Guinée Bissau: le Représentant spécial salue le rapprochement entre le Président et le Premier Ministre, favorable à la stabilite politique
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Conseil de sécurité
6489e séance – matin
GUINÉE BISSAU: LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL SALUE LE RAPPROCHEMENT ENTRE LE PRÉSIDENT ET LE PREMIER MINISTRE, FAVORABLE À LA STABILITE POLITIQUE
Le Premier Ministre demande l’appui de la communauté internationale à la réforme du secteur de la sécurité et à la lutte contre le crime organisé en Guinée-Bissau
Le Conseil de sécurité a fait, ce matin, le point sur la situation en Guinée-Bissau. Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Guinée-Bissau et Chef du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix dans ce pays (BINUGBIS), M. Joseph Mutaboba, qui présentait au Conseil le rapport pertinent de M. Ban Ki-moon, a salué la portée positive du dialogue politique en cours entre le Président Mala Bacai Sanha et le Premier Ministre Carlos Gomes. Il a noté que ce rapprochement au sommet de l’exécutif bissau-guinéen avait conduit le leadership militaire à confirmer qu’il resterait en dehors du processus politique.
M. Gomes, qui participait à la discussion, a affirmé quant à lui que le contexte politique continuait d’être marqué par les conséquences de l’assassinat, en mars 2009, du Président et du Chef d’état-major de l’époque, puis par celles du soulèvement militaire du 1er avril 2010. Soulignant que la démocratisation du pays passe par l’achèvement de la réforme du secteur de la sécurité et une lutte plus efficace contre le trafic de stupéfiants et le crime organisé, le Premier Ministre bissau-guinéen a demandé l’appui de la communauté internationale pour mener à bien ces chantiers.
À ce propos, la représentante du Brésil et Présidente de la formation Guinée-Bissau de la Commission de la consolidation de la paix (CCP), Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, a souligné que la réforme du secteur de la sécurité et la lutte contre le crime organisé exigeaient la mise en place d’institutions étatiques fonctionnelles et l’exercice d’une volonté politique ferme.
Par ailleurs, dans le rapport du Secrétaire général dont étaient saisies les délégations, il est expliqué que la Guinée-Bissau, qui a atteint en décembre 2010 le point d’achèvement au titre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE), a bénéficié d’un allègement de sa dette à hauteur de 1,2 milliard de dollars des États-Unis. Ban Ki-moon se félicite dans ce document du fait que le Premier Ministre bissau-guinéen ait promis que le Gouvernement investirait des ressources supplémentaires dans le secteur social et dans la promotion des infrastructures.
LA SITUATION EN GUINÉE-BISSAU
Rapport du Secrétaire général sur l’évolution de la situation en Guinée-Bissau et les activités du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (S/2011/73)
Dans ce rapport, le Secrétaire général note que, depuis le 25 octobre dernier, les dirigeants politiques de la Guinée-Bissau et les principales institutions de l’État ont déployé des efforts « considérables » pour améliorer le climat politique et la situation en matière de sécurité, ainsi que les relations entre le pays et ses partenaires régionaux et internationaux.
Il indique que, dans ce contexte, le BINUGBIS et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont continué à fournir un appui technique au Comité d’organisation de la Conférence nationale. Sur ce point, M. Ban Ki-moon, dans ses observations, se félicite du lancement, le 14 décembre 2010, d’un processus préparatoire ouvert associant le Parlement, les institutions gouvernementales, les institutions chargées de la défense et de la sécurité et des organisations de la société civile, dont les travaux devraient aboutir en 2011 à la convocation « tant attendue » de la Conférence « Je demande instamment aux partenaires internationaux de la Guinée-Bissau de continuer d’apporter tout le concours nécessaire aux préparatifs de la Conférence nationale », ajoute-t-il.
Le Secrétaire général souligne par ailleurs qu’au cours des derniers mois, le BINUGBIS et le PNUD ont également continué à fournir un appui au Comité directeur national pour la réforme du secteur de la sécurité. « Le PNUD a aidé le Comité à élaborer une stratégie et un plan d’action pour l’organisation d’une campagne de sensibilisation et d’information sur la réforme du secteur de la sécurité, et a appuyé la mise en œuvre du plan d’action en collaboration avec le BINUGBIS », précise-t-il.
Le Secrétaire général se félicite également des progrès accomplis dans le processus de vérification des compétences et de certification des organismes de police et de sécurité interne, la Force de police permanente de l’ONU ayant aidé les autorités à mettre au point une base de données sur les ressources humaines.
Pour ce qui est de la lutte contre le crime organisé, Ban Ki-moon indique que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) et le BINUGBIS ont fourni une assistance aux autorités nationales dans le cadre de l’« Initiative côtes de l’Afrique de l’Ouest », initiée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette initiative vise à « remédier au problème croissant que posent le trafic de stupéfiants, la criminalité organisée et la consommation de drogues en Afrique de l’Ouest », est-il rappelé. M. Ban fait aussi observer que le 3 décembre dernier, un mémorandum d’accord sur la création d’une cellule de lutte contre la criminalité transnationale a été signé par les ministres de la justice, de l’intérieur et des finances. « La cellule sera établie dans le cadre de l’Initiative côtes de l’Afrique de l’Ouest », note-t-il.
Par ailleurs, le Secrétaire général estime que la Commission de consolidation de la paix (CCP), partenaire du BINUGBIS, pourrait aider à mobiliser des ressources pour la réforme du secteur de la sécurité et la caisse des pensions du personnel militaire. La CCP pourrait de plus, selon lui, appuyer l’organisation d’une table ronde de donateurs axée sur les priorités dans le domaine socioéconomique et dans celui du renforcement des capacités institutionnelles, « telles qu’elles sont énoncées dans son cadre stratégique pour la Guinée-Bissau ».
Sur le plan économique, M. Ban Ki-moon explique que le pays, qui a atteint en décembre 2010 le point d’achèvement au titre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE), a bénéficié d’un allègement de sa dette à hauteur de 1,2 milliard de dollars des États-Unis. Il se félicite du fait que le Premier-Ministre bissau-guinéen ait promis que le Gouvernement investirait des ressources supplémentaires dans le secteur social et dans l’infrastructure, et s’efforcerait de répondre aux priorités de la stratégie pour la réduction de la pauvreté en Guinée-Bissau.
Le Secrétaire général de l’ONU trouve « encourageants » les progrès accomplis par la Guinée-Bissau dans l’élimination des incidences néfastes des événements civilo-militaires du 1er avril 2010, notant « les mesures prises par les dirigeants du pays pour marquer qu’ils sont résolus à régler par le dialogue et la concertation les questions contentieuses et à consolider les institutions de l’État ». Il engage également les autorités nationales à mener à leur terme les enquêtes sur les assassinats politiques de 2009 et à faire en sorte que ceux qui en sont responsables soient traduits en justice. « Elles continueront ainsi à renforcer la confiance du public dans les institutions nationales et à mettre fin à l’impunité dans le pays », a estimé M. Ban, qui conclut en assurant que l’ONU continuera d’apporter son concours à la Guinée-Bissau dans cette entreprise.
Déclarations
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Guinée-Bissau et Chef du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix dans ce pays (BINUGBIS), M. JOSEPH MUTABOBA, a entamé sa présentation en soulignant l’élan positif généré en Guinée-Bissau par le partenariat entre la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP). Au cours des derniers mois, cet élan a eu un impact critique sur l’environnement politique et sécuritaire du pays, a-t-il assuré, expliquant que le Président Mala Bacai Sanha et le Premier ministre Carlos Gomes étaient à présent engagés dans « un dialogue étroit sur les questions nationales majeures, en particulier la libération des militaires incarcérés sans procès préalable depuis les événements du 1er avril dernier ». M. Mutaboba a indiqué que le 20 janvier 2011, date de célébration de la Journée des héros nationaux, les deux dirigeants avaient affiché le respect qu’ils se portent mutuellement et affirmé leur volonté de renforcer la stabilité des institutions nationales. « Cela a conduit le leadership militaire à confirmer, par la voix du Général en chef des armées, que les militaires resteraient en-dehors du processus politique », a-t-il relevé.
Le Représentant spécial a ensuite souligné les progrès accomplis dans la préparation de la Conférence nationale, qui devrait se tenir au milieu de l’année 2011. Il a ajouté à cet égard que le BINUGBIS, qui appuie financièrement et techniquement ces préparatifs, avait organisé une série de consultations nationales auxquelles ont participé les forces de défense et de sécurité. « Ces efforts s’inscrivent dans le cadre de discussions importantes menées au titre de la feuille de route CEDEAO-CPLP sur la réforme du secteur de la sécurité en Guinée-Bissau », a précisé Joseph Mutaboba. Notant que les discussions avaient abouti à la formulation de recommandations, en particulier la nécessité de séparer clairement les rôles des secteurs de la défense et de la sécurité et d’améliorer les conditions de service, il a annoncé que la prochaine étape du dialogue national comprendrait, en mars 2011, des consultations avec la diaspora de la sous-région et en Europe.
M. Mutaboba s’est en outre attardé sur les défis persistants, notamment la lutte contre l’impunité et le trafic de stupéfiants et le crime organisé. Après avoir salué la libération, en décembre dernier, du Général en chef des Forces armées bissau-guinéennes et d’officiers qui étaient détenus « sans autre forme de procès » depuis le 1er avril 2010, il a déploré que peu de progrès aient été réalisés dans l’enquête sur les assassinats de mars et juin 2009. Il a confié que des inquiétudes existent en Guinée-Bissau que si tous les officiers détenus dans le cadre de cette enquête sont libérées, leur libération conduira au gel de l’enquête.
Au plan de la criminalité organisée, il a salué le fait que, le 11 janvier 2011, les Présidents bissau-guinéen et de Guinée-Conakry ont décidé de renforcer leur coopération en rapprochant l’Agence nationale antinarcotique de Guinée et l’Unité contre le crime transnational de la Guinée-Bissau. Il a également signalé que le 22 février, le Procureur général avait délivré un décret spécifiant que la Police judiciaire a compétence pour enquêter sur les affaires liées au trafic de drogue. « Le Gouvernement bissau-guinéen doit continuer de lutter activement contre ce fléau, en mobilisant les ressources financières et humaines nécessaires au bon fonctionnement de l’Unité », a-t-il enfin dit.
Dans son intervention devant le Conseil de sécurité le Premier Ministre de la Guinée-Bissau, M. CARLOS GOMES JUNIOR, a affirmé que le contexte politique continuait d’être marqué par les conséquences des évènements qui ont secoué le pays ces deux dernières années, notamment les assassinats simultanés, en mars 2009, du Président et du Chef de l’état-major de l’époque, suivis du soulèvement militaire du 1er avril 2010. « Le processus démocratique n’est donc pas encore complètement consolidé dans le pays, a reconnu M. Gomes Junior, pour qui la solution ne passe pas seulement par la mise en œuvre résolue des réformes gouvernementales: « pour y parvenir, la Guinée-Bissau doit pouvoir le faire dans le respect de l’appropriation nationale et de ses priorités, notamment la réforme du secteur de la sécurité », a-t-il estimé.
Le Premier Ministre a ainsi confirmé le lancement de projets de réhabilitation des infrastructures militaires et de programmes visant à réorganiser et à former les rangs de l’armée et des personnels de sécurité, pour les rendre plus efficaces dans la lutte contre le trafic de drogues, dans laquelle le Gouvernement qu’il dirige est pleinement engagé, a-t-il assuré. Mais nous avons besoin du soutien financier, technique et matériel des pays donateurs, pour parvenir à financer de telles initiatives, a rappelé M. Gomes Junior. Le secteur de la justice, en particulier, souffre de problèmes majeurs, qu’il s’agisse de la longueur des procédures judiciaires ou du manque de prisons, a-t-il indiqué. Il a également demandé que la communauté internationale porte davantage d’attention au lien étroit qui existe entre la question de la criminalité transnationale organisée et celle des réseaux terroristes dans la région.
La représentante du Brésil et Présidente de la Commission de la consolidation de la paix, Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI, a rappelé que des progrès notables avaient été accomplis par la Guinée-Bissau au cours des dernières années dans les domaines de la gestion macroéconomique et des finances publiques, conduisant à une relance de la croissance, à une baisse de l’inflation et à un élargissement de l’assiette fiscale. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), a-t-elle relevé, ont établi que la Guinée-Bissau avait atteint, en décembre dernier, le point d'achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), ce qui lui permettra notamment d’assainir ses relations avec ses créditeurs. Par ailleurs, des réformes économiques et administratives sont en cours dans le pays afin de permettre au Gouvernement d’améliorer sa discipline sur le plan fiscal, s’est également félicitée la Présidente de la Commission de consolidation de la paix.
Après avoir rappelé l’importance de la réforme du secteur de la sécurité, Mme Ribeiro Viotti a souligné que la lutte contre le trafic de stupéfiants exigeait des institutions étatiques fonctionnelles, en particulier dans les domaines de la justice et de la sécurité, ainsi qu’une ferme volonté politique. Il est donc indispensable, a-t-elle insisté, que la communauté internationale soutienne la mise en œuvre du plan d’action régional de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Elle a également indiqué qu’elle attendait avec impatience la désignation des membres de l’Unité de lutte contre la criminalité transnationale, qui doit être prochainement formée par les Ministères de la justice, de l’intérieur et des finances.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel