En cours au Siège de l'ONU

CS/10272

Le Conseil de sécurité souligne qu’une action globale, urgente et coordonnée reste indispensable pour enrayer l’impact du VIH/sida durant et après les conflits

07/06/2011
Conseil de sécuritéCS/10272
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6547e séance – matin


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ SOULIGNE QU’UNE ACTION GLOBALE, URGENTE ET COORDONNÉE RESTE

INDISPENSABLE POUR ENRAYER L’IMPACT DU VIH/SIDA DURANT ET APRÈS LES CONFLITS


Le Secrétaire général appelle les États Membres à réaliser l’objectif « zéro »: « aucune infection, aucune discrimination et aucun mort du VIH/sida »


Onze ans après l’adoption de sa résolution 1308 (2000), où il reconnaissait la menace que pouvait poser le VIH/sida à la stabilité et à la sécurité internationales, le Conseil de sécurité a souligné, ce matin, qu’une action internationale « urgente et coordonnée » reste indispensable à la communauté internationale afin de lui permettre d’enrayer l’impact de la pandémie durant et après les conflits.  Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a appelé de son côté le Conseil et les États Membres à se concentrer sur la réalisation de l’objectif « zéro », qu’il a défini comme étant une situation et une période au cours de laquelle le monde ne connaitrait « aucune infection, aucune discrimination et aucun mort du VIH/sida ».


À la veille de la Réunion de haut niveau que l’Assemblée générale tiendra du 8 au 10 juin pour commémorer le dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration d’engagement contre le VIH/sida, le Conseil de sécurité consacrait aujourd’hui un débat, présidé par le Chef de l’État du Gabon, M. Ali Bongo Ondimba, aux conséquences pour la paix et la sécurité internationales de l’épidémie de VIH/sida, qui, en 30 ans, a infecté plus de 60 millions de personnes et fait 25 millions de morts.  Le Gabon assure la présidence du Conseil de sécurité au cours de ce mois de juin 2011.


En adoptant ce matin à l’unanimité la résolution 1983 (2011), le Conseil de sécurité a ainsi noté la « nécessité de mener une action efficace et coordonnée aux niveaux local, national, régional et international pour lutter contre l’épidémie et atténuer ses effets », de même que la « nécessité d’une intervention cohérente des Nations Unies pour aider les États Membres à faire face à ce problème ».


Le Conseil de sécurité a encouragé l’incorporation de la prévention, du traitement, des soins et du soutien en matière de VIH dans l’application des tâches confiées aux opérations de maintien de la paix, tout en soulignant la « nécessité d’intensifier les activités de prévention du VIH au sein des missions des Nations Unies ».


Aux termes de la résolution adoptée ce matin, il a prié le Secrétaire général d’« envisager de prendre en compte les besoins pertinents des populations vivant avec le VIH, affectées par le virus et vulnérables dans ce domaine, y compris les femmes et les filles, dans ses activités concernant la prévention et le règlement des conflits, le maintien de la paix et de la sécurité internationales, la prévention des violences sexuelles liées à un conflit et l’intervention en la matière, ainsi que la consolidation de la paix après les conflits ».


Le Conseil a aussi prié le Secrétaire général de « poursuivre » et de « renforcer l’action qu’il mène en vue d’appliquer la politique de tolérance zéro à l’égard de toute forme d’exploitation ou d’abus sexuels dans les missions des Nations Unies ».


« Le moment est venu de prendre des mesures ambitieuses », a déclaré le Secrétaire général, avant l’adoption de la résolution par les 15 membres du Conseil.  M. Ban a ainsi exhorté les États Membres à coordonner leurs efforts de lutte contre le VIH/sida dans le cadre des campagnes contre les violences sexuelles et pour la promotion des droits des femmes.


De son côté, le Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), M. Michel Sidibé, constatant que la riposte mondiale au sida se trouvait à la « croisée des chemins », après des progrès significatifs réalisés depuis l’adoption de la résolution 1308 (2000) du Conseil de sécurité et celle de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida de l’Assemblée générale, s’est toutefois dit profondément préoccupé par la façon dont le sida et les conflits étaient encore interconnectés.  « C’est la raison pour laquelle la nouvelle résolution, adoptée aujourd’hui par le Conseil, est si importante », a-t-il dit.


Ouvrant la discussion, le Président du Gabon a notamment jugé « souhaitable de mettre en synergie les politiques de lutte contre le VIH et les stratégies de prévention des violences sexuelles dans les situations de conflit et postconflit ».  Le Président gabonais a également invité les institutions financières internationales, en coopération avec les États, à « mobiliser davantage de ressources pour renforcer les capacités des systèmes de santé nationaux afin de permettre aux personnes infectées ou affectées par le VIH/sida de bénéficier d’une assistance adéquate ».


Son homologue du Nigéria, M. Goodluck Ebele Jonathan, a estimé que la communauté internationale devait désormais s’efforcer de mieux protéger du VIH/sida les femmes et les filles qui en sont les premières victimes.  Une réponse coordonnée au niveau mondial est indispensable, a-t-il préconisé, « car les coûts de l’inaction seront beaucoup plus élevés que ceux de l’action ».


Pour le Vice-Président de l’Afrique du Sud, M. Kgalema Motlanthe, la réponse mondiale doit combiner l’apport de ressources substantielles et celle d’une expertise suffisante pour aider les pays qui en ont besoin à prévenir les infections au VIH.  « Cette aide doit permettre notamment d’améliorer le secteur de la santé », a-t-il précisé.  M. Motlanthe a aussi souhaité que les stratégies adoptées dans ce domaine s’appliquent particulièrement au cours des périodes de conflit prolongé et au lendemain d’un conflit, et qu’elles soient mises en œuvre dans les camps de réfugiés, parmi le personnel armé et humanitaire, et parmi les femmes et les enfants.


Enfin, le Ministre des affaires étrangères de la France, M. Alain Juppé, a affirmé que le Conseil de sécurité avait, en particulier, la responsabilité d’encourager et d’assister le développement de stratégies nationales de lutte contre le sida « sur la base des valeurs et des engagements portés par les Nations Unies: le respect des droits de l’homme, la non-pénalisation de l’homosexualité, l’attention aux populations vulnérables, la lutte contre les stigmatisations et les discriminations à l’encontre des personnes vivant avec le VIH ». 


MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Conséquences de l’épidémie de VIH/sida pour la paix et la sécurité internationales


Lettre datée du 6 juin 2011, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Gabon auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2011/340)


Texte du projet de résolution S/2011/341


Le Conseil de sécurité,


Gravement préoccupé par le fait que depuis le début de l’épidémie de VIH, il y a 30 ans, plus de 60 millions de personnes ont été infectées, plus de 25 millions sont mortes et plus de 16 millions d’enfants ont été rendus orphelins par le sida,


Rappelant la réunion qu’il a tenue le 10 janvier 2000 sur « la situation en Afrique: les conséquences du sida sur la paix et la sécurité en Afrique » et ses réunions ultérieures sur « le VIH/sida et les opérations internationales de maintien de la paix », et réaffirmant qu’il tient à ce que toutes ses résolutions pertinentes, notamment les résolutions 1308 (2000), 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1894 (2009), 1960 (2010) et toutes les déclarations de son président sur la question continuent d’être appliquées et le soient intégralement, de façon complémentaire,


Réaffirmant la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida de 2001 (A/RES/S-26/2) et la Déclaration politique sur le VIH/sida de 2006 (A/RES/60/262), y compris l’engagement pris en faveur de l’accès universel à la prévention, au traitement, au soin et au soutien, qui suppose de nouveaux efforts aux niveaux local, national, régional et international,


Rappelant le document adopté à l’issue du Sommet consacré aux Objectifs du Millénaire pour le développement (A/RES/65/1), et le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (A/65/19),


Prenant note du rapport du Secrétaire général sur l’application de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida de 2001 et de la Déclaration politique sur le VIH/sida de 2006 (A/65/797),


Reconnaissant que le VIH/sida pose l’un des obstacles les plus formidables au développement, au progrès et à la stabilité des sociétés et qu’il faut, pour le surmonter, une réponse mondiale exceptionnelle et globale, et prenant note avec satisfaction de la réponse sans précédent des États Membres, des partenariats public-privé, des organisations non gouvernementales ainsi que des rôles importants joués par la société civile, les communautés et les personnes qui vivent et sont touchées par le VIH dans l’élaboration de cette réponse,


Soulignant les rôles importants joués par l’Assemblée générale et le Conseil économique et social dans la lutte contre le VIH et le sida, et le fait que l’ensemble des entités concernées des Nations Unies doivent continuer à coordonner leurs efforts, dans le cadre de leurs mandats respectifs, à l’appui de l’action engagée au niveau mondial contre l’épidémie,


Se félicitant des efforts du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) pour coordonner et intensifier les mesures prises aux niveaux mondial, régional, national et local dans les diverses instances concernées pour lutter contre le VIH et le sida, ainsi que du rôle clef joué par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour mobiliser et fournir une assistance internationale, y compris des ressources, pour lutter contre le VIH et le sida,


Reconnaissant que la diffusion du VIH peut avoir des conséquences dévastatrices exceptionnelles sur tous les secteurs et à tous les niveaux de la société et que dans les situations de conflit ou faisant suite à un conflit, ces conséquences peuvent être encore plus profondes,


Reconnaissant de plus que la violence et l’instabilité qui règnent dans les situations de conflit et à l’issue d’un conflit peuvent contribuer à l’épidémie de VIH en raison, notamment, des importants mouvements de population, de l’incertitude généralisée au sujet de la situation qui règne, de la violence sexuelle liée au conflit et d’un accès plus limité aux soins,


Reconnaissant que les femmes et les filles sont particulièrement touchées par le VIH,


Soulignant qu’il importe de mener des efforts concertés pour mettre fin à la violence sexuelle liée aux conflits et à la violence sexiste, de donner aux femmes les moyens de limiter leur risque d’exposition au VIH/sida et de réduire la transmission verticale du VIH de la mère à l’enfant dans les situations de conflit et à l’issue de conflits,


Notant que la protection des civils par les opérations de maintien de la paix, conformément à leur mandat, peut contribuer à une réponse intégrée face au VIH et au sida, notamment par le biais de la prévention de la violence sexuelle liée aux conflits,


Soulignant que le VIH continue d’avoir des conséquences négatives sur la santé et l’état physique du personnel des missions des Nations Unies, et préoccupé par le fait que les statistiques disponibles montrent que les problèmes de santé sont devenus l’une des principales causes de décès sur le terrain depuis 2000,


Se félicitant des efforts déployés en matière de prévention traitement soins et de soutien en matière de VIH, y compris les mesures de dépistage et de conseil volontaires et confidentiels, des programmes mis en œuvre par de nombreux États Membres pour leur personnel en uniforme et par l’ONU pour son personnel civil en prévision de leur déploiement pour des missions des Nations Unies,


Rappelant que la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales lui incombe au premier chef,


1.    Souligne qu’une action internationale urgente et coordonnée continue de s’imposer pour enrayer l’impact de l’épidémie de VIH durant et après les conflits;


2.    Note dans ce contexte la nécessité de mener une action efficace et coordonnée aux niveaux local, national, régional et international pour lutter contre l’épidémie et atténuer ses effets, et la nécessité d’une intervention cohérente des Nations Unies pour aider les États Membres à faire face à ce problème;


3.    Note que le fardeau disproportionné que le VIH et le sida font peser aux femmes constitue un des obstacles et des défis persistants à l’égard de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes, et demande instamment aux États Membres, aux entités des Nations Unies, aux institutions financières internationales et aux autres parties prenantes d’appuyer la mise en place de moyens et le renforcement des capacités des systèmes nationaux de santé et des réseaux de la société civile afin de fournir une assistance durable aux femmes vivant avec le VIH ou affectées par le virus durant et après les conflits;


4.    Constate que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies peuvent apporter une contribution importante à une intervention intégrée à l’égard du VIH et du sida, se félicite que la sensibilisation au VIH soit incorporée dans les activités confiées aux missions et dans les projets de proximité destinés aux communautés vulnérables, et encourage la poursuite de ces activités;


5.    Souligne l’importance d’un appui vigoureux par les dirigeants civils et militaires des missions des Nations Unies pour la prévention, le traitement, les soins et le soutien concernant le VIH et le sida, en tant que facteur permettant de réduire l’opprobre et la discrimination liés au VIH et au sida;


6.    Prie le Secrétaire général d’envisager de prendre en compte les besoins pertinents des populations vivant avec le VIH, affectées par le virus et vulnérables dans ce domaine, y compris les femmes et les filles, dans ses activités concernant la prévention et le règlement des conflits, le maintien de la paix et de la sécurité internationales, la prévention des violences sexuelles liées à un conflit et l’intervention en la matière, ainsi que la consolidation de la paix après les conflits;


7.    Encourage l’incorporation, selon qu’il y a lieu, de la prévention, du traitement, des soins et du soutien en matière de VIH, y compris des programmes volontaires et confidentiels de conseils et de tests, dans l’application des tâches confiées aux opérations de maintien de la paix, y compris l’assistance aux institutions nationales, à la réforme du secteur de la sécurité et aux processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration; et la poursuite nécessaire de la prévention, du traitement, des soins et du soutien de ce genre durant et après le passage à d’autres configurations de la présence des Nations Unies;


8.    Souligne la nécessité d’intensifier les activités de prévention du VIH au sein des missions des Nations Unies; prend note de la directive du Département des opérations de maintien de la paix et du Département de l’appui aux missions sur le rôle et les fonctions des services chargés du VIH/sida dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, et prie le Secrétaire général de veiller à ce que des programmes de sensibilisation au VIH/sida et de prévention en la matière soient exécutés pour les missions des Nations Unies;


9.    Prie le Secrétaire général de poursuivre et de renforcer l’action qu’il mène en vue d’appliquer la politique de tolérance zéro à l’égard de toute forme d’exploitation ou d’abus sexuels dans les missions des Nations Unies;


10.   Salue et encourage la poursuite de la coopération entre les États Membres, par l’intermédiaire de leurs organes nationaux compétents, en vue de développer et d’appliquer durablement des activités de prévention, de traitement, de soins et de soutien en matière de VIH et de sida, de renforcer les capacités et d’élaborer des programmes et des politiques à l’intention du personnel civil et en uniforme qui doit être déployé dans les missions des Nations Unies;


11.   Invite le Secrétaire général à lui fournir, selon qu’il y a lieu, des informations complémentaires.


Déclarations


M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a rappelé que l’Assemblée générale tiendrait à partir de demain une Réunion de haut niveau commémorant le dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration d’engagement contre le VIH/sida.  Il y a 10 ans, a-t-il déclaré, le Conseil de sécurité a posé un acte historique en adoptant la résolution 1308 (2000) portant sur la question de l’impact du VIH/sida sur la paix et la sécurité internationales.  Depuis lors, a poursuivi M. Bongo, sous l’effet des efforts déployés séparément ou conjointement par les pays contributeurs de troupes, par le Département des opérations de maintien de la paix et par l’ONUSIDA, des progrès ont été réalisés dans la formation des personnels civil et militaire des missions des Nations Unies avant leur déploiement dans les missions de maintien et de consolidation de la paix.


La réunion d’aujourd’hui donne ainsi l’occasion, selon le Président gabonais, de faire le point sur les défis à relever pour l’avenir alors que la pandémie de VIH/sida demeure un obstacle au développement de certains pays et un risque à la sécurité collective, et tandis que de nouveaux facteurs continuent d’influer sur la dynamique des crises et des conflits ainsi que sur les processus de consolidation de la paix.  La première préoccupation découle du caractère frontalier et régional des conflits, a poursuivi M. Ali Bongo Ondimba, qui a souligné que dans la quasi-totalité des cas, les crises provoquaient des mouvements de population, augmentant ainsi les risques d’expansion du VIH/sida parmi les personnes déplacées et les réfugiés qui n’ont pas souvent accès aux services de santé pendant leurs migrations.  Ces risques sont plus perceptibles dans la phase postconflit, a-t-il précisé.


Le Président gabonais a en effet expliqué que les violences sexuelles étaient souvent utilisées comme armes de guerre, avec des conséquences désastreuses.  Dans la relation constatée entre violences sexuelles et VIH/sida dans les situations de conflit et postconflit, les populations civiles, notamment les femmes et les filles, sont les premières exposées, a-t-il relevé. 


S’agissant de la question des violences sexuelles, M. Bongo a souligné l’importance de continuer à mettre en œuvre les résolutions 1820 (2008), 1888 (2009) et 1960 (2010) du Conseil de sécurité.  Il a en outre jugé souhaitable de mettre en synergie les politiques de lutte contre le VIH/sida et les stratégies de prévention des violences sexuelles dans les situations de conflit et postconflit.  Il a invité les institutions financières internationales, en coopération avec les États, à mobiliser davantage de ressources pour renforcer les capacités des systèmes de santé nationaux afin de permettre aux personnes infectées ou affectées par le VIH/sida de bénéficier d’une assistance adéquate.


Sur le terrain, il importe, selon M. Bongo, de renforcer la sensibilisation des parties aux conflits sur leurs comportements à l’encontre des populations civiles.  De même, il importe de s’assurer de l’opérationnalité du volet prévention et traitement du VIH/sida dans les actions de réforme du secteur de la sécurité et dans les mécanismes de démilitarisation, de démobilisation et de réintégration postconflit.  Enfin, dans les missions de maintien et de consolidation de la paix, il est souhaitable de renforcer les programmes de lutte contre le VIH/sida et de continuer à s’assurer de l’effectivité des mesures de tolérance zéro, a préconisé le Président du Gabon.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), a déclaré que le moment était venu de prendre des mesures ambitieuses, 10 ans après la tenue de la première discussion sur le sida au Conseil de sécurité, tenue sous l’impulsion de l’Ambassadeur américain Richard Holbrooke.  M. Ban s’est félicité de constater qu’à l’initiative du Président du Gabon, Ali Bongo Ondimba, le Conseil de sécurité se saisissait pour la seconde fois de cette question cruciale, parallèlement à ce que va faire l’Assemblée générale.  M. Ban a rappelé qu’il n’avait pas cessé, pour sa part, d’attirer l’attention du Conseil de sécurité sur la question du VIH/sida, notamment dans ses rapports portant sur les violences sexuelles et sexistes et dans ceux qui mettent en évidence tout ce que font les femmes pour la paix et la sécurité.


L’engagement en faveur de la résolution des problèmes posés par la pandémie de VIH/sida doit venir du sommet, a-t-il affirmé, ajoutant qu’il soulevait régulièrement cette question avec les dirigeants du monde entier, ainsi qu’avec ses proches conseillers.  Ainsi, au Timor-Leste, a indiqué le Secrétaire général, « mon Représentant spécial, le Commissaire de la police des Nations Unies et son adjoint se sont tous soumis volontairement à un test de dépistage afin de donner l’exemple et de lutter contre la peur, les stigmates et la discrimination ».  Au Liban, le commandant de la Force des Nations Unies dans ce pays (FINUL) a organisé une manifestation de sensibilisation à la prévention à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le VIH/sida, tandis qu’un de ses contingents s’est soumis à un dépistage, a poursuivi Ban Ki-moon.  Pour les personnels des Nations Unies opérant sur le terrain, la sensibilisation à la gravité de la pandémie est désormais devenue partie intégrante de leur formation avant déploiement.  Le nombre de Casques bleus qui sollicitent un avis informé et demandent à être dépistés est passé d’un peu moins de 2 000 à plus de 14 000 en l’espace de cinq ans, s’est félicité le Secrétaire général.


« Mais nous n’aidons pas seulement les Casques bleus: ceux-ci s’efforcent aussi de faire en sorte que les populations qui se relèvent d’une guerre n’aient pas à faire face à la maladie », a souligné M. Ban Ki-moon.  Par exemple, en Côte d’Ivoire, pays qui a le taux de prévalence du VIH/sida le plus élevé en Afrique de l’Ouest, a-t-il indiqué, l’Opération des Nations Unies dans ce pays (ONUCI) et ses partenaires des Nations Unies forment actuellement les troupes et les policiers aux questions relatives à la pandémie, aux droits de l’homme et à l’égalité entre les sexes.  Pour le Secrétaire général, il faut aborder et reconnaître les domaines où nous n’en faisons pas assez.  Si le Conseil a fait des progrès significatifs en matière de lutte contre les violences sexuelles dans les conflits, le viol demeure malheureusement encore une arme de choix dans de nombreuses situations, a-t-il regretté, avant de qualifier cette pratique de « véritable menace à la santé publique ».


M. Ban a donc exhorté les États Membres à coordonner leurs efforts de lutte contre le VIH/sida dans le cadre des campagnes contre les violences sexuelles et pour les droits des femmes.  Ceci signifie qu’il faut se pencher sur la « dangereuse interaction » existant entre le VIH/sida, le trafic international de stupéfiants et la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle.  « Ce problème ne reçoit pas l’attention qu’il mérite », a estimé le Secrétaire général.  Nous devons venir en aide aux populations concernées, leur fournir les traitements dont elles ont besoin, ceci, en coopération avec nos partenaires régionaux et la société civile, sans laquelle nous n’aurions pas déjà parcouru le chemin que nous avons parcouru, a-t-il ajouté.  « Concentrons-nous désormais sur un chiffre, qui doit être le chiffre « zéro ».  « Réalisons l’objectif d’aucune infection, d’aucune discrimination et d’aucun mort du VIH/sida.  Faisons de ce but notre objectif le plus pressant à réaliser. »


M. MICHEL SIDIBÉ, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a affirmé que la riposte mondiale au sida se trouvait à la croisée des chemins, précisant que des progrès significatifs avaient été faits depuis l’adoption, il y a 10 ans, de la résolution 1308 (2000) du Conseil de sécurité et la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida de l’Assemblée générale.  M. Sidibé s’est toutefois dit profondément préoccupé par la façon dont le sida et les conflits sont encore interconnectés.  C’est la raison pour laquelle la nouvelle résolution adoptée aujourd’hui par le Conseil est si importante, a-t-il dit.


Les progrès contre l’infection du VIH des personnes en uniforme ont été positifs, mais demeurent inégaux et insuffisants, a-t-il poursuivi.  Selon M. Sidibé, la nature du risque que pose le VIH à la paix et à la sécurité est beaucoup plus nuancée que nous le pensions en 2010.  Les types de conflits et l’épidémie elle-même ont évolué, a-t-il expliqué, se déclarant convaincu que des engagements politiques nouveaux autour de la résolution qui vient d’être adoptée permettront aux Nations Unies de contribuer efficacement aux efforts des États Membres en vue de s’attaquer aux conséquences du sida sur la paix et la sécurité.


Le Directeur exécutif d’ONUSIDA a expliqué que nous faisions face à une augmentation des violences sexuelles utilisées comme armes de guerre.  Ainsi, cette nouvelle résolution va dans la bonne direction, a-t-il dit, soulignant que le fardeau disproportionné du VIH, que subissent les femmes, constituait un obstacle sérieux à leur pleine participation aux efforts visant à prévenir et à résoudre les conflits et à consolider la paix.  M. Sidibé a également dit son espoir que cette nouvelle résolution contribue à dynamiser les partenariats mondiaux et régionaux en vue de prévenir les conflits, d’assurer la sécurité et de bâtir la paix.


M. GOODLUCK EBELE JONATHAN, Président du Nigéria, a déclaré que la réunion tenue aujourd’hui était une manifestation de solidarité et d’engagement que le Conseil de sécurité tient à témoigner à la veille de la manifestation de haut niveau qui se tiendra demain à l’Assemblée générale sur la question de la pandémie de VIH/sida.  Le Nigéria, a-t-il dit, s’emploie depuis de nombreuses années à sensibiliser et à former ses troupes, y compris celles qui sont déployées dans le cadre des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, à la gravité de la pandémie et aux meilleurs moyens de la prévenir.  La communauté internationale doit maintenant s’efforcer de mieux protéger du VIH/sida les femmes et les filles qui en sont les premières victimes, a souligné le Président nigérian.  L’heure est venue de trouver une solution à cette pandémie en lui apportant une réponse coordonnée au niveau mondial, « car les coûts de l’inaction seront beaucoup plus élevés que ceux de l’action », a-t-il prévenu en conclusion.


M. KGALEMA MOTLANTHE, Vice-Président de l’Afrique du Sud, a reconnu les progrès importants réalisés par la communauté internationale dans la lutte contre le VIH/sida.  Des ressources importantes ont été consacrées à la recherche, ce qui a permis à l’industrie pharmaceutique de développer de nouveaux médicaments et de sauver de nombreuses vies, a-t-il souligné.  D’un autre côté, il a regretté le manque de ressources financières, dont souffrent de nombreux pays en développement, en particulier en Afrique, avant d’encourager les donateurs à continuer de remplir leurs engagements.  M. Motlanthe a aussi demandé à l’ONU, et au Conseil de sécurité en particulier, de jouer son rôle dans le cadre de son mandat de maintien de la paix et de la sécurité.  Il a salué, à cet égard, les efforts de collaboration déployés entre le Département des opérations de maintien de la paix et ONUSIDA pour s’attaquer à l’épidémie dans des zones de conflit.  Les enfants et les femmes ressentent fortement les vulnérabilités de la société dans laquelle ils vivent en cas de conflit, a expliqué M. Motlanthe.  Il a appelé les interventions de maintien de la paix de l’ONU à se concentrer sur les progrès qui peuvent être accomplis immédiatement.  Il faut que la réponse mondiale combine l’apport de ressources substantielles et d’une expertise suffisante pour aider les pays qui en ont besoin à prévenir les infections au VIH, a préconisé le Vice-Président.  Cette aide doit permettre notamment d’améliorer le secteur de la santé, a-t-il précisé.  Il a aussi souhaité que les stratégies adoptées dans ce domaine s’appliquent particulièrement au cours des périodes de conflit prolongé, d’après-conflit, et qu’elles soient mises en œuvre dans les camps de réfugiés, parmi le personnel armé et humanitaire, et parmi les femmes et les enfants.


M. ALAIN JUPPÉ, Ministre des affaires étrangères de la France, a rappelé que la Seconde Guerre mondiale était le seul conflit qui ait causé plus de victimes que le VIH/sida.  Les résultats positifs obtenus dans la lutte contre cette pandémie doivent nous encourager à redoubler d’efforts, a-t-il ensuite dit.  Aujourd’hui, a-t-il souligné, 34 millions de personnes vivent avec la maladie, tandis que 7 000 sont contaminées chaque jour.  Ce sont les pays les plus défavorisés qui paient le tribut le plus lourd, a également expliqué M. Juppé.  « Nous devons donc faire davantage », a-t-il déclaré, précisant que cette nécessité était le sens de la résolution du Conseil de sécurité qui venait d’être adoptée. 


Le Ministre a souligné que la France avait augmenté de 20% sa contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour le programme 2011-2013.  De même, lors de son dernier Sommet à Deauville, le G-8 a renouvelé son engagement au Fonds mondial, a-t-il précisé.  Selon M. Juppé, le Conseil de sécurité a une responsabilité particulière dans la lutte contre le VIH/sida, notamment par sa capacité d’agir sur les facteurs d’épidémie, comme les abus et les violences sexuelles, ceci en faisant appliquer une politique de tolérance zéro parmi les Casques bleus et le personnel civil des Nations Unies, en prenant en compte l’enjeu du sida dans les phases de reconstruction postconflit, en aidant les pays dans la mise en œuvre de leurs stratégies nationales de lutte contre le sida.  Le Ministre des affaires étrangères de la France a également affirmé que le Conseil de sécurité avait en particulier la responsabilité d’encourager et d’assister le développement de stratégies nationales de lutte contre le sida « sur la base des valeurs et des engagements portés par les Nations Unies: le respect des droits de l’homme, la non-pénalisation de l’homosexualité, l’attention aux populations vulnérables, la lutte contre les stigmatisations et les discriminations à l’encontre des personnes vivant avec le VIH ».  Malgré tous les efforts déployés à ce jour, la pandémie de VIH/sida a un coût humain qui va grandissant, a déploré M. Juppé, notant qu’elle constituait plus que jamais une menace à la paix et à la sécurité internationales.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a déclaré que sous l’impulsion de l’ancien Vice-Président Al Gore et de l’Ambassadeur Richard Holbrooke, un jalon avait été posé, il y a 10 ans, pour porter à l’attention du Conseil de sécurité la problématique du VIH/sida.  Grâce à la résolution adoptée aujourd’hui, le Conseil de sécurité s’engage à répondre à la dimension sécuritaire de la pandémie de VIH/sida, s’est-elle félicitée.


Vingt années d’efforts héroïques ont permis de prolonger la vie d’un certain nombre de personnes touchées par la maladie, mais la majorité d’entre elles sont encore privées des traitements dont elles ont besoin, a fait observer Mme Rice.  Le VIH/sida brise des familles, précipite les gens dans la pauvreté et fragilise des systèmes de santé déjà très vulnérables.  Or, a expliqué la représentante, lorsque les conflits arrivent à leur terme, en l’absence d’institutions et de capacités adéquates, les populations sont plus vulnérables à la propagation de la pandémie.  Faisons donc preuve de vigilance, a lancé Mme Rice, qui a salué les partenariats conclus entre des armées du monde entier pour sensibiliser les militaires à la gravité de la pandémie.  Elle a également salué l’engagement du Secrétaire général pour que les commandants des Forces armées des Nations Unies donnent l’exemple en se soumettant à un dépistage volontaire et mettent l’accent sur des programmes de sensibilisation et de prévention au VIH/sida.


Nous sommes maintenant parvenus à un carrefour avec la découverte d’un traitement antirétroviral pionnier qui pourrait permettre à des malades du VIH/sida de mieux résister à la maladie.  Les avancées sont considérables, mais trop de personnes meurent d’une maladie qui est cependant facilement évitable, a regretté la représentante.  Les États-Unis jouent un rôle de chef de file majeur dans ce domaine, en étant notamment le contributeur le plus important au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a-t-elle rappelé.  Mme Rice a remercié en conclusion le Gouvernement du Gabon, qui a annoncé une augmentation de 150% du financement de ses programmes de lutte contre le VIH/sida.


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a déclaré que la communauté internationale faisait face à un nombre accru de cas de violences sexuelles dans les situations de conflit.  Lorsque le sida et les violences sexuelles sont combinés, ces deux éléments ont le potentiel de générer des conséquences dévastatrices pour des régions et des États entiers, surtout si le viol est utilisé comme arme de guerre, a-t-il dit.  Les conflits poussent les civils à se déplacer, en particulier les femmes et les filles, a-t-il ajouté, jugeant indispensable de mettre en place des programmes intégrés qui traitent à la fois de la violence sexuelle, de la prévention de la contamination par le VIH, et des soins à apporter aux malades atteints du sida dans les situations de conflit et postconflit.


Le représentant du Portugal a estimé que les progrès réalisés jusqu’ici demeuraient encore bien fragiles.  Il appartient d’ores et déjà à la communauté internationale, a-t-il dit, de réfléchir sur cette expérience, et d’en tirer des leçons, tout en renforçant les efforts déployés afin de garantir qu’en 2015 l’accès universel à la prévention et au traitement soit garanti.  Il faudra pour cela faire preuve d’un engagement politique fort, a conclu M. Cabral.


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) s’est félicité du leadership démontré par le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA).  Il s’est félicité que le Conseil de sécurité ait mis par le passé l’accent sur la prévention du VIH/sida parmi les personnels de maintien de la paix déployés dans les opérations des Nations Unies.  Il a également salué les efforts entrepris par les pays contributeurs de troupes en ce sens.  Mais le représentant s’est déclaré préoccupé par le nombre de décès et de rapatriements de Casques bleus à la suite de complications liées au VIH/sida.  M. Grant a également exprimé des craintes quant à l’effet fragilisant de la pandémie sur la paix et la sécurité.  Il a fait observer que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies sont à même d’établir des contacts entre leurs personnels et des communautés vulnérables.  Aussi les « agents la paix » doivent-ils être considérés comme des instruments de premier plan dans les efforts de sensibilisation des populations locales à la gravité du VIH/sida, a conclu le représentant.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a jugé indispensable de coordonner les travaux menés par tout le système des Nations Unies pour faire face au VIH/sida.  Les efforts du Conseil de sécurité doivent intervenir dans le cadre d’efforts à l’échelle du système des Nations Unies, a-t-il insisté en soulignant que des démarches concertées à tous les échelons du système sont nécessaires.  Selon le représentant, les pays touchés par le VIH et les conflits doivent pouvoir être soutenus comme il se doit par l’ONU. 


Depuis l’adoption de la résolution 1308 (2000) du Conseil de sécurité, de nombreux progrès ont été réalisés, mais le fléau demeure bien présent, a-t-il dit, soulignant la nécessité de déployer davantage d’efforts, de collaborer avec les soldats de maintien de la paix ou les organisations qui œuvrent avec la société civile pour aider les personnes affectées par la pandémie.  M. Churkin s’est déclaré favorable à un accroissement des efforts des personnels civils et militaires de l’ONU, proposant ainsi la création de postes de conseillers spéciaux et de coordonnateurs dans les missions de maintien de la paix.  Il est également indispensable de réaliser que les femmes et les enfants restent les plus vulnérables au VIH/sida, surtout dans les situations de confit et postconflit, a ajouté le délégué russe.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a estimé que l’attention doit désormais être portée sur la question des ressources financières et du coût des médicaments qui est aggravé par les barrières commerciales empêchant un accès généralisé aux génériques.  Surnommée « la pharmacie du monde », l’Inde et son industrie pharmaceutique a été en première ligne dans la fourniture de génériques de bonne qualité et à des prix abordables, a souligné le représentant.  Rappelant que l’Assemblée générale inaugure demain une Réunion de haut niveau sur le VIH/sida, il a voulu que la vision d’un monde débarrassé de ce fléau ne reste pas à l’état de rêve.  Il a espéré que le document final de la Réunion de haut niveau montrera l’engagement de la communauté internationale à faire face à ce défi mondial de manière déterminée. 


M. LI BAODONG (Chine) a rappelé que le VIH/sida était synonyme de menace grave posée à la santé publique, avec plus de 60 millions de personnes aujourd’hui infectées, dont la majorité se trouve en Afrique subsaharienne.  L’absence d’accès aux soins médicaux et aux traitements appropriés crée des problèmes majeurs pour ces populations, a-t-il relevé.  Il est donc essentiel, a estimé M. Li Baodong, de renforcer la coopération internationale et de mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  Depuis 2000, les discussions tenues par le Conseil de sécurité autour de la pandémie ont permis de sensibiliser l’opinion publique internationale à cette problématique, s’est félicité M. Li Baodong, qui a encouragé les organisations et les fonds pertinents des Nations Unies à renforcer leur coopération et à aider les pays en développement les plus touchés, en particulier ceux qui se relèvent d’un conflit.  Le représentant de la Chine s’est en conclusion félicité des ajustements apportés aux règles de conduite des personnels de maintien de la paix par le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP).


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a affirmé que la lutte contre le VIH/sida représentait une priorité pour son pays aussi bien sur le plan interne que sur le plan international.  Le Brésil a œuvré en faveur d’un accès universel à des médicaments qui doivent être abordables, a-t-elle dit.  De même, à l’Assemblée générale, au Conseil économique et social (ECOSOC), au sein de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’autres organes pertinents, le Brésil a fait entendre sa voix pour plaider en faveur d’une réponse ferme et cohérente face au défi posé par le VIH, a dit Mme Viotti.  Elle a estimé que la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale serait l’occasion pour les États Membres de faire une déclaration forte et d’accélérer la lutte contre la pandémie.


La représentante du Brésil a également mis l’accent sur la nécessité pour le Conseil de sécurité de se concentrer sur les impacts qu’a le VIH/sida sur les situations de conflit et postconflit, les opérations de maintien de la paix, et la violence sexuelle dans les conflits.  La question du VIH/sida est également étroitement liée, a-t-elle dit, à l’examen par le Conseil de sécurité de la question des femmes dans les situations de conflit et postconflit.


M. IVAN BARBALIĆ (Bosnie-Herzégovine) a préconisé que les États Membres demandent un dépistage volontaire et confidentiel de tous les personnels en uniforme des opérations de maintien de la paix.  Il a ainsi noté que tous les membres de la police et des forces armées de son pays qui participent à ces opérations subissent un dépistage et sont formés aux principales problématiques du VIH/sida.  Le représentant a ajouté que, dans certaines situations, la maladie peut affecter l’émancipation des femmes et le plein engagement de celles-ci dans les efforts onusiens de maintien de la paix, d’où la nécessité de mettre pleinement en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité relatives aux femmes, à la paix, et à la sécurité.  M. Barbalić a également souhaité que l’ONUSIDA, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), et le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), travaillent ensemble auprès des communautés locales afin de venir en aide aux groupes les plus vulnérables aux risques posés par la pandémie et aux conséquences de la propagation du VIH/sida. 


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) s’est déclaré préoccupé par le fait que la baisse des fonds alloués à la lutte contre le VIH/sida, que prévoit ONUSIDA, ne compromette la réalisation, dans les délais impartis, de l’Objectif du Millénaire du développement (OMD) nº6.  Il a donc souhaité que la Réunion de haut niveau qui se tiendra demain sur le VIH/sida à l’Assemblée générale permette de parvenir à un accord sur l’urgence de sécuriser les ressources nécessaires au maintien des progrès réalisés depuis quelques années dans la lutte contre la pandémie.  La Colombie est pour sa part convaincue que ce combat pourrait bénéficier d’une approche respectueuse des droits de l’homme et de la dignité humaine.  C’est pourquoi elle invite la communauté internationale à intensifier les efforts déployés pour mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination des populations touchées par la maladie.  Une telle approche devrait s’appuyer sur la fourniture de services sociaux aux communautés les plus pauvres et les plus vulnérables et sur la promotion de projets de développement susceptibles d’avoir un impact réel.  Dans ce contexte, a jugé le représentant, la communauté internationale devrait mettre pleinement en œuvre l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), ceci en vue de promouvoir l’accès des pays qui en ont le plus besoin aux traitements et aux médicaments génériques appropriés.


M. MIGUEL BERGER (Allemagne) a expliqué que la pandémie de VIH/sida, qui détruit les structures et les réseaux sociaux, peut être considérée comme l’une des causes de la fragilité politique de nombreux États.  Parallèlement, les conflits et les tensions exacerbent le problème du VIH/sida au sein des sociétés, en rendant plus difficile l’accès à la prévention et au traitement, a constaté le représentant.  Selon ONUSIDA, la prévalence du VIH/sida est trois à quatre fois plus importante dans les forces en conflit et les groupes armés que parmi la population générale des pays.  Avec l’utilisation du viol comme arme de guerre, le VIH provenant de combattants contaminés s’étend ensuite chez les civils, a noté le représentant.  Il a appelé à accorder une protection spéciale aux enfants lors des conflits armés, signalant que l’Allemagne a mis en place des projets visant les anciens enfants soldats et les filles qui ont été exploités sexuellement par des groupes armés.  M. Berger a également relevé le danger que représente le VIH dans les phases postconflit, du fait de la grande mobilité de la population.  Il a jugé essentiel d’offrir gratuitement des tests de dépistage, des conseils et des médicaments antirétroviraux aux populations en danger.  Au cours de la phase de transition d’un pays, la réponse internationale face au VIH dépend des centres de santé locaux, a-t-il noté, indiquant à cet égard que l’Allemagne a créé des centres de santé dans plusieurs régions d’Afrique, notamment en République démocratique du Congo.  Enfin, M. Berger a encouragé les États Membres à développer des stratégies visant spécifiquement le personnel des opérations de maintien de la paix, afin de les sensibiliser aux tests et de leur fournir des conseils en matière de VIH.


M. NAWAF SALAM (Liban) a mis l’accent sur la nécessité, afin de mieux comprendre les facteurs complexes qui ont une incidence sur le VIH/sida en temps de conflits, de disposer au sein du système des Nations Unies de davantage de données.  Les expériences acquises en matière de programmation et les meilleures pratiques doivent être mises en commun en vue d’aider à orienter les décisions et à mener des programmes et des campagnes de plaidoyer dans des sociétés touchées par des conflits ou se trouvant dans des situations postconflit, a recommandé M. Salam.  Une collaboration étroite avec des initiatives locales et nationales de lutte contre le VIH/sida est essentielle, a-t-il dit. 


De même, il est indispensable, selon lui, d’intégrer la prévention du VIH/sida et les politiques de soins dans la prévention des conflits, les opérations de maintien de la paix et les interventions humanitaires.  À cet égard, les Casques bleus peuvent jouer un rôle décisif, et, pour remplir cet objectif, ils mériteraient d’être mieux équipés et entraînés, tout en bénéficiant de mandats pertinents.  Le représentant libanais a estimé que la communauté internationale devait accorder une attention soutenue aux sociétés touchées par les conflits et qui sont affectées par des niveaux élevés de prévalence du VIH/sida, y compris au-delà de l’expiration des mandats de maintien de la paix donnés aux missions de l’ONU.  En effet, a-t-il expliqué, les phases de transition postconflit représentent une période de grande vulnérabilité à la transmission du VIH.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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