La Somalie prépare sa feuille de route pour la fin de la transition, annonce le Représentant spécial du Secrétaire général au Conseil de sécurité
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Conseil de sécurité
6467e séance – matin
LA SOMALIE PRÉPARE SA FEUILLE DE ROUTE POUR LA FIN DE LA TRANSITION, ANNONCE
LE REPRÉSENTANT SPÉCIAL DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU CONSEIL DE SÉCURITÉ
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, M. Augustine P. Mahiga, a fait part, aujourd’hui au Conseil de sécurité, de ses discussions avec les autorités somaliennes sur la feuille de route, non encore finalisée, pour la fin de la transition politique, laquelle met l’accent sur la bonne gouvernance, le renforcement des capacités institutionnelles et la fourniture des services sociaux de base. La fin de la transition est fixée au mois d’août 2011.
Le Président somalien, Sheikh Sharif Sheikh Ahmed, a indiqué le Représentant spécial, a jugé important que le Somaliland, le Puntland, les autres zones stables du pays et la diaspora participent dûment au processus de rédaction de la constitution qui est à sa phase de « consultation publique ».
Présent aujourd’hui, le Premier Ministre somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed, a notamment souligné les efforts du pays pour renforcer la sécurité et promouvoir la réconciliation, le processus constitutionnel et l’assistance humanitaire. « Nous aurons rapidement un gouvernement stable en mesure de satisfaire les besoins de nos populations ».
LA SITUATION EN SOMALIE
Rapport du Secrétaire général sur la Somalie (S/2010/675)
Dans ce rapport, le Secrétaire général évoque notamment les principaux faits nouveaux intervenus en Somalie depuis son rapport du 9 septembre 2010 (S/2010/447) sur ce pays. Il propose également dans ce document une évaluation de la situation sur les plans politique, de la sécurité, des droits de l’homme et humanitaire, et il y évoque la lutte menée contre la piraterie.
Au plan politique, le Secrétaire général se félicite de la nomination, le 14 octobre 2010 par le Président Sheikh Sharif Sheikh Ahmad, de M. Mohamed Abdullahi Mohamed au poste de Premier Ministre, et de la formation du nouveau Gouvernement. Ban Ki-moon invite également les institutions fédérales de transition à s’attacher à mener à bien la rédaction de la constitution, « avec la participation de tous », et à atteindre les objectifs fixés pour la transition politique, qui doit prendre fin en août 2011. M. Ban engage le Gouvernement fédéral de transition à intensifier ses efforts en vue de convaincre d’autres groupes d’opposition de déposer les armes et d’œuvrer à la paix.
Concernant la situation sur le plan de la sécurité, le Secrétaire général indique que, ces dernières semaines, « en dépit d’attaques répétées des forces insurrectionnelles », le Gouvernement fédéral de transition et les forces de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) ont gagné du terrain à Mogadiscio. Il reconnaît cependant que la situation dans le sud et le centre du pays est restée fragile pendant la période considérée, provoquant notamment l’arrêt de la plupart des activités humanitaires dans le sud, tandis qu’à Mogadiscio, les opérations humanitaires sont restées limitées aux activités essentielles menées pour sauver des vies. Le Secrétaire général estime en outre que, malgré les mesures de sécurité prises par les autorités du Puntland, il semble que le groupe Al-Shabaab et d’autres groupes insurrectionnels soient actifs dans la région. « Au Somaliland, la situation sur le plan de la sécurité s’est améliorée », ajoute-t-il.
S’agissant du fonctionnement de l’AMISOM, le Secrétaire général accueille avec satisfaction la décision prise par le Conseil de sécurité, le 22 décembre, d’en porter les effectifs de 8 000 à 12 000 hommes, ainsi que l’ont demandé l’Union africaine (UA) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). « Je demande que l’on envisage de renforcer le dispositif d’appui à l’AMISOM de sorte qu’il corresponde à celui qui est généralement fourni aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies », indique d’autre part M. Ban dans ses observations.
Pour ce qui est de la piraterie, le Secrétaire général rappelle que le 23 novembre, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 1950 dans laquelle il a reconduit, pour une période de 12 mois l’autorisation donnée aux États et aux organisations régionales qui coopèrent avec le Gouvernement fédéral de transition de lutter contre la piraterie au large des côtes somaliennes. Il dit attendre avec intérêt les recommandations que lui soumettra son Conseiller spécial pour les questions juridiques liées à ce problème, M. Jack Lang, qui fera un exposé aux membres du Conseil le 25 janvier prochain.
Par ailleurs, Ban Ki-moon note que la situation humanitaire en Somalie a connu une amélioration grâce à deux bonnes saisons de pluie et à des récoltes exceptionnelles. Il ajoute toutefois que la reprise de la sécheresse et du conflit à partir d’août 2010 maintient dans la dépendance à l’assistance internationale près de 2 millions de Somaliens. Il souligne que près de 90% des enfants souffrant de malnutrition se trouvent dans les régions du centre et du sud, où l’aide humanitaire a le plus de difficultés à être acheminée, et que le nombre des civils déplacés par le conflit a augmenté, ainsi que celui des blessés. « Plus de 44 000 personnes ont été déplacées au cours du troisième trimestre de 2010, et 65 000 autres l’ont été au cours du dernier trimestre », relève-t-il.
Le Secrétaire général exhorte en outre toutes les parties au conflit à respecter les principes humanitaires et à permettre l’acheminement d’une assistance aux populations qui en ont cruellement besoin. Il invite dans ce contexte la communauté internationale à continuer d’apporter une aide qui est vitale pour le peuple somalien.
En conclusion, M. Ban Ki-moon, qui réaffirme sa volonté d’assurer au mieux la coordination des actions menées par les organismes des Nations Unies en Somalie, annonce qu’il envisage d’élaborer des propositions pour la mise en place d’une présence intégrée de l’ONU dans le pays. Il précise qu’il soumettra ces propositions à l’examen du Conseil de sécurité dans les prochains mois.
Exposés
Présentant le rapport de Ban Ki-moon, AUGUSTINE P. MAHIGA, Représentant spécial du Secrétaire général en Somalie, a considéré que la stabilisation de la situation à Mogadiscio était la clef pour permettre aux forces gouvernementales et à la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) « d’élargir leur espace politique au-delà de la capitale ».
Il a indiqué que, le 4 janvier, le Président somalien avait réaffirmé son engagement à finaliser le processus de transition dans le cadre de l’Accord de Djibouti. « Le Président reconnaît la nécessité que soit mis fin à la transition et de s’engager dans des discussions ouvertes et inclusives avec l’ensemble des parties prenantes au sein des mécanismes pertinents », a-t-il également noté.
Il a annoncé que ces discussions se concentreraient au cours des prochains mois sur les accords politiques devant prévaloir après août 2011, date à laquelle doit s’achever la période de transition.
M. Mahiga a souligné que ramener le calme à Mogadiscio permettrait au nouveau Gouvernement fédéral de transition de fournir des services de base à tous les Somaliens, et d’intégrer tous les groupes d’insurgés au processus de paix. Il a indiqué que le Gouvernement, confronté à une montée de violence dans les zones qu’il contrôle et les autres parties du territoire, comptait sur l’appui des Nations Unies et de la communauté internationale pour que soit assurée dans ce contexte la fourniture des services sociaux de base sur l’ensemble du territoire.
L’ONU accroît ses efforts pour développer un soutien cohérent et intégré aux institutions somaliennes, a-t-il noté, ajoutant qu’il reste essentiel que les conditions de travail du personnel des Nations Unies dans le pays soient « revues et améliorées » afin de les rendre plus attractives. « Je vais porter cette question auprès des organes de l’ONU concernés, et j’aimerais pouvoir compter sur l’appui du Conseil de sécurité à cet égard », a-t-il fait savoir.
Augustine P. Mahiga s’est ensuite félicité de l’adoption de la résolution 1964 du Conseil de sécurité le 22 décembre 2010, qui a approuvé la prorogation du mandat de l’AMISOM jusqu’au 31 septembre 2011. Le renforcement des troupes de la Mission devrait contribuer à la reprise du contrôle de la capitale, et nous travaillons aux côtés du Bureau d’appui de l’ONU pour garantir le déploiement rapide et effectif des 4 000 Casques bleus supplémentaires prévu par la résolution, a-t-il expliqué.
Après avoir demandé aux États Membres de financer, comme ils s’y sont engagés, les travaux de la Mission par le biais du Fonds d’affectation spéciale, il a prévenu que seule une AMISOM forte pourrait répondre aux besoins en matière de protection des civils dans les zones touchées par le conflit.
Le Représentant spécial a de plus souligné que le Gouvernement fédéral de transition avait besoin de l’aide internationale pour progresser dans la formation des militaires et policiers appelés à former l’armée régulière somalienne et les services de sécurité nationale.
« Je demande à la communauté internationale de soutenir les efforts de réintégration des déserteurs qui contribueront à affaiblir les insurgés », a-t-il aussi dit.
M. Mahiga s’est ensuite penché sur les conséquences de la sécheresse qui s’est intensifiée en août dernier, aggravant ainsi la situation humanitaire des deux millions de Somaliens qui continuent de dépendre de l’aide internationale. Les réserves d’eau diminuent, le bétail est décimé et les déplacements internes augmentent », a-t-il constaté. Le Représentant spécial a indiqué que pour répondre au problème, « en axant l’effort sur l’assainissement, la nutrition et la santé », l’Équipe de pays de l’ONU en Somalie avait alloué 4,5 millions de dollars tirés du Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF).
« Quinze autres millions de dollars seront alloués via le CERF », a-t-il poursuivi, en notant que le Programme alimentaire mondial (PAM) faisait face à un déficit de 40 millions de dollars pour mener à bien ses activités dans le pays.
Enfin, évoquant brièvement la lutte contre la piraterie, M. Mahiga a attiré l’attention sur le fait que le Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie qu’il dirige a besoin de capacités additionnelles s’il veut jouer un rôle significatif dans ce domaine. « Nous devons privilégier une approche globale basée sur les trois piliers que sont la dissuasion, la poursuite en justice et la lutte contre les causes profondes du phénomène », a-t-il plaidé.
Dans son rapport, Ban Ki-moon dit attendre avec intérêt les recommandations que lui soumettra son Conseiller spécial pour les questions juridiques liées à ce problème, M. Jack Lang, qui fera un exposé aux membres du Conseil le 25 janvier prochain.
Prenant ensuite la parole pour défendre le bilan des 50 premiers jours de son gouvernement, le Premier Ministre somalien, M. MOHAMED ABDULLAHI MOHAMED, a notamment souligné les efforts du pays pour renforcer la sécurité et promouvoir la réconciliation, le processus constitutionnel et l’assistance humanitaire. « Nous aurons rapidement un gouvernement stable en mesure de satisfaire les besoins de nos populations. »
« Soixante-dix pour cent de la ville de Mogadiscio est maintenant sous notre contrôle, et 80% de la population a voté dans les zones contrôlées par le Gouvernement », a-t-il encore dit. Il a précisé qu’un nombre croissant de combattants d’Al-Shabaab déposaient les armes.
Mohamed Abdullahi Mohamed a par ailleurs estimé que les 4 000 hommes supplémentaires accordés à l’AMISON auront un impact déterminant sur l’efficacité de la Mission, alors que la Somalie attend le retour prochain de 940 soldats somaliens formés par l’Union européenne en Ouganda. « Le meilleur moyen d’éviter des victimes civiles est de chasser Al-Shabaab de Mogadiscio », a-t-il insisté, avant de souligner les efforts de son gouvernement en matière de bonne gouvernance.
Il a cité à ce propos le décaissement « ouvert et transparent » des soldes des militaires, la mise en place d’un comité conjoint avec l’AMISOM pour établir et maintenir les protocoles en place, ainsi que la création d’une Commission anticorruption.
« Signe d’un retour à la stabilité, le port de Mogadiscio vient de réaliser une recette mensuelle de deux millions de dollars, qui représente la recette la plus élevée depuis 20 ans », a-t-il en outre clamé.
Par ailleurs, M. Mohamed Abdullahi Mohamed a remercié les Émirats arabes unis pour leur don de 149 tonnes de produits alimentaires, « alors que la sécheresse pèse sur les capacités de production agricole du pays ». « Nous démontrerons clairement d’ici au mois d’août que nous sommes un gouvernement légitime et efficace et que nous avons un programme transparent et cohérent pour l’avenir », a-t-il fait valoir.
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