Le Conseil de sécurité craint que les effets des changements climatiques n’aggravent « à long terme » les menaces à la paix et à la sécurité internationales
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6587e séance – matin et après-midi
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ CRAINT QUE LES EFFETS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES N’AGGRAVENT « À LONG TERME » LES MENACES À LA PAIX ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
M. Ban Ki-moon appelle les pays développés et les puissances
émergentes à jouer leur rôle dans la lutte contre les changements climatiques
Le Conseil de sécurité, au terme d’un long débat qui a réuni plus d’une soixantaine de délégations, a exprimé, dans une déclaration présidentielle, sa crainte de voir les « effets préjudiciables éventuels des changements climatiques » aggraver « à long terme » les « menaces existantes à la paix et à la sécurité internationales ».
Dans le même temps, le Conseil de sécurité, qui réaffirme sa « responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales », se dit « conscient de la responsabilité qui incombe à l’Assemblée générale et au Conseil économique et social pour ce qui a trait au développement durable et, notamment, aux changements climatiques ».
De son côté, le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, dont l’allocution a ouvert ce débat public présidé par l’Allemagne, a assuré que les changements climatiques constituaient une « menace à la paix et à la sécurité internationales ».
Il a appelé les pays développés à assumer leur rôle de chef de file dans ce domaine, tout en soulignant la part de responsabilité qui incombe aux pays émergents.
Le Secrétaire général a demandé à la communauté internationale de prendre des mesures importantes et des engagements clairs concernant l’atténuation des effets du réchauffement climatique lors de la prochaine Conférence des parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCC), qui se tiendra à Durban, en Afrique du Sud, au mois de décembre.
Pour le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), M. Achim Steiner, « notre capacité à gérer les conséquences les plus dangereuses des changements climatiques dépendra d’une stratégie définie par des plateformes, mécanismes et institutions internationaux réformés ou nouveaux et capables d’anticiper les problèmes et de faciliter la coopération ».
« La communauté internationale peut éviter les conflits, les tensions et l’insécurité liés aux changements climatiques si elle met en place une réponse collective et ciblée qui s’attaque aux racines, à l’ampleur, à la volatilité et à la rapidité des défis émergents », a également souligné M. Steiner.
Dans sa déclaration présidentielle, lue par son Président pour le mois de juillet, l’Ambassadeur Peter Wittig, de l’Allemagne, le Conseil de sécurité « exprime sa préoccupation devant les répercussions que la perte de territoire de certains États par suite de l’élévation du niveau de la mer pourrait avoir sur la sécurité ».
Par ailleurs, il souligne la résolution 63/281 de l’Assemblée générale en date du 3 juin 2009, laquelle « réaffirme que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est l’instrument clef de la recherche d’une solution aux changements climatiques ».
Au cours de ce débat, intitulé « Maintien de la paix et de la sécurité internationales: les répercussions des changements climatiques »*, les délégations se sont surtout opposées sur l’opportunité pour le Conseil de la sécurité de se saisir d’une telle question.
Le Conseil avait débattu pour la première fois de la relation entre énergie, climat et sécurité le 17 avril 2007**, sous la présidence du Royaume-Uni, discussion qui avait alors rassemblé une cinquantaine de délégations.
Le Président de la République de Nauru, M. Marcus Stephen, qui s’exprimait au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a demandé au Conseil de sécurité de s’attaquer aux causes des conflits qui pourraient éclater en raison de l’impact déstabilisateur des changements climatiques.
« Le Conseil doit évaluer les risques que fait peser le climat sur la paix et la sécurité internationales de la même manière qu’il l’a fait concernant la pauvreté, la compétition pour l’accès aux ressources naturelles et le VIH/sida », a-t-il ajouté.
« Le Conseil de sécurité doit commencer, aujourd’hui et dans les jours à venir, à agir », a lancé la représentante des États-Unis, qui a jugé « plus que décevant » et « pathétique » le silence et l’inaction que préconisaient sur cette question, selon elle, certains pays.
Pour son homologue du Royaume-Uni, une déclaration présidentielle du Conseil de sécurité devrait envoyer un message selon lequel il est important pour cet organe d’accorder une attention accrue à la lutte contre les changements climatiques.
Le délégué de la Fédération de Russie s’est, quant à lui, montré sceptique face aux tentatives d’inscrire la question des changements climatiques à l’ordre du jour du Conseil de sécurité. « De nombreux pays, a-t-il expliqué, ne sont pas prêts à voir le Conseil de sécurité s’engager en faveur de la question sur les changements climatiques. »
Au nom du Mouvement des pays non alignés, le représentant de l’Égypte a ainsi estimé que sa délégation était préoccupée par la tendance du Conseil de sécurité à empiéter sur les fonctions et pouvoirs de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social, « pour traiter de questions ne relevant pas traditionnellement de son ressort ». Un tel empiètement constitue, a renchéri son collègue de l’Argentine, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, une « distorsion des principes et des objectifs de la Charte des Nations Unies », qui entame l’autorité des autres organes.
** CS/9000
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Les répercussions des changements climatiques
Lettre datée du 1er juillet 2011, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Allemagne auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2011/408)
Déclarations
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que, lorsque le Conseil de sécurité s’est pour la première fois penché sur la question des changements climatiques en 2007, il y a eu un débat « vigoureux » sur le fait de savoir si cet examen était approprié et si le Conseil devait se saisir du sujet. « Cela n’est pas seulement approprié, mais essentiel », a-t-il indiqué, soulignant que la réalité des changements climatiques ne fait qu’augmenter les menaces à la paix et à la sécurité internationales. « Le Pakistan, les îles du Pacifique, la Fédération de Russie, l’Europe de l’Ouest, les Philippines, la Colombie, l’Australie, le Brésil, les États-Unis, la Chine, la corne de l’Afrique, sont des exemples pour nous rappeler l’urgence qu’il y a à agir », a déclaré le Secrétaire général.
M. Ban a observé que des centaines de millions de personnes à travers le monde risquent de manquer d’aliments et d’eau, et que la concurrence entre les communautés et les pays pour des ressources de plus en plus rares ne cesse de croître. Les réfugiés environnementaux changent le visage de la géographie humaine de la planète, et ceci va s’accentuer, a averti M. Ban Ki-moon. Tout cela représente des menaces à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il prévenu.
Depuis le rapport soumis en 2009, a-t-il remarqué, les États ont conclu des accords-cadres sur les changements climatiques à Copenhague et à Cancún, a rappelé M. Ban. Il a appelé à les mettre en œuvre rapidement. Il a aussi invité les États Membres à discuter du financement indispensable dans ce domaine. Ceci doit être fait de manière pragmatique, et il faut arriver à mettre en place un financement rapide et à long terme pour promouvoir la lutte contre le réchauffement de la planète. En outre, le Secrétaire général a demandé à la communauté internationale de prendre des mesures importantes et des engagements clairs concernant l’atténuation des effets du réchauffement climatique lors de la prochaine Conférence des parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCC), qui se tiendra à Durban, en Afrique du Sud, au mois de décembre. Nous avons besoin d’objectifs ambitieux pour que l’augmentation de la température moyenne de la planète reste en dessous de 2ºdegrés centigrades, a aussi rappelé le Secrétaire général.
M. Ban Ki-moon a appelé les pays développés à assumer leur rôle de chef de file dans ce domaine, tout en soulignant la part de responsabilité qui incombe aux pays émergents. Le Protocole de Kyoto expirant l’an prochain, il faudra trouver sans retard une formule politique pour s’assurer du respect des engagements déjà pris et pour que d’autres mesures soient prises, a-t-il dit. Le Conseil de sécurité peut jouer un rôle critique en mobilisant la communauté internationale pour confronter ces problèmes, a-t-il ajouté. Le Secrétaire général a aussi exhorté tous les États Membres de l’ONU à saisir l’occasion que présente la Conférence des Nations Unies sur le développement durable qui se tiendra à Rio de Janeiro, au Brésil, en 2012.
M. ACHIM STEINER, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a fait une déclaration divisée en trois parties relatives à l’aspect scientifique des changements climatiques, aux changements climatiques comme multiplicateur de menaces et à la gestion des risques dus aux changements climatiques.
M. Steiner a d’emblée prévenu que dans un monde où la population croît rapidement, la gestion durable des ressources devient un « impératif ». Selon une étude du PNUE, la consommation de plusieurs ressources naturelles essentielles pourrait tripler d’ici à 2050 et atteindre 140 milliards de tonnes, à moins que l’on ne dissocie la consommation de la croissance économique.
« Nous sommes devant une question de sécurité », a-t-il dit, en rappelant les émeutes de 2008 en Argentine, au Burkina Faso, au Cameroun, en Égypte, en Haïti, en Inde, en Indonésie, en Mauritanie et au Pérou, causées par la hausse des prix des denrées alimentaires, voire des pénuries.
Les changements climatiques peuvent, a-t-il averti, provoquer des déplacements de populations, livrant les communautés à une compétition féroce pour les ressources naturelles avec les conséquences que l’on sait pour la stabilité de l’économie mondiale.
Lorsque l’on veut établir le lien entre changements climatiques et sécurité, il faut s’attarder sur les trois domaines que sont les catastrophes naturelles, l’insécurité alimentaire et les conflits pour s’approprier les ressources. Sur ce dernier point, il a donné l’exemple des 145 pays qui partagent aujourd’hui un ou plusieurs bassins dans le monde. Le moindre changement de débit, amplifié par les changements climatiques, pourrait devenir une grave source de tensions entre les États.
Notre capacité à gérer les conséquences les plus dangereuses des changements climatiques dépendra d’une stratégie définie par des plateformes, mécanismes et institutions internationaux réformés ou nouveaux et capables d’anticiper les problèmes et de faciliter la coopération.
La communauté internationale peut éviter les conflits, les tensions et l’insécurité liés aux changements climatiques si elle met en place une réponse collective et ciblée qui s’attaque aux racines, à l’ampleur, à la volatilité et à la rapidité des défis émergents, a conclu M. Steiner.
Mme SUSAN RICE (États-Unis) a affirmé que cette réunion du Conseil de sécurité visait à placer les changements climatiques dans l’agenda de la préservation de la paix et de la sécurité internationales. La représentante a rappelé les propos du Président des États-Unis, M. Barack Obama, dans un discours prononcé il y a deux ans lors d’un sommet sur les changements climatiques, selon lesquels la sécurité et la stabilité de toutes les nations et de tous les peuples étaient menacées. « Non seulement le temps avance, mais nous manquons de temps », a-t-elle déclaré. Les changements climatiques ont des incidences réelles sur la paix et la sécurité, a-t-elle souligné. « Nous les voyons déjà maintenant », a-t-elle dit. Très souvent, les pays les plus pauvres sont aussi les plus touchés, a-t-elle ajouté. « Le Conseil de sécurité doit commencer d’ores et déjà, aujourd’hui et dans les jours à venir, à agir », a préconisé Mme Rice. La représentante a ainsi mis l’accent sur la nécessité d’aiguiser et d’adapter les instruments en place pour pouvoir réagir face à ce genre de problèmes.
Tout en reconnaissant les travaux essentiels fournis par l’ensemble du système des Nations Unies, elle s’est dite convaincue que le Conseil avait une responsabilité cruciale et devait traiter des incidences très claires des changements climatiques sur la paix et la sécurité de la planète. Mme Rice a ainsi déploré le fait que le Conseil de sécurité n’est pas parvenu, cette semaine, à s’entendre sur le texte d’une déclaration présidentielle portant sur la question. « Des dizaines de pays présents dans cette salle, dont l’existence est menacée, ont demandé au Conseil de faire preuve de compréhension », a-t-elle affirmé. Au lieu de cela, a-t-elle ajouté, le Conseil, par son silence, semble leur dire: « manque de chance! » « C’est plus que décevant, c’est pathétique, et c’est une attitude de courte vue », a commenté Mme Rice, pour qui, une telle attitude relève de la « politique de l’autruche ». Mme Rice a mis l’accent sur la nécessité d’améliorer les mécanismes d’alerte rapide, de développer une plus grande coopération aux niveaux local et régional, et d’être mieux équipé afin de prévenir et d’anticiper les risques de conflits. Le Conseil de sécurité doit, a-t-elle estimé, se préparer à faire face à toute une série de crises qui seront aggravées par les changements climatiques, a-t-elle poursuivi, concluant: « nous devons être préparés, pour pouvoir nous attaquer à une des menaces les plus sérieuses de ce siècle ».
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a invité le Conseil de sécurité à adopter une approche holistique de la question du changement climatique. La violence ne naît pas seulement de différends ethniques ou religieux, mais aussi des pénuries alimentaires, de la pauvreté et de la concurrence pour l’accès aux maigres ressources de la planète, a dit Mme Viotti. Elle a observé que, bien souvent, les changements climatiques ne font qu’aggraver des différends déjà existant, car le sous-développement et le manque d’accès aux technologies ne facilitent pas l’adaptation aux effets du réchauffement de la planète. La représentante a expliqué que la relation entre changements climatiques et sécurité, si elle est en quelque sorte indirecte, oblige cependant la communauté internationale à aider de toute urgence les pays les plus vulnérables à l’élévation du niveau des mers. Les conséquences de ce phénomène risquent de provoquer des catastrophes humanitaires sur une échelle jamais vue, a-t-elle expliqué, appelant les Nations Unies à renforcer la prévention et l’adaptation. Mme Viotti a aussi souligné l’urgence de l’élimination du fléau de la pénurie alimentaire, notamment en relançant la productivité agricole dans les pays en développement. Estimant que le système des Nations Unies dispose des outils nécessaires pour faire face aux défis posés par les changements climatiques, elle l’a appelé à les utiliser à bon escient.
M. WANG MIN (Chine) a noté l’incidence directe des changements climatiques sur le développement et la sécurité. La lutte contre ces phénomènes est dans l’intérêt de tous les pays du monde, a-t-il noté, soulignant le besoin de créer une harmonie avec la nature. Il a cependant estimé que le Conseil de sécurité n’a pas les compétences nécessaires pour traiter de la question, et il a relevé que le Conseil n’est pas une enceinte de discussions à participation universelle. Le débat devant le Conseil de sécurité ne peut donc pas se substituer aux négociations qui sont en cours dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, a-t-il estimé. La Convention-cadre est le forum de discussion et de négociations le plus approprié et le plus légitime pour examiner la question des changements climatiques, a dit le représentant. Il a par ailleurs appelé les pays développés à mettre en œuvre leurs engagements en matière de transfert de technologie et de financement des programmes de lutte contre le phénomène. « La Chine ayant beaucoup d’îles, nous partageons les difficultés rencontrées par les petits États insulaires en développement », a poursuivi le représentant, en ajoutant que son pays veut œuvrer de concert avec les petits États insulaires pour la mise en œuvre rapide de la Stratégie de Maurice.
Mme MIRSADA ČOLAKOVIĆ (Bosnie-Herzégovine) a déclaré que son pays reconnaissait le droit du Conseil de sécurité d’examiner les menaces que posent les changements climatiques sur la paix et la sécurité internationales. Elle a néanmoins souligné la nécessité de respecter les mandats et les responsabilités des organes pertinents de l’ONU, en particulier l’Assemblée générale et le Conseil économique et social. Dans ce cadre, elle a rappelé l’existence de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
Elle s’est dite convaincue qu’une réponse cohérente, intégrée et holistique des Nations Unies aux changements climatiques est le seul moyen de faire une contribution majeure à la lutte contre ce phénomène. Il revient au Secrétaire général, a-t-elle ajouté, d’alerter le Conseil de sécurité des situations de crises liées aux changements climatiques qui pourraient mettre en péril la paix et la sécurité internationales.
Mme JOY OGWU (Nigéria) a affirmé que l’heure était venue de dresser un bilan de progrès dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Elle s’est dite préoccupée par les répercussions potentielles des changements climatiques, estimant que ces questions exigeaient la vigilance du Conseil de sécurité. « Si nous ne prenons pas de mesure d’atténuation ou d’adaptation, les risques seront augmentés », a-t-elle dit, évoquant notamment le problème de l’élévation du niveau de la mer. La représentante a déclaré que son pays était déterminé à mettre en œuvre les instruments juridiques internationaux auxquels il est partie. « Si nous pouvons appuyer la stabilité politique, nous pourrons imprimer l’élan nécessaire au renforcement des capacités et intégrer dans les programmes nationaux la lutte contre les changements climatiques », a-t-elle également estimé. Elle a en outre mis l’accent sur la nécessité d’encourager les pays développés à s’acquitter de leurs engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
M. MARK LYALL-GRANT (Royaume-Uni) a affirmé que les changements climatiques doivent être considérés comme un multiplicateur de menaces augmentant la probabilité de conflits. Ces changements climatiques sont propices à des répercussions graves pour les pays qui dépendent de l’agriculture à long terme, a-t-il notamment expliqué. La rareté des ressources, les inondations et les sécheresses vont provoquer le déplacement de personnes au-delà des frontières, a-t-il ajouté. Il est important, a-t-il souligné, que les différents mandats des diverses institutions du système des Nations Unies qui traitent des changements climatiques soient respectés.
En revanche, a ajouté l’Ambassadeur Lyall-Grant, ce débat au sein du Conseil de sécurité ne sape en rien les travaux réalisés par ailleurs. C’est par le biais de la discussion et de la prise de conscience que le Conseil pourra s’acquitter de sa responsabilité en matière de paix et de sécurité. Une déclaration présidentielle du Conseil de sécurité enverrait, a-t-il estimé, un message selon lequel il est important pour le Conseil d’accorder une attention accrue à la lutte contre les changements climatiques. L’ONU doit continuer d’œuvrer pour parvenir à un accord contraignant sur les changements climatiques, a-t-il notamment souligné. Il a, enfin, rappelé que son pays avait permis en 2007 que le Conseil de sécurité traitât de cette question, lors d’un débat de haut niveau axé sur la relation entre l’énergie, la sécurité et les changements climatiques.
M. ALEXANDER PANKIN (Fédération de Russie) s’est montré favorable à l’élaboration d’un « document climatique qui engloberait tous les pays et en particulier les pays qui sont les plus importants émetteurs de gaz à effet de serre ». La Fédération de Russie a pour objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020 de 10 à 25% par rapport à 1990, dans le cadre du nouvel accord universel sur les climats, a-t-il dit. Convaincu que le rôle prioritaire dans ce domaine doit incomber à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), il a estimé que cet instrument peut aboutir à un régime efficace à long terme ainsi qu’à des mesures concrètes. Se disant préoccupé par la situation des petits États insulaires en développement, il a souligné l’intérêt des activités lancées dans le cadre de la CCNUCC.
Le représentant s’est montré sceptique face aux tentatives d’inscrire la question des changements climatiques à l’ordre du jour du Conseil de sécurité. Si la Fédération de Russie s’est associée au consensus de la résolution de l’Assemblée générale qui reconnaît le rôle que peut jouer le Conseil de sécurité dans ce domaine, a dit le délégué, la Fédération de Russie n’apprécie cependant pas la référence faite à ce texte pour justifier l’inclusion de cette question à l’ordre du jour du Conseil. De nombreux pays ne sont pas prêts à voir le Conseil de sécurité s’immiscer dans le débat sur les changements climatiques, a-t-il souligné. Il a émis des doutes sur les hypothèses émises dans le rapport soumis au Conseil, soulignant aussi que le Conseil de sécurité n’y est même pas mentionné une seule fois. Le Conseil de sécurité ne peut imposer sa présence sur cette question, et il n’y contribuera certainement pas, car cela ne ferait qu’accentuer la politisation de la question, a-t-il averti.
M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a estimé que certaines questions urgentes liées aux changements climatiques « doivent être débattues au sein du Conseil de sécurité ». Si cet organe n’a pas pour mandat de résoudre le problème de la réduction des effets des changements climatiques, il doit cependant jouer un rôle dans les situations de conflit qui sont exacerbées par les effets du réchauffement de la planète, afin de fournir une protection humanitaire aux populations affectées, a-t-il expliqué. M. Osorio a souligné les incidences transversales des changements climatiques, qui obligent à modifier les actions prises dans presque tous les domaines d’activités humaines. Or, la plupart des pays n’y sont pas préparés, a-t-il observé. Ce ne sont pas des questions que le Conseil de sécurité peut examiner quant au fond, a-t-il néanmoins reconnu, expliquant qu’il fallait répondre à toutes les questions que posent les changements climatiques de manière coordonnée. Le représentant a aussi rappelé que la Colombie vient de connaître deux vagues de froid qui sont les plus extrêmes de son histoire, expliquant qu’il avait fallu mobiliser des ressources supplémentaires pour assurer le bien-être des populations qui en ont été victimes.
M. GÉRARD ARAUD (France) a affirmé que les risques posés par les changements climatiques constituent une menace pour les petits États insulaires en développement, dont l’existence même, la survie de leurs territoires, leur culture et leur identité sont en péril. Les changements climatiques posent une menace supplémentaire sur la productivité agricole, a-t-il ajouté, notant que la France avait fait de la sécurité alimentaire une priorité de la présidence du G-20. Ils constituent en outre une menace qui pèse sur les ressources en eau, en particulier dans les pays où elles sont rares. Ils sont une menace pour la viabilité des régions côtières qui abritent le tiers de la population mondiale, a-t-il poursuivi. L’Ambassadeur Araud a estimé que la communauté internationale devrait se mobiliser pour faire face aux effets des changements climatiques. Il n’y a qu’une voie: la coopération internationale, a-t-il précisé. Nous devons aborder une nouvelle étape dans la construction d’une réponse multilatérale ambitieuse lors de la Conférence de Durban. Il faut aussi donner un contenu opérationnel aux accords négociés À Cancún, préserver le Protocole de Kyoto et aller vers un instrument juridique plus large. En outre, il faudrait travailler à répondre aux menaces sectorielles et favoriser les partenariats, a souligné M. Araud, en rappelant que c’est dans cet objectif que le Forum mondial de l’eau se tiendra à Marseille en mars 2012. L’accès à l’énergie propre pour tous est une autre priorité car le développement est aussi une réponse aux changements climatiques et peut contribuer à prévenir et réduire les conflits, a-t-il ajouté, en soulignant que c’est dans cet esprit que la France et le Kenya ont lancé ensemble l’initiative Paris-Nairobi en avril dernier.
M. Araud a assuré que les implications des changements climatiques sur la paix et la sécurité devraient être prises en compte. Le Conseil de sécurité n’empiète pas sur les prérogatives des autres organes des Nations Unies et agit conformément à son mandat, a-t-il dit, soulignant la nécessité pour lui de prendre ses responsabilités. Le Conseil, a-t-il ajouté, fait face à de nouvelles catégories de menaces, lesquelles sont complexes, diffuses et multiformes. Il a regretté que le Conseil ne réagisse pas aujourd’hui comme il l’a fait précédemment sur la sécurité et le développement. Opposer des considérations bureaucratiques aux appels angoissés de certains pays n’est pas à la hauteur de l’enjeu, a-t-il estimé. « Ce n’est pas digne. »
M. NAWAF SALAM (Liban) a rappelé que la responsabilité des Nations Unies pour les questions de développement durable, y compris les changements climatiques, incombe au Conseil économique et social (ECOSOC) et à l’Assemblée générale, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques étant l’instrument clef pour traiter des problèmes liés au climat. La résolution de l’Assemblée générale qui invite les organes des Nations Unies à renforcer leurs efforts dans l’examen des questions liées aux changements climatiques est, selon lui, l’expression de la complémentarité des différents organes. C’est pourquoi, il a estimé que le débat au Conseil de sécurité faisait partie de ces efforts.
Les comportements doivent changer et des mesures vigoureuses doivent être prises pour faire face aux changements climatiques sans précédent, a-t-il poursuivi, soulignant les risques que posent les changements climatiques pour l’eau. Cette ressource est parfois à l’origine de conflits dans certains pays. Il a aussi rappelé que la communauté internationale doit mettre en œuvre tous les instruments pertinents pour gagner la bataille contre les changements climatiques. Il faudrait œuvrer en faveur du transfert des technologies et du renforcement des capacités afin de réduire les effets négatifs des changements climatiques, a-t-il dit.
M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) a estimé que le débat d’aujourd’hui est important pour prendre conscience de la réalité des changements climatiques, notamment en Afrique et dans les petits États insulaires en développement. Il a réitéré la position du Groupe des 77 et de la Chine selon laquelle les changements climatiques menacent non seulement les perspectives de développement durable mais aussi la survie même des sociétés. Le représentant a rappelé la nécessité de mettre en œuvre les Programmes d’action de Barbade et de Maurice, tout en soulignant le problème du manque de ressources. Sa délégation souligne qu’il est important d’augmenter l’aide internationale pour assurer la mise en œuvre de ces Programmes d’action, de transférer les technologies vers les pays en développement et de renforcer les capacités de ces pays. Il faut que nous continuions à honorer les engagements pris en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto, a-t-il souhaité. La contribution des membres du Conseil de sécurité peut garantir que l’architecture du régime de lutte contre les changements climatiques soit renforcée et non fragmentée. L’Afrique du Sud va accueillir la prochaine Conférence des parties de la Convention-cadre, a-t-il annoncé avant de conclure.
M.ALFRED MOUNGARA MOUSSOTSI (Gabon) a affirmé que les changements climatiques avaient notamment des répercussions sur les cours d’eau et les ressources en eau, qui sont à l’origine de tensions entre pays riverains, comme c’est le cas dans plusieurs pays d’Afrique. Sans une coopération efficace, les changements climatiques sont susceptibles d’entraîner des déplacements de populations à travers les frontières, mais aussi une raréfaction des ressources, a observé le représentant. Face aux nouvelles menaces à la paix et à la sécurité, le Conseil de sécurité doit disposer d’outils qui lui permettent d’agir par anticipation, a-t-il estimé. La délégation du Gabon regrette que le projet de texte de la déclaration présidentielle n’ait pas pu faire l’objet d’un consensus, a dit le représentant. Il a appelé la communauté internationale à prendre en compte la nécessité d’aider l’Afrique, ainsi que les petits États insulaires en développement, à faire face au phénomène des changements climatiques.
M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a souligné les incertitudes liées aux changements climatiques, qui posent une menace et pèsent sur la sécurité. Il a notamment averti qu’une élévation d’un mètre du niveau des mers en 2100 pourrait faire disparaître plusieurs petits États insulaires ainsi que les littoraux côtiers de nombreux pays. Le Conseil de sécurité peut faire progresser le dialogue sur la question du point de vue de la sécurité, a-t-il estimé. Il peut en effet reconnaître les vulnérabilités induites par les changements climatiques, mais il n’a pas le pouvoir de traiter de la situation, qui exige une approche plus large, a-t-il précisé. Le représentant a rappelé que l’objectif mondial en matière de stabilisation du climat doit être basé sur la responsabilité commune et l’équité. Il a notamment appelé à préserver le second Protocole de Kyoto et à transférer les ressources et technologies nécessaires à la lutte contre le réchauffement climatique aux pays en développement, afin de renouveler l’impulsion donnée par la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. C’est le manque de ressources qui devraient être consacrées par les pays en développement à l’éradication de la pauvreté qui constitue la menace la plus importante à la paix et à la sécurité, a-t-il ajouté. Il a invité la communauté internationale à mieux aider ces pays dans ce domaine en vue de les rendre plus à même de faire face aux incidences des changements climatiques.
S’il a d’abord souligné que la question des changements climatiques relève d’autres organes de l’ONU, M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a tout de même reconnu que le rôle du Conseil de sécurité consiste à traiter des nouveaux défis et à faire en sorte qu’ils ne conduisent pas à des tensions, voire à des conflits. Le représentant a donc regretté qu’il n’ait pas été possible de dégager un consensus sur le fait que le Conseil devrait examiner régulièrement cette question. Le Conseil, a-t-il insisté, devrait pouvoir, comme les autres institutions du système des Nations Unies, participer à la recherche de stratégies concrètes d’autant plus que ce sont les pays les plus vulnérables eux-mêmes qui le demandent.
Les questions qui se posent sont importantes, a rappelé le représentant: comment gérer les populations qui doivent être réinstallées ailleurs? Où les mettre? Comment les transporter? Comment apaiser les tensions qui ne manqueront pas de naître? Comment gérer les conséquences juridiques, comme la définition des frontières, des zones économiques et du plateau continental? De mauvaises réponses peuvent conduire à des catastrophes humanitaires et à des tensions, a averti le représentant. « Nous devons, a-t-il estimé, donner la priorité à la prévention et aux mécanismes d’alerte rapide. Nous devons exploiter les mécanismes actuels pour discuter avec d’autres organisations qui ont une longueur d’avance sur la question », a dit le représentant en citant l’Union européenne et l’Union africaine. Le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale (UNRCCA) et son travail sur le partage des ressources naturelles devrait servir d’exemple, a-t-il conclu.
M. PETER WITTIG (Allemagne) a affirmé que l’ONU avait toujours tiré sa légitimité des États, riches ou pauvres. Chaque État, a-t-il dit, a le droit de demander que les menaces auxquelles est exposée son existence fassent l’objet d’un examen par le Conseil de sécurité. Tous les États et toutes les sociétés n’ont pas les mêmes capacités pour faire face aux conséquences dévastatrices des changements climatiques, a-t-il constaté. Le Conseil de sécurité, a-t-il estimé, doit faire de son mieux pour prévenir les crises avant qu’elles n’éclatent. L’Allemagne ne veut pas que le Conseil de sécurité empiète sur le rôle de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ni sur les mandats des autres organes de l’Organisation. Elle souhaiterait vivement, a-t-il ajouté, que le Conseil de sécurité aille au–delà d’une gestion quotidienne des crises graves et examine aussi les causes sous-jacentes des conflits.
M. MARCUS STEPHEN, Président de la République de Nauru, qui s’exprimait au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a déclaré qu’il était temps d’appréhender pleinement « cette réalité intenable », à savoir « qu’il il y a tellement de dioxyde de carbone dans l’atmosphère que certains des impacts environnementaux les plus sérieux ne peuvent plus être ignorés ou évités ». « Nous devons être prêts à répondre à cette réalité », a-t-il ajouté, avant de se demander quelle serait la réaction du monde si les peuples les plus directement menacés n’étaient aussi ceux qui sont déjà les plus pauvres.
« De nombreux pays comme le nôtre font face à la plus grande menace à la sécurité qui soit, celle qui menace leur survie », a encore affirmé M. Stephen, notant que « déjà » les conséquences du réchauffement climatique se font sentir sur la stabilité des sociétés et des institutions politiques des petits États insulaires en développement du Pacifique. « Notre sécurité alimentaire, la fourniture de l’eau potable et la sûreté publique sont menacées », a-t-il poursuivi avant de prévenir que la constante montée des eaux allait contraindre bientôt les populations à déménager, « à l’intérieur des terres d’abord et à l’étranger ensuite ».
M. Stephen a ensuite demandé au Conseil de sécurité de s’attaquer aux causes des conflits qui pourraient éclater en raison de l’impact déstabilisateur des changements climatiques. « Le Conseil doit évaluer les risques que fait peser le climat sur la paix et la sécurité internationales de la même manière qu’il l’a fait concernant la pauvreté, la compétition pour l’accès aux ressources naturelles et le VIH/sida ». « Une réponse internationale suppose une évaluation précise des risques en fonction de la vulnérabilité des pays, une coordination multilatérale efficace et le renforcement de la diplomatie préventive », a encore estimé le Président de Nauru.
Il a ensuite exhorté le Conseil à reconnaître formellement que les changements climatiques représentent une menace à la paix et à la sécurité internationales. « Ce phénomène est une menace plus grande que la prolifération nucléaire ou le terrorisme, et il peut déstabiliser des gouvernements et déclencher des conflits », a-t-il renchéri. M. Stephen a ainsi proposé que le Conseil de sécurité nomme immédiatement un représentant spécial sur le climat et la sécurité, en le chargeant d’analyser les effets anticipés de la modification du climat sur la sécurité afin que la communauté internationale puisse disposer d’une image claire de ce qui l’attend et mieux préparer sa réplique.
« Le Conseil de sécurité devrait également procéder à un examen complet des capacités de l’ONU en ce qui concerne la réponse à apporter aux conséquences du réchauffement climatique, afin que les pays les plus vulnérables puissent être assurés que l’Organisation possède des moyens efficaces de les aider ». Enfin, le Président de Nauru a estimé que les risques en matière de sécurité que posent les changements climatiques sont la principale raison justifiant l’atteinte d’un accord juridiquement contraignant sur la question, ceci en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
M. RICHARD MARLES, Membre du Parlement et Secrétaire parlementaire aux affaires insulaires du Pacifique de l’Australie, a noté que les peuples qui souffrent le plus des effets des changements climatiques sont les moins responsables de ce problème. Dans notre région, l’une des incidences les plus importantes sera l’élévation du niveau de la mer, qui pourra augmenter d’un mètre d’ici à la fin du siècle, a-t-il rappelé. Les Îles Marshall, par exemple, perdraient 80% de l’atoll Majuro, qui est la capitale du pays, a-t-il illustré, avant de souligner la déstabilisation potentielle découlant des mouvements de population. La sécheresse pose aussi des menaces graves à la productivité agricole, a-t-il ajouté. M. Marles a souligné la nécessité de renforcer la coopération internationale dans la lutte contre les changements climatiques, invitant à le faire en priorité dans le respect de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Le Premier Ministre de l’Australie avait annoncé, le 1er juillet, que l’Australie allait imposer une taxe sur le carbone, en vue de réduire la production du carbone de 160 millions de tonnes d’ici à 2020, a-t-il dit.
Le parlementaire australien a ensuite réaffirmé l’importance du rôle de l’Assemblée générale dans la recherche de solutions dans la lutte contre les changements climatiques. C’est l’Assemblée générale elle-même qui a invité tous les organes des Nations Unies à renforcer leurs efforts dans la lutte contre les changements climatiques et le Conseil de sécurité a sa part à jouer, a-t-il rappelé. M. Marles a fait observer que le Conseil traitait déjà des incidences du VIH/sida et de la pauvreté sur la sécurité. La nature globale du défi que posent les changements climatiques implique une responsabilité partagée et c’est dans ce contexte que l’Australie demeure engagée à participer à la lutte commune, a-t-il ajouté. M. Marles a reconnu que les changements climatiques représentent une menace à la sécurité et a des incidences importantes sur la stabilité du monde.
M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés (MNA), a rappelé que la résolution 63/281 de l’Assemblée générale, sur les changements climatiques et ses possibles implications sur la sécurité, soulignait le partage des responsabilités entre les différents organes principaux des Nations Unies. « La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est l’instrument clef et le cadre multilatéral central idoine pour appréhender sous tous ses aspects la question des changements climatiques », a-t-il ensuite insisté. Le représentant a ajouté que « l’empiètement » continu du Conseil de sécurité, « qui traite des questions qui traditionnellement ne sont pas de son ressort », sur les fonctions et pouvoirs de l’Assemblée et du Conseil économique et social demeurait une source de profonde préoccupation pour le Mouvement des pays non alignés. « Le MNA souligne par conséquent que la décision de tenir ce débat ne doit pas constituer un précédent et que ses résultats ne devront pas aboutir à saper l’autorité du mandat des organes pertinents de l’ONU », a indiqué le représentant.
M. JORGE ARGÜELO (Argentine), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a dénoncé l’empiètement toujours croissant du Conseil de sécurité sur le rôle et les responsabilités des autres organes principaux des Nations Unies, estimant que ces actions du Conseil représentaient une distorsion des principes et des objectifs de la Charte des Nations Unies, entamaient leur autorité et compromettaient les droits des États Membres. Il a souligné l’importance pour l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et l’ÉCOSOC de travailler chacun dans le cadre de leurs mandats respectifs comme le stipule la Charte des Nations Unies. Les organes appropriés en matière de développement durable sont l’Assemblée générale, l’ECOSOC et leurs organes subsidiaires pertinents, y compris la Commission du développement durable et le Programmes des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a rappelé M. Argüelo.
Le Groupe des 77 et la Chine, a-t-il dit, jugent essentiel pour les États Membres de promouvoir le développement durable conformément aux Principes de Rio, en particulier le principe de responsabilité commune mais différenciée, et leur recommande de mettre en œuvre Action 21 et les programmes d’autres grandes conférences tenues par les Nations Unies dans les domaines économique, environnemental et social, y compris la Déclaration des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Le représentant de l’Argentine a rappelé qu’une réponse adéquate au défi posé par les changements climatiques devrait s’attaquer non seulement aux conséquences, mais surtout aux racines du problème. Il s’est notamment dit extrêmement préoccupé par le fait que, dans les négociations actuelles sur les changements climatiques, il n’existe aucune indication claire que les pays développés adopteront une seconde période d’engagement au titre du Protocole de Kyoto. Les pays développés, a-t-il dit, doivent élever le niveau de leurs ambitions en ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques.
M. CARLOS ENRIQUE GARCÍA GONZÁLEZ (El Salvador) a expliqué que les pays d’Amérique centrale, tant par leur localisation géographique que du fait de leurs pauvreté et déficit social, sont une des régions les plus vulnérables et les plus menacées par les changements climatiques. Il a aussi souligné les risquent très graves que courent les petits États insulaires qui voient notamment leurs côtes disparaitre et leurs ressources en eau douce s’amoindrir. M. García González a souhaité que les pays développés progressent dans les négociations qui ont été ouvertes en vue d’adopter une seconde période d’engagement dans le cadre du Protocole de Kyoto, ainsi que pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ces pays sont les premiers et les plus grands responsables du problème qui menace aujourd’hui le monde entier, a-t-il relevé. Le représentant a aussi rappelé l’engagement des pays développés à fournir une aide technique et financière aux pays en développement pour que ceux-ci puissent respecter leurs engagements en termes d’adaptation. Il a souhaité que les organes principaux des Nations Unies déploient tous les efforts possibles pour aborder les répercussions des changements climatiques sur la sécurité.
M. PEDRO SERRANO, Chef par intérim de la délégation de l’Union européenne (UE) auprès des Nations Unies, a notamment déclaré qu’assurer la sécurité alimentaire des populations en expansion du monde était l’un des défis majeurs que la communauté internationale doit relever. « Les changements climatiques sont au centre d’une confluence de pressions qui pourraient avoir un effet néfaste sur la sécurité alimentaire pendant des décennies. » « L’Union européenne s’efforce d’inverser cette tendance par le biais de ses politiques humanitaires et de développement, l’Union ayant adopté en mars 2010 un cadre destiné à renforcer la coordination de ses membres en ce qui concerne la lutte contre la pénurie alimentaire dans le monde et la malnutrition », a poursuivi M. Serrano. Pour lui, « l’aide alimentaire doit être basée sur des pratiques environnementales durables ». En conclusion, il a jugé que plus d’analyses doivent être réalisées pour identifier clairement les liens entre développement et sécurité en général, et changement et sécurité en particulier.
Mme SANJA ŠTIGLIC (Slovénie) a déclaré que les changements climatiques avaient des incidences négatives sur la paix et la sécurité internationales. Ils constituent, a-t-elle expliqué, un multiplicateur des menaces qui existent déjà ou sont potentielles. Un examen de ces incidences peut contribuer au renforcement de la prévention des conflits, a-t-elle estimé. Elle a espéré que les négociations menées dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques puissent permettre la conclusion d’un nouvel accord ainsi que la mise en place d’un financement adéquat des transferts de technologies en faveur des pays en développement. Ni l’atténuation ni l’adaptation ne permettront de lutter complètement contre les effets des changements climatiques, a-t-elle cependant également jugé.
M. CARSTEN STAUR (Danemark) a estimé que pour trouver une solution durable à cette « menace mondiale », il convient de suivre une stratégie multisectorielle qui incorpore les questions liées au climat et à la sécurité dans le travail de toutes les agences de l’ONU et de toutes les institutions pertinentes, aux niveaux international, régional et national. Comme ce sont les pays en développement qui sont les plus vulnérables, cette question, a aussi estimé le représentant, devrait faire partie intégrante de la coopération internationale au développement. Ceci inclut, a-t-il insisté, les questions liées au renforcement des capacités, à l’adaptation, à l’alerte rapide, à l’atténuation, ou encore à l’accès aux sources d’énergie renouvelables.
Les efforts visant à promouvoir la « diplomatie du climat » doivent aussi être renforcés, a-t-il dit, en se félicitant des conclusions auxquelles est parvenu le dernier Conseil des Ministres des affaires étrangères de l’Union européenne. Il est impératif que nous ayons les dernières informations sur l’évolution du phénomène dont nous débattons aujourd’hui, a conclu le représentant, en appuyant l’idée que le Secrétaire général fasse des rapports réguliers sur cette question.
Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a estimé que les effets néfastes des changements climatiques ont des répercussions évidentes sur la sécurité et le développement de nombreux États, en particulier des petits États insulaires en développement. Le changement du climat n’est pas équitable, a-t-elle dit, précisant qu’il touche les plus vulnérables, qui sont aussi souvent ceux qui sont le moins responsables des causes du phénomène, mais doivent vivre au quotidien avec ses effets. C’est pour cette raison, a-t-elle expliqué, que la coopération luxembourgeoise intègre depuis plusieurs années les questions d’atténuation des effets du réchauffement de la planète et d’adaptation aux changements climatiques de façon systématique dans ses programmes de développement. Elle contribue de même au financement accéléré de la lutte à mener en vue de faire face aux changements climatiques, a-t-elle souligné. Ces contributions, a ajouté Mme Lucas, s’inscrivent dans une logique de prévention des conflits pour assurer la durabilité du développement, puisque les changements climatiques, ainsi que l’a relevé le Secrétaire général, peuvent mettre en danger la stabilité de pays entiers en y ralentissant la croissance économique, en aggravant la pauvreté et le désespoir des populations, et en exacerbant leur vulnérabilité.
M. EDUARDO ULIBARRI-BILBAO(Costa Rica) a rappelé la responsabilité des pays développés dans la lutte contre les effets négatifs des changements climatiques, tout en soulignant celle des grandes économies émergentes dans ce domaine. Les membres permanents du Conseil de sécurité en particulier, qui sont tous des grands émetteurs de gaz à effet de serre, et qui ont des attributions exceptionnelles comme le droit de veto, doivent prendre un engagement politique clair en faveur de la réduction de ces émissions, a-t-il demandé. Ce sera la meilleure façon d’éviter que les changements climatiques menacent la paix et la sécurité internationales, a-t-il estimé. M. Bilbao a invité le Conseil de sécurité à se concentrer sur les actions permettant d’éviter les conflits causés par les effets des changements climatiques, tout en reconnaissant les compétences particulières qu’ont dans ce domaine les autres organes et entités des Nations Unies, telles que l’Assemblée générale, le Conseil économique et social et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Il faut aussi que les pays développés participent aux efforts d’atténuation des effets du réchauffement de la planète que déploient les pays en développement, en augmentant les flux financiers à destination des pays affectés par les changements climatiques, a préconisé M. Bilbao.
M. ANTHONY SIMPSON (Nouvelle-Zélande) a estimé que les débats consistant à savoir si la question de l’impact des changements climatiques devait être traitée ou non par le Conseil de sécurité pouvaient sembler, pour les petits États insulaires, abstraits et profondément coupés des problèmes auxquels ces pays sont confrontés. La région Asie-Pacifique a connu une série dévastatrice de catastrophes naturelles, a-t-il dit, ajoutant que les prévisions étaient tout aussi graves. Il faut, a-t-il dit, renforcer la capacité d’adaptation des pays en développement. De même, il convient de tenir compte de l’utilisation des ressources présentes et futures. Le représentant de la Nouvelle-Zélande a mis l’accent sur la nécessité de protéger les nouvelles infrastructures du climat. Les questions des changements climatiques et de sécurité doivent être traitées de manière intégrée dans toutes les institutions des Nations Unies, a-t-il également souligné.
M. KIM SOOK (République de Corée) a déclaré que son pays appuyait fermement les efforts de la communauté internationale en matière de lutte contre les effets des changements climatiques, et ce, « dans le contexte du développement durable ». « En tant que nation ayant fait de la croissance verte une priorité stratégique, la République de Corée s’est proposée d’organiser, en 2012, la dix-huitième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques », a-t-il indiqué. Il a ajouté qu’à cette occasion, les pays pourraient mettre en exergue le fait que l’économie verte et la croissance verte peuvent à la fois atténuer l’impact négatif du réchauffement climatique et accélérer l’avènement du développement durable.
M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a exprimé l’amitié très forte qu’entretient son pays avec les petits États insulaires du Pacifique, amitié qui se concrétise notamment par une collaboration dans les domaines du droit de la mer et de la préservation du milieu marin. Citant le rapport du Secrétaire général qui voit les changements climatiques comme un facteur multiplicateur de menaces, en particulier dans les situations de pauvreté extrême, il a donné l’exemple de la péninsule antarctique, où la barrière de Larsen s’est désintégrée au cours des dernières décennies. Il a aussi souligné le problème de déplacement de population et les tensions politiques exacerbées qui en résultent. M. Errázuriz a appelé la communauté internationale à renforcer ses efforts dans les domaines de l’atténuation, de l’adaptation et du développement économique et social, invitant aussi les États à une plus grande coopération internationale dans la recherche de solutions. Le Chili réaffirme que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est l’instrument de base pour faire face au réchauffement de la planète, a-t-il dit.
M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a relevé que les changements climatiques mettent en péril la survie et la sécurité de certains pays insulaires en développement. C’est pourquoi les Nations Unies devraient, a-t-il estimé, examiner les mesures permettant de mobiliser le soutien international nécessaire pour les aider à faire face à cette situation. La fonte des glaciers réduit considérablement les ressources en eau et, par conséquent, le potentiel hydroélectrique dans son pays. « Nos glaciers risquent de disparaître complètement d’ici à 2100 », a-t-il averti. Il a aussi signalé que les cas de catastrophes naturelles dans son pays sont passés de 60 en 2000 à 420 en 2010, tendance qui selon les experts va se poursuivre. En outre, le Kirghizistan ainsi que d’autres pays d’Asie centrale connaissent le problème de l’appauvrissement de l’uranium, a-t-il ajouté.
Mme YANERIT MORGAN (Mexique) a estimé que les menaces posées par les effets des changements climatiques exigeaient des actions concrètes conformément au principe de la responsabilité commune mais différenciée. Si l’impact des changements climatiques ne constitue pas une menace à la paix et à la sécurité au sens strict, il n’en demeure pas moins que les risques posés par le phénomène sont clairs, a-t-elle indiqué. La représentante a en particulier mis l’accent sur la nécessité de respecter les engagements pris lors de la Conférence de Cancún, de renforcer le cadre juridique international, et de l’adapter à l’ampleur du défi à relever. À Durban, a-t-elle ajouté, il conviendra de donner un contenu concret aux institutions créées à Cancún.
M. DIEGO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) a affirmé que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est le forum adéquat pour examiner les thèmes dérivés de cette question. Il a aussi invité les États à respecter le Protocole de Kyoto et à tenir les engagements formulés dans son annexe I. L’Assemblée générale est l’organe le plus universel et démocratique pouvant permettre d’appliquer les recommandations faites sur les incidences des changements climatiques au niveau mondial, a-t-il ajouté. Le représentant a rappelé que son pays a donné un élan au combat contre les changements climatiques, et que l’Équateur évite de créer de nouvelles émissions de gaz à effet de serre, grâce au processus Yasuní-ITT, par lequel le pays s’engage à ne pas exploiter près de 850millions de barils de pétrole situés dans le Parc naturel de Yasuní. « En tant que représentant d’un pays en développement », a-t-il dit, « j’invite la communauté internationale à adopter une approche cohérente dans la lutte contre les effets du réchauffement de la planète en assurant notamment le transfert des technologies et l’augmentation des flux financiers dont ont besoin les pays les moins avancés ou en développement. »
M. RODOLFO ELISEO BENÍTEZ VERSÓN (Cuba) a affirmé que les changements climatiques représentaient l’un des plus graves dangers auxquels doit faire face l’humanité pour sa survie. Il appartient aux pays développés de solder leur dette historique à l’égard de l’écologie de la planète, a-t-il déclaré. Le Conseil de sécurité devrait, s’il veut être sérieux sur cette question, commencer à faire une déclaration en mettant l’accent sur le principe de responsabilité commune mais différenciée. C’est la pierre angulaire, a-t-il précisé, d’une solution juste et durable. De même, le Conseil devrait, a estimé le représentant de Cuba, demander aux pays industrialisés d’assumer une seconde période d’engagement au titre du Protocole de Kyoto avec des objectifs mesurables et plus ambitieux concernant la réduction de gaz à effet de serre.
Mme MARY ELISABETH FLORES (Honduras) a indiqué que son pays a été frappé par un ouragan « dantesque » qui, en un instant, a balayé 50 ans d’efforts et de rêve de développement. Le Honduras se relève progressivement de cette catastrophe grâce à la solidarité internationale et à ses propres efforts internes, a-t-il dit. Il a jugé trop simpliste de limiter le débat du jour aux risques que posent l’élévation du niveau des mers et les menaces relatives à la sécurité alimentaire. Chaque fois que la nature se rebelle contre l’homme, cela provoque des réactions en chaîne qui mettent en péril des vies et sapent les chances offertes aux futures générations, a-t-il observé. Le représentant a indiqué que le Honduras élabore une stratégie d’atténuation des effets des changements climatiques afin de réduire ses vulnérabilités. Ces vulnérabilités, a-t-il expliqué, proviennent non seulement de conditions géographiques du pays, mais aussi du retard économique et du manque d’opportunités pour la plupart de la population.
Mme ANNE WEBSTER (Irlande) a affirmé que les incidences sécuritaires des changements climatiques et leur rôle en tant que multiplicateur des menaces sont évidents et mettent en péril la paix et la sécurité internationales. L’ONU peut élaborer une réponse mondiale à ces phénomènes, qui exigent une direction politique vigoureuse de tous les pays, en particulier des grands émetteurs de gaz à effet de serre. La communauté internationale doit travailler de concert pour répondre aux besoins des pays en développement, en particulier des petits États insulaires en développement et des pays les moins avancés. Les incidences sécuritaires sont de plus en plus fréquentes, a-t-elle insisté. Le Conseil de sécurité doit, a estimé Mme Webster, clairement reconnaître la menace des changements climatiques à la paix et à la sécurité internationales.
M. TAKESHI OSUGA (Japon) a invité les États Membres à faire preuve de prudence lorsque l’on envisage le rôle du Conseil de sécurité dans la réponse à apporter aux effets négatifs des changements climatiques. Les petits États insulaires en développement sont en danger d’être submergés par la montée du niveau des mers, a-t-il rappelé, soulignant le sentiment d’urgence avec lequel il faut aborder la question du réchauffement de la planète causé par les changements climatiques. Le problème de l’élévation du niveau des mers préoccupe aussi bien des pays plus grands que les petits États insulaires, a-t-il indiqué, et les déplacements internes de réfugiés environnementaux que cela entraîne peuvent exacerber les risques de conflit. Le représentant a invité la communauté internationale à établir un lien entre changements climatiques, sécurité et développement. Il a souhaité que, lors de la dixième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, un accord soit trouvé pour rendre opérationnel l’Accord de Cancún. En ce qui concerne l’accord sur un texte devant succéder au Protocole de Kyoto, il a indiqué que la position du Japon n’a pas changé. Le représentant du Japon a aussi parlé de la contribution financière de son pays aux efforts d’atténuation des effets des changements climatiques, qui sont déployés en faveur des pays les plus vulnérables. Enfin, il a indiqué que le Japon se proposait pour accueillir une conférence sur la réduction des effets des catastrophes naturelles.
M. VANU GOPALA MENON (Singapour) a affirmé que seuls des efforts concertés de la part de tous les États Membres avec des acteurs non étatiques pertinents peuvent relever le plus grand défi de l’époque. Les changements climatiques, a-t-il dit, représentent un problème mondial qui exige des solutions mondiales durables dans un cadre inclusif multilatéral. La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, a-t-il dit, reste et restera l’instance principale pour les négociations sur les changements climatiques. Il a également estimé que les pays développés avaient une responsabilité historique claire pour résoudre les problèmes que posent les effets des changements climatiques. La participation de l’ensemble des pays, développés et en développement, est nécessaire pour régler cette question, a-t-il souligné.
Mme GRÉTA GUNNARSDÓTTIR (Islande) a reconnu que les petits États insulaires en développement sont particulièrement vulnérables aux effets des changements climatiques. Ce phénomène peut contribuer à l’augmentation des tensions et conduire éventuellement à un conflit, a estimé la représentante, jugeant important que le Conseil de sécurité s’en préoccupe. Même si la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques reste le forum principal pour traiter de cette question au niveau international, le Conseil devrait reconnaître la menace que pose ce phénomène à la paix et à la sécurité internationales, a-t-elle ajouté. Mme Gunnarsdóttir a par ailleurs invité la communauté internationale à ne pas oublier que les femmes sont particulièrement touchées par les effets des changements climatiques. Les zones rurales et les secteurs qui sont traditionnellement associés aux femmes sont les plus touchés par les changements climatiques, a-t-elle expliqué, tout en indiquant aussi que le manque de ressources en eau ajoute un fardeau aux tâches souvent dévolues aux femmes. La représentante a cependant suggéré de ne pas considérer les femmes comme des victimes des changements climatiques, mais plutôt comme des actrices dans la lutte entreprise dans ce domaine.
M. GILLES RIVARD (Canada) a d’abord souligné que son pays continuait de participer aux négociations pour élaborer l’instrument qui établira un régime juridique après 2012 dans la lutte contre les effets des changements climatiques, celui-ci devant être « à la fois équitable et efficace ». Convaincu que les défis mondiaux exigent des solutions mondiales, le représentant a en outre plaidé pour l’élaboration de programmes environnementaux soutenus par la coopération internationale et une économie dynamique. M. Rivard a ensuite expliqué que le Canada avait versé en 2010 et 2011, 400 millions de dollars pour financer la mise en œuvre de mesures d’atténuation et d’adaptation dans les pays en développement, y compris de petits États insulaires en développement et les pays d’Afrique. « Cette aide se concentre sur l’énergie propre, les forêts et l’agriculture », a-t-il ajouté. M. Rivard a aussi fait observer que son pays appuyait les interventions humanitaires menées dans les pays en proie à des crises alimentaires induites en partie par le réchauffement climatique.
M. ROBERT AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a souligné que la lutte contre les changements climatiques et ses effets exige, au plan national, une approche qui implique tout le gouvernement. Au niveau international, a-t-il estimé, il nous faut également une approche impliquant l’ensemble des Nations Unies, à savoir l’Assemblée générale, le Conseil économique et social, la Convention-cadre contre les changements climatiques, les institutions de l’ONU telles que le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et les organisations internationales comme la Banque mondiale. Le Conseil de sécurité, a poursuivi le représentant, a aussi un rôle important à jouer, compte tenu de la menace que fait peser le climat sur la paix et la sécurité internationales. Après tout, a-t-il rappelé, le Conseil a déjà traité du développement, du VIH/sida ou encore des enfants et des femmes dans les conflits armés, sans pour autant compromettre la primauté en la matière des mandats d’autres organes et agences de l’ONU. La même approche doit être utilisée pour traiter des implications sur la sécurité des effets des changements climatiques, a estimé le représentant.
M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) s’est inquiété de ce que le Conseil de sécurité empiète régulièrement sur les mandats attribués par la Charte de l’ONU à d’autres organes. « Alors qu’il n’est même pas capable de traiter les causes classiques des situations d’insécurité et de conflits, le Conseil examine des questions qui ne relèvent pas de ses compétences ou qui ne sont pas considérées comme des menaces à la paix et à la sécurité mondiales », a-t-il fait remarquer. Compte tenu de la structure actuelle du Conseil de sécurité et de ses méthodes de travail non transparentes, cette tendance aura des conséquences sur le fonctionnement des autres organes de l’ONU, a-t-il prévenu. Le représentant de l’Iran a appelé « certains membres permanents du Conseil » à honorer leurs engagements pour renforcer les capacités, le transfert de technologies respectueuses de l’environnement et de fournir des ressources financières aux pays qui en ont le plus besoin pour mieux répondre aux conséquences des changements climatiques. Avant de conclure, il a appelé à traiter de ce problème dans le cadre du développement durable, soulignant à cet égard le rôle primordial de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, de l’Assemblée générale, de l’ECOSOC et de la Commission du développement durable de l’ONU.
M. MANSOUR AYYAD SH A ALOTAIBI (Koweït), qui s’exprimait au nom du Groupe des États arabes, a prévenu que les changements climatiques auraient des effets négatifs sur la région arabe, notamment dans ses zones arides et semi-arides. Le représentant a cependant demandé au Conseil de sécurité de ne pas empiéter sur les mandats des autres organes des Nations Unies. La question des changements climatiques, a-t-il ajouté, fait partie intégrante du développement durable sous tous ses aspects. Il est essentiel que tous les États Membres appuient le développement durable en respectant les Principes de Rio, y compris le principe de responsabilité partagée mais différenciée. Il a de même assuré que la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques demeurait le forum principal pour les négociations sur les changements climatiques.
Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a appelé à un renforcement de la collaboration entre la Convention-cadre sur les changements climatiques et les autres entités des Nations Unies pour traiter, de manière globale et efficace, l’impact du climat sur la sécurité internationale. Les changements climatiques et leur dimension sécuritaire devraient être l’occasion d’améliorer et de réformer la gouvernance mondiale, en particulier de renforcer certaines dispositions du droit international, dont le droit de la mer.
La représentante a salué le rôle que les Nations Unies jouent en matière de diplomatie préventive en Asie centrale, une région qui s’efforce de reconstituer la mer d’Aral et qui a besoin, pour ce faire, de l’aide internationale. De même le Kazakhstan a vu son sol, son eau, son environnement et son peuple être affectés par les essais nucléaires qui ont été effectués depuis plus de 40 ans. Sans l’implication de la communauté internationale, il lui sera impossible de réhabiliter la région de Semipalatinsk, a prévenu la représentante.
M. THOMAS LAMBERT (Belgique) a estimé que le rapport du Secrétaire général de 2009 avait constitué une étape majeure en démontrant la nécessité d’une action renforcée du système des Nations Unies. Il a relevé que, malgré quelques progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, cette question n’est pas très présente dans les débats à New York. Tout en reconnaissant que la Convention-cadre est le forum adéquat pour traiter de la question des changements climatiques, il a estimé que les autres organes, à savoir le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, devraient rester saisis des aspects de cette question qui sont de leur compétence.
La meilleure prévention contre les conséquences prévisibles ou imprévisibles des changements climatiques est certainement l’atténuation, a poursuivi M. Lambert. Il a rappelé que des mesures importantes ont été convenues à Cancún et que l’heure est maintenant à leur mise en œuvre. L’Union européenne s’est engagée sur la voie d’une économie à faibles émissions et à efficacité énergétique renforcée d’ici à 2020, a-t-il souligné, en invitant les autres à se joindre à ces efforts. « Nous devons aussi augmenter notre capacité à faire face aux effets des changements climatiques », a-t-il dit, signalant que certaines populations ont déjà été relocalisées dans des petites îles du Pacifique et même en Alaska. Tout au long de l’histoire, les hommes se sont battus pour les ressources naturelles, a-t-il aussi souligné, avant d’observer que les changements climatiques menacent aujourd’hui la disponibilité de ces ressources. Les changements climatiques vont devenir un facteur de plus en plus important de conflit, a-t-il prévenu.
M. ROBERTO RODRÍGUEZ (Pérou) a rappelé les organes qui sont chargés particulièrement des questions liées aux changements climatiques, comme la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, l’Assemblée générale et l’ECOSOC. Il a expliqué les conséquences sociales des effets des changements climatiques dans son pays, parlant notamment du phénomène d’El Niño et de la fonte des glaciers. La question des changements climatiques nécessite une action multilatérale concertée de toute la communauté internationale, par le biais de la Convention-cadre et en respectant les principes applicables tels que la responsabilité partagée mais différenciée, a-t-il dit. Le représentant a attiré l’attention sur le cas des petits États insulaires en développement, affectés plus particulièrement par les crises économique et financière mondiales, ainsi que par les crises alimentaire et énergétique, sans compter l’élévation du niveau de la mer. En tant que pays en développement, nous sommes déterminés à respecter nos engagements en termes de financement et de coopération technique à l’égard de la communauté internationale, a-t-il ajouté.
M. ABDUL MOMEN (Bangladesh) a affirmé que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques demeurait le forum principal pour la tenue de négociations sur les changements climatiques. Le représentant a estimé que les changements climatiques auront des répercussions graves sur les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement. Il a ainsi appelé à une mise en œuvre pleine et efficace des engagements du Programme d’action d’Istanbul et de la Déclaration et de la Stratégie de Maurice. Il a également mis l’accent sur la nécessité de renforcer l’assistance aux pays en développement affectés par ce phénomène en appuyant les efforts entrepris pour accroître leurs capacités nationales et régionales pour faire face à ses effets, y compris l’atténuation de l’impact des changements climatiques, l’adaptation à leurs effets, l’alerte préventive et la promotion d’un développement durable.
M. RAFAEL ARCHONDO (Bolivie) a estimé que, malgré la dimension sécuritaire que peuvent prendre les changements climatiques, cette question ne peut pas être abordée de façon équilibrée par le Conseil de sécurité. Les principaux émetteurs de gaz à effet de serre sont parmi les membres permanents du Conseil, qui ont le droit de veto au sein de cet organe, a-t-il expliqué. La question des changements climatiques et son impact éventuel sur la sécurité doivent donc plutôt être traités au sein d’un organe où les « principaux coupables » n’auront pas de droit de veto et où les principales victimes seront représentées et auront droit à la parole, a-t-il suggéré. Seule l’Assemblée générale peut traiter des questions fondamentales liées aux changements climatiques, a-t-il conclu. Il a aussi demandé que les pays développés augmentent les promesses qu’ils ont faites de réduire les émissions de gaz à effet de serre, avertissant qu’un scénario catastrophe pourrait se dérouler dans l’avenir si rien n’est fait. Le représentant a appelé à sanctionner ceux qui ne respectent pas les engagements de réduction de leurs émissions de dioxyde de carbone, avant de proposer la création d’un tribunal international de justice climatique. Il a enfin proposé au Conseil de sécurité d’adopter une résolution par laquelle il demanderait une réduction de 10 à 20% des dépenses de défense et de sécurité afin d’utiliser les sommes économisées pour la lutte contre les incidences des changements climatiques.
M. STUART BECK (Palaos), qui a fait siens les propos du Président de Nauru, a rappelé que le Conseil de sécurité avait été doté de pouvoirs extraordinaires par la Charte en cas de menace à la paix et à la sécurité internationales. « La délégation de Palaos est par conséquent surprise d’entendre que des États Membres s’opposeraient, par principe, à tout résultat découlant de ce débat », a-t-il souligné. Rappelant que la science a clairement établi que la région ouest du Pacifique a déjà subi les conséquences d’une montée du niveau de la mer deux fois supérieure à celle à laquelle font face les autres régions du monde, il a affirmé que les petits États insulaires en développement du Pacifique étaient « dans la zone rouge ». « Si certains se trouvaient sur nos côtes en voie de disparaître, ils apprécieraient peut-être une telle situation », s’est-il demandé avec ironie. En conclusion, il a déclaré que, la menace que posent les changements climatiques, qui constituent une nouvelle menace pour la paix et la sécurité des États, peut très bien tomber dans le champ de compétence traditionnel du Conseil de sécurité.
M. CSABA KőRÖSI (Hongrie) a indiqué que la sécurité alimentaire au cours des 60 dernières années n’avait jamais été aussi fragile, les pays les plus vulnérables aux effets des changements climatiques étant aussi les plus menacés par cette tendance. Il a ensuite noté que les risques de conflits sont plus élevés dans les zones les plus arides du globe. Qualifiant les changements climatiques de « facteur multiplicateur de menaces », le représentant de la Hongrie a estimé que la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, ne devrait ménager aucun effort pour répondre durablement et efficacement aux conséquences du phénomène sur la paix et la sécurité internationales.
M. JANNE TAALAS (Finlande) a affirmé que la cause des petits États insulaires en développement face aux changements climatiques doit être considérée comme une priorité partagée par ces pays. Il a ainsi fait observer que la Finlande a développé plusieurs partenariats avec ces États pour les aider à renforcer leurs capacités et à s’adapter au niveau local. « Au plan institutionnel, la Finlande appuie d’importants projets de coopération météorologique dans les régions du Pacifique et des Caraïbes », a-t-il par exemple noté. Le représentant a par ailleurs souligné le rôle précieux des femmes, « en tant qu’agents de changement », dans la mise en place au sein des communautés des outils d’adaptation au réchauffement climatique. « C’est dans cet esprit que la Finlande demande la participation des femmes aux négociations menées dans le cadre de l’Alliance en faveur du climat », a-t-il conclu.
M. JOSEPH GODDARD (Barbade), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a dénoncé le manque de volonté politique pour réduire les conséquences des changements climatiques sur le développement des pays, en particulier les petits États insulaires de la région du Pacifique et des Caraïbes. Il a exhorté les États Membres à conclure rapidement un accord juridiquement contraignant en vertu des engagements pris dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, le Conseil de sécurité devant, selon lui, éviter d’empiéter sur les mandats de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC. Pour le représentant, les pays développés, qui ont historiquement contribué le plus à la dégradation de l’environnement, doivent donner l’exemple en matière de réduction des gaz à effet de serre et maintenir un degré élevé d’assistance technique aux pays en développement.
M. FAZLI ÇORMAN(Turquie) a déclaré que les effets négatifs des changements climatiques représentent un risque trop grave pour qu’il soit ignoré et ne pas agir. C’est une responsabilité qui doit être partagée mais différenciée, a-t-il ajouté. La Turquie est résolue à coopérer aux efforts mondiaux de lutte contre les effets des changements climatiques, en se basant sur la Convention-cadre pertinente des Nations Unies, qui demeure le seul forum approprié. Le représentant a attiré l’attention sur les risques accrus qu’encourent les pays insulaires en développement, notamment l’élévation du niveau de la mer. Ces pays seront les plus durement frappés par les changements climatiques, a-t-il dit, souhaitant que l’on examine de plus près les mesures d’adaptation. Il a notamment invité à identifier les cas d’adaptation qui ont réussi dans le monde. La planification et la préparation exigent en outre des ressources financières et des technologies particulières, a-t-il aussi relevé, appelant à une coopération internationale accrue dans ces domaines.
M. LIBRAN N. CABACTULAN (Philippines) a souligné l’impact du réchauffement climatique sur la pêche dans son pays, certaines espèces de poissons étant menacées par la fréquence d’importantes inondations et crues des fleuves. Il a ensuite indiqué que si la question du climat sous tous ses aspects doit être appréhendée dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, le Conseil de sécurité « peut jouer un rôle », compte tenu du fait que le phénomène contribue également à l’éclatement d’un conflit.
M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a déclaré que les changements climatiques représentaient un danger sans précédent pour la sécurité alimentaire et économique du Kenya. Les cours d’eau sont asséchés, les forêts disparaissent, les denrées alimentaires se raréfient et les communautés sont contraintes de quitter leurs maisons du fait de la sécheresse, a-t-il précisé. « Nous dépendons de l’agriculture, épine dorsale de notre économie », a-t-il dit, en s’inquiétant des conséquences des sécheresses et des inondations sur la survie du bétail et la production de moyens de subsistance. Le représentant a rappelé que deux tiers des terres kényennes n’étaient pas arables. Alors que la corne de l’Afrique connaît une sécheresse sans précédent, il est important que la communauté internationale commence à bien comprendre les conséquences graves des changements climatiques pour les pays les moins avancés, a-t-il insisté. Il faut des solutions claires afin que nous puissions tout mettre en œuvre dans l’intérêt de nos enfants, a-t-il souhaité avant de conclure.
M. KHALID MOHAMMED OSMAN SIDAHMED MOHAMMED ALI (Soudan) a rappelé que le conflit qui touche à sa fin au Darfour a été essentiellement causé par la sécheresse et la désertification de la région qui a commencé en 1985. Ces phénomènes ont eu des répercussions sur l’activité économique fondée sur l’agriculture et l’élevage, a-t-il expliqué, causant des tensions et finalement un conflit. Si les problèmes essentiels liés à cette sécheresse étaient réglés dans la région, le conflit aurait pu être évité, a-t-il estimé. Le représentant a donc appelé à axer les efforts sur les solutions des causes principales des conflits. Cela contribuerait considérablement à réduire les dépenses engagées pour le déploiement des opérations de maintien de la paix, a-t-il expliqué.
M. HENRY TACHIE-MENSON (Ghana) s’est dit fermement convaincu que le débat de ce jour encouragerait de nombreux pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à investir davantage dans les activités d’adaptation aux effets du réchauffement de la planète. Sur ce dernier point, il a précisé que l’adaptation doit comprendre la fourniture d’informations sur la vulnérabilité, des systèmes d’alerte rapide, la cogestion des ressources en eau entre les pays et régions, et le maintien de l’accès aux ressources naturelles les plus vitales pour les membres de chaque société. « Grâce à ces moyens, nous pourrons renforcer la sécurité et réduire les risques de conflits environnementaux », a estimé le représentant.
M. JORGE VALERO BRICEÑO (Venezuela) s’est dit préoccupé par l’« hyperactivité » de certains membres du Conseil de sécurité sur des questions qui ne sont pas de leur compétence, alors que ces mêmes États oublient, voire évitent d’examiner des initiatives qui contribueraient à légitimer ou à rendre plus transparent leur travail. C’est à l’Assemblée générale et au Conseil économique et social que reviennent les questions liées au développement socioéconomique, a tranché le représentant, en dénonçant de la part de certains membres du Conseil de sécurité un abus d’autorité qui viole les droits de la majorité des États Membres de l’ONU.
Il se trouve en outre, a poursuivi le représentant, que les changements climatiques et leurs conséquences sont couverts par un accord multilatéral juridiquement contraignant, consacré dans la Convention-cadre des Nations Unies et le Protocole de Kyoto. Ce qu’il faut, a-t-il insisté, c’est renforcer et non affaiblir le cadre institutionnel de l’Assemblée et du Conseil économique et social. Le Venezuela, a prévenu le représentant, s’oppose à toute initiative sur les changements climatiques qui sortirait du cadre de la Convention-cadre des Nations Unies, pour la simple raison qu’une telle initiative ne ferait que compromettre l’efficacité des institutions du système multilatéral sur ces questions. Le Conseil de sécurité n’a reçu aucun mandat pour traiter de la vulnérabilité des États face aux changements climatiques, a fait remarquer le représentant.
M. LUKE DAUNIVALU (Fidji) a indiqué que les changements climatiques posaient la menace la plus grave à la survie de nombreux petits États insulaires. La protection de notre intégrité territoriale et de notre existence est davantage menacée par les effets adverses des changements climatiques que par les conflits humains ou d’autres formes d’atrocités, a-t-il notamment fait savoir. De son avis, « l’implication sécuritaire fondamentale » des changements climatiques mérite la pleine attention des organes principaux de l’ONU.
Le représentant a estimé que le fait de saisir le Conseil de sécurité de la question des implications sécuritaires des changements climatiques ne constituait en rien un empiètement sur les mandats des différents organes de l’ONU chargés de la question des changements climatiques. Nous demandons simplement au Conseil de sécurité de s’acquitter des responsabilités que lui a conférées la Charte, a-t-il dit. Ce faisant, a ajouté M. Daunivalu, le Conseil de sécurité doit pleinement respecter les mandats des autres organes de l’ONU. Les menaces posées par les changements climatiques sont politiquement aveugles, a poursuivi le représentant, et il nous incombe à tous d’adopter une approche détaillée en la matière. Les enjeux sont trop sérieux, et le prix de l’inaction sera incommensurablement élevé, a-t-il par ailleurs affirmé.
M. ŁUKASZ ZIELIŃSKI (Pologne) a estimé que l’eau doit être au centre des efforts d’adaptation aux effets des changements climatiques, d’autant plus que toute pénurie peut conduire à des émeutes et à des pertes économiques susceptibles de déclencher des conflits à travers le monde. La compétition pour accéder aux ressources énergétiques peut, elle aussi, devenir une cause de conflits, a ajouté le représentant. Pour lutter contre ces menaces, il a appelé à l’adoption d’une nouvelle approche de la politique internationale qui impliquerait l’amélioration des capacités nationales en matière d’alerte rapide, d’analyse et d’action.
« Il nous faut disposer d’une coopération internationale renforcée qui fait des bonnes politiques environnementales une partie essentielle de la prévention des conflits. Il nous faut un cadre de gestion des risques et un meilleur partage des informations relatives aux menaces à la sécurité qui ont un lien avec les changements climatiques », a estimé M. Zielinski. La prévention, l’atténuation et les capacités de réponse doivent être conjuguées à la promotion de scenarii pour la sécurité régionale, a conclu le représentant.
M. OMBENI SEFUE (République-Unie de Tanzanie) a estimé que les liens entre sécurité et changements climatiques doivent être examinés par les entités de l’ONU chargées de s’occuper du développement durable. « Déjà en 2007, la majorité des États Membres étaient d’avis que le Conseil d sécurité doit éviter d’empiéter sur les prérogatives de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et de l’ECOSOC », a-t-il rappelé. Le représentant a ensuite recommandé que le Secrétaire général réclame qu’une étude complète soit menée pour déterminer l’ampleur et la portée des menaces pesant sur la sécurité des îles du Pacifique les plus vulnérables. « Les options et solutions qui résulteraient de cette étude seraient ensuite soumises pour examen à l’Assemblée générale », a-t-il préconisé.
M. RON PROSOR (Israël) a mis l’accent sur les conséquences économiques des changements climatiques et, notamment, sur les risques pour les petits États insulaires en développement de perdre leur territoire. Il a dit qu’Israël poursuivait ses efforts pour réaliser l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20% d’ici à 2020. Il a indiqué qu’Israël a créé une Commission ministérielle sur la protection de l’environnement et les changements climatiques composée de représentants de tous les ministères et de la société civile. Israël, dont les terres sont arides et semi-arides, dispose d’une expérience significative qu’il souhaite partager dans le domaine de la lutte contre la désertification et la gestion des forêts ainsi que de l’agriculture et de l’eau, a assuré son représentant.
M. JUAN PABLO DE LAIGLESIA (Espagne) a déclaré que les changements climatiques présentaient d’énormes risques pour la sécurité des États et celle des populations humaines. Il a précisé que le 28 juin 2011, l’Espagne a adopté une nouvelle stratégie visant à faire face aux problèmes sécuritaires et aux risques de conflits liés à l’insuffisance de ressources et à l’exacerbation de la pauvreté en raison des effets des changements climatiques. Il a salué l’initiative de l’Allemagne, qui a conduit à l’organisation de cette réunion sur les changements climatiques, en raison de l’impact potentiel de ce phénomène sur la sécurité internationale.
M. CESARE MARIA RAGAGLINI (Italie) a observé que les changements climatiques multiplient les menaces de déclenchement de conflits. Il a évoqué les risques provoqués par l’élévation du niveau de la mer, la raréfaction des ressources naturelles, la désertification, ou encore les migrations climatiques. Il s’est félicité de ce débat au Conseil de sécurité sur les implications des changements climatiques sur la sécurité, tout en appelant à respecter les prérogatives des organes et instruments pertinents. Le représentant a invité à soutenir les petits États insulaires en développement qui ne peuvent pas faire face à toutes les menaces des changements climatiques. L’Italie coopère dans ce domaine de façon bilatérale, et dans le cadre du partenariat développé entre l’Union européenne et les pays du Pacifique.
M. ABDULLAH HUSSAIN HAROON (Pakistan) a indiqué que des évaluations scientifiques pragmatiques ont révélé que les pays développés devaient réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 25 à 40% par rapport à leur niveau de 1990 d’ici à 2020. Or il semble que sur la base d’une augmentation de 6% dans le pire des cas ou d’une réduction de 16% pour les pays ayant produit les meilleures résultats, nous nous orientons vers une augmentation moyenne des températures de 2,5 à 5 degrés, qui entraînera une série de catastrophes pour les pays en développement les plus vulnérables, a déploré M. Haroon. Il a estimé que les changements climatiques sont responsables de la transformation en désert de 20% des terres devenues semi-arides à travers le monde, et que le phénomène a entamé les réserves en eau de près d’un milliard de personnes, avec des conséquences en matière de sécurité en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Il a estimé que le Pakistan était une des plus grandes victimes de l’injustice climatique créée par les émissions de gaz à effet de serre. Il s’est inquiété notamment de la disparition des aires glaciaires montagneuses, qui couvrent 15 000 kilomètres carrés au Pakistan. Il a précisé que 80% des terres cultivées dans le pays étaient irriguées grâce à l’eau provenant des glaciers pakistanais.
Déclaration présidentielle
Le Conseil de sécurité réaffirme la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales qui lui incombe en vertu de la Charte des Nations Unies. Le Conseil souligne qu’il importe de mettre en place des stratégies de prévention des conflits.
Le Conseil est conscient de la responsabilité qui incombe à l’Assemblée générale et au Conseil économique et social pour ce qui a trait au développement durable et notamment aux changements climatiques.
Le Conseil souligne la résolution 63/281 de l’Assemblée générale en date du 3 juin 2009, qui réaffirme que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est l’instrument clef de la recherche d’une solution aux changements climatiques, rappelle les dispositions de cet instrument, notamment la reconnaissance que le caractère planétaire des changements climatiques requiert de tous les pays qu’ils coopèrent le plus possible et participent à une action internationale efficace et appropriée, selon leurs responsabilités communes mais différenciées, leurs capacités respectives et leur situation économique et sociale, et invite les organes concernés de l’Organisation des Nations Unies à redoubler d’efforts, selon qu’il conviendra, et dans le cadre de leurs mandats respectifs, pour s’intéresser et faire face aux changements climatiques, notamment aux répercussions que ceux-ci pourraient avoir sur la sécurité.
Le Conseil prend note de la résolution 65/159 adoptée par l’Assemblée générale le 20 décembre 2010 et intitulée « Sauvegarde du climat mondial pour les générations présentes et futures ».
Le Conseil note qu’en réponse à la demande formulée par l’Assemblée générale dans sa résolution 63/281, le Secrétaire général a présenté à cette dernière un rapport intitulé « Les changements climatiques et leurs répercussions éventuelles sur la sécurité » (A/64/350).
Le Conseil craint que les effets préjudiciables éventuels des changements climatiques puissent, à long terme, aggraver les menaces existantes à la paix et la sécurité internationales.
Le Conseil exprime sa préoccupation devant les répercussions que la perte de territoire de certains États par suite de l’élévation du niveau de la mer pourrait avoir sur la sécurité, en particulier dans les petits États insulaires de faible altitude.
Le Conseil note que, pour les questions relatives au maintien de la paix et de la sécurité internationales dont il est saisi, l’analyse des conflits et l’information contextualisée concernant, entre autres, les répercussions des changements climatiques sur la sécurité sont importantes lorsque de tels vecteurs de conflit rendent difficile la mise en œuvre du mandat du Conseil ou compromettent la consolidation de la paix. À cet égard, il demande au Secrétaire général de veiller à ce que les rapports qu’il lui présente contiennent cette information contextualisée.
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