Le Conseil de sécurité encourage la CCP à jouer pleinement le rôle consultatif qui lui a été donné concernant l’élaboration des mandats de maintien de la paix
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Conseil de sécurité
6503e séance – matin
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ ENCOURAGE LA CCP À JOUER PLEINEMENT LE RÔLE CONSULTATIF
QUI LUI A ÉTÉ DONNÉ CONCERNANT L’ÉLABORATION DES MANDATS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Deux jours après celui qu’a tenu l’Assemblée générale*, le Conseil de sécurité a organisé ce matin un débat sur les travaux de la quatrième session de la Commission de consolidation de la paix (CCP). Tout en saluant les progrès accomplis, depuis sa création en 2006, par cet organe subsidiaire de l’Assemblée et du Conseil, les membres du Conseil de sécurité ont estimé, comme l’ont fait les États Membres à l’Assemblée, que la CCP pouvait améliorer la conduite de ses actions.
Présentant le rapport de la CCP**, le Président sortant de la Commission et Représentant permanent de l’Allemagne auprès des Nations Unies, M. Peter Wittig, a expliqué que les travaux de la Commission de consolidation de la paix avaient été orientés vers le renforcement du programme de consolidation de la paix, l’amélioration de son impact sur le terrain et la fourniture d’un appui au Burundi, à la République centrafricaine, à la Guinée-Bissau et à la Sierra Leone, qui sont inscrits à l’ordre du jour de la CCP. « En 2010, la CCP a inscrit le Libéria comme le cinquième pays inscrit à son ordre du jour », a précisé M. Wittig, qui a indiqué que la Commission avait également répondu à la demande de la Guinée, laquelle requiert d’elle un avis consultatif.
L’année 2010 s’est également distinguée par le fait que la CCP a été l’objet d’un examen quinquennal de ses activités, a rappelé le Président sortant en faisant état d’un certain nombre de recommandations qui ont été faites dans ce cadre en vue d’améliorer le fonctionnement de la Commission. Suivis par un certain nombre d’États membres du Conseil de sécurité, M. Wittig a évoqué le renforcement du rôle consultatif de la Commission auprès du Conseil, qui s’exerce notamment dans l’élaboration des mandats des opérations de maintien de la paix. Il a également parlé du renforcement des synergies entre la Commission et ses partenaires sur le terrain, qu’il s’agisse des gouvernements des pays concernés par la mise en œuvre des mesures de consolidation de la paix; des institutions financières internationales qui les soutiennent; ou encore des organisations régionales, du secteur privé et de la société civile qui en sont des partenaires de mise en œuvre.
Le successeur de Peter Wittig à la présidence de la CCP, M. Eugène-Richard Gasana, du Rwanda, a repris à son compte ses conclusions, tout en insistant sur l’importance qu’il y a pour la Commission de prêter main forte à chaque pays inscrit à son ordre jour dans l’établissement de ses priorités nationales, sur la base d’une analyse des risques et des opportunités propres et spécifiques à chacun d’entre eux. De ce point de vue, les « formations » pays jouent à ce niveau un rôle déterminant, a fait observer le Président de la CCP, qui s’est dit particulièrement prêt à travailler étroitement avec les États qui sont à la fois membres de la Commission de la consolidation de la paix et du Conseil de sécurité.
Prenant note de la réflexion en cours sur les liens qui existent entre le développement, la paix et la sécurité, le représentant de l’Inde a lancé un avertissement contre les risques qui existent de créer une nouvelle « orthodoxie de la consolidation de la paix ». Selon lui, les efforts déployés par la communauté internationale en ce qui concerne la consolidation de la paix et la reconstruction se traduisent trop souvent par une dynamique de réflexion qui va du sommet vers la base, au lieu de faire le chemin inverse en instaurant un dialogue qui aille de la base vers le sommet et qui permettrait donc à la communauté internationale de mieux se mettre à l’écoute des populations et des gouvernements des pays concernés par les programmes de consolidation de la paix, qu’ils portent sur la bonne gouvernance ou sur la réforme du secteur de la sécurité et de l’état de droit.
Si plusieurs membres du Conseil de sécurité ont jugé pertinent de renforcer l’interaction entre la CCP et le Fonds pour la consolidation de la paix, censé catalyser les apports en ressources en faveur des pays inscrits à l’ordre du jour de la CCP, le représentant de la France a pour sa part estimé que la Commission « cherche encore sa place dans le système onusien, où l’on continue trop souvent de la considérer comme un donateur supplémentaire, alors qu’elle est d’abord un organe ayant une fonction politique et de plaidoyer ».
Le représentant du Royaume-Uni a estimé que les États Membres devaient faciliter le fonctionnement du processus au terme duquel la CCP peut apporter des réponses aux demandes croissantes des États en matière de consolidation de la paix. « Avec deux pays de plus à l’ordre du jour de la Commission, la question des capacités d’action de cet organe consultatif, va se poser de manière plus aigüe », a-t-il prévenu. Pour le représentant britannique, la Commission doit se limiter au rôle consultatif qui lui a été donné auprès du Conseil de sécurité et des autres acteurs de la paix sur le terrain, et se baser sur des analyses de bonne qualité, afin d’émettre des recommandations qui soient pertinentes et valides.
*AG/11058
**S/2011/41
CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS LES CONFLITS
Rapport de la Commission de consolidation de la paix sur les travaux de sa quatrième session (S/2011/41)
Déclarations
Présentant le rapport de la quatrième session de la CCP, M. PETER WITTIG, (Allemagne), Président sortant de la Commission de consolidation de la paix(CCP), a expliqué que les travaux de la CCP avaient été orientés principalement sur le renforcement du programme de consolidation de la paix, l’amélioration de son impact sur le terrain et la fourniture d’un appui aux efforts de consolidation au Burundi, en République centrafricaine, en Guinée-Bissau et en Sierra Leone. « En 2010, la CCP a inscrit le Libéria comme le cinquième pays à son ordre du jour, répondant ainsi favorablement à la demande du Gouvernement libérien transmise par le Conseil de sécurité », a dit M. Wittig. « Plus récemment, la CCP a répondu à la demande d’un avis consultatif de la part de la Guinée », a-t-il encore indiqué.
« L’année 2010 a donné lieu également à la conduite d’un examen quinquennal, a rappelé M. Wittig qui a indiqué que la CCP en assure le suivi conformément à sa « feuille de route d’action pour 2011 ». « Le rapport dont le Conseil est saisi aujourd’hui, a-t-il précisé, met en exergue l’accent qui a été mis sur « les Partenariats pour la consolidation de la paix », ceci en particulier avec les institutions financières internationales, dont la Banque mondiale, « qui a participé à de nombreux débats de la Commission », et avec les organisations régionales, dont l’Union africaine. « Le Président et les Vice-Présidents de la Commission de consolidation de la paix ont aussi travaillé avec des partenaires de la société civile et du monde universitaire », a précisé le représentant de l’Allemagne.
M. Wittig a ensuite plaidé pour l’instauration de « liens dynamiques » entre le Conseil de sécurité et la CCP, en mettant en exergue le fait qu’actuellement, 11 membres du Conseil sont aussi membres de la CCP. « Le rôle consultatif de cette dernière, nous l’avons dit à maintes reprises, vis-à-vis du Conseil, peut être décisif au moment de l’élaboration des mandats des opérations de l’ONU, afin notamment de rendre celles-ci plus durables ». « La CCP peut aider le Conseil à suivre au plus près l’évolution des situations sur le terrain, ainsi que celle de la phase de déploiement des capacités civiles et militaires jusqu’à la stabilisation effective du pays ou de la zone sortant de conflit », a-t-il en outre assuré.
« La CCP a fait une priorité du renforcement de l’interaction avec les principaux organes des Nations Unies et a constaté l’intérêt croissant que portent le Conseil de sécurité et l’ECOSOC à ses avis consultatifs ». « À l’avenir elle devra renforcer encore plus ses liens avec les principaux organes de l’Organisation afin d’intégrer plus avant ses perspectives dans les questions politique et économique dont elle traite », a insisté M. Wittig.
« La CCP, a poursuivi le représentant, continue à bénéficier du travail du Bureau d’appui pour la consolidation de la paix ». Ce Bureau a notamment organisé des séances d’information sur les activités du Fonds pour la consolidation de la paix, a-t-il indiqué. Comme l’ont dit les cofacilitateurs de l’examen quinquennal, a-t-il conclu, « cet examen doit être perçu comme une alerte sur la nécessité de renforcer la volonté collective de traiter de la consolidation de la paix d’une manière plus globale et plus déterminée ».
S’exprimant en sa qualité de Président de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. EUGÈNE-RICHARD GASANA (Rwanda) a déclaré que la CCP pouvait certainement aider le Conseil de sécurité à renforcer ses différents engagements en lui proposant trois fonctions consultatives principales. Ceci se ferait tout d’abord, en insistant sur l’importance d’inclure une perspective de consolidation de la paix dans les mandats des missions de maintien de la paix confiées à l’ONU. En outre, la CCP peut offrir au Conseil les avantages qu’a une plate-forme inclusive destinée à forger des partenariats et un engagement avec les autres acteurs clefs sur le terrain, a suggéré le Président. La Commission peut aussi assister les pays dans l’établissement de leurs priorités nationales et dans l’évaluation et la surveillance des progrès réalisés en matière de consolidation de la paix sur la base d’une analyse des risques et des opportunités propres à chaque pays, a ajouté le Président de la CCP. M. Gasana a, en conclusion, rappelé les avantages potentiels d’une plus grande interaction entre le Conseil et la Commission. À cet égard, la contribution des membres de la CCP qui sont aussi membres du Conseil de sécurité est importante pour atteindre cet objectif, a-t-il souligné, avant d’indiquer qu’il était prêt à travailler étroitement avec ces États « pour donner un nouvel élan à cette interaction ».
M. PHILIP PARHAM (Royaume-Uni) a estimé que les États Membres devaient faciliter le fonctionnement du processus au terme duquel la CCP peut apporter des réponses aux demandes croissantes des États en matière de consolidation de la paix. Il a noté qu’avec deux pays de plus à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix -le Libéria et la Guinée-, la question des capacités d’action de la CCP, organe consultatif, va se poser de manière plus criante. Pour le représentant britannique, la Commission doit rester dans son rôle en conseillant le Conseil de sécurité et les autres acteurs de la paix sur le terrain, y compris dans les domaines où des réformes importantes sont nécessaires, comme ceux ayant trait à la réforme du secteur de la sécurité et au lancement de programmes de réconciliation nationale après un conflit. Pour modeler les réponses qu’elle apporte aux États, la CCP doit se baser sur des analyses de bonne qualité afin d’émettre des recommandations qui soient pertinentes et valides, a-t-il insisté.
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil), a souligné que le Brésil avait retenu de sa présidence de la CCP que « toutes les dimensions de la consolidation de la paix sont intimement liées ». « En Guinée-Bissau, par exemple, l’amélioration de la situation économique et l’allégement concomitant de la dette de ce pays par le biais de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés, menée par le FMI, ont donné au Gouvernement sierra-léonais la possibilité de mobiliser des ressources supplémentaires pour financer ses politiques sociales et en matière de sécurité », a-t-elle constaté. Mme Ribeiro Viotti a également estimé qu’il en va de même en ce qui concerne les processus d’appropriation des programmes prioritaires, « qui doivent être mis en œuvre de manière harmonieuse et dans le cadre d’un dialogue national transparent et fluide entre les autorités du pays, sa population, et ses partenaires régionaux et internationaux ». « La CCP a, à cette fin, un rôle clef à jouer pour coordonner l’action de stabilisation », a-t-elle jugé.
M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a relevé le rôle stratégique que joue la Commission de consolidation de la paix dans l’architecture mondiale pour la consolidation de la paix, et il a en particulier souligné le type de relation que cette Commission entretient avec le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale. En tant que membre de la CCP, l’Inde appuie cette relation triangulaire qui permet aux Nations Unies de répondre et parer d’une seule voix lorsqu’il s’agit de définir la feuille de route de la consolidation de la paix, a dit M. Puri Singh. En tant qu’effort « coopératif », la consolidation de la paix repose sur une interaction étroite entre les Nations Unies et d’autres partenaires, en particulier les institutions financières internationales, a-t-il souligné. Il a également pris note de la réflexion en cours sur les liens existants entre développement, paix et sécurité, mais a averti qu’il fallait résister à la tentation de créer une nouvelle « orthodoxie de la consolidation de la paix ». Les efforts déployés à cet égard se limitent trop souvent à une dynamique de réflexion qui va du haut vers le bas, au lieu de faire l’inverse, c’est-à-dire d’aller de la base vers le sommet, ce qui permettrait à la communauté internationale d’être à l’écoute des populations et des gouvernements des pays concernés par les programmes de consolidation de la paix, a relevé M. Singh Puri.
Il a ajouté que c’est aux Nations Unies qu’incombe la responsabilité de définir une vision commune de la consolidation de la paix, en y associant les différents acteurs clefs, et en créant les liens nécessaires entre les autorités nationales et les divers intervenants extérieurs en matière de consolidation de la paix et de développement. Parmi les éléments clefs de la consolidation de la paix, M. Singh Puri a insisté sur l’importance de l’appropriation nationale du processus de consolidation. « La communauté internationale peut encourager et faciliter les efforts, mais elle ne peut pas résoudre les problèmes qui dépendent de la volonté nationale et de la prise en charge nationale du pays concerné », a-t-il affirmé. L’Inde estime que le rôle principal de la communauté internationale est de mettre à leur disposition les capacités et les ressources dont ont besoin les autorités nationales, a préconisé le représentant en soulignant à ce propos que si les opérations de maintien de la paix sont limitées dans le temps, les efforts de consolidation de la paix peuvent eux, s’étaler sur plusieurs décennies. Leur succès dépend très souvent de la qualité des ressources mises à leur disposition, qui doivent être prévisibles et disponibles dans la durée. La délégation indienne est également convaincue du rôle déterminant que peuvent assumer les acteurs régionaux dans les situations postconflit, a dit M. Singh Puri en citant à titre d’exemple le rôle que le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) peut jouer dans la stabilisation des pays africains sortant de conflit.
L’Inde déplore la lourdeur bureaucratique qui existe à l’ONU, et qui entrave souvent la capacité du Secrétariat et des fonds et programmes du système onusien à être des acteurs efficaces en matière de consolidation de la paix, a déclaré M. Singh Puri. Il a illustré son propos par le fait qu’il faut souvent jusqu’à 200 jours à l’Administration de l’ONU pour pourvoir un poste vacant dans ses opérations qui ont lieu sur le terrain!
M. ALEXANDER A. PANKIN (Fédération de Russie) a estimé que le bilan de la quatrième session de la CCP était positif. Cette session a également été l’occasion pour de nombreux États Membres de faire des recommandations en vue d’améliorer le fonctionnement de cet organe subsidiaire de l’Assemblée et du Conseil de sécurité, s’est félicité le représentant. Les formations de pays ont œuvré avec succès au renforcement de la relation qu’entretient la Commission de consolidation de la paix avec les gouvernements des pays concernés, a estimé M. Pankin. Il a mis ensuite l’accent sur le bien fondé du déploiement des capacités civiles, d’experts notamment, sur la base des recommandations faites par le Groupe consultatif pertinent. La Fédération de Russie accorde une grande importance à la CCP, a poursuivi le représentant, estimant qu’elle doit jouer un rôle plus actif s’agissant des transformations qui se produisent dans certains secteurs et notamment dans le domaine économique dans le cadre de la mise en œuvre des programmes et politiques liés à la consolidation de la paix. Le Fonds pour la consolidation de la paix doit, quant à lui, offrir à l’avenir un financement plus fiable et plus prévisible à l’application des mesures de consolidation de la paix, a souligné le représentant.
M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) s’est félicité des progrès réalisés par la Commission de consolidation de la paix (CCP), qui a tiré les enseignements des travaux menés par cinq configurations pays, ce qui s’avèrera utile pour les tâches à accomplir en Guinée, pays tout récemment inscrit sur l’agenda de la CCP, a estimé le représentant. Il a indiqué que, pour sa délégation, la visibilité de la CCP et la coordination avec les acteurs où elle intervient étaient deux questions d’une importance cruciale pour les années à venir. Le Portugal pense que le travail de la CCP sur le terrain doit se faire en relation étroite avec le Gouvernement du pays concerné, mais aussi avec les autres acteurs impliqués, à l’intérieur comme à l’extérieur du système des Nations Unies, ainsi qu’avec les institutions financières internationales, les organisations régionales, la société civile et le secteur privé. À cet égard, nous devrions reprendre à notre compte les recommandations faites lundi à l’Assemblée, ainsi que celles faites par les présidents de configurations pays, au moment d’élaborer les mandats confiés aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, a préconisé le représentant.
M. NOËL NELSON MESSONE (Gabon) a déclaré que la concertation entre la CCP et les organisations régionales et sous-régionales fait de la Commission un acteur essentiel dans le domaine de la consolidation de la paix. « C’est pourquoi, la Commission de consolidation de la paix doit figurer en bonne place dans le dialogue que l’ONU tient périodiquement avec les organisations régionales, afin notamment d’améliorer la mobilisation des ressources et de renforcer l’efficacité et l’harmonisation des actions menées sur le terrain », a ajouté M. Messone. Pour le représentant gabonais, les liens entre maintien de la paix et consolidation de la paix se sont intensifiés et « nécessitent donc une plus grande effectivité du rôle consultatif de la CCP auprès du Conseil de sécurité ». « À titre d’exemple, nous appuyons les recommandations adressées au Conseil par la CCP sur la situation en République centrafricaine, formation pays de la CCP dans laquelle le Gabon est engagé », a-t-il indiqué. Sur ce dernier point, le représentant a rappelé que la consolidation de la paix ne peut se faire sans l’implication du pays bénéficiaire. « Le Cadre stratégique de la consolidation de la paix en République centrafricaine, ainsi que le document de réduction de la pauvreté ont été établis par le Gouvernement centrafricain, en partenariat avec la Commission », a-t-il ainsi fait observer.
M. IVAN BARBALIĆ (Bosnie-Herzégovine) a estimé qu’il est nécessaire d’élaborer une vision commune entre le Conseil et la CCP avant tout engagement de la Commission de consolidation de la paix dans un pays donné, afin d’améliorer l’impact des activités de la Commission sur le terrain. Il est aussi essentiel de renforcer les partenariats avec les principaux acteurs engagés dans le domaine de la consolidation de la paix et de la reconstruction, comme les institutions financières internationales et les institutions régionales et sous-régionales, a-t-il ajouté. M. Barbarić a également souhaité que le processus de consolidation de la paix se concentre sur les priorités et les stratégies nationales du pays concerné en vue d’en renforcer l’appropriation et les capacités nationales. Il est en outre important de mesurer l’impact des efforts de consolidation de la paix sur le terrain, a-t-il estimé.
M. Barbalić a par ailleurs souligné l’utilité d’une plus grande synergie entre les différentes configurations pays de la CCP et le Dialogue international sur la consolidation de la paix et le renforcement de l’État. Il a également conseillé de ne pas s’engager dans la consolidation de la paix en prenant comme critère décisif les ressources qui peuvent être disponibles ou présentes dans un pays, mais plutôt de se concentrer sur les besoins de ce pays et sur ses insuffisances. En ce qui concerne le Fonds pour la consolidation de la paix, il faut augmenter sa coopération avec la CCP par le biais de consultations et par la tenue d’un dialogue suivi, a-t-il préconisé. Le représentant a enfin incité le Conseil de sécurité à élaborer un mécanisme permettant de suivre les progrès obtenus grâce aux travaux de la CCP.
M. MARTIN BRIENS (France) a noté que 2010 avait été « l’année de la maturation politique et de la définition des objectifs de la CCP ». « Nous devons maintenant mettre en œuvre la feuille de route pour 2011, élaborée au cours de la présidence allemande de la CCP », a dit le représentant. M. Briens a ensuite souligné que l’attractivité de la CCP avait été confirmée par l’ajout, à son ordre du jour, du Libéria en 2010, et de la Guinée n 2011. « Toutefois, la CCP cherche encore sa place dans le système onusien, où l’on continue trop souvent de la considérer comme un donateur supplémentaire, alors qu’elle est d’abord un organe ayant une fonction politique et de plaidoyer », a souligné M. Briens. « La CCP est d’abord et avant tout une plate-forme politique », a-t-il répété. Poursuivant son intervention, le représentant a estimé que les processus de consolidation de la paix doivent être menés par les autorités nationales du pays qui en bénéficie, cet effort devant s’incarner dans la mise en œuvre de programmes de bonne gouvernance, de réforme du secteur de la sécurité et de l’état de droit, et en faveur de la réconciliation nationale. Enfin, M. Briens a estimé que certaines des recommandations contenues dans le rapport de M. Jean-Marie Guéhenno sur les capacités civiles pouvaient être appliquées dès à présent, d’autres devant être validées par les États Membres une fois qu’ils auront surmonté toute divergence de vue potentielle.
M. DAVID B. DUNN (États-Unis) a réitéré le soutien de son pays à la Commission de consolidation de la paix (CCP), qui doit continuer d’être renforcée pour qu’elle puisse accroître son impact sur les pays inscrits à son ordre du jour. Il a salué les efforts entrepris par la Commission pour rationaliser ses actions en s’appuyant sur le processus et les documents de planification stratégiques. Il s’est en outre félicité du démarrage rapide des travaux de la formation Libéria, qui ont débuté avec l’adoption d’une déclaration innovante. En agissant aussi rapidement, il a été possible, grâce à la CCP, de faciliter la construction de zones de sécurité au Libéria et d’assurer le transfert des responsabilités aux autorités libériennes, s’est félicité le représentant des États-Unis. En dépit de progrès, la Commission se heurte néanmoins à des difficultés de taille, qui exigent d’elle une meilleure coordination avec les autres organes des Nations Unies, a-t-il cependant relevé. Il s’est dit d’avis que la CCP devait travailler avec ses principaux partenaires, notamment les institutions financières internationales, pour aboutir à une vision commune sur chaque pays inscrit à son ordre du jour. Il est essentiel de faire en sorte que la CCP puisse améliorer ses chances de succès dans les pays émergeant d’un conflit et garantir une paix durable, a ajouté en conclusion le représentant.
M. DOCTOR MASHABANE (Afrique du Sud) s’est félicité de l’interaction entre la Commission de consolidation de la paix (CCP) et le Conseil, même s’il a jugé qu’elle pouvait encore être améliorée, notamment en s’assurant que le Conseil tienne compte de manière plus systématique des recommandations de la CCP au moment d’élaborer les mandats de maintien de la paix. Il faut également se concentrer sur le renforcement du partage de l’information, par exemple en présentant les conclusions des formations pays de la CCP à l’ECOSOC et à l’Assemblée, ainsi qu’a tous les autres organes pertinents, a ajouté le représentant de l’Afrique du Sud. Il a estimé qu’il était nécessaire de renforcer l’interaction entre la CCP et le Fonds pour la stabilisation et la consolidation de la paix, pour permettre aux pays sortant d’un conflit de recevoir l’aide dont ils ont besoin. Par l’entremise de l’examen quinquennal, il faut en outre continuer d’améliorer la cohérence et la coordination entre la CCP et l’ensemble de ses partenaires, à l’intérieur et à l’extérieur du système des Nations Unies.
M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a souligné qu’au travers des différents rapports et documents portant sur la question, les divers acteurs intervenant dans le domaine de la consolidation de la paix montrent qu’il est nécessaire d’éviter les doublons en créant des synergies et en utilisant au mieux les ressources et les capacités disponibles. M. Osorio a ensuite rappelé que le rôle de la communauté internationale est de fournir une aide « à un processus national établi en fonction des besoins identifiés par le pays hôte lui-même ». Il a appelé au renforcement des liens entre la CCP et le Conseil de sécurité, l’objectif étant de mieux planifier et intégrer l’action des partenaires de la paix sur place, en particulier dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’ONU.
Mme JOY OGWU (Nigéria) a estimé que la CCP peut être un instrument mis au service de la diplomatie préventive. Elle a également insisté sur le fait que les mesures relatives à l’atteinte des objectifs de consolidation de la paix doivent être mises en œuvre par le biais d’une action coordonnée de manière efficace, « comme le démontre l’exemple innovant du Libéria, où le Gouvernement s’est rapidement approprié la mise en œuvre des programmes pertinents de consolidation de la paix », a dit Mme Ogwu. La représentante a aussi mis l’accent sur la nécessité d’améliorer la mobilisation des ressources et de définir des priorités réalisables en premier lieu par les autorités nationales elles-mêmes. « Dans ce contexte, et pour mieux répondre aux défis du maintien de la paix et de la consolidation de la paix, qui sont liés, il est important d’accroître les interactions entre la CCP et les organes principaux, dont les fonds et programmes des Nations Unies. Il en va de même concernant les interactions avec les organisations financières internationales, dont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI); et les organisations régionales, au premier rang desquelles l’Union africaine », a préconisé Mme Ogwu.
Mme CAROLINE ZIADE (Liban) a déclaré que des résultats tangibles avaient été obtenus par la Commission de consolidation de la paix (CCP), qui a montré la pertinence de son action dans les pays inscrits à son ordre du jour. Cependant, des difficultés persistent, a-t-elle relevé, avant de dire qu’il fallait saisir l’occasion offerte par l’examen quinquennal de la Commission pour l’aider à améliorer la conduite de ses activités. Elle s’est félicitée des progrès réalisés dans la mise en œuvre d’un certain nombre de recommandations faites par la Commission elle-même. Le Liban estime que l’appropriation nationale doit demeurer une priorité de la CCP, a souligné la représentante. Elle a en outre estimé qu’il fallait renforcer les synergies entre la Commission et le Fonds pour la consolidation de la paix. D’autre part, a-t-elle poursuivi, les engagements pris par les parties prenantes nationales et les interlocuteurs internationaux doivent être respectés, et le Conseil de sécurité doit mieux utiliser le rôle consultatif de la CCP.
M. LI BAODONG (Chine) a estimé que les Nations Unies devaient mettre au point une stratégie intégrée de consolidation de la paix qui soit mise en œuvre le plus rapidement possible. Lorsqu’elle formule ses recommandations, la CCP doit pouvoir jouer son rôle consultatif auprès du Conseil, a souligné le représentant de la Chine. C’est pourquoi la Commission doit continuer de déployer des efforts en vue d’améliorer sa relation avec le Conseil de sécurité, ainsi que les partenariats qu’elle a avec tous les acteurs pertinents sur le terrain, a-t-il préconisé.
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