Conférence de presse de M. Luis Moreno Ocampo, Procureur de la Cour pénale internationale (CPI)
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. LUIS MORENO OCAMPO, PROCUREUR DE LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE (CPI)
Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé, cet après-midi, au cours d’une conférence de presse au Siège de l’ONU à New York, l’arrestation de M. Callixte Mbarushimana, l’un des principaux dirigeants du groupe armé rwandais Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), dernier mouvement qui regroupe encore les auteurs du génocide rwandais perpétré en 1994, et dont les activités dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) sont à l’origine de crimes graves.
M. Luis Moreno Ocampo s’est félicité de ce que la France ait permis le transfèrement de M. Mbarushimana, après les deux pourvois déposés par ses avocats devant la Cour de cassation de Paris. Des années durant, le Secrétaire exécutif des FDLR a participé à distance au plan criminel du groupe, tandis que des troupes des FDLR continuaient à semer la terreur dans l’est de la RDC, commettant des meurtres, des tortures et des viols à grande échelle.
Mbarushimana serait pénalement responsable de cinq chefs de crimes contre l’humanité -meurtres, tortures, viols, actes inhumains et persécutions– et de six chefs de crimes de guerre - attaques contre la population civile, destructions de biens, meurtres, tortures, viols et traitements inhumains. Il a établi une analogie entre la responsabilité de M. Mbarushimana et celle d’Adolf Eichmann, autorité nazie qui fut responsable de la planification de l’extermination des Juifs d’Europe.
« Depuis la création de la Cour, les dirigeants et les commandants qui planifient ou orchestrent des crimes à grande échelle contre la population civile ne doivent plus échapper à la justice », a martelé M. Moreno Ocampo, qui a indiqué qu’il enquêtait également sur les dirigeants des FDLR menant des opérations sur le terrain.
« Aujourd’hui, M. Mbarushimana doit rendre des comptes devant la justice pour son rôle présumé dans ces crimes », a déclaré le Procureur. « Les filles et les femmes ont payé le plus lourd tribut à la vague de violences sexuelles odieuses qui a meurtri les provinces du Kivu pendant près d’une génération », a-t-il rappelé.
S’il est trop tard pour nombre d’entre elles, les poursuites engagées contre des dirigeants des FDLR offrent la possibilité de démobiliser ce groupe armé et contribueront à rendre justice aux victimes, favoriser le retour de la paix dans la région et redonner espoir à la population, a assuré le Procureur.
L’été dernier, depuis ses quartiers parisiens, Callixte Mbarushimana avait continué de contester les rapports de l’ONU qui dénonçaient l’implication des FDLR dans les nombreux viols, cette fois-ci contre des centaines de femmes sur le territoire de Walikale, en contredisant publiquement le Secrétaire général de l’ONU, a rappelé M. Moreno Ocampo.
« Nous n’allons pas abandonner les centaines de victimes qui ont atrocement souffert de ces attaques. Nous enquêtons à propos des viols commis à Walikale et nous envisageons la possibilité de les ajouter aux accusations portées contre M. Mbarushimana. »
Questionné sur la situation en Côte d’Ivoire, M. Ocampo a confirmé que son Bureau était actuellement entré dans une phase préliminaire d’examen des faits qui se sont produits dans le pays, sur la base des informations présentées par les camps de MM. Ouattara et Gbagbo, ainsi que par Human Rights Watch, qui prépare un rapport complet sur les crimes commis dans le pays depuis la crise postélectorale.
« Nous essayons de collecter le plus d’informations possible, et de la manière la plus impartiale, afin de déterminer ce que la Cour devrait faire »,
a-t-il résumé.
S’il se trouve que des crimes graves relevant de la compétence du Procureur ont été commis, j’ouvrirai une enquête, a assuré le Procureur. Il a précisé que si des violences avaient été provoquées par les discours de M. Charles Blé Goudé par exemple, celui-ci pourrait faire l’objet de poursuites. M. Ocampo a par ailleurs rappelé qu’attaquer des Casques bleus constituait un crime de guerre et qu’un tel acte relevait de la juridiction de la CPI. Enfin, il a fait état d’allégations selon lesquelles des escadrons de la mort opéreraient en Côte d’Ivoire.
Répondant aux journalistes, M. Ocampo a écarté toute motivation personnelle dans son travail de Procureur. Interrogé sur ses « sentiments » vis-à-vis des affaires sur lesquelles il avait ouvert des enquêtes, il a précisé: « J’aime l’idée de servir les victimes et je pense que c’est un privilège d’exercer le mandat qui est le mien. C’est le seul sentiment que j’ai, celui d’être privilégié. »
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