Conseil de sécurité: exposé d’Alain Le Roy, Chef des opérations de maintien de la paix, sur le déploiement de la Force intérimaire de sécurité de l’ONU pour Abyei
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6593e séance – après-midi
CONSEIL DE SÉCURITÉ: EXPOSÉ D’ALAIN LE ROY, CHEF DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX, SUR LE DÉPLOIEMENT DE LA FORCE INTÉRIMAIRE DE SÉCURITÉ DE L’ONU POUR ABYEI
M. Alain Le Roy, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a fait cet après-midi au Conseil de sécurité une présentation sur la situation à Abyei. Au cours de son intervention devant les membres du Conseil, M. Le Roy a fourni des informations détaillées sur le déploiement en cours de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), créée le 27 juin dernier, pour une période de six mois, aux termes d’une résolution adoptée ce jour-là par le Conseil. M. Le Roy a décrit la situation sécuritaire et humanitaire à Abyei en la qualifiant « d’encore critique », tout en saluant la détermination des parties à éviter une escalade de la violence et à coopérer avec la FISNUA.
Après l’accord conclu le 20 juin entre le Gouvernement du Soudan et le Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS), et qui concerne les arrangements temporaires à respecter pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement de la FISNUA, qui est une force composée de troupes éthiopiennes, afin qu’elle puisse contrôler le retrait de toutes les forces armées d’Abyei, a rappelé M. Le Roy. La Force comprend aussi 50 officiers de police dont la mission est de soutenir la formation des services de police d’Abyei, ainsi qu’un nombre limité de civils.
M. Le Roy a annoncé que, depuis hier, mardi 26 juillet 2011, 521 soldats sur les 4 200 prévus au total ont été déployés sur le terrain, dont 41 dans la ville d’Abyei et 110 autres à Diffra. Il reste 495 soldats en situation d’attente de déploiement sur Abyei, a-t-il ajouté. Nous espérons qu’il y aura 1 200 soldats dans la zone d’opération d’ici à la fin du mois de juillet, a-t-il dit.
Le Secrétaire général adjoint a reconnu que le déploiement des contingents de la FISNUA fait face à diverses difficultés, telles que le manque de logements. Il a cependant assuré qu’il travaillait en étroite collaboration avec le Gouvernement du Soudan pour surmonter ces défis. Certains militaires destinés à la FISNUA se sont retrouvés bloqués pendant plusieurs jours à Kadugli, ville située au Kordofan méridional, et la Force fait face à une pénurie de denrées alimentaires que devraient recevoir les troupes stationnées à Abyei, a indiqué M. Le Roy.
Nous travaillons donc avec le Gouvernement soudanais pour nous faciliter l’acquisition de terrains, afin de construire des logements après la saison des pluies, ainsi que pour obtenir un accord sur le statut de la Force, a dit M. Le Roy.
Alors que la situation en matière de sécurité reste tendue à Abyei, il a salué la détermination des deux parties à éviter une escalade des tensions et de la violence et à coopérer avec la FISNUA. Dès son arrivée, dans les prochains jours, le Chef de la Force, le général Tadesse Werede Tesfay, de l’Éthiopie, discutera avec les Forces armées soudanaises du calendrier précis du retrait de ces Forces dont de nombreux éléments sont toujours présents au nord du fleuve Kiir/Bahr Al Arab.
En ce qui concerne la situation humanitaire, M. Le Roy a rappelé les propos tenus par Mme Valerie Amos, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, devant le Conseil de sécurité le 15 juillet dernier. Elle avait estimé à 113 000 le nombre de personnes déplacées, dont 27 000 se trouvent à Agok, à 40 kilomètres au sud d’Abyei, tandis que les autres sont au Soudan du Sud. Les agences humanitaires ont délocalisé leur personnel afin de fournir une aide d’urgence aux personnes déplacées, a précisé M. Le Roy, en signalant les potentielles pénuries de produits alimentaires, d’abris et d’autres moyens de subsistance auxquelles les populations pourraient avoir à faire face dans l’avenir dans la zone d’Abyei.
En ce qui le concerne, le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) prévoit d’envoyer une mission d’évaluation à Abyei dès que possible, pour se pencher sur les évènements des mois de mai et de juin derniers, notamment sur les allégations faisant état de violations des droits de l’homme.
Bien que le déploiement de la FISNUA soit une avancée positive, l’amélioration durable de la situation dépend de la mise en œuvre de l’accord du 20 juin et de l’évolution du statut d’Abyei, a prévenu Alain Le Roy. Les parties se sont communiquées leurs propositions en ce qui concerne la composition de l’Administration de la zone d’Abyei, mais les nominations suggérées n’ont pas encore été finalisées, a-t-il indiqué.
Selon le Secrétaire général adjoint, « Abyei est un élément critique lié à des questions plus larges qui se posent en matière de sécurité, de politique et d’économie ». Ces questions doivent être résolues entre les deux Soudan, a-t-il expliqué, en citant celles de la démarcation et de la gestion commune de la frontière, du problème posé par la violence qui sévit au Kordofan méridional, ainsi que les tensions dans l’État du Nil Bleu.
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a noté la signature d’accords, les 28 et 29 juin, ayant trait à cet État et à celui du Kordofan, ainsi qu’à la sécurité à la frontière. La situation au Kordofan méridional reste alarmante, a averti M. Le Roy, indiquant qu’il continuait à demander aux parties de parvenir à un cessez-le-feu aussi vite que possible.
Le Secrétaire général adjoint a également rappelé que l’accord du 29 juin exigeait de la FISNUA qu’elle fournisse une force de protection pour le contrôle et la vérification de la frontière. « Nous sommes en train de consulter les parties afin de préciser la nature d’une telle mission et le rôle éventuel de protection que pourrait jouer la FISNUA », a annoncé M. Le Roy. Il a ajouté que le Secrétaire général préparera des recommandations sur ce sujet, et qu’elles seront soumises au Conseil de sécurité afin qu’il examine le soutien que l’ONU peut apporter à ce mécanisme.
« Nous devons continuer à aider les parties à trouver un accord sur les questions encore non résolues, notamment celle du statut définitif d’Abyei », a conclu M. Le Roy. Il a estimé que les arrangements sur le partage des richesses et sur la citoyenneté doivent être examinés en priorité. Il a aussi exhorté les membres du Conseil à coordonner leur soutien bilatéral au Soudan et au Soudan du Sud avec le Groupe de haut niveau de l’Union africaine, afin de favoriser la résolution rapide des questions en suspens.
Il a enfin indiqué que le Groupe de haut niveau convoquera les Gouvernements des deux pays à Addis-Abeba les 28 et 29 juillet prochain, afin d’aborder avec eux les questions de sécurité et les arrangements financiers de transition, dans l’espoir que les parties saisiront cette occasion pour régler les autres questions.
Le rapport du Secrétaire général sur la situation à Abyei sera publié sous la cote S/2011/451.
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