Des délégations souhaitent que le Programme d'action d'Istanbul puisse mettre fin à la marginalisation des 880 millions d'habitants des pays les moins avancés
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DES DÉLÉGATIONS SOUHAITENT QUE LE PROGRAMME D’ACTION D’ISTANBUL PUISSE METTRE FIN
À LA MARGINALISATION DES 880 MILLIONS D’HABITANTS DES PAYS LES MOINS AVANCÉS
Le programme d’action devrait être réaliste et assorti
d’un mécanisme de suivi clair, avec des engagements précis pour toutes les parties
(Reçu d’un fonctionnaire de l’information)
TURQUIE, 10 mai – « Le monde aura fait de vrais progrès lorsque sera inversé le processus de marginalisation dont souffrent les 880 millions d’habitants des pays les moins avancés », a déclaré ce matin Mme Sheikh Hasina, Première Ministre du Bangladesh, au cours de la deuxième journée de débat de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA, durant laquelle plusieurs chefs d’État et de gouvernement et une vingtaine de ministres des pays présents à Istanbul ont pris la parole.
De nombreuses délégations ont vivement souhaité la conclusion et l’adoption d’un programme d’action d’Istanbul qui se traduise par une réforme de l’architecture internationale de soutien aux PMA pour permettre à la moitié de ces pays de quitter la catégorie de pays moins avancés d’ici à 2020. « Il nous faut un programme d’action réaliste, avec des engagements précis pour toutes les parties prenantes, et qui soit assorti d’un mécanisme de suivi clairement établi », a insisté le Président de la République de Guinée, M. Alpha Condé.
Faisant un constat, M. Abdelaziz Belkhacem, Ministre d’État et Représentant personnel du Président de l’Algérie à la Conférence, a estimé que les insuffisances du Programme d’action de Bruxelles étaient surtout le résultat d’un environnement économique international défavorable. « À la chute drastique des flux d’aide publique au développement (APD), s’ajoutent les problèmes de la dette extérieure, de la raréfaction des mouvements de capitaux d’investissements et de la baisse continue des niveaux des prix des matières premières, dont beaucoup de PMA tirent l’essentiel de leurs revenus », a-t-il souligné. De son côté, M. Madické Niang, Ministre des affaires étrangères du Sénégal, a estimé que les difficultés des PMA étaient amplifiées par la flambée sans précédent des prix des denrées alimentaires et de cours des produits pétroliers, la dégradation continue de l’environnement, les transactions spéculatives qui se font au détriment de l’investissement dans l’économie réelle et les nombreuses entraves posées au commerce international, notamment par les subventions abusives versées à l’agriculture dans les pays développés.
La plupart des délégations de pays en développement ont rappelé aux pays développés l’engagement qu’ils avaient eux-mêmes pris de consacrer au moins 0,2% de leur PIB à l’assistance aux PMA. Elles ont aussi mis l’accent sur la nécessité de garantir un accès sans droit de douane aux produits des PMA sur les marchés des pays développés. L’accès à l’énergie, les transferts de technologies à des coûts abordables, le renforcement des capacités productives, l’augmentation de l’APD et celle des flux d’investissements directs étrangers (IDE) devraient être assurés aux PMA, ont préconisé ces délégations. Elles ont demandé un allègement ou une annulation pure et simple de la dette des PMA, et une exploitation optimale du potentiel de la coopération Sud-Sud.
Plusieurs délégations ont aussi souligné le risque associé à la gradation d’un pays de la liste des PMA. Le Premier Ministre de Vanuatu, M. Serge Vohor, a prévenu que la sortie d’un PMA de cette catégorie pose un grand défi à ces économies fragiles. Il a jugé indispensable que toute réflexion sur le retrait de la catégorie des PMA s’accompagne d’engagements en matière d’assistance au développement en général, aux réformes structurelles en particulier, afin de permettre au pays concerné de parvenir à un développement durable. De son côté, le Vice-Premier Ministre de la Guinée équatoriale, M. Salomon Nguema Owona, a mis l’accent sur l’importance de la résolution 3/2004 du Conseil économique et social, qui recommande la mise en place d’un processus de transition sans heurt pour les pays sortant de la catégorie de « PMA », de façon à éviter l’interruption des aides et programmes de développement qui y sont en cours au moment de cette gradation.
De nombreux pays en développement ont souhaité des aides supplémentaires consacrées spécifiquement à l’atténuation des vulnérabilités aux chocs externes, dont font partie les conséquences et les impacts des changements climatiques. Le Deuxième Vice-Président du Burundi, M. Gervais Rufyikiriet le Vice-Premier Ministre des Îles Salomon, M. Manasseh Maelanga ont suggéré la création d’un fonds de stabilisation des économies des PMA pour les aider à surmonter les conséquences des chocs externes.
Réagissant à de nombreuses interventions sur les besoins particuliers des PMA, le Ministre chargé de la coopération de la France, M. Henri de Raincourt, a rappelé que son pays, troisième contributeur à l’aide au développement des PMA avec 2,3 milliards d’euros, a organisé à New York, le 9 mars dernier, un colloque sur les vulnérabilités spécifiques de chaque PMA.
La quatrième Conférence de l’ONU sur les PMA poursuivra son débat plénier demain, mercredi 11 mai, à partir de 10 heures. Au cours de cette troisième journée, la Conférence tiendra, respectivement en matinée et dans l’après-midi, deux débats thématiques interactifs de haut niveau.
QUATRIÈME CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS
Suite du débat général
Mme SHEIKH HASINA, Première Ministre du Bangladesh, a jugé essentiel de reconstruire l’architecture internationale de soutien aux PMA de façon à ce qu’elle puisse refléter l’esprit d’un partenariat renouvelé et d’un large consensus entre les États Membres afin de permettre à un maximum de pays classés comme PMA de quitter cette catégorie de pays. Elle a estimé que les pays développés devaient consacrer au moins 0,2% de leur PIB aux PMA sous forme d’aide publique au développement (APD) comme convenu, et prévoir des ressources supplémentaires pour aider les PMA à faire face aux problèmes que posent leur vulnérabilité systémique et les effets des catastrophes naturelles qui affectent certains d’entre eux. Mme Sheikh Hasina a par ailleurs mis l’accent sur les questions de commerce, d’accès à l’énergie, de financement du développement, de dette, de transfert de technologies, de changements climatiques et de liberté de mouvement pour les travailleurs que les PMA aimeraient voir résolus.
S’agissant du commerce, la Première Ministre du Bangladesh a estimé indispensable que les produits des PMA puissent accéder, sans droit douanier et sans taxe, aux marchés des pays développés et que les législations régissant le fonctionnement de ces marchés soient rendues plus souples en ce qui concerne l’imposition et l’application des règles d’origine. En outre, elle a dit que les PMA devaient avoir accès à des sources d’énergie diverses, efficientes, propres et abordables, y compris des énergies nouvelles et renouvelables. Elle a demandé la mise en place d’un mécanisme qui permette aux pays de faire face à l’instabilité des prix de l’énergie. Elle a souhaité que l’on cesse de concentrer l’APD sur les secteurs sociaux et les industries extractives et que cette aide soit également consacrée au développement des infrastructures, de l’agriculture et de l’éducation. Il faut que l’affectation de l’APD trouve un bon équilibre entre les différents secteurs en s’appuyant sur les priorités des PMA, a-t-elle insisté. Elle a dit que l’APD devait être équitablement distribuée entre les PMA, sans considération politique ou stratégique.
Sheikh Hasina a par ailleurs jugé nécessaire que les fragiles économies des PMA puissent bénéficier d’annulations de dette. Certains PMA, qui remboursent la dette et qui ne bénéficient pas de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) comme le Bangladesh, devraient être soutenus par d’autres sources de financement, a-t-elle préconisé. Elle a demandé aux institutions multilatérales de faciliter aux PMA l’accès au transfert de technologies abordables et souhaité que les PMA puissent bénéficier d’aides supplémentaires pour faire face aux effets des changements climatiques. Sheikh Hasina a demandé l’instauration d’un nouveau régime juridique dans le cadre du Protocole à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) pour permettre la réhabilitation sociale, culturelle et économique des personnes déplacées en raison des changements climatiques. Elle a demandé la suppression de tous les obstacles à la liberté de circulation de la main-d’œuvre. Enfin, elle a estimé que les fruits de la coopération Sud-Sud devaient s’ajouter à l’appui qu’apportent aux PMA les donateurs traditionnels et non se substituer à la coopération Nord-Sud. En conclusion, elle a insisté que le monde aura fait de vrais progrès lorsque sera inversé le processus de marginalisation dont souffrent les 880 millions de personnes vivant dans les PMA. Elles méritent d’être libérées de la pauvreté et de vivre des vies décentes et dignes, a-t-elle déclaré.
Mme TARJA HALONEN, Présidente de la Finlande, a souhaité que le futur programme d’action pour les PMA apporte de réels changements dans les conditions de vie des populations des PMA. « La Finlande alloue plus d’un tiers de son aide publique au développement aux PMA, et nous nous sommes engagés à accroître davantage cette part », a-t-elle indiqué. En outre, a ajouté Mme Halonen, cinq des huit partenaires de long terme de la Finlande en matière de développement sont des PMA. Nous les avons ainsi aidés à réaliser certains Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à travers le Programme d’action de Bruxelles, a-t-elle dit. En plus de l’aide régionale et thématique, Mme Halonen a indiqué que son pays soutient les PMA par le biais de l’aide multilatérale, notamment dans le cadre de l’Union européenne (UE). La Finlande a financièrement contribué à la participation des représentants des PMA et de la société civile de ces pays à la Conférence d’Istanbul, a précisé la Présidente de la Finlande.
Depuis l’adoption du Programme d’action de Bruxelles en 2001, le monde a changé et, bien que nous ayons atteint certains résultats, nous pouvons faire mieux, a-t-elle ensuite reconnu. Parmi les pays en développement, ceux qui se développent très vite peuvent avoir un impact important sur le développement des PMA, a-t-elle fait remarquer. La Présidente de la Finlande a aussi plaidé en faveur du respect du principe du développement durable. Étant elle-même Coprésidente du Groupe d’experts sur la durabilité, Mme Halonen a appelé les États à trouver un équilibre entre les trois piliers du développement durable, en mettant un accent particulier sur le développement social. Elle a aussi souhaité que l’autonomisation des femmes soit sérieusement prise en compte, ainsi que le renforcement de la démocratie, des droits de l’homme, de la bonne gouvernance et de l’état de droit. Mme Halonen a en outre jugé essentiel de favoriser un bon accès des produits en provenance des PMA aux marchés. Elle a aussi souhaité que les situations particulières auxquelles sont confrontés les petits États insulaires en développement (PEID) et des pays sans littoral soient prises en compte, et que ces pays bénéficient d’un traitement différencié. Il est temps de renouveler notre partenariat pour atteindre les OMD d’ici à 2015, a-t-elle conclu, appelant tous les acteurs du développement à s’atteler à cette tâche.
M. PAKALITHA BETHUEL MOSISILI, Premier Ministre et Ministre de la défense et de la fonction publique du Lesotho, a déclaré que la pertinence du programme d’action d’Istanbul se mesurera à sa capacité de s’attaquer aux contraintes qui empêchent l’éradication de la pauvreté, la réalisation d’une croissance économique durable et inclusive, celle des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et l’intégration des PMA dans l’économie mondiale. Faisant le bilan de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles, M. Mosisili a noté que les transferts de technologies ne sont pas réalisés au niveau souhaité par les pays en développement, et que l’APD était loin d’avoir atteint le niveau escompté et les objectifs qui lui avaient été fixés. De plus, a-t-il dit, l’insuffisance des infrastructures sociales et physiques continue d’être un frein aux prestations de services sociaux dans les PMA. En raison de la faiblesse de la croissance économique dans la plupart de ces pays, les taux de chômage qui y existent sont « abjects », a-t-il regretté.
M. Mosisili a, par ailleurs, dit qu’en termes de coopération au développement, les économies émergentes ne pouvaient pas remplacer les donateurs traditionnels. La coopération Sud-Sud doit donc venir en appui à la coopération Nord-Sud et non prétendre la remplacer. Tout en s’attaquant aux contraintes qui se posent au développement en général, le programme d’action d’Istanbul devra reconnaître la diversité des PMA qui ne sont pas tous au même niveau de développement, a ensuite souligné M. Mosisili. Chaque PMA vit dans des circonstances bien définies et a des besoins particuliers, a-t-il ajouté. Le Premier Ministre du Lesotho a également souhaité que l’APD soit moins sélective et plus prévisible, et il a demandé une réévaluation du Cadre intégré pour l’assistance technique liée au commerce en faveur des PMA. Notre objectif ultime, a-t-il conclu, est de permettre la gradation de la liste des PMA d’au moins 50% des pays qui y figurent, ceci d’ici à la fin de la décennie qui commence.
M. ADOLPHE MUZITO, Premier Ministre de la République démocratique du Congo (RDC), a rappelé la crise politique de longue durée qui affectait certaines régions du continent africain, dont celle de la RDC, au moment de l’adoption du Programme d’action de Bruxelles. Fort heureusement, les armes se sont tues, même s’il en subsiste encore dans la partie orientale de la RDC, zone où perdurent les violences, a-t-il rappelé. M. Muzito a cependant indiqué que la mise en œuvre des programmes macroéconomiques, soutenue par des institutions financières multilatérales, a permis d’améliorer sensiblement les indicateurs de développement de la RDC qui a connu, en 2002, un retour de la croissance économique, pour la première fois en 15 ans. En outre, l’inflation a été réduite et la République démocratique du Congo a bénéficié du programme d’allègement de la dette externe des pays pauvres très endettés (Programme de l’Initiative PPTE), qui a permis l’annulation de 80% de la dette extérieure du pays, a précisé le Premier Ministre du Congo en exprimant la reconnaissance de la RDC à ses partenaires de développement. Ces résultats sont cependant insuffisants, a-t-il poursuivi, et il y a encore beaucoup à faire notamment pour assurer la démobilisation d’anciens combattants, faire retourner chez elles des personnes déplacées et des réfugiés, et remplir les obligations constitutionnelles, notamment afin de décentraliser l’administration. Ce sont les défis que nous essayons de relever depuis 2003, a-t-il dit.
« Outre ces défis, nous devons faire aussi face aux effets des crises mondiales », a ajouté le Premier Ministre. Il a aussi expliqué que le processus de développement ne peut être durable sans la mise en place d’un réseau d’infrastructures de base, tout en indiquant que la RDC souffrait de limitations budgétaires. Nous nous sommes résolus à trouver des partenariats et à renforcer le rôle du secteur privé, a-t-il dit. Nous souhaitons aussi explorer de nouveaux mécanismes financiers, développer de nouvelles sources d’énergie et mettre en valeur nos ressources forestières. Le Premier Ministre a aussi parlé de l’importance du transfert des technologies. Il a salué l’initiative de la Turquie qui cherche à mettre sur pied des partenariats pour aider un certain nombre de pays africains, notamment la RDC. En plus de leurs réformes internes, les PMA ont besoin d’un contexte international propice à leur inclusion au sein de l’économie globale, a enfin déclaré M. Muzito. Il a aussi plaidé pour qu’au cours des travaux de la Conférence PMA IV, le débat n’évite pas les grands thèmes sur lesquels il n’y a pas encore de consensus, notamment le Cycle de négociations commerciales de Doha et ceux portant sur les changements climatiques. Il a expliqué, à cet égard, combien l’Afrique subit les effets des changements climatiques et a souligné l’importance que revêt le cadre d’adaptation de Cancún pour les pays du continent.
M. SERGE RIALUTH VOHOR, Premier Ministre de la République de Vanuatu, a indiqué que la croissance moyenne de 5,2% qu’a connue le Vanuatu ces dernières années ne lui permettait pas de faire face à tous les défis qui se posent à lui. Si le tourisme et l’agriculture demeurent des secteurs de production importants, il est néanmoins indispensable de diversifier l’économie pour mieux faire face aux chocs externes, a estimé le Premier Ministre. Mettant l’accent sur le commerce comme moyen de stimuler la croissance économique, M. Vohor a indiqué que son pays bénéficiera d’un second Cadre intégré pour l’assistance technique liée au commerce en faveur des PMA, qui permettra de renforcer les capacités commerciales du Vanuatu. Il a dit que le développement du commerce permettrait au Vanuatu de renforcer son cadre d’investissement au niveau du secteur privé, d’accroître les exportations du pays et de promouvoir la création d’emplois pour les jeunes. Après 16 ans de négociations, a-t-il ajouté, Vanuatu vient de conclure ses démarches d’accession à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’accès aux sources de financement du développement reste encore une des principales préoccupations pour Vanuatu et les autres PMA, a ensuite ajouté M. Vohor. Il a indiqué à cet égard que les politiques de microcrédit ont eu un grand succès à Vanuatu, où elles ont permis à de nombreuses femmes de développer des petites et moyennes entreprises.
Le Premier Ministre de Vanuatu a prévenu que la gradation de la liste des PMA serait un grand défi à relever pour Vanuatu et les autres économies fragiles des PMA. La gradation de tout PMA de la liste actuelle aura une conséquence directe sur la vie des gens en termes de perte de revenus, la diminution de l’assistance des bailleurs de fonds et d’autres formes d’assistance financière dont bénéficient les PMA. Il est donc indispensable que toute réflexion sur le retrait d’un pays de la catégorie des PMA s’accompagne d’engagements en matière d’assistance à ce pays afin notamment de lui permettre de parvenir à un développement durable, a dit M. Vohor. Il a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud dans le domaine du renforcement des capacités, du transfert de technologies, de l’agriculture, de la gestion des forêts, de la pêche et du tourisme. En outre, il a rappelé que son pays était l’un des plus vulnérables aux catastrophes naturelles en raison de sa situation géographique sur la ceinture de feu et la ceinture cyclonique du Pacifique. Il a jugé indispensable que les PMA les plus vulnérables, en particulier les petits États insulaires en développement, bénéficient d’une part substantielle des financements internationaux consacrés à la lutte contre les changements climatiques.
M. WILLY TELAVI, Premier Ministre de Tuvalu, a expliqué qu’en dépit de ses ressources limitées, Tuvalu a fait quelques progrès et a pu respecter certains engagements définis dans le Programme d’action de Bruxelles en 2001. Les PMA sont par définition hautement vulnérables, a-t-il rappelé, expliquant les difficultés particulières que rencontre Tuvalu et qui s’ajoutent aux problèmes classiques de développement. Il a signalé par exemple la grande vulnérabilité de son pays aux chocs économiques extérieurs, puisque l’économie de Tuvalu dépend énormément de l’aide publique au développement (APD) et que les transferts de fonds des travailleurs migrants à l’étranger constituent aussi une grande source de revenus pour le pays. Nous devons d’autre part importer beaucoup de produits et cela coûte très cher, notamment avec la flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, a indiqué M. Telavi. Le Premier Ministre a également souligné l’impact des changements climatiques qui menacent d’anéantir tous les gains de ces dernières années à Tuvalu. Les efforts menés pour y faire face entrainent une diminution des mesures à prendre dans les autres domaines du développement, comme l’éducation et la santé, a-t-il regretté.
De l’avis de M. Telavi, il faudrait parvenir à prévoir des critères d’évaluation de la vulnérabilité qui rendent compte du profil des petits États insulaires en développement. En outre, les pays développés devraient accroître progressivement leur APD, a-t-il estimé, rappelant que peu de pays avaient respecté leur engagement de consacrer 0,7% de leur PNB à cette aide. Enfin, le Premier Ministre de Tuvalu a souligné l’importance des mesures à prendre pour aider les pays en développement à faire face aux changements climatiques. Il a souhaité qu’un accord soit trouvé, notamment en ce qui concerne une deuxième période d’engagement à prendre au titre du Protocole de Kyoto. Le développement durable des PMA dépend d’un partenariat fort entre les pays, ce qui devra être reflété dans le futur programme d’action d’Istanbul, a-t-il suggéré. M. Telavi a en outre souligné l’importance de la coopération Sud-Sud. À cet égard, il a remercié les Gouvernements de Taiwan et de Cuba pour leurs contributions au développement de son pays. Le futur programme d’action d’Istanbul devra aussi prendre en compte les défis spécifiques qui se posent aux PMA, en évitant de leur imposer un modèle unique.
M. ABDOU RABBU HADI MANSOUR, Vice-Président du Yémen, a indiqué que son pays travaillait depuis 1990 au renforcement de sa démocratie et menait des réformes ambitieuses, malgré les troubles qui sévissent dans la région de la corne de l’Afrique. Malgré les contraintes liées à la piraterie en Somalie et dans le golfe d’Aden, à la révolte armée au nord de son territoire et au terrorisme transfrontalier, le Yémen est parvenu à réaliser un certain nombre de progrès en matière de développement, a dit M. Hadi Mansour. Il a reconnu l’importance des Conférences de donateurs tenues à Londres et à Paris pour faciliter ces progrès. Parmi les autres difficultés rencontrées par son pays, il a cité les conséquences des catastrophes naturelles, des crises économique et financière, et les effets de la flambée des prix des matières premières, des denrées alimentaires et des carburants.
Le Vice-Président yéménite a parlé de la mise en place d’un plan de développement national pour faire face aux défis externes et internes, atténuer la pauvreté et le chômage, attirer les investissements étrangers et élever le niveau de vie de la population. Nous avons établi des mécanismes et créé des lois en vue de faire face à la corruption et de promouvoir la bonne gouvernance, a-t-il indiqué. Il a dit que le Yémen était sur le point d’adhérer à l’OMC. Un des grands défis à relever par le Yémen est celui de la lutte contre la pauvreté rurale et de la réduction du fort taux de croissance démographique que connaît le pays, a ajouté M. Hadi Mansour. Mettant l’accent sur l’insuffisance de l’aide au développement, le Vice-Président du Yémen a indiqué que son pays, en tant que PMA, avait besoin de 20 milliards de dollars pour atteindre les OMD d’ici à 2015. En outre, il a souhaité que le Yémen puisse bénéficier d’un traitement préférentiel au sein de l’OMC. Il faut faciliter l’accès des PMA au Cadre intégré pour l’assistance technique liée au commerce, a-t-il préconisé en exhortant les pays développés à consacrer 0,2% de leur PIB aux PMA sous forme d’APD, comme cela avait été promis.
M. GERVAIS RUFYIKIRI, Deuxième Vice-Président du Burundi, a relevé que la majorité des PMA se situent en Afrique subsaharienne, alors que cette région possède d’immenses richesses, notamment dans ses sous-sols, et que ses ressources hydrographiques, forestières et ses capacités touristiques sont importantes. Le lent développement des pays d’Afrique, notamment les PMA, s’explique donc par plusieurs facteurs, comme les conflits politiques, l’exploitation immodérée et le pillage des ressources du continent, ou encore la destruction de son environnement. Les guerres font reculer le développement des pays de plusieurs années, a-t-il déploré, expliquant que la guerre civile qui a duré pendant plus de 10 ans dans son pays y a aggravé la pauvreté. Après la guerre, le Gouvernement burundais s’est efforcé de consolider la paix et le Burundi est maintenant un pays stable, a indiqué M. Rufyikiri. Le Burundi envoie même des troupes aux côtés d’autres forces africaines dans des missions de maintien de la paix en Afrique, s’est-il ensuite félicité.
M. Rufyikiri a assuré que son pays s’attèle sans relâche à la promotion de son développement économique, en investissant dans la promotion des infrastructures, la santé, l’eau potable et l’agriculture. Le taux de scolarisation dans l’enseignement primaire avoisine 100% au Burundi, grâce aux travaux communautaires qui ont permis de construire des écoles. Ces travaux ont aussi permis d’améliorer l’accès des populations à l’eau potable, qui atteint maintenant 70% de la population, ce qui permet d’espérer que 90% des Burundais disposeront de l’eau potable d’ici à 2015. Dans le domaine de la santé, le Burundi a fait des progrès grâce à la gratuité des soins, du suivi des femmes enceintes et des soins aux enfants. M. Rufyikiri a aussi mentionné les efforts menés par son gouvernement pour inclure davantage les femmes dans les prises de décisions. Le Burundi a ainsi 47% de femmes dans la composition de son Sénat et plus de 30% dans celle de son Gouvernement et dans les administrations communales et provinciales, a-t-il précisé. Il a également indiqué que des réformes des finances publiques et des politiques d’investissement sont mises en place, avec une politique de tolérance zéro contre la corruption économique et financière. Le Gouvernement s’est en outre engagé à promouvoir le secteur privé et les partenariats public-privé. Par ailleurs, le budget alloué à l’agriculture a augmenté. Ce secteur emploie plus de 90% de la population, et le Burundi ambitionne de passer de l’agriculture de subsistance à une agriculture de marché, a dit le Vice-Président du Burundi.
M. MANASSEH MAELANGA, Vice-Premier Ministre des Îles Salomon, a rappelé que le nombre des PMA est passé de 24 en 1971 à 48 en 2010. Il a souhaité que l’adoption du programme d’action d’Istanbul soit l’occasion de trouver une nouvelle voie pour le développement des PMA, voie qui reconnaîtrait les défis uniques et particuliers qui se posent à cette catégorie de pays. Il a souhaité que ce programme d’action soit orienté vers l’obtention de résultats et soit en mesure d’intégrer les populations des PMA au sein de la communauté internationale. Le Vice-Premier Ministre des Îles Salomon s’est dit inquiet en raison de l’absence de progrès dans les négociations en cours dans le domaine du commerce, et il a regretté que les engagements en matière d’APD ne soient pas tenus. Il a jugé essentiel que les produits des PMA puissent accéder, sans droit de douane et sans taxe, aux marchés des pays développés et que les législations régissant le fonctionnement de ces marchés soient rendues plus souples en ce qui concerne l’imposition et l’application des règles d'origine. Il a mis l’accent sur la vulnérabilité des PMA face aux chocs extérieurs, dont les changements climatiques, les crises économique et financière récentes, l’augmentation des prix des denrées alimentaires et des carburants. Notant que la fréquence et l’intensité des catastrophes naturelles n’a fait qu’augmenter ces 10 dernières années, le Vice-Premier Ministre des Îles Salomon a appuyé le projet de création d’un fonds pour faire face à l’instabilité dont souffrent les PMA du fait des catastrophes naturelles.
M. GORDAN JANDROKOVIĆ, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne de la Croatie, a rappelé que son pays est passé du statut de pays récipiendaire de l’aide au développement à celui de pays donateur dans ce domaine. Dans l’aide qu’elle fournit ainsi, la Croatie a intégré les leçons qu’elle a apprises auparavant. Ainsi, a-t-il expliqué, pour être efficace, l’aide au développement doit aller de pair avec la promotion du processus démocratique, l’amélioration des institutions étatiques et le renforcement de la responsabilité de l’État. Le pays récipiendaire de l’aide doit donc donner la priorité au développement durable, à la bonne gouvernance, à la démocratie, à l’état de droit et au respect des droits de l’homme, a-t-il affirmé. Il n’y a pas non plus de développement possible sans la paix, a-t-il souligné, rappelant que son pays fournit des troupes à sept opérations de maintien de la paix de l’ONU, de l’Union européenne et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). La Croatie continuera à augmenter son aide aux PMA au cours des prochaines années, a annoncé M. Jandroković, en accordant une attention particulière au domaine de l’éducation et à celui des soins de santé de base. M. Jandroković a aussi estimé que la croissance durable ne peut être réalisée que par la mise en œuvre de changements structurels permettant aux PMA de lutter contre la pauvreté. Il a donc appelé à développer les investissements du secteur privé et à renforcer l’implication de la société civile dans la promotion du développement durable.
M. SALOMON NGUEMA OWONA, Vice-Premier Ministre de la Guinée équatoriale, a rappelé que l’établissement de la catégorie de PMA s’appuyait sur les trois critères suivants: le niveau du revenu par habitant; la faiblesse des ressources humaines, calculée en s’appuyant sur des indices de nutrition, de santé et d’éducation; la vulnérabilité et la faible diversification de l’économie du pays concerné. Il a précisé que la Guinée équatoriale a pu atteindre l’objectif minimum concernant le revenu annuel par habitant grâce à sa production de pétrole. Le Vice-Premier Ministre a ensuite mis l’accent sur l’importance de la résolution 3/2004, adoptée le 3 juin 2004 par l’ECOSOC, qui souligne la nécessité de mettre en place un processus de transition sans heurt pour soutenir les pays qui sortent de la catégorie des PMA, de façon à éviter que l’interruption des aides et des programmes de développement dont bénéficiaient ces pays ne soit pas trop brusque. Il a jugé indispensable la mise en place d’un programme d’assistance des Nations Unies aux pays en cours de gradation pendant la période de transition.
M. HAILEMARIAM DESALEGN, Vice-Premier Ministre de l’Éthiopie, a noté que la pauvreté extrême qui règne dans les PMA ne permet pas souvent à ces pays de mettre en œuvre leur potentiel ou d’exploiter les capacités dont ils disposent pourtant. En outre, elle crée une instabilité qui s’étend généralement hors des frontières de ces pays, a-t-il remarqué. Il a blâmé les déséquilibres mondiaux, qui ont contraint les gouvernements de certains PMA à prendre des mesures d’austérité dans des pays qui connaissaient au départ une certaine croissance. Le Vice-Premier Ministre a indiqué que les PMA réclament maintenant la mise en place d’une nouvelle architecture internationale qui prenne pleinement en compte les problèmes des pays en développement. De leur côté, les PMA doivent s’approprier cette nouvelle architecture et le programme commun qui sera agréé, a-t-il dit. Il a assuré que l’Éthiopie apporterait sa contribution à ce nouveau chapitre du développement.
M. HÉCTOR MARCOS TIMERMAN, Ministre des affaires étrangères de l’Argentine, a rappelé que, depuis 1970, les pays développés se sont engagés à consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement, engagement réitéré à plusieurs reprises, notamment lors de la Conférence de Monterrey sur le financement du développement, tenue en 2002. Mais, a remarqué le Ministre des affaires étrangères argentin, 41 ans après qu’il ait été fixé, cet objectif n’a toujours pas été atteint. Il a repris les propos du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, pour rappeler qu’il ne s’agit pas de faire de la charité, mais plutôt d’investir pour les prochaines générations en vue de donner une meilleure qualité de vie à des êtres humains et de créer un monde plus prospère.
M. Timeran a rappelé que la priorité pour les PMA, durant la Conférence d’Istanbul, est d’obtenir un plus grand engagement en faveur du soutien à leurs processus de développement. Il a par ailleurs réaffirmé que les pays membres du Groupe des 77 et de la Chine continueront à plaider en faveur d’une réforme substantielle de la gouvernance des institutions financières internationales. Il a aussi souligné les avantages de la coopération Sud-Sud. M. Timeran a espéré que seraient trouvées, à Istanbul, des solutions appropriées afin de faciliter la lutte que mènent les PMA contre la pauvreté. En Argentine, nous avons mené des projets de coopération avec les PMA d’Amérique et d’Asie dans des domaines stratégiques tels que la gouvernance, les droits de l’homme et le développement durable, a-t-il indiqué. Il a ainsi parlé d’une initiative menée en Haïti pour renforcer la production alimentaire à travers le développement de jardins potagers, ainsi que de l’assistance technique fournie à certains pays d’Afrique pour instaurer une « zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud ».
M. NIZAR BIN OBAID MADANI, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a regretté que le nombre des PMA soit passé de 24 à 48 entre 1971 et 2011 et que quatre pays seulement aient pu quitter cette catégorie durant cette période. Il a regretté la tendance accrue au protectionnisme que l’on observe dans certains pays, en y fustigeant l’imposition de barrières tarifaires et non tarifaires. Malgré nos difficultés, a-t-il dit, il ne faut pas tomber dans le reflexe de rendre les autres responsables de nos propres insuffisances. Nous devons éviter les gaspillages de nos ressources humaines et financières, a-t-il ajouté avant d’exhorter la communauté internationale à honorer ses engagements en matière de rééchelonnement ou d’annulation de la dette des PMA. Il a précisé que l’Arabie saoudite avait déjà procédé à l’annulation de 6 milliards de dollars de dettes auprès des PMA. Il a exhorté l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à adopter des règles commerciales internationales plus équitables pour mettre fin aux restrictions qui freinent l’écoulement des produits des PMA sur les marchés mondiaux. Depuis 30 ans, l’Arabie saoudite a consacré un total de 100 milliards de dollars en prêts non recouvrables à des programmes d’assistance financière dont ont bénéficié 90 pays dans le monde, a indiqué M. Obaid Madani. Il a ajouté que son pays avait accordé 1 milliard de dollars au Fonds islamique pour la lutte contre la pauvreté et 500 millions de dollars aux efforts du Programme alimentaire mondial (PAM) en 2008. En tant que membre du G-20, a-t-il ajouté, l’Arabie saoudite a toujours rejeté les politiques protectionnistes.
M. SAMUEL ŽBOGAR, Ministre des affaires étrangères de la Slovénie, a expliqué que si la croissance continue à être un des principaux indicateurs du développement, le produit national brut ne peut pas à lui seul mesurer le niveau de développement et de justice sociale d’un pays. Il faut donc mettre l’accent sur le développement humain et veiller à l’appropriation du développement par les populations, a-t-il estimé. Les efforts des PMA doivent être renforcés par ceux de leurs partenaires de développement, et ceux-ci doivent par conséquent augmenter leur aide. La Slovénie va persévérer en ce sens, a-t-il assuré. En outre, M. Žbogar a souligné l’importance de l’efficacité de l’aide et espéré que la conférence qui se tiendra à la fin de l’année à Busan, en République de Corée, contribuera à renforcer la recherche de l’efficacité de l’assistance au développement. Plaidant en faveur d’un renforcement de la cohérence des politiques, le Ministre des affaires étrangères slovène a invité la communauté internationale à accorder les politiques de développement avec celles régissant le commerce, l’agriculture, les migrations et la lutte contre les changements climatique. La Slovénie accorde aussi un intérêt particulier à l’égalité entre les sexes et à l’autonomisation des femmes, a-t-il dit. La gestion de l’eau est en outre une question essentielle, notamment dans le cadre des changements climatiques, a-t-il noté. Il a enfin espéré que la Conférence d’Istanbul apporterait des solutions concrètes et permettrait de mettre en place un véritable partenariat entre les pays développés et les PMA, d’une façon coordonnée entre tous les acteurs du développement, dont la société civile et le secteur privé.
M. HENRI DE RAINCOURT, Ministre de la coopération de la France, a estimé que les récents soulèvements survenus dans les pays arabes démontraient que la démocratie n’a pas besoin d’être précédée par le développement. Il a indiqué que les PMA continuaient d’accumuler des fragilités qui rendent difficile la réalisation des OMD. La France est le troisième contributeur d’aide au développement des PMA avec 2,3 milliards d’euros, dont 55% sont consacrés à l’Afrique subsaharienne où se concentre la majorité des PMA. Il a jugé indispensable de prendre en compte les particularités de chaque PMA. C’est dans ce contexte, a-t-il ajouté, que la France a pris l’initiative d’organiser à New York, le 9 mars dernier, un colloque sur les vulnérabilités spécifiques des PMA. Il est indispensable d’accorder des ressources aux pays qui sont en difficulté en fonction de leurs besoins et non seulement de leurs performances, a-t-il ajouté. Si la mondialisation a grandement profité aux secteurs du transport aérien et de la finance internationale, a-t-il dit, il est normal de mettre ces secteurs à contribution en ce qui concerne l’aide au développement. Les nouvelles sources innovantes de financement du développement ne doivent en aucun cas remplacer les sources traditionnelles, mais plutôt les compléter, a ajouté le Ministre français de la coopération. En outre, M. de Raincourt a mis l’accent sur les mesures qui sont nécessaires dans le domaine du commerce international, de la sécurité alimentaire et de la qualité de l’aide. Il a souhaité que les facilités accordées aux produits des PMA ne se limitent pas à l’Europe, en précisant que la France souhaitait que cette question soit incluse dans les négociations. En outre, il a estimé que la flambée des prix des produits agricoles en 2008 démontrait la nécessité d’accroître la capacité de résistance des PMA à ces chocs.
M. SAM KUTESA, Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, a indiqué que son pays a enregistré des progrès dans la voie du développement, ayant atteint une croissance économique de 7% par an en moyenne. La part de la population ougandaise vivant en dessous du seuil de pauvreté est en outre passée de 56% en 1992-1993 à 24% en 2009-2010, s’est félicité M. Kutesa. L’ensemble des PMA a cependant besoin de davantage d’aide, a-t-il dit, relevant les lacunes existant dans la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles. Il a souhaité que la présente Conférence PMA IV aboutisse à la prise de mesures concrètes dans ce sens. Grâce à l’aide des pays développés, les PMA doivent pouvoir renforcer leurs capacités productives, a-t-il ajouté. Une intervention urgente est aussi nécessaire pour assurer la sécurité alimentaire et le développement social dans ces pays, a-t-il dit. M. Kutesa a également jugé urgent d’aider les PMA à développer leurs infrastructures et à moderniser leur secteur agricole. Les pays sans littoral, comme l’Ouganda, ont besoin de développer leur capacité d’exportation, a-t-il aussi indiqué. Il a également encouragé les pays en développement, qui peuvent le faire, à aider les PMA. Nous saluons l’octroi de préférences commerciales aux PMA et demandons en outre la suppression de toutes barrières tarifaires qui pourraient être imposées à leurs produits, a-t-il dit. Il a enfin espéré que s’ouvrirait une décennie où le partenariat entre pays en développement et pays développés serait renforcé.
M. MALAM BACAI SANHÁ, Président de la Guinée-Bissau, a relevé les difficultés auxquelles sont toujours confrontés beaucoup de PMA, 10 ans après l’adoption du Programme d’action de Bruxelles, les PMA d’Afrique subsaharienne ne voient toujours pas de perspectives positives. Il est donc important que la communauté internationale prenne des engagements plus importants à leur égard, comme par exemple une augmentation de l’aide publique au développement, et que la coopération triangulaire soit renforcée. En Guinée-Bissau, après 10 ans de conflit politico-militaire qui ont détruit des vies ainsi que les infrastructures sociales, le pays fait toujours face à des crises cycliques, a expliqué M. Sanhá. Il a précisé les mesures qui ont été prises par le Gouvernement bissau-guinéen pour sortir de cette situation, comme les réformes menées dans les secteurs de la défense, de la sécurité, de la justice et de l’administration publique. En 2010, le pays a atteint le niveau requis pour bénéficier de l’initiative d’allègement de la dette externe des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE) et on attend que le taux de croissance de la Guinée-Bissau soit de 4% pour 2011. Le Président a indiqué les actions futures à mener pour tous les PMA, dans les domaines de la gouvernance, de l’environnement, de l’agriculture, ainsi que pour améliorer la compétitivité des produits de ces pays. Il faut aussi renforcer la coopération Sud-Sud au profit des PMA, a-t-il dit.
M. ALPHA CONDÉ, Président de la Guinée, a parlé des conditions socioéconomiques qui n’ont cessé de se détériorer en Guinée sous l’effet conjugué des crises économique et financière internationales, de la mauvaise gestion des biens publics, ainsi que de la corruption endémique dans les différentes sphères de la gouvernance du pays. Il a parlé de l’indice de pauvreté guinéen, passé de 49,5% à 55,5% entre 2002 et 2010, alors que le taux de mortalité maternelle est passé de 528 à 980 pour cent mille naissances. En termes réels, le taux de croissance de l’économie guinéenne a été de 1,9% en 2010, un niveau insuffisant pour faire reculer la pauvreté. D’autre part, le taux d’inflation en Guinée, de 20% en 2010, a sérieusement érodé le pouvoir d’achat, a dit M. Condé en regrettant aussi la baisse de l’APD et l’augmentation croissante des prix des principaux biens d’importation, dont les produits alimentaires et pétroliers.
À la lumière de ce constat, a dit le Président de la Guinée, le Gouvernement guinéen a mis en place un cadre politique institutionnel et de gouvernance favorable à la renaissance de la Guinée. Pour y parvenir, la Guinée s’est engagée avec détermination dans la mise en œuvre du programme d’action prioritaire adopté en janvier 2010, qui est axé sur le développement rural et la sécurité alimentaire, l’amélioration rapide des services sociaux de base, l’emploi des jeunes, la sécurité et la bonne gouvernance économique et financière. Il a exhorté les partenaires de développement, les pays développés et les acteurs de la coopération Sud-Sud à apporter à la Guinée le soutien dont elle a besoin pour mener à bien cet ambitieux programme d’action. M. Condé a exhorté les PMA à redoubler d’efforts pour consolider les acquis en vue de sortir de leur état de sous-développement. Il a invité la communauté internationale à assumer davantage la part qui est la sienne dans ces efforts. Enfin, il a souhaité que le programme d’action d’Istanbul soit réaliste, avec des engagements précis pour toutes les parties prenantes et l’établissement d’un mécanisme de suivi clair.
Mme MARIE-JOSÉE JACOBS, Ministre de la coopération au développement et des affaires humanitaires du Luxembourg, a relevé les progrès accomplis par certains PMA dans la réalisation des objectifs du Programme d’action de Bruxelles, tout en relevant qu’aucun progrès n’a été réalisé dans 29 de ces pays. La politique de coopération au développement menée par le Luxembourg l’a conduit à augmenter le volume de son APD et à se concentrer sur quelques pays. « J’espère que nous saurons, à Istanbul et en Corée, lors de la Conférence sur l’efficacité de l’aide, rester ambitieux dans nos engagements envers les PMA en dépit des pressions exercées par les crises internationales et les changements climatiques », a déclaré la Ministre luxembourgeoise en parlant de la collaboration multilatérale. Mme Jacobs a aussi rappelé que le développement relève de la responsabilité de chaque pays et que la coopération internationale ne peut constituer qu’un élément complémentaire de cette politique volontariste et jouer un rôle de catalyseur. Cette coopération doit en outre être basée sur la confiance entre les pays, a-t-elle ajouté. La Ministre a souligné l’engagement de son pays à soutenir les efforts menés par les PMA pour renforcer la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme. Le commerce constitue par ailleurs un moteur essentiel au développement des PMA, a-t-elle dit. L’aide publique au développement (APD) du Luxembourg a atteint en 2010, soit 1,09% du produit national brut luxembourgeois, a-t-elle enfin signalé, avant de plaider en faveur de la recherche de nouvelles sources de financement novatrices.
M. TAÏB FASSI FIHRI, Ministre des affaires étrangères du Maroc, a regretté que malgré les progrès réalisés par les PMA en matière de promotion des libertés, de démocratie, de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, ces pays demeurent marginalisés au sein de l’économie mondiale. Il a exhorté la communauté internationale à adopter des objectifs précis et mesurables pouvant être atteints grâce à des ressources adéquates. Il a demandé aux donateurs de respecter leurs engagements en matière d’APD et d’allègement de la dette, en les invitant à exploiter l’immense potentiel des sources de financement novatrices pour le développement. Il a rappelé l’engagement pris par les pays industrialisés de garantir que les produits des PMA puissent accéder, sans droit douanier et sans taxe, aux marchés des pays développés.
C’est la recherche d’un nouveau développement humain qui constitue l’axe principal de notre coopération, a indiqué le Ministre des affaires étrangères du Maroc, en précisant que les partenariats initiés par le Maroc en direction des PMA concernaient la santé, la gestion de l’eau, l’agriculture, la formation professionnelle, l’accès à l’énergie, les transports ou encore les activités minières. Nous souhaitons promouvoir une intégration régionale et sous-régionale qui sera de nature à attirer plus d’investissements, a-t-il encore précisé. Sans être naïfs, a-t-il dit, nous sommes confiants que l’esprit humain saura faire preuve de solidarité.
M. VUK JEREMIĆ, Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a souhaité que l’apport de l’aide au développement se base sur une coopération authentique avec les PMA, en évitant toute ingérence dans les affaires internes de ces pays. Convaincue que le développement est lié à la paix et la sécurité, la Serbie participe actuellement à plusieurs missions de maintien de la paix de l’ONU, a-t-il dit. Par ailleurs, la Serbie a formé des experts de plus de 20 PMA dans le domaine de l’hydrotechnologie depuis les années 80. En ce qui concerne l’adaptation aux changements climatiques, nous sommes prêts à partager notre expérience avec ces pays, a-t-il assuré, parlant de l’initiative de Belgrade sur les changements climatiques, lancée en 2006 par des scientifiques serbes. Le Ministre serbe a insisté sur l’importance de sauvegarder la souveraineté et l’intégrité territoriale des États Membres de l’ONU. « Il y a trois ans, les autorités ethniques albanaises de notre province Sud du Kosovo et Metohija ont essayé de faire sécession de la Serbie, ceci en violation pure de la Charte de l’ONU », a-t-il indiqué. « Nous continuons à ne pas reconnaître l’indépendance du Kosovo », a conclu M. Jeremić.
M. URMAS PAET, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a estimé que la paix et la sécurité, la démocratie, la bonne gouvernance et les droits de l’homme, y compris l’égalité entre les sexes, formaient les piliers d’une croissance et d’un développement sûrs et durables, inclusifs et équitables. Il a indiqué que la moitié de l’aide humanitaire fournie par l’Estonie en 2010 était destinée aux PMA et qu’une grande majorité de cette aide était consacrée aux conséquences des catastrophes naturelles, dont le tremblement de terre d’Haïti. S’appuyant sur l’expérience de la transition effectuée par l’Estonie, son propre pays, le Ministre des affaires étrangères a mis l’accent sur l’importance des nouvelles technologies et des solutions innovantes pour accélérer le développement. L’accès rapide aux technologies de l’information et des communications (TIC) a permis aux citoyens estoniens de participer à tous les niveaux aux prises de décisions, d’améliorer l’accès à l’information et la transparence de la gouvernance, et nous a offert de nouveaux outils pour lutter contre la corruption et le crime, a dit M. Paet. Il a insisté que la paix et la sécurité étaient un préalable incontournable à l’avènement de la croissance et du développement.
M. THONGLOUN SISOULITH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao, a appelé les participants à tirer profit des leçons apprises au cours des 10 dernières années et à poursuivre les efforts déployés en vue de réaliser les objectifs du Programme d’action de Bruxelles. Tout en reconnaissant la responsabilité première qui incombe aux PMA en ce qui concerne leur propre développement, les partenaires de ces pays doivent continuer à leur fournir une aide et un soutien, notamment en rendant le contexte financier et économique international plus favorable, a dit M. Sisoulith.
Cela permet de rendre les PMA moins vulnérables aux chocs externes, a-t-il fait valoir. En République démocratique populaire lao, le PNB a augmenté en moyenne de 6,3% depuis 2006 et a connu une hausse de 7% cette année. Il faut cependant que le pays s’attèle à réduire son niveau de mortalité maternelle et infantile ainsi que la menace du paludisme, a-t-il dit. Malgré des mesures prises pour éliminer la pauvreté et tenter de sortir de la catégorie des PMA, nous avons encore besoin de l’aide de la communauté internationale pour développer plusieurs de nos secteurs économiques et mettre en œuvre des politiques dans les domaines des ressources humaines, de l’éducation, de la santé et des infrastructure socioéconomiques, a déclaré M. Sisoulith . Pour l’ensemble des PMA, le Ministre laotien a demandé aux partenaires au développement de renouveler leurs engagements et de les respecter.
M. ABDELAZIZ BELKHADEM, Ministre d’État et Représentant personnel du Président de l’Algérie, a estimé que l’insuffisance des résultats de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles est, dans une large mesure, la conséquence d’un environnement économique international défavorable. À la chute drastique des flux d’aide publique au développement (APD), s’ajoutent les problèmes de la dette extérieure, de la raréfaction des mouvements de capitaux d’investissements et de la baisse continue des cours des matières premières dont beaucoup de PMA tirent l’essentiel de leurs revenus, a-t-il souligné. Le Représentant personnel du Président de l’Algérie a souligné les efforts colossaux déployés par les PMA d’Afrique dans l’amélioration de leurs institutions de gouvernance; dans la conduite de leurs réformes économiques, de leur gestion du secteur public et de la libéralisation de leurs cadres commerciaux et financiers. M. Belkhadem a rappelé que la préoccupation quotidienne des PMA est de tenter de satisfaire les besoins les plus élémentaires de leurs peuples. Il a espéré que la Conférence d’Istanbul va permettre à ses participants de parvenir à un consensus sur les moyens de renforcer les capacités productives des PMA et de disposer d’un mécanisme d’évaluation systématique et cohérente des actions menées. Il est indispensable de renforcer l’appui international aux PMA par le recours à l’APD, aux investissements étrangers directs (IED), à la généralisation de l’allègement de la dette de tous les PMA et à une assistance financière ciblée, a encore insisté le Ministre d’État et Représentant personnel du Président de l’Algérie.
Mme MAITHA SALEM ALSHAMSI, Ministre d’État des Émirats arabes unis, a appelé la communauté internationale à relever le défi de la mise en œuvre des engagements pris en faveur des PMA, notamment en instaurant un mécanisme de suivi dont feraient partie tous les États Membres de l’ONU. Les efforts de la communauté internationale doivent en outre être axés sur le développement humain, a-t-elle demandé. Les PMA présentent d’énormes possibilités d’investissement et disposent de ressources naturelles importantes, a souligné Mme Alshamsi, signalant que les Émirats arabes unis ont accordé des prêts et des aides financières à de nombreux PMA. Depuis la fondation du pays en 1971, le Gouvernement des Émirats arabes unis ainsi que des organismes humanitaires émiriens ont tenu à prêter main forte aux PMA, a-t-elle expliqué. Elle a précisé que 133 milliards de dirhams des Émirats sont consacrés à cette aide et que le secteur privé s’emploie aussi à aider les PMA dans le développement de leurs infrastructures aériennes et de transports. Les Émirats arabes unis honorent également leur engagement en termes d’atténuation des effets des changements climatiques, a-t-elle ajouté, indiquant à cet égard que l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) a son siège à Abu Dhabi.
M. NOR MOHAMED YAKCOP, Ministre chargé du Service de la planification économique au sein du Cabinet du Premier Ministre de la Malaisie, a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud. C’est sur la base des besoins des PMA en matière de développement que la coopération internationale doit être façonnée, a-t-il dit en prenant pour exemple l’assistance technique et la mise en partage des savoirs et des expériences que la Malaisie offre aux PMA en matière de santé, d’éducation, ou encore en ce qui concerne la réforme du secteur public. Il a indiqué que la Malaisie a envoyé des experts auprès des PMA pour que ces pays profitent de son expérience dans le domaine de la planification économique, de la promotion de l’agriculture, du secteur bancaire et de la finance. Nous sommes convaincus, a-t-il ajouté, de l’importance de la coopération triangulaire. M. Mohamed Yakcop a invité les pays développés à prendre en charge la participation d’experts des PMA à des cours de formation organisés dans des pays tiers. Il a souhaité qu’une aide technique soit affectée à la Malaisie dans ce sens, conformément aux principes de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide au développement. Il a mis l’accent sur l’aide que peuvent apporter les pays émergents aux PMA, compte tenu de leurs expériences. Il a invité les délégations à participer à la Conférence internationale sur les partenariats intelligents qui se tiendra en Malaisie, du 19 au 21 juin 2011.
M. ARMANDO INROGA, Ministre de l’industrie et du commerce du Mozambique, a souhaité que le futur programme d’action d’Istanbul, en promouvant les investissements dans différents secteurs des PMA, permette d’améliorer les capacités productives de ces pays, afin de leur permettre de parvenir à une croissance économique durable. Il faudra aussi prévoir une assistance pour le développement des technologies et l’adaptation aux changements climatiques. « Nous aimerions aussi réitérer l’appel que nous avons lancé aux partenaires de développement pour qu’ils renouvellent leur engagement en faveur de la promotion du développement des PMA », a dit le Ministre mozambicain. Il a souligné l’importance des investissements étrangers directs et d’un accès accru aux marchés pour les produits des PMA, afin de permettre à ces pays de parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. M. Inroga a aussi estimé que la coopération Sud-Sud doit aller plus loin et jouer un rôle plus actif dans l’apport d’une aide aux PMA. Le Mozambique a accompli des progrès importants dans la lutte contre la pauvreté, a-t-il dit, expliquant notamment que le Gouvernement mozambicain a redoublé d’efforts pour promouvoir un secteur public plus efficace. Il a aussi élaboré une stratégie visant à améliorer l’usage des technologies modernes de la communication. Le Mozambique a en outre participé à la coopération régionale, dans les domaines de l’eau, de l’énergie et des infrastructures de transport routier, a dit M. Armando Inroga. Il a enfin lancé un appel pour que les négociations commerciales du Cycle de Doha soient rapidement conclues.
M. JOSÉ BADIA, Conseiller du Gouvernement pour les affaires extérieures de la Principauté de Monaco, a rappelé combien les PMA étaient prisonniers d’un cercle vicieux, notamment en raison de l’insuffisance des flux de l’APD et d’IED. Si le terme « moins avancé » correspond à une réalité économique, cette dénomination est néanmoins une contrevérité au regard des ressources humaines et naturelles dont disposent ces pays, a estimé le Conseiller du Gouvernement de Monaco pour les affaires extérieures, avant de souligner que les PMA sont des pays « très avancés par leur capacité à rebondir ». Il a indiqué que Monaco participera cette année à une réunion des pays qui font le plus preuve de solidarité avec le reste du monde, puisque la Principauté de Monaco est entrée dans le cercle restreint des pays qui accordent 0,7% de leur PNB à l’APD. Il a précisé que Monaco a multiplié son aide par 7 en 10 ans, ce qui représente une augmentation de 25% par an. Il a précisé que 75% de l’APD monégasque était destiné aux PMA et que 100% de cette aide était octroyée sous forme de dons et non de prêts. Ce qui hier était seulement nécessaire est devenu aujourd’hui totalement indispensable, a encore dit le représentant de Monaco, après avoir exhorté les autres pays développés à respecter leurs engagements.
Mme ANA ALFONSO DIAS LOURENCO, Ministre du plan de l’Angola, a dit attendre beaucoup de la Conférence d’Istanbul, notamment en ce qui concerne l’appui au financement du développement. Elle a souhaité en particulier que l’aide de la communauté internationale permette aux PMA de diversifier leurs économies et de faire face aux problèmes qui se posent à eux dans ce domaine. Elle a constaté par exemple que le secteur minier n’a pas créé les richesses qu’il aurait dû normalement générer. Faisant partie des PMA, l’Angola a connu une longue période de guerre, qui s’est achevée en 2002, et qui a été suivie d’une période de réconciliation nationale et de conduite de réformes visant à mettre sur pied un processus démocratique et un cadre constitutionnel, a rappelé Mme Dias Lourenco. Dans la mise en œuvre de son processus de développement, l’Angola compte sur la coopération bilatérale et multilatérale, a-t-elle dit, assurant que le Gouvernement angolais s’emploie à améliorer les conditions de vie de la population du pays. Nous espérons maintenir une bonne croissance, a-t-elle aussi indiqué, tout en précisant que le taux de croissance de l’Angola, qui était de 2,4% en 2009, devrait atteindre 7,6% en 2001. La Ministre du plan de l’Angola a recensé les secteurs sur lesquels le Gouvernement concentre ses efforts, comme la sécurité alimentaire, le développement rural, le déminage, la santé, l’éducation, l’emploi, la réintégration sociale ou encore la lutte contre la pandémie de VIH/sida. Dans le secteur de la santé, des infrastructures ont été construites, mais le taux de mortalité infantile, s’il diminue, reste encore élevé, a-t-elle regretté.
M. YASIN HUSBAN, Ministre de la santé de la Jordanie, a regretté que la situation des PMA continue de se détériorer en raison de la persistance de la crise financière internationale et de l’insuffisance des moyens qui leur sont accordés par la communauté internationale. Il a noté qu’en raison des crises récentes, les progrès modestes réalisés par les PMA au cours de ces dernières années ont été réduits à néant ou sont menacés de l’être. L’analyse des résultats de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles nous permet de mesurer le chemin qu’il nous reste à parcourir, a ajouté M. Husban. Le succès du futur programme d’action d’Istanbul ne dépendra pas des seuls PMA, et leurs initiatives devront bénéficier de programmes de soutien et d’un appui continu des partenaires de développement, dont le respect des engagements qu’ils ont pris en matière d’APD.
M. MADICKÉ NIANG, Ministre des affaires étrangères du Sénégal, a estimé que le mal qui gangrène les PMA se situe aujourd’hui dans la flambée sans précédent des prix des denrées alimentaires et des produits pétroliers, la dégradation continue de l’environnement, les transactions spéculatives qui se font au détriment de l’investissement dans l’économie réelle et les nombreuses entraves au commerce international, notamment les subventions abusives à l’agriculture pratiquées par les pays développés. M. Niang a estimé que les menaces les plus sérieuses sont liées au pouvoir politique, à son acquisition, à sa gestion, à sa transmission, mais aussi à la répartition des richesses. Les gouvernances politiques et économiques, a-t-il ajouté, restent donc des éléments importants dans la prévention des conflits.
Le Ministre des affaires étrangères du Sénégal a précisé que la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles s’est traduite au Sénégal par la promotion de la bonne gouvernance et l’approfondissement de la décentralisation. Elle s’est également traduite par le renforcement de la libéralisation du commerce et de la consolidation du secteur privé, avec notamment la révision du Code des investissements et l’adoption d’un cadre législatif propice aux partenariats public-privé. M. Niang a mis en exergue les initiatives prises par le Sénégal pour la période 2010-2015, qui sont basées notamment sur une stratégie nationale de développement économique et social pour favoriser la réalisation des OMD. Parmi les propositions de son pays, le Ministre des affaires étrangères du Sénégal a demandé la création d’un fonds mondial pour financer les objectifs de développement des PMA. Si nous restons convaincus que les PMA ont eux-mêmes la responsabilité d’élaborer et mettre en œuvre les programmes nécessaires à leur décollage économique, a dit M. Niang, nous savons aussi que l’appui des pays riches et le respect des engagements contenus dans les différents cadres de partenariat seront essentiels pour lever les obstacles au développement qui se posent aux PMA.
M. ARTHUR PETER MUTHARIKA, Ministre de l’éducation, de la science et de la technologie du Malawi, a rappelé que le Programme d’action de Bruxelles était le tout premier programme à être orienté de manière complète vers la réduction de la pauvreté, ceci pour spécifiquement répondre aux besoins des PMA. Le Malawi a pu augmenter son taux de croissance économique, améliorer sa sécurité alimentaire et réduire son niveau de pauvreté, a dit M. Mutharika, sans pour autant nier les défis que son pays doit encore relever pour faire face notamment à la hausse des cours du pétrole, aux changements climatiques et aux effets de des crises économique et financière. Bien que beaucoup de PMA aient des ressources naturelles importantes, ils souffrent de l’insuffisance de leurs ressources financières, a-t-il ajouté, tout en espérant que la Conférence d’Istanbul permettrait aux engagements pris par les partenaires de développement dans ce domaine de se concrétiser. Il faut aussi que le futur programme d’action d’Istanbul prévoit des politiques et des stratégies concrètes permettant de régler les problèmes de la pauvreté et du chômage, a dit le Ministre. Le programme d’action d’Istanbul devra, en outre, jeter les bases permettant de conclure avec succès les négociations commerciales du Cycle de Doha, a-t-il préconisé. Le Ministre a aussi souhaité que les pays développés financent les mesures d’adaptation aux changements climatiques devant être prises par les PMA. Il a enfin plaidé en faveur de l’appropriation nationale de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles et du prochain programme d’Istanbul, à travers l’adoption de plans nationaux.
M. SPYROS KOUVELIS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a expliqué que son pays met l’accent sur la réduction de la pauvreté et de la faim dans les PMA, ainsi que sur l’amélioration des soins de santé donnés aux mères et aux enfants. « Nous promouvons aussi une bonne gouvernance dans ces pays », a-t-il dit. Il a souligné que des efforts supplémentaires seront nécessaires pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les PMA, et notamment pour faire face aux effets des changements climatiques. La Grèce a d’ailleurs financé des programmes d’adaptation à ces changements dans les PMA, a-t-il indiqué. Dans ce cadre, nous avons signé des mémorandums d’accords avec plusieurs pays, mémorandums qui constituent ainsi le type de mécanismes prévus à Copenhague. Dans le domaine du commerce, M. Kouvelis a indiqué que l’Union européenne appuie les PMA en facilitant les exportations de leurs produits vers les marchés européens. Il a par ailleurs appelé les pays développés à mener une action coordonnée pour permettre aux PMA de faire face à la hausse des prix des produits d’alimentation, et pour que leur productivité agricole s’améliore dans un cadre de production plus vert. Pour financer des projets de développement agricole, la Grèce a alloué 21 millions d’euros à des pays situés notamment dans la corne de l’Afrique, a-t-il ajouté. Enfin, le Vice-Ministre a rappelé combien les conflits et le manque de sécurité sapent les efforts de développement.
M. DONALD STEINBERG, Administrateur adjoint de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a indiqué que l’APD américaine à destination des PMA a atteint 8 milliards de dollars pour les PMA d’Afrique subsaharienne en 2009. L’APD américaine au bénéfice de tous les PMA était de 9 milliards de dollars en 2010. M. Steinberg a indiqué que le Président Barack Obama a mis en place une nouvelle approche gouvernementale d’assistance visant à engager les États-Unis dans le processus de développement des pays qu’ils assistent. Il a, à cet égard, cité l’initiative américaine pour la santé mondiale. Il a mis l’accent sur l’initiative américaine visant à aider les PMA à s’adapter au réchauffement de la planète et à atténuer les effets des changements climatiques. M. Steinberg a rappelé qu’aucune initiative de développement ne peut réussir sans prendre en compte la valeur ajoutée que constitue l’implication des femmes dans le processus. Nous aidons les PMA à générer leurs propres ressources fiscales, a encore dit le représentant de l’USAID, avant de rappeler que l’objectif de son gouvernement est de créer une situation économique qui permettra que l’aide au développement soit progressivement remplacée par les moyens des collectivités locales et par les ressources privées locales.
M. GREG MORTON, du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, a expliqué que le développement d’un pays se mesure à son niveau de respect des droits de l’homme. Le développement durable, c’est « vivre à l’abri de la peur et du besoin », a-t-il rappelé, invitant la communauté internationale à ne pas se contenter d’améliorer la seule croissance économique. Se concentrer sur les droits de l’homme implique entre autres de respecter l’autodétermination, de favoriser le désarmement, de faire face au racisme et à la xénophobie, et aussi, de faire face aux changements climatiques. Toute entrave au développement est une entrave aux droits de l’homme et vice-versa, a-t-il affirmé. Le représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a invité les participants à la Conférence à faire du droit au développement une réalité pour tous. Le Haut-Commissariat continue à militer pour que le développement prenne en compte les droits de l’homme, a indiqué M. Morton, expliquant que le Haut-Commissariat aide des dizaines de PMA à renforcer leurs capacités pour mieux respecter les droits civils et politiques de leurs populations. Nous travaillons également avec ces pays pour leur permettre de participer à l’examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme, a dit M. Morton. Il a enfin précisé que 47 PMA ont signé le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, tandis que 40 ont signé le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
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