L'Instance permanente sur la question des peuples autochtones ouvre sa session annuelle en s’inscrivant dans la perspective de la Conférence « Rio+20 »
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Instance permanente sur les questions autochtones
Dixième session
1e et 2e séances - matin et après-midi
L’INSTANCE PERMANENTE SUR LA QUESTION DES PEUPLES AUTOCHTONES OUVRE SA SESSION ANNUELLE EN S’INSCRIVANT DANS LA PERSPECTIVE DE LA CONFÉRENCE « RIO+20 »
Le rôle des populations autochtones dans la réussite de la prochaine Conférence sur l’environnement « Rio+20 » a été souligné aujourd’hui, à l’ouverture des travaux de la dixième session de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones dont les travaux s’achèveront le 27 mai.
« Il y a deux décennies, les populations autochtones ont été très actives à la Conférence internationale sur l’environnement et le développement. Aujourd’hui, leur contribution est tout aussi importante pour Rio+20 » a ainsi déclaré le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, en rappelant que ces peuples, vivent dans une économie verte depuis des siècles. Lorsque les économistes cherchent de nouvelles solutions aux problèmes écologiques, ils seraient bien inspirés de les puiser dans les traditions ancestrales, a-t-il mentionné.
L’importance des populations autochtones de « Rio+20 » a également été soulignée par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, selon lequel, cet événement « est une chance énorme pour les peuples autochtones qui auront l’occasion de partager, avec le reste du monde, leur sagesse mais aussi expliquer leur lien avec la Terre nourricière ».
« Vous devez venir à Rio, rappeler aux États Membres que l’économie verte devrait intégrer toutes les dimensions du développement ». Aux États membres, il a demandé qu’ils accordent une attention soutenue aux droits et aux priorités spécifiques des populations autochtones « qui sont parmi les plus vulnérables de la planète » et subissent déjà les effets des changements climatiques, ont indiqué, à leur tour, les représentants des Caucus de l’Arctique et de l’Asie.
Suivant une coutume bien établie, la session a été ouverte en matinée, par le traditionnel message de bénédiction qui a été dit par un membre de la Nation Onondaga. Il a invité les esprits à œuvrer à la réussite de cette session. Une cérémonie de transfert du bâton de « sagesse et de responsabilité », symbole de chefferie, a également eu lieu entre les anciens et nouveaux membres du Bureau.
Dans leur majorité, les interventions faites aujourd’hui ont été dominées par le rappel de l’importance mondiale de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones de 2007, parce que « les peuples autochtones sont toujours exclus, individuellement et collectivement, de la vie socioéconomique et politique ». Plusieurs délégations ont invité les États à adopter des lois qui s’inspirent de ce texte.
À l’ouverture de ses travaux, l’Instance permanente a élu par acclamation Mme Victoria Tauli-Corpuz, à la Présidence de cette dixième session. Elle a également élu ses quatre Vice-Présidents à savoir Dalee Sambo Dorough, Edward John, Eva Biaudet et Paul Kanyinke. Paimaneh Hasteh a été élue Rapporteure.
Cette année, l’Instance permanente célèbre ces 10 années d’existence. Créée en juillet 2001 après des décennies de négociations, elle est le principal forum visant à sensibiliser la communauté internationale sur la situation des quelque 370 millions d’autochtones qui figurent parmi les individus les plus pauvres et marginalisés à travers le monde.
L’Instance permanente reprendra ses travaux demain, mardi 17 mai, à 10 heures.
Déclarations liminaires
M. Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, a ouvert les travaux de la dixième session de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones, en assurant de son appui au respect des droits de ces peuples.
L’Instance, a-t-il dit, célèbre son dixième anniversaire, 10 années d’une lutte difficile qui a débouché sur une Déclaration des droits des peuples autochtones. Protéger ces droits est bénéfique pour tout le monde. Situant la place importante des autochtones dans le monde et face aux crises actuelles, il a souligné qu’au Pérou, ces peuples répondent aux répercussions des changements climatiques, en réintroduisant la culture de la pomme de terre.
Ces peuples, a-t-il poursuivi, vivent dans une économie verte depuis des siècles et, lorsque les économistes cherchent de nouvelles solutions aux problèmes écologiques, ils seraient bien inspirés de les puiser dans les traditions ancestrales. Il a estimé que l’adage « La mort d’un ancien est une lumière qui s’éteint », était une expression de sagesse mais également un avertissement car si une langue autochtone meurt tous les quinze jours, les cultures autochtones sont également menacées d’extinction.
Détentrices d’un héritage et d’un savoir très riche, les femmes sont trop souvent celles qui souffrent le plus, a déploré le Secrétaire général, avant de décrire d’autres aspects déplorables de la situation économique, sociale, sanitaire et culturelle des peuples autochtones partout dans le monde. Il y a deux décennies, a-t-il reconnu, ils ont été très actifs à la Conférence internationale sur l’environnement et le développement. Aujourd’hui, leur contribution est tout aussi importante pour Rio+20.
Le Secrétaire général a rappelé qu’avant de recevoir le Prix Nobel de la paix, Mme Rigoberta Menchú, leader autochtone Guatémaltèque, était connue pour avoir défendu les droits et les cultures autochtones. Il faut toujours écouter ces voix, a-t-il conclu.
M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a souligné que tout au long de la dernière décennie, protéger et garantir les droits des peuples a été un véritable défi ». Mais le temps passant, la question est finie au centre de l’attention planétaire. La place des peuples autochtones au sein des Nations Unies est de plus en plus grandissante, grâce à une mobilisation et à une solidarité des peuples autochtones entre eux et à un soutien accru de l’ONU et des différents partenaires.
La participation, sans cesse grandissante des populations autochtones et autres acteurs de la société civile aux discussions de l’Instance permanente reflète le grand engagement des parties concernées à surmonter les défis qui se posent aux populations autochtones à travers le monde, a-t-il dit. Cette participation, fort utile, devra toujours être assurée et garantie par l’Assemblée générale des Nations Unies, a souhaité M. Zukang.
« Rio+20 », a-t-il poursuivi, est une chance énorme pour les peuples autochtones qui auront l’occasion de partager, avec le reste du monde, leur sagesse mais aussi expliquer leur lien avec la Terre nourricière. « Vous devez venir à Rio rappeler aux États membres que l’économie verte devrait intégrer toutes les dimensions du développement, notamment le social, l’écologique, le culturel et le politique ».
Les États membres devront, quand à eux, porter une attention soutenue aux droits et aux priorités spécifiques des populations autochtones qui sont parmi les plus vulnérables de la planète, a-t-il déclaré. Il a, en conclusion, remercié les États comme le Canada et Madagascar, pour leurs contributions au Fonds d’affectation spéciale de l’Instance permanente, en souhaitant voir d’autres pays en faire de même, le plus rapidement possible.
Déclarations
Mme MIRNA CUNNINGHAM KAIN, Présidente de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones, a remercié la nation et les peuples Onondaga, habitants originaux de cette région des États-Unis, en particulier Tadodaho Sid Hill, leur chef traditionnel. Elle a vivement remercié les Gouvernements des États-Unis et du Canada qui ont accueilli les réunions préparatoires de l’Instance permanente, du 28 au 30 mars à Ottawa. Elle a rappelé la réunion, tenue en janvier dernier, du Groupe d’expert internationaux sur « Les peuples autochtones et les forêts », organisée par le Secrétariat de l’Instance et dont les conclusions et recommandations seront examinées à la présente session.
Présentant les aspects saillants de l’ordre du jour, elle a indiqué que les membres de l’Instance auront une discussion sur la mission en Colombie en 2010 et auront un dialogue avec le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme et les libertés fondamentales des populations autochtones, M. James Anaya, ainsi qu’avec le Président du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, M. José Carlos Morales. Elle a également annoncé que la Commission africaine des droits de l’homme fera également une déclaration.
Mme KIMBERLEY TEEHEE, Conseillère principale de la Maison-Blanche pour les affaires des populations autochtones, a rappelé qu’après avoir décidé, sous la Présidence de Barack Obama, de revoir sa position sur la Déclaration des droits des peuples autochtones, les États-Unis ont, en décembre dernier, annoncé leur appui à ce texte dont « les aspirations sont des valeurs qui doivent être soutenues par tous les pays ». Mais a-t-elle déclaré, plus que le soutien formel, les États-Unis estiment que « ce qui compte, avant tout, ce sont les actes ».
La Conseillère a souhaité ensuite que l’expérience américaine dans sa relation avec les autochtones soit utile aux autres pays. De même, a-t-elle assuré, nous sommes prêts à tirer bénéfice des expériences des autres nations dans la résolution des défis posés aux autochtones, qui continuent à souffrir de plusieurs formes discriminations. Face à celles-ci, les populations autochtones américaines, a dit la Conseillère, estiment que l’autogestion demeure un solide moyen pour prendre efficacement en main leur devenir.
Elle s’est, par ailleurs appesantie, sur les difficultés rencontrées par ces communautés après les crises financière et économique mondiales. À ce jour, ces populations espèrent encore un soutien du Gouvernement fédéral, a-t-elle fait savoir, en reconnaissant néanmoins que ce dernier avait pendant ces dernières années, déployé une stratégie pour résoudre les inégalités vécues par ces populations, s’agissant, en particulier, de l’accès à l’éducation et à la santé.
Face au taux de suicide élevé dans les populations autochtones américaines, le Gouvernent américain s’est également engagé à renforcer la prévention, s’est elle réjoui. Il a, de même, mis en place une politique ferme contre la violence faite aux femmes. Ces différents exemples montrent l’importance des initiatives prises en faveur des autochtones aux États-Unis. Mais ceci ne suffit pas, a martelé Mme Teehee, en souhaitant que plusieurs réponses soient apportées dans des secteurs comme celui de l’emploi.
Mme REBECCA GRYNSPAN, Administratrice associée du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a observé que, jusqu’à présent, les efforts ont été axés sur la représentation des populations autochtones dans les processus de prise de décisions aux niveaux local, national et international. Une telle tâche demeure vitale, a-t-elle souligné, d’autant qu’il faut situer ces efforts dans le contexte, plus large, des efforts mondiaux en vue d’un développement durable Il ne saurait y avoir de développement humain là où perdurent discrimination, injustice, exclusion sociale, et là où on ne reconnaît pas la valeur de la cosmogonie des différents groupes de la société. Le développement humain c’est la liberté des personnes et des peuples à choisir et à définir leur propre vie, sans discrimination aucune et dans le plein exercice de leurs droits individuels et collectifs.
La responsable du PNUD a précisé qu’il y a à peu près 370 millions d’autochtones sur la planète, représentant 15% des pauvres dans le monde. On estime également, a-t-elle ajouté, que le tiers des personnes vivant dans l’extrême pauvreté en milieu rural, est autochtone. Elle a aussi rappelé qu’en 2010, le Rapport sur le développement humain avait confirmé encore une fois que les peuples autochtones ont des taux considérablement inférieurs d’espérance de vie, d’éducation et de revenus, ce qui révèle des brèches significatives dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
À cet égard, elle a jugé nécessaire de recueillir davantage de données avec la participation des peuples autochtones même. Dans le but de réduire le fossé existant et d’inverser les tendances observées, Mme Grynspan a recommandé aux pays de mener de front des actions dans trois domaines, notamment la mise en place de systèmes de gouvernance plus inclusifs conformément à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, à laquelle le PNUD contribue, particulièrement en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Elle a informé que dans le domaine de la participation des peuples autochtones, central dans le soutien apporté par le PNUD, par le biais du programme ONU-Initiative Oslo-Paris sur la réduction des émissions causées par le déboisement et la dégradation des forêts (REDD). Le PNUD a contribué à la mise en place de filets de sécurité pour que toutes les activités de ce programme soient conformes aux principes de la Déclaration.
L’Administratrice associée a aussi encouragé les États à atteindre les OMD liés aux autochtones en mettant en pratique le Cadre d’accélération des OMD (CAO), un « outil novateur qui aide les pays à identifier les obstacles réels », a-t-elle expliqué. Notre succès dans la réalisation des droits des peuples autochtones dépendra de la capacité de travailler ensemble et de l’alliance de tous les acteurs représentés aujourd’hui dans cette salle, a-t-elle conclu.
Mme DINAH SHELTON, Présidente et Rapporteure de la Commission interaméricaine des droits de l’homme des peuples autochtones, a constaté que les peuples autochtones étaient toujours exclus, individuellement et collectivement, de la vie socioéconomique et politique des 35 pays membres de la Commission. Les tendances en matière de pauvreté et d’exclusion sont comparables à des conditions d’esclavage et beaucoup vivent dans des conditions de servitude à tout point de vue. Ainsi, on parle de « communautés captives » en Bolivie, par exemple, sur lesquelles le Gouvernement de la Bolivie a effectué une étude. Des études récentes de la Commission se sont également penchées sur divers aspects de cette servitude. D’autre part, en dépit de la reconnaissance officielle des droits territoriaux, les peuples autochtones sont dépossédés de leurs terres ancestrales et exposés à la dégradation de l’environnement, ce qui les plonge davantage dans la pauvreté.
Les activités minières et hydroélectriques sont aussi prétextes aux déplacements massifs, aux abus, à l’exploitation massive et autres crimes graves, a souligné l’intervenante. Sur le plan positif, des réformes législatives ont été adoptées dans plusieurs pays mais les nouvelles lois sont rarement appliquées dans la pratique. La Commission a traité d’un grand nombre de cas liés aux droits individuels et collectifs des peuples autochtones et a fait de nombreux rapports.
Elle a aussi introduit des procédures et des demandes de mesures conservatoires auprès de la Cour interaméricaine des droits de l’homme. Depuis la création du poste de Rapporteur il y a 20 ans; il y a eu de nombreux acquis, a-t-elle tout de même noté. Le grand défi, de nos jours, pour les juristes internationaux consisterait à se familiariser avec les instruments et les procédures locales.
La Rapporteure spéciale sur le développement économique et social des peuples autochtones, a rappelé que l’Instance exhorte depuis longtemps les institutions financières mondiales et les entités chargées du développement à modifier leurs paramètres s’agissant des populations autochtones. Les nouveaux paramètres, a-t-elle dit, doivent tenir compte du consentement préalable de ces communautés, promouvoir une meilleure participation de celles-ci aux processus de prise de décisions et assurer un meilleur financement aux mesures adoptées. À cet égard, elle s’est félicitée qu’en 2010, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ait adopté, à son tour, une politique spéciale pour les populations autochtones.
Si le monde autochtone a pu participer au Sommet de 2010 sur les OMD et à la rédaction du document final, il regrette pourtant que les États tardent à prendre des mesures concrètes pour garantir les libertés et les droits des peuples autochtones. Il faut veiller à ce que la réalisation des OMD ne porte pas atteinte ni à l’identité, ni au savoir, ni au cadre de vie des peuples autochtones.
La Rapporteure qui a ensuite défendu l’accès des populations aux soins de santé modernes, a estimé que le Forum doit continuer à mettre en relief la fonction centrale que de la Déclaration, tout en demandant aux États Membres de consolider les droits qui y sont consacrés. Les peuples autochtones sont encore mal représentés dans les instances internationales chargées du développement alors que ces communautés sont parmi les plus vulnérables de la planète. « Il faut inverser cette tendance » a-t-elle conclu. .
M. PAVEL SULYANDZIGA, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales des peuples autochtones, a brièvement présenté son rapport, qu’il a divisé en deux parties. Il est le Directeur exécutif de la compagnie russe Sakhalin Energie à s’exprimer devant la dixième session de l’Instance car, selon lui, il est très opportun que les autochtones entendent aussi le point de vue des entreprises qui travaillent selon les normes internationalement établies.
Prenant la parole, le Directeur exécutif de la société russe Sakhalin Energie, M. Andrei GALAEVs’est dit convaincu que sans une culture éthique très élevée basée sur le respect des cultures autochtones, rien ne peut être réalisé sur le terrain. Les conditions de vie dans la région sont dures et l’ont toujours été. Il a été difficile de maintenir les traditions ancestrales; les technologies de l’information et de la communication se développant à grande vitesse au détriment des langues locales.
L’entreprise, a rappelé le Directeur, a commencé un plan scrupuleusement planifié dans l’Île de Sakhaline, il y a deux décennies. Elle a pris en charge un certain nombre de projets de développement, en partenariat avec les autorités locales et les représentants des peuples autochtones, sans la coopération de laquelle le plan n’aurait pu être mené à bien.
Reprenant la parole, le Rapporteur spécial a renvoyé aux documents de l’Instance et indiqué qu’il avait reçu énormément d’informations du Gouvernement du Canada. Les peuples autochtones subissent la surexploitation de leurs terres. L’avenir et l’existence mêmes de certains peuples dépendront des décisions prises en matière de croissance économique. Il faut inverser la tendance des politiques économiques paternalistes et une assimilation à marche forcée des peuples autochtones, qui sont sans cesse confrontés à des problèmes sociaux nouveaux et insurmontables, en particulier l’alcoolisme.
Chez nous, a dit le Rapporteur spécial, les problèmes de pauvreté sont liés au manque d’accès à l’eau potable. Les recherches montrent qu’un accord entre les entreprises et les peuples autochtones doit passer par l’abandon du « paternalisme ».
M. JEAN-FRANÇOIS TREMBLAY, Canada, a rappelé que son pays attachait une importance à la Déclaration et qu’il ne cesse d’améliorer son cadre juridique pour tenir compte des aspirations, des populations des « Premières nations ». La coopération avec celles-ci est continue et porte des fruits, a-t-il affirmé.
Ainsi le Gouvernement et les « Premières nations » viennent d’établir un panel chargé d’apporter des réponses au problème des mauvais résultats scolaires des élèves autochtones. En ces temps difficiles, le Gouvernement s’est engagé, en outre, à apporter des réponses spécifiques, grâce à l’Initiative nationale
pour les populations autochtones prévu pour une période de cinq ans. Le Gouvernement qui agit aussi en matière sanitaire, a signé un accord avec la Province de la Colombie britannique dont l’objectif premier est d’œuvrer à l’amélioration des conditions de vies des « Premières nations ».
Mme OTILIA LUX DE COTI, Parlementaire autochtone du Guatemala et membre du Forum internationale des femmes autochtones, a souligné que « ces femmes ne sont ni des minorités ni des groupes vulnérables », en dénonçant les classements dans le système de l’ONU et autres organisations internationales et régionales. Nous sommes des sujets dotés de droits et les détentrices de la mémoire historique de nos peuples, a-t-elle proclamé, en réclamant la pleine jouissance de ses droits.
Les obstacles culturels au développement des femmes autochtones sont multiples, a-t-elle reconnu, en soulignant que la lutte contre la violence à l’égard des femmes était la principale priorité. Le Forum revendique la reconnaissance des femmes comme membre à part entière de la société; la création d’un observatoire de la violence pour influencer les décideurs; l’établissement de divers mécanismes contre les différentes formes de violence, en particulier la mortalité maternelle; le suivi psychologique et physique des enfants et des femmes victimes de la violence; ainsi qu’une documentation exhaustive et fiable sur le nombre, les manifestations et la gravité des formes de violence, a-t-elle demandé.
M. RODNEY COOKE, Fonds international pour le développement agricole (FIDA), a souligné que son organisation s’est toujours engagée à travailler avec les États et les communautés autochtones, en vue de l’amélioration des conditions de vie de ces dernières. C’est en cela par exemple que ces populations sont prises en compte dans le cadre des politiques globales contre la pauvreté des populations rurales dont font parties les populations. Le représentant a annoncé que le 18 février dernier, le FIDA avait établi, en son sein, un Forum pour les peuples autochtones dont le but est, entre autres, de promouvoir leur participation aux activités du Fonds et de les aider à mettre en place des actions ciblées. En vue de réaliser ces actions, le FIDA a débloqué avec ses partenaires, la somme 1,5 millions de dollars.
M. JUAN PABLO DE LAIGLESIA (Espagne) a indiqué qu’un document issu d’une vaste consultation a permis d’ébaucher une stratégie incorporant les instruments internationaux auxquels l’Espagne a souscrit, notamment la Convention de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur les droits des peuples autochtones et tribaux, la Convention des Nations Unies sur la biodiversité et la Déclaration de 2007 sur les droits des peuples autochtones. Qualifiant ces droits d’inaliénables, il a exhorté les États à accorder à ces peuples leurs droits à définir et à mettre en pratique leur propre modèle de développement.
M. GHAZALI OHORELLA, Caucus mondial des peuples autochtones, a d’abord appelé à une action urgente de la communauté internationale face aux défis auxquels sont confrontées les populations autochtones. Il a plaidé pour le renforcement des capacités des communautés autochtones « en vue de leur offrir, notamment, l’opportunité d’accéder à leurs ressources ». Le représentant a réaffirmé l’importance du consentement préalable des peuples autochtones, « avant que toute activité économique ne soit entreprise sur leur sol », conformément aux articles 19, 26 et 32 de la Déclaration. Il a, en outre, insisté sur l’amélioration de la santé maternelle dans les territoires autochtones.
Mme LUZ ANGELA MELO, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a décrit les efforts continus du FNUAP en vue d’intégrer la perspective autochtone dans ses stratégies et programmes. Elle a reconnu l’importance de la santé génésique et reproductive des femmes autochtones. Après un processus de consultation avec une large gamme de parties prenantes, le FNUAP a adopté une stratégie de mise en œuvre de la Déclaration. « Vous pouvez ajouter le FNUAP aux agences spécialisées qui ont une politique d’inclusion des autochtones dans ses programmes », s’est félicitée la représentante.
La nouvelle stratégie intègre aussi une approche de défense des droits de l’homme et de respect des religions et des choix éthiques et culturels. D’autre part, le Bureau du FNUAP au Congo a appuyé le Gouvernement dans ses efforts visant à l’adoption d’une loi de protection des peuples autochtones.
Fournir des services de santé efficaces et pertinents dépend de la capacité des services médicaux de prendre en considération les différentes approches et croyances culturelles traditionnelles, a-t-elle poursuivi. Les femmes autochtones se heurtent à une situation trois fois plus grave à celle d’autres femmes en matière de santé. Aujourd’hui, grâce à leurs réseaux, les autochtones ont fait comprendre leurs besoins et difficultés spécifiques en matière de santé.
Mme CATH HALBERT (Australie) a annoncé que le Congrès national des peuples autochtones de l’Australie sera le mécanisme central par le truchement duquel les gouvernements, le secteur privé et les communautés pourront collaborer. Le mécanisme traduira également les objectifs, aspirations et valeurs des Aborigènes et des habitants du détroit de Torrès. La phase d’établissement du Congrès national a commencé en 2010 et les opérations ont débuté en janvier 2011. Une grande réunion aura lieu en juin 2011 pour élire les membres du Conseil exécutif. Le Congrès recommande aussi l’élection de femmes à toutes les instances.
La représentant a rappelé l’engagement de son pays à reconnaître les Aborigènes et les insulaires du détroit de Torres dans la Constitution et les excuses nationales que le Gouvernement australien a présentées. Mme Halbert a fait part de l’intention de son Gouvernement de réduire le fossé entre autochtones et non autochtones. Le Gouvernement cherche à réduire de moitié le taux de mortalité infantile chez les autochtones et l’accès universel à l’éducation en 2013.
La participation économique, l’un des cinq domaines où les autochtones sont fortement désavantagés, fait aussi l’objet d’ateliers pour poser des stratégies selon les besoins et les opportunités des différentes régions du pays. Le savoir-faire traditionnel a aussi été appliqué au monde des entreprises, a-t-elle expliqué, en invitant à une manifestation parallèle sur ce sujet.
M. AQQALUK LYNGE, Caucus de l’Arctique, s’est inquiété des changements climatiques dont les communautés autochtones locales commencent à subir les effets. Après avoir détaillé le fonctionnement du Conseil regroupant les peuples autochtones dans cet espace arctique, il a souhaité voir les populations de cette zone participer plus largement aux décisions prises par les Gouvernement de la région sur les affaires les concernant. Il a ensuite fait part de la conclusion, le 11 mai dernier, par les représentants des peuples Inuit de l’Arctique polaire, d’une « Déclaration inuit polaire sur les ressources de la région ». Ce texte a-t-il dit, appelle à une exploitation responsable des ressources de la région.
M. YON FERNANDEZ DE LARRINOA, Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), a déclaré que son Organisation a adopté, fin 2010, une Politique sur les peuples autochtones et tribaux qui est le fruit de cinq ans de négociations et de consultations avec des experts, des peuples et organisations autochtones. Il a néanmoins souligné que la FAO n’a pas attendu l’adoption de cette politique pour œuvrer de concert avec les autochtones car elle a, à son actif, une longue collaboration dans le domaine de l’agriculture, de la foresterie, des pêches, de l’élevage, des ressources naturelles et de la sécurité alimentaire. Ce qui est nouveau dans cette Politique est que la FAO reconnaît leurs besoins, leurs droits et le savoir endogène. C’est ainsi que ce n’est plus seulement la politique de la FAO mais également celle des peuples autochtones, a opiné M. DeLarrinoa, qui est le Coordinateur du programme de renforcement des partenariats ente la FAO et la société civile.
Mme LIDA BEATRIZ ACUÑA, (Paraguay), a invité les participants à tenir compte des décisions antérieures, notamment sur les questions de la propriété foncière, en allant vers la restitution des terres aux communautés propriétaires. Au Paraguay, il y a une volonté manifeste de résoudre cette question et cette volonté est marquée par une allocation conséquente de fonds à cet effet. Elle a aussi mentionné les politiques établies au bénéfice des communautés autochtones isolées. La politique nationale de santé pour les populations autochtones adoptée en 2008, fait peser la responsabilité de cette fonction à l’État et aux populations autochtones elles mêmes a-t-elle dit, en mettant en exergue la stratégie efficiente de lutte contre le sida déployée par le Gouvernement dans ces communautés. La représentante a, en outre, fait état de la proposition de créer un poste ministériel entièrement consacrée à la question autochtone, « afin d’accorder plus d’importance a cette question ».
Mme JACQUELINE BERNADETTE K.CARINO, Union du Caucus asiatique, a mis en relief deux recommandations, l’une par laquelle les États asiatiques promulgueraient des lois conformes aux droits de l’homme et à ceux des droits des peuples autochtones, et l’autre, visant à un réexamen de toutes les politiques économiques et industrielles qui ont ravagé les terres et les biens ancestraux des autochtones où qui seraient susceptibles d’avoir des effets dévastateurs et définitifs sur les terres et les populations autochtones. Les États asiatiques devraient également mettre fin à la dépossession et en finir avec les déplacements massifs occasionnés par des entreprises publiques ou privées.
L’oratrice a appelé à une meilleure gestion des ressources naturelles et à la prévention des catastrophes naturelles causées par les changements climatiques. Dans le cadre de la réalisation des OMD, les autochtones ne doivent pas être sacrifiés dans ce processus à cause des crises actuelles, a-t-elle mis en garde. Des procédures permettant la défense des droits des autochtones vivant à proximité d’une exploitation minière sont tout aussi nécessaires. À l’occasion de l’Année internationale des forêts, il serait judicieux de ne pas protéger les forêts demeurées indemnes, a préconisé la représentante.
Mme LAETITIA ZOBEL, Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a annoncé la mise en place d’un cadre de discussion préparatoire à la Conférence « Rio+20 », impliquant les acteurs des communautés autochtones. Ce cadre, qui est en projet de finalisation, est avant tout un vaste processus de concertation qui veut engager tous les participants à la préparation de « Rio+20 ». Le PNUE espère que de nombreux représentants des populations autochtones prendront part à toutes les étapes préparatoires parce que « Rio+20 » sera « un moment unique pour notre planète ». Dans ce contexte, elle a rappelé l’urgence de promouvoir l’économie verte qui présente des avantages énormes pour les populations autochtones. Il faut renforcer la coopération entre le PNUE et les communautés autochtones, sur le chemin de « Rio+20 », a-t-elle conclu.
M. RAFAEL ARCHONDO (Bolivie) a déclaré que, depuis l’adoption de la nouvelle constitution le 9 février 2009, les peuples autochtones ont le droit de participer à tous les processus de prise de décisions de l’État plurinational. Cela leur permet ainsi, pour la première fois, de consolider et d’exprimer leurs droits dans tous les aspects de leur vie. Les dispositions constitutionnelles incluent également la notion de consentement préalable. Le pays a aussi avancé dans la loi sur les terres en accordant aux femmes le droit de propriété foncière. Lors de la Journée nationale de la mobilisation agraire cette année, plus de 45 millions d’hectares ont été légalisés. Une nouvelle loi sur l’éducation, portant le nom de deux enseignants pionniers, a également été adoptée. D’un autre côté, 227 millions de dollars par an ont été consacrés au financement de projets en faveur des peuples autochtones au niveau régional. Ces ressources sont administrées par un Conseil composé de représentants des pouvoirs publics, des autorités locales et des autochtones.
M. KENNETH DEER, Caucus d’Amérique du Nord, a appelé l’Instance à inviter le système des Nations Unies à reformer leurs mandats respectifs en vue d’inclure, dans leurs programmes, la question des populations autochtones. Il a fait part de son inquiétude face à la persistance de lois et de règlements discriminatoires en Amérique du Nord. Mais, le problème le plus important pour les peuples de cette région demeure celui de la terre. « Nos terres nous ont été volées par les occupants actuels » a-t-il maintenu, avant d’inviter la session à clarifier le statut de peuples autochtones, « parce que trop de communautés s’en réclament ». « Nous ne sommes pas des terroristes et les Gouvernement canadien et américain doivent cesser de prendre des mesures discriminatoires contre nous » a-t-il insisté.
Mme MARIA TERESA MESQUITA PESSÔA (Brésil) a estimé que la participation continue de représentants de la Fondation nationale des peuples autochtones (FUNAI) ainsi que d’autres agences officielles pertinentes est la preuve, s’il en faut, du respect du Brésil pour cette Instance, en tant qu’important espace grâce auquel les États ont l’occasion d’apprendre tant de l’Instance elle-même que de la société civile, en particulier des organisations autochtones, et d’avoir des échanges sur les lacunes, les progrès et les pratiques optimales.
Elle a réitéré le ferme attachement de son pays à la lutte contre la pauvreté et en faveur du droit à une nutrition adéquate. « Les projets Bolsa Familia et Carteira Indigena ciblent aussi les peuples autochtones. En matière de santé, le Gouvernement du Brésil a établi une nouvelle agence fédérale de santé pour les terres autochtones. Il comprend tout ce que la médecine traditionnelle peut apporter. Tous les thèmes liés aux autochtones font l’objet d’un débat au sein de la Commission nationale chargée de la politique autochtone, composé d’un nombre égal de représentants publics et d’autochtones. Le Gouvernemental ouvre l’espace au « protagonisme autochtone » dans la formulation des politiques qui les affectent.
Le Brésil se réjouit d’accueillir, en juin 2012, la Conférence Rio+20, après la Conférence internationale sur l’environnement et le développement, dont les conclusions et recommandations représentent encore des directives fondamentales.
La représentante duCaucus des femmes autochtones, a invité l’Instance à appuyer la conclusion d’un accord juridiquement contraignant pour lutter contre la présence du mercure dans l’environnement. Ce texte, a-t-elle dit, est essentiel pour les femmes autochtones. Il faut aussi veiller à inclure dans les discussions présentes et futures de l’Instance, les thématiques de la mortalité infantile, du VIH/Sida, de la violence faites aux femmes et de la santé maternelle, a estimé l’oratrice. Par ailleurs, a-t-elle dit, le rôle des femmes dans la diffusion et la transmission des savoirs traditionnels doit également mis en exergue par l’Instance qui doit, en outre, mettre en œuvre les programmes en matière d’environnement. Elle a enfin plaidé pour le renforcement de la présence des peuples dans « les dialogues touchant à cette question urgente de l’environnement ».
Mme GABRIELA GAROUZA CARDUSO ESTRADA (Mexique) a indiqué que le Plan national de développement 2007-2012 prévoit l’inclusion des autochtones dans toutes les mesures liées au développement économique et social du pays, en s’enrichissant de leur sagesse et de leur savoir-faire. La Commission nationale pour le développement des peuples autochtones, responsable des politiques publiques en la matière, a lancé une stratégie de gestion du territoire dans le respect de l’identité des communautés autochtones. L’objectif du Programme du développement des peuples autochtones 2009-2012 consiste à autonomiser les communautés et à améliorer leurs conditions de vie à travers l’apport d’investissements publics.
Le programme de coordination pour l’appui à la production vise, d’un autre côté, à améliorer leurs revenus. Des ouvrages d’infrastructures de base sont également envisagés afin de dynamiser les régions où vivent les peuples autochtones et de leur offrir des opportunités. Les résultats du recensement de 2005 ont révélé que 40% ou plus des localités étaient peuplées d’autochtones, a-t-elle indiqué en fournissant un certains nombre de statistiques extraites du recensement et relatives aux autochtones. L’Article 2 de la Constitution consacre le droit des peuples autochtones, a conclu l’intervenante.
Mme TINE MORCH SMITH (Norvège) a signalé que la semaine dernière, le Gouvernement norvégien et l’une des communautés du peuple Sami se sont accordés sur les activités de pêche, en décidant des zones à ne pas toucher. C’est là un modèle de collaboration à suivre, a-t-elle dit, avant d’attirer l’attention sur les travaux de l’expert des Nations Unies sur le respect des droits de l’homme par les entreprises privées. La Norvège qui appuie l’expert, insiste sur l’importance d’imposer des normes strictes aux entreprises afin qu’elles aillent vers plus de respect des droits des autochtones, a-t-elle dit.
Si les entreprises privées ne doivent pas agir contre l’identité et les droits des peuples autochtones, il est fondamental de rappeler que « les États ont la responsabilité première pour apporter des réponses aux préoccupations autochtones » a-t-elle dit, en révélant qu’en Norvège, le Gouvernement a mis en place un mécanisme propre, à cet effet. L’idée est d’emmener les entreprises à aller vers des actions des entreprises conformes aux droits des autochtones et au droit international.
M. VINCENTE VASQUEZ Membre permanent de l’Instance permanente, s’est félicité des recommandations élaborées par les autochtones qui permettent de « prendre nos distances » par rapport aux progrès annoncés par les chefs d’États et membres des gouvernements. Il a proposé que l’Instance invite la FAO à ne pas proposer aux gouvernements et autres entités d’agir sur une base « volontaire » car cela est contraire à la Déclaration de 2007.
Mme HANNAH DONNELLY, Réseau des ONG australiennes, a d’abord appelé l’Instance à la mise en œuvre des réponses décidées antérieurement. Elle a ensuite réitéré la nécessité de soutenir financièrement les peuples autochtones afin de leur donner les moyens de faire face aux difficultés qui se posent à eux. Le droit à l’autodétermination des peuples doit être poursuivi en coopération avec les peuples autochtones eux-mêmes, a-t-elle souhaité avant de rappeler que ceux-ci sont parmi les plus défavorisées d’Australie. « Le modèle où c’est l’État qui nous dirige doit cesser » a-t-elle déclaré, avant d’ajouter que « nous devons nous mêmes diriger notre devenir afin d’assurer une meilleure éducation à nos enfants, notamment ».
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