Moyen-Orient: le Conseil de sécurité proroge de six mois le mandat de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement
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Conseil de sécurité
6572e séance – matin
MOYEN-ORIENT: LE CONSEIL DE SÉCURITÉ PROROGE DE SIX MOIS LE MANDAT DE LA FORCE
DES NATIONS UNIES CHARGÉE D’OBSERVER LE DÉSENGAGEMENT
Des membres du Conseil condamnent les agissements de la Syrie
lors des incidents récents dans le Golan ainsi que la répression
Le Conseil de sécurité a renouvelé, ce matin, pour une période de six mois, soit jusqu’au 31 décembre 2011, le mandat de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD).
Par sa résolution 1993 (2011), adoptée à l’unanimité, le Conseil s’est également déclaré gravement préoccupé par les événements survenus dans la zone d’opérations de la Force les 15 mai et 5 juin derniers et qui, selon ses membres, ont compromis le cessez-le-feu observé par les parties israéliennes et syriennes.
Aux termes de ce texte, le Conseil rappelle ainsi que les parties ont l’obligation de pleinement respecter les termes de l’Accord sur le désengagement des forces de 1974. Il appelle celles-ci à faire preuve de retenue et à prévenir toute violation du cessez-le-feu et incursion dans la zone de séparation.
À l’issue du vote, des membres du Conseil de sécurité ont pris la parole pour condamner les agissements des autorités syriennes lors des incidents du 15 mai et du 5 juin.
Comme l’indique le Secrétaire général dans son rapport* dont était saisi le Conseil le securité, « des manifestations dans la zone d’opérations de la FNUOD, commémorant l’anniversaire de la ‘Nakba’ et de la ‘Naksa’, ont fait un nombre non confirmé de victimes dans la population civile et ont compromis le cessez-le-feu qui était observé depuis longtemps ».
Pour le Royaume-Uni, l’Allemagne, les États-Unis et la France, ces incidents, impliquant en grande majorité des Palestiniens, ont été provoqués par les autorités syriennes afin de détourner l’attention de l’opinion internationale de la répression qu’elles mènent depuis trois mois dans leur pays.
« Les Palestiniens réfugiés dans le Golan ont été manipulés et ils s’en sont rendus compte », a ainsi déclaré le représentant de l’Allemagne, tandis que la déléguée des États-Unis a assuré que le Gouvernement syrien avait joué un rôle dans ces événements, en vue de détourner l’attention de l’opinion des « meurtres » qu’il commet contre son peuple.
Ces délégations ont exhorté le régime syrien à respecter les aspirations des Syriens et à amorcer un dialogue national sérieux devant conduire à la transition démocratique.
De son côté, le représentant de la France a souhaité que le Conseil de sécurité réponde à l’appel du Secrétaire général en travaillant à l’adoption d’une résolution « qui adresserait aux autorités syriennes le seul message à même de préserver la paix et la stabilité dont ce Conseil a la charge ».
Le représentant de la Syrie est ensuite intervenu pour regretter que, depuis les récents développements en Syrie, « et après le recours à la violence par des extrémistes contre des civils syriens », des tentatives d’entraîner le Conseil de sécurité dans l’examen de questions qui ne relèveraient pas, selon lui, de son mandat « se sont multipliées ».
Il a dénoncé ce qu’il a considéré être des tentatives visant à intégrer certains incidents récents dans un projet de résolution qui porte sur la prorogation du mandat de la FNUOD. « Cette prorogation technique s’est faite sans heurt depuis des années », a–t-il relevé, avant de dénoncer l’utilisation faite, à son avis, du Conseil de sécurité « par certains membres ».
Après avoir apporté son soutien au mandat de la FNUOD, le représentant d’Israël a, pour sa part, estimé que le régime syrien n’avait pas empêché les manifestants d’atteindre la ligne de désengagement, « une tentative flagrante par la Syrie de détourner l’attention de ses propres actions internes ».
« Bashar Al-Assad est, à ma connaissance, le seul ophtalmologiste à ne pas savoir comprendre la vision de son propre peuple », a-t-il ajouté, considérant que le régime syrien ne devrait pas être autorisé à se comporter de la sorte, « simplement parce qu’il ne souhaite pas que les cris de son propre peuple soient entendus ».
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Rapport du Secrétaire général sur la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement pour la période allant du 1er janvier au 30 juin 2011 (S/2011/359)
Texte de la résolution S/2011/385
Le Conseil de sécurité,
Notant avec préoccupation que la situation au Moyen-Orient est tendue et semble devoir le rester tant qu’on ne sera pas parvenu à un règlement d’ensemble de la question du Moyen-Orient sous tous ses aspects,
Ayant examiné le rapport du Secrétaire général sur la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement en date du 13 juin 2011 (S/2011/359), et réaffirmant sa résolution 1308 (2000) du 17 juillet 2000,
Se déclarant gravement préoccupé par les faits graves survenus dans la zone d’opérations de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement les 15 mai et 5 juin, qui sont venus remettre en cause le cessez-le-feu observé de longue date,
Demande aux parties concernées d’appliquer immédiatement sa résolution 338 (1973) du 22 octobre 1973;
Demande également à toutes les parties de coopérer pleinement avec les opérations de la Force et d’assurer la sécurité ainsi que l’accès plein et immédiat du personnel des Nations Unies s’acquittant de son mandat, en application des accords existants;
Rappelle que les deux parties ont l’obligation de respecter pleinement les termes de l’Accord sur le désengagement des forces de 1974 et appelle les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à prévenir toutes violations du cessez-le-feu et incursion dans la zone de séparation;
Se félicite de ce que la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement fait pour appliquer la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard de tous actes d’exploitation ou de violence sexuelles et veiller à ce que son personnel se conforme strictement au code de conduite des Nations Unies, prie le Secrétaire général de continuer à prendre toutes mesures nécessaires à cet égard et à tenir le Conseil informé, et demande instamment aux pays qui fournissent des contingents de prendre des mesures préventives et disciplinaires pour que ces actes fassent l’objet d’enquêtes en bonne et due forme et soient dûment sanctionnés toutes les fois que leur personnel serait en cause;
Décide de renouveler pour une période de six mois, soit jusqu’au 31 décembre 2011, le mandat de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement;
Prie le Secrétaire général de lui présenter, à la fin de cette période, un rapport sur l’évolution de la situation et sur les mesures prises pour appliquer la résolution 338 (1973), et notamment une évaluation, accompagnée éventuellement de recommandations, de la capacité opérationnelle de la Force afin de faire en sorte que celle-ci soit configurée pour pouvoir s’acquitter des tâches qui lui ont été confiées.
Déclarations après le vote
Le représentant du Royaume-Uni a plaidé en faveur d’une solution durable en ce qui concerne les violences en Syrie. Il a ajouté que, ces violences représentant une menace à la paix et la sécurité internationales, son pays, « aux côtés de collègues du Conseil », continuerait de demander que le Conseil de sécurité adopte une résolution qui enverrait un message clair aux autorités syriennes et condamnerait leurs agissements depuis trois mois. Après avoir appelé à engager des enquêtes sur les violences en Syrie, le représentant a exhorté le Président BasharAl-Assadà répondre aux aspirations légitimes de son peuple, à accepter de dialoguer avec le Secrétaire général de l’ONU et à mettre en œuvre des réformes réelles.
Le représentant de l’Allemagne a appuyé les propos de son homologue britannique et estimé, s’agissant des incidents survenus le 15 mai et le 5 juin derniers dans le Golan, qu’ils avaient été provoqués par les autorités syriennes. Il a assuré que c’étaient ces dernières qui avaient encouragé la tenue de manifestations et provoqué les réactions israéliennes. « Les Palestiniens réfugiés dans le Golan ont été manipulés et ils s’en sont rendus compte », a-t-il encore déclaré avant d’exhorter, lui aussi, le Président syrien à adopter des réformes crédibles et à avancer sur la voie de la transition démocratique.
La représentante des États-Unis, qui a salué le rôle précieux de la FNUOD pour maintenir le cessez-le-feu conclu en 1974 entre Israël et la Syrie, a exprimé sa préoccupation quant aux événements survenus récemment dans le Golan. Elle a assuré que le Gouvernement syrien avait joué un rôle dans ces événements, cela pour détourner l’attention de l’opinion des « meurtres » qu’il commet contre son peuple. La représentante a demandé aux autorités syriennes de mettre fin aux exactions « ayant coûté la vie à 1 000 personnes au cours des trois derniers mois » et à amorcer un dialogue sérieux en faveur de la transition démocratique.
Le représentant du Liban a dénoncé les tentatives israéliennes visant à changer la composition démographique dans la région du Golan syrien « par le biais de l’élargissement des colonies, et ce, en violation des résolutions du Conseil de sécurité ». « Israël doit se retirer complètement des hauteurs du Golan », a-t-il ajouté, déplorant le traitement politique du Conseil de sécurité du libellé d’une résolution technique.
Le représentant de la France a souligné que la présente résolution différait des précédentes « en réponse à l’évolution de la situation dans le Golan ». Notant que les incidents graves qui ont éclaté récemment dans le Golan avaient mis en péril le cessez-le-feu observé depuis 1975 entre la Syrie et Israël, il a appelé les parties à respecter les accords de 1974 et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Pour le représentant français, « les violations intervenues le 15 mai et le 5 juin du côté syrien montrent que ces obligations n’ont pas été respectées par les autorités syriennes ». « La France déplore vivement les nombreuses victimes qu’ont causées ces graves incidents », a-t-il poursuivi.
Le représentant, se référant ensuite au rapport du Secrétaire général, a affirmé que « les manifestants palestiniens qui ont pénétré dans la zone de séparation ont bénéficié du laisser-faire, sinon de l’assistance des autorités syriennes qui ont pourtant l’obligation de garantir le respect du cessez-le-feu en prévenant les violations de la ligne et de la zone de séparation ». « Ces violations de la zone de séparation se sont faites sous l’œil des Forces de sécurité syriennes, dont le rapport indique qu’elles ont régenté les manifestations », a encore souligné le représentant de la France.
Jugeant que les incidents du 15 mai et du 5 juin étaient le résultat de tentatives du régime syrien visant à détourner l’attention internationale des aspirations de son propre peuple « qu’il écrase dans le sang », il a souhaité que le Conseil de sécurité réponde à l’appel du Secrétaire général en travaillant à l’adoption d’une résolution « qui adresserait aux autorités syriennes le seul message à même de préserver la paix et la stabilité dont ce Conseil a la charge ».
Le représentant de la Fédération de Russie a estimé que la présence de la FNUOD était nécessaire et que sa délégation soutenait le rôle stabilisateur de la Force. Il a jugé que les ressources mises à la disposition de la FNUOD étaient suffisantes pour lui permettre de s’acquitter de son mandat. Soulignant le caractère technique de cette prorogation, le représentant a fait observer que la situation en Syrie ne figurait pas à l’ordre du jour du Conseil de sécurité et que les événements sur place ne posaient pas de problèmes à la paix et à la sécurité internationales.
Le représentant de la Chine a estimé que la situation en Syrie relevait des affaires internes de ce pays et qu’elle constituait de toute façon une question distincte de la prorogation du mandat de la FNUOD.
Le représentant de la République arabe syrienne a rappelé que la raison pour laquelle la FNUOD se trouvait déployée était l’occupation israélienne qui se poursuit depuis 1967. Il a souligné que cette opération « continue d’être la mission la plus sûre déployée par le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) » depuis sa création en 1974. En outre, la Syrie a toujours entretenu des liens étroits avec la FNUOD et le Département des opérations de maintien de la paix depuis 30 ans. Les rapports successifs du Secrétaire général n’ont jamais cessé de relever l’ampleur de cette coopération et le respect de la sécurité des personnels de la mission par les forces syriennes. « Nous avons toujours dit que nous mettrions tout en œuvre pour assurer la sécurité des soldats », a martelé le représentant.
Depuis les récents développements en Syrie, et suite au recours à la violence par des extrémistes contre des civils syriens, notamment des manifestants pacifiques, des tentatives d’entraîner le Conseil de sécurité dans l’examen de questions qui ne relèvent pas de son mandat se sont multipliées, a-t-il estimé. Il a dénoncé ce qu’il a considéré être des tentatives visant à intégrer certains incidents récents dans un projet de résolution qui porte sur la prorogation du mandat de la FNUOD. Cette prorogation technique s’est faite sans heurts depuis des années, a rappelé la délégation, avant de dénoncer l’utilisation faite, selon lui, du Conseil de sécurité par certains membres.
La Syrie, a poursuivi le délégué, accueille actuellement deux millions de réfugiés iraquiens déplacés par l’invasion américano-britannique et un demi-million de Palestiniens par l’occupation israélienne. « Nous ne sommes pas responsables de ces situations », a-t-il observé, avant de demander pourquoi une aide humanitaire n’avait pas été offerte.
Après avoir apporté son soutien au mandat de la FNUOD, le représentant d’Israël a déclaré qu’en raison de l’instabilité régionale, le besoin de maintenir cette présence onusienne n’avait jamais été plus clair. Le 15 mai, a-t-il rappelé, un large groupe de manifestants organisés ont franchi le mur de défense et ont ouvert les hostilités contre les Forces de défense israéliennes près de Majal Chams. Le 5 juin, des centaines d’autres ont à nouveau tenté de franchir la ligne de désengagement avec Israël, lançant notamment des cocktails Molotov.
Le régime syrien, a-t-il dit, n’a pas empêché les manifestants d’atteindre la ligne de désengagement, « une tentative flagrante par la Syrie de détourner l’attention de ses propres actions internes. « Bashar Al-Assad est, à ma connaissance, le seul ophtalmologiste à ne pas savoir comprendre la vision de son propre peuple. » Le régime syrien ne devrait pas être autorisé à se comporter de la sorte, tout simplement parce qu’il ne souhaite pas que les cris de son propre peuple soient entendus.
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