. En outre, elle a encouragé les États à participer aux deux tables rondes qui sont organisées dans le cadre du Débat de haut niveau du FNUF qui s’achèvera par l’adoption d’une déclaration ministérielle. Elle a enfin invité à contribuer au Fonds d’affectation spéciale sur les forêts qui permet au Secrétariat du FNUF de fonctionner.
« L’ordre du jour de la neuvième session du FNUF est parfaitement conçu pour se concentrer sur tous les aspects de la politique forestière », a estimé, quant à lui, M. Eduardo Rojas-Briales, Président du Partenariat de collaboration sur les forêts. M. Rojas-Briales, qui est aussi Directeur général adjoint du Département de la forêt de la FAO, a présenté à ce titre le dernier rapport « Situation des forêts du monde » publié par cette organisation chaque année. Le rapport se penche sur les changements relatifs aux villes et aux modes d’activités, et ses auteurs examinent les forêts en tant que l’une des voies possibles vers le développement, a-t-il indiqué.
Lors du débat général auquel ont participé les représentants de quatre groupes régionaux, ainsi que six délégations d’États Membres, le représentant du Pérou s’est inquiété du rythme accéléré de déboisement au Pérou, les forêts étant menacées par des colons migrants ou des exploitants illégaux du bois. Dans son pays, un programme de conservation des forêts a été mis en place, financé par des ressources nationales, a-t-il précisé.
Les États Membres ont aussi, cet après-midi, examiné les moyens de mise en œuvre d’une gestion durable des forêts en se basant sur plusieurs rapports*. Dans ce cadre, les deux coprésidents du Groupe spécial d’experts, « chargé de formuler des propositions concernant l’élaboration d’un mécanisme financier mondial volontaire, une approche par portefeuille et un cadre de financement des forêts », ont présenté les résultats de leur première réunion, qui a eu lieu le 24 janvier dernier à Nairobi. Cette réunion, ont-ils dit, a créé un espace politique permettant de trouver des solutions dans ce domaine lors de la prochaine session du Forum.
Cette première journée s’est terminée par une table ronde intitulée « Défis et possibilités alimentaires, énergétiques et économiques, en prêtant une attention particulière aux femmes et aux jeunes ».
Outre son Président, le Forum a élu, ce matin, par acclamation, M. Ingwald Gschwandtl, de l’Autriche, Vice-Président, afin de compléter son Bureau. Les autres Vice-Présidents sont MM. Raymond Landveld, du Suriname; Zainol Rahim Zainuddin, de la Malaisie; et Ndiawar Dieng, du Sénégal, qui assumera aussi les fonctions de Rapporteur de la neuvième session du Forum.
Le Forum a également adopté l’ordre du jour provisoire de sa session qui figure au document E/CN.18/2011/1 et accrédité le Forum africain des forêts afin qu’il puisse participer à sa neuvième session.
La prochaine séance plénière du Forum des Nations Unies sur les forêts aura lieu demain, mardi 25 janvier, à 10 heures.
* Rapports publiés sous les cotes E/CN.18/2011/2, E/CN.18/2011/12 et E/CN.18/2011/13
Déclarations liminaires
M. ARVIDS OZLOS (Lettonie), Président de la n euvième session du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF9), a souligné l’importance politique de cette session caractérisée par l’examen de questions difficiles à résoudre, soulignant notamment le financement de la gestion durable des forêts. Le FNUF joue un rôle important en tant qu’enceinte mondiale chargée des questions relatives à la politique forestière, a indiqué M. Ozlos, avant de rappeler l’accord important intervenu le 30 octobre 2009 sur le financement des forêts. La résolution sur les moyens et la mise en œuvre adoptée lors de la session spéciale du FNUF9 constitue, a-t-il dit, la première feuille de route jamais adoptée en matière de gestion des forêts avec des actions et des objectifs clairs et identifiables sur la question controversée du financement des forêts. Le Groupe d’experts intergouvernementaux à composition non limitée sur le financement des forêts et le lancement d’un processus de facilitation, créé par ladite résolution, a tenu sa première Réunion à Nairobi, en septembre 2010, a-t-il indiqué. L’impact des travaux du FNUF sur le financement des forêts, a-t-il estimé, apportera une contribution positive à d’autres organismes. Les décisions du FNUF ont mis en exergue l’importance des forêts sur l’ordre du jour international comme élément d’amélioration de la qualité de vie des populations. Le Président s’est félicité que les travaux du FNUF aient été examinés pour la première fois au plus haut niveau et plus précisément lors de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale consacrée à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en septembre 2010.
Par ailleurs, le Président de la FNUF9 s’est félicité des résultats importants obtenus lors de la Conférence de Cancún sur la lutte contre les changements climatiques en matière de forêts et des questions relatives à au programme REDD-plus et plus précisément la réduction des émissions causées par le déboisement et la dégradation des forêts dans les pays en développement (REDD). Il a précisé que plus de 1 500 personnes avaient participé à la Journée de la Forêt 4 (Forest Day 4) lors d’un événement organisé conjointement par le Réseau du Partenariat de collaboration sur les forêts, un organisme créé pour mettre en œuvre les décisions du FNUF. Parmi les questions importantes à l’ordre du jour du Forum, il a cité l’évaluation de la mise en œuvre de l’instrument juridiquement non contraignant sur tous les types de forêts, le dialogue multipartite, la promotion de la coopération, le cadre du Partenariat de collaboration sur les forêts, les moyens de mise en œuvre et la coopération régionale. « Nous bénéficions tous directement ou indirectement de la bonne gestion des forêts », a-t-il fait remarquer, en rappelant que la présente session du FNUF intervenait après l’adoption de l’instrument non contraignant de l’ONU sur tous les types de forêts et avant RIO+20, en 2012. Il a mis l’accent sur l’importance de l’Année internationale de la forêt qui, a-t-il dit, vise à sensibiliser les décideurs politiques sur la nécessité de parvenir à une gestion durable des forêts, d’adopter une déclaration ministérielle énergique et d’apporter une contribution importante à RIO+20. « Nous pouvons être fiers de ce qu’a accompli le Forum et de sa contribution concrète à la collectivité internationale », a-t-il ajouté avant de conclure.
M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que, depuis sa création en 2000, le Forum des Nations Unies sur les forêts avait permis de mieux sensibiliser la communauté internationale sur les forêts et leurs précieuses ressources. Il existe maintenant davantage de politiques et de programmes pour la protection des forêts, a-t-il relevé, notant aussi que cette question a été traitée lors de la Réunion de haut niveau sur les Objectifs du Millénaire pour le développement en septembre dernier. Les Nations Unies cherchent à promouvoir une meilleure compréhension des avantages des forêts, en ce qui concerne non seulement leur richesse sur le plan de l’environnement, mais aussi leur valeur économique, sociale et culturelle.
M. Sha Zukang a salué l’approche centrée sur les personnes, choisie par le Forum comme question principale de sa neuvième session, rappelant que les forêts fournissent des moyens de subsistance à environ 1,6 milliard de personnes dans le monde, dont beaucoup sont très pauvres. Il a rappelé que 2011 est l’Année internationale des forêts, ce qui représente une occasion unique de diffuser des informations sur des méthodes de gestion des forêts centrées sur les personnes. Il a donc exhorté les États à organiser des activités sur ces questions visant le grand public, les médias, les politiciens, les membres des gouvernements, les enseignants, les organisations chargées de questions environnementales, ainsi que les jeunes.
L’instrument juridique non contraignant sur tous les types de forêts, appelé l’« Instrument relatif aux forêts », est le premier de ce type qui traite de toutes les fonctions des forêts, a aussi rappelé M. Sha Zukang, précisant aussi que cet outil était le seul à définir clairement la notion de « gestion durable des forêts ». Il a, par ailleurs, salué le programme de travail stratégique du Forum sur le financement des forêts. En outre, a-t-il ajouté, les travaux du Forum sont d’une grande importance pour la prochaine Conférence sur le développement durable qui se tiendra en 2012 (Conférence Rio+20), et dont l’un des deux thèmes principaux sera l’économie verte dans le contexte de l’élimination de la pauvreté et du développement durable. Concluant son intervention, le Secrétaire général adjoint a invité les États à partager leurs expertises et à traduire en action leurs engagements aux niveaux mondial, régional et national.
M. EDUARDO ROJAS-BRIALES, Directeur général adjoint du Département de la forêt de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et Président du Partenariat de collaboration sur les forêts, a déclaré que le FNUF8 et la session spéciale du FNUF9 avaient été l’occasion de dynamiser la mise en œuvre de l’instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts. Il a souligné l’importance de la résolution 8/1 qui a atteint ses objectifs dans de nombreux domaines dont ceux de la biodiversité, des changements climatiques et de la désertification. Alors que ces réalisations ont ouvert de nouvelles opportunités en matière de coopération, elles ont également fait apparaître de nouveaux défis, a-t-il dit. Il a ajouté que les orientations arrêtées par le FNUF8 avaient placé la barre très haut pour le Partenariat de collaboration sur les forêts alors que de nouvelles attentes sont nées du succès d’initiatives comme celles des objectifs d’Aichi sur la biodiversité, de l’accord REDD-Plus de Cancún, y compris le succès de la « Journée sur la Forêt 4 ».
L’ordre du jour de la neuvième session du FNUF est parfaitement conçu pour se concentrer sur tous les aspects de la politique forestière, a-t-il estimé. Alors que les préparatifs de la prochaine Conférence mondiale de Rio sur le développement durable sont en cours, a-t-il dit, nous avons une occasion unique de mettre en exergue la valeur ajoutée des forêts. Le positionnement des forêts sur l’ordre du jour du développement durable peut aussi nous aider à trouver une solution durable à la question du financement de la gestion des forêts et aux questions de subsistance des populations, a dit M. Rojas. Investir dans les forêts, c’est investir dans le développement, a-t-il encore dit en estimant que « nous devons apprendre à communiquer sur les forêts de manière plus stratégique en mettant l’accent sur les zones urbaines où les liens directs avec les forêts s’affaiblissent ». En outre, a-t-il estimé, « l’Année internationale des forêts nous offre une occasion, au Partenariat de collaboration sur les forêts, de promouvoir une meilleure compréhension de la contribution des forêts au développement durable et au bien-être de l’humanité ».
ÉVALUATION DES PROGRÈS ACCOMPLIS DANS LA MISE EN ŒUVRE DE L’INSTRUMENT JURIDIQUEMENT NON CONTRAIGNANT CONCERNANT TOUS LES TYPES DE FORÊTS ET DANS LA RÉALISATION DES QUATRE OBJECTIFS D’ENSEMBLE RELATIFS AUX FORÊTS (E/CN.18/2011/2)
ANNÉE INTERNATIONALE DES FORÊTS, 2011 (E/CN.18/2011/7)
DÉBAT DE HAUT NIVEAU (E/CN.18/2011/8)
FONDS D’AFFECTATION SPÉCIALE DU FORUM (E/CN.18/2011/14 )
Présentation des rapports
Mme JAN MCALPINE, Directrice du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts, a présenté le rapport du Secrétaire général intitulé « Évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts et dans la réalisation des quatre objectifs d’ensemble relatifs aux forêts ». Elle a expliqué que, faisant la synthèse de 21 rapports nationaux, le Secrétaire général avait examiné les politiques et mesures prises pour soutenir la mise en œuvre de l’instrument et des quatre objectifs et avait identifié les nouveaux défis qui se posent dans ce domaine. Il propose aussi des solutions à examiner dans les débats à venir, a-t-elle ajouté. Citant les progrès accomplis par les États, elle a mentionné notamment les efforts menés en matière de reforestation, la création de fonds nationaux, les mesures en faveur de l’emploi dans le secteur forestier, la création de zones protégées, les pratiques culturelles et les mesures de sensibilisation et d’éducation. Il apparaît cependant qu’il n’y a pas eu beaucoup de mesures transectorielles, a-t-elle relevé.
En ce qui concerne le projet mené au Ghana, le premier pays qui met en œuvre l’Instrument relatif aux forêts de façon systématique, elle a expliqué que le Gouvernement avait défini ses priorités en vue de promouvoir la coordination transectorielle, de renforcer les lois relatives à la forêt, de développer des stratégies de financement pour la gestion durable des forêts. Ce projet a été soutenu par le Fonds des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Allemagne, a-t-elle indiqué. Mme McAlpine a signalé que beaucoup de pays membres du Forum n’avaient pas présenté de rapports, ne permettant donc pas d’évaluer complètement les progrès, a-t-elle regretté, avant d’inviter à combler ces lacunes. Il faut aller au-delà des ministères des forêts et assurer une coordination avec les autres ministères, a-t-elle proposé. Elle a aussi suggéré de mettre au point des systèmes d’évaluation qui tiennent compte des biens forestiers, de venir en aide aux peuples autochtones et d’améliorer la qualité de vie des personnes qui dépendent des forêts. Nous recommandons de prendre des mesures novatrices pour permettre à un plus grand nombre d’États de présenter leurs rapports, a-t-elle insisté.
Mme McAlpine a aussi souligné l’importance des contributions volontaires au Fonds d’affectation spéciale sur les forêts et aux États qui ont besoin d’aide pour élaborer leurs rapports. Nous allons maintenant travailler dans quatre pays pour évaluer leurs différentes expériences mais cela n’est pas encore suffisant, a-t-elle dit. Elle s’est réjouie de la décision du Japon de verser 1,9 million de dollars pour aider les pays intéressés à établir leurs rapports en vue des dixième et onzième sessions du FNUF. En ce qui concerne les recommandations du rapport, elles visent les États Membres, les contributeurs au fonds, les organisations régionales et internationales, ainsi que le Secrétariat du FNUF. Il nous faut soutenir davantage de projets pilotes et augmenter les contributions financières au Fonds d’affectation spéciale pour les forêts, a redit Mme McAlpine.
Expliquant ensuite les préparatifs de l’Année internationale des forêts, proclamée pour 2011, Mme McAlpine a rappelé que le Forum doit servir de point focal. Le logo choisi cette Année pour cette célébration souligne le rôle central des êtres humains, a-t-elle expliqué, mais comprend aussi les autres aspects relatifs aux forêts. Nous avons eu plus de 500 demandes d’utilisation de ce logo, qui a été traduit dans les six langues officielles des Nations Unies ainsi qu’en 40 autres langues, a-t-elle dit. C’est au cours de la neuvième session du FNUF que sera lancée l’Année internationale des forêts, soit le 2 février à 11 heures, dans la salle de l’Assemblée générale. Deux lauréates du prix Nobel prendront la parole, ainsi que d’autres responsables de haut niveau. La première du film « Forêts », par Yan Artus Bertrand, sera projetée.
Pour l’Année internationale des forêts, a poursuivi Mme McAlpine, le Canada, le Japon et la Slovénie imprimeront des timbres sur le sujet, ainsi que la Poste de l’ONU. Elle a aussi indiqué avoir visionné plus de 170 films, dont « Queen of trees », pour préparer le Festival du film sur les forêts. Les films pourront être regardés en ligne sur le site du FNUF, a-t-elle précisé. En outre, a-t-elle dit, l’Allemagne a lancé une campagne nationale pour célébrer cette Année, tandis que le Japon a organisé une cérémonie pour clore l’Année sur la biodiversité et lancer celle sur les forêts. D’autres manifestations sur ce thème sont prévues dans de nombreux pays comme El Salvador, la Chine et Israël. Les États-Unis vont célébrer la campagne d’un million d’arbres à New York pendant la session. Moins de 100 000 dollars ont été consacrés à la célébration de l’Année internationale des forêts, a indiqué Mme McAlpine, mais le Département de l’information (DPI) de l’ONU a apporté son appui en participant à la campagne d’information, ainsi que le Département des affaires économiques et sociales (DESA).
Présentant ensuite les préparatifs menés en vue de la Réunion de haut niveau du FNUF, Mme McAlpine a encouragé les États à participer aux deux tables rondes. La réunion s’achèvera par l’adoption d’une déclaration ministérielle, a-t-elle rappelé. Elle a enfin présenté la note sur le Fonds d’affectation spéciale sur les forêts. Lorsque le Forum a été créé, il n’avait pas de grandes possibilités pour son financement, a-t-elle rappelé. Or son petit Secrétariat, qui emploie moins de 20 personnes, compte sur ce Fonds pour réaliser les tâches que lui confie le Forum. Mme McAlpine a précisé les contributions versées pour la période 2010-2011, qui se répartissent comme suit: Royaume-Uni (44,3%), États-Unis (35,5%), Finlande (10,7%), Autriche (5,3%), Suisse (2,8%) et République de Corée. Elle a aussi mentionné les dons à prévoir pour cette même période. Nous n’avons aucune flexibilité quant à l’utilisation de ces fonds qui sont versés à des fins spécifiques, a-t-elle précisé, et nous n’avons pas pu débloquer de fonds pour permettre à des personnes de participer aux réunions du Forum, a-t-elle donné comme exemple. Nous n’avons qu’un cinquième de ce dont nous avons besoin, a-t-elle regretté, en se préoccupant de l’efficacité du Forum et en invitant les États Membres à trouver des solutions à ce problème.
Débat général
Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. JORGE ARTURO ARGÜELLO (Argentine) a estimé que les forêts occupaient une position centrale dans la lutte contre la pauvreté et dans la réduction de celle-ci et qu’elles étaient liées à pratiquement tous les aspects de la réalisation des OMD. Il a rappelé que les forêts représentaient 80% de la biodiversité terrestre et une source de subsistance pour 1,6 milliard d’habitants. Parmi une douzaine de recommandations, il a jugé important de rappeler que la gestion des forêts était une contribution significative au développement durable et à la lutte contre la pauvreté. Il faut reconnaître les besoins particuliers des pays en développement ayant des écosystèmes fragiles, notamment les pays à faible couvert forestier, a-t-il insisté, avant de demander que l’on appelle la Conférence RIO+20 à reconnaître la contribution des forêts et leur gestion durable, à la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté, la lutte contre la dégradation des sols, la gestion de l’eau, la protection de la biodiversité et les changements climatiques. Il faut aussi promouvoir la mise en œuvre de l’Instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts et la réalisation des quatre objectifs d’ensemble relatifs aux forêts, a-t-il encore dit.
Le représentant a estimé que le problème du financement ne pouvait être réglé qu’en consacrant des moyens adéquats à la mise en œuvre d’une gestion durable des forêts, à la réalisation des objectifs mondiaux en matière de forêts, et à la mise en œuvre de l’Instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts . Il a appuyé la création d’un mécanisme mondial de financement volontaire comme recommandé par le paragraphe 6 de la résolution 2007/40 du Conseil économique et social (ECOSOC). Dans cette même résolution, a-t-il rappelé, les États Membres ont réaffirmé l’importance des quatre objectifs d’ensemble relatifs aux forêts. Le représentant a ensuite dit que la réalisation de ces quatre objectifs ne sera pas envisageable « si nous ne sommes pas en mesure d’inverser le déclin de l’aide publique au développement (APD) consacrée à la gestion durable des forêts ». C’est pourquoi, a-t-il insisté, le Groupe des 77 et la Chine appellent à la création du fonds mondial pour les forêts qui sera chargé de la gestion de tous les fonds qui seront consacrés à la promotion de la gestion durable des forêts, y compris la reforestation. Ce fonds serait aussi un moyen de permettre à des pays en développement d’accéder à des moyens auxquels ils n’auraient pas accès autrement, a-t-il estimé. En outre, il a exhorté les donateurs à au moins doubler leurs contributions consacrées à une meilleure gestion de tous les types de forêts.
M. PEDRO SERRANO, Représentant de l’Union européenne (UE), s’est déclaré convaincu que le thème principal du neuvième Forum des Nations Unies sur les forêts était en effet très complexe, mais qu’il constituait un aspect déterminant de la préservation des forêts. Il a rappelé, à cet égard, que les aspects spirituels et culturels des forêts étaient souvent considérés comme le quatrième pilier d’une gestion durable des forêts. M. Serrano a indiqué que les États membres de l’Union européenne réaffirmaient par sa voix leur certitude qu’une gestion durable et viable des forêts peut contribuer au développement d’une économie verte. Il a également réitéré la nécessité de renforcer la coopération internationale dans le domaine des forêts à tous les niveaux, y compris en s’appuyant sur les synergies existantes et en facilitant la cohérence entre les politiques existantes. À cet égard, M. Serrano a salué le Mémorandum d’accord conclu entre le Secrétariat du FNUF et celui de la Convention sur la diversité biologique. Il a souhaité en conclusion que les ministres et représentants de haut niveau qui seront présents à l’occasion du Segment de haut niveau, produisent une déclaration ministérielle afin de sensibiliser davantage le public et les États à la question des forêts.
Intervenant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a rappelé que 70% de la population africaine dépendait de ressources forestières. Les pauvres dans les zones rurales sont particulièrement dépendants de ces forêts, a-t-il insisté. Bien que les produits forestiers ne représentent que 2% des exportations de l’Afrique subsaharienne, les revenus forestiers représentent 6% du produit intérieur brut de la région, ce qui constitue une proportion trois fois supérieure à la moyenne mondiale. Le représentant a estimé que l’Année internationale des forêts, célébrée cette année, offrait une occasion unique pour sensibiliser le monde sur les défis que rencontrent les forêts et les populations qui dépendent d’elles. Il a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre la désertification en prenant en compte le problème des forêts arides qui représentent 40% du total de toutes les zones forestières. Il a souhaité que l’on facilite un processus visant à établir un fonds mondial pour les forêts, alimenté par des contributions volontaires. Il a estimé que le programme REDD-plus ne pouvait se substituer aux initiatives de promotion d’une gestion durable des forêts. Il a jugé insuffisant le financement visant à aider les pays en développement à participer aux réunions du Forum. Les mesures prises pour réduire les émissions résultant du déboisement devraient figurer parmi les priorités des objectifs de développement, a-t-il souligné.
M. LIBRAN CABACTULAN (Philippines), au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a souligné que le reboisement permet d’améliorer la forêt et de renforcer le rôle qu’elle joue en tant que puits de carbone. Les communautés locales ont elles aussi un grand rôle à jouer dans l’expansion de la couverture forestière et de sa qualité, a-t-il noté. L’ANASE s’associe aux efforts de gestion de la forêt, a-t-il assuré, indiquant que beaucoup de ses États membres ont pris des mesures dans ce domaine qui sont appliquées par le biais des collectivités locales. Il a aussi mentionné le Réseau social des forêts, lancé en 2005 par l’ANASE pour faire le lien entre les décideurs en matière de politique forestière, ainsi qu’avec les membres des collectivités locales. Ce Réseau, qui contribue à renforcer les systèmes d’information, jouera un rôle important dans les années à venir, notamment pour les collectivités vivant dans les zones forestières ou à proximité, a espéré le représentant, citant notamment l’intérêt porté par les pays de l’ANASE à la lutte contre l’exploitation illégale des forêts. L’ANASE a pris des mesures pour lutter contre cette exploitation illégale, a-t-il dit, ainsi que des mesures de lutte contre les incendies.
Le représentant a par ailleurs expliqué que la Déclaration de Singapour sur les changements climatiques, signée par les dirigeants des Nations de l’ANASE et six autres pays de l’Asie de l’Est en 2007, appelle à accroître la couverture forestière dans cette région, d’environ 15 millions d’hectares d’ici à 2020. En outre, a-t-il dit, la Déclaration de l’ANASE sur l’environnement durable vise à augmenter la superficie des forêts de la région d’au moins 10 millions d’hectares d’ici à 2020. Il a ajouté que 27 zones de la région ont été désignées pour améliorer les pratiques de gestion forestières et en partager les informations. L’ANASE s’est aussi dotée d’un Plan d’action régional sur le commerce de la faune et de la flore sauvage. Elle souhaite accroître les efforts en matière de gestion durable des forêts, notamment pour la sensibilisation du public dans ce domaine, a dit M. Cabactulan. Il a invité les partenaires au développement à verser aux États membres de l’ANASE des ressources supplémentaires, techniques ou financières, et appelé à la création d’un fonds mondial des forêts qui faciliterait l’octroi de l’aide aux pays en développement dans ce domaine.
Mme TUTIW IRMAN (Indonésie) a souligné l’importance du Forum FNUF9 qui coïncide cette année avec le lancement de l’Année internationale des forêts. Elle a estimé que cette Année internationale offrait une occasion unique de sensibiliser l’opinion sur le rôle des forêts dans la promotion de la sauvegarde de l’environnement, de la lutte contre les changements climatiques, de l’amélioration de la vie de millions de personnes et donc, de la réalisation des OMD. Il est impossible d’assurer une gestion durable des forêts sans s’attaquer à la pauvreté, a-t-elle dit, en jugeant indispensable que le neuvième Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF9) veille à mettre ses travaux au service de la réalisation des OMD. L’Indonésie souhaite mettre l’accent sur une gestion des forêts axée sur les populations et la lutte contre la pauvreté, a-t-elle ajouté. Elle a souhaité que la Conférence Rio+20 promeuve des partenariats qui permettront aux pays de mettre en œuvre les volets économiques, sociaux et écologiques qui constituent le cœur de tous les efforts en matière de gestion durable des forêts. Rappelant que le financement demeure un obstacle majeur, elle a invité le processus de facilitation et le groupe d’experts sur le financement des forêts à travailler de manière complémentaire.
M. SREČKO JURIČIĆ (Croatie), réaffirmant que son pays avait été le principal initiateur de la résolution de l’Assemblée générale sur l’Année internationale des forêts, a estimé que le lancement officiel de celle-ci, au cours du Segment de haut niveau la semaine prochaine, ne représentait pas seulement un événement en soi mais aussi le début d’un processus important. La Croatie, a-t-il ainsi souligné, espère que la volonté exprimée en vue de prendre des mesures communes et de coopérer les uns avec les autres pour donner aux forêts l’attention qu’elles méritent s’étendra bien au-delà de l’Année elle-même.
Pour marquer l’événement, le représentant a en particulier annoncé que son pays organisait, tout au long de la session du Forum, une exposition photos sur les forêts croatiennes dans l’entrée du bâtiment de l’Assemblée générale. Elle sera officiellement ouverte le 2 février par le Vice-Premier Ministre de la Croatie. Le représentant a, de même, notamment déclaré qu’il était temps d’assurer une préservation responsable et un développement durable des forêts grâce à des relations mutuellement équitables.
M. PABLO SOLÓN (BOLIVIE) a jugé impossible d’évaluer les services et bienfaits économiques que fournissent les forêts, estimant que seuls certains de ces bénéfices peuvent être évalués par le biais des technologies actuellement disponibles. Il faut trouver un mécanisme de financement fiable pour la bonne gestion des forêts, en évitant cependant que ses prestations ne créent une spéculation en fonction des profits pouvant être générés. Affirmant que les forêts « ont des droits », il a invité à les percevoir comme une composante essentielle de notre vie sur la terre et à défendre donc les « droits des forêts ».
Mme MARIANNE ODETTE BIBALOU (Gabon) a rappelé que les chefs d’État d’Afrique centrale, regroupés au sein de la Commission des forêts de l’Afrique centrale (COMIFAC), créée en 2002, avaient toujours clairement affirmé leur détermination à conduire des politiques forestières et environnementales basées sur la conservation ainsi que la gestion durable et responsable des écosystèmes de leurs pays, en cohérence avec les concertations internationales tenues au niveau des Nations Unies. La déléguée a souligné qu’en matière économique, la forêt représentait dans son pays la deuxième ressource après le pétrole, couvrant près de 85% du territoire national. Avec 28% de main d’œuvre active en emplois directs et indirects, le secteur forêts-bois est le deuxième employeur après l’État, a-t-elle précisé.
La représentante a ainsi énuméré différentes dispositions juridiques démontrant la volonté des autorités gabonaises à appliquer une politique de conservation aux fins de contribuer au maintien des équilibres écologiques globaux. Mme Bibalou a encouragé les États Membres et toutes les parties concernées à s’engager résolument dans le processus préparatoire de Rio+20. Elle a en outre souhaité que le Fonds vert soit le complément du fonds forestier mondial alimenté par des contributions volontaires, et que le processus REDD en devienne l’instrument de sa mise en œuvre dans le contexte socioculturel des populations.
M. GONZALO GUTIÉRREZ (Pérou) a déclaré que le Pérou disposait d’une des plus grandes diversités biologiques de la planète avec la deuxième forêt amazonienne la plus étendue de l’Amérique latine. Il a estimé que les 70 millions d’hectares de forêt tropicale du Pérou représentaient un grand potentiel d’atténuation des changements climatiques. Les changements survenus dans les méthodes de gestion des forêts demeurent les principales causes de l’augmentation de l’émission des gaz à effet de serre dans notre pays, a-t-il cependant regretté. Si les forêts occupent 60% du territoire national, le rythme de déboisement est de 100 000 hectares par an, s’est-il inquiété en évoquant des forêts menacées par des colons migrants ou des exploitants illégaux du bois. Dans le souci de promouvoir une politique de gestion forestière et d’inclusion sociale équilibrée, a-t-il précisé, le Pérou a rédigé une nouvelle proposition de loi forestière avec la participation des collectivités de la forêt amazonienne. Il a cité la mise en place d’un programme de conservation de 54 millions d’hectares de forêts primaires financé par le biais de ressources nationales avec une vision s’étalant sur 10 ans. Ce programme s’appuie sur un transfert direct de fonds publics aux collectivités locales qui s’engagent à préserver les forêts et à lutter contre la pauvreté, a dit M. Gutiérrez. Il a conclu que la résolution des objectifs de gestion durable des forêts nécessite une forte volonté politique des États.
M. P.B. GANGOPADHYAY (Inde) a expliqué que son pays avait pu maintenir sa couverture forestière grâce aux partenariats régionaux et réussi même à augmenter cette couverture, entre 1997 et 2007. S’il a estimé que la gestion des forêts communautaires était un bon modèle, il a aussi appelé à améliorer les méthodes de gestion. En Inde, a-t-il indiqué, les structures de gestion locale des forêts fonctionnent sous la supervision d’organes locaux. Le représentant a également cité une nouvelle loi sur les habitants traditionnels des forêts qui reconnaît les droits d’occupation et d’utilisation des forêts aux membres de tribus qui y vivent depuis longtemps. Le représentant a aussi indiqué que le Gouvernement indien avait établi une « Mission pour l’Inde verte », dont les objectifs sont la lutte contre les changements climatiques et contre la déforestation, tout en s’assurant que les moyens de subsistance dans les zones rurales soient maintenus. Les communautés vivent en effet de produits forestiers lorsque les produits agricoles ne sont pas disponibles, a-t-il précisé. Il a également insisté sur l’importance de l’éducation qui permet aux jeunes de tirer profit de la gestion économique des forêts.
M. QU GUILIN (Chine) a déclaré que seul un financement adéquat permettra la mise en œuvre de l’Instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts. Il a reconnu le rôle essentiel des forêts dans la lutte contre les changements climatiques, la protection de la biodiversité, la lutte contre la désertification et la promotion de la sécurité alimentaire. Il a estimé que l’Année internationale des forêts de 2011 et la Conférence Rio+20, prévue en 2012, seront des occasions uniques pour relever le profil international des forêts. Il a précisé que la Chine avait en décembre 2009 organisé une Conférence internationale sur le thème des forêts et des hommes. La Chine a intégré la mise en œuvre de l’Instrument juridiquement non contraignant concernant tous les types de forêts avec celle de ses propres politiques de gestion des forêts, a-t-il encore dit. Nous tiendrons également un séminaire de haut niveau sur les forêts de l’Europe et de l’Asie et les changements climatiques, a-t-il précisé avant de se féliciter de l’introduction de réformes chinoises sur les droits fonciers et les forêts, qui sont de nature à promouvoir une bonne gestion des forêts et de l’agriculture.
LANCEMENT DU RAPPORT SUR L’ÉTAT DES FORÊTS DANS LE MONDE
MOYENS DE MISE EN ŒUVRE D’UNE GESTION DURABLE DES FORÊTS (E/CN.18/2011/2, E/CN.18/2011/12 et E/CN.18/2011/13)
Présentation des rapports
Présentant le rapport intitulé « Situation des forêts du monde »(E/CN.18/2011/2), M. EDUARDO ROJAS-BRIALES, Directeur général adjoint du Département de la forêt de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et Président du Partenariat de collaboration sur les forêts, a expliqué qu’il s’agissait de l’une des cinq publications de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cette année, le rapport se penche sur les changements relatifs aux villes et aux modes d’activité, et examine les forêts en tant que l’une des voies possibles vers le développement. Le premier chapitre offre une analyse régionale, a indiqué M. Rojas-Briales. On constate que la déforestation est encore très importante dans le monde, mais qu’il y a des indices d’amélioration, surtout en Asie, a-t-il dit. L’Afrique représente un tiers de la suppression des forêts, mais le pourcentage est moindre en ce qui concerne l’utilisation industrielle des forêts.
Concernant la région Asie-Pacifique, des changements majeurs ont été enregistrés par rapport aux années 90, grâce à de grands programmes de reboisement en Chine ou aux Philippines, par exemple. La contribution de l’Europe, qui comprend 25% des zones forestières du monde, représente un quart de l’utilisation industrielle du bois, sans compter la Fédération de Russie.
Dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, qui comprend 57% des forêts du monde, le rapport souligne les progrès accomplis en faveur des forêts, malgré la réduction de celles-ci en dehors des régions protégées. Les auteurs du rapport indiquent aussi que la couverture forestière est en expansion au Moyen-Orient et qu’une tendance positive est observée sur le plan de la biomasse en Amérique du Nord.
Dans son deuxième chapitre, le rapport évalue le développement d’une industrie forestière durable, a expliqué M. Rojas-Briales, avant d’annoncer la publication prochaine d’un rapport séparé sur les industries forestières.
Le troisième chapitre du rapport est consacré aux forêts et aux changements climatiques. L’accent y est mis en particulier sur le stockage du carbone. Il faudra assurer un partage des bénéfices pour inclure toutes les communautés locales dans le développement, a averti M. Rojas-Briales.
Enfin, le quatrième chapitre est relatif aux moyens de subsistance. Les auteurs plaident en faveur d’une approche stratégique permettant de réguler les produits autres que le bois. Ce chapitre examine également la population croissante dans les villes et ses conséquences sur les forêts.
Présentant le Rapport du Secrétaire général sur les « Moyens de mise en œuvre d’une gestion durable des forêts ( E/CN.18/2011/12) », la Directrice du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), Mme JAN MCALPINE, a déclaré que les moyens de mise en œuvre d’une gestion durable des forêts, y compris le financement, constituaient une « question intersectorielle » qui devait être examinée à chaque session. Elle a rappelé que dans la résolution qu’il avait adoptée à la session extraordinaire de sa neuvième session, le Forum avait décidé d’établir un processus de facilitation qui serait mis en route immédiatement après la session dans le cadre du programme de travail pluriannuel, sous la direction du FNUF.
Elle a salué un processus de facilitation lancé dès sa création avec la mise en route d’un projet visant à identifier les obstacles, les lacunes et les possibilités pour le financement d’une gestion durable des projets dans les petits États insulaires en développement (PEID)et dans les pays à faible couvert forestier. Cette initiative, financée par le « Department for International Development (DFID) du Royaume-Uni, l’Allemagne et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), constitue la première tranche des travaux devant être menés dans le cadre du processus de facilitation et vise à définir clairement les besoins de financement et les contraintes des pays à faible couvert forestier et des petits États insulaires en développement.
Avec plus de 4 milliards de dollars de contributions déjà annoncés, comme l’indique le rapport, il est probable que les programmes REDD-plus affecteront directement le financement des forêts. Toutefois, il est difficile de dire quels sont les aspects du financement des forêts qui en bénéficieront le plus. Il pourrait être entrepris à la demande du Forum une étude des déficits de financement potentiels afin d’encourager les donateurs à les combler.
M. JAN HEINO, Coprésident du Groupe d’experts sur le financement des forêts, a présenté les résultats de la première réunion de ce groupe, le 24 janvier dernier à Nairobi. Après 17 ans de débat intense, l’adoption de l’Instrument relatif aux forêts a représenté une réalisation majeure, a-t-il rappelé, espérant que la neuvième session du FNUF serait, quant à elle, l’occasion d’adopter un plan stratégique pour le financement des forêts. Il existe actuellement deux mécanismes de financement: le Groupe d’experts et le Processus de facilitation. Le débat au sein du Groupe d’experts a réuni 200 experts provenant de 68 pays, dont 23 experts d’organisations internationales et régionales, a-t-il dit.
Le secteur non forestier a également pu y participer, comme le secteur de la planification du développement, pour aborder des aspects transversaux. Certains pays, comme la Chine, le Guatemala et la République démocratique du Congo (RDC) ont présenté leurs études de cas. Les participants ont donc beaucoup appris sur les programmes nationaux, régionaux et internationaux de financement des forêts, en marge des grandes écoles de pensée dans ce domaine. De l’avis de M. Heino, cette réunion a créé un espace politique permettant de débattre et de trouver des solutions dans le domaine du financement des forêts lors de la dixième session du Forum.
L’autre Coprésident du Groupe d’experts, M. MACHARIA KAMAU, a souligné le rôle du Partenariat de collaboration sur les forêts qui a été invité à proposer des mesures en matière de financement des forêts. On espère ainsi pouvoir formuler des propositions sur les façons de renforcer les mécanismes de financement existants, notamment en ce qui concerne l’amélioration de l’accès à ces ressources pour les pays, a indiqué M. Kamau. S’agissant du Processus de facilitation, il faut que les États Membres et les organisations internationales soutiennent sa mise en œuvre, a-t-il expliqué. Ce Processus vise notamment à encourager les institutions financières, comme les banques régionales, à mobiliser les ressources pour les forêts.
Par ailleurs, le débat a souligné l’intérêt de renforcer la collaboration avec le secteur privé, en partageant les expériences. Le Secrétariat du FNUF a donc pu mener à bien la tâche qui lui était confiée, à savoir évaluer les différentes options de financement des forêts, notamment par un fonds mondial des forêts, a dit M. Kamau. Il est ainsi proposé de convoquer des consultations informelles ouvertes pendant la période intersession, afin d’approfondir la réflexion des experts. Il faudra aussi confier au FNUF un mandat relatif à l’architecture de financement, a-t-il affirmé.
TABLE RONDE SUR LES DÉFIS ET POSSIBILITÉS ALIMENTAIRES, ÉNERGÉTIQUES ET ÉCONOMIQUES, EN PRÊTANT UNE ATTENTION PARTICULIÈRE AUX FEMMES ET AUX JEUNES
Exposés et débats interactifs
La représentante de la Suisse a encouragé toutes les délégations à présenter leurs expériences et les défis relevés en matière de financement et de gestion des forêts. Elle a souhaité que le Secrétariat distribue une feuille de route sur les démarches à suivre et que les délégations soient davantage associées au Processus de facilitation. Le Groupe d’experts sur le financement doit développer son analyse en mettant l’accent sur le programme REDD-plus. Il faut un fonds pour les forêts arides et non seulement pour les forêts tropicales, a–t-elle estimé.
Pour sa part, le représentant de l’Union européenne a proposé que les activités du FNUF se concentrent sur la préparation de RIO+20, notamment en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté. Il a indiqué que l’Union européenne attendait plus de précisions sur les travaux du Groupe d’experts pour le financement, le Processus de facilitation, le financement de la gestion durable des forêts et la contribution du programme REDD-plus. Il a également estimé qu’il était très important d’établir des partenariats avec le secteur privé.
Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de l’Argentine a souligné qu’il était extrêmement important de parvenir à un équilibre entre les besoins de la gestion durable des forêts et les engagements de financement des États Membres. S’agissant du projet de création d’un fonds forestier mondial alimenté par des contributions volontaires, il a souhaité un processus international solide en espérant que la deuxième réunion du Groupe spécial d’experts à composition non limitée, chargé de formuler des propositions concernant l’élaboration d’un mécanisme financier mondial volontaire (AHEG2) sera l’occasion d’obtenir des propositions concrètes et solides.
La représentante de la Chine a appuyé les efforts déployés par le Secrétariat du Forum concernant les moyens de mise en œuvre d’une gestion durable des forêts. Sa délégation, a-t-elle dit, avait participé à la réunion du Groupe d’experts à Nairobi, où elle avait présenté une étude de cas en matière de financement de la gestion des forêts. Elle a estimé que le FNUF devrait jouer un rôle de coordination pour accélérer les travaux dans ce domaine. La création d’un fonds mondial pour les forêts alimenté par des contributions volontaires serait un développement positif, a-t-elle aussi estimé. Elle a espéré que des décisions seraient prises lors de la dixième session du FNUF, suggérant à cet égard de renforcer les travaux préparatoires entre les sessions. Elle a aussi souligné que la Conférence Rio+12 offrira une autre occasion de discuter des questions de financement. Quant au Processus de facilitation, elle a salué le Secrétariat pour avoir commencé à y travailler mais a constaté que ce Processus était appelé à ne jouer qu’un rôle complémentaire en matière de financement.
Le représentant des États-Unis, indiquant également que sa délégation avait participé à la réunion de Nairobi, a espéré que les États Membres continueraient à participer activement à ce processus. Il a aussi salué le rôle et l’engagement du Partenariat de collaboration sur les forêts dans la recherche de solutions de financement en matière de forêts.
Concluant le débat sur les moyens de mise en œuvre d’une gestion durable des forêts, la Directrice du Secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts a expliqué que la collaboration au sein du Partenariat de collaboration sur les forêts exigeait une participation active de la part des États engagés. Elle a aussi signalé que, pour l’instant, il n’y avait pas eu d’offre pour accueillir la dixième session du FNUF, ni de proposition pour la financer. Les coprésidents du Groupe d’experts ont, quant à eux, assuré de leur disponibilité au cours des deux semaines à venir pour discuter avec les délégations.
Modérée par Mme GILL SHEPHERD, qui a 25 ans d’expérience dans le domaine des forêts tropicales et qui travaille actuellement pour l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), la première table ronde a été l’occasion d’entendre trois intervenants mettre l’accent sur la forêt en tant que moyen de subsistance.
Sont également intervenus M. TOLULOPE DARAMOLA, membre de l’Association internationale des étudiants en sylviculture (IFSA); M. Cleto Ndikumagenge, FacilitateurDélégué du Partenariat pour les forêts du Bassin du Congo; Mme Jeannette Gurung, Directrice de Women Organizing for Change in Agriculture and Natural Resource Management (WOCAN), un réseau de 700 professionnels oeuvrant à promouvoir l’accès des femmes rurales aux ressources naturelles dans le souci d’améliorer leur qualité de vie.
Les intervenants ont tous souligné combien les forêts étaient essentielles pour de nombreux aspects de la vie humaine, elles qui permettent de satisfaire une grande diversité de besoins, en particulier ceux de 1,6 milliard d’habitants de la planète qui en dépendent. Enfin, la contribution notable des forêts à l’accomplissement des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) a été mise en exergue.
M. Tolulope Daramola a mis l’accent sur la source d’énergie que constitue la forêt en rappelant que le bois représente la principale source d’énergie pour les deux milliards de personnes vivant dans les pays en développement. Il a jugé contradictoire de ne pas trouver la question des énergies sur la liste des OMD compte tenu de l’importance du bois comme moyen de subsistance. Il a déploré le fait que 22 000 enfants mouraient chaque année de la faim dans les pays en développement, alors les forêts disposent de toutes les protéines nécessaires à la survie de ces enfants.
Sur le même ton, M. Ndikumagengea insisté sur l’évolution de la consommation du bois énergie dans le Bassin du Congo, ce qui entraîne une spéculation importante. Il a estimé qu’une ville comme Pointe Noire (République du Congo) peuplée d’un million d’habitants avait besoin de 10 000 hectares de forêt aménagée et 100 000 hectares de forêt naturelle pour subvenir à ses besoins en bois/énergie.
Mme Gurung a expliqué la difficulté des femmes vivant des forêts à se faire entendre. Les viols et les mutilations des femmes qui quittent leurs foyers pour aller dans la forêt se procurer des combustibles sont également très préoccupants, a-t-elle dit. Elle a estimé que les femmes n’étaient pas intégrées dans les discussions sur les forêts, notamment dans le cadre de REDD. N’étant pas éduquées, elles ne peuvent pas non plus participer aux mécanismes de gouvernance, comme les gestions communautaires des forêts. En ce qui concerne les modes de combustion, elle a expliqué les efforts menés pour diminuer l’utilisation du bois de cuisson en Afrique centrale.
Si le Rapporteur du FNUF a mis l’accent sur l’opportunité que constitue l’énergie solaire et hydroélectrique comme moyens de réduire la dépendance au bois et à la déforestation, le représentant du Brésil a présenté sa politique du prix minimum garanti pour rentabiliser les produits de la forêt et garantir un minimum de qualité de vie aux populations forestières.
De son côté, le représentant du Maroc a estimé que l’on n’avait pas assez parlé du rôle de la forêt dans les zones arides ou semi-arides en matière de régularisation des eaux, la lutte contre l’érosion et donc de l’impact sur la sécurité alimentaire. Le représentant de la Finlande a rappelé que la déforestation ne pouvait qu’augmenter en raison de la démographie et de besoins alimentaires croissants.
Répondant à une question du représentant de la Finlande, Mme Gurung a estimé que l’analyse sexospécifique était un outil très utile pour comprendre les facteurs d’influence déterminant les droits de chacun en fonction de la disponibilité des sources d’énergie. Si Mme Shepherd a souligné que la question de la division du travail dans la forêt devait être mieux analysée dans le contexte de REDD et REDD-plus, la représentante de la Suisse a, elle, jugé important d’aborder de concert les forêts et l’agriculture.
Par ailleurs, le représentant du Secrétariat du Processus de Téhéran pour les pays à faible couverture forestière a jugé que les moyens existants étaient bien insuffisants pour faire reverdir ces pays.
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