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CS/10197

Conseil de sécurité: il faut de bonnes élections pour une transition pacifique et une consolidation des progrès au Libéria, estime la Représentante du Secrétaire général

16/03/2011
Conseil de sécuritéCS/10197
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6495e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: IL FAUT DE BONNES ÉLECTIONS POUR UNE TRANSITION PACIFIQUE ET UNE

CONSOLIDATION DES PROGRÈS AU LIBÉRIA, ESTIME LA REPRÉSENTANTE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL


Le Conseil de sécurité a examiné, ce matin, la situation au Libéria, marquée notamment par les préparatifs des élections générales qui devraient avoir lieu dans les prochains mois. 


La Représentante spéciale du Secrétaire général, Chef de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) et Coordonnatrice des opérations de l’ONU dans ce pays, Mme Ellen Margrethe Løj, du Danemark, a salué la conclusion à la mi-février du processus d’inscription des électeurs sur les listes du scrutin.  Elle s’est félicitée de la manière pacifique avec laquelle s’est déroulé ce processus, auquel près de 1,8 million de Libériens ont participé.  Se référant au rapport du Secrétaire général dont étaient saisies ce matin les délégations, Mme Løj a estimé que des élections réussies seraient « indispensables pour assurer une transition postélectorale pacifique et solidifier les progrès accomplis au Libéria ». 


Le Président de la configuration du Libéria de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Zeid Raad Zeid Al Hussein, de la Jordanie, a, quant à lui, souligné les retards enregistrés dans la réforme des secteurs de la justice et de la sécurité et demandé aux autorités nationales du Libéria de mettre rapidement sur pied un système crédible de traitement des affaires, notamment judiciaires, foncières et concernant l’ordre et la sécurité.  La Représentante permanente du Libéria auprès des Nations Unies, Mme Marjon Kamara, a, de son côté, exhorté la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour éviter une escalade de la crise en Côte d’Ivoire, car le Libéria, pays voisin, doit faire face depuis janvier dernier à un afflux continu de ressortissants ivoiriens sur son territoire.


La Représentante spéciale du Secrétaire général pour le Libéria, Mme Ellen Margrethe Løj, a indiqué que l’inscription des électeurs avait été achevée le 12 février dernier, tout en notant que le processus s’était déroulé sans incidents majeurs.  Elle a salué à cet égard le rôle joué par la Police nationale du Libéria, qui, assistée par la MINUL, a efficacement sécurisé les centres d’enregistrement.  « Il est encourageant de voir que 1,79 million de formulaires d’inscription ont été retirés, ce qui représente 89% du nombre estimé d’électeurs libériens potentiels », a-t-elle relevé. 


Mme Løj a ensuite rendu hommage à la Commission électorale nationale pour avoir su mobiliser ses capacités logistiques avec succès dans les centres d’inscription.  Après avoir jugé que cette mobilisation servirait de modèle pour la tenue prochaine du référendum et des élections générales, la Coordonnatrice des opérations de l’ONU au Libéria et Chef de la MINUL a indiqué que le financement du budget électoral, d’un montant de 47 millions de dollars, était en bonne voie.  « Cependant, les donateurs doivent consentir un effort supplémentaire pour combler le trou de 4 millions de dollars qui existe encore dans le panier de fonds budgétaire que gère le PNUD », a-t-elle ajouté.  Pour Mme Løj, des élections réussies sont indispensables pour assurer une transition postélectorale pacifique et consolider les progrès accomplis au Libéria.  Elle a ainsi invité les acteurs politiques à exprimer leurs idées tout en veillant à ne pas saper la confiance dans le système démocratique mis en place, la MINUL étant prête à offrir ses bons offices « impartiaux » à cette fin. 


Mme Ellen Margrethe Løj s’est ensuite félicitée des progrès réalisés dans la transition des responsabilités en matière de sécurité, qui doivent aller de la MINUL aux autorités nationales libériennes, ce processus étant facilité notamment par l’action du Groupe de travail conjoint MINUL/Gouvernement sur la planification de la transition. 


Elle a toutefois reconnu l’ampleur des défis concernant la réforme du secteur de la sécurité, compte tenu en particulier de la faiblesse des capacités de mobilité, de communication, et de logistique de la police et des services d’immigration.  « L’appui continu de la communauté internationale sera crucial pour la réussite de ce processus », a-t-elle indiqué, avant d’évoquer le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP).  « La décision du Gouvernement d’identifier, aux côtés de la CCP, des priorités en matière de sécurité, d’état de droit et de réconciliation nationale représente une opportunité majeure pour le pays », a-t-elle estimé. 


Le Président de la configuration du Libéria de la CCP, M. Zeid Raad Zeid Al Hussein, a, dans son intervention, d’abord souligné la fragilité du système judiciaire libérien, une conséquence, selon lui, d’années de conflit et d’instabilité.  « Le Gouvernement libérien est déterminé à fournir des services judiciaires au-delà de la capitale Monrovia, mais il doit éviter d’exporter un système qui est en grande partie inefficace », a-t-il prévenu.  « Les autorités doivent mettre d’urgence en place un système de traitement des affaires », a-t-il exhorté.  Le Président de la configuration du Libéria de la CCP, a aussi fait part de sa préoccupation concernant l’état des tribunaux et du système de justice en général, et il a appuyé l’idée avancée par le Gouvernement d’établir des cours spéciales et une police spécialisée qui seraient chargées de juger les crimes économiques les plus graves.  À cet égard, il a assuré que la CCP était prête à explorer les options possibles aux côtés des autorités nationales du Libéria.  M. Zeid Raad Zeid Al Hussein a par ailleurs salué l’engagement manifesté par le Ministre des finances du Libéria de soutenir le financement des projets prioritaires établis conjointement par la CCP et le Gouvernement. 


« L’engagement de la CCP auprès du Libéria fournit une plate-forme et un cadre de travail qui sont à même de faciliter l’action dans les domaines prioritaires de l’état de droit, de la réforme du secteur de la sécurité, et de la réconciliation nationale, qui sont tous des domaines inextricablement liés à la stratégie de transition de la MINUL », a déclaré de son côté la représentante du Libéria.  Mettant l’accent sur la nécessité que les décisions prises soient guidées par la prise en compte des réalités sur le terrain, Mme Marjon Kamara a estimé que les prochaines élections générales au Libéria constitueraient un test sur la capacité qu’a le pays de conduire un processus démocratique de façon pacifique. 


« À l’arrière-plan de ces préoccupations électorales, les développements de la situation en Côte d’Ivoire et les conséquences de l’afflux continu de réfugiés ivoiriens au Libéria, dont le nombre actuel est estimé à 90 000, posent de sérieux problèmes », a prévenu Mme Kamara.  « Non seulement cet afflux de réfugiés pose des problèmes de sécurité, mais il représente un fardeau imposé au Gouvernement et au peuple libériens, dont les ressources sont déjà extrêmement limitées », a-t-elle poursuivi.  Face aux risques de déstabilisation transfrontalière et sous-régionale, Mme Kamara a exhorté la communauté internationale à faire son possible afin de prévenir toute escalade de la crise ivoirienne.  


Mme Ellen Margrethe Løj a indiqué, sur ce point, qu’un premier appel humanitaire de 55 millions de dollars avait été lancé en janvier dernier pour répondre aux besoins générés par un afflux initial de 50 000 réfugiés ivoiriens au Libéria.  « Nous en sommes à présent à 90 000 réfugiés et le mouvement se poursuit, a-t-elle constaté, avant d’indiquer que l’appel de fonds était actuellement réévalué, et elle a demandé aux donateurs d’y contribuer généreusement.


En début de séance, les membres du Conseil de sécurité ont observé une minute de silence en hommage aux victimes du tremblement de terre et du tsunami qui ont frappé le Japon vendredi, le 11 mars.


Au nom du Conseil de sécurité, son Président pour le mois de mars, M. Li Baodong de la Chine, a adressé sa profonde compassion et ses condoléances au Gouvernement et au peuple japonais. 



LA SITUATION AU LIBÉRIA


Vingt-deuxième rapport périodique du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) (S/2011/72)


Dans ce rapport, le Secrétaire général examine les progrès récemment accomplis en coopération avec le Gouvernement libérien, en qui concerne la planification du transfert des responsabilités en matière de sécurité de la MINUL, dont le mandat court jusqu’au 30 septembre 2011, aux autorités nationales.  L’objectif stratégique que l’ONU s’est fixé au Libéria consiste, en effet, à aider le Gouvernement libérien à consolider la paix et à stabiliser la situation en matière de sécurité indépendamment de la présence ou non d’une mission de maintien de la paix.


Dans ce cadre, Ban Ki-moon note dans ce rapport que, depuis septembre 2010, l’évolution de la situation politique au Libéria a été dominée par les préparatifs des élections de 2011.  Le rapport indique, qu’à ce stade, la Commission électorale nationale a certifié 20 partis politiques.


« Je suis encouragé de constater que l’inscription des électeurs se déroule de manière pacifique et tiens à féliciter les institutions nationales qui participent à l’organisation de cette opération et en assurent la sécurité, avec l’aide du système des Nations Unies », indique Ban Ki-moon dans ses observations.  Il ajoute que le succès des élections libériennes dépendra de leur crédibilité, et qu’à cette fin, il importe que la Commission électorale nationale reste objective, transparente et équilibrée, « et qu’elle maintienne un certain niveau d’impartialité, tout en respectant le calendrier électoral ».


Au plan de la sécurité, le Secrétaire général indique que la situation est restée « stable mais fragile ».  Il cite, comme facteurs de risque, des différends qui existent au sujet de l’accès à la terre et aux ressources, des tensions ethniques, et un taux de chômage élevé qui limite « gravement » les moyens de subsistance dont pourraient bénéficier les ex-combattants et les jeunes.  Il fait observer que, dans ce contexte, les autorités continuent d’avoir du mal à maintenir l’ordre, et que des viols et des vols à main armée sont encore fréquemment signalés, ainsi que des problèmes liés au trafic et la consommation de la drogue.  Le Secrétaire général relève également que les émeutes ont continué d’être un sujet de préoccupation, quatre incidents s’étant produits en septembre et octobre contre des agents de police, la MINUL ayant dû intervenir pour empêcher des émeutiers de mettre le feu à un dépôt de police.


Dans ses observations, M. Ban Ki-moon appelle à la fourniture d’une aide accélérée au secteur de la sécurité du Libéria, qui « jouera un rôle essentiel pour consolider la paix encore fragile dans ce pays ».  Il constate aussi qu’il reste à accomplir un travail « considérable » en prévision du transfert à terme des responsabilités en matière de sécurité de la MINUL aux autorités nationales.  Sur ce point, il dit compter sur la Commission de consolidation de la paix (CCP), dont l’engagement au Libéria peut apporter, dit-il, « des avantages concrets dans les domaines de la réforme du secteur de la justice, de l’état de droit et de la réconciliation nationale, qui sont des questions prioritaires ».


Par ailleurs, le Secrétaire général demande au Gouvernement d’appliquer de manière systématique le principe de la bonne gouvernance et de faire respecter l’état de droit afin qu’il puisse mettre un terme à l’impunité dont continuent de jouir les auteurs d’actes de corruption.


Enfin, il se dit encouragé par le fait que la croissance économique et l’augmentation des investissements étrangers au Libéria indiquent que le pays s’est engagé sur la voie du relèvement économique, ce qui va de pair avec la création de nouveaux emplois et une augmentation des recettes publiques, « qui sont essentielles pour assurer la prestation efficace de services sociaux et autres ».


Concernant les répercussions de la crise ivoirienne sur le pays, M. Ban exprime sa reconnaissance au Gouvernement et au peuple libériens qui ont accueilli des dizaines de milliers de réfugiés ivoiriens, essentiellement des femmes et des enfants.  Il invite les donateurs à fournir une aide généreuse au Plan d’action humanitaire d’urgence pour le Libéria.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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