Quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays moins avancés: de nombreux États appellent à tirer les leçons des derniers programmes d’action en faveur des PMA
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Comité préparatoire intergouvernemental
de la 4ème Conférence des Nations Unies
sur les pays les moins avancés
Première session
3eséance – matin
QUATRIÈME CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PMA: DE NOMBREUX ÉTATS APPELLENT
À TIRER LES LEÇONS DES DERNIERS PROGRAMMES D’ACTION EN FAVEUR DES PMA
La quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (Conférence PMA IV), qui se tiendra à Istanbul, en Turquie, du 9 au 13 mai 2011, s’ouvrira dans un contexte particulièrement préoccupant pour les pays les moins avancés (PMA), ont fait remarquer les délégations qui se sont exprimées ce matin, au cours du débat général du deuxième jour des travaux de la session du Comité préparatoire.
Aujourd’hui, plus de 800 millions d’habitants des PMA vivent avec moins d’un dollar par jour, et les femmes de ces pays ont une chance sur 16 de mourir au cours d’un accouchement, alors que ce taux est d’une sur 3 500 en Amérique du Nord. En outre, plus de 300 millions de personnes vivant en Afrique, le continent qui regroupe 33 des 49 PMA, survivent dans un état constant d’insécurité alimentaire. À cela s’ajoute la vulnérabilité économique des PMA, qui les rend fragiles face aux crises récentes, financière et économique, alimentaire et énergétique, a notamment rappelé le représentant du Bénin.
Dans l’hémisphère des Amériques, Haïti est le seul pays à faire partie de la catégorie des PMA, a indiqué avec regret le représentant haïtien, tout en soulignant que son pays était devenu « un PMA très particulier ». À la veille du premier anniversaire du tremblement de terre historique et dévastateur de 2010, il a déclaré que la population d’Haïti « en avait assez de cette misère qui la tenaille et des promesses non tenues ».
De son côté, le représentant des Maldives, pays qui est sorti, il y a 10 jours, de la catégorie des PMA, a expliqué que cet accomplissement était à double tranchant. Si les Maldives pourront certainement tirer parti de leur intégration dans l’économie mondiale, il faut cependant éviter que les avantages dont elles avaient bénéficiés en tant que PMA disparaissent tout d’un coup, a prévenu le représentant. Il a plaidé pour que soit faite une définition claire du concept de « transition sans heurt » et a soutenu la création d’une catégorie officielle d’États regroupant les petits États insulaires en développement (PEID) aux Nations Unies.
Les travaux de la Conférence PMA IV seront consacrés à l’évaluation du Programme d’action de Bruxelles pour les PMA, qui est le dernier programme d’action élaboré en faveur de ce groupe de pays, et permettront d’identifier les meilleures pratiques et les politiques optimales visant à atteindre les objectifs majeurs de la communauté internationale concernant l’élimination de la pauvreté. Il s’agit aussi de déterminer les obstacles qui ont empêché la pleine réalisation du Programme d’action de Bruxelles afin de mettre au point une nouvelle stratégie ciblée et réalisable pour les PMA, ont préconisé de nombreux intervenants au débat qui ont aussi noté les résultats mitigés atteints au cours de la décennie 2001-2010.
Le Comité préparatoire est saisi d’un projet de document final soumis par le Groupe des PMA, dont le représentant du Burkina Faso a donné un aperçu aux délégations. Ce document met en relief les préoccupations majeures des premiers concernés et propose que des mesures importantes soient prises et mises en œuvre en respectant la notion de l’appropriation des programmes par les États dans le cadre d’un partenariat international. Ces mesures préconisées dans le projet de document prévoient notamment un accès facilité des produits des PMA aux marchés mondiaux; la promotion de la sécurité alimentaire; la mobilisation de ressources financières supplémentaires; le renforcement des capacités, et le développement des industries locales. Le document aborde aussi les questions liées aux technologies de l’information et des communications, à la production de l’énergie et aux services sociaux de base.
Parmi les objectifs à atteindre, il faut également inscrire en priorité la promotion de l’agriculture dans les PMA, dans le but d’accroître la production alimentaire, a souligné le représentant de la République démocratique du Congo à l’instar d’autres délégations. Le délégué de la République-Unie de Tanzanie a précisé qu’il fallait notamment améliorer les infrastructures de production agricole et industrielle, dont les systèmes d’irrigation, les moyens de transport et les services énergétiques.
Outre les 15 délégations d’États Membres qui se sont exprimées ce matin, sont intervenus les représentants de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT); du Bureau de liaison de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification; de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO); et de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), chacun faisant un exposé sur les domaines d’actions à privilégier pour continuer de lutter efficacement contre la pauvreté dans les PMA. Le tourisme durable, par exemple, permet de créer des emplois, et c’est la première source de recettes pour les PMA non exportateurs de pétrole, a souligné le représentant de l’OMT.
La prochaine séance de travail officielle du Comité préparatoire se tiendra vendredi 14 janvier, à 15 heures. Elle devrait marquer la clôture de sa première session.
PRÉPARATIFS DE LA CONFÉRENCE PMA IV
Débat général (suite)
M. OMBENI SEFUE (République-Unie de Tanzanie) a jugé inacceptable que le nombre de pays les moins avancés (PMA) ne diminue pas. Il a souhaité que la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA (Conférence PMA IV) qui se tiendra à Istanbul, se concentre sur un certain nombre d’obstacles clefs qui empêchent ces pays de sortir de cette catégorie. Il a jugé essentiel d’obtenir un engagement politique renouvelé en matière de partenariat de la part des pays développés, émergents et en développement. Il a demandé un examen de la mise en œuvre du Plan d’action de Bruxelles, afin de mesurer ce qui a été réalisé. En outre, M. Sefue a mis l’accent sur la nécessité pour la Conférence PMA IV, de parvenir à un Plan d’action qui intègre les objectifs et les priorités arrêtés par les PMA eux-mêmes.
Par ailleurs, le représentant de la Tanzanie a mis l’accent sur la nécessité d’avoir un cadre de financement du développement qui s’appuie non seulement sur les ressources nationales et l’investissement étranger direct (IED), mais aussi sur les incitations que devraient prendre les pays développés pour stimuler l’IED. Il a souligné l’importance du renforcement des capacités pour le développement en citant notamment à cet égard les ressources humaines et les capacités institutionnelles de gouvernance et de gestion économique, ainsi que la délivrance de services sociaux de base aux populations, notamment en matière d’éducation et de santé. Parmi les autres priorités, il a évoqué l’amélioration des infrastructures de production agricole et industrielle, dont notamment les systèmes d’irrigation, les moyens de transport, et les services énergétiques, y compris ceux valorisant les énergies renouvelables. M. Sefue a également mis l’accent sur l’importance de conclure des négociations commerciales qui permettront aux PMA d’obtenir des accès préférentiels aux marchés des pays développés. Enfin, il a mis l’accent sur l’importance de la coopération triangulaire en matière d’échange d’expérience.
M. THIERRY ALIA (Bénin) a noté que la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (Conférence PMA IV), qui se tiendra à Istanbul du 9 au 13 mai 2011, s’ouvrira dans un contexte particulièrement préoccupant pour les PMA. Cette Conférence sera consacrée à l’évaluation du Programme d’action de Bruxelles pour les PMA et permettra d’identifier les meilleures pratiques et les politiques optimales pour atteindre les objectifs majeurs de la mobilisation de la communauté internationale contre la pauvreté, a-t-il expliqué. « Les défis majeurs liés au développement et à la pauvreté auxquels nos pays étaient confrontés au départ se sont aggravés à la faveur des phénomènes environnementaux et des contraintes liées à la mondialisation », a-t-il constaté.
Aujourd’hui, plus de 800 millions d’habitants des PMA vivent avec moins d’un dollar par jour, et les femmes de ces pays ont une chance sur 16 de mourir en cours d’accouchement, alors que ce taux est d’une chance sur 3 500 en Amérique du Nord. En outre, plus de 300 millions de personnes en Afrique, le continent qui regroupe 33 des 49 PMA, vivent dans l’insécurité alimentaire. À cela s’ajoute la vulnérabilité économique des PMA, a ajouté le représentant. M. Alia a souligné la nécessité de tirer les leçons de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles pour déboucher, à Istanbul, sur l’adoption d’un nouveau programme décennal réaliste, comportant des engagements précis au niveau de toutes les parties, ainsi qu’un mécanisme de suivi et d’évaluation accepté par tous. Il a aussi souhaité que la mise en œuvre de ce programme permette, à terme, de faire sortir de nombreux PMA de cette catégorie pour les voir passer dans le groupe des pays à revenu intermédiaire.
M. SALEUMXAY KOMMASITH (République démocratique populaire lao) a indiqué que son pays détenait un des taux de croissance les plus élevés de la région d’Asie du Sud-Est, avec une croissance moyenne de 6,3% ces dernières années et plus de 7% en 2007 et 2008. En 2009, le PIB lao par tête d’habitant a dépassé les 900 dollars, a-t-il dit, en précisant que le taux de pauvreté est passé de 48 à 27% entre 1990 et 2009. Malgré ces progrès, le représentant lao a souligné les difficultés qu’a son pays à faire face à la mortalité infantile et maternelle et à la propagation du VIH/sida et du paludisme, en raison notamment de l’insuffisance de capacités humaines et d’une APD inadéquate.
M. Kommasith a indiqué que l’insuffisance d’infrastructures rendait la République démocratique populaire lao moins attractive aux investissements étrangers directs (IED). Il a exprimé l’engagement de son pays à mettre en œuvre les objectifs du Plan d’action de Bruxelles, qui ont été intégrés au sixième plan quinquennal (2006-2010) de développement socioéconomique de la République démocratique populaire lao et seront maintenus dans le septième Plan quinquennal (2011-2015). Il a déclaré que l’aide de la communauté internationale était indispensable pour permettre à son pays de sortir de la catégorie des PMA d’ici à 2020. Le représentant a précisé que cette aide était essentielle pour développer les secteurs des ressources humaines, de l’éducation et de la santé; ainsi que les infrastructures socioéconomiques, et en particulier, l’irrigation, les routes, les systèmes de communication, les marchés et l’industrie. Il a exhorté les pays développés à respecter leur engagement de consacrer entre 0,15 et 0,2% de leur PIB à l’aide aux PMA.
M. SAMBOU WAGUÉ (Mali) a déclaré que les avancées réalisées par les PMA avaient été altérées dans bon nombre d’entre elles par les crises qui ont secoué le monde et auxquelles s’ajoutent les effets des changements climatiques. C’est ainsi qu’au Mali, au vu des résultats encourageants obtenus à la suite de plusieurs initiatives, le Gouvernement a décidé de réhausser le taux de croissance du produit intérieur brut de 5,6% à 7%, de faire passer le taux de malnutrition de 37 à 17%, et de scolariser tous les enfants en âge de l’être. Pour atteindre ces objectifs, a expliqué le représentant, de vastes programmes visant la transformation structurelle de l’économie malienne ont été lancés. Dans ce cadre, le Mali envisage le renforcement de son réseau routier, l’accroissement de l’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC), la construction de nouvelles centrales énergétiques, ou encore l’aménagement de plusieurs milliers d’hectares de terres arables. Les ressources nationales étant nettement insuffisantes pour l’exécution de ce programme ambitieux, mais réaliste et réalisable en dépit d’une conjoncture économique difficile, le Mali, à l’instar des autres pays les moins avancés, met beaucoup d’espoir en la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA dont il espère que les travaux déboucheront sur un document à la hauteur des attentes, a souligné le représentant.
M. BENEDICT LAWRENCE LUKWIYA (Ouganda) a rappelé aux partenaires de développement qu’il leur fallait réexaminer l’approche stratégique envers les PMA et les engagements pris au niveau international à leur égard. Il est important que les PMA puissent développer leur capacité économique nationale et diversifier leurs sources de production, a-t-il dit. Notant que les besoins en financements extérieurs des PMA ont augmenté au fils des ans, en fonction de la baisse de l’aide étrangère, il a expliqué combien cela compromettait les dépenses que ces pays doivent faire en matière de santé, d’éducation, d’infrastructures et de protection sociale. Il faut donc mobiliser davantage de ressources non seulement étrangères mais aussi nationales, a constaté le représentant.
M. Lukwiya a aussi appelé la communauté internationale à trouver des solutions aux besoins spécifiques des PMA, notamment en matière de changements climatiques. Par ailleurs, tout en reconnaissant que la coopération Sud-Sud joue un rôle croissant en complément de la coopération Nord-Sud, il a insisté sur la nécessité d’une plus grande cohérence des politiques en matière d’aide, de commerce, d’investissement et de transferts de technologie, afin d’accélérer les progrès de développement des PMA. Il a aussi estimé que les critères permettant de sortir un pays de la catégorie des PMA doivent se fonder sur une évaluation complète qui prouve qu’il y a eu une réelle transformation socioéconomique du pays concerné. Il faut en effet éviter de faire sortir trop tôt ces pays de cette catégorie, a dit le représentant, qui a aussi plaidé en faveur de la mise en place d’un mécanisme de suivi efficace du programme d’action qui sera adopté à Istanbul.
M. PAUL ROBERT TIENDRÉBÉOGO (Burkina Faso) a relevé que s’il y a eu des progrès dans la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles en faveur des pays les moins avancés (PMA), ils ont été mitigés d’un continent à l’autre, d’un pays à l’autre et d’un secteur d’activité à un autre. Ainsi, les PMA, déjà naturellement fragiles, ont vu leur situation s’aggraver avec la crise multiforme qui frappe actuellement l’économie mondiale, a noté M. Tiendrébéogo. Il a approuvé les recommandations du Secrétaire général qui encourage à mettre au point des systèmes statistiques viables, la prise en compte de l’approche genre dans les politiques de développement, la mobilisation de ressources financières supplémentaires, la protection des industries naissantes, et une plus grande implication des PMA dans la gouvernance mondiale.
Il a appelé l’ensemble des partenaires des PMA à faire droit au projet de document final soumis par le Groupe des PMA au Comité préparatoire, afin qu’il serve de base aux négociations. Ce document met en relief les préoccupations majeures des premiers concernés et propose des mesures importantes sur la base de l’appropriation et dans le cadre d’un partenariat international, a précisé le représentant burkinabè. Ces mesures portent notamment sur la facilitation de l’accès des produits des PMA aux marchés mondiaux, la sécurité alimentaire, la mobilisation des ressources financières supplémentaires, le renforcement des capacités, le développement des industries locales, la promotion des technologies de l’information et de la communication, la production de l’énergie et les services sociaux de base. « Le Burkina Faso étant un pays sans littoral, nous voulons mettre aussi l’accent sur les questions relatives aux infrastructures de transport, de communication, de stockage et d’énergie », a-t-il ajouté.
M. PAUL LOSOKO EFAMBE EMPOLE (République démocratique du Congo) a rappelé que son pays présentait l’image paradoxale d’une nation aux potentiels gigantesques et diversifiés, mais qui est aussi étrangement vulnérable, fragile, et qui figure sur la liste des 49 PMA. Tout en exprimant sa reconnaissance aux partenaires internationaux et aux bailleurs de fonds qui ont fait montre de solidarité à l’endroit de la RDC, malgré les crises multiples qui se sont produites ces dernières années, le représentant a souhaité qu’à l’avenir, l’assistance allouée aux PMA soit variée et ne se limite plus, comme cela a été le cas ces dernières années, aux seuls secours humanitaires d’urgence. Cette assistance devrait couvrir également des secteurs vitaux et créateurs d’emplois, afin de renforcer les capacités de production nationales des PMA et leur degré de résistance aux vulnérabilités, a préconisé M. Efambe Empole.
Dans cette diversification, il faut inscrire en priorité la promotion de l’agriculture dans le but d’accroître la production alimentaire, mais également de donner de la valeur ajoutée à cette production, a préconisé M. Efambe Empole. Le tourisme devra figurer en bonne place, étant donné qu’il offre, à l’instar du secteur agricole, des possibilités de création de nombreuses petites et microentreprises et qu’il peut permettre le développement des milieux ruraux. En outre, a-t-il précisé, il est possible de remédier à la vulnérabilité économique des PMA et de les aider à surmonter leur handicap structurel en leur donnant un accès aux financements du développement à des conditions de prêt qui soient plus favorables qu’actuellement et en leur accordant des mesures de préférences commerciales.
M. AMJAD HUSSAIN SIAL (Pakistan) a invité le Comité préparatoire à identifier les mesures prises en faveur du développement des pays les moins avancés (PMA) qui ont porté des fruits par le passé. Ceci permettrait de mieux identifier les obstacles qui ont empêché la pleine réalisation du Programme d’action de Bruxelles et de mettre au point une nouvelle stratégie pour les PMA qui soit ciblée et réalisable. Toute stratégie de développement doit être élaborée par les PMA eux-mêmes, a-t-il précisé. Ces pays restant essentiellement dépendants du secteur agricole, le nouveau programme d’action qui sera adopté à Istanbul devra tenir compte du développement de ce secteur, a-t-il prévenu. Il a aussi appelé à examiner l’insuffisance des cadres existants, avant d’inviter la communauté internationale à conclure rapidement le Cycle de négociations commerciales de Doha et à revoir les mécanismes d’allègement de la dette des PMA. Le nouveau programme d’action en faveur des PMA devra en outre être conçu avec un maximum de souplesse et créer un espace politique permettant aux PMA de mener à bien leurs programmes de développement, a-t-il dit.
M. ADWELL ZENNBELLE (Malawi) a annoncé que l’aspiration du peuple du Malawi était de voir son pays radié de la liste des PMA et de devenir un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2020. Aussi a-t-il fait quelques suggestions concernant le prochain programme d’action, qui devrait, aux yeux du Malawi, être élaboré sur la base d’une évaluation de la mise en œuvre du programme d’action précédent. Le Malawi estime par ailleurs que la Conférence d’Istanbul doit permettre de revitaliser le partenariat mondial avec les PMA et de lancer un appel aux partenaires de développement pour qu’ils ouvrent leurs marchés aux produits en provenance des PMA. M. Zennbelle a également souhaité que la Conférence PMA IV permette d’attirer davantage l’investissement direct étranger en direction des pays les moins avancés et qu’elle donne l’occasion aux pays développés de réaffirmer et de tenir leurs engagements en matière d’aide publique au développement.
M. JEAN CLAUDY PIERRE (Haïti) a rappelé qu’avant le séisme du 12 janvier 2010, la situation d’Haïti était déjà « catastrophique ». Alors qu’il était dans un état de pauvreté endémique, le pays a dû faire face à quatre cyclones en un an, qui ont détruit des activités contribuant à 12% de son PIB. Ajouté aux 50% de son PIB anéantis dans le tremblement de terre, cela porte à hauteur de 62% le montant du PIB perdu par Haïti, qui est le seul PMA des Amériques, a fait observer le représentant. À la veille de la date anniversaire de la catastrophe de janvier dernier, il faut garder à l’esprit qu’Haïti est devenu un PMA très particulier, a souligné le représentant. Haïti ne pourra réaliser les OMD et le Programme d’action de Bruxelles si une attention particulière ne lui est pas accordée, a-t-il prévenu.
Lors de la Conférence des donateurs qui s’est tenue à New York le 31 mars 2010, la communauté internationale avait fait preuve d’une certaine compréhension du particularisme haïtien en promettant une aide financière à la reconstruction du pays d’un montant de près de 10 milliards de dollars sur une période de trois ans, a poursuivi le représentant. « Mais aujourd’hui, le pays en est à se poser des questions concernant la concrétisation de ces promesses de versement de fonds, puisqu’il n’a reçu jusque là qu’une infime partie des dons et des ressources promis », a déclaré M. Claudy Pierre, avant de dire que le peuple haïtien « en a assez de cette misère qui le tenaille et des nombreuses promesses non tenues! ».
M. JAKKRIT SRIVALI (Thaïlande) a, dans sa déclaration, mis l’accent sur trois domaines clefs qui, selon lui, favoriseront la transformation socioéconomique des PMA, à savoir: le développement de capacités de production, la réponse aux vulnérabilités et la promotion de l’intégration régionale. Il a estimé que le renforcement des capacités de production était indispensable à la croissance et la transformation structurelle des économies des PMA. S’appuyant sur l’expérience de la Thaïlande, il a indiqué qu’une haute priorité devait être accordée au développement d’une agriculture durable. Il a estimé que ce serait le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté rurale et la faim et de garantir la sécurité alimentaire et la qualité de vie des populations rurales. Dans certains pays, il serait même mieux d’éviter l’industrialisation au profit du développement d’une économie plus créative, a-t-il dit, en ajoutant que la compétitivité à long terme résidait dans le développement des ressources humaines plutôt que dans la fourniture d’une main-d’œuvre à bas prix.
M. Srivali a en outre déclaré que les PMA avaient besoin d’aide publique au développement (APD), d’investissements étrangers directs(IED), et d’accords commerciaux préférentiels sur la durée, ce qui leur permettrait de faire face aux chocs externes, de restructurer leurs économies et les intégrer au système économique mondial. Le représentant a dit que l’intégration régionale pouvait jouer un rôle vital dans le développement des PMA, tout en précisant que la promotion de la connectivité régionale aidera les PMA à intégrer les marchés régionaux et internationaux tout en leur offrant de nouvelles opportunités de développement.
Mme ALYA AHMED S. AL-THANI (Qatar) a estimé que la coopération régionale, le libre échange et la libéralisation de l’économie sont les meilleurs moyens d’assurer le développement économique des PMA. Elle a rappelé la date, qui a été fixée lors d’une conférence en 2008, pour que les autres groupes de pays, notamment riches, parviennent à une exonération des droits de douane envers les produits des PMA. Elle a émis l’espoir que ces objectifs seront rapidement atteints par les pays développés et les pays en développement. Nous regrettons que les négociations commerciales du Cycle de Doha aient été suspendues, et nous espérons qu’elles reprendront rapidement afin d’être conclues avant la fin de l’année, a-t-elle ajouté. Nous souhaitons forger des partenariats avec les pays en développement, ainsi que des partenariats entre le secteur privé et les PMA pour aider ces derniers à surmonter les obstacles rencontrés dans la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles, a dit la représentante. Elle a également demandé que le futur document final d’Istanbul reprenne tous les engagements internationaux pris en faveur des PMA.
M. ANDRY RAHARINOMENA (Madagascar) a déclaré que de nouvelles initiatives étaient désormais indispensables si on veut trouver des réponses aux problèmes de développement multidimensionnels qui se posent et faire ainsi de la prochaine décennie une réussite pour l’éradication de la pauvreté. Madagascar estime qu’il faut reconnaître la nécessité de mettre en place des stratégies et des plates-formes permettant de renforcer la coopération de la communauté internationale avec les pays les moins avancés. Le succès du prochain programme d’action, a-t-il ajouté, dépendra avant tout de la cohérence, de la coordination et de la complémentarité que pourront démontrer à cet égard les partenaires de développement des PMA. Aussi faut-il forger de nouveaux partenariats pour construire une croissance durable et répondre aux défis spécifiques qui se posent à chaque PMA, a précisé le représentant de Madagascar.
M. ASLAM SHAKIR (Maldives) a rappelé l’accomplissement des Maldives, qui sont sorties, il y a 10 jours, de la catégorie des PMA, après 10 années d’efforts. Cependant, dans le même temps, les Maldives doivent poursuivre leurs efforts et surmonter les nouvelles difficultés qui résultent de la sortie de cette catégorie, a-t-il expliqué, précisant qu’il fallait poursuivre les réformes axées sur le secteur privé. Les Maldives pourront tirer parti de leur intégration dans l’économie mondiale, a-t-il assuré, mais le passage d’une catégorie à l’autre doit se faire sans heurt. Il a en effet souhaité que les avantages dont les Maldives avaient bénéficiés en tant que PMA ne disparaissent pas tout d’un coup. Il a donc soutenu la création d’une catégorie officielle d’États regroupant les petits États insulaires en développement (PEID) aux Nations Unies.
Le concept de « transition sans heurt » a été reconnu par une résolution de l’Assemblée générale datant de 2004, mais ce texte n’a pas été appliqué dans la pratique à défaut d’un accord sur son interprétation, a poursuivi le représentant. La République des Maldives a donc dû négocier avec ses partenaires pour que les avantages dont elle bénéficiait en tant que PMA ne disparaissent pas du jour au lendemain. Dans nos préparatifs en vue de la transition, nous n’avons bénéficié d’aucun soutien de la part des Nations Unies, a signalé avec regret le représentant, avant d’inviter la communauté internationale à améliorer le système de gradation à l’avenir pour les pays qui quitteront prochainement la catégorie des PMA. Nous ne sommes que le troisième pays à en sortir, a-t-il rappelé. L’Union européenne et la Suisse, notamment, ont décidé de maintenir les avantages économiques accordés auparavant aux Maldives, a-t-il indiqué, en exprimant sa reconnaissance à ces pays.
Que signifie dans la pratique une « transition sans heurt »? Nous pensons que la transition doit se produire une fois que le pays est sorti de la catégorie des PMA et que l’on doit éviter que le changement de statut ne porte préjudice à l’économie du pays qui quitte la liste des PMA, a expliqué le représentant. Il a suggéré que le mécanisme de transition tienne compte de la situation économique et sociale du PMA concerné à la date à laquelle il change de statut et ne menace pas les investissements de la communauté internationale dans le pays. Il faudrait trouver une définition claire du concept de transition sans heurt une fois pour toutes, a-t-il demandé.
M. BANIE EILLAH SEISAY (Sierra Leone) a regretté de constater que, 10 ans après l’adoption du Programme d’action de Bruxelles, seuls deux PMA avaient été radiés de la liste de ces pays. Il a évoqué les initiatives lancées par son gouvernement en matière de renforcement de la sécurité alimentaire et de fourniture de services de santé de base. Le représentant a fait observer les résultats positifs obtenus par la Sierra Leone et qui se sont traduits par la baisse de la mortalité infantile et maternelle. Il a souligné l’importance de poursuivre les efforts engagés et de maintenir un apport de solidarité internationale. Il a espéré en conclusion que la Conférence d’Istanbul serait l’occasion de forger un nouveau partenariat mondial favorable au développement des PMA.
M. SARBULAND KHAN, Représentant du Bureau du représentant spécial de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), a expliqué que le tourisme durable est devenu un moyen pour les PMA de sortir de l’ornière économique et de s’intégrer dans l’économie mondiale. La promotion du tourisme permet de créer des emplois, notamment dans les couches les plus défavorisées de la population. Le tourisme est la première source de recettes pour les PMA non exportateurs de pétrole, a-t-il indiqué. Quarante-six des 49 PMA obtiennent en effet une grande partie de leurs ressources en devises étrangères du tourisme, a-t-il précisé. Le développement touristique est donc une possibilité d’avenir, et c’est la raison pour laquelle les PMA ont fait du tourisme une priorité, a noté M. Khan.
Le tourisme durable doit se baser sur la justice sociale, le développement économique, la protection de l’environnement et l’intégrité culturelle, a ajouté M. Khan. Il a indiqué qu’un groupe d’institutions comprenant notamment l’Organisation internationale du Travail (OIT), la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont mis en place un comité directeur qui travaillera sur un concept de démarche intégrée afin d’optimiser l’appui des Nations Unies au développement du tourisme, ceci, sur la base de la protection de l’environnement et la subsistance des collectivités locales. L’OMT organisera un évènement parallèle à la Conférence d’Istanbul et participera à l’évènement consacré aux entreprises, a-t-il également signalé.
M. MELCHIADE BUKURU, Chef du Bureau de liaison de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, a déclaré que, dans la mesure où la plupart des économies des PMA étaient basées sur l’agriculture, relever les défis conjoints de la désertification, de la dégradation des terres et de la sécheresse constitue un impératif pour cette catégorie de pays. Pour y parvenir, il est nécessaire de rappeler aux PMA que la Convention constitue un outil qui est à leur service, ceci pour leur permettre d’intégrer pleinement à leurs politiques de développement les recommandations et les objectifs énoncés dans cet instrument international. Du maintien de la qualité et de la viabilité de leurs terres arables, dépendra leur sécurité alimentaire, a indiqué M. Bukuru en conclusion de sa déclaration.
M. PHILIPPE KRIDELKA, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a expliqué combien l’éducation est utile pour réduire la pauvreté et promouvoir et renforcer la croissance, avant de mentionner le plan sur 5 ans élaboré par l’UNESCO dans ce domaine. Il a aussi indiqué que l’Institut de Montréal forme les statisticiens des pays en développement afin que ceux-ci puissent mettre en place leurs propres systèmes de données. M. Kridelka a donc émis l’espoir que la communauté internationale allait faire porter ses efforts sur la résolution des problèmes d’éducation. En ce qui concerne la science et le développement, il a précisé que 62,1% des chercheurs du monde vivent dans les pays développés, et que 75,3% des publications scientifiques viennent de ces pays, ce qui souligne donc l’urgence qu’il y a de développer ce secteur dans les pays en développement.
M. Kridelka a par ailleurs expliqué que l’accès à l’eau douce est une des autres priorités de l’UNESCO, ainsi que l’accès des populations aux technologies de l’information et des communications (TIC). Un évènement parallèle sur les TIC et les PMA se déroulera d’ailleurs à Istanbul en marge de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA, a-t-il indiqué. En ce qui concerne la culture, il a rappelé que c’est un moteur puissant de l’économie. L’UNESCO est chef de file du thème « culture et développement » du Fonds pour les OMD financé par le Gouvernement espagnol, a rappelé M. Kridelka.
M. KATIBA KONARE, Organisation météorologique mondiale (OMM), a déclaré que la plupart des PMA n’ont pas encore la capacité d’exploiter les connaissances climatiques et les avantages que celles-ci peuvent leur apporter. Des forums régionaux ont été organisés ces dernières années pour familiariser les PMA avec les conséquences de l’évolution et des changements du climat, tandis que l’OMM a organisé la troisième Conférence mondiale sur les climats avec un volet qui portait sur les besoins spécifiques des PMA, a-t-il indiqué. Le représentant a déclaré en conclusion que l’Organisation météorologique mondiale était résolue à apporter une contribution significative aux travaux de la Conférence d’Istanbul.
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