Le Chef de la MONUSCO déclare devant le Conseil que la situation dans l’est de la République démocratique du Congo demeure préoccupante
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Conseil de sécurité
6476e séance – matin
LE CHEF DE LA MONUSCO DÉCLARE DEVANT LE CONSEIL QUE LA SITUATION DANS L’EST DE
LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO DEMEURE PRÉOCCUPANTE
L’Ambassadeur Ileka Atoki réaffirme l’« engagement sans faille » de son
gouvernementà éradiquer le « fléau des violences sexuelles » dans le pays
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo (RDC), M. Roger Meece, a déclaré ce matin, devant les membres du Conseil de sécurité, que la situation dans l’est du pays était toujours préoccupante. Il a néanmoins relevé des progrès dans l’organisation des élections nationales, prévues cette année.
Le représentant de la République démocratique du Congo, M. Ileka Atoki, a pour sa part réitéré l’« engagement sans faille » de son pays à éradiquer le fléau des violences sexuelles.
M. Meece, qui présentait aux membres du Conseil de sécurité le deuxième rapport* du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a affirmé que les relations entre la Mission et le Gouvernement congolais avaient « connu une amélioration constante ».
La Mission, dont il est également le Chef, « a ainsi pu établir un dialogue très constructif avec des interlocuteurs civils et militaires à tous les niveaux du Gouvernement ». « Il en a résulté, entres autres, un renforcement de la coopération pour ce qui est de la coordination opérationnelle au plan militaire, des programmes de formation de la police, de l’approche adoptée pour les programmes de stabilisation et du processus d’évaluation conjointe. »
Les observations du processus d’évaluation conjointe ont, a-t-il dit, « validé la présence de la MONUSCO et son approche sur les questions liées à la sécurité, aidant également à orienter notre planification future ».
Pour le Représentant spécial, la protection des civils demeure « clairement » la priorité principale de la MONUSCO, en raison, notamment, des « opérations conduites par des groupes armés étrangers ou de l’intérieur dans la partie est du pays ». « Ces groupes continuent d’agir comme des forces prédatrices, utilisant souvent le viol et d’autres formes de violence comme des armes contre les civils. »
La MONUSCO « continue de répondre à ces incidents et de fournir tout l’appui et la protection possible dans ce domaine », a-t-il assuré, faisant également état de nombreux abus commis par des membres des Forces armées de la RDC (FARDC) et de la Police nationale congolaise.
« La cause fondamentale de la poursuite de la violence dans l’est demeure, bien sûr, la présence et l’activité des groupes armés restants », a expliqué M. Meece, notant que les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) continuaient de bénéficier de la plus grande capacité militaire, « opérant essentiellement dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu ».
Le Chef de la MONUSCO a cependant observé une diminution de la capacité de ce groupe, lequel est, a-t-il dit, « sous pression ». Ce constat lui permet ainsi d’envisager une possible « résolution de cette menace de longue date à la population de la région », à condition de maintenir une pression « politique et militaire » maximale. M. Meece a, de même, fait état de la « menace majeure » que continue de constituer l’Armée de résistance du Seigneur (LRA).
Le Représentant spécial a également exprimé sa profonde inquiétude concernant le manque d’hélicoptères militaires mis à la disposition de la Mission pour protéger les civils et s’acquitter d’éléments clefs de son mandat.
Par ailleurs, M. Meece a noté que des progrès avaient été accomplis, cette année, dans l’organisation des élections nationales. Il a mis l’accent sur l’importance et la nécessité d’assurer la tenue d’un tel scrutin, de manière transparente, pour assurer la stabilité du pays. « Un échec à conduire des élections crédibles représenterait naturellement un sérieux revers des progrès importants réalisés depuis de nombreuses années par la RDC », a-t-il déclaré.
M. Meece s’est dit « optimiste » sur le fait que grâce à « un engagement et un appui soutenus, nous serons en passe d’obtenir la sécurité et les conditions stables que le peuple du Congo et la région méritent amplement ».
Le représentant de la RDC, M. Ileka Atoki, a souligné de son côté que la violence envers les femmes constituait toujours « pour le Congo un véritable fléau, une réminiscence morbide, un héritage lugubre d’une décennie de rupture de la paix et de la sécurité internationales dont le pays a été récemment la victime expiatoire ».
L’Ambassadeur Atoki a réitéré l’« engagement sans faille » de la RDC à « éradiquer ce fléau des violences sexuelles ». Cette lutte est, selon lui, « du domaine de la responsabilité partagée, quoique différenciée, de la communauté internationale et des Nations Unies » et du Gouvernement congolais.
Ces « crimes contre l’humanité », a-t-il poursuivi, « réclament réparation, quels qu’en soient les auteurs, nationaux, étrangers, voire même messagers de la paix ». « Ces crimes, a-t-il précisé, exigent qu’il soit mis fin à une certaine impunité. »
De même, M. Atoki a jugé que « la lutte contre les groupes armés, avec le soutien de la MONUSCO et des partenaires intéressés mériterait de se poursuivre ». Cette lutte doit, a-t-il ajouté, « être menée concomitamment avec la réforme du secteur de la sécurité », laquelle constitue « un élément essentiel pour la stabilisation et la consolidation postconflit de la RDC ».
Le représentant de la RDC a en outre confirmé que la situation humanitaire demeurait préoccupante, non seulement à l’est, « mais aussi à l’ouest du pays ».
M. Atoki a par ailleurs indiqué que son gouvernement était convaincu que la révision constitutionnelle lui permettrait d’assumer sa « responsabilité historique » à ajuster les ambitions de cette « jeune et balbutiante démocratie » par rapport à ses « ressources propres » et « en tirant les leçons des autres personnes africaines ».
Il a réaffirmé l’engagement du Gouvernement congolais à assumer la majeure partie du coût des élections générales ». « Compte tenu de nos difficultés actuelles, il s’agit là d’un important sacrifice consenti, mais qui est utile et nécessaire si l’on désire un jour organiser des élections comme cela se fait dans tout pays démocratique digne de ce nom. » « La sécurisation des candidats, des sites électoraux ainsi que des résultats seront de la responsabilité du Gouvernement congolais », a-t-il rappelé.
S’adressant à la Présidente du Conseil de sécurité, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti (Brésil), dont le pays préside également ce mois le Comité créé par la résolution 1533 (2004), l’Ambassadeur Atoki a souligné que la République démocratique du Congo souhaitait « continuer à travailler étroitement » avec le Comité ainsi qu’avec le Groupe d’experts établi en vertu de la résolution 1952 (2010).
* S/2011/20
LA SITUATION CONCERNANT LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (S/2011/20)
Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, dans ce rapport, sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), estime que si la situation est restée généralement stable dans la plus grande partie du pays, le conflit s’est poursuivi dans l’est, où des groupes armés étrangers et congolais se sont généralement livrés, à échelle réduite, à de violentes attaques contre des civils. Certains éléments des Forces de sécurité nationales ont également commis des violations des droits de l’homme.
L’évolution de la situation témoigne de la persistance des nombreux défis que doivent relever le Gouvernement et le peuple de la République démocratique du Congo (RDC), souligne M. Ban. L’expansion et le renforcement de l’état de droit, la mise en place et le renforcement de l’autorité légitime de l’État et la fourniture des services essentiels à la population constituent des priorités constantes dans de nombreuses régions du pays.
La réforme des Forces armées de la RDC (FARDC) et de la Police nationale congolaise est l’un des facteurs essentiels de la consolidation de la paix et de la stabilité. Les décisions relatives au schéma et au développement des Forces de sécurité de la RDC relèvent de la prérogative souveraine de l’État.
Le Secrétaire général se dit toutefois préoccupé par l’absence de progrès dans la formation des FARDC et par les retards qui affectent l’adoption des dernières lois clefs sur la réforme de l’armée, de la police et du système judiciaire. Il exhorte les partenaires internationaux à rechercher, avec la MONUSCO, les possibilités d’évolution dans ce domaine critique de la réforme du secteur de la sécurité.
La communauté internationale a constamment soutenu le processus démocratique en RDC au cours des 10 dernières années. Elle maintient cet appui au moment où le pays se prépare au deuxième scrutin général post-transition, prévu pour 2011-2012. Au moment où les candidats se déclarent et où la campagne démarre, le Secrétaire général engage toutes les parties à promouvoir un débat libre, constructif et respectueux des normes démocratiques et à veiller au déroulement d’un processus électoral crédible et transparent, qui réponde aux aspirations de l’électorat.
La protection des civils est un impératif absolu, poursuit M. Ban, qui se dit toujours profondément préoccupé par les niveaux élevés d’insécurité, de violence et de violations des droits de l’homme qui touchent la population, particulièrement dans les zones de conflit de la partie orientale du pays. Les pillages, les viols, le travail forcé et les vols sont le lot quotidien des habitants. Les recrutements et les enlèvements d’enfants par des groupes armés sont également un sujet de préoccupation. Les violations des droits de l’homme par des éléments des Forces de sécurité nationales sont souvent signalées.
Les insuffisances structurelles connues dont souffrent les forces armées, notamment le manque de formation, de fournitures, de matériel et de soutien logistique, entravent l’action que mènent les autorités de la RDC pour imposer la discipline et traduire en justice les auteurs de ces délits. Ces difficultés sont aggravées par l’intégration inachevée et précaire des éléments du Congrès national pour la défense du people (CNDP) et d’autres groupes armés dans les FARDC et par l’implication de certains éléments des FARDC dans l’exploitation illicite des ressources naturelles.
Il exhorte le Gouvernement et ses partenaires internationaux à soutenir, dans toute la mesure possible, le système judiciaire du pays et à réagir sans tarder face à la violence sexuelle et aux autres crimes similaires perpétrés contre les civils.
La protection des civils relève de la responsabilité souveraine de l’État. Cela étant, la MONUSCO a adopté une attitude plus ferme dans ce domaine et a continué à mettre au point et à appliquer de nouvelles démarches en matière de protection des civils. La MONUSCO a engagé ces opérations militaires, soit seule, mais en coordination étroite avec les FARDC, soit conjointement avec les FARDC. De leur côté, les FARDC ont mené des opérations militaires unilatérales contre des groupes armés sans l’appui de la MONUSCO.
Les opérations militaires doivent cependant s’inscrire dans le cadre d’un ensemble de mesures comportant notamment une démarche concertée visant la protection des civils. Il engage toutes les parties prenantes à renforcer leur coordination et leur engagement à œuvrer de concert pour éliminer le danger des groupes armés en RDC.
Si la protection physique des civils doit constituer une priorité, les nombreuses menaces auxquelles la population civile doit faire face en RDC et l’instabilité qui perdure à l’est ne pourront être éliminées que si l’on s’attaque aux défis sous-jacents.
La capacité de la MONUSCO de protéger les civils et de s’acquitter d’éléments clefs de son mandat est tributaire de la disponibilité des ressources, notamment des hélicoptères militaires mis à la disposition de la Mission. La diminution du nombre de ces hélicoptères devrait s’accélérer au début de 2011, échéance à laquelle, selon les informations dont dispose le Secrétariat, les lettres d’attribution concernant 10 des hélicoptères militaires restants de la MONUSCO ne seront pas renouvelées. M. Ban lance un appel aux États Membres afin qu’ils fournissent d’urgence des hélicoptères militaires pour combler ce manque critique de moyens.
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