Conseil de sécurité: le Représentant spécial exhorte le Soudan et le Soudan du Sud à retirer leurs forces de la zone d’Abyei, alors que débute la migration des nomades misseriya
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Conseil de sécurité
6679e séance – matin
CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL EXHORTE LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD À RETIRER LEURS FORCES
DE LA ZONE D’ABYEI, ALORS QUE DÉBUTE LA MIGRATION DES NOMADES MISSERIYA
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, a affirmé ce matin, devant le Conseil de sécurité, que les Forces armées du Soudan et du Soudan du Sud ne s’étaient toujours pas retirées de la région d’Abyei, et ce, en violation de l’Accord du 20 juin qui engage les deux parties à mettre en place l’administration d’Abyei. M. Ladsous, qui présentait le rapport* du Secrétaire général sur l’évolution de la situation dans la région et les activités de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), a fait remarquer que la situation dans la région demeurait fragile.
« La présence de ces forces armées et l’absence de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord du 20 juin sont de plus en plus inquiétantes alors que débute la migration des Misseriya à travers la région d’Abyei », a-t-il affirmé, dans le droit fil du rapport du Secrétaire général.
Le Secrétaire général parle, en effet, dans son rapport, d’« une situation intenable », en raison de la menace que fait peser la présence des forces des deux parties sur la migration vers le sud des nomades Misseriya, déjà arrivés dans la région, et sur le retour des réfugiés Ngok Dinka.
Outre les tensions déjà existantes entre les Misseriya et les Ngok Dinka, M. Ladsous a ajouté que la présence d’armes parmi les nomades était un autre motif de préoccupation, dans un contexte marqué par l’absence de négociations entre les deux communautés sur le déroulement pacifique de la migration.
Le Secrétaire général adjoint a détaillé, à l’aide d’une carte d’Abyei, les points de stationnement dans la zone des forces du Soudan et du Soudan du Sud. « Il semblerait que les deux parties soient en train de remplacer leur personnel militaire par des policiers, en contradiction avec la lettre et l’esprit de l’Accord du 20 juin », a-t-il affirmé.
Le représentant du Soudan du Sud, M. David Buom Choat, convié à prendre part à la réunion de ce matin, a assuré, quant à lui, que la grande majorité des forces sud-soudanaises s’étaient retirées de la région d’Abyei. « Les éléments de police sud-soudanais présents dans la région seront intégrés à la force de police pour Abyei qui sera créée en application de l’Accord du 20 juin », a-t-il précisé, en ajoutant que la présence de ces policiers était nécessaire pour maintenir l’ordre.
Appelant le Soudan à se retirer de la zone, M. David Buom Choat a déclaré qu’il était « inacceptable » que ce retrait soit conditionné à l’établissement des institutions de l’administration d’Abyei.
Le représentant du Soudan, M. Daffa-Alla Elhag AliOsman, également convié à participer à cette réunion, a attribué pour sa part, les lenteurs dans l’application de l’Accord du 20 juin aux réserves émises par le Gouvernement sud-soudanais sur les nominations proposées par le Gouvernement soudanais. Il a qualifié ces réserves de moyen d’« obstruction ».
Le représentant du Soudan du Sud lui a répondu, en faisant remarquer que l’administrateur proposé par le Soudan n’était pas un résident de la région d’Abyei, comme cela était convenu. « La personne qui doit être nommée par le Soudan pour occuper le poste de Président du Conseil législatif doit être un membre de la tribu Ngok Dinka, originaire d’Abyei », a-t-il rappelé.
Le Gouvernement du Soudan du Sud exacerbe les tensions en assurant le financement direct et la fourniture en armes de mouvements rebelles, a accusé le représentant du Soudan.
« Nous avons soumis au Conseil de sécurité des éléments prouvant l’implication du Gouvernement du Soudan du Sud dans les tentatives de déstabilisation des États soudanais du Kordofan du Sud et du Nil bleu », a-t-il affirmé, en estimant « qu’il était temps que le Conseil se penche sur cette question ».
Répondant à ces commentaires, le représentant du Soudan du Sud lui a répondu en affirmant que son pays ne soutenait aucun groupe d’opposition au Kordofan du Sud. « Ces accusations, fréquemment brandies par le Soudan à notre encontre, sont sans fondement », a-t-il affirmé.
Le Secrétaire général adjoint a ensuite fait le point sur les négociations qui se sont tenues entre le Soudan et le Soudan du Sud fin novembre à Addis-Abeba, relatives au pétrole, aux arrangements financiers transitoires et à la question des frontières. Il a relevé que les positions des deux parties étaient « trop éloignées pour aboutir à un accord », en ajoutant qu’aucun progrès n’avait été accompli sur l’adoption d’une carte opérationnelle définissant une zone frontalière démilitarisée de sécurité.
La mise en place du mécanisme conjoint de surveillance des frontières, convenu par les parties dans l’Accord du 30 juillet, a-t-il souligné, est cruciale pour ramener la confiance entre le Soudan et le Soudan du Sud.
Précisant que 2 853 soldats de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) étaient maintenant sur le terrain, le Secrétaire général adjoint a souhaité que le Conseil de sécurité réponde favorablement à la prorogation du mandat de la FISNUA, afin d’y intégrer l’appui au mécanisme conjoint de surveillance des frontières.
Tout en réaffirmant la détermination de son pays pour que l’Accord du 30 juillet soit pleinement mis en œuvre, le représentant du Soudan du Sud s’est dit « très préoccupé » par l’attaque récente des Forces armées soudanaises à Jaw, dans l’État de l’Unité. M. Buoam Choat a tenu à rappeler que Jaw faisait partie intégrante du Soudan du Sud et abritait les quartiers généraux de la neuvième division de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA). « Le Soudan a toujours accepté cette situation », a-t-il déclaré.
Faisant une mise au point, le délégué du Soudan a tenu à préciser « que Jaw appartenait au Soudan et que la présence du SPLA dans cette région y était illégitime ».
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