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CS/10193

Le Conseil appuie une « stratégie globale » pour la paix et la stabilité en Somalie et regrette la décision unilatérale du Parlement somalien de proroger son mandat

10/03/2011
Conseil de sécuritéCS/10193
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6494e séance – matin & après-midi


LE CONSEIL APPUIE UNE « STRATÉGIE GLOBALE » POUR LA PAIX ET LA STABILITÉ EN SOMALIE ET REGRETTE LA DÉCISION UNILATÉRALE DU PARLEMENT SOMALIEN DE PROROGER SON MANDAT


Le Conseil de sécurité a adopté aujourd’hui une déclaration présidentielle dans laquelle il appuie l’élaboration d’une « stratégie globale » pour l’instauration de la paix et de la stabilité en Somalie, tout en regrettant la décision unilatérale du Parlement somalien de proroger son mandat. 


« Le Conseil insiste sur la nécessité d’adopter une stratégie globale favorisant l’instauration de la paix et de la stabilité en Somalie, grâce aux efforts concertés de toutes les parties prenantes dans les domaines du processus politique, du renforcement du secteur de la sécurité, des secours humanitaires, de la protection des civils, des droits de l’homme, du développement socioéconomique et de la lutte contre le terrorisme et la piraterie. »


C’est ainsi que débute la Déclaration présidentielle adoptée par le Conseil, qui a tenu aujourd’hui à l’initiative de la Chine -qui dirige ses travaux pour le mois de mars-, un débat sur les moyens de résoudre la question somalienne, qui dure « depuis près de 20 ans »*.  Une quarantaine de délégations y a pris part, en présence du Premier Ministre somalien, du Représentant spécial de l’Union africaine en Somalie et du Secrétaire général dont le Représentant spécial dans le pays a suivi la séance par vidéoconférence, entouré d’une forte délégation.  Ban Ki-moon a souligné le caractère opportun d’une telle réunion à l’heure où le Gouvernement fédéral de transition de la Somalie a besoin deconsolider ses gains récents avant l’expiration de la période de transition.


Dans sa déclaration présidentielle, le Conseil relève en effet que cette période s’achèvera en août 2011 et regrette, en conséquence, « que le Parlement fédéral de transition ait décidé unilatéralement de prolonger son mandat alors même qu’il n’a pas procédé aux réformes nécessaires et conjure les Institutions fédérales de transition de s’abstenir de toute nouvelle action unilatérale ».


Le Premier Ministre du Gouvernement fédéral de transition de la Somalie a essayé d’expliquer les tenants et les aboutissants de la prolongation de ce mandat pour une nouvelle période de trois ans.  Il a expliqué que les élections du président du Parlement et des députés sont prévues pour juillet 2011 et que l’élection présidentielle devrait avoir lieu en août 2011.  Or, a-t-il plaidé, le nouveau gouvernement devra avoir suffisamment de temps pour accomplir les tâches transitionnelles en suspens, notamment la ratification de la constitution et la création de la commission électorale. 


La réforme parlementaire sera lancée immédiatement, conformément à la réforme en cours de la branche exécutive et du secteur de la sécurité, a encore expliqué le Premier Ministre.  Cet arrangement a été approuvé par l’Assemblée de l’Union africaine, a confirmé le Représentant spécial de la Commission de l’Union africaine.


S’agissant précisément du processus post-transition, le Conseil de sécurité engage fermement, dans sa déclaration présidentielle, les Institutions fédérales à participer à ce processus de façon plus constructive, ouverte et transparente afin de favoriser un élargissement du dialogue et de la participation politiques, conformément à l’esprit de l’Accord de Djibouti.


Le Conseil prend note par ailleurs des progrès accomplis par la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et insiste sur le fait que cette dernière doit disposer de ressources prévisibles et fiables en temps voulu pour être mieux à même de s’acquitter de sa mission, une demande reprise par le Représentant spécial de la Commission de l’Union africaine.  Il a en outre demandé au Conseil d’autoriser les opérations navales entreprises aux larges des côtes somaliennes pour fournir une assistance plus tangible aux forces de l’AMISOM, en particulier pour empêcher l’entrée en Somalie d’éléments étrangers et l’acheminement d’armes et de munitions. 


Dans sa déclaration présidentielle, le Conseil demande d’ailleurs à tous les États, en particulier ceux de la région, de s’abstenir de tout acte qui enfreindrait les embargos sur les armes visant la Somalie et l’Érythrée.  Le représentant érythréen a déclaré que, face aux échecs successifs qu’a connus la Somalie, il fallait fournir suffisamment d’espace au peuple somalien pour lui permettre de résoudre ses propres problèmes « tout en protégeant le processus politique des interférences négatives et destructrices ».


Conscient que l’instabilité qui perdure en Somalie contribue au problème de la piraterie et des vols à main armée, le Conseil insiste, dans sa déclaration présidentielle, sur la nécessité de mener une action sur tous les fronts pour s’attaquer à la piraterie et à ses causes profondes.  À cet égard, le représentant de la Fédération de Russie a annoncé qu’il présenterait ultérieurement un projet de résolution sur tous les aspects du phénomène de la piraterie.


*     S/2011/114



LA SITUATION EN SOMALIE


Stratégie globale pour l’instauration de la paix et de la sécurité en Somalie


Lettre datée du 3 mars 2011, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Chine auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2011/114)


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que la situation en Somalie était extrêmement préoccupante à tout point de vue.  « Si nous agissons sans tarder, nous pourrons consolider les quelques acquis engrangés récemment dans le pays », a-t-il assuré.  Rappelant que la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et les forces du Gouvernement fédéral de transition essayaient de faire front commun sur le plan militaire contre les groupes armés, M. Ban a estimé qu’elles pourraient faire davantage de progrès si les moyens logistiques et matériels dont elles ont besoin étaient mis à leur disposition.  Aussi a-t-il prié les pays donateurs à davantage de générosité. 


Les Institutions fédérales de transition doivent quant à elles consolider leur autorité dans les territoires qu’elles contrôlent et trouver un dénominateur commun au-delà d’août 2011, lorsque prendra fin la période de transition.  Des désaccords après cette date pourraient avoir un impact dommageable sur une situation déjà précaire, a prévenu le Secrétaire général.


Évoquant ensuite le phénomène de la piraterie aux larges des côtes somaliennes, il s’est félicité du partage d’informations et du déploiement d’une présence militaire.  Ban Ki-moon a cependant fait observer que les actes de piraterie continuaient d’être en hausse.  Préoccupé également par la sècheresse qui sévit en ce moment même en Somalie, le Secrétaire général a indiqué que cette situation avait contraint près de 7 000 personnes à quitter les zones rurales.  En outre, les denrées alimentaires dont la population a besoin n’ont pas pu être distribuées en raison de la suspension des activités du Programme alimentaire mondial (PAM) au mois de janvier dernier pour des raisons de sécurité.  Enfin, a ajouté M. Ban, 5 000 Somaliens ont déjà été enregistrés ces derniers mois dans un camp de réfugiés situé au Kenya.


L’appel humanitaire lancé en 2010 pour la Somalie était fixé à hauteur de 529 millions de dollars.  Or, a souligné le Secrétaire général, au mois de janvier dernier, seul un quart de cette somme avait été réuni.  La Coordonnatrice des secours d’urgence des Nations Unies a versé 15 millions de dollars supplémentaires décaissés du Fonds central pour les interventions d’urgence et 50 millions de plus ont été mobilisés pour lutter contre la sècheresse. 


Mais si les précipitations attendues en avril n’arrivent pas, la situation pourrait s’avérer très grave, a-t-il dit.  « La Somalie a besoin de l’aide de la communauté internationale de toute urgence », a insisté M. Ban, qui a résumé ses propos en appelant au renforcement de la présence militaire, à la fourniture de l’aide humanitaire et à la consolidation d’un processus politique inclusif.


M. MOHAMED ABDULLAHI MOHAMED, Premier Ministre du Gouvernement fédéral de transition de la Somalie, a déclaré que son gouvernement était le partenaire « engagé et crédible » du Conseil de sécurité pour triompher d’Al-Shabab et de la piraterie.  Il a affirmé que les troupes somaliennes et les forces de l’AMISOM faisaient des progrès « tangibles » pour reprendre de larges pans du territoire tombés aux mains de l’ennemi, « y compris la capitale Mogadiscio ».  Il s’est dit confiant que la plupart des territoires du sud de la Somalie seraient placés sous le contrôle du Gouvernement fédéral de transition. 


La lutte contre la piraterie et le terrorisme, a-t-il poursuivi, exige une ferme détermination et une réelle volonté politique de la part des Somaliens, ainsi que l’engagement et l’appui de la communauté internationale.  Pour le Premier Ministre les causes premières de ces fléaux sont l’état de non-droit, la pauvreté et le chômage « imbibés du fanatisme et de l’endoctrinement religieux ».  La piraterie ne peut être vaincue en haute mer mais sur terre en rétablissant l’état de droit et en aidant les communautés du littoral à trouver d’autres moyens de subsistance, a-t-il par ailleurs indiqué.


Le Premier Ministre a ensuite passé en revue les résultats enregistrés par son gouvernement ces 100 derniers jours, en matière de transparence, de lutte contre la corruption, de renforcement des capacités institutionnelles, de réforme du secteur de la sécurité.  M. Mohamed a jugé urgent de déployer les 4 000 troupes supplémentaires de l’Union africaine.  Une autre priorité importante du Gouvernement, a-t-il enchainé, est la création d’un programme crédible de désarmement, de démobilisation et de réintégration. 


Poursuivant sur les résultats, le Premier Ministre a fait savoir que la Somalie disposait désormais d’un projet de constitution et d’une Commission constitutionnelle indépendante.  Il a ensuite affirmé que son gouvernement continuait de promouvoir le règlement du conflit par le dialogue.


Après avoir alerté sur la situation humanitaire, il s’est attardé sur le calendrier politique.  À sa réunion du 7 mars 2011, a-t-il dit, le Gouvernement a approuvé la fin officielle, le 20 août 2011, du mandat du Gouvernement fédéral de transition.  Les élections du président du Parlement et des députés sont prévues pour juillet 2011 et l’élection présidentielle en août 2011.  Le nouveau gouvernement devra avoir suffisamment de temps pour accomplir les tâches transitionnelles en suspens, notamment la ratification de la Constitution et la création de la commission électorale.


La réforme parlementaire sera lancée immédiatement, conformément à la réforme en cours de la branche exécutive et du secteur de la sécurité.  Un gouvernement intérimaire sera nommé par les nouveaux dirigeants pour conduire le pays à un statut permanent d’État.


M. BOUBACAR DIARRA, Représentant spécial de la Commission de l’Union africaine en Somalie, a entamé son intervention en indiquant que, lors de sa session ordinaire des 30 et 31 janvier 2011, l’Assemblée de l’Union africaine avait approuvé la décision de la dix-septième session extraordinaire de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) de proroger le mandat du Parlement fédéral de transition.  À la suite de cette décision, a-t-il précisé, le Parlement a adopté le 3 février dernier une résolution qui proroge son mandat de trois ans.  Conjointement avec l’IGAD et le Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie, l’Union africaine déploie actuellement les efforts nécessaires pour mettre en œuvre la décision du Sommet de l’Union africaine et, en particulier, organiser des élections du président et du président du Parlement et mettre en œuvre des réformes parlementaires pour assurer la légitimité, le caractère inclusif et la représentativité des Institutions fédérales de transition, et la création d’un nouvel ordre politique.


M. Diarra s’est ensuite félicité que le Gouvernement fédéral de transition contrôle actuellement 60% de Mogadiscio, rappelant que 80% de la population de la capitale vit dans les sept districts où l’autorité du Gouvernement a été rétablie.  La situation humanitaire dans le pays demeure cependant précaire, a indiqué le représentant, qui a lui aussi évoqué la famine provoquée par la sécheresse.  Il a dénoncé « les violations flagrantes de toutes les normes d’une société civilisée » par les milices d’Al-Shabab.  Selon lui, la situation en Somalie présente un danger évident pour la paix et la sécurité internationales, exigeant dès lors une réponse adaptée de la communauté internationale.


À ce stade crucial de la transition, l’Union africaine est convaincue que les Institutions fédérales de transition ont plus que jamais besoin du soutien de l’AMISOM.  Mais pour parvenir à maintenir cette présence sur le terrain, l’Union africaine a besoin du soutien du Conseil de sécurité, a déclaré M. Diarra.  Celui-ci devrait notamment continuer de soutenir les Institutions fédérales de transition et ses forces de sécurité, en fournissant un entraînement spécialisé et des équipements adaptés. 


Le Représentant spécial a ensuite demandé au Conseil de renforcer son « train de mesures d’appui » à l’AMISOM afin de donner à celle-ci le financement adéquat, prévisible et durable dont elle a besoin pour mener à bien son mandat.  Le Conseil devrait également, a suggéré le Représentant, autoriser les opérations navales entreprises aux larges des côtes somaliennes pour fournir une assistance plus tangible aux forces de l’AMISOM, en particulier pour empêcher l’entrée en Somalie d’éléments étrangers et l’acheminement d’armes et de munitions. 


Il a également requis du Conseil de sécurité une mise en œuvre efficace des sanctions contre tous les individus ou entités qui s’opposent à la paix et au processus de réconciliation dans le pays.  Après avoir souligné la nécessité d’envisager le phénomène de la piraterie de manière holistique, en se penchant sur ses causes profondes, M. Diarra a par ailleurs demandé le renforcement de l’aide humanitaire à destination de la population civile.


M. HENRY BELLINGHAM, Ministre chargé des affaires africaines du Royaume–Uni, s’est dit frappé par le « désir commun » de mettre un terme aux 30 ans de conflit qui ont ravagé la Somalie.  Il a rendu un hommage appuyé aux soldats de l’AMISOM tombés au front et à leur famille.  Le Ministre a estimé qu’il fallait faire davantage pour renforcer les capacités de l’AMISOM.  Il a annoncé que son pays ferait prochainement une contribution sans condition d’une valeur de 3 millions de dollars au Fonds d’affectation spéciale.  Il a réclamé l’instauration d’un processus politique « légitime et inclusif » et engagé tous les organes de l’ONU à coordonner leurs stratégies.


Commentant la fin du mandat du Gouvernement fédéral de transition, M. Bellingham a mis en garde contre tout vide politique.  Il a regretté que le Gouvernement attache autant d’importance, selon lui, au règlement de conflits internes.  Il faut rétablir les services, a souligné le Ministre, et la communauté internationale doit œuvrer avec les institutions provisoires pour mettre en place un processus politique légitime.


L’année 2011 marque les 20 ans de l’écroulement de l’État somalien et la situation reste désespérée pour de nombreux Somaliens, a-t-il averti.  Selon le Ministre, des progrès ont néanmoins été réalisés et il faut maintenant aider les Somaliens à consolider leurs acquis.  La Somalie se trouve à un tournant et nous devons mobiliser nos forces car nous avons tous la responsabilité d’agir, a-t-il tranché.


Rappelant que le 20 août 2011 marquerait la fin de la période de transition en Somalie, M. NOËL NELSON MESSONE (Gabon) a constaté qu’il restait cependant toujours beaucoup de défis à relever, en particulier la recrudescence des violences dans plusieurs régions du pays, la dégradation de la situation humanitaire et la multiplication des actes de piratage au large des côtes somaliennes.  Une stratégie globale en Somalie qui intègre les aspects politique, sécuritaire, socioéconomique et humanitaire constitue la solution la plus efficace au règlement durable de la crise dans ce pays, a-t-il dit.  S’agissant de la situation politique, il a noté que le Gouvernement de transition peinait à élargir sa base politique, que le processus de réconciliation avait du mal à s’enraciner et que la nouvelle constitution restait une œuvre inachevée.  L’action du Gouvernement doit être plus dynamique et effective sur le terrain, ce qui passe aussi, selon lui, par la fourniture des services de base aux populations. 


Le représentant a regretté la décision unilatérale prise récemment par le Parlement de prolonger son mandat de trois ans.  Il a invité toutes les parties à conclure rapidement les arrangements post-transitionnels, conformément à l’Accord de Djibouti.  Il s’est ainsi dit favorable à une solution de compromis qui garantirait la légitimité des dispositifs en place et le contrôle des forces somaliennes en formation.  Concernant la question sécuritaire, il a regretté que l’AMISOM se heurte encore à de nombreux obstacles sur le terrain, en particulier aux mouvements rebelles, dont Al-Shabab, qui restent une réelle menace à la paix et à la stabilité.  Il a exhorté la communauté internationale à cesser de financer ces groupes armés illicites et de leur fournir des armes, ce qui, selon lui, suppose un renforcement des mécanismes de sanctions actuels du Conseil de sécurité en mettant l’accent sur des mesures ciblées.  De même, les capacités opérationnelles de l’AMISOM doivent être augmentées.  Quant à la situation humanitaire qui ne cesse de se dégrader, le représentant a fait valoir que, sans une action vigoureuse de la communauté internationale, la sécheresse et les combats pourraient engendrer des pertes de vies humaines.  Le représentant s’est dit favorable à une stratégie globale en vue d’atteindre les objectifs de paix et de stabilité en Somalie et salue l’adoption par le Bureau politique de l’ONU (UNPOS), l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et l’AMISOM d’une stratégie régionale conjointe pour la Somalie.


« Le conflit en Somalie a trop longtemps duré », a déclaré M. PETER WITTIG (Allemagne), rappelant qu’il constituait une menace pour la paix et la sécurité internationales.  Mais au-delà de tout, le coût humain qui en résulte est inacceptable, a-t-il déploré, en soulignant les responsabilités de la communauté internationale, particulièrement envers les groupes les plus vulnérables que sont les réfugiés, les femmes et les enfants.  À cinq mois de la fin de la période du Gouvernement fédéral de transition (GFT), il est urgent de promouvoir une stratégie claire pour régler les tâches restantes à accomplir par cet organe, et, pour cela, tous les acteurs de la communauté internationale doivent continuer à joindre leurs efforts, a-t-il dit. 


Dans ce contexte, il a invité la communauté internationale à apporter son soutien au peuple somalien et aux institutions du pays, en particulier les institutions sécuritaires, en vue de faire progresser la stabilisation du pays.  « Là où cela est possible, nous devons explorer », a-t-il par ailleurs déclaré, les moyens d’étendre le soutien aux régions somaliennes bénéficiant d’une relative stabilité, notamment le Somaliland et le Puntland.  La communauté internationale  doit en outre exhorter ces régions et le Gouvernement fédéral de transition à une meilleure coopération entre eux.  Il faut faire face à la piraterie aux larges des côtes de la Somalie en adoptant une approche globale, a-t-il dit, avant de réitérer le soutien de l’Allemagne à l’AMISOM, et de souhaiter le plein déploiement de ses troupes dans un futur proche, conformément à la résolution 1964 du Conseil de sécurité.


M. GÉRARD ARAUD (France) a salué l’offensive lancée contre les rebelles d’Al-Shabab et les succès obtenus à Mogadiscio et dans le sud de la Somalie.  Il a souligné en particulier le travail remarquable fourni par les forces ougandaises et burundaises au sein de l’AMISOM, ainsi que la contribution de la France qui a transporté et soigné certains soldats blessés de la Mission.  Il a émis l’espoir que cette offensive contribuera à affaiblir les extrémistes et à sécuriser une plus grande partie du territoire somalien et de la capitale.  Il a cependant souhaité que l’outil militaire ne soit utilisé que pour servir une stratégie politique et civile.  Le représentant a par ailleurs invité à être réaliste par rapport aux Institutions fédérales de transition qui ont fait preuve de peu de responsabilité jusqu’à présent, a-t-il estimé.  Il faut tout de même saluer les premières initiatives du nouveau Gouvernement, qui a notamment présenté un budget et renforcé la lutte contre la corruption.


Pour aller plus loin, M. Araud a proposé à la Somalie d’adopter de toute urgence une nouvelle stratégie politique.  La première priorité serait de rénover le cadre institutionnel, a-t-il dit, estimant que « la poursuite de la transition en l’état est inacceptable ».  Il est urgent que la constitution soit finalisée et adoptée et que les institutions de transition soient réformées, a-t-il dit, regrettant à cet égard la décision unilatérale du Parlement de transition de prolonger son mandat.  La deuxième priorité est la sécurité et la fourniture de services de base à la population.  Pour réaliser ces objectifs, le représentant français a plaidé en faveur d’une présence renforcée et permanente de l’ONU à Mogadiscio.  En outre, a-t-il ajouté, l’appui financier de la communauté internationale est incontournable.  Enfin, il a proposé d’établir une nouvelle feuille de route conjointe pour sceller le partenariat entre les institutions somaliennes et la communauté internationale.  M. Araud a enfin rappelé l’urgence qu’il y a à trouver des solutions sur les plans judiciaire et pénitentiaire en ce qui concerne les pirates capturés, comme l’a souligné le Conseiller spécial sur les questions juridiques liées à la piraterie au large des côtes de la Somalie, M. Jack Lang.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a reconnu que la présence des 8 000 hommes de l’AMISOM constituait un « facteur de stabilisation » essentiel en Somalie.  Le renforcement, devenu indispensable, de ce contingent militaire de l’AMISOM est justifié par la nécessité de protéger la population civile somalienne et de démanteler les cellules d’Al-Shabab qui sèment la terreur.  Selon le représentant russe, la tâche la plus urgente du Conseil est de veiller à l’application rigoureuse des sanctions qui visent un certain nombre d’individus et d’entités. 


M. Churkin s’est félicité du processus d’intégration progressive des structures onusiennes dans le pays, tout en attirant l’attention sur l’importance de veiller à leur sécurité.  Soulignant l’aggravation de la piraterie, il a jugé que les mesures actuelles étaient insuffisantes.  C’est pourquoi, a annoncé le représentant, la Fédération de Russie a l’intention de présenter sous peu un projet de résolution proposant une approche globale du phénomène de la piraterie, espérant qu’il ferait l’unanimité au sein de ce Conseil.


M. DAVID DUNN (États-Unis) a tout d’abord rendu hommage aux soldats de l’AMISOM tombés et a estimé que la communauté internationale devait faire davantage pour appuyer la Mission.  Il s’est dit profondément préoccupé par la situation des 2,4 millions de personnes qui ont besoin d’une aide d’urgence, et dont nombre se trouvent dans les zones contrôlées par Al-Shabab.  Au sujet de la piraterie qui, a-t-il souligné, menace la stabilité de la région dans son ensemble, il a engagé la communauté internationale à faire davantage en matière de prévention en s’attaquant notamment aux personnes qui la financent.  Il a fait état des efforts déployés par les États-Unis en la matière et a engagé la communauté internationale à les appuyer.  Les pirates doivent être traduits en justice et les programmes de poursuite judicaire doivent être renforcés, a-t-il dit.


Les États-Unis, a-t-il poursuivi, sont très préoccupés par l’absence de progrès en matière de réforme du Gouvernement fédéral de transition, d’octroi de services de base à la population.  Le représentant américain a par ailleurs plaidé en faveur d’une meilleure reddition des comptes pour les fonds apportés par l’ONU et pour les recettes générées par le port de Mogadiscio.  Il a appelé le Gouvernement fédéral de la transition à améliorer sa gouvernance.  Il s’est également opposé à la prolongation de trois ans du mandat du Parlement de la Somalie.  Le Gouvernement et le Parlement doivent engager un dialogue sérieux avec la communauté internationale afin d’identifier la marche à suivre, a-t-il affirmé.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a jugé crucial que le Gouvernement fédéral de transition, avec l’assistance de la communauté internationale, redouble d’efforts pour achever les tâches qui sont les siennes dans le cadre du processus de transition, en mettant notamment en œuvre l’Accord de Djibouti.  Il s’est dit convaincu que le succès du Gouvernement fédéral de transition dépendait largement de sa capacité à réaliser des gains sur les plans politique et socioéconomique et de la capacité de ses forces à rétablir la sécurité.  Gravement préoccupé par la dégradation de la situation humanitaire en Somalie, le représentant a encouragé la communauté internationale à contribuer à l’appel humanitaire lancé par les Nations Unies. 


Selon lui, les efforts des forces gouvernementales et de l’AMISOM seront vains s’il n’est pas possible de mettre en place un environnement propice à la sécurité avant la fin de la période de transition.  Il a également préconisé le renforcement des forces de sécurité somaliennes, qui permettrait de faciliter le déploiement d’une présence de l’ONU à Mogadiscio.  Enfin, le représentant a jugé qu’il était temps d’approcher le phénomène de la piraterie de manière globale en se penchant sur ses causes sous-jacentes.


Après avoir mis l’accent sur les liens historiques entre l’Inde et la Somalie, M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a indiqué qu’aujourd’hui, l’Inde reste activement impliquée dans le Groupe de contact sur la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes.  Il a appelé le Conseil à prendre en compte les recommandations de l’Union africaine pour renforcer l’AMISOM.  Il ne sera pas possible de réussir, a-t-il averti, tant que le groupe Al-Shabab continuera à générer des revenus.  Le port de Kismayo doit donc passer sous contrôle des forces gouvernementales pour empêcher que les revenus portuaires ne tombent plus aux mains de ces milices.  Il a aussi appelé à des mesures plus sévères pour stopper l’approvisionnement en armes du groupe.  Parlant de la piraterie, il a fait observer que la question des voiliers n’avait pas encore été abordée par le Conseil.  Il a rappelé qu’en 2010 seulement, plus de 1 015 membres d’équipage de voiliers avaient été pris en otage par les pirates somaliens.  Il a exigé une action concertée plus efficace de la communauté internationale.


M. IVAN BARBALIĆ (Bosnie-Herzégovine) a qualifié de cruciale la mise en place d’une stratégie d’ensemble pour la paix et la sécurité en Somalie.  Il a souligné l’importance d’assurer l’appropriation nationale du processus de transition, avant d’exhorter les institutions fédérales à s’abstenir de toute action unilatérale susceptible d’avoir un impact sur la sécurité du pays.  Le représentant a également appelé à la distribution des services de base à l’ensemble de la population somalienne. 


La Bosnie, a-t-il fait savoir, est gravement préoccupée par la situation sécuritaire qui prévaut en Somalie, ainsi que par la violation des droits des femmes et des enfants, et le recrutement d’enfants par les pirates.  M. Barbalić a engagé le Gouvernement fédéral de transition à ne ménager aucun effort pour mettre un terme à la culture de l’impunité qui prévaut dans le pays.  Il a également appelé la communauté internationale à appuyer davantage l’AMISOM.  Des mesures antipiraterie doivent être mises en œuvre avant que le champ d’action des pirates ne s’élargisse davantage, a-t-il ajouté.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a rappelé que la Déclaration ministérielle publiée par le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud le 8 mars dans le cadre du Dispositif IBAS pour l’atténuation de la pauvreté et la lutte contre la faim, affirme la volonté de ces pays d’appuyer les efforts internationaux en matière de réconciliation, de reconstruction et de développement en Somalie.  Alors que les milices d’Al-Shabab semblent gagner du terrain dans le sud et le centre de la Somalie, le déploiement des 4 000 troupes additionnelles autorisées par le Conseil devrait intervenir aussi rapidement que possible, a estimé la représentante du Brésil.  Elle a dit que la décision unilatérale du Parlement fédéral de transition de proroger son mandat n’était pas de nature à promouvoir une solution politique durable en Somalie.  Elle a estimé qu’une stratégie claire devait être arrêtée pour la période post-transition, alors que nous nous rapprochons du mois d’août. Une stratégie, a-t-elle ajouté, qui soit caractérisée par l’avènement d’une constitution et l’amélioration de la situation sécuritaire dans tout le pays.   


M. NAWAF SALAM (Liban) a déclaré que, dans un pays dont le tiers de la population souffre d’une crise humanitaire, il ne serait pas possible de parvenir à des résultats en n’appliquant que des solutions militaires.  C’est une approche globale qui est selon lui nécessaire, afin de prendre en compte tout autant le processus politique que le phénomène de la piraterie et la famine provoquée par la sècheresse qui sévit en Somalie.  Il a regretté que le Parlement de transition ait prorogé son mandat sans mener à bien les réformes politiques qui étaient attendues de lui. 


Reconnaissant que le Gouvernement fédéral de transition et l’AMISOM avaient réussi à gagner du terrain, le représentant s’est dit préoccupé par la persistance de l’insécurité à Mogadiscio et dans le reste du pays.  Il a souscrit à l’appel lancé aujourd’hui par l’Union africaine au Conseil de sécurité pour qu’il adopte une approche holistique contre la piraterie.  Le représentant a aussi demandé au Conseil de renforcer son soutien à l’AMISOM et aux États Membres de faire des versements non assortis de conditions au Fonds d’affectation spéciale pour la lutte contre la piraterie. 


M. KIO AMIEYEOFORI (Nigéria) s’est dit encouragé par les priorités évoquées par le Premier Ministre du Gouvernement fédéral de transition.  La Somalie se trouve à un tournant et il faut affirmer les gains récents afin d’assurer une meilleure période de transition, a-t-il estimé.  Selon le représentant, il importe de renforcer les autorités et de leur conférer une autorité redditionnelle.  L’insécurité croissante dans le sud de la Somalie est une source de préoccupation grave, et il importe donc d’appuyer les efforts déployés par le Gouvernement, a-t-il ajouté.


Le représentant a par ailleurs appelé au déploiement de l’ensemble des troupes de l’Union africaine, tel que prévu par le Conseil de sécurité.  Il faut également appuyer le dispositif d’appui et veiller au remboursement du matériel appartenant aux pays contributeurs de contingents, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite observé que la précarité de la situation socioéconomique du pays n’avait fait que renforcer le problème de la piraterie.  Il faut absolument renforcer la législation antipiraterie et développer des capacités de poursuites judiciaires, a-t-il dit.  Il a par ailleurs estimé que le déversement illicite de déchets devait faire l’objet d’enquêtes internationales, y voyant entre autres un lien avec la piraterie.  Le représentant a ensuite dit appuyer la création d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Somalie.


M. JOSÉ FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a voulu que l’on tire parti au mieux des modestes progrès accomplis par les Institutions fédérales de transition et a invité ces dernières à plus d’efficacité pour arriver à la stabilité politique, soulignant en particulier l’importance du processus constitutionnel et de la fourniture de services de base à la population.  L’absence de progrès dans ces domaines aura une incidence négative sur le soutien de la communauté internationale, a-t-il prédit. 


Le représentant a également voulu que l’on s’attaque aux difficultés politique, sécuritaire, humanitaire, ainsi qu’en ce qui concerne les droits de l’homme et le développement socioéconomique.  Il faut aussi renforcer la capacité des civils, a-t-il ajouté, souhaitant notamment que les femmes soient associées aux processus de prise de décisions et de consolidation de la paix.


M. Moraes Cabral a soutenu l’idée du dialogue inclusif avec tous les Somaliens et les parties prenantes.  Il a encouragé le renforcement des forces de l’AMISOM et s’est félicité de la décision du Gouvernement de ne plus recruter d’enfants soldats.  Les parties doivent respecter le droit international humanitaire et les droits de l’homme, a-t-il insisté, avant de plaider pour une réponse multidimensionnelle au problème de la piraterie, une réponse qui s’attaquerait aux causes sous-jacentes dudit problème.


M. NESTOR OSORIO (Colombie) a déclaré que l’intensification récente des combats en Somalie avait contribué à aggraver la situation humanitaire déjà alarmante dans le pays.  Il a estimé que la piraterie était l’une des conséquences désastreuses de la faiblesse constitutionnelle de la Somalie et de conditions économiques extrêmement précaires.  Si la coopération de la communauté internationale est nécessaire pour sécuriser la navigation aux larges des eaux somaliennes, il n’en reste pas moins que la solution à ce problème doit venir avant tout de la Somalie elle-même, a-t-il dit.  La Colombie a insisté sur le fait que la Somalie porte la responsabilité première du rétablissement de sa sécurité, de sa stabilité politique, de l’état de droit et de son développement économique. 


Le représentant a encouragé le Groupe de surveillance sur la Somalie à optimiser l’identification des violations de l’embargo sur les armes.  Il a également préconisé des réformes judiciaires pour pouvoir juger et poursuivre les pirates selon les normes du droit international applicable.   Il s’est félicité au passage du concours prêté par l’Office des Nations Unies contre le crime et la drogue.


Intervenant en sa capacité de Représentant permanent de la Chine, M. LI BAODONG a appelé à la mise en place d’une stratégie globale pour la paix, la sécurité et le développement de la Somalie, laquelle devrait accorder une marge da manœuvre notable à l’ONU.  Il a recommandé que cette stratégie s’axe autour de cinq piliers à savoir la réconciliation politique, la réforme constitutionnelle, le renforcement des capacités sécuritaires du pays, y compris la création d’une armée professionnelle, et la promotion du développement économique et social et l’aide humanitaire.  La Somalie, a-t-il dit, doit avoir son mot à dire sur la répartition des fonds collectés.  M. Li Baodong a estimé qu’il fallait lutter contre les causes sous-jacentes de la piraterie qui ne sont pas en mer mais bien sur terre.  Il a appuyé les efforts de l’Union africaine, en estimant que le moment venu, une force de maintien de la paix devra être déployée en Somalie.


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité insiste sur la nécessité d’adopter une stratégie globale qui permettra de favoriser l’instauration de la paix et de la stabilité en Somalie grâce aux efforts concertés de toutes les parties prenantes dans les domaines du processus politique, du renforcement du secteur de la sécurité, des secours humanitaires, de la protection des civils, des droits de l’homme, du développement socioéconomique et de la lutte contre le terrorisme et la piraterie.  Il se redit profondément préoccupé par l’instabilité chronique dont souffre la Somalie et qui est à l’origine d’innombrables problèmes tels que le terrorisme, les actes de piraterie, et les vols à main armée commis au large des côtes somaliennes ainsi que d’une situation humanitaire catastrophique.


Le Conseil de sécurité renouvelle son soutien à l’Accord de Djibouti, qui constitue le fondement sur lequel le conflit en Somalie pourra être réglé.  Il exhorte les Institutions fédérales de transition à élargir et consolider le processus de réconciliation, à redoubler d’efforts pour mener à bien les tâches qui restent à accomplir pendant la période de transition et à accorder la priorité à l’achèvement rapide de la constitution et à la fourniture de services de base à la population afin d’offrir aux Somaliens de meilleures perspectives d’avenir, notamment sous forme de développement économique et social et de jouissance des droits fondamentaux.


Le Conseil de sécurité se félicite du travail accompli par M. Augustine P. Mahiga, Représentant spécial du Secrétaire général, en vue d’aider le peuple somalien à parvenir à un accord sur les dispositions à prendre, en consultation avec la communauté internationale, à l’issue de la période de transition.  Il engage fermement les Institutions fédérales de transition à participer à ce processus de façon plus constructive, ouverte et transparente afin de favoriser un élargissement du dialogue et de la participation politiques, conformément à l’esprit de l’Accord de Djibouti.  Il prie le Secrétaire général de rendre compte du respect de ces principes dans les rapports périodiques qu’il lui adressera d’ici à la fin de la période de transition.  Ces principes sont d’une importance cruciale pour l’avenir de la coopération entre la communauté internationale et les Institutions fédérales de transition.  Le Conseil de sécurité relève que la période de transition s’achèvera en août 2011.  Il regrette que le Parlement fédéral de transition ait décidé unilatéralement de prolonger son mandat alors même qu’il n’a pas procédé aux réformes nécessaires et conjure les Institutions fédérales de transition de s’abstenir de toute nouvelle action unilatérale.


Le Conseil de sécurité appuie fermement le travail de M. Mahiga, Représentant spécial du Secrétaire général, qu’il remercie pour ses efforts, et salue l’action menée par les organismes des Nations Unies tout en demandant à ceux-ci d’accroître leur présence dans le pays et d’améliorer la cohérence de leurs activités.


Le Conseil de sécurité affirme qu’il importe de mettre sur pied des institutions gouvernementales et d’intensifier la création de capacités civiles dans l’ensemble de la Somalie, en particulier dans les domaines de la participation des femmes à la vie publique, de la prévention et du règlement des conflits, de la consolidation de la paix et de la reconstruction socioéconomique.  Il engage vivement la communauté internationale à se mobiliser pour offrir un appui supplémentaire au Gouvernement fédéral de transition et aux autorités locales et régionales.


Le Conseil de sécurité est extrêmement préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Somalie et par les répercussions de la sécheresse actuelle, du fait de laquelle, plus de 2 millions de Somaliens ont besoin d’être secourus d’urgence et l’exode de réfugiés vers les pays voisins s’est considérablement accéléré.  Le Conseil s’inquiète également de la diminution constante des ressources allouées à l’aide humanitaire destinée à la Somalie.  Il salue l’action des agents humanitaires et exhorte tous les États Membres à répondre aux appels humanitaires globaux en cours et à venir.


Le Conseil de sécurité condamne avec force les attaques et entraves qui font obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire et qui sont le fait du groupe Al-Shabab et d’autres groupes armés présents dans le pays.  Il exige de toutes les parties qu’elles veillent à ce que l’aide puisse être acheminée en toute sécurité, sans entrave ni retard.


Le Conseil de sécurité souligne la nécessité de renforcer les forces de sécurité somaliennes, notamment par la mise en place d’un système de commandement et de direction efficace.  Bien qu’il incombe au premier chef aux Somaliens d’instaurer la stabilité politique, la sécurité et l’état de droit, le Conseil exhorte les États Membres et les organisations régionales et internationales à contribuer généreusement et rapidement au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour les institutions de sécurité somaliennes et à fournir une aide aux forces de sécurité somaliennes.


Le Conseil de sécurité prend acte des progrès accomplis par l’AMISOM et les forces de sécurité nationales somaliennes en matière de consolidation de la sécurité et de la stabilité à Mogadiscio.  Il déplore vivement les pertes en vies humaines qu’elles ont subies durant les récents affrontements et est conscient des sacrifices considérables qu’elles ont consentis.  Il exprime sa sincère gratitude aux Gouvernements burundais et ougandais pour leur engagement en faveur de l’AMISOM et leur présente ses condoléances ainsi qu’au Gouvernement fédéral de transition et au peuple somalien.


Le Conseil de sécurité condamne toutes les attaques, en particulier les attentats terroristes perpétrés contre le Gouvernement fédéral de transition, l’AMISOM et la population civile par des groupes d’opposition armés et des combattants étrangers, en particulier Al-Shabab.


Le Conseil de sécurité insiste sur le fait que l’AMISOM doit disposer de ressources prévisibles et fiables en temps voulu pour être mieux à même de s’acquitter de sa mission.  Il enjoint la communauté internationale de verser sans tarder et sans réserve des contributions au Fonds d’affectation spéciale pour l’AMISOM ou directement à l’appui de l’AMISOM.  Il prend note des recommandations sur la Somalie formulées le 15 octobre 2010 par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et souligne son intention de suivre l’évolution de la situation.  Il encourage le déploiement intégral, dans les meilleurs délais de 4 000 hommes supplémentaires pour renforcer les effectifs de l’AMISOM, qu’il a lui-même autorisé par sa résolution 1964 (2010).


Le Conseil souligne qu’il incombe à toutes les parties et à tous les groupes armés en Somalie de s’acquitter de leur obligation de protéger la population civile contre les effets des hostilités, en particulier en évitant tout emploi aveugle ou excessif de la force.  Il se dit profondément préoccupé par les violations et exactions que les parties au conflit continuent de commettre à l’encontre des enfants en Somalie et exige la mise en œuvre immédiate de toutes les conclusions du Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés. 


Le Conseil de sécurité reste extrêmement préoccupé par la menace que représentent les actes de piraterie et les vols à main armée au large des côtes somaliennes, particulièrement par le fait que les pirates ont étendu leur champ d’opérations à l’ouest de l’océan Indien, renforcé leurs moyens d’action et fait preuve d’une brutalité accrue.  Il condamne dans les termes les plus durs ces actes de violence, en particulier les prises d’otages, les meurtres et tous les autres actes de violence perpétrés à l’encontre d’individus.  Il sait que l’instabilité qui perdure en Somalie contribue au problème de la piraterie et des vols à main armée et insiste sur la nécessité de mener une action sur tous les fronts pour s’attaquer à la piraterie et à ses causes profondes.


Le Conseil de sécurité demande à tous les États Membres, en particulier à ceux de la région, de s’abstenir de tout acte qui enfreindrait les embargos sur les armes visant la Somalie et l’Érythrée et de prendre toutes mesures nécessaires pour amener les auteurs de violations à en répondre, et affirme qu’il importe de renforcer le contrôle de ces embargos en faisant preuve de persistance et de vigilance quant aux enquêtes sur les violations, sachant que si les embargos sont appliqués strictement, l’état général de la sécurité dans la région s’en trouvera amélioré.


Le Conseil de sécurité se félicite de l’action menée par l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement et d’autres organisations régionales pour promouvoir la paix et la stabilité en Somalie, et assure de nouveau l’AMISOM et les pays qui fournissent des contingents et des forces de police, en particulier le Burundi et l’Ouganda, de son soutien sans réserve.


Suite des déclarations


M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) s’est dit préoccupé par l’insécurité, la situation humanitaire et la violence en Somalie.  Il y a 2,4 millions de personnes qui nécessitent une aide humanitaire d’urgence, a-t-il observé, avant d’appeler la communauté internationale à tout faire pour éviter une crise humanitaire due à l’insécurité alimentaire.  Il a noté avec satisfaction les progrès accomplis par le Gouvernement fédéral de transition et l’AMISOM pour faire face aux incidents à Mogadiscio.  Il faut que des ressources nécessaires et prévisibles soient fournies à la Mission pour lui permettre de s’acquitter pleinement de son mandat, a-t-il ajouté, souhaitant parallèlement que les institutions somaliennes en matière de sécurité soient renforcées.


La Turquie soutient, dans le principe, la prolongation de la période de transition, dans la mesure où les décisions sont prises de façon consensuelle et coordonnée, a indiqué M. Apakan.  Il a salué l’engagement du Premier Ministre somalien et de son gouvernement en faveur d’un État fonctionnel, tout en reconnaissant l’importance du soutien de la communauté internationale.  Il a proposé de s’attaquer aux causes intrinsèques de l’instabilité en Somalie en adoptant une approche globale, en commençant par remédier aux carences structurelles du Gouvernement fédéral de transition.  Le représentant a ensuite rappelé que son pays présiderait la huitième réunion plénière du Groupe de contact sur la piraterie au large des côtes de la Somalie, qui se tiendra au Siège des Nations Unies le 21 mars prochain.  Il est urgent d’établir un plan stratégique pour répondre à ce problème de façon systématique, a-t-il dit.


M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a estimé que la situation en Somalie continuait d’être préoccupante parce que la période de transition approchait rapidement de sa conclusion et que les tâches imparties au Gouvernement fédéral de transition n’avaient pas été entièrement menées à bien.  Celui-ci doit donc se hâter de s’acquitter de ses responsabilités.  Il a toutefois été possible, a-t-il fait observer, d’accomplir tout récemment des progrès notables.  Aussi est-il indispensable de maintenir l’élan généré et de saisir les opportunités qui se présentent aujourd’hui, a lancé M. Alemu.  Il a jugé qu’il n’était pas très constructif de s’attarder sur les faiblesses du Gouvernement fédéral de transition qu’il faut au contraire le soutenir pour l’aider à consolider ses gains.  Il a estimé que la résolution 1964 (2010) n’avait répondu que partiellement aux exigences de la situation en Somalie, soulignant qu’il était beaucoup attendu du Conseil de sécurité et de toutes les parties prenantes concernées.


M. CESAR MARIA RAGAGLINI (Italie) a estimé que la Somalie nécessitait un appui plus important de la communauté internationale pour sa stabilisation et sa sécurité et la prévention des risques liés au terrorisme.  Il a salué la contribution de la mission militaire de formation des forces de sécurité somaliennes (EUTM) à laquelle l’Italie participe depuis sa mise en place.  Il a indiqué que les États-Unis et l’Italie avaient renouvelé leur engagement financier pour le déploiement des 8 000 soldats de l’AMISOM.  Il a néanmoins estimé que cela n’était pas suffisant pour soutenir les efforts du Gouvernement fédéral de transition.  Soulignant l’importance de la lutte contre la piraterie, il a appuyé la proposition du Conseiller spécial du Secrétaire général de créer une cour somalienne extraterritoriale à composition internationale.    


M. HASAN KLEIB (Indonésie) a déclaré que toutes les parties, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Somalie devraient faire preuve d’une volonté politique ferme.  Il a engagé le Conseil à repenser son approche fondamentale et à examiner si des aspects clefs du processus de paix avaient été négligés. S’agissant de la Constitution de la Somalie, il a estimé que celle-ci devait refléter les vœux de toute la société et de la diversité culturelle du pays.  Pour le représentant, il importe de mettre sur pied des institutions locales fortes capables de gérer les défis de la gouvernance et de créer une Somalie « viable et pacifique ».  M. Kleib a constaté que la piraterie était une des conséquences de l’instabilité en Somalie. 


On ne peut examiner ce fléau sous l’angle unique de la sécurité, a-t-il prévenu.  On se doit d’accepter que de nombreux pirates sont d’abord des gens marginalisés économiquement et sans perspective d’avenir.  Pour le représentant, outre le déploiement de troupes et d’une armada navale, il faut avant permettre aux pirates de trouver d’autres moyens de subsistance.  M. Kleib a plaidé pour l’AMISOM.  Le Conseil doit faire preuve de détermination pour répondre aux conditions précaires dans lesquelles vit la mission, a-t-il souligné.  L’AMISOM devrait être le cœur d’une prochaine force onusienne de maintien de la paix en Somalie.  Il faut donc appuyer une approche progressive, a-t-il souligné.


M. TSUNEO NISHIDA (Japon) s’est dit particulièrement préoccupé par la lenteur des progrès du processus politique, notamment du processus constitutionnel, et des récentes déclarations du Gouvernement du Puntland annonçant la suspension de sa coopération avec le Gouvernement fédéral de transition.  Il a exhorté le Gouvernement fédéral de transition à s’attaquer à toutes les questions politiques en suspens, avant la fin de la période de transition, dont la rédaction de la constitution somalienne et une consultation inclusive avec tous les groupes politiques au Puntland et au Somaliland, ainsi que les autres clans. 


Le représentant a rappelé les liens qui existent entre les différents problèmes critiques.  Il s’est félicité que les forces du Gouvernement fédéral de transition, appuyées par l’AMISOM, aient pu élargir la zone sous leur contrôle.  Il a salué la contribution des troupes ougandaises et burundaises de l’AMISOM.  Il a indiqué que la formation de 500 policiers somaliens grâce à une contribution financière du Japon de 10 millions de dollars venait de se conclure à Djibouti.  Il a précisé que le Japon s’était engagé à verser 10 millions de dollars supplémentaires pour couvrir les futurs salaires des policiers formés et la construction de locaux de la police à Mogadiscio.  Par ailleurs, il a précisé que le Japon avait consacré 500 000 dollars au Fonds d’affectation pour soutenir la lutte contre la piraterie et qu’il venait d’autoriser un autre montant d’un million de dollars à cet effet.  Il a notamment appuyé les propositions contenues dans le rapport du Conseiller spécial sur les questions juridiques liées à la piraterie au large des côtes de la Somalie, M. Jack Lang.


M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a rappelé que son pays et la Somalie partagent une frontière poreuse.  Plus d’un million de Somaliens vivent dans des camps de réfugiés au Kenya, a-t-il dit, ce qui oblige le Kenya à rechercher des solutions au conflit somalien.  Outre le poids que cela représente pour le Kenya en matière de sécurité et de développement social et économique, le représentant a dénoncé les criminels et les extrémistes qui s’infiltrent dans le pays sous le couvert du statut de réfugié.  Il a aussi averti du risque de contrôle de la Somalie par des éléments extrémistes qui commettraient des crimes internationaux comme les actes terroristes perpétrés en Ouganda.


M. Kamau a souhaité que le mandat de l’AMISOM passe de celui de maintien de la paix à celui d’imposition de la paix, afin que la Mission non seulement assure la sécurité de certaines zones à Mogadiscio mais aussi reprenne le contrôle des régions tenues par Al-Shabab.  En outre, a estimé le représentant, des troupes de maintien de la paix de l’ONU devraient être déployées en Somalie.  M. Kamau a appuyé l’appel lancé par l’Union africaine pour obtenir un plus grand soutien à l’AMISOM.  Il a aussi rappelé les problèmes que pose la piraterie et l’appel lancé à cet égard par le Conseiller spécial du Secrétaire général qui avait, il y a deux mois, souligné l’urgence à trouver des solutions.


M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte) a salué le rôle joué par le Gouvernement fédéral de transition malgré de grandes difficultés.  Il a souhaité que toute décision concernant les arrangements post-transition reflète un véritable consensus entre les parties somaliennes.  S’agissant tout particulièrement de la piraterie et des vols à main armée à l’encontre des navires, il a regretté que la communauté internationale ne se soit attaquée qu’à une partie du problème, la piraterie en mer, au lieu de consacrer une attention plus grande aux causes sous-jacentes sur la terre ferme.  Il a rappelé que l’Égypte avait déploré une approche partiale de la question lors de sa participation aux réunions du Groupe de contact sur la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes.  


Par ailleurs, le représentant de l’Égypte a exhorté le Gouvernement fédéral de transition à promouvoir le processus de réconciliation, à préserver sa cohésion et à promouvoir la transparence de ses travaux.  En outre, il a exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts pour appuyer les missions du Gouvernement fédéral de transition relatives au renforcement des capacités institutionnelles.  Il a demandé un appui conséquent à l’AMISOM, en souhaitant que l’on atteigne les effectifs de 12 000 soldats autorisés par la résolution 1964 du Conseil de sécurité.  Enfin, il a demandé que la lutte contre la piraterie fasse partie d’une stratégie plus large concernant les progrès sécuritaires et politiques en Somalie.   


M. PATRICK S. MUGOYA (Ouganda) a encouragé le Gouvernement fédéral de transition à intensifier ses efforts pour tendre la main aux groupes désireux de coopérer dans un esprit de réconciliation et d’inclusion.  La constitution doit être achevée en temps voulu et dans le cadre d’un processus consultatif, a-t-il ajouté.  Il a appelé à plus d’efforts pour la consolidation de la sécurité et de la stabilité à Mogadishu et dans les environs.  M. Mugoya a aussi réclamé une action résolue contre d’Al-Shabab.  Il a appelé la communauté internationale à redoubler son engagement et son appui en faveur de la Somalie, en particulier à la prochaine réunion du Groupe de contact qui se déroulera à la fin du mois à Kampala.


M. PEDRO SERRANO, Chef adjoint de la délégation de l’Union européenne (UE), a soulevé le problème de l’instabilité politique, après la décision récente du parlement somalien d’étendre son mandat pour trois ans de plus.  Il a appelé à la réforme des Institutions fédérales de transition et à l’élargir à toutes les parties prenantes du processus constitutionnel.  L’UE, a-t-il dit, a établi une stratégie sur plusieurs fronts pour la Somalie, en partenariat avec les Institutions fédérales de transition, l’Union africaine, l’ONU, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et les pays de la région. 


M. Serrano a aussi souligné l’importance du mandat de l’AMISOM pour protéger les Institutions fédérales de transition.  Il a ajouté que l’UE fournit une formation à 2 000 soldats somaliens.  En tant que membre fondateur du Groupe de contact, l’UE est impliquée dans les opérations internationales contre la piraterie, a-t-il aussi rappelé, avant d’appeler, à son tour, à une approche holistique contre ce fléau. 


M. CARSTEN STAUR (Danemark) a déclaré qu’une solution durable à la crise en Somalie devait être politique.  L’ONU doit appuyer en premier lieu la finalisation de la stratégie politique du Gouvernement fédéral de transition.  Elle doit encadrer les efforts militaires et assurer la participation du secteur privé, des dirigeants religieux, de la société civile, des femmes et de la diaspora.  Il a engagé l’ONU à veiller à une meilleure coordination de ses efforts « nombreux et complexes » en Somalie.  Il a estimé que la prolongation unilatérale du mandat du Parlement n’a pas contribué à rehausser sa crédibilité.  Il a appelé à la réforme des Institutions fédérales de transition et à l’élargissement du processus constitutionnel.


Après avoir engagé le Représentant spécial du Secrétaire général à tendre la main aux groupes restés en dehors du processus de Djibouti, M. Staur s’est attardé sur la piraterie qu’il faut aussi combattre « sur terre ».  Il a reconnu le caractère épineux de la législation en matière de piraterie et a jugé important d’examiner les aspects juridiques du transfèrement vers la Somalie des Somaliens reconnus coupables d’actes de piraterie afin qu’ils y purgent leur peine.  La construction de prisons en sera un élément clef, a-t-il prévenu.  Le Danemark, a-t-il conclu, vient de réviser sa politique sur la Somalie, laquelle prévoit maintenant une approche globale incluant la défense, la diplomatie et le développement.  Le Danemark a l’intention de débloquer 70 millions de dollars, au cours des quatre prochaines années, pour le développement et l’aide humanitaire en Somalie.


M. DAFA-ALLA OSMAN (Soudan) s’est déclaré satisfait par la proposition d’une « stratégie globale ».  Il l’a jugée essentielle pour rétablir la paix et la sécurité dans ce « pays frère ».  Le Soudan, a-t-il affirmé, a joué jusqu’à présent un rôle déterminant en tant que membre du Groupe de contact sur la Somalie.  Jugeant qu’il était temps de définir une vision et un échéancier précis pour ce qui reste de la période de transition, il a proposé de régler de manière efficace, « sur terre plutôt que sur mer », le problème de la piraterie.  Les relations historiques entre le Soudan et la Somalie nous imposent de travailler de concert pour rétablir la paix, a déclaré le représentant, qui a indiqué en conclusion que sa délégation était disposée à prêter toute l’assistance souhaitable pour aider la Somalie à se relever.


M. MÅRTEN GRUNDITZ (Suède) a estimé qu’à quelques mois de la fin de la période transitoire en Somalie, il était grand temps que les Institutions fédérales de transition fassent preuve d’unité, de détermination et prouvent qu’elles sont capables d’agir.  Il faut un plan réaliste, applicable qui établit clairement les priorités, a avancé le représentant, ajoutant que la communauté internationale devait être prête à soutenir la mise en œuvre rapide d’un tel plan, ce qui suppose des mécanismes financiers adéquats et des critères de transparence.  Face aux difficultés rencontrées dans l’élaboration d’une constitution en Somalie, la Suède préconise des consultations populaires.  Tout retard dans ce processus est regrettable et représente une occasion manquée pour la réconciliation nationale, a estimé le délégué, avant d’inviter les institutions à accélérer le processus consultatif.  Il a aussi recommandé de s’appuyer davantage sur les mécanismes préconisés par les Accords de Djibouti. 


Abordant la question de la sécurité, il a estimé que pour parvenir à une structure efficace, le Gouvernement fédéral de transition doit commencer par définir une stratégie en matière de sécurité et un programme pour les déserteurs.  Soulignant le rôle essentiel de l’AMISOM, il a expliqué que la contribution de son pays portait sur une aide aux projets à impact rapide qui bénéficient directement à la population civile de Mogadiscio.  Face à la piraterie, il s’est dit en faveur d’une approche multidimensionnelle et a encouragé une coopération soutenue entre les différentes institutions somaliennes, y compris au Somaliland.  Le représentant a également salué le fait que le Bureau politique des Nations Unies en Somalie soit désormais représenté à Mogadiscio, dans le Puntland et le Somaliland.


M. LIBRAN CABACTULAN (Philippines) a déclaré que la détérioration de la situation dans ce pays de la corne de l’Afrique posait de sérieux défis à la communauté internationale.  Il s’est particulièrement inquiété des conséquences néfastes de la piraterie sur le commerce et le tourisme.  Il a souligné que la piraterie avait un impact dans l’ensemble de l’océan Indien, en raison d’une sophistication des moyens utilisés par les pirates.  Il a expliqué qu’un marin philippin d’un bateau battant pavillon allemand avait été tué par des pirates somaliens près des côtes des Seychelles.  « À l’heure où nous parlons, 130 marins philippins à bord de 11 navires sont entre les mains de pirates », a-t-il précisé. 


Il a demandé une action plus robuste de la part de la communauté internationale.  Il a jugé essentiel de traduire les pirates en justice en saluant tout particulièrement les propositions que contient le rapport du Conseiller spécial sur les questions juridiques liées à la piraterie au large des côtes de la Somalie, M. Jack Lang, en matière de poursuite et d’emprisonnement des pirates capturés.  Il a dit que la présence navale internationale, en particulier de l’opération Atalante, dans le golfe d’Aden et l’océan Indien, avait fait beaucoup pour protéger les personnes et garantir une liberté de passage pour les bateaux de marchandises.  Néanmoins, il a estimé que la solution au problème de la piraterie se trouvait sur terre et non sur mer. 


M. DE LA IGLESIA (Espagne) a souligné l’engagement total de son pays aux côtés de la Somalie, lequel est marqué par l’octroi de 6 millions d’euros à l’AMISOM, et par le fait qu’il demeure à ce jour le premier contributeur humanitaire dans ce pays.  Lors de la réunion du Groupe de contact sur la Somalie qui s’est tenue à Madrid en 2010, l’Espagne a-t-il indiqué, s’est engagée à allouer 3 millions de dollars au Gouvernement fédéral de transition.  Deux millions ont déjà été débloqués, a-t-il précisé.  À l’approche de la fin de son mandat, le Gouvernement fédéral de transition doit progresser dans la rédaction de la constitution et promouvoir un dialogue politique inclusif, a-t-il, entre autres, souhaité.


L’Espagne partage l’inquiétude de la communauté internationale face à l’escalade de la piraterie, a poursuivi le représentant, en soulignant les apports de son pays à « l’opération Atalante » de l’Union européenne.  Le représentant a salué la mission de prévention menée par les forces navales dans la région, en constatant que celle-ci contrastait cependant avec l’impunité dont profitent les pirates.  « Bien que les causes de la piraterie soient complexes et nombreuses, et qu’elles imposent une approche holistique, nous devons résoudre urgemment ce paradoxe par le renforcement des mesures judiciaires et pénales », a-t-il insisté, avant de rappeler que le rapport fourni par le Conseiller spécial apporte des propositions qui méritent considération.


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a rappelé que la raison pour laquelle son pays avait assumé la présidence du Groupe de contact de l’Organisation de la Conférence islamique sur la Somalie, ainsi que la présidence du Comité du Conseil de sécurité sur la Somalie en 2006, était à chercher directement du côté de sa volonté de rétablir la sécurité et la stabilité dans ce pays.  Rappelant ensuite le manque de ressources du Gouvernement fédéral de transition, le représentant a rappelé la nécessité de faire preuve de générosité et de soutenir le « train de mesures d’appui » à l’AMISOM.  Si les actions militaires entreprises en mer sont indispensables contre la piraterie, elles doivent s’inscrire dans le cadre d’une approche plus large qui tienne compte de toutes les dimensions de ce problème, a relevé M. Al-Nasser.


M. AHMED AL-JARMAN (Émirats arabes unis) a engagé les parties somaliennes et leurs dirigeants à assumer leurs responsabilités pour assurer l’instauration de la paix et de la stabilité dans leur pays.  Il a appelé à la création d’une stratégie internationale détaillée et d’une feuille de route « claire » en matière de politique et de développement.  M. Al-Jarman a ensuite engagé la communauté internationale à renforcer son appui au processus politique et à répondre à la situation sécuritaire qui prévaut dans le pays afin d’établir un dialogue politique entre les parties, y compris celles qui demeurent en dehors du Processus de Djibouti.  La communauté internationale doit également renforcer son appui humanitaire, financier et économique au Gouvernement fédéral de transition afin de lui permettre de faire face aux répercussions de la sécheresse qui frappe actuellement le pays.


Le représentant a également souligné l’importance d’assurer le redressement de l’économie et la création de sources alternatives et légitimes de revenus comme substitut aux activités de piraterie.  À ce sujet, le représentant a réclamé la mise sur pied d’une stratégie holistique et à long terme afin d’éliminer ce phénomène et d’assurer la comparution des responsables.  Il a dit espérer que la Conférence de haut niveau intitulée « Menace internationale, réaction régionale: comment forger une approche commune face à la piraterie maritime », qui se tiendra du 17 au 19 avril à Dubaï, permettrait de renforcer les efforts de la communauté internationale en la matière.


M. MORTEN WETLAND (Norvège) a jugé urgent de parvenir à un processus politique inclusif, intégrant les administrations régionales, pour construire la base d’un processus post-transition pacifique.  Il a estimé que les Institutions fédérales de transition ne pouvaient se permettre une nouvelle lutte de pouvoir, mais devaient se concentrer sur les défis pressants du peuple somalien.  Il a exhorté la communauté internationale à faire plus pour la Somalie, en saluant la Stratégie régionale conjointe adoptée par l’AMISOM, l’Autorité  intergouvernementale pour le développement (IGAD) et le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS).


Le représentant de la Norvège a appelé à la mise en place d’une présence internationale plus forte en 2011, en estimant que l’absence d’une présence internationale effective à Mogadiscio et dans le sud de la Somalie empêchait d’avoir une bonne compréhension de la situation humanitaire et politique sur le terrain.  Il s’est particulièrement inquiété des conséquences de la piraterie et a appelé à une meilleure coopération avec les autorités compétentes nationales et régionales.  Il a pris note du rapport du Conseiller spécial du Secrétaire général sur la question de la piraterie, M. Jack Lang, en estimant qu’il contenait des propositions qui méritaient d’être mises en œuvre.  Il a précisé que la Norvège consacrerait 5 millions de dollars à la lutte contre la piraterie en 2011.


M. KRIANGSAK KITTICHAISAREE (Thaïlande) a jugé qu’une solution à long terme au problème de la piraterie en Somalie ne pourrait être trouvée qu’au travers du rétablissement de la paix et de la sécurité dans ce pays.  Une solution à moyen terme passe, elle, par une « somalisation » telle que le propose le Conseiller spécial du Secrétaire général sur les questions juridiques relatives à la piraterie, M. Jack Lang, a affirmé le représentant.  Il s’est dit partisan de la mise en œuvre des 25 recommandations contenues dans le rapport de M. Lang, soulignant qu’elles pouvaient l’être pour la somme de 25 millions de dollars seulement.  La délégation a enfin préconisé une solution à court terme, qui serait la poursuite en justice des auteurs d’actes de piraterie et de vols à main armée en mer. 


M. OMBENI Y. SEFUE (République-Unie de Tanzanie) a estimé que les efforts lancés en mer pour combattre la piraterie devaient être accompagnés d’initiatives visant à répondre aux causes socioéconomiques et sécuritaires de ce phénomène.  Augmenter la présence internationale en mer ne résoudra pas le problème.  Il incitera au contraire les pirates à se déplacer encore plus à l’est et au sud de la Somalie, a-t-il prévenu.  Le représentant a d’ailleurs demandé plus d’appui pour assurer la sécurité de ses eaux territoriales.  Il a ensuite engagé le Gouvernement fédéral de transition à maintenir son unité et à accélérer la mise en œuvre des tâches transitionnelles.  Il a également appelé les autres parties à contribuer à la réussite du processus.


Le représentant de la République-Unie de Tanzanie a ensuite plaidé pour un plus ferme appui à l’AMISOM et pour une réponse favorable aux requêtes du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Il a parlé du renforcement de l’AMISOM, du blocus naval, de la création d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Somalie, des sanctions contre ceux qui entravent le processus de paix et d’une approche holistique pour la piraterie et l’éventuelle transformation de l’AMISOM en une opération de maintien de la paix de l’ONU.


M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) a déclaré que malgré la récente décision unilatérale du Parlement fédéral de transition concernant la prolongation de son mandat, sa délégation gardait toujours l’espoir que le Gouvernement fédéral de transition justifierait la confiance placée en lui.  L’Ukraine, a-t-il ajouté, est cependant favorable au raccourcissement de la période de transition afin de la faire correspondre à celle de la réforme des institutions transitionnelles et de la poursuite du processus constitutionnel. 


M. Sergeyev a poursuivi en appelant au renforcement de la présence navale internationale dans la partie ouest de l’océan Indien et de la mer d’Oman.  Il est urgent de répondre aux causes premières de ce fléau, a-t-il souligné.  M. Sergeyev a notamment évoqué la création d’une marine régionale et le renforcement des capacités judiciaires afin de permettre aux Somaliens d’assurer la sécurité de leurs eaux et de traduire les pirates en justice.  Il a ensuite fait savoir que sa délégation appuyait les propositions formulées par le Conseiller spécial sur les questions juridiques liées à la piraterie au large des côtes de la Somalie, M. Jack Lang, notamment la création de cours spécialisées au Puntland et au Somaliland ainsi qu’à l’extérieur du pays.


M. KHUSRAV NOZIRI (Tadjikistan), qui intervenait au nom de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), a regretté qu’en dépit des nombreuses conférences organisées en appui au Gouvernement fédéral de transition, la Somalie se trouvait toujours à la croisée des chemins, avec une situation sécuritaire « fragile ».  Il a engagé les États Membres à continuer de travailler avec le pays pour protéger les investissements collectifs dans la paix et la sécurité régionales et internationales.  Il a rappelé que l’OCI avait organisé à Djedda la seizième session du Groupe de contact international pour la Somalie.  Son Secrétaire général a engagé les États membres à déployer des troupes pour renforcer l’AMISOM.


La communauté internationale, a enchainé le représentant, doit encourager le Gouvernement à promouvoir le dialogue et la réconciliation, tout en stipulant clairement que les activités terroristes et la violence ne seront pas récompensées.  M. Noziri a annoncé que l’OCI avait ouvert un bureau des affaires humanitaires en Somalie et signé un accord avec le Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres partenaires, ce qui lui permettra de venir à l’aide de 400 000 personnes, dans un premier temps.


M. ARAYA DESTA (Érythrée) a constaté qu’un nombre croissant d’États Membres appelaient de leurs vœux un processus politique inclusif approprié par la Somalie.  Il a également remarqué que des efforts concertés étaient déployés pour maintenir le statu quo, alors même que l’implication militaire d’acteurs externes se poursuivait sans entrave.  L’Érythrée est consciente du fait que même avec une approche nouvelle, la crise en Somalie ne connaîtrait pas de solution facile et rapide.  Mais les efforts précédents ont échoué et il convient de fournir suffisamment d’espace au peuple somalien pour lui permettre de résoudre ses propres problèmes tout en protégeant le processus d’interférences négatives et destructrices.  L’Érythrée, a-t-il ajouté, se félicite du consensus émergeant sur la nécessité d’avoir un processus politique inclusif somalien.


M. PARK IN-KOOK (République de Corée) a soutenu l’idée que le Conseil de sécurité aide le peuple somalien dans la période après la transition.  Il a appelé à la formation et à l’équipement des forces de sécurité somaliennes et à l’application de la résolution 1851 (2008) du Conseil de sécurité sur la piraterie.  Agissant en vertu de ce texte, la République de Corée, a-t-il dit, a entrepris une action dans le golfe d’Aden.  Préoccupé par la situation humanitaire dans le pays, il a jugé que la communauté internationale devrait répondre à l’appel lancé par les Nations Unies.  De leur côté, les forces de l’AMISOM, en coopération avec les forces somaliennes, doivent se concentrer sur la mise en place d’un environnement propice au développement social et économique, en mettant l’accent sur le désarmement, la démobilisation et la réinsertion.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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