Les préparatifs de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés s’ouvrent par une réflexion autour du futur programme d’action d’Istanbul
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Comité préparatoire intergouvernemental
de la 4ème Conférence des Nations Unies
sur les pays les moins avancés
Première session
1ère et 2ème séances – matin & après-midi
LES PRÉPARATIFS DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS S’OUVRENT PAR UNE RÉFLEXION AUTOUR DU FUTUR PROGRAMME D’ACTION D’ISTANBUL
À quelques mois de la tenue de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (Conférence PMA IV), dont les travaux auront lieu à Istanbul, en Turquie, du 9 au 13 mai 2011, son Comité préparatoire intergouvernemental a ouvert, ce matin, sous la présidence de M. Jarmo Viinanen, de la Finlande, sa première session. Les travaux de cette rencontre ont essentiellement été caractérisés par un débat général auquel ont pris part une trentaine d’intervenants.
Estimant que la Conférence PMA IV serait « la plus importante conférence de développement de la décennie qui s’ouvre », le Haut-Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, Cheikh Sidi Diarra, a prévenu que le programme d’action qui sera adopté au terme de cette Conférence devra corriger les erreurs et les insuffisances constatées dans les trois précédents programmes, dont les mises en œuvre n’ont pas pu permettre aux pays les plus pauvres de la planète d’améliorer leur difficile situation de manière significative.
Des progrès indiscutables ont certes été accomplis au cours de la décennie écoulée par les PMA, « que ce soit en matière de gouvernance démocratique, de santé, d’éducation, d’autonomisation des femmes ou d’assainissement », a reconnu le représentant du Népal, qui s’exprimait au nom du Groupe des pays les moins avancés. Mais il n’en reste pas moins que les 49 pays qui figurent sur la liste des PMA, dont une majorité sont situés en Afrique, restent très peu développés sur le plan économique et sont toujours extrêmement vulnérables aux impacts négatifs des crises internationales, a-t-il déploré.
Les PMA sont une catégorie de pays créée en 1971 par les Nations Unies, au sein de laquelle sont regroupés les pays du monde les moins développés au plan socioéconomique. Ils présentent les indices de développement humain (IDH) les plus faibles et doivent, à ce titre, faire l’objet d’une attention particulière de la part de la communauté internationale.
« Les mutations structurelles attendues pour ces pays n’ont toujours pas eu lieu », a regretté M. Diarra. La pauvreté y est toujours persistante, ayant reculé de 60,4 à 53,4% à peine, a-t-il fait observer, avant de préciser que 78% de la population de ces pays vivaient toujours avec moins de 2 dollars par jour.
Confrontés de surcroît à un boom démographique deux fois supérieur à celui des autres pays en développement, les PMA verront, d’ici à 2025, leur population active croître de plus de 200 millions de personnes, ceci, sur un marché de l’emploi déjà largement dépassé par l’ampleur de la demande actuelle.
Dans ce contexte, les États Membres et les ONG et organisations intergouvernementales qui ont pris la parole aujourd’hui ont, de façon unanime, reconnu que la Conférence d’Istanbul devait définir les lignes de force d’un programme d’action qui soit en rupture avec l’esprit et la lettre de ceux qui l’ont précédé.
Pour le Haut-Représentant, comme pour le Groupe des PMA, les priorités les plus importantes vont de la diversification des capacités productives des pays concernés au lancement d’une « révolution verte » destinée à renforcer la sécurité alimentaire dans les PMA, en passant par des mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, et par la levée des barrières tarifaires et des politiques de quotas qui entravent l’accès des produits des PMA au commerce international et aux marchés des pays développés. Toutes les recommandations qui seront faites dans le futur programme d’action d’Istanbul devront être appliquées et mises en œuvre sous la bannière de l’appropriation nationale, devenue indispensable.
Pour le représentant de la Hongrie, qui prenait la parole au nom de l’Union européenne, les mesures du prochain programme d’action en faveur des PMA devraient s’articuler autour de trois objectifs principaux: la création d’un environnement favorable au développement durable des PMA; la promotion de leur croissance économique qui devra être « inclusive et durable »; et le renforcement de la résilience des PMA face aux chocs externes.
Afin que le programme d’action en faveur des PMA pour la décennie 2011-2020 soit couronné de succès, la majorité des intervenants a également mis l’accent sur la nécessité de refondre et réformer l’architecture internationale en matière d’assistance au développement. L’échec des programmes antérieurs à celui d’Istanbul est principalement imputable au non-respect, par les pays développés, de leur engagement à porter à hauteur de 0,15 à 0,20% de leur produit intérieur brut (PIB) le montant de leur aide au développement en faveur des PMA et à accroître l’investissement direct étranger, a relevé le représentant du Yémen, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine.
Le Coordonnateur international de l’ONG « LDC Watch » et Président du Comité directeur des organisations de la société civile, M. Arjun Karki, est allé jusqu’à plaider pour la mise en place d’un « fonds mondial pour les PMA » et d’un mécanisme de suivi de la mise en œuvre du programme d’action, qui serait assuré par le Bureau du Haut-Représentant pour les PMA.
Le débat général du Comité préparatoire intergouvernemental de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés se poursuivra demain, mardi 11 janvier, à partir de 10 heures.
PRÉPARATIFS DE LA CONFÉRENCE PMA IV
Exposés et présentations
M. JARMO VIINANEN (Finlande), Président du Comité préparatoire intergouvernemental de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA IV), a rappelé combien le monde avait changé au cours des 10 années qui ont suivi l’adoption du Programme d’action de Bruxelles en 2001. Nos efforts communs en faveur du développement ont donné des résultats tangibles, a-t-il constaté, tout en soulignant que les progrès accomplis étaient cependant encore loin d’être suffisants. Plus de la moitié de la population des pays les moins avancés (PMA) vit dans l’extrême pauvreté, a-t-il rappelé. Il a aussi mentionné les défis sans précédent auxquels le monde a été confronté au cours de la période qui s’est écoulée depuis la Conférence de Bruxelles, comme les changements climatiques, les crises financière et économique, ainsi que les crises survenues dans les secteurs alimentaire et de l’énergie.
« La quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA sera une occasion historique de redonner un dynamisme à nos efforts de soutien au développement », a-t-il espéré. Le Président de la Conférence PMA IV a expliqué que les PMA sont eux-mêmes les meilleurs experts en ce qui concerne le développement. Le résultat de la Conférence d’Istanbul devra être formulé conjointement par les pays développés et les pays en développement, a-t-il ajouté. Il a aussi rappelé aux délégations les termes de la résolution 63/227 de l’Assemblée générale, qui définissent le mandat de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui est notamment d’évaluer la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles et d’engager la communauté internationale à renforcer son appui et son action en faveur des PMA. M. Viinanen a assuré qu’il déploierait tous les efforts possibles pour faciliter les travaux préparatoires à la tenue de PMA IV au cours des mois à venir.
CHEIKH SIDI DIARRA, Conseiller spécial des Nations Unies pour l’Afrique et Haut-Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, a déclaré que la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA (PMA IV), qui se tiendra à Istanbul, en Turquie, au mois de mai 2011, sera « la plus importante conférence de développement de la décennie qui s’ouvre ». Le nouveau programme d’action qui sera adopté à cette occasion en faveur des PMA définira les paradigmes de développement pour les années à venir. En effet, en dépit des quelques progrès accomplis dans certains domaines, les métamorphoses structurelles attendues pour ce groupe de pays n’ont toujours pas eu lieu, a regretté M. Diarra. La pauvreté y est toujours persistante, ayant décliné de 60,4 à 53,4% à peine, a fait observer M. Diarra, qui a ajouté que 78% de la population de ces pays vivaient toujours avec moins de 2 dollars par jour. Les PMA, a-t-il expliqué, font de surcroit face au défi de la démographie: comptant 843 millions d’habitants, ces pays ont atteint un taux de croissance démographique deux fois supérieur à celui des autres pays en développement, soit 2,3%, a constaté cheikh Sidi Diarra. Dans les PMA, plus de 200 millions de personnes en âge de travailler viendront s’ajouter à la population active déjà existante d’ici à 2025, a précisé le Conseiller spécial et Haut-Représentant. « Les PMA n’ont pas été en mesure de générer un cadre d’emplois décents suffisants afin de répondre à la demande de plus en plus importante en provenance de leurs marchés du travail », a-t-il précisé.
Si les partenaires de développement ont déployé des efforts louables pour honorer leurs obligations en matière d’aide publique au développement (APD), de commerce, d’allègement de la dette et d’investissement direct étranger, l’examen de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles révèle cependant les insuffisances multiples de l’assistance au développement, a souligné M. Diarra. Ainsi, a-t-il regretté, les donateurs n’ont toujours pas respecté les engagements qu’ils avaient pris de porter à hauteur de 0,15 à 0,20% de leur produit intérieur brut (PIB) le montant de leur aide au développement et de lever les quotas et les barrières tarifaires imposés aux produits en provenance des PMA.
À la lumière de ces difficultés, les priorités suivantes semblent avoir émergé pour le prochain programme d’action: diversifier les capacités productives des PMA; améliorer l’accès aux technologies; lancer une révolution verte pour renforcer la sécurité alimentaire; promouvoir le développement social et humain pour élargir l’accès aux services sociaux de base et contribuer à la réalisation des OMD; répondre aux défis des changements climatiques; mobiliser de nouvelles ressources financières pour les pays les moins avancés; faire du commerce international le moteur du développement; renforcer la résilience des PMA aux chocs externes; et enfin, mettre en place une bonne gouvernance de développement aux niveaux international et national.
Après avoir évoqué les travaux déjà accomplis dans le cadre du processus préparatoire de la quatrième Conférence sur les PMA, ainsi que les initiatives lancées dans ce cadre avec la société civile, le Haut-Représentant a estimé que la décennie s’ouvrait sur la certitude que les 48 PMA actuellement listés pouvaient, si les moyens suffisants étaient mis à leur disposition, redynamiser l’économie mondiale et réaliser les promesses de la mondialisation. Mais pour y parvenir, la communauté internationale devra redoubler d’efforts et fournir d’avantage de ressources, a préconisé M. Diarra. Elle devrait notamment, a conclu le Conseiller spécial et Haut-Représentant, en profiter pour mettre en place une nouvelle architecture de l’assistance internationale, assortie d’objectifs spécifiques pour les PMA.
M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie), qui prenait la parole en qualité de représentant du pays hôte de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA IV), qui aura lieu du 9 au 13 mai à Istanbul, a invité les délégations à accélérer les préparatifs de cette conférence. Nous allons commencer à préparer le document final d’Istanbul, et il faudra donc passer rapidement aux questions de fond, a-t-il suggéré. Le document final doit mettre en place une nouvelle vision de l’avenir en tenant compte des paramètres fondamentaux du programme mondial de développement et aussi des priorités des PMA, a-t-il expliqué. Il a ainsi appelé le Comité préparatoire à s’orienter vers des résultats concrets, souhaitant que la déclaration politique qui sera adoptée reste brève et contienne un message énergique. Le nouveau programme d’action devra énoncer des objectifs cohérents et conformes aux engagements déjà pris dans des processus parallèles, a-t-il aussi demandé. M. Apakan a espéré que le document final de PMA IV complèterait le Programme d’action de Bruxelles tout en contenant des éléments novateurs et en formulant de nouvelles promesses.
Parmi les objectifs à atteindre dans le cadre du développement des PMA, la Turquie estime qu’il faut prévoir un financement prévisible, le développement des capacités humaines, l’accès aux services de base, la diversification des économies, le développement de la coopération Sud-Sud, ou encore la progression vers l’égalité des sexes. Le document final devra aussi contenir un mécanisme de suivi de sa mise en œuvre et de son évaluation efficace, a expliqué M. Apakan. Outre nos travaux de fond, nous devons mener une campagne intensive pour sensibiliser la communauté internationale aux problèmes que rencontrent les PMA, a-t-il ajouté. Il a en outre souhaité que la participation des délégations à la Conférence se fasse au plus haut niveau politique possible.
Mme ANDA FILIP, Union interparlementaire (UIP), a relevé que le Programme d’action de Bruxelles ne reconnaissait pas le rôle que jouent les parlements dans le cadre de la bonne gouvernance. Elle a expliqué que l’UIP s’était efforcée de sensibiliser ses membres au Programme d’action, et que suite à ses efforts, 18 parlements de pays les moins avancés (PMA) disposaient dorénavant de points focaux. Mme Filip a néanmoins estimé qu’un programme d’action plus vigoureux que celui de Bruxelles était nécessaire, afin de faire face aux défis que connaissent les PMA.
La représentante a ensuite passé en revue les activités menées par l’UIP en prévision de la tenue de la quatrième Conférence sur les pays les moins avancés (PMA IV). Notre objectif était d’impliquer les parlements des PMA dans le processus d’examen du Programme d’action, a-t-elle notamment précisé. Elle a également annoncé qu’un Forum parlementaire aurait lieu le 8 mai, dans le but de promouvoir l’action parlementaire dans tous les domaines figurant à l’ordre du jour de la Conférence PMA IV. Mme Filip a par ailleurs affirmé que le succès du prochain programme d’action dépendra, en large mesure, d’un degré plus élevé d’appropriation nationale. Elle a également avancé que la lenteur des progrès enregistrés dans la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles était imputable à un faible suivi parlementaire des politiques gouvernementales. Les parlements doivent être capables de mettre en œuvre des législations pertinentes en matière d’infrastructure, de commerce, d’imposition fiscale et de développement, entre autres, et de passer au peigne fin le budget national, a-t-elle dit en substance.
M. ARJUN KARKI, Coordonnateur international de « LDC Watch » et Président du Comité directeur des organisations de la société civile, a présenté la position commune défendue par la société civile dans le cadre du processus préparatoire de la Conférence PMA IV. Il a entamé sa déclaration en évoquant un sentiment de « déjà-vu »: les ONG ont en effet le sentiment qu’elles sont obligées d’attirer de nouveau l’attention de la communauté internationale sur des problèmes qui se posaient déjà à l’époque de l’élaboration du Programme d’action de Bruxelles, a-t-il indiqué. Il a donc prévenu des risques que pose la possible énonciation de propositions et de solutions déjà préconisées dans le passé, et qui ne sont pas la réponse appropriée à la situation dans laquelle se trouvent actuellement les PMA. Un nouvel ordre du jour est indispensable afin de fixer les objectifs à atteindre par les PMA, et surtout définir les moyens de les atteindre, a jugé M. Karki, qui a clairement défendu la contribution de la société civile en ce sens.
Le nouveau programme d’action qui sera adopté à Istanbul doit être visionnaire et stratégique, et inclure des mesures spécifiques destinées à éviter les erreurs du passé, a-t-il préconisé. Les PMA sont aujourd’hui les victimes d’accords commerciaux inéquitables, et ce, malgré les agréments qui avaient déjà été conclus sur la question de la levée des barrières tarifaires, dont le maintien constitue un obstacle majeur au développement des PMA au niveau international, a déploré M. Karki. Il faut également défendre le principe de l’efficacité de l’aide au développement, a poursuivi le Coordonnateur, pour qui la coopération Sud-Sud, si elle doit être renforcée, ne doit cependant être en aucun cas considérée comme un substitut à l’aide publique au développement. La société civile estime fermement qu’il faut aussi mettre en place un environnement qui protège les PMA des chocs externes, comme ceux que ces pays ont subi lors des crises économique, financière, alimentaire et énergétique, a souligné M. Karki. La mise en place d’un fonds mondial pour les PMA constituerait un gage de réussite pour la mise en œuvre du Programme d’action, pour lequel un mécanisme de suivi, assuré par le Bureau du Haut-Représentant pour les PMA, devrait être mis en place, a ajouté en conclusion M. Karki.
Parlant de la « composante secteur privé » et de son apport à la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA IV), M. GAVIN POWER, Directeur adjoint du Bureau du Pacte mondial, a émis l’espoir que la Conférence PMA IV marquerait un tournant en ce qui concerne le développement national des PMA et le renforcement de leurs capacités. La Conférence permettra de promouvoir la participation du secteur privé au développement des PMA et de faire connaître les difficultés particulières qu’ils rencontrent. Ce sera aussi l’occasion de mettre en exergue les possibilités d’investissement qu’offrent ces pays, a noté M. Power. Il a également indiqué que des partenariats durables entre les gouvernements et les entreprises pourront être envisagés, tout en espérant que de nouveaux partenariats seront annoncés à l’occasion de la Conférence. Il a relevé à cet égard que les investissements étrangers directs (IED) sont maintenant vus comme un complément indispensable de l’aide publique au développement (APD). Le document relatif au « Pacte mondial pour le développement » vient d’être publié, a poursuivi M. Power, expliquant qu’il s’agit d’un cadre qui peut servir aux entreprises voulant contribuer au développement socioéconomique des pays concernés. Ce cadre n’existait pas il y a 10 ans. Le Pacte mondial regroupe actuellement 6 000 entreprises, a précisé Gavin Power.
Au cours de la Conférence d’Istanbul, auront lieu un « Forum des entreprises » et une « Foire commerciale », a-t-il poursuivi. Un « Sommet investissements et partenariats » se tiendra également le premier jour de la Conférence. Des chefs d’État et de gouvernement y prendront part, ainsi que des chefs d’entreprises, dont l’objectif est d’annoncer des partenariats et d’examiner la déclaration des chefs d’entreprises à l’intention des chefs d’État et de gouvernement, a dit M. Power. Il a aussi indiqué que différentes tables rondes seraient organisées, notamment sur les changements climatiques et sur la création d’entreprises. Il a ensuite parlé du Forum des entreprises, qui servira de plate-forme à partir de laquelle d’autres partenariats pourront se tisser par la suite. Des tables rondes interactives seront organisées à cette occasion, a-t-il précisé. En ce qui concerne la Foire commerciale, elle permettra aux investisseurs et aux acheteurs d’être informés sur les possibilités d’investissement dans les PMA, a enfin ajouté M. Power, en précisant que le Comité directeur préparatoire de la « composante secteur privé » de la Conférence PMA IV est constitué de 15 groupes d’entreprises ou associations d’entreprises.
Débat général
M. ABDULLAH ALSAIDI (Yémen), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que l’objectif du nouveau programme d’action en faveur des PMA, qui sera élaboré à Istanbul en mai prochain, lors de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, devrait être d’augmenter et de maintenir un niveau élevé de croissance économique; de promouvoir un développement durable et de s’attaquer aux conséquences des crises multiples auxquelles font face les pays les moins avancés (PMA). Il a estimé que le succès du nouveau programme d’action dépendra des PMA eux-mêmes, ceux-ci devant assurer un rôle de leadership dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques pertinentes dont ils ont besoin. Il faut que les PMA bénéficient d’une grande souplesse dans la détermination de leurs politiques et dans le domaine fiscal en ce qui concerne leur gouvernance économique, leurs politiques et leurs stratégies, a-t-il ajouté. Il a cependant souligné l’importance d’un soutien, au niveau mondial, aux efforts nationaux déployés par les PMA.
Expliquant les faiblesses de ces pays dans les domaines des capacités de production, de l’emploi et du travail décent, M. Alsaidi a souhaité qu’ils puissent arriver à établir des capacités de production viables, diversifiées et compétitives, afin de permettre à leurs économies de connaître une transformation positive et de créer des emplois. Après avoir mentionné la détérioration de la situation de ces pays, largement due aux différentes crises mondiales, il a estimé que l’élimination de la pauvreté était le plus grand défi que les PMA devaient relever. Enfin, M. Alsaidi a remarqué que le manque de ressources, et en particulier de celles provenant de l’aide publique au développement (APD) et des investissements étrangers directs (IED), n’avait pas permis aux programmes d’action énoncés au cours des 30 dernières années en faveur des PMA de transformer la situation socioéconomique de ces pays. Il a donc appelé à renforcer et à rendre plus prévisible l’aide financière qui doit être fournie aux PMA au cours de la prochaine décennie.
S’exprimant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a déclaré que dans le monde interconnecté et globalisé d’aujourd’hui, il est temps de reconnaître l’interdépendance qui existe entre les PMA, les pays en développement et les pays développés. Il a expliqué qu’un développement inclusif à l’échelle mondiale était étroitement lié à la paix et à la sécurité internationales. Le représentant a donc estimé qu’il incombe à « chacun d’entre nous » de veiller à la pleine intégration des PMA au monde, ces pays étant soumis à une multitude de problèmes. En dépit de certains progrès accomplis pendant la décennie écoulée, que ce soit en matière de gouvernance démocratique, de santé, d’éducation, d’autonomisation des femmes ou d’assainissement, les PMA continuent de rencontrer de nombreuses difficultés au niveau national, leurs problèmes étant exacerbés par des chocs externes, comme les crises successives qui ont éclaté en 2008 et qui perdurent.
Il est désormais établi, a poursuivi M. Acharya, que les programmes d’action en faveur des PMA, définis par les Nations Unies au cours des trois dernières décennies, n’ont pas été en mesure de déclencher les mutations structurelles dont ces pays ont besoin. Aussi, le prochain programme de ce genre devrait-il proposer une vision plus large des objectifs à atteindre et des moyens nécessaires pour y parvenir, a-t-il préconisé. Les objectifs fixés ne pourront être réalisés sans une augmentation des flux de ressources financières et de l’investissement direct étranger en direction des PMA, a prévenu le représentant, qui a également plaidé en faveur de la création et de l’adoption d’un « pacte de responsabilité mutuelle » destiné à garantir des résultats concrets.
Pour le Groupe des PMA, les priorités à défendre à Istanbul sont les suivantes: l’élargissement des capacités productives de ces pays; une révolution agricole, dans la mesure où la plupart des PMA dépendent de ce secteur; et le développement des infrastructures, qui est d’autant plus important que certains PMA sont également privés de littoral, a souligné M. Acharya. Il a également évoqué le nécessité de la réalisation de plus de croissance économique et d’un vrai développement durable. Il a ajouté que l’amélioration de la résilience des PMA aux chocs externes, la mise en place d’une nouvelle architecture de l’assistance internationale, et celle d’un partenariat renforcé entre toutes les parties prenantes étaient plus que jamais indispensables. Enfin, a ajouté M. Acharya, le nouveau programme d’action en faveur des PMA devra s’efforcer d’éviter les insuffisances et les erreurs du passé, aussi bien en termes de mise en œuvre que de suivi.
M. CSABA KORÖSI (Hongrie), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a souligné que l’Union européenne était pleinement engagée en faveur du succès de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés. La Conférence d’Istanbul, a-t-il dit, offre une occasion importante d’accroître le soutien aux PMA, en particulier dans le sillage de la Réunion de haut niveau sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui a eu lieu au mois de septembre à New York. Accorder la priorité aux PMA est une nécessité dans notre effort commun visant à atteindre les OMD, a-t-il ajouté.
Le représentant, qui a énuméré brièvement les réalisations de l’Union européenne dans la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles, a estimé que le document final de la Conférence PMA IV devrait s’inspirer du Document final de la Réunion de haut niveau sur les OMD. De même, le nouveau programme d’action devrait être ciblé et sélectif, et concentré sur les besoins spécifiques des PMA, a estimé M. Korösi. Il devrait être réaliste dans ses ambitions et opérationnel, a-t-il souligné. Enfin, des synergies potentielles avec les grands processus internationaux, notamment ceux du G-20, devraient être appliquées. Selon le représentant, les mesures du prochain programme d’action en faveur des PMA devraient s’articuler autour de trois objectifs principaux. Ces objectifs seraient de créer un environnement favorable au développement durable des PMA; de promouvoir une croissance économique des PMA inclusive et durable; et de renforcer la résilience des PMA face aux chocs. Ce troisième objectif devrait être atteint en développant les capacités humaines et institutionnelles des PMA; en les aidant à diversifier leurs économies, à lutter contre la volatilité excessive des prix, à combattre les effets des changements climatiques, et à passer de la situation de fragilité et de vulnérabilité dans laquelle ils se trouvent vers un statut caractérisé par la paix et la sécurité.
M. GARY QUINLAN (Australie), qui s’exprimait au nom du groupe que forment le Canada, la Nouvelle-Zélande et son propre pays (Groupe CANZ), a prôné une « action collective » au cours de cette session préparatoire à la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA IV), en vue de la production d’un document final reflétant l’état de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles, commencée il y a 10 ans. « Nous devons ainsi reconnaitre que de nombreux PMA ont fait des progrès dans le domaine économique et social et en matière de réduction de la pauvreté, tout en reconnaissant également que d’autres connaissent un développement plus difficile », a ajouté M. Quinlan. Le représentant australien a ensuite estimé que cette session préparatoire devait être l’occasion de renouveler les termes du partenariat international contre la pauvreté, sur la base des leçons apprises et en renforçant les politiques qui ont fait la preuve de leur efficacité aux niveaux national et international.
Liant la réussite de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement aux réponses apportées aux problèmes des PMA, M. Quinlan a de plus souhaité que le document final de la Conférence d’Istanbul souligne la nécessité que les PMA s’approprient, plus tôt qu’ils ne l’ont fait jusqu’ici, les programmes de développement. Il a demandé qu’à cette fin les PMA aient véritablement voix au chapitre dans les processus mondiaux de prise de décisions relatives à la refonte en cours de l’architecture économique internationale. Enfin, le représentant a proposé que figurent dans le document final des mesures promouvant des pratiques efficaces et durables dans le domaine du développement rural. La déclaration finale de la Conférence PMA IV doit aussi refléter le rôle de catalyseur que jouent les femmes dans le développement des PMA, a-t-il encore noté.
M. MUHAMMED MUSHARRAF HOSSAIN BHUIYAN (Bangladesh) a indiqué que son pays avait accueilli, à Dhaka, du 18 au 20 janvier 2010, la Concertation Asie-Pacifique de haut niveau sur le Programme d’action de Bruxelles pour les pays les moins avancés. Cette rencontre a eu lieu dans le cadre de la préparation de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés. La concertation portait sur la situation de 13 pays parmi les moins avancés de la région de l’Asie et du Pacifique, plus le Yémen, a indiqué le représentant. Elle a été l’occasion, a-t-il rappelé, de proposer une évaluation d’ensemble de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles pour la décennie 2001-2011, et de proposer des mesures à prendre aux niveaux national, régional et international pour favoriser le développement des PMA au cours de la prochaine décennie. Rappelant les propositions faites en vue de l’élaboration d’un nouveau programme d’action, le représentant du Bangladesh a plaidé pour la mise en place d’une nouvelle architecture d’assistance internationale et d’un mécanisme de suivi.
Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a émis l’espoir que le document final de la Conférence d’Istanbul contiendrait un message politique fort en faveur d’un plus grand soutien aux PMA, et que ce message assurerait une mobilisation de la communauté internationale pour la promotion d’un développement durable. Il faudra définir des objectifs chiffrés et assortis de délais de mise en œuvre et de réalisation, a-t-elle suggéré. Elle a proposé qu’on se concentre notamment sur des objectifs relatifs au développement économique, aux infrastructures et à la productivité agricole. La communauté internationale devrait s’engager à accroître son aide aux PMA et à leur assurer un meilleur accès aux sources traditionnelles de financement ainsi qu’aux mécanismes novateurs d’échanges de créances, a-t-elle ajouté. Mme Cordeiro Dunlop a également souligné l’importance de déployer des efforts en vue de faciliter les envois de fonds des travailleurs migrants ou immigrés. Il faut aussi encourager les mécanismes de coopération Sud-Sud, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation, a-t-elle préconisé.
Les échanges commerciaux restant un moyen privilégié de mobilisation de ressources en vue de favoriser le développement, le Brésil a la volonté de faciliter, en faveur des produits des PMA, l’accès à ses marchés. Cet accès doit être exempté de droits de douane, a assuré la représentante, tout en expliquant que ceci n’était cependant pas possible tant que certaines barrières douanières n’étaient pas éliminées, notamment les subventions agricoles. Elle a aussi appelé la communauté internationale à conclure les négociations commerciales du Cycle de Doha. L’ONU joue un rôle important pour l’appui aux PMA, a-t-elle ensuite souligné, invitant d’autres organes internationaux à faire de même. Elle a, à cet égard, cité l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) ou l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Le Conseil économique et social (ECOSOC) pourrait aussi jouer un rôle plus actif en assurant une coordination plus efficace des activités des Nations Unies sur le terrain, a-t-elle suggéré. Concernant les pays sortant d’un conflit, elle a estimé que le rôle joué par la Commission de consolidation de la paix était positif et efficace.
M. DAFFA-ALLA ELHAG ALI OSMAN (Soudan) a déclaré qu’il ressortait clairement des concertations régionales et de la réunion de mobilisation des ressources, qui a eu lieu à Lisbonne en septembre dernier, que des progrès avaient été accomplis par les PMA. Cependant, ces pays continuent de se heurter à des difficultés intrinsèques, qu’elles se posent aux niveaux national, régional ou international, a regretté le représentant. C’est la raison pour laquelle le nouveau programme d’action en faveur des PMA, qui sera adopté à Istanbul, devra tenir compte des erreurs et des insuffisances du passé pour que soient relevés les défis qui continuent de se poser aux PMA. Le représentant a insisté sur la situation des pays en conflit, ou se relevant d’un conflit, et qui sont des pays qui doivent être accompagnés pendant la phase de consolidation de la paix. Évoquant la situation au Soudan, il a attiré l’attention du Comité préparatoire de la Conférence PMA IV sur l’impact des changements climatiques et de la désertification. Le Gouvernement soudanais s’emploie actuellement à freiner l’avancée de la désertification et à reboiser son territoire, a-t-il indiqué, expliquant que l’éradication de la pauvreté et le développement durable étaient des priorités nationales au Soudan. Mais pour que le pays y parvienne, « encore faudrait-il que soient levées les sanctions économiques injustes qui pèsent sur lui », a ajouté le représentant.
M. MOTLATSI RAMAFOLE (Lesotho) a invité la communauté internationale à élaborer un nouveau programme d’action en faveur des PMA en se fondant sur les réussites et les échecs de la décennie précédente. Il a félicité les membres du Groupe des PMA qui sont sortis de la liste de cette catégorie d’Etats, espérant que la moitié des pays qui composent ce Groupe puisse en sortir au cours de cette décennie. Les PMA doivent pouvoir élaborer leurs propres politiques et être mieux intégrés dans les échanges internationaux, a-t-il dit. Il n’y a pas de modèle unique qui puisse être appliqué aux PMA, a-t-il aussi observé. Il a invité le Comité préparatoire et la communauté internationale à réaffirmer le principe du traitement égal mais différencié. Le projet de texte du Programme d’action d’Istanbul reflète bien nos aspirations pour l’avenir, a-t-il dit, car le document respecte un bon équilibre entre les responsabilités des PMA et celles de leurs partenaires de développement.
L’aide publique au développement (APD) est restée bien en deçà des objectifs du Programme d’action de Bruxelles, a rappelé avec regret M. Ramafole. Il a invité les partenaires au développement à redoubler d’efforts à cet égard. Il a par ailleurs remarqué que les envois de fonds des travailleurs migrants représentent une part importante de financement du développement dans de nombreux pays. Ces envois représentent 27% du PIB pour ce qui concerne le Lesotho, a-t-il précisé. Il a donc appelé les États Membres à gérer les migrations internationales de façon à mieux tirer parti des compétences de la diaspora, et a invité le Comité à faire en sorte que cette question soit mieux traitée dans le futur programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA.
M. SHIN BOONAM (République de Corée) a invité le Comité préparatoire à se faire une idée exacte de la situation dans laquelle sont les PMA. Outre des niveaux de revenus peu élevés, des ressources humaines faibles et une grande vulnérabilité, ces pays souffrent des graves incidences de la dégradation de l’environnement, de l’instabilité économique mondiale, de la pénurie d’énergie, de la grande volatilité des prix des produits alimentaires et de la crise de l’endettement. Nous devons donc adopter une approche plus ciblée pour élaborer le futur programme d’action en leur faveur, a recommandé M. Shin Boonam. Il a notamment suggéré que le futur programme d’action en faveur des PMA inclut une description des moyens qui pourraient être déployés pour leur permettre d’atteindre une croissance soutenue et équitable, dans l’objectif d’accroître dans ces pays la création d’emplois.
Il faut aussi faire le lien entre les Objectifs du Millénaire pour le développement et le Programme d’action de Bruxelles afin d’établir une synthèse des deux approches, a-t-il préconisé. Le représentant a également appelé à mieux soutenir tous les PMA, soulignant que l’aide apportée avait été jusqu’à présent mal répartie aussi bien sur le plan géographique qu’en termes de besoins des pays. Les messages de la Conférence d’Istanbul devront être clairs, concrets et orientés vers l’action, a-t-il ajouté. Il a enfin fait valoir l’importance des partenariats avec le secteur privé et la société civile pour apporter un meilleur soutien aux PMA. De nouvelles initiatives doivent être lancées dans ce domaine, a dit M. Shin Boonam.
M. A. GHANASHYAM (Inde) a estimé que, du fait de leur vulnérabilité et de leur pauvreté, les pays les moins avancés (PMA) devaient se voir accorder la plus grande priorité au niveau mondial. Depuis 1971, le nombre de ces pays est passé de 25 à 48, ce qui démontre que l’attention générale à leur égard n’a pas été à la mesure de l’urgence de la situation à laquelle ils sont confrontés, a-t-il observé. Il a donc appelé le Comité préparatoire à concentrer les efforts globaux sur le renforcement des mesures internationales de soutien aux PMA et à rechercher la manière dont les mesures nationales prises par les PMA peuvent conduire à la transformation économique dont ils ont tant besoin. Cela passe par le renforcement des capacités de production et par celui des infrastructures, grâce à l’aide publique au développement (APD) et à l’assistance technique, ainsi qu’à la coopération Sud-Sud et aux mesures commerciales adoptées au niveau international, a-t-il dit. M. Ghanashyam a aussi souligné le rôle important que doit jouer le secteur privé pour générer de la croissance et créer des opportunités dans les PMA.
Les PMA dépendent largement du commerce international pour leur croissance, a poursuivi le représentant de l’Inde, avant de relever que leur participation aux échanges du marché mondial reste très faible, se situant à moins de 1% des transactions mondiales de biens et services. Il a appelé à conclure de toute urgence le Cycle de négociations commerciales de Doha, afin d’intégrer les PMA dans le système de commerce multilatéral. M. Ghanashyam a aussi relevé que les PMA sont de grands importateurs de denrées alimentaires et qu’il est donc nécessaire d’améliorer leur productivité agricole, en y renforçant les investissements et les connaissances scientifiques. L’Inde soutient l’engagement de toutes les parties prenantes envers la Conférence d’Istanbul, a-t-il dit, se félicitant notamment de la présence de parlementaires à ces travaux préparatoires. Outre l’aide au développement fournie par l’Inde, il a aussi mentionné l’investissement effectué par le secteur privé de son pays, qui a dépassé 15 milliards de dollars ces dernières années. En outre, l’Inde accueillera une Conférence ministérielle en préparation à la Conférence d’Istanbul, les 18 et 19 février prochains, à Delhi, a indiqué le représentant. L’Inde a également contribué au Fonds d’affectation spéciale pour les PMA à hauteur de 250 000 dollars, a ajouté le représentant.
M. AMAN HASSEN BAME (Éthiopie) a indiqué que les réunions d’examen de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles, qui ont eu lieu à Addis-Abeba et à Dhaka, avaient démontré que les PMA avaient accompli d’importants progrès en matière de financement de leur développement, mais que ces efforts étaient compromis par l’imprévisibilité qui règne concernant le versement et le niveau des ressources de l’APD. Il a estimé que le processus devant mener au programme d’action d’Istanbul devait être dirigé par les PMA eux-mêmes. Rappelant que les économies des PMA sont essentiellement agricoles, M. Bame a réclamé l’adoption de mesures pour renforcer le développement de ce secteur, tout en appelant les PMA à assurer la transformation structurelle de leurs économies. Il les a également exhortés à inverser le niveau de leurs taux de mortalité maternelle et infantile, qui restent trop élevés, et à fournir des services sociaux de base à leurs populations.
Après avoir réclamé la création effective et la mise en œuvre du Fonds vert établi lors de la Conférence de Cancún sur les changements climatiques, le représentant de l’Éthiopie a vanté les mérites de la coopération Sud-Sud. La coopération Sud-Sud n’est cependant pas un substitut, mais un complément à la coopération Nord-Sud, a-t-il tenu à souligner. M. Bame a ensuite fait savoir que l’Éthiopie avait réalisé d’importants progrès pour atteindre les objectifs fixés par le Programme d’action de Bruxelles. Le pays connaît une croissance moyenne de 11,6% par an, et un plan de développement quinquennal y a été mis sur pied, a-t-il indiqué. M. Bame a par ailleurs appelé les partenaires au développement de l’Éthiopie à maintenir une allocation de ressources équilibrée en faveur de son pays et des autres PMA.
M. KHALIF (Égypte) a affirmé que la communauté internationale n’avait pas rempli ses engagements envers les PMA. Il est urgent d’établir un nouveau programme d’action en faveur de ces pays, un programme qui soit à la fois concret et pratique, et dont la mise en œuvre soit assurée au cours de la décennie 2011-2020. Cette mise en œuvre doit être assortie d’objectifs clairs et quantifiables et d’un calendrier de réalisation réaliste, a préconisé M. Khalif. Le représentant a réclamé l’adoption d’un partenariat mondial pour le développement « renouvelé et renforcé », où l’engagement pris par les pays développés de verser 0,7% de leur PIB à l’APD serait réaffirmé et tenu. M. Khalif a également évoqué la nécessité de la mobilisation urgente et impérative de ressources financières, le renforcement des partenariats, et l’amélioration de la résistance des PMA aux chocs extérieurs et aux catastrophes naturelles. L’Égypte estime que l’ONU et les institutions financières internationales doivent également intensifier l’appui qu’elles apportent aux PMA, a dit le représentant, qui a par ailleurs estimé que la situation prévalant sur le continent africain méritait qu’on lui accorde une attention particulière
M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a rappelé que son pays, qui est membre du Bureau du Comité préparatoire de la Conférence d’Istanbul, est pleinement engagé à faire de ce processus une réussite. Cette Conférence sera l’occasion non seulement d’examiner les progrès accomplis dans le cadre du Programme d’action de Bruxelles pour les pays les moins avancés (PMA), mais aussi de regarder vers l’avant, a-t-il dit. Le document final de la Conférence d’Istanbul devra être opérationnel et réaliste, en tenant compte des apports de toutes les parties prenantes (gouvernements, parlementaires, société civile et secteur privé), à tous les niveaux, a-t-il espéré. Il a aussi expliqué qu’il fallait adopter et mettre en œuvre des politiques publiques cohérentes pour pouvoir arriver à des résultats concrets dans les efforts de développement des PMA.
L’aide publique au développement (APD) est un complément important des ressources nationales, et elle permet de consolider les progrès accomplis, a souligné M. Logar, avant d’appeler les partenaires de développement à respecter leurs engagements qu’ils ont pris à ce titre. La Slovénie est récemment devenue un pays donateur, a-t-il indiqué, après avoir connu plusieurs transitions au cours des 20 dernières années. Outre la croissance économique, M. Logar a plaidé en faveur de la promotion de mécanismes d’atténuation de la pauvreté. Il a aussi appelé la communauté internationale à répondre de manière cohérente aux défis récents posés par les crises économique et financière, les changements climatiques, l’insécurité alimentaire et la crise énergétique. Les programmes nationaux de redressement, qui seront prévus dans le futur programme d’action d’Istanbul, devront être « verts », a-t-il ajouté.
M. SHIGEKI SUMI (Japon) a plaidé pour que le programme d’action en faveur des PMA pour la prochaine décennie, qui sera adopté à Istanbul, intègre et respecte le principe de l’appropriation nationale. Dans la mesure où l’objectif ultime de l’assistance aux PMA est de leur permettre la réalisation de leur développement durable, il est indispensable de mettre en place un mécanisme de croissance économique autonome qui ne soit pas entièrement dépendant de l’aide étrangère, a estimé le représentant. Cela passe, dans un premier temps, par un investissement accru dans le secteur productif, ainsi que par le renforcement du concept de sécurité humaine, a précisé M. Sumi. « Trop souvent, en effet, les PMA sont les premiers affectés par des chocs externes, qu’il s’agisse de catastrophes naturelles ou de crises économiques », a-t-il souligné. Enfin, le représentant a attiré l’attention du Comité préparatoire sur l’importance revêtue par les différentes formes de partenariats, notamment la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, et par une bonne implication de toutes les parties prenantes.
M. JAN GRAULS (Belgique) a indiqué que son pays se considère comme un des alliés des pays les moins avancés (PMA) les plus sincères et les plus actifs. Une part importante de l’aide publique au développement (APD) belge, soit 30%, est consacrée à ces pays, a-t-il indiqué en guise d’illustration. La Belgique a aussi fait un don de 400 000 euros pour soutenir le processus préparatoire de la quatrième Conférence des Nations Unies pour les PMA, a-t-il précisé. M. Grauls a estimé que l’aide au développement ne suffirait évidemment pas, à elle seule, à assurer le décollage économique et l’épanouissement humain dans les PMA. Il faut que les PMA passent d’une relation d’assistance avec les pays développés à un véritable partenariat économique dans l’intérêt mutuel des deux parties, a-t-il estimé. Les 49 PMA abritent 830 millions d’âmes humaines, a-t-il souligné, ce qui représente un potentiel unique de croissance et d’échanges sur le plan commercial, économique et humain, a estimé M. Grauls.
Il a par ailleurs soutenu qu’il fallait faire preuve d’une forte volonté et d’une foi en la capacité de chaque PMA pour pouvoir surmonter les difficultés particulières auxquelles ces pays sont confrontés, comme par exemple les contraintes géographiques ou la rareté des ressources et des capacités humaines. Il a souhaité que la Conférence d’Istanbul jette les bases de cette volonté commune renouvelée des PMA et de leurs partenaires au développement, en proposant une approche équilibrée combinant le développement des capacités de production, la création de richesses, et le développement du capital humain et social. Il faudra se concentrer sur un nombre restreint d’objectifs concrets tout en laissant suffisamment d’espace à chaque pays, pour mettre à profit les avantages comparatifs dont il dispose et trouver les réponses à ses vulnérabilités, a-t-il expliqué.
M. JOHN F. SAMMIS (États-Unis) a encouragé tous les acteurs concernés à faire entendre leurs voix pour la réussite de la décennie à venir en ce qui concerne le domaine du développement des pays les moins avancés (PMA). Le développement des pays les plus pauvres du monde est en effet un impératif économique pour nous tous, a-t-il déclaré. Les États-Unis ont versé 8,1 milliards de dollars en 2009 au titre de l’aide publique au développement (APD) et nous avons souhaité accroître cette aide à partir de 2010, a-t-il indiqué. Nous souhaitons également étendre notre programme d’aide alimentaire, a dit le représentant. Relevant que la diversité des réalités dans les différents PMA est synonyme de la nécessité d’adopter par conséquence des approches multiples, il a fortement insisté sur le besoin de faire en sorte que le prochain programme d’action en faveur des PMA se concentre sur des objectifs réalistes.
Pour les défis à relever dans le domaine du développement, telle que la promotion de la sécurité et de la gouvernance démocratique, il faut adopter des stratégies ciblées, a-t-il ajouté. Le représentant a aussi souligné que la responsabilité du développement incombe aux pays eux-mêmes, et a souhaité que le prochain programme d’action tienne compte de cette exigence. La science et la technologie jouent un rôle crucial pour le développement, a-t-il par ailleurs souligné. Il a aussi rappelé qu’assurer une bonne croissance dans le secteur agricole est un facteur important pour l’élimination de la pauvreté. Alors que les budgets se réduisent, il faut s’efforcer d’obtenir des résultats en matière d’élimination de la pauvreté et créer les conditions nécessaires pour que les pays ayant encore besoin d’assistance puissent s’en passer à l’avenir. Le représentant a aussi plaidé en faveur de la création de nouveaux outils de financement du développement, comme les investissements étrangers directs (IED) ou la coopération Sud-Sud.
Mme IRENE TEMBO (Zambie) a rappelé que si le Programme d’action de Bruxelles avait suscité de l’espoir, les mesures de soutien international nécessaires à sa mise en œuvre n’avaient pas été à la hauteur. Seuls deux pays du Groupe des PMA ont quitté cette catégorie au cours de la dernière décennie, a-t-elle souligné: il s’agit du Cap Vert en 2007, et des Maldives en 2010. En outre, elle a rappelé les crises survenues au cours de la même période: crises financière et économique, et crises alimentaire et énergétique, ainsi que les incidences négatives des changements climatiques. La persistance de haut niveau de pauvreté a été le défi principal posé aux PMA ces 10 dernières années, a-t-elle estimé. Dans le cas de la Zambie, elle a indiqué que l’investissement dans le secteur agricole y a été un des éléments principaux du développement de l’économie. Le pays entend désormais aussi investir dans le tourisme, l’industrie, l’énergie, la science et les technologies. Enfin, Mme Tembo a souligné l’importance pour les PMA de prendre des mesures assurant la mise en œuvre des programmes d’action adoptés en leur faveur, ceci avec le soutien de leurs partenaires.
Mme NATHALIE BROADHURST (France) a déclaré que le développement des PMA devait être au centre de l’agenda du développement. En effet, les caractéristiques de ces pays justifient qu’il y ait une mobilisation et une concentration des dons et des ressources en leur faveur, et que l’allocation de l’aide soit fondée sur les besoins et non uniquement sur les performances des PMA. Dans un contexte où l’on réfléchit de plus en plus au potentiel des financements innovants, la France a prôné la création d’une taxe sur les transactions financières internationales, initiative qui constitue une des priorités de la présidence française du G-20, a dit la représentante. La Conférence d’Istanbul doit en outre permettre de définir une approche globale des facteurs du développement, que la France défendra dans le cadre de sa présidence du G-8 et du G-20. Cette approche est essentiellement basée sur des principes qui sont le soutien renforcé à la gouvernance; et l’appui aux fondamentaux de la croissance, ainsi qu’aux secteurs sociaux prioritaires pour permettre un développement endogène et durable. La France estime que les PMA devront notamment bénéficier d’un accompagnement spécifique face aux effets des changements climatiques. La lutte contre l’insécurité doit par ailleurs être une des priorités à promouvoir: c’est la raison pour laquelle la France a annoncé qu’elle s’attaquerait à la question de la régulation des cours des matières premières et des produits agricoles, et à l’insertion progressive des PMA dans le commerce international, a indiqué la représentante.
Mme WANG HONGBO (Chine) a rappelé les mesures concrètes prises par la communauté internationale pour assurer le développement des pays les moins avancés (PMA), tout en soulignant l’appui qui est encore nécessaire pour que ces pays puissent réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. La faiblesse des infrastructures de base et les problèmes de financement du développement sont les difficultés principales qui se posent aux PMA dans leur processus de développement, a-t-elle expliqué. Il est donc important de bien préparer la Conférence d’Istanbul, dont le résultat aura un impact sur le développement durable des pays concernés au cours de la décennie qui commence, a préconisé la représentante. La Chine espère que le respect des anciens et des nouveaux engagements permettra aux PMA de parvenir à un développement durable dans les années qui viennent, a-t-elle indiqué.
Parmi les éléments clefs à faire figurer dans le document final de la Conférence PMA IV, Mme Wang a cité la réduction de la pauvreté et de la faim; l’appropriation par les pays de leur processus de développement; et la prise et la mise en œuvre de mesures intégrées d’allègement de la dette et d’investissement. Il faudra aussi que ce document final réaffirme les objectifs de l’aide publique au développement (APD), qui avaient été fixés dans le Programme d’action de Bruxelles, et améliore la prévisibilité et la stabilité des ressources mises à la disposition des PMA. Il faut en outre mettre l’accent sur l’agriculture et offrir aux PMA un soutien en matière d’adaptation aux effets du réchauffement de la planète et d’atténuation aux impacts des changements climatiques, a ajouté la représentante. Elle a enfin indiqué que la Chine fournit un grand soutien aux PMA dans le cadre de la coopération Sud-Sud.
M. HASAN KLEIB (Indonésie) a reconnu que, malgré quelques progrès accomplis depuis l’adoption du Programme d’action de Bruxelles, il restait encore beaucoup à faire pour promouvoir et assurer la croissance économique et sociale des pays les moins avancés (PMA). Le nouveau programme d’action qui sera élaboré à Istanbul, lors de la quatrième Conférence des Nations Unies pour les PMA, devra soutenir ces pays en stimulant leur croissance économique et en contribuant au renforcement de leurs capacités de production, d’épargne et d’investissement, a recommandé M. Kleib. Cela permettra aux PMA de renforcer leur compétitivité, a-t-il expliqué, car ils n’ont pas les capacités de production et les structures commerciales qui leur sont nécessaires. Il a aussi invité la communauté internationale à fournir aux PMA les outils qui leur permettraient de s’attaquer aux défis environnementaux, notamment par le biais d’une stratégie de développement vert. Parmi les autres éléments importants à aborder dans le document final de la future Conférence PMA IV, il a cité la productivité agricole, le transfert de technologies, le renforcement de la gouvernance, et la coopération Sud-Sud. Le partenariat mondial entre les PMA et leurs partenaires de développement doit se poursuivre de manière sûre et effective, a-t-il ajouté.
Mme TINE MOCH SMITH (Norvège) a indiqué que son pays est un partenaire engagé des pays les moins avancés (PMA). La Norvège voit dans la Conférence d’Istanbul une occasion importante de renouveler le partenariat mondial concernant la promotion du développement des PMA. Le document final de la Conférence PMA IV devra rappeler les principes fondamentaux à respecter dans les efforts de développement, notamment les droits de l’homme, l’égalité des sexes, la bonne gouvernance et la démocratie, a-t-elle préconisé. La Norvège s’est aussi engagée à contribuer financièrement aux efforts internationaux de développement, a indiqué Mme Moch Smith, précisant qu’elle consacre plus de 1% de son revenu national brut à l’aide au développement, dont une grande partie est destinée aux PMA. Elle a aussi souligné l’importance de trouver d’autres mécanismes pour alléger la dette de ces pays. En ce qui concerne les efforts au niveau national, elle a invité les PMA à mobiliser leurs ressources nationales, notamment en luttant contre la corruption et en augmentant le niveau de transparence dans la gestion de leurs affaires. Mme Moch Smith a également rappelé l’intérêt que porte son pays à la question du prélèvement d’une taxe sur les transactions financières pour constituer des ressources en faveur du financement du développement. Enfin, concernant les changements climatiques, elle a demandé que le document final d’Istanbul tienne compte de ce défi pour la croissance durable.
M. HERNANDEZ (Cuba) a rappelé que la situation des PMA s’était encore dégradée, en raison de l’impact de la crise économique et financière sur ces pays et sur le reste du monde. Si nous souhaitons que la quatrième Conférence des Nations Unies qui leur est consacrée soit couronnée de succès, il faut s’attaquer aux problèmes structurels qui se posent à ces pays, a-t-il préconisé. Les pays développés doivent, pour commencer, s’acquitter de leurs obligations, en mobilisant des flux plus importants d’aide publique au développement et en promouvant plus ceux de l’investissement étranger direct (IED). Aucun plan d’action ne saurait être efficace si les pays les plus avancés continuent de recourir à des mesures protectionnistes pour protéger leurs marchés contre la concurrence des produits des pays en développement, a déclaré le représentant, qui a ajouté qu’il était temps de faire preuve de plus de détermination et de volonté politique.
M. ARAYA DESTA (Érythrée) a rappelé qu’il ne serait pas possible d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement sans que des progrès substantiels soient accomplis dans les pays les moins avancés (PMA). Malgré les différents programmes d’action adoptés au cours des trois dernières décennies, il a regretté qu’aucun véritable résultat n’ait été atteint qui aurait permis de sortir les PMA de la pauvreté et d’y éliminer la faim. Pour l’Érythrée, la priorité est de parvenir à la sécurité alimentaire, a-t-il indiqué. Le pays a investi des centaines de millions de dollars dans les infrastructures agricoles, a précisé M. Desta. Dans le domaine du commerce, il a dit que sa délégation était encouragée par la part croissante des PMA dans le commerce mondial des biens, qui est passée de 0,62 % en 2002 à 1,08% des échanges mondiaux en 2008. L’annonce par la Chine, en septembre 2010, de son engagement à introduire des tarifs avantageux pour l’accès à son marché de tous les produits provenant des PMA est la bienvenue, a-t-il indiqué, se félicitant aussi de la déclaration faite ce matin par le Brésil qui a l’intention de prendre des mesures similaires. M. Desta a aussi plaidé en faveur du maintien de l’aide publique au développement (APD) et de l’aide au commerce, notamment à travers des cadres intégrés renforcés.
M. WALI NAEEMI (Afghanistan) a souligné que les PMA sortant d’un conflit attendaient beaucoup de la Conférence d’Istanbul. La Conférence PMA IV sera un succès si la volonté politique de la communauté internationale est au rendez-vous, a-t-il affirmé, soulignant qu’un effort commun doit être fait dans un contexte toujours marqué par l’impact de la conjonction des crises économique, financière, alimentaire, énergétique et climatique. Les PMA sortant d’un conflit font face à des difficultés structurelles sur la voie de leur relèvement et de la promotion de leur développement, a-t-il ajouté. Il a noté que la réalisation des OMD dans ces pays reste compromise par la persistance de la pauvreté et de la faim. Pour M. Naeemi, le document final de la Conférence d’Istanbul devra prévoir un paquet de mesures d’appui qui soient internationales, efficaces et ambitieuses, et à même de faciliter la mise en œuvre de la résolution 63/227 de l’Assemblée générale. Il a également demandé que la Conférence établisse un mécanisme de suivi de la mise en œuvre du prochain programme d’action en faveur des PMA.
M. FEDERICO ALBERTO CUELLO CAMILO (République dominicaine) a déclaré qu’il fallait parvenir à un programme d’action en faveur des PMA qui soit ambitieux et révisé par rapport à celui de Bruxelles, et qui tienne compte de la situation de la femme, comme l’a fait observer le représentant de la Norvège. Dans un contexte où la crise économique et financière a annulé et souvent négativement inversé les gains dont les PMA avaient pu bénéficier au cours de la dernière décennie en matière de développement, la Conférence d’Istanbul doit être une occasion de mettre en place un mécanisme de suivi du document final qui sera adopté à l’issue de ses travaux, a ajouté le représentant.
Mme CHOWDHURY (Finlande) a indiqué que l’appui de son pays aux PMA continue de croître, ainsi que le montant des ressources consacrées par la Finlande à l’aide publique au développement (APD). Mais l’APD ne peut être qu’un élément de la promotion du développement durable, a-t-elle observé. Il faut aussi développer les capacités productives et commerciales, ainsi qu’assurer la création d’un environnement propice aux investissements, a-t-elle recommandé. Les politiques de développement doivent être liées aux autres politiques, notamment celles portant sur les changements climatiques, a-t-elle en outre estimé. La représentante a rappelé que, bien qu’il y ait eu de nombreux changements au cours des 10 dernières années, le Programme d’action de Bruxelles restait une bonne base de promotion du développement dans les PMA. Mais, à Istanbul, il faudra aussi tenir compte des nouveaux défis et des solutions émergentes, a-t-elle ajouté.
M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a estimé que les défis innombrables auxquels sont confrontés les PMA exigent qu’on leur apporte une réponse viable sur le long terme et sur la durée. Aussi est-il nécessaire d’investir des ressources suffisantes et prévisibles dans le développement de leurs infrastructures, de leur agriculture, de leurs technologies de l’information et des communications, et dans le transfert des sciences et de la technologie dont ces pays ont besoin. Après avoir regretté que la plupart des PMA se trouvent en Afrique, le représentant a déclaré qu’il était impératif pour les pays développés de respecter les engagements pris en faveur de l’assistance au développement. M. Sangqu a ajouté en conclusion qu’il fallait saisir l’ouverture de la nouvelle décennie comme l’occasion de réaffirmer la solidarité de la communauté internationale avec les pays les moins avancés.
M. CHARLES GORE, Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a énuméré les différentes réunions d’experts qui ont eu lieu depuis 2009 en préparation de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA). Une de ces rencontres a eu lieu à Kampala, en Ouganda, en octobre 2009, une autre à Genève en février 2010, et une autre à Caen, en France, en octobre 2010, a-t-il notamment précisé. Même si les PMA ont accompli des progrès significatifs en matière de performances macroéconomiques, les progrès en termes de réduction de la pauvreté ont été lents et leur vulnérabilité économique reste importante, a-t-il constaté. Ces pays doivent créer des emplois pour utiliser au mieux le potentiel de leurs nombreux jeunes, qui arrivent sur le marché de l’emploi. Ils doivent aussi renforcer leurs capacités de production, a ajouté M. Gore. De l’avis du représentant, la bonne gouvernance est également essentielle pour les PMA, qui doivent jouir d’une certaine autonomie pour piloter leur propre processus de développement. En outre, a-t-il estimé, les mesures d’appui international aux PMA ne sont toujours pas adaptées à la réalité de ces pays. Il a donc invité les partenaires de développement des PMA à améliorer les régimes économiques mondiaux pertinents à cet égard. Nous plaidons en faveur d’une nouvelle architecture du développement pour les PMA, avec des mesures cohérentes en matière de financement, d’investissement, de technologie, de commerce, de matières premières et de changements climatiques, a-t-il expliqué.
Mme MICHELLE KLEIN SOLOMON, Observatrice permanente de l’Organisation internationale pour les migrations auprès des Nations Unies (OIM), a fait savoir que l’OIM avait coorganisé en mai dernier une série d’événements préparatoires à la Conférence d’Istanbul sur le thème: « migration, développement et envois de fonds » dans le contexte des PMA. Un document de synthèse des travaux de ces réunions sera transmis à la Conférence PMA IV, a-t-elle indiqué, notant que ce document comportait plusieurs recommandations parmi lesquelles figure la nécessité de renforcer la collecte des données sur le phénomène migratoire dans les PMA, ainsi que celle d’optimiser les bénéfices de la mobilité humaine à l’heure de la mondialisation. L’intervenante a estimé que les recommandations de l’OIM devaient être prises en considération dans l’élaboration du prochain programme d’action en faveur des PMA, surtout « maintenant que le lien entre migration et développement est clairement établi ». Mme Klein Solomon a également souhaité que la relation de cause à effet qui existe entre le réchauffement de la planète et l’accroissement des flux migratoires soit reflétée en bonne place dans le document final de la Conférence d’Istanbul. Les PMA, en particulier ceux concernés par les flux internes et transfrontaliers de travailleurs migrants, devront pouvoir compter sur l’appui de la communauté internationale, y compris l’appui financier, pour répondre à l’impact humain et environnemental causé par les changements climatiques, a-t-elle déclaré.
M. PARVINDAR SINGH, Chef du Programme de l’Unité de gestion et d’évaluation du Fonds commun pour les produits de base, a déclaré qu’il était convaincu que les produits de base constituent le moteur du développement des pays les moins avancés. Aussi a-t-il évoqué la nécessité de réduire les risques et la vulnérabilité posés par l’élargissement des marchés. Des recommandations ont été formulées à cet égard sous l’égide de la CNUCED, a rappelé M. Singh, et ce, afin de mettre en place un fonds de diversification de ces produits. Dans ce contexte, la mobilisation de ressources financières est indispensable, a-t-il estimé, en citant en particulier le besoin de l’augmentation des niveaux de l’aide publique au développement.
M. MASSIMILIANO LA MARCA, Organisation internationale du travail (OIT), a expliqué qu’il fallait faire en sorte que la croissance et les investissements portent des fruits dans le domaine de la création d’emplois, car celle-ci n’est pas une conséquence automatique de la croissance, comme cela a été observé ces dernières années. Il faut aussi que les programmes publics en matière d’emploi ciblent les femmes et les jeunes, qui sont les catégories de la population les plus vulnérables dans ce secteur, a-t-il ajouté. Il a indiqué que l’OIT avait lancé un « Pacte mondial pour l’emploi », qui propose des solutions éprouvées pour une bonne croissance en matière d’emplois et pour une transition vers un développement durable. L’autre aspect critique de l’emploi dans les PMA est la sous-utilisation de la main-d’œuvre disponible, a expliqué le représentant de l’OIT. Il a invité la communauté internationale à s’attaquer au secteur informel afin d’y promouvoir une protection des droits des travailleurs qui y œuvrent. L’OIT joue un rôle dans ce domaine en préconisant la promotion d’une protection sociale de base, a indiqué M. La Marca. Les politiques menées à cet égard sont importantes pour les PMA, et notamment pour le développement de leurs capacités productives, a-t-il souligné. L’OIT envisage de publier, au mois de mars, un rapport analytique qui présentera les vulnérabilités actuelles dans le domaine de l’emploi et proposera des politiques qui pourraient être adoptées et suivies, a-t-il enfin indiqué.
M. ANTHONY MOTHAE MARUPING, Président du Conseil d’administration du Cadre intégré renforcé pour les pays les moins avancés, a fait état des initiatives lancées par cet organisme créé par les PMA eux-mêmes. Le Cadre intégré réalise l’appropriation des programmes liés aux initiatives proposées par ces pays, et il comporte un mécanisme d’évaluation de leur mise en œuvre. Des idées brillantes, s’appuyant sur le Programme d’action de Bruxelles, seront bientôt proposées, a souligné le Président du Conseil d’administration du Cadre, qui a souhaité qu’elles soient pleinement intégrées au processus préparatoire de la Conférence PMA IV.
Mme LILA RATSIFANDRIHAMANANA, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a rappelé l’importance du secteur agricole pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement dans les pays les moins avancés (PMA), où le secteur agricole emploie 70% de la population active. Les PMA ont besoin de développer ce secteur pour réduire leurs importations alimentaires, a-t-elle rappelé. Les investissements dans l’agriculture permettront notamment de combler des lacunes technologiques et le manque de débouchés vers certains marchés, a-t-elle fait valoir. Il faut donc intégrer cet objectif dans les stratégies nationales, a préconisé la représentante de la FAO. Elle a aussi expliqué l’intérêt qu’il y a à faciliter l’autonomisation des fermiers et des agriculteurs de subsistance, et celui de reconnaître le rôle crucial que jouent les femmes dans l’agriculture et dans l’assurance de la sécurité alimentaire. Elle a en outre lancé un appel en faveur de l’amélioration du système de surveillance mondial sur les exportations agricoles. Parmi les autres mesures à prendre, elle a conseillé que soit renforcé le cadre règlementaire permettant de réguler la volatilité des marchés et des prix des produits alimentaires.
Mme LUCIANA MERMET, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a rappelé l’importance de mettre au point un nouveau programme d’action, assorti d’une nouvelle vision, qui articule la détermination de la communauté internationale en faveur des PMA. En ce qui le concerne, le PNUD est prêt à les soutenir, notamment en mettant au point un nouvel outil, le plan d’accélération de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a dit la représentante. Jusqu’ici mis en œuvre dans 10 pays pilotes, ce plan a permis de démontrer que l’instauration d’une bonne gouvernance démocratique pouvait être facteur de développement et que le respect des règles et stratégies énoncées pouvait permettre aux pays d’être radiés de la liste des PMA, a précisé la représentante.
M. KIFLÉ SHENKORU, Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), a énuméré les différentes réunions d’experts qui ont permis de préparer la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) dans le domaine de la propriété intellectuelle. La première réunion régionale a eu lieu à Kampala, en Ouganda, en décembre 2009, puis la deuxième s’est tenue à Cotonou, au Bénin, en avril 2010. Les deux autres réunions ont eu lieu au Bangladesh et au Mozambique, a précisé le représentant. Il a expliqué que l’évènement parallèle qui sera organisé à Istanbul sur les questions de propriété intellectuelle, en marge de la Conférence PMA IV, se concentrera sur la prise de mesures dont la mise en œuvre sera assortie de calendriers, pour, notamment, promouvoir l’établissement de centres de technologies dans tous les PMA, l’utilisation des marques pour la promotion des produits des PMA, et le renforcement des infrastructures pour améliorer la créativité dans ces pays.
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