Conseil de sécurité: le processus de paix au Darfour est dans une « phase cruciale », estime le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix
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Conseil de sécurité
6519e séance – après-midi
CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE PROCESSUS DE PAIX AU DARFOUR EST DANS UNE « PHASE CRUCIALE »,
ESTIME LE SOUS-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AUX OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. Atul Khare, a affirmé cet après-midi devant le Conseil de sécurité que le processus de paix au Darfour était arrivé à une « phase cruciale », marquée par l’engagement du Gouvernement du Soudan, du Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE) et du Mouvement pour la libération et la justice (MLJ) dans les négociations de Doha.
M. Khare, qui présentait au Conseil de sécurité le rapport* du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour, a indiqué qu’une diminution des hostilités avait été observée au mois de mars par rapport aux affrontements survenus entre les Forces gouvernementales du Soudan et les mouvements armés au cours des mois de janvier et de février.
Tandis que la situation reste relativement calme, des motifs de préoccupation subsistent, en particulier dans le nord et le sud du Darfour, a-t-il néanmoins relevé.
Le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, qui a rappelé que trois membres d’équipage des Services aériens d’aide humanitaire des Nations Unies (UNHAS) avaient été enlevés il y a 98 jours à Um Shalaya, au Darfour-Ouest, a souligné que les heurts des mois de janvier et de février avaient conduit à des déplacements de populations dans certaines régions du Darfour-Nord et du Darfour-Sud.
Bien qu’un grand nombre de difficultés et de défis demeurent sur le terrain, la MINUAD et le Gouvernement du Soudan continuent d’être en étroite consultation sur tous les sujets de préoccupation liés à la paix et à la stabilité dans la région, a indiqué Atul Khare.
M. Khare a présenté des informations récentes sur l’évolution des négociations sur le Darfour, qui ont lieu à Doha, au Qatar, depuis la publication du rapport du Secrétaire général sur la MINUAD et sur le processus politique interne au Darfour.
Le 24 février, a-t-il dit, l’équipe de médiation a présenté aux trois parties en présence six projets de texte couvrant les domaines du partage des richesses; de l’indemnisation; du retour des personnes déplacées et des réfugiés; de la justice et de la réconciliation; des droits de l’homme et des libertés fondamentales, et des accords de sécurité.
L’équipe de médiation compte revoir l’intégralité des textes à la lumière des positions exprimées par les parties et recommander des propositions de compromis sur les points de divergence, a souligné Atul Khare. Elle réunira toutes les parties prenantes au Darfour lors d’une conférence à la fin avril pour susciter, chez les Darfouriens et au sein de la communauté internationale, une large adhésion au texte issu des négociations de Doha, mais aussi un appui en faveur de son application.
Afin de soumettre aux parties, avant le 27 avril, un projet d’accord global en vue de son examen final, l’équipe de médiation leur a demandé, le 18 avril, de « continuer de travailler ensemble » pour apporter leurs commentaires définitifs sur les six chapitres proposés. Un septième chapitre portant sur les mécanismes nécessaires à la mise en œuvre de l’accord sera soumis aux parties dans les jours à venir, a dit M. Khare.
Selon le Sous-Secrétaire général, les positions du Gouvernement et du MLJ sont « presque réconciliables ». En revanche, le MJE « a fait un certain nombre de suggestions et de commentaires », a-t-il noté en appelant la communauté internationale à lui envoyer un « message très clair » selon lequel il doit « s’engager pleinement » sur la base des projets qui lui ont été fournis et « parvenir à un accord global dans les délais déterminés par la médiation ».
M. Khare a également mis l’accent sur la nécessité d’un « appui total » de la part de la communauté internationale pour tenter d’amener les leaders Minni Minawi et Abdul Wahid à la table des négociations.
Prenant la parole, le représentant du Soudan a déclaré pour sa part que des progrès avaient été réalisés, faisant notamment état du lancement du processus politique, ce qui est une « raison d’être optimiste », a-t-il précisé. Il a également mentionné le décret présidentiel du 29 mars portant sur l’organisation, avant le 9 juillet, date de la sécession du Sud-Soudan, d’un référendum sur le statut administratif du Darfour.
Il est prévu, a-t-il précisé, que ce référendum se tienne sous la supervision de la Commission électorale nationale avec la présence d’observateurs nationaux, régionaux et internationaux. « Le Gouvernement fait tous les efforts possibles afin de garantir un environnement propice à ce référendum », a-t-il souligné, précisant que le Gouvernement envisageait la levée de l’état d’urgence afin d’assurer la liberté d’expression et d’association.
En outre, le représentant du Soudan a mis l’accent sur le « sérieux » et l’« engagement » dont fait preuve son gouvernement dans sa coopération avec les Nations Unies, et en particulier dans la mise en œuvre du protocole humanitaire, qui est suivie, a-t-il dit, par un comité de haut niveau.
De même, le représentant du Soudan a affirmé que tous les efforts nécessaires étaient réalisés par le Gouvernement du Soudan pour tenter de régler le problème que posent les retards dans la délivrance des visas destinés au personnel de la MINUAD. Il a en particulier confirmé que, lors d’une réunion du Comité technique tripartite tenue le 31 mars à Khartoum, le Gouvernement avait indiqué son intention d’approuver 600 demandes de visas. « Tout est fait pour que tous les visas demandés soient délivrés », a-t-il assuré.
Enfin, le représentant a déclaré que songouvernement s’attachait à « établir une paix globale et durable au Darfour », et à « poursuivre le processus politique sur le plan interne ». Il a invité le Conseil de sécurité à faire en sorte que l’avenir de la paix aux Darfour ne soit pas « abandonné aux chefs des mouvements rebelles qui ignorent les appels de la communauté internationale ».
* S/2011/244
RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN
Rapport du Secrétaire général sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (S/2011/244)
Dans ce rapport, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, présente une évaluation des progrès réalisés dans l’exécution du mandat de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et rend compte de l’évolution du processus politique, des conditions de sécurité et de la situation humanitaire au cours de la période allant du 1er janvier au 31 mars 2011.
Sur le plan politique, écrit-il, on observe quelques progrès, tant dans les négociations de paix à Doha qu’en ce qui concerne le lancement du processus politique interne au Darfour. Pour que ces efforts aident efficacement le Gouvernement, les mouvements armés et le peuple du Darfour à parvenir à une paix durable, il faudra un engagement total des parties prenantes et un appui sans faille de la communauté internationale.
Le Secrétaire général souligne qu’avec le Président de la Commission de l’Union africaine, M. Jean Ping, ils appuient sans réserve aussi bien les négociations de Doha que le processus politique, actions qui sont non seulement complémentaires, mais également essentielles pour la paix et la stabilité à long terme au Darfour.
Le Secrétaire général engage le Gouvernement soudanais, ainsi que les divers mouvements, à faire preuve de la souplesse nécessaire pour garantir que les négociations concernant le Darfour soient fructueuses et débouchent rapidement sur un accord général.
M. Ban note également que depuis son dernier rapport au Conseil de sécurité sur la situation au Darfour, des combats entre le Gouvernement et les mouvements armés, en particulier entre les Forces armées soudanaises et les Forces de l’Armée de libération du Soudan-Minni Minawi (ALS-MM)et du Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE), se sont étendus à des éléments de l’Armée de libération du Soudan-Abdul Wahid (ALS-AW) et du Mouvement pour la libération et la justice.
Ces heurts, observe-t-il, compromettent les progrès à accomplir dans les négociations et dans le processus politique, et font surgir de nouveaux problèmes humanitaires au Darfour. M. Ban engage à nouveau le Gouvernement et tous les mouvements armés à cesser les hostilités et à entamer immédiatement des négociations de cessez-le-feu.
Le Secrétaire général se dit profondément préoccupé par les risques que les conditions de sécurité au Darfour continuent de présenter pour le personnel des Nations Unies et d’autres organisations. Les enlèvements de fonctionnaires internationaux restreignent gravement les possibilités qu’ont les agents humanitaires et ceux s’occupant du relèvement du Darfour d’accomplir leur mission d’aide au Gouvernement et au peuple du Darfour, ajoute-t-il.
Il demeure préoccupé par la fréquence des tentatives, de la part des belligérants, de restreindre les opérations de la MINUAD et celles des organisations humanitaires. Il exhorte fermement le Gouvernement soudanais à veiller à remplir ses obligations découlant de l’accord sur le statut des forces et à permettre à la MINUAD et aux travailleurs humanitaires un libre accès à toutes les localités du Darfour, y compris les zones où des combats viennent de se dérouler.
Selon M. Ban, les mois qui viennent seront une période capitale pour l’avenir du Darfour et du Soudan. Alors que la période intérimaire prévue par l’Accord de paix global tire à sa fin, la participation positive du Gouvernement, des différents mouvements et de toutes les parties prenantes à un dialogue constructif sera plus importante que jamais.
Pour sa part, la communauté internationale devra rester engagée de façon uniforme et constructive auprès de toutes les parties prenantes pour les aider à prendre la décision difficile d’abandonner l’option militaire et d’œuvrer activement à un règlement pacifique et durable du conflit, préconise Ban Ki-moon.
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