Un nouveau chapitre de défis s’est ouvert en Côte d’Ivoire, déclare le Chef de l’Opération des Nations Unies dans ce pays devant le Conseil de sécurité
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6584e séance – matin
UN NOUVEAU CHAPITRE DE DÉFIS S’EST OUVERT EN CÔTE D’IVOIRE, DÉCLARE LE CHEF
DE L’OPÉRATION DES NATIONS UNIES DANS CE PAYS DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ
Le Représentant permanent de la Côte d’Ivoire souligne que
son pays « a besoin d’une opération de maintien de la paix importante et robuste »
Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), M. Choi Young-jin, a souligné ce matin devant le Conseil de sécurité que si un chapitre douloureux de l’histoire de la Côte d’Ivoire est désormais clos, une nouvelle page s’ouvrait, comportant de « nombreux défis ».
Le Représentant permanent de la Côte d’Ivoire auprès des Nations Unies, M. Youssoufou Bamba, a, de son côté, transmis le message du Président Alassane Ouattarra au Conseil de sécurité concernant les attentes du pays pour les 12 prochains mois vis-à-vis de l’ONUCI et de la force Licorne. « La Côte d’Ivoire a besoin d’une opération de maintien de la paix importante et robuste pour consolider cette paix retrouvée mais fragile », a dit M. Bamba.
M. Choi, qui présentait au Conseil le rapport du Secrétaire général sur l’ONUCI, a jugé qu’il existait aujourd’hui une « très bonne fenêtre d’opportunité pour l’administration Ouattara et la communauté internationale ». « Les efforts sont désormais en cours pour régler les quatre tâches principales qui se posent en cette période de l’après-crise: la restauration du droit et de l’ordre, la réconciliation nationale, la tenue des élections législatives, et la relance économique. »
Selon le Représentant spécial du Secrétaire général, tous les efforts déployés à cet égard « semblent aller dans la bonne direction ». Toutefois, a-t-il admis, la condition sine qua non du succès passe avant tout par une « restauration rapide du droit et de l’ordre dans tout le pays ». Pour cela, a ajouté M. Choi, « une vision claire, liée à l’établissement d’une structure nationale sécuritaire » doit être développée.
« Le Président Ouattara et son équipe, qui ont fait montre d’une patience et d’un sang-froid remarquables au cours de la crise, œuvrent jour et nuit à relever les défis posés après la crise dans l’intérêt du peuple ivoirien », a conclu M. Choi.
Pour sa part, le Représentant permanent de la Côte d’Ivoire a déclaré que l’investiture le 21 mai 2011, à Yamoussoukro, du Président Alassane Ouattara avait marqué le « retour formel de l’ordre constitutionnel » dans le pays « après 10 années de crise militaro-sociopolitique et cinq mois de crise postélectorale dont le bilan humain est estimé à 3 000 morts ».
« Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire retrouve progressivement le chemin d’une vie normale », a dit M. Bamba, précisant que le Gouvernement ivoirien s’était « tout de suite mis au travail en mettant l’accent sur la recherche de l’efficacité ». Les différentes évaluations montrent, a-t-il poursuivi, que « de nombreux défis se dressent et demandent à être surmontés rapidement au risque de perdre l’élan acquis ».
Le représentant a ainsi mis l’accent sur la nécessité de régler les questions liées à la stabilisation de la situation sécuritaire, au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration (DDR), à la réforme du secteur de la sécurité, à la réconciliation nationale, à la situation humanitaire et des droits de l’homme, à l’organisation des élections législatives et à la relance économique.
Le Représentant permanent a estimé que la Côte d’Ivoire « ne saurait se passer du soutien des Nations Unies ». « C’est dire que la nécessité de prolonger le mandat de l’ONUCI et de la force Licorne s’impose », a-t-il ajouté, concluant: « il s’agit d’une assistance et d’un appui indispensables dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs que le Gouvernement ivoirien s’est assignés pour remettre le pays sur les rails du progrès au bout des six prochains mois. »
LA SITUATION EN CÔTE D’IVOIRE
Vingt-huitième rapport du Secrétaire général sur l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (S/2011/387)
Dans ce rapport le Secrétaire général déclare que « l’arrestation du Président Gbagbo a clos un chapitre douloureux de l’histoire de la Côte d’Ivoire qui n’aurait jamais dû avoir lieu ». Il estime que « l’inauguration du Président Ouattara a représenté le couronnement de la lutte du peuple ivoirien contre la tentative visant à aller contre leur volonté exprimée démocratiquement ». Il exprime sa gratitude à la communauté internationale, en particulier la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine, pour son appui indéfectible et son engagement actif, ainsi qu’aux nombreux dirigeants politiques du monde entier dont le soutien à la Côte d’Ivoire a été inébranlable.
Il déclare qu’au cours de sa visite en Côte d’Ivoire les 21 et 22 mai, il a été encouragé par les progrès réguliers qui sont faits par le gouvernement du Président Ouattara et par les signes d’un retour progressif à la normale. La situation en matière de sécurité est toutefois encore extrêmement précaire et il faudra du temps pour reconstituer les capacités nationales détruites, prévient-il. Il relève les défis « impressionnants » à relever pour instaurer de nouveau une paix et une stabilité durables, du fait de la crise qui a suivi les élections et qui a réduit à néant les progrès faits précédemment dans le processus de paix et créé d’autres problèmes.
Selon le Secrétaire général, la tâche la plus pressante est d’aider le Gouvernement ivoirien à remédier aux problèmes qui pourraient rallumer le conflit. Il estime que les 6 à 12 mois à venir vont déterminer si la Côte d’Ivoire continue de se relever progressivement de la crise ou va, de nouveau, se retrouver en situation de conflit. « Je suis convaincu que les menaces qui continuent de peser sur la stabilité du pays et de la sous-région peuvent être atténuées, mais que le Gouvernement de la Côte d’Ivoire a besoin d’un appui résolu, notamment de la part de l’ONU », précise-t-il.
« La stabilisation de la situation en matière de sécurité demeure la priorité numéro un », selon lui, mais, tempère-t-il, « l’instauration d’une paix et d’une sécurité durables ne peut se limiter à des mesures de sécurité ». Il sera tout aussi important de promouvoir la réconciliation tout en luttant contre l’impunité et en assurant la transparence, de protéger les droits de l’homme, de créer des institutions fortes et indépendantes, de faire en sorte que la gouvernance ait un caractère intégrateur, de remédier aux causes du conflit et de faciliter le développement économique.
Il faut, parallèlement, que les élections législatives se tiennent dans les délais prévus et qu’elles soient ouvertes, transparentes et crédibles et que les besoins immédiats de la population soient satisfaits, notamment que les personnes déplacées puissent rentrer chez elles.
En dépit de ces problèmes immédiats, la Côte d’Ivoire semble être sur la bonne voie, estime M. Ban, constatant en outre que le Président de la Côte d’Ivoire est conscient des lourdes responsabilités qui lui incombent. Il se dit encouragé par l’engagement et la détermination de toutes les personnes qu’il a rencontrées au cours de sa visite, même s’il est conscient que « rien n’aura lieu du jour au lendemain ». Il invite les Ivoiriens à s’unir derrière une vision commune, à redoubler d’efforts dans l’intérêt de leur pays et à faire preuve de patience.
Le Secrétaire général relève aussi que « le pays aura besoin de notre aide en cette période critique pour se relever ». Il a assuré que l’ONU fournirait aux autorités ivoiriennes l’appui demandé et collaborerait étroitement avec tous les partenaires pour aider le Gouvernement dans ses efforts tout au long des mois critiques qui viennent.
M. Ban Ki-moon recommande au Conseil de sécurité de faire siens les domaines prioritaires nécessitant une intervention des Nations Unies en Côte d’Ivoire, notamment le soutien aux efforts de stabilisation de la situation en matière de sécurité, ainsi que le soutien aux efforts visant à améliorer la situation humanitaire.
Le Secrétaire général recommande aussi au Conseil de sécurité de proroger le mandat de l’ONUCI d’une année et d’autoriser le maintien des effectifs militaires de l’ONUCI, soit 9 792 personnes, dont 8 402 soldats, 186 observateurs militaires et 96 officiers d’état-major. Il recommande également que le nombre d’officiers de police déployés individuellement et disposant des compétences linguistiques appropriées augmente de 205 personnes, ce qui porterait les effectifs autorisés à 1 555 fonctionnaires de police, et que la présence des 8 agents des douanes précédemment autorisés soit maintenue.
M. Ban Ki-moon préconise également un soutien bilatéral et multilatéral résolu à la Côte d’Ivoire. Il se félicite de l’appui continu du Facilitateur, le Président du Burkina Faso, M. Blaise Compaoré, au processus de paix en Côte d’Ivoire. Il propose de répartir les tâches entre l’ONUCI, l’équipe de pays des Nations Unies et les partenaires bilatéraux et autres. Il est également impératif de faire en sorte que le pays ait la pleine maîtrise du processus de paix et de sa propre reconstruction, préconise-t-il.
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