CS/10235

Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques affirme devant le Conseil de sécurité sa préoccupation face à la situation en Syrie

27/04/2011
Conseil de sécuritéCS/10235
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6524e séance – après-midi


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT AUX AFFAIRES POLITIQUES AFFIRME DEVANT LE CONSEIL

DE SÉCURITÉ SA PRÉOCCUPATION FACE À LA SITUATION EN SYRIE


Le représentant syrien assure que les violences qui ont cours dans son

pays sont l’œuvre de groupes extrémistes cherchant à renverser le Gouvernement


Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques des Nations Unies, M. B. Lynn Pascoe, a présenté cet après-midi devant le Conseil de sécurité un exposé sur la situation en Syrie, exprimant en particulier sa préoccupation face à l’opération militaire en cours contre les mouvements de protestation à Deraa, dans le sud du pays. 


Le représentant de la Syrie a pour sa part affirmé que les violences que connaissait son pays étaient commises par des groupes extrémistes dont l’objectif était de renverser le Gouvernement.  « Cette réunion du Conseil de sécurité vise à encourager le terrorisme et l’extrémisme », a-t-il notamment déclaré.


« La répression n’est pas la solution », a affirmé le Secrétaire général adjoint, estimant qu’un « dialogue inclusif » et de véritables réformes étaient nécessaires pour répondre aux aspirations du peuple syrien.


Face aux manifestations qui ont débuté à la mi-mars, progressivement gagné en ampleur et se sont étendues géographiquement, le Gouvernement de la Syrie a réagi en annonçant des réformes, tout en lançant des « actions de plus en plus violentes », que le Secrétaire général a condamnées, a expliqué M. Pascoe.  Il s’est dit inquiet « au sujet du bien-être de la population, notamment concernant son accès aux soins médicaux et, dans certaines villes, à la nourriture et à l’eau potable ». 


Le Secrétaire général adjoint a fait état, à Deraa, de « tirs d’artillerie contre des civils non armés, de campagnes d’arrestation menées de porte à porte, d’attaques contre des personnels de santé, contre des hôpitaux et des mosquées, de destruction de fournitures médicales et d’arrestation de personnels soignants ». 


Un bilan fiable évalue le nombre de tués depuis la mi-mars à plus de 300, probablement entre 350 et 400, a-t-il dit.  M. Pascoe a exprimé sa préoccupation grandissante, notamment s’agissant de l’accès aux soins et à l’alimentation, et a évoqué la possibilité d’une « crise humanitaire » en Syrie.  « Les Nations Unies, a-t-il dit, demandent un accès aux zones touchées afin d’évaluer les besoins humanitaires et de fournir un compte rendu au plus près. »


Il a également affirmé que l’eau et l’électricité avaient été coupées et, qu’en conséquence, la semaine dernière, des écoles et des établissements de santé avaient dû fermer.  « La zone frontalière entre la Syrie et la Jordanie a été fermée pendant la majeure partie de l’opération militaire », a-t-il dit, ajoutant que d’autres villes situées près de Damas avaient été encerclées par des chars et des troupes des Forces armées syriennes.


De même, des vagues d’arrestations de manifestants, de militants des droits de l’homme, d’avocats et de journalistes ont été rapportées ainsi que l’usage de la torture, a indiqué M. Pascoe.


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, demeure préoccupé par la situation qu’il suit de très près, a poursuivi M. Pascoe.  M. Ban, qui s’est notamment entretenu avec le Président syrien BasharAl-Assad, a appelé à une « enquête transparente, indépendante et efficace » sur les tueries et a demandé le respect des droits de l’homme internationaux, y compris celui de la liberté d’expression et de réunion.  M. Pascoe a également annoncé qu’une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme se tiendrait vendredi à Genève pour examiner la situation en Syrie.


Lors du débat qui a suivi, de nombreux membres du Conseil de sécurité ont condamné la vague de répression lancée contre les manifestations et plaidé, à l’instar du Secrétaire général, en faveur du lancement d’une enquête transparente, indépendante et efficace.


Ces « actes brutaux ne sont pas ceux d’un gouvernement responsable, ni d’un membre crédible de la communauté internationale », a observé la représentante des États-Unis, qui a accusé les autorités syriennes de « faire usage de tactiques similaires à celles employées par le régime iranien ». 


Son homologue du Royaume-Uni a appelé la communauté internationale à « parler d’une seule voix » pour condamner la violence en Syrie et a prévenu que des sanctions à l’encontre des responsables pourraient être examinées.  


Le représentant de la France, qui a souligné le rôle stabilisateur important de la Syrie au Moyen-Orient, a fait savoir que son pays envisageait d’étudier toute une série d’options destinées à engager le Gouvernement de la Syrie à suivre la voix des réformes.


Le représentant de la Fédération de Russie a estimé pour sa part que la situation en Syrie ne présentait pas une menace à la paix et à la sécurité internationales.  L’emploi de la force n’a pas été unilatéral en Syrie et ne fut pas le fait des seules forces de sécurité, a-t-il dit, ajoutant: « On ne peut pas utiliser de recettes préfabriquées, toute prêtes, ou prendre partie ».


Pour l’Inde, le Conseil de sécurité doit souligner qu’il est de la souveraineté des États de répondre aux aspirations de leur peuple.  Le représentant indien a également jugé que les organisations régionales et interrégionales avaient un rôle important à jouer pour désamorcer la crise.


LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT


Déclarations


M. B. LYNN PASCOE, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, qui a fait le point de la situation en Syrie devant les membres du Conseil de sécurité, a indiqué que le Secrétariat avait utilisé à cette fin des informations provenant d’un certain nombre d’entités des Nations Unies, telles que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), ainsi que des sources journalistiques fiables.  Les sites Internet du Gouvernement syrien et des réseaux ont également été examinés, a-t-il dit. 


M. Pascoe, qui a indiqué suivre de près la situation en Syrie, a souligné que les manifestations avaient commencé à la mi-mars, avaient gagné progressivement en ampleur et s’étaient étendues géographiquement.  Les manifestants ont commencé à demander une plus grande liberté et ont appelé à des réformes économiques et politiques.  Les autorités syriennes ont réagi avec des annonces de mesures de réforme, tout en lançant des actions de répression de plus en plus violentes, que le Secrétaire général a condamnées.


Le 30 mars, dans un discours au Parlement, le Président Bashar Al-Assada annoncé une série de réformes politiques, a poursuivi le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, y compris une enquête au sujet des violences et des promesses qui ont été faites de libérer toutes les personnes détenues du fait des manifestations.  D’autres lois nouvelles ont été annoncées, tandis que l’état d’urgence en place depuis 1963 a été levé le 21 avril.  Le lendemain, le 22 avril, la manifestation la plus importante à ce jour a eu lieu, les protestataires clamant que les réformes étaient insuffisantes et tardives.  La répression s’est alors accentuée, a expliqué M. Pascoe, notant le rapport du Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme faisant état de plus de 100  personnes tuées dans le pays.


Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques s’est dit inquiet au sujet du bien-être de la population, notamment concernant son accès aux soins médicaux et, dans certaines villes, à la nourriture et à l’eau potable.   Il a affirmé qu’une opération militaire importante avait été lancée dans la ville de Deraa.  Étant donné cette situation d’état de siège dans cette région, il est difficile, a-t-il dit, de vérifier les informations qui en proviennent.  M. Pascoe a exprimé sa préoccupation grandissante, notamment s’agissant de l’accès des populations aux soins et à l’alimentation, évoquant la possibilité d’une crise humanitaire.  Les Nations Unies, a-t-il dit, demandent un accès aux zones touchées afin d’évaluer les besoins humanitaires et fournir un compte rendu, le plus précis possible, des évènements en cours.


Il a également affirmé que l’eau et l’électricité avaient été coupées et, qu’en conséquence, la semaine dernière, des écoles et des établissements de santé avaient été fermés.  La zone frontalière entre la Syrie et la Jordanie a été fermée pendant la majeure partie de l’opération militaire, a-t-il indiqué, ajoutant que d’autres villes situées près de Damas avaient été encerclées par des chars et des éléments des Forces armées syriennes.


M. Pascoe a en outre fait état de tirs d’artillerie contre des civils non armés, de campagnes d’arrestation de porte à porte, d’attaques contre des personnels de santé, contre des hôpitaux et des mosquées, de destruction de fournitures médicales et d’arrestation de personnels soignants.  Un bilan fiable évalue le nombre de tués depuis la mi-mars à plus de 300 personnes, probablement entre 350 et 400.  Le Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme a reçu des informations signalant des arrestations massives de militants des droits de l’homme, y compris de journalistes et d’avocats, et faisant état des mauvais traitements infligés à des personnes soupçonnées d’avoir manifesté, y compris à des enfants.


Les manifestations, dans leur majorité écrasante, ont été pacifiques et non armées, a-t-il déclaré, relevant néanmoins quelques cas où des protestataires ont utilisé la force, ou se sont emparés d’armes prises aux forces de l’ordre, occasionnant la mort d’éléments des forces de sécurité. 


Pour M. Pascoe, la répression contre les médias a violé le principe de la liberté de la presse.  Il a à cet égard fait état d’un manque de transparence, vu le refus d’accorder un accès aux médias indépendants et internationaux.  Il a également évoqué des arrestations de journalistes sur une base régulière, des coupures de l’Internet et du téléphone.  L’agence de presse officielle, a-t-il souligné, a signalé la mort d’au moins 20 militaires au cours des derniers jours.  Le Gouvernement a soutenu que la plupart des décès parmi les civils avaient été l’œuvre de manifestants antigouvernementaux, mais n’a fourni aucune preuve de cette affirmation.  Les médias d’État ont également accusé des groupes libanais d’avoir fourni des armes aux manifestants, ce qui a été démenti par ces Libanais, a-t-il dit.


Le Secrétaire général adjoint a affirmé que ces violences devaient faire l’objet d’une enquête.  Une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme se tiendra vendredi à Genève pour examiner la situation en Syrie, a-t-il dit.


Les conséquences sont préoccupantes pour les États voisins, a-t-il poursuivi, indiquant que le Secrétaire général de la Ligue des États arabes avait publié un communiqué de presse appelant à une cessation immédiate de la violence et annonçant la tenue prochaine d’une réunion des Ministres des affaires étrangères de la Ligue.


Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a publié trois communiqués et s’est entretenu avec le Président Assad.  Il a appelé à l’ouverture d’une enquête transparente, indépendante et efficace sur ces tueries et a demandé le respect des normes internationales des droits de l’homme, y compris celui de la liberté d’expression et de réunion.


La répression n’est pas la solution, a conclu M. Pascoe, estimant qu’un dialogue inclusif et de véritables réformes étaient nécessaires pour répondre aux aspirations du peuple syrien.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a déclaré que son pays condamnait « dans les termes les plus fermes » la « violence horrible » utilisée par le Gouvernement syrien « à l’encontre de son peuple ».  Elle a exhorté le gouvernement du Président Assad à changer immédiatement de politique, et a appelé la communauté internationale à tenir responsables de leurs actes tous ceux qui commettent des « violations grossières » contre les droits de l’homme.  Mme Rice a notamment évoqué la perspective d’imposer des sanctions ciblées pour contrer l’emploi d’une « violence inouïe » contre des manifestants.  Ces « actes brutaux ne sont pas ceux d’un gouvernement responsable, ni d’un membre crédible de la communauté internationale », a estimé la représentante.  Le Gouvernement syrien blâme des acteurs extérieurs au lieu de faire face à ses échecs internes, a-t-elle estimé.  Mme Rice a accusé le Gouvernement syrien de « faire usage de tactiques similaires à celles employées par le régime iranien ».  La représentante a appelé le Gouvernement à autoriser journalistes et organismes de défense des droits de l’homme à enquêter sur les allégations de violations des droits de l’homme.


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a dit que sa délégation condamne « totalement et sans réserve » la violence employée à l’encontre des civils et a demandé « la fin immédiate de la répression ».  Le Gouvernement syrien a la responsabilité de protéger, et le Président Assad doit ordonner à ses forces de faire preuve de la plus grande retenue, a dit le représentant.  Il a appelé les manifestants à s’assurer que leurs actes sont pacifiques, pour ensuite exhorter le Président Assad à mettre en place des réformes immédiates.  Les responsables de violence devront rendre compte de leurs actes, a-t-il par ailleurs averti.  Le représentant a ensuite réclamé, à l’instar du Secrétaire général, une enquête transparente sur les répressions.  Il a également appelé la communauté internationale à « parler d’une seule voix » pour condamner la violence qui prévaut actuellement en Syrie.  Des sanctions à l’encontre des responsables pourraient être envisagées, a-t-il notamment prévenu.  Il a ensuite engagé le Président Assad à agir de manière à ce que la Syrie « puisse reprendre sa place » au sein de la « famille » du Moyen-Orient.


M. GÉRARD ARAUD (France) s’est dit « vivement préoccupé par les violences exercées par les autorités à l’encontre des civils ».  Ma délégation condamne sans réserve ces violences, a-t-il indiqué.  Le souvenir des massacres du début des années 80 est trop vif pour que la communauté internationale assiste dans le silence au déroulement de cette répression, a-t-il ajouté.  Le représentant a engagé le Gouvernement syrien à respecter les droits de son peuple, notamment celui de se réunir pacifiquement ainsi que la liberté de la presse.  Il a appelé à la libération des détenus d’opinion et a souscrit à l’appel du Secrétaire général, qui a réclamé une enquête sur les violences.  Seules des réformes permettront de préserver la stabilité du pays, a estimé M. Araud qui a souligné que la Syrie joue un rôle important pour assurer la stabilité au Moyen-Orient.  Il a par ailleurs fait savoir que la France envisageait d’étudier toute une série d’options destinées à engager le Gouvernement syrien à suivre la voix des réformes. 


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a insisté sur la nécessité que des progrès soient faits en Syrie sur la voie de la démocratisation pour tenir compte des aspirations de la population.  Il appartient aux autorités de la Syrie de faire respecter les droits de la population, a-t-il dit.  Le représentant sud-africain a engagé les autorités syriennes à entreprendre un processus de démocratisation ouvert et transparent qui puisse garantir les droits politiques et la liberté d’expression et de manifestation de la population.


M. PETER WITTIG (Allemagne) a jugé urgent et nécessaire que le Conseil de sécurité discute de la situation en Syrie.  Telle qu’elle se présente, cette situation a des répercussions nationales, régionales et internationales évidentes, a-t-il estimé.  Il s’est dit extrêmement choqué par la mort de civils qui exerçaient leurs droits fondamentaux.  Les manifestants n’ont pas de chars et n’empêchent pas les journalistes de faire leur travail, a-t-il dit, soulignant que la violence devait cesser immédiatement.


Le représentant a exigé que soit permis un accès aux observateurs internationaux et que les responsables des tueries soient jugés.  L’Allemagne, a-t-il dit, se joint à l’appel du Secrétaire général en faveur d’une enquête indépendante, transparente et efficace.  La répression n’est pas la solution, a-t-il insisté.  Il a indiqué qu’avec ses partenaires européens, l’Allemagne envisageait de décider de sanctions avant la fin de la semaine.


M. ALEXANDER A. PANKIN (Fédération de Russie) a affirmé que son pays était préoccupé par la situation qui prévaut en Syrie.  La Fédération de Russie, a-t-il dit, compte sur le fait que les autorités syriennes feront des enquêtes transparentes et efficaces et que les auteurs des violences seront traduits en justice.  Il faut appuyer le processus démocratique engagé par la Syrie, a-t-il poursuivi.  La recherche de solutions justes doit se poursuivre avec le Gouvernement, a-t-il estimé, mettant l’accent sur la nécessité d’exclure la violence. 


Le représentant russe a déclaré que la situation qui prévaut actuellement en Syrie ne présentait pas une menace à la paix et à la sécurité internationales.  L’emploi de la force au cours des évènements qui ont lieu n’est pas unilatéral et n’est pas le fait des seules forces de sécurité, a-t-il affirmé, précisant que des unités de l’armée syrienne avaient été attaquées et que des policiers avaient été tués par des manifestants.  « On ne peut pas utiliser de recettes préfabriquées, toute prêtes, ou prendre partie », a-t-il déclaré.  Il a souligné que certains groupes manifestaient dans l’espoir d’une intervention extérieure.  Ceci, a-t-il ajouté, contribue à provoquer des chaînes de violence sans fin et constitue une invitation à la guerre civile.  C’est un jeu dangereux, d’autant plus que la Syrie est une pierre angulaire dans la sécurité dans la région du Moyen-Orient. 


M. LI BAODONG (Chine) a plaidé pour l’instauration d’un dialogue politique en Syrie afin de permettre le retour à l’ordre dans le pays.  Il s’est félicité de la levée de l’état d’urgence et de l’intention du Gouvernement d’enquêter sur les incidents de violence.  Il a par ailleurs estimé que si la communauté internationale ne se penchait pas comme il se doit sur ces questions, la stabilité au Moyen-Orient dans son ensemble risquait d’être mise à mal.  Le représentant a ensuite appelé la communauté internationale à contribuer une « aide constructive » à la situation en Syrie.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a souligné le rôle que joue la Syrie pour garantir la stabilité dans la région du Moyen-Orient.  Il s’est également inquiété de la présence d’extrémistes armés parmi les manifestants.  Le représentant a dit que l’Inde espère que les mesures lancées par le Gouvernement syrien permettraient de répondre à l’aspiration de toutes les couches de la population.  Le Conseil de sécurité doit souligner qu’il est de la souveraineté des États de répondre aux aspirations de leur peuple, a-t-il par ailleurs insisté.  Il a ensuite engagé toutes les parties à renoncer à la violence sous toutes ses formes.  L’Inde estime que les organisations régionales et interrégionales ont également un rôle important à jouer pour désamorcer la crise, a ajouté le représentant.


M. NELSON MESSONE (Gabon) a fait part de la profonde préoccupation de sa délégation face à la situation en Syrie.  Il a exhorté le Gouvernement syrien à mettre immédiatement un terme à la répression de manifestations pacifiques et à faire la lumière sur les actes de violation des droits de l’homme.  Le représentant a insisté sur le respect du droit international humanitaire, pour ensuite appeler le Gouvernement syrien à mettre en œuvre des réformes profondes de manière à répondre aux aspirations de son peuple.  Il s’est par ailleurs félicité de la tenue, le 8 mai, de la réunion des Ministres des affaires étrangères des États de la Ligue des États arabes. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a affirmé la solidarité de sa délégation avec les manifestants.  Elle a dit que le Brésil espère que les différends que connait le pays pourraient être réglés par l’intermédiaire du dialogue. Il faut davantage de réforme politique et non pas de la violence, a-t-elle souligné.  La représentante a pris note des mesures encourageantes prises par le Gouvernement syrien pour répondre aux aspirations de son peuple, insistant sur le fait que « la seule solution est la réforme ».  La représentante du Brésil a, de plus, estimé que la communauté internationale, la Ligue des États arabes notamment, avait un rôle important à jouer.  La Syrie est très importante pour la stabilité régionale, et il importe donc que le dialogue soit encouragé sans pression extérieure, a-t-elle par ailleurs commenté.


M. NAWAF SALAM (Liban) a indiqué que la sécurité du Liban, son pays, dépendait de la sécurité de la Syrie, et vice-versa.  Il a affirmé que le cœur et l’esprit de tous les Libanais étaient aux cotés de la souveraineté territoriale de la Syrie.  Il a dit profondément regretter les morts provoquées par les manifestations, et a souhaité à la Syrie de connaitre progrès et prospérité.


M. KIO SOLOMON AMIEYEOFORI (Nigéria) a demandé à ce que la violence et le bain de sang cessent, et que les parties fassent preuve de retenue et de calme.  Le représentant a également demandé le respect des droits de l’homme et de la liberté de manifester.  Il a engagé le Gouvernement syrien à tenir les promesses de réformes qu’il a faites.  Il a appelé à un véritable dialogue et a demandé aux autorités syriennes de garantir l’acheminement de l’aide nécessaire, en particulier des médicaments. 


M. IVAN BARBALIĆ (Bosnie-Herzégovine), tout en condamnant la répression et la violence, a pris bonne note de la levée de l’état d’urgence et du programme de réformes annoncé par le Président syrien.  Il a estimé que les réformes doivent être mises en œuvre grâce à un véritable dialogue sans exclusive.  Les exigences de la population doivent être prises en compte, a-t-il insisté.


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a condamné dans les termes les plus forts la violence exercée contre les manifestants et a appuyé l’appel du Secrétaire général en faveur d’une enquête indépendante, transparente et efficace sur ces crimes.  Les mesures annoncées par le Président syrien doivent être crédibles et assorties de véritables réformes, a-t-il souligné.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a déploré la situation qui règne en Syrie et la violente répression.  Il a condamné le recours à la force contre la population civile.  Il faut que la violence cesse et œuvrer pour trouver une solution à la crise, a-t-il dit.  Il incombe, a-t-il rappelé, au Gouvernement syrien de garantir le droit à la vie et le droit à la liberté d’expression et de manifestation.  Le représentant a pris note de la levée de l’état d’urgence et du programme de réformes annoncé par le Président syrien.  M. Osorio a exhorté les autorités syriennes et les manifestants à nouer les fils d’un dialogue politique. 


M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a affirmé que les violences que connaît son pays étaient commises par des groupes extrémistes dont l’objectif était de renverser le Gouvernement syrien.  Les autorités syriennes ont fait preuve de la plus grande retenue pour épargner les civils innocents, a-t-il soutenu.  Les groupes extrémistes, composés notamment de criminels armés, continuent de tuer des citoyens innocents ainsi que de nombreux membres des forces de sécurité.  Le représentant a ensuite rappelé que le Gouvernement de la Syrie avait levé l’état d’urgence, aboli la Haute Cour d’État et promulgué, « pour la première fois dans l’histoire du pays », un décret de loi sur les manifestations pacifiques.  Des mesures ont également été prises pour lutter contre la corruption, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite annoncé que son gouvernement avait l’intention de prendre d’autres mesures pour accélérer la mise en œuvre des réformes dans l’ensemble du pays.


En dépit de ces réformes, les manifestants ont lancé de nouvelles attaques, tué un nombre élevé de membres des forces de sécurité, mutilé des cadavres et incité au saccage d’édifices publics, a-t-il fait remarquer.  Les groupes armés, a affirmé M. Ja’afari, ont tué 51 membres des forces de sécurité.  Le Président Bashir Al-Assad, a-t-il dit, a pourtant donné des instructions pour répondre à toutes les demandes légitimes exprimées par le peuple syrien.  Ceux qui veulent saper la Syrie ont cherché à exploiter ces initiatives positives, a-t-il accusé, évoquant des actes de sabotage, de désinformation et d’incitation à la violence.  Il a également avancé que des fatwas avaient été lancées depuis l’extérieur du pays dans le but de déstabiliser le Gouvernement syrien, faisant notamment référence à l’appui financier que les États-Unis accordent, selon lui, depuis 2005, aux opposants syriens.  « Vous voyez bien qu’il y a une conspiration contre la Syrie », a-t-il lancé, en mettant l’accent sur les répercussions de la situation actuelle sur l’économie et le tourisme du pays.  Évoquant également des cas de trafic d’armes à destination de la Syrie, il a tenu à souligner que son pays réagissait comme le ferait tout autre État face à de telles menaces.


Son gouvernement, a-t-il dit, est convaincu que les milieux extrémistes ne cherchent pas à obtenir des réformes mais à créer le chaos pour le renverser.  L’intervention des forces syriennes à Deraa répondait au souhait de la population à vivre dans la paix et la sécurité.  Le Gouvernement syrien, a-t-il dit, rejette toute tentative de pression extérieure visant à faire changer sa direction et ne peut accepter que certains prétendent attacher, plus que lui, de valeur au peuple syrien.   « Cette réunion du Conseil de sécurité vise à encourager le terrorisme et l’extrémisme », a déclaré le représentant de la Syrie.  Il a dénoncé « l’enthousiasme sans précédent » dont a fait preuve, selon lui, le Conseil de sécurité en convoquant la présente réunion, alors que la question de la Palestine n’est toujours pas réglée.  M. Ja’afari a par ailleurs qualifié d’« étranges » les allégations « sans fondement » que la délégation des États-Unis a avancées sur les relations entre la Syrie et l’Iran.  Ces relations imaginaires montrent clairement que l’Administration américaine a des intentions véritablement négatives à l’égard de la Syrie et qui ne visent nullement à défendre les intérêts du peuple syrien, a-t-il dit avant de conclure.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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