CS/10155

Conseil de sécurité: après la bonne tenue du référendum au Sud-Soudan, les parties doivent veiller à l’application intégrale de l’Accord de paix global

18/01/2011
Conseil de sécuritéCS/10155
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6468e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: APRÈS LA BONNE TENUE DU RÉFÉRENDUM AU SUD-SOUDAN, LES PARTIES

DOIVENT VEILLER À L’APPLICATION INTÉGRALE DE L’ACCORD DE PAIX GLOBAL


Le déroulement « satisfaisant » du référendum sur l’autodétermination du Sud-Soudan, dont les résultats préliminaires seront annoncés le 2 février, n’est pas une fin en soi, mais seulement l’un des volets de l’Accord de paix global, qui doit être intégralement mis en œuvre au cours des prochains mois.


Tel a été le message adressé aujourd’hui, par vidéoconférence, par le Président du Groupe du Secrétaire général pour l’appui aux référendums au Soudan, M. Benjamin Mkapa, et par le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan, M. Haile Menkerios.  Ce dernier a précisé que les résultats définitifs du référendum seraient connus le 7 ou, en cas d’appels, le 14 février.


M. Mkapa a confirmé que le scrutin s’était déroulé de manière « transparente » et « pacifique » entre le 9 et le 15 janvier, permettant ainsi au peuple des huit comtés du Sud-Soudan d’exprimer sa volonté librement.  Ce constat s’appuie sur la surveillance étroite du processus par les 3 000 observateurs nationaux et les 600 observateurs internationaux déployés sur le terrain.


Si ce volet « fondamental » de l’Accord de paix global est en voie d’être finalisé, il est désormais essentiel que les questions postréférendaires les plus urgentes soient résolues, a souligné M. Mkapa, dont l’analyse et le point de vue ont été repris par l’ensemble des membres du Conseil.  Le Représentant spécial a également repris à son compte cette analyse, pour qui, il reste encore beaucoup à faire pendant les six derniers mois de la période intérimaire fixée par l’Accord de paix global.


La conclusion réussie du référendum au Sud-Soudan contribuerait à renforcer la confiance mutuelle entre les deux parties en présence et les aiderait sans doute à faire les compromis nécessaires pour trouver des solutions au futur statut d’Abyei et à d’autres questions en suspens, a pour sa part relevé M. Menkerios.


« L’incertitude actuelle » dans la région d’Abyei, où des affrontements ont éclaté cette semaine, présente en effet des risques pour la paix et la stabilité sur le terrain, a prévenu le Représentant spécial.  Le représentant soudanais a assuré que ces heurts avaient eu lieu entre des membres de tribus locales, et non entre les forces soudanaises et l’Armée populaire de libération du Soudan.


Dans le rapport dont le Conseil de sécurité était saisi aujourd’hui, le Secrétaire général estime que pour garantir un « atterrissage en douceur » à la fin du processus référendaire et de la période de transition, les parties à l’Accord de paix global doivent s’entendre sur des questions qui seront cruciales pour la suite, notamment le partage des richesses, la gestion des avoirs et des dettes, la citoyenneté et les dispositions concernant la sécurité des frontières.


L’une des questions les plus pressantes pour l’après-référendum est celle de la citoyenneté, estime M. Ban.  Les changements qui pourraient être apportés à leurs droits, notamment en matière d’emploi et de propriété, à la suite du référendum constituent une préoccupation majeure pour les Sud-Soudanais qui vivent dans le Nord et pour les Soudanais originaires du Nord qui vivent au Sud-Soudan, constate-t-il.


À l’instar des autres membres du Conseil, la représentante des États-Unis a demandé aux parties qu’elles fassent preuve, dans les négociations sur les questions en suspens, du même esprit que celui dont elles ont fait preuve au cours de la conduite du référendum lui-même.


Mme Susan Rice a également souligné la nécessité de « continuer d’œuvrer à prévenir le génocide au Darfour ».  Elle a, à cet effet, instamment demandé au Gouvernement du Soudan de cesser de conduire des bombardements aériens contre les populations de la province et de mettre un terme, au plus vite, aux attaques menées contre les civils.  Le processus politique pour parvenir à un accord de paix au Darfour doit être relancé, et toutes les parties pertinentes doivent revenir à la table des négociations, a ajouté Mme Rice.


Dans son intervention devant le Conseil de sécurité, le représentant du Soudan a pour sa part estimé que les préoccupations exprimées par le Conseil ou d’autres acteurs concernant la situation au Darfour ne reflétaient pas vraiment le niveau d’engagement et les actions initiées jusqu’à présent pour ramener les insurgés à la table des négociations.  « Qu’attend donc la communauté internationale pour faire pression sur les mouvements rebelles », s’est-il demandé.



RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN


Rapport du Secrétaire général sur le Soudan (S/2010/681)


      Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, rend compte, dans ce rapport, de la situation générale au Soudan depuis son précédent rapport au Conseil, qui date du 14 octobre 2010 (S/2010/528), et présente un bilan des activités de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) jusqu’au 30 décembre 2010.


Le Secrétaire général observe dans ce rapport que, dans les semaines à venir, se jouera l’avenir du Soudan pour plusieurs décennies.  La détermination des parties à l’Accord de paix global à instaurer la paix, la stabilité et la coexistence sera décisive en la matière, estime Ban Ki-moon.  Au cours de ce processus et au-delà, l’ONU et la communauté internationale doivent maintenir leur ferme engagement à soutenir les parties, les institutions concernées et le peuple soudanais, souligne-t-il.


Il faut absolument, écrit le Secrétaire général, que les parties poursuivent leurs efforts pour conserver un climat politique qui doit permettre au référendum de se dérouler pacifiquement et librement.


M. Ban estime que pour garantir un « atterrissage en douceur » à la fin du processus référendaire et de la période de transition, les parties à l’Accord de paix global doivent s’entendre sur des questions qui seront cruciales pour la suite, notamment le partage des richesses, la gestion des avoirs et des dettes, la citoyenneté et les dispositions concernant la sécurité des frontières. 


L’une des questions les plus pressantes pour l’après-référendum est celle de la citoyenneté, estime M. Ban.  Les changements qui pourraient être apportés à leurs droits, notamment en matière d’emploi et de propriété, à la suite du référendum constituent une préoccupation majeure pour les Sud-Soudanais qui vivent dans le Nord et pour les Soudanais originaires du Nord qui vivent au Sud-Soudan, constate le Secrétaire général.


La persistance de l’impasse concernant la région d’Abyei et le référendum qui doit y avoir lieu est une source d’inquiétude, souligne-t-il également.  Le Secrétaire général se déclare vivement préoccupé par l’absence de progrès dans la constitution de la Commission pour le référendum dans l’Abyei et les pourparlers entre les parties sur le statut futur de la province d’Abyei. 


Dans ce climat chargé, toute atteinte grave à la sécurité pourrait mettre en péril les dernières étapes du processus d’application de l’Accord de paix global, souligne-t-il.  Les parties doivent faire preuve d’initiative et de responsabilité, et admettre que des compromis difficiles sont nécessaires pour permettre aux communautés de coexister en paix, souligne Ban Ki-moon. 


D’autres dispositions de l’Accord en attente d’application appellent une attention immédiate.  L’achèvement de la démarcation de la frontière entre le Nord et le Sud, le retrait des troupes de la zone frontalière commune, et la surveillance conjointe de cette zone par les deux parties afin de désamorcer toute éventuelle tension sont nécessaires pour maintenir la sécurité à la frontière entre le Nord et le Sud, assure le Secrétaire général. 


En outre, les restrictions à la liberté de circulation restent un obstacle majeur à la pleine application du mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan, dont le personnel continue par ailleurs de faire l’objet d’agressions.  Si les parties ne se montrent pas capables de prévenir de tels incidents et de demander des comptes aux autorités responsables, cela aura pour tous les intéressés de graves conséquences à long terme, prévient le Secrétaire général.


Dans la perspective des premiers jours de 2011, dont l’importance sera sans pareille dans l’histoire du Soudan, Ban Ki-moon exhorte tous les partenaires de l’Accord de paix global à intensifier leurs efforts et à apporter leur soutien à tous les Soudanais pour les aider à tenir le référendum dans de bonnes conditions et à respecter le choix qui sera fait par le peuple en en avalisant et respectant l’issue.


Déclarations


S’exprimant par vidéoconférence, M. BENJAMIN MKAPA, Président du Groupe du Secrétaire général pour l’appui aux référendums au Soudan, a rappelé que, tout au long de la semaine qu’aura duré le scrutin référendaire, les membres du Groupe se sont rendus dans les bureaux de vote des huit États concernés, où les personnels associés au Groupe ont surveillé le déroulement du processus.  M. Mkapa a déclaré que le Groupe était « satisfait » du processus qui, jusqu’à présent, s’est déroulé de manière transparente et pacifique, permettant au peuple du Sud-Soudan d’exprimer sa volonté librement.  Les évaluations préliminaires des observateurs internationaux déployés sur le terrain concordent avec cette analyse, a souligné M. Mkapa.  Nous surveillons désormais le dépouillement des votes, a poursuivi le Président du Groupe, qui a expliqué que la transmission des résultats de près de 3 000 centres de référendum aux sous-comités et aux hauts comités d’État, puis à Juba et à Khartoum, était en cours.  Toute erreur ou fraude fera l’objet d’une enquête approfondie, a assuré M. Mkapa.


Il y a moins de trois mois, lorsque le Groupe a entrepris sa première visite au Soudan, il semblait inimaginable d’y organiser un référendum dans des conditions acceptables.  Grâce au travail de la Commission pour le référendum au Sud-Soudan et de son Bureau, ainsi qu’au « courage » et au « leadership » démontrés par le Président soudanais Omar Al-Bachir et par le Premier Vice-Président Salvar Kiir Mayardit, il a été possible de mettre en œuvre un des volets fondamentaux de l’Accord de paix global.  Il est désormais essentiel que les questions postréférendaires les plus urgentes soient résolues, a souligné M. Mkapa.  Le Groupe a exhorté les autorités gouvernementales et la Commission référendaire à tout mettre en œuvre pour que tous les citoyens continuent d’être bien informés des progrès réalisés vers l’établissement des résultats finaux, a ajouté M. Mkapa.  Il a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur l’importance de faire preuve de la plus grande clarté possible sur la question de la citoyenneté, afin de dissiper l’inquiétude des Soudanais du nord et celle de ceux du sud.


M. HAILE MENKERIOS, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan, a déclaré que, conformément à l’Accord de paix global, le référendum au Sud-Soudan avait débuté le 9 janvier et s’était conclu le 15.  La situation est restée calme dans la région, à l’exception d’affrontements mineurs entre l’Armée populaire de libération du Soudan et un groupe rebelle dans l’un des huit États, a-t-il précisé.  Le référendum a fait l’objet d’une surveillance étroite de la part des 22 000 observateurs nationaux accrédités, ainsi que des 600 observateurs internationaux.  Sur la base de ces observations, le Groupe du Secrétaire général pour l’appui aux référendums au Soudan a confirmé que le scrutin s’était déroulé de manière satisfaisante.  La Commission pour le référendum au Sud-Soudan annoncera des résultats préliminaires le 2 février prochain, a indiqué M. Menkerios, et elle proclamera probablement des résultats définitifs le 7 et, en cas d’appels, le 14.


Mais il reste encore beaucoup à faire pendant les six derniers mois de la période intérimaire fixée par l’Accord de paix global, a souligné Haile Menkerios, avant de préciser que des négociations étaient en cours, sous la direction du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, en ce qui concerne les arrangements postréférendaires.  La conclusion réussie du référendum au Sud-Soudan contribuerait à renforcer la confiance entre les deux parties en présence et les aiderait sans doute à faire les compromis nécessaires pour trouver des solutions au futur statut d’Abyei et à d’autres questions en suspens, a relevé le Représentant spécial.


S’agissant du statut d’Abyei précisément, les parties demeurent engagées en faveur de la recherche d’une solution, a assuré M. Menkerios, qui a ajouté que l’incertitude actuelle présentait des risques pour la paix et la stabilité sur le terrain.  Suite à l’intervention de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) auprès des dirigeants politiques, et du renforcement des patrouilles sur le terrain, les parties ont accepté de renforcer la sécurité à Abyei et de désarmer toutes les communautés vivant sur place.  Elles ont aussi accepté d’escorter les personnes déplacées vers des sites sûrs et de garantir la liberté de mouvement des migrants et de leurs bétails dans les zones de pâturages du Sud-Soudan, a ajouté le Représentant spécial.  Cependant, ces efforts ne sauraient constituer un substitut au règlement définitif du statut d’Abyei, a averti M. Menkerios.


Haile Menkerios a ensuite salué l’engagement pris par les deux parties de protéger et respecter les droits des Soudanais du sud vivant dans le nord et ceux des Soudanais du nord dans le sud.  Plus de 1,2 million de Soudanais du sud sont rentrés chez eux depuis la signature de l’Accord de paix global.  C’est un mouvement de retour qui a culminé depuis octobre dernier avec 160 000 personnes, a-t-il fait observer.  Le Représentant spécial s’est également félicité de la signature d’un accord-cadre de cessez-le-feu entre l’Armée populaire de libération du Soudan et le lieutenant général George Athor, accord destiné à renforcer la situation sécuritaire dans le Sud-Soudan.


Les réalisations accomplies par l’Accord de paix global et l’avenir de la gouvernance dans le Nord-Soudan sont également supposés être évalués au travers de consultations populaires dans le Nil Bleu et dans les États du Sud-Kordofan, a indiqué M. Menkerios.  Malheureusement, a expliqué le Représentant spécial, aucun engagement politique suffisant n’a été démontré par les parties pour répondre aux exigences du processus qui doit être conduit dans ces deux États.  Or, ces consultations populaires constituent un des éléments clefs de l’Accord de paix et elles demandent de la clarté et beaucoup d’attention des parties, a-t-il regretté.


En conclusion, le Représentant spécial a estimé que le référendum sur l’autodétermination du Sud-Soudan constituait la plus importante fondation pour la paix et la stabilité futures du Soudan et de la région qui l’entoure.  Dans ce contexte, les parties doivent continuer de démontrer le leadership remarquable et le courage politique dont elles ont fait preuve au cours des semaines écoulées pour guider le Soudan dans la phase de transition délicate de l’après-référendum, a prévenu M. Menkerios.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a qualifié de « moment historique » le référendum au Sud-Soudan.  Elle a félicité le peuple et les dirigeants du Soudan pour la réussite du référendum.  Il ne faut pas sous-estimer ce que signifie ce référendum pour le peuple du Sud-Soudan, a ajouté la représentante des États-Unis, rappelant le niveau et la volonté de participation des électeurs.  Le peuple du Soudan a fait un grand pas en avant pour la pleine mise en œuvre de l’Accord de paix global après 23 ans de conflit, a-t-elle dit. 


La représentante a déclaré que les États-Unis continuaient de demander à toutes les parties de respecter les résultats du référendum.  Il faut se concentrer sur l’avenir prometteur, qui annonce néanmoins des défis, a-t-elle dit.  Mme Rice a plaidé pour une résolution viable du contentieux qui règne concernant la région d’Abyei.  La démarcation de la frontière, la citoyenneté, l’accord sur le partage des richesses, la gestion des ressources naturelles, la gestion des avoirs et de la dette extérieure, ainsi que les dispositions sécuritaires sont des questions tout aussi importantes que les autres, a-t-elle également estimé. 


La représentante des États-Unis a demandé aux parties de faire preuve du même esprit dans les négociations que pendant le référendum lui-même.  Elle a souhaité que les dirigeants soudanais s’engagent sur la voix de la paix et de la prospérité pour tous les Soudanais, ainsi que l’a déclaré le Président des États-Unis, M. Barack Obama.  Ils doivent pour cela collaborer étroitement avec la communauté internationale, a-t-elle préconisé.  Mme Rice a souligné la nécessité de continuer d’œuvrer à prévenir le génocide au Darfour.  Elle a en particulier demandé au Gouvernement du Soudan de cesser les bombardements aériens et de mettre un terme, au plus vite, aux attaques menées contre les civils.  Le processus politique pour un accord de paix au Darfour doit être relancé, et toutes les parties pertinentes doivent revenir à la table des négociations, a conclu la représentante des États-Unis. 


M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni), bien que préoccupé par la situation à Abyei, s’est dit encouragé par le bon déroulement des opérations de vote pendant le référendum.  Il s’est félicité du calendrier établi par la Commission pour l’annonce des résultats du référendum.  Le représentant a déploré les heurts qui ont eu lieu à Abyei.  Ces heurts, a-t-il dit, soulignent la nécessité de parvenir d’urgence à la conclusion d’un accord durable pour Abyei.  Il a ainsi demandé aux parties de faire les concessions nécessaires pour assurer une paix à long terme.


M. Grant a également jugé la situation au Darfour très préoccupante, faisant par exemple état de l’enlèvement de personnels humanitaires de l’ONU.  Ceci montre, a-t-il dit, la situation d’insécurité qui prévaut dans la province.  Il a demandé qu’un accès libre et sans entrave soit accordé aux personnels humanitaires.  Une paix véritable et durable au Darfour exigera un accord complet et inclusif, a-t-il déclaré, demandant aux rebelles de s’associer sans tarder et sans concession à l’Accord de paix global.


M. ALFRED ALEXIS MOUNGARA MOUSSOTSI (Gabon) a estimé que la tenue d’un référendum sur l’avenir du Sud-Soudan depuis le 9 janvier dernier marquait un tournant décisif dans l’histoire du Soudan.  Il s’est déclaré convaincu que la lucidité dont les parties ont fait preuve lors du référendum prévaudra dans le traitement des questions qui restent encore en suspens, qu’il s’agisse de la démarcation des frontières, de la citoyenneté, du partage des ressources, de la gestion des avoirs et des dettes et des dispositions sécuritaires.  Par ailleurs, le succès du référendum ne doit pas occulter la précarité de la situation au Darfour et son impact sur les populations civiles et les travailleurs humanitaires, a prévenu M. Moungara Moussotsi.  Ici aussi, la mobilisation de la communauté internationale est importante, a souligné le représentant, qui a affirmé qu’il fallait maintenir la pression sur toutes les parties et appuyer le processus de paix qui peine à aboutir.  M. Moungara Moussotsi a évoqué les efforts conjugués du médiateur conjoint, Djibril Bassolé, et du Qatar, qui ont permis la mise en place de comités de discussions entre Khartoum et le Mouvement pour la libération et la justice sur des questions comme celle du partage du pouvoir et des richesses et de la sécurité.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a déclaré que son pays avait suivi de près le processus du référendum.  Il a rappelé la participation de 35 Sud-Africains, qui travaillent au sein de la Mission d’observation de l’Union africaine, laquelle comptait 110 membres.  Il a constaté que, du 9 au 15 janvier, à l’occasion du référendum d’autodétermination, les citoyens du Sud-Soudan avaient pu exercer leur droit de vote et déterminer leur avenir.  Il a jugé vital que le climat de paix et de calme qui a caractérisé le processus du référendum soit maintenu dans l’attente des résultats.  Le respect de l’état de droit est essentiel et, à cet égard, tous les aspects du référendum doivent être traités conformément au cadre législatif défini dans l’Acte référendaire, a souligné M. Sangqu.


Le représentant a appelé toutes les parties au Soudan à poursuivre et à maintenir leur étroite coopération, quel que soit le résultat du référendum.  La communauté internationale, pour sa part, devra continuer de se concentrer sur les nombreux défis auxquels est confronté le pays, a-t-il ajouté.  Concernant Abyei, il s’est félicité de l’accord obtenu entre les communautés et qui met un terme aux hostilités et à la violence.  Il a souligné l’urgence et l’importance de la conclusion des négociations politiques sur Abyei.  Au sujet de la situation au Darfour, il s’est dit profondément préoccupé par l’absence de progrès dans les négociations de Doha et a exhorté les parties à redoubler d’efforts en vue de trouver une solution pacifique et globale au conflit du Darfour.


M. JOSE FILIOPE MORAES CABRAL (Portugal) s’est félicité de la conclusion du référendum sur l’autodétermination du Sud-Soudan, qui s’est tenu dans l’ordre et la paix.  Il s’agit, a-t-il dit, d’un événement historique non seulement pour la mise en œuvre de l’Accord de paix global de 2005, mais aussi pour le peuple du Sud-Soudan qui a montré son attachement au processus démocratique.  M. Moraes Cabral a demandé à toutes les parties de respecter les résultats du référendum.  Il s’est également dit encouragé par les engagements pris par les dirigeants soudanais de poursuivre les négociations sur les questions en suspens.


Le représentant du Portugal s’est en outre dit préoccupé par la montée de la violence et de l’insécurité au Darfour, y faisant particulièrement état de l’enlèvement de personnels humanitaires des Nations Unies.  Il a souligné la nécessité d’un règlement politique de la crise.  


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) s’est félicitée du bon déroulement du référendum au Sud-Soudan, notamment du fait que le seuil de 60% de participation ait été atteint et que les parties aient indiqué qu’elles accepteraient les résultats.  Elle a dit que le Brésil espérait que le processus de dépouillement des urnes se déroulerait de manière aussi ordonnée et effective que le processus d’inscription et le vote, et ce, dans un environnement caractérisé par le calme et la transparence.  La représentante a ajouté que les parties auront un rôle clef à jouer pour maintenir le calme et pour s’assurer que le processus politique procédera comme prévu.


Mme Ribeiro Viotti a ensuite indiqué que sa délégation regrettait profondément les heurts qui se sont produits les 7 et 9 janvier à Abyei.  Trouver une solution à la question d’Abyei est essentiel pour garantir une paix durable au Soudan, a-t-elle affirmé.  La représentante a qualifié d’indispensable et impérative la tenue de consultations populaires dans les États du Kordofan du Sud et du Nil bleu.  Elle a par ailleurs engagé toutes les parties soudanaises à coopérer avec l’ONU et condamné dans les termes les plus fermes l’enlèvement de trois membres du Service aérien d’aide humanitaire de l’ONU.


M. WANG MIN (Chine) s’est félicité du déroulement sans heurt du référendum et a salué la contribution des organisations internationales à la tenue de ce scrutin.  Mais ce dernier ne constitue pas en lui-même une fin en soi, a cependant souligné le représentant, qui a rappelé que le référendum fait partie des dispositions de l’Accord de paix global dont la mise en œuvre doit être intégrale.  Il a espéré que des progrès seraient faits sous peu dans le domaine du partage du pouvoir et des richesses, ainsi que dans celui de la sécurité.  La délégation de la Chine appuie un règlement pacifique de la situation au Darfour et de ses causes profondes, dont l’une est l’absence d’un accord politique d’envergure dans la région, a noté M. Wang Min.  C’est la raison pour laquelle la Chine demande au Conseil de sécurité de renforcer les efforts menés afin de promouvoir le processus de paix sur place, a déclaré le représentant.


M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a jugé remarquable que le référendum d’autodétermination au Sud-Soudan se soit déroulé dans la paix et sans violence.  Il a espéré que ce même esprit prévaudra lorsqu’il s’agira de résoudre les questions postréférendum.  Il s’est dit préoccupé par les violences dans la région d’Abyei, et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et leur a demandé de respecter l’accord obtenu grâce à la médiation du Représentant du Secrétaire général.  M. Singh Puri a émis l’espoir de voir toutes les parties s’attacher à résoudre toutes les questions par le biais de la négociation et du dialogue.  S’agissant de la situation au Darfour, il a appelé les acteurs et parties en présence à revenir à la table des négociations afin de parvenir à un accord le plus rapidement possible.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a rappelé la participation intensive de son pays aux préparatifs du référendum au Sud-Soudan, comme en témoignent les échanges téléphoniques entre les Présidents Medvedev et Al-Bachir et la visite effectuée récemment par le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergei Lavrov, au Soudan.  Il est temps désormais d’envisager le règlement des questions encore en suspens au cours de l’ultime phase de la période intérimaire fixée par l’Accord de paix global, a estimé le représentant.  La mise en œuvre de l’Accord est en effet essentielle pour la paix et la stabilité dans toute la sous-région à laquelle appartient le Soudan, a indiqué le représentant de la Fédération de Russie.  Aussi, M. Churkin a-t-il émis le vœu que cette étape permette le lancement d’un programme de relèvement postconflit. 


M.  GÉRARD ARAUD (France) a déclaré que son pays attendait désormais que la Commission référendaire annonce les résultats du référendum sur l’autodétermination du Sud-Soudan et appelle à leur respect par les parties.  Il a estimé que les parties avaient encore beaucoup à faire d’ici à la fin de la période intérimaire prévue par l’Accord de paix global.  Il faut d’abord, a dit le représentant, qu’une solution soit trouvée d’urgence sur le statut de la région d’Abyei et sur la cohabitation des ethnies qui s’y trouvent.  Il a ajouté que les questions postréférendaires encore en suspens devaient également être résolues.  Il a dit que l’avenir de la relation entre le Sud et le Nord dépendait d’une lecture commune du tracé de la frontière, des questions de sécurité, de citoyenneté, et de partage des richesses.  Si ces questions ne sont pas réglées, la mise en œuvre des résultats du référendum en pâtira, a-t-il estimé. 


Le représentant de la France a par ailleurs déclaré que la communauté internationale ne pouvait pas ignorer la dégradation de la situation au Darfour, alors qu’à Khor Abeche, à Shangil Tobaya et à Dar al Salam se poursuit une guerre entre l’armée soudanaise et des groupes rebelles qui cause des morts civiles et des dizaines de milliers de déplacés.  Il s’est dit très inquiet du sort de trois pilotes bulgares kidnappés le 13 janvier dans le Darfour occidental.  Vu l’instabilité actuelle, il ne nous parait pas réaliste de chercher à trouver une solution au conflit au Darfour uniquement à travers la tenue de forums avec la société civile.  C’est un véritable cessez-le-feu, puis un accord de paix durable que nous devons obtenir entre les Forces armées soudanaises et les groupes rebelles, a insisté le représentant de la France, en appelant à l’organisation de véritables négociations de paix entre les belligérants.  Il a dit que le seul cadre de négociations qui existait aujourd’hui était celui des pourparlers de Doha, conduits par le médiateur Djibril Bassolé avec le soutien du Gouvernement du Qatar.  En outre, il a exhorté la MINUAD à redoubler d’efforts pour protéger les civils avant de conclure qu’il ne pourra y avoir de paix sans justice au Darfour.  Il a insisté que les crimes commis ne pouvaient rester impunis et a appelé tous les États à coopérer avec la Cour pénale internationale, conformément à la résolution 1593 du Conseil de sécurité.


M. NAWAF SALAM (Liban), qui s’est félicité du bon déroulement du référendum d’autodétermination au Sud-Soudan, a estimé que l’engagement du Président soudanais, M. Omar Al-Bachir, d’accepter les résultats du référendum constituait une raison d’optimisme et un pas dans la bonne direction après la période du référendum.  Le représentant du Liban a souligné l’importance de traiter de manière diligente et satisfaisante les questions en suspens post-référendaires.  S’agissant de la situation à Abyei, il a lancé un appel aux parties pour qu’elles trouvent par la négociation des solutions à leurs différends.


M. PETER WITTIG (Allemagne) a déclaré que son pays était fier d’avoir participé au succès du processus référendaire au Sud-Soudan par le biais de la mission d’observation de l’Union européenne.  Il a exhorté les parties soudanaises à résoudre leurs différends en toute bonne foi.  Il a estimé que les violences observées durant les premiers jours du référendum à Abyei démontraient la nécessité d’une solution rapide et durable à la question posée par le statut de cette province.  Il a exhorté toutes les parties à l’Accord de paix global de parvenir à un accord sur Abyei, et sur toutes les questions encore en suspens, ainsi que sur celles qui se posent dans le cadre postréférendaire à Abyei, comme celle ayant trait à la citoyenneté, aux droits des Soudanais du nord ou du sud, à la délimitation des frontières, et aux arrangements sécuritaires.  M. Wittig a  suggéré que le Forum consultatif soudanais, présidé par l’ex-Président sud-africain Thabo Mbeki, se réunisse au plus vite pour discuter de ces questions.  Il a déclaré que la communauté internationale devra appuyer le renforcement des capacités institutionnelles du Sud-Soudan sans perdre du vue le développement de la partie Nord du Soudan.   


Le bon déroulement du référendum ne doit pas détourner notre attention de la situation au Darfour où persistent des violences responsables du déplacement de milliers de civils, a par ailleurs prévenu le représentant de l’Allemagne.  Il s’est dit très inquiet du sort de trois pilotes bulgares kidnappés par un groupe armé non identifié le 13 janvier dernier.  Il a insisté sur le fait que tous ceux qui ont commis des crimes doivent être jugés, comme le mentionne la résolution 1593 du Conseil de sécurité.  M. Peter Wittig a exhorté toutes les parties à participer aux pourparlers de Doha, conduits par le médiateur Djibril Bassolé avec le soutien du Gouvernement du Qatar.  Il a rappelé que le mandat clef de la MINUAD était de protéger les civils et de leur garantir un accès humanitaire.  Il a estimé que le référendum au Sud Soudan démontrait ce que le Conseil de sécurité pouvait achever en termes de maintien de la paix et de sécurité internationales.  M. Wittig a néanmoins relevé que de nombreux défis subsistaient sur la route de la paix et de la stabilité au Soudan.     


Mme JOY OGWU (Nigéria) a salué le Président Al-Bachir du Soudan et les autres parties à l’Accord de paix global pour la volonté politique qu’ils ont démontrée dans le cadre de la tenue de ce référendum.  La conclusion réussie de celui-ci ouvre de nouveaux horizons à la mise en œuvre des volets restants, a-t-elle estimé.  Grace à la nomination de M. Mkapa à la tête du Groupe du Secrétaire général pour l’appui aux référendums, l’ONU a su renforcer son rôle au Soudan, a ajouté Mme Ogwu.  Elle a ensuite demandé aux parties de s’abstenir de toute action qui serait susceptible de remettre en cause l’application de l’Accord dans les mois à venir.  Il faut désormais répondre aux questions concernant le statut d’Abyei, la démarcation des frontières, la citoyenneté et le partage des ressources, a souligné la représentante.  Plus que jamais, le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent se montrer solidaires du Sud-Soudan, a-t-elle poursuivi.  Plus que jamais, le Nigéria estime qu’une solidarité politique entre le Nord et le Sud-Soudan est essentielle, a dit Mme Ogwu.  Elle a demandé aux partenaires internationaux de continuer à prêter assistance aux parties à l’avenir.  Condamnant ensuite les violences au Darfour, Mme Ogwu a appelé les parties à adhérer au processus de Doha.


      M.  NÉSTOR OSORIO (Colombie) s’est félicité du fait que le référendum se soit déroulé dans une atmosphère paisible, ainsi que du taux élevé de participation.  Il a souhaité que le dépouillement des urnes et la présentation des résultats se déroulent sans incidents capables de compromettre la conclusion pacifique du processus.  Le représentant de la Colombie a ensuite indiqué que quel que soit le résultat du vote, il était impératif de trouver des solutions durables à toutes les questions qui demeurent encore en suspens.  M. Osorio a notamment engagé toutes les parties à coopérer de manière effective pour trouver des solutions concrètes en vue d’établir un cadre au sein duquel il serait possible de gérer les relations entre le Nord et le Sud après l’expiration de la période intérimaire établie par l’Accord de paix global.  Il a ajouté qu’une attention particulière devait être accordée à la question d’Abyei, relevant notamment qu’il existera un potentiel de confrontation dans cette région tant que des accords concrets sur son statut n’auront pas été conclus.  Le représentant s’est ensuite félicité du « dialogue positif » entre les populations Misseriya et Ngok Dinka.  M. Osorio a par ailleurs estimé que les consultations populaires menées dans les États du Kordofan du Sud et du Nil bleu devaient se dérouler de manière libre et transparente et en temps voulu.


      M. IVAN BARBALIĆ (Bosnie-Herzégovine) s’est dit encouragé par la bonne tenue du référendum sur l’autodétermination du Sud-Soudan et par les assurances obtenues de la part des parties concernant le respect des résultats du référendum.  Le représentant a dit avoir pris bonne note de la décision prise par les parties de reprendre les négociations sur les questions encore en suspens.  M. Barbalić a également souligné l’importance d’une coopération économique entre le nord et le sud du Soudan comme élément crucial de la stabilité´dans la région.  Il a exprimé le plein appui de la Bosnie-Herzégovine au processus de paix que mènent l’Union africaine et les Nations Unies à travers leur Représentant conjoint, Djibrill Bassolé, à Doha.  Il est important, a-t-il dit, que toutes les parties saisissent cette occasion et se joignent sans délai et condition au processus en cours.


M. DAFFA-ALLA ELHAG ALI OSMAN (Soudan) a salué le travail remarquable accompli par MM. Menkerios et Mkapa.  Faisant observer qu’ils avaient reconnu que le référendum s’était déroulé de manière libre et transparente, il a estimé que c’était là la preuve de la sagesse du Gouvernement soudanais et des autres parties à l’Accord de paix global.  Il a également rappelé la décision prise par le Président Omar Al-Bachir d’accepter les résultats du référendum.  Selon le représentant, la décision la plus importante qui pourrait être prise au niveau international serait l’annulation de la dette qui entrave la reprise économique au Soudan.  Revenant sur l’évocation des heurts survenus à Abyei, le représentant a assuré qu’ils avaient eu lieu entre des membres de tribus locales, et non entre les forces soudanaises et l’Armée populaire de libération du Soudan.  Il a lancé un appel au Conseil de sécurité pour que celui-ci aide les deux parties à l’Accord de paix global, à la fois au Sud-Soudan et Nord-Soudan.  S’agissant de la situation au Darfour, le représentant a estimé que les préoccupations exprimées par le Conseil de sécurité ou d’autres acteurs ne reflétaient pas vraiment le niveau d’engagement et les actions initiées jusqu’à présent pour ramener les insurgés à la table des négociations.  « Qu’attend donc la communauté internationale pour faire pression sur les mouvements rebelles », s’est-il demandé en conclusion.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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