Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix ouvre sa session de fond
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Comité spécial des opérations
de maintien de la paix
Session de fond de 2011
217e et 218 e séances – matin et après-midi
LE COMITÉ SPÉCIAL DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX OUVRE SA SESSION DE FOND
M. Alain Le Roy présente les progrès réalisés
dans les quatre dimensions de l’initiative « Nouvel Horizon »
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Alain Le Roy, a souligné, ce matin, lors de l’ouverture de la session de fond du Comité spécial des opérations de maintien de la paix –ou Comité des 34-, que le maintien de la paix des Nations Unies représentait un « partenariat global unique » réunissant l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Secrétariat.
M. Le Roy a espéré que 2011 verrait des progrès permettant de doter le personnel des opérations de maintien de la paix des structures politiques et opérationnelles, des ressources et des directives nécessaires pour assurer une mise en œuvre efficace des tâches qui lui ont été confiées.
Présentant le rapport du Secrétaire général sur l’application des recommandations du Comité spécial*, M. Le Roy a énuméré les progrès enregistrés au cours de l’année écoulée pour clarifier et réaliser les principales tâches des Nations Unies en matière de maintien de la paix, de renforcement des capacités, de mesures d’appui aux missions et d’amélioration des mécanismes de planification, de gestion et de supervision des missions, les quatre dimensions de l’initiative « Nouvel Horizon », lancée en juillet 2009.
La Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, Mme Susana Malcorra, a rappelé, de son côté, les objectifs de la Stratégie globale d’appui aux missions, lancée en 2010 pour répondre à des défis logistiques et administratifs rencontrés par l'ONU. Elle repose sur quatre piliers, a-t-elle dit, citant la modification des mécanismes de financement des missions, la création d’un centre mondial et de centres régionaux de services, la création de modules de déploiement et le renforcement des capacités d’intervention.
Auparavant, le Président de l’Assemblée générale, M. Joseph Deiss, avait appelé à adapter le processus du maintien de la paix aux nouveaux contextes et aux nouveaux défis. « Mais, aujourd’hui, plus qu’hier, il nous faut également tirer le meilleur parti des ressources à notre disposition », a-t-il aussi souligné. M. Deiss a invité le Comité spécial des opérations de maintien de la paix à poursuivre ses efforts en matière de protection des civils qui, a-t-il dit, est une « question prioritaire ».
La Présidente du Comité des 34, Mme Joy Ogwu, a estimé que, dans un contexte de ressources limitées, il serait « sage » d’investir dans la prévention des conflits.
Lors du débat qui a suivi, de nombreuses délégations ont rendu hommage aux 164 personnes tombées dans l’exercice de leur mission en 2010, qui fut l’une des années les plus tragiques pour le maintien de la paix des Nations Unies en termes de pertes civiles et militaires.
Plusieurs pays ont observé que la réussite d’une opération de maintien de la paix dépendait d’un mandat clair, crédible et réalisable. De nombreuses délégations, comme celles de la Hongrie, au nom de l’Union européenne, des États-Unis ou du Pakistan, ont insisté sur le volet de la protection des civils des opérations de maintien de la paix. Le Canada, qui s’exprimait également au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), s’est félicité des progrès réalisés au cours de l’année écoulée par les États Membres en faveur d’une approche commune dans ce domaine.
Certains pays, comme la Turquie, ont insisté sur l’importance des partenariats entre les Nations Unies et les organisations régionales ou sous-régionales pour le renforcement des capacités des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix.
Le Mouvement des pays non alignés, le Groupe de Rio et l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), représentés respectivement par le Maroc, le Chili et la Thaïlande, ont mis l’accent sur la nécessité de respecter les principes du maintien de la paix des Nations Unies, à savoir le consentement des parties, le non-recours à la force -à l’exception de la légitime défense- et l’impartialité.
En début de séance, le Comité avait élu par acclamation Mme Joy Ogwu (Nigéria) à sa présidence et M. Mohamed Sarwat Selim (Égypte) au poste de Rapporteur. Avaient été élus Vice-Présidents, Mme Asako Okay (Japon) et MM. Diego Limeres (Argentine), Gilles Rivard (Canada) et Zbigniew Szlek (Pologne). Le Comité a, de même, établi un Groupe de travail plénier, chargé d’examiner le fond du mandat confié au Comité spécial par l’Assemblée générale, et que préside M. Rivard.
Dans le cadre de cette session, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix est aussi saisi des rapports du Secrétaire général sur l’appui aux opérations de maintien de la paix de l’Union africaine autorisées par l’ONU**, sur l’état d’avancement de la stratégie globale d’appui aux missions***, sur la mise en service des équipes opérationnelles intégrées**** et sur la poursuite d’infractions commises contre des soldats de la paix sur le terrain*****.
Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, ou « Comité des 34 », a été établi en 1965 par la résolution 2006 (XIX) de l’Assemblée générale pour entreprendre une étude d´ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Les États Membres qui font partie du Comité spécial sont au nombre de 147, pour la plupart des anciens ou actuels contributeurs en personnel aux opérations de maintien de la paix.
Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix poursuivra son débat général demain, mercredi 23 février, à partir de 10 heures.
* A/65/680 et A/65/680/Add.1,
*** A/65/643
**** A/65/669
*****A/65/700
Débat général
M. JOSEPH DEISS, Président de l’Assemblée générale, a estimé que les travaux du Comité spécial des opérations de maintien de la paix portent sur l’essentiel des problèmes auxquels les Nations Unies sont amenées à se focaliser tels que la contribution à l’instauration de la paix dans le monde. Le maintien de la paix est une emblématique active de l’ONU, dont le rôle est de rétablir la paix dans un pays en conflit et de sauver la vie de nombreux enfants et femmes dans divers pays, a-t-il déclaré, ajoutant que ce travail ne peut être fait et réussi sans les efforts fournis par les personnels militaire et de police qui sont déployés sur le terrain. Le prix Nobel de la paix, décerné à l’ONU pour le maintien de la paix il y a quelques années, a rappelé M. Deiss, a récompensé à juste titre leurs efforts. « Il est important que tous les États Membres de l’ONU participent à toutes les questions afférentes au maintien de la paix, afin de donner plus de légitimité à ce qui est fait au sein des Nations Unies », a ensuite souligné le Président de l’Assemblée générale.
M. Deiss a d’autre part appelé à adapter le processus de maintien de la paix aux nouveaux contextes et aux nouveaux défis, rappelant à ce propos que le rapport Brahimi avait déjà mis en exergue cette nécessité. « Mais, aujourd’hui, plus qu’hier, il nous faut également tirer le meilleur parti des ressources à notre disposition », a-t-il aussi souligné, expliquant notamment les difficultés financières auxquelles font face actuellement les États en raison de la crise financière mondiale. Beaucoup a été accompli au fil des ans, mais il reste encore énormément à faire dans plusieurs domaines, a aussi indiqué le Président, en invitant ainsi le Comité spécial des opérations de maintien de la paix à poursuivre ses efforts en matière de protection des civils « qui, a-t-il dit, est une question prioritaire ». Le maintien de la paix doit être aussi replacé dans le contexte du développement de la paix à long terne, a-t-il par ailleurs ajouté, en insistant sur l’insertion du processus de maintien de la paix dans le cadre général de la consolidation de la paix.
Mme JOY OGWU (Nigeria), Présidente du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, a averti, dans ses brèves remarques, que le paradigme des opérations de maintien de la paix est en train de changer. Aussi, a-t-elle insisté sur la nécessité de faire le point sur la conduite de processus de maintien de la paix aujourd’hui, avec pour objectifs de tirer les enseignements utiles devant permettre de « rendre plus efficaces nos opérations ». « Nous nous réunissons à un moment où notre action collective est mise à rude épreuve, où elle est confrontée à des défis nouveaux et doit faire face à des causes de conflits de plus en complexes et diversifiés », a souligné la Présidente du Comité spécial des opérations de maintien de la paix. Elle a ensuite appelé les États Membres à s’intéresser aux cas des sociétés où il n’existe pas de socle social, et à les aider pour que les jeunes ne se livrent pas à la violence » qui risque de déstabiliser les États.
La Présidente a indiqué par ailleurs que les troupes du maintien de la paix qui se doivent d’être mobiles sur le terrain se voient confrontées malheureusement à un manque d’hélicoptères pour s’acquitter pleinement de leur mission. Elle a de ce fait appelé les pays fournisseurs à poursuivre leur coopération avec l’ONU en cette matière. Le maintien de la paix est une composante dans une architecture plus étendue de la sécurité dans des pays touchés par les conflits, a aussi indiqué Mme Ogwu, qui a estimé que les soldats de la paix devront, à l’avenir, jouer aussi un rôle « de consolidateurs de la paix ». À l’heure actuelle, l’ONU doit faire plus avec moins de ressources, et dans ces circonstances, il serait « sage » d’investir dans la prévention des conflits, a conclu Mme Ogwu, avant de se féliciter du fait que le Comité spécial ait accueilli deux nouveaux membres en son sein, ce qui porte à 147 le nombre total de ceux-ci.
M. ALAIN LE ROY, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, s’est félicité que le Comité des opérations de maintien de la paix comprenne désormais 147 membres. Le maintien de la paix des Nations Unies représente, a-t-il dit, un partenariat global unique, qui réunit l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Secrétariat dans un effort conjoint de maintenir la paix et la sécurité dans le monde. Les opérations de maintien de la paix font face à de nombreuses épreuves dans le monde entier, a-t-il déclaré. Il convient de faire de 2011, a-t-il dit, l’année « où nous commençons collectivement à démontrer l’impact opérationnel des efforts du Comité spécial des opérations de maintien de la paix concernant l’élaboration des politiques et la réforme du maintien de la paix dans les missions clefs sur le terrain ».
La dernière décennie, a expliqué M. Le Roy, a été marquée par une montée exponentielle du nombre et de la taille des opérations de maintien de la paix. Il a constaté une consolidation de cette tendance, même si les demandes d’effectifs de police continuent de croître. Avec le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, il convient de chercher à comprendre les défis qui ont surgi, à en tirer les enseignements et à préparer le maintien de la paix pour l’avenir. Il a attiré l’attention du Comité sur le fait que si la croissance des opérations de maintien de la paix des Nations Unies semblait se ralentir, leur complexité demeurait en revanche incroyablement élevée.
Le Secrétaire général adjoint a ainsi évoqué brièvement les défis auxquels sont confrontées certaines des missions les plus difficiles des Nations Unies, comme au Darfour, en République démocratique du Congo (RDC), en Haïti après le tremblement de terre, en Côte d’Ivoire, au Sud-Soudan, au Tchad, au Timor-Leste, au Libéria, au Liban ou en Afghanistan.
M. Le Roy a indiqué que le rapport du Secrétaire général sur l’application des recommandations du Comité des opérations de maintien de la paix présentait les progrès enregistrés au cours de l’année passée dans la clarification et la réalisation des principales tâches des Nations Unies en matière de maintien de la paix, de renforcement des capacités, de dispositions d’appui aux missions et d’amélioration des mécanismes de planification, de gestion et de supervision des missions, les quatre dimensions de l’initiative « Nouvel Horizon ». Il a espéré que 2011 permettra des progrès en vue de doter le personnel des opérations de maintien de la paix des structures politiques et opérationnelles, des ressources et des directives nécessaires pour assurer une mise en œuvre efficace des tâches qui lui ont été mandatées.
M. Le Roy a souligné qu’il accordait une haute priorité à la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. L’année 2011, a-t-il dit, sera l’occasion de tirer les leçons d’une analyse publiée au début du mois sur les 10 ans d’application de la résolution. Les missions de maintien de la paix, a-t-il ajouté, ont eu un impact important sur les réformes institutionnelles liées à l’égalité entre les sexes et à l’autonomisation des femmes, à l’accroissement de leur participation électorale et de leur représentation. Il a mis l’accent sur la nécessité d’aller plus en détail et d’appuyer plus avant l’autonomie des femmes au cours des 10 prochaines années.
Le Secrétaire général adjoint a en outre annoncé que le Département des opérations de la paix et le Département de l’appui aux missions avaient continué à travailler ensemble de façon transparente, précisant notamment que les équipes opérationnelles intégrées gérées par le Bureau des opérations du DOMP constituaient désormais le mécanisme principal fournissant des orientations stratégiques et opérationnelles intégrées aux missions. Il a de même fait état du Groupe directeur pour une action intégrée qu’il préside, ainsi que du lancement d’une évaluation complète du commandement et du contrôle dans le maintien de la paix en vue de faire les améliorations nécessaires.
S’agissant de la question essentielle des capacités, M. Le Roy s’est félicité de l’engagement actif des États Membres au cours de la première année de la stratégie globale de développement. Cet effort, a-t-il dit, vise à une mise en œuvre efficace des mandats en comblant les lacunes critiques dans les domaines des ressources matérielles, militaires et civiles pour que les soldats de la paix puissent être bien formés et préparés. Le Secrétaire général adjoint a néanmoins mis l’accent sur le manque d’unités d’hélicoptères dans certaines opérations, comme la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS), l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) ou la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).
M. Le Roy a souligné que le Secrétariat avait identifié une initiative pilote en trois points destinée aux composantes militaires, permettant de tester une méthodologie d’élaboration de normes opérationnelles de base en collaboration avec les contributeurs aux opérations de maintien de la paix. Lancée en 2010, l’initiative pilote est axée au départ sur les tâches opérationnelles et les besoins en capacités des bataillons d’infanterie, des officiers d’état-major, et du service d’appui médical militaire.
En matière de protection des civils, la mise en œuvre des mandats continue d’être l’une des tâches opérationnelles les plus ardues pour le maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il affirmé. Il a expliqué que le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions avaient élaboré en 2010 un concept opérationnel touchant la protection des civils dans le cadre des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
Ils s’attachent actuellement à quatre éléments essentiels à l’exécution des mandats de protection des civils: l’élaboration d’un projet de cadre stratégique destiné à guider le développement des stratégies de protection des civils; l’amélioration du prédéploiement et de la formation en cours de mission; un descriptif des exigences en terme de ressources et de capacités nécessaires pour l’exécution des mandats de protection des civils; et un examen des processus de planification.
Enfin, s’agissant des moyens de renforcer l’efficacité opérationnelle des missions de maintien de la paix, M. Le Roy a rappelé que l’an dernier, le Comité avait souligné la nécessité d’intensifier le dialogue entre les États Membres et le Secrétariat, notamment en réfléchissant aux mesures à prendre pour donner aux missions la possibilité de se prémunir contre les menaces susceptibles de peser sur l’exécution des mandats, la sûreté et la sécurité du personnel de maintien de la paix et les processus de paix en cours. Depuis lors, le dialogue sur les aspects militaires, notamment la dissuasion, la préparation pour le combat et l’usage de la force, s’est renforcé, et ce, par le biais de trois conférences régionales.
Mme SUSANA MALCORRA, Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, a d’abord présenté l’implication récente de son Département dans le fonctionnement de diverses missions actuellement menées par l’ONU. Elle a ainsi souligné qu’il avait été difficile pour son Département de fournir du matériel au personnel technique déployé dans le cadre de l’organisation des référendums au Soudan. Le Département a tiré des enseignements de la tenue du scrutin du 9 janvier dernier au Sud-Soudan, a-t-elle dit. En Côte d’Ivoire, le Département a été amené à fournir des rations alimentaires et du matériel aux contingents en pleine crise électorale. En Haïti, il a participé à la reconstruction et aidé dans le cadre du processus électoral en cours.
Le Département continue d’apporter son soutien à l’Union africaine et aux pays fournisseurs d’effectifs en leur offrant les moyens nécessaires à leur déploiement, a assuré Mme Malcorra. Le maintien de la paix, a-t-elle insisté, est le fruit d’un partenariat mondial « qui exige une attention de tous en tout temps ». Pour réussir cette entreprise, il faut l’implication de nombreux acteurs dans un contexte où les défis sont nombreux et où les États doivent faire face à une crise financière grave, a-t-elle reconnu. C’est d’ailleurs en raison de cette situation et à la demande de l’Assemblée générale de l’ONU que le Département a demandé aux missions de réduire de 90 millions leur budget. « Il nous faut faire plus avec moins de moyens », a-t-elle dit, en saluant les efforts entrepris en ce sens par les missions.
Mme Malcorra a par ailleurs rappelé que la Stratégie globale d’appui aux missions avait pour objectif de réorganiser en profondeur la manière dont les services d’appui sont assurés aux missions sur le terrain. Cette stratégie repose sur quatre piliers: la modification des mécanismes de financement des missions; la création d’un centre mondial et de centres régionaux de services; la création de modules de déploiement; et le renforcement des capacités d’intervention, une démarche délibérée visant à s’attacher des capacités civiles externes et à renforcer les capacités civiles internes.
Ces derniers mois, a déclaré Mme Malcorra, le Département a travaillé au réaménagement des centres d’Entebbe en Ouganda, et de celui d’Italie. Le Département a pu tirer avantage de l’utilisation du Centre régional de services d’Entebbe dans le cadre de l’appui à l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire et dans le cadre du démantèlement de la MINURCAT, a-t-elle indiqué. Mme Malcorra a plaidé pour une amélioration des processus de recrutement des personnels de son Département en vue de disposer d’un effectif hautement qualifié, « très utile pour venir en aide aux Missions sur le terrain ». Le processus de maintien de la paix est un partenariat entre tous les États et le succès de la Stratégie globale d’appui aux missions exige leur participation, a-elle souligné, ajoutant que ce succès contribuera à l’amélioration de la situation économique du pays hôte de la mission et au succès des futures missions. « Mon Département est prêt à intégrer toute démarche en vue de renforcer la Stratégie globale d’appui aux missions et à examiner le processus de remboursement des fournisseurs de contingents », a conclu Mme Malcorra.
M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc), qui s’exprimait au nom du Mouvement des pays non alignés, a affirmé que le maintien de la paix des Nations Unies se trouvait à une croisée des chemins. L’échelle et la complexité des opérations de maintien de la paix ont atteint des niveaux qui posent de graves défis, a-t-il dit. Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de respecter les principes du maintien de la paix des Nations Unies, à savoir le consentement des parties, le non-recours à la force -à l’exception de la légitime défense- et l’impartialité. Les pays non alignés défendent également les principes de l’égalité souveraine, de l’indépendance politique, de l’intégrité territoriale de tous les États et de la non-intervention dans les domaines qui relèvent essentiellement de leur juridiction nationale.
Le représentant a plaidé en faveur du renforcement d’un partenariat efficace entre l’ONU et l’Union africaine en vue d’améliorer la planification, le déploiement et la gestion des opérations de maintien de la paix en Afrique. Il a estimé également que les opérations de maintien de la paix devraient bénéficier dès le départ d’un appui politique et des ressources humaines, financières et logistiques nécessaires, ainsi que de mandats clairement définis et réalisables et de stratégies de sortie. Ceci suppose, a-t-il dit, que le Département des opérations de maintien de la paix ne doit pas se substituer aux moyens de règlement des conflits.
M. Loulichki a par ailleurs insisté sur la dynamique des interactions entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix, lesquels, a-t-il assuré, ne doivent pas être appréhendés séparément. Il a en particulier affirmé que l’appropriation nationale était essentielle au succès des activités précoces de consolidation de la paix dans un contexte de maintien de la paix. Il a en outre estimé que tous les pays développés, notamment les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, devraient partager le fardeau du maintien de la paix et engager leurs troupes sur le terrain sous le commandement et le contrôle des Nations Unies.
Le représentant a indiqué que le Mouvement des pays non alignés accordait une grande importance à la Stratégie globale d’appui aux missions, prenant note du rapport du Secrétaire général sur les progrès de sa mise en œuvre. Il a, en particulier, exhorté le Secrétariat à continuer, à cet égard, à travailler en étroite coopération avec les États Membres, notamment les pays contributeurs de contingents. M. Loulichki a déclaré que le Mouvement des pays non alignés réaffirmait que la protection des civils incombait en premier lieu au pays d’accueil et insistait sur la nécessité d’adopter une approche holistique. Enfin, le Mouvement des pays non alignés réitère l’importance qu’il attache à la sécurité des Casques bleus et se dit profondément préoccupé par la précarité de l’environnement sécuritaire de nombreuses missions de maintien de la paix, a-t-il ajouté avant de conclure.
M. CSABA KÖRÖSI (Hongrie), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a appelé l’ONU à s’adapter aux nouveaux défis auxquels fait face le maintien de la paix. L’Union européenne, a-t-il dit, continuera d’appuyer le renforcement du processus, en œuvrant à l’amélioration de son efficacité. Les effectifs militaires et policiers peuvent contribuer à consolider la paix, mais pour cela, il faudrait que les mandats des missions pour lesquelles ils sont déployés définissent clairement leur rôle, a souligné M. Körösi. L’Union européenne, a-t-il ajouté, reconnaît aussi le rôle que peuvent jouer les soldats dans l’amélioration de la situation économique et sociale des États sortant d’un conflit. M. Körösi a par ailleurs estimé qu’il faudrait mieux définir le volet protection des civils dans les mandats des opérations de la paix, en appelant à une coordination sur le terrain des activités de l’ONU dans ce domaine. Il a ensuite encouragé le Secrétariat à développer une approche robuste du maintien de la paix qui intègre une vision politique.
L’Union européenne, a également déclaré le représentant, reconnaît les manquements et limites auxquels sont confrontées les opérations la paix et s’engage à trouver avec ses partenaires des solutions possibles. S’agissant de l’appui aux missions, le délégué a appuyé pleinement la Stratégie globale d’appui aux missions, avant d’appeler le Secrétaire général à veiller à ce que cette Stratégie « prenne véritablement en compte la nécessité de réduire l’impact des OMP sur l’environnement ». M. Körösi a par ailleurs mis en exergue l’appui de l’Union européenne à la mise en œuvre de la résolution 1325 qui appelle, notamment, à la protection des femmes contre les violences sexuelles et à une participation active des femmes dans tous les processus de paix. Il a enfin rappelé qu’il incombait à toutes les parties engagées dans un conflit de protéger le personnel de maintien et d’assurer leur sécurité, tout en condamnant fermement les auteurs des enlèvements et attaques contre ce personnel.
M. CHRISTOPHER SIMONDS (Canada), qui s’exprimait également au nom de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), a estimé qu’au cours de la dernière année, nous avons été témoins de certains succès importants dans les activités de maintien de la paix. Il a cité ainsi les exemples de la MINUL au Libéria, de la MINUS au Sud-Soudan ou de la MINUSTAH en Haïti, à la suite du tremblement de terre. Il faut, a-t-il dit, miser sur les succès, tirer les leçons des expériences positives et chercher à les appliquer à l’échelle de toutes les missions. Il convient d’établir, selon lui, une compréhension commune des secteurs qui posent problèmes et chercher des façons efficaces de combler les lacunes en matière d’efficacité opérationnelle, de qualité et de capacités. De même, il faut comprendre les défis inhérents aux mandats des soldats du maintien de la paix sur le terrain et à l’autorité qui leur est dévolue.
Le CANZ, a-t-il poursuivi, se félicite des progrès réalisés au cours des 12 derniers mois par les États Membres en faveur d’une approche commune en matière de protection des civils. Il est impératif, a-t-il ajouté, d’obtenir un consensus sur le Cadre stratégique visant à orienter le développement des stratégies de protection des civils, dont l’élaboration avait été demandée par le Comité. L’approbation du Cadre stratégique permettra de préparer des directives plus précises sur le terrain et d’établir les assises de l’élaboration de lignes directrices essentielles aux soldats de la paix qui aideront tant le personnel déployé sur le terrain que les responsables de mission à s’acquitter de leurs responsabilités.
Le représentant a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité pour le Comité de trouver des solutions pratiques visant à orienter le Secrétariat dans la planification du développement des capacités et à élaborer des outils de formation adéquats visant à appuyer la préparation préalable au déploiement des pays fournisseurs de contingents et de policiers. Il a insisté en outre sur l’élaboration de stratégies susceptibles de permettre de trouver les ressources nécessaires, d’enchaîner et d’exécuter les tâches de stabilisation initiale mandatées, et d’élaborer des indicateurs et des jalons de progrès pour jeter les bases des politiques de transition vers les missions de consolidation de la paix. Enfin, M. Simonds a souligné la nécessité de trouver des solutions novatrices pour que les missions renforcent le rôle des femmes dans les pays qui se relèvent d’un conflit et d’améliorer la capacité de protéger les droits de tous les citoyens devenant rapidement des victimes là où les institutions en matière de sécurité nationale comportent des lacunes.
M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili), intervenant au nom du Groupe de Rio, a d’abord souligné que les dimensions actuelles des opérations de maintien de la paix et leurs activités croissantes exigent de continuer à œuvrer à leur renforcement. Il a ensuite rappelé la nécessité pour les États Membres de continuer à suivre les principes directeurs des opérations de maintien de la paix (OMP), comme notamment le consentement des parties et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense. Le Groupe de Rio est fermement engagé au renforcement du Comité des 34 qui est l’unique tribune à même de lancer les idées utiles à l’amélioration de l’action des opérations de maintien de la paix, a-t-il fait savoir, avant d’appeler à un renforcement de la relation entre le Comité et le Conseil de sécurité. Le Groupe de Rio réitère son attachement à la Stratégie globale d’appui aux missions, qui doit permettre d’assurer des services de qualité aux troupes déployées sur le terrain. M. Errázuriz a souhaité par ailleurs que les pays fournisseurs d’effectifs soient toujours impliqués à toutes les étapes de la planification des missions de paix. « Une meilleure coordination entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Comité spécial est essentiel » dans l’amélioration de l’effectivité des OMP.
Concernant le rôle des organisations régionales dans le maintien de la paix, le représentant a estimé que les efforts menés en collaboration avec l’Union africaine avaient permis des contributions importantes au maintien de la paix en Afrique. M. Errázuriz a ensuite insisté la nécessité pour le personnel du maintien de la paix d’avoir une conduite irréprochable dans leur mission. Sur ce point, le Groupe de Rio soutient la « politique de tolérance zéro » et salue les initiatives prises aux Nations Unies, en vue de mettre fin aux allégations d’abus commis par des membres du personnel. Le Groupe de Rio insiste aussi sur la nécessité d’apporter un soutien aux victimes de violence sexuelle.
S’agissant de la question des remboursements pour le matériel appartenant aux contingents, le représentant a salué le consensus auquel est parvenu le Groupe de travail créé à cette fin. « On ne peut établir une paix à long terme sans combattre la faim et la pauvreté », a-t-il souligné, en appelant les fonds des Nations Unies à continuer à déployer leurs activités dans les pays qui en ont besoin. « Aujourd’hui, seulement 3% des effectifs militaires et 9% des effectifs policiers sont constitués de femmes », a-t-il noté, en soulignant que la représentation des femmes dans ces contingents devrait augmenter, en particulier au moment où l’on s’apprête à célébrer le dixième anniversaire de la résolution 1325. Concernant la situation en Haïti, il a engagé la MINUSTAH à tirer parti de ses capacités sur le terrain afin d’assurer et accélérer la reconstruction du pays.
M. NATTAWUT SABYEROOP (Thaïlande), qui s’exprimait au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a affirmé que les États de l’ANASE insistaient sur l’importance des trois principes de base des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, à savoir le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours de la force sauf en cas de légitime défense et la protection de son mandat. En outre, a-t-il ajouté, le respect des principes de la souveraineté, l’intégrité territoriale et la non-intervention dans les affaires relevant de la compétence interne des États doivent rester le fondement de toutes les opérations de maintien de la paix de l’ONU.
Le représentant a estimé qu’une opération de maintien de la paix réussie devrait provenir d’un mandat clair, crédible et réalisable. Il a ainsi encouragé vivement à ce que les pays fournisseurs de contingents et de police soient consultés à un stade précoce de la rédaction du mandat. L’ANASE, a-t-il ajouté, affirme que la protection des civils relève de la responsabilité première du pays hôte. Il a exigé du Département des opérations de maintien de la paix qu’il travaille avec les États Membres pour compléter les modules de formation sur la protection des civils. De même, pour l’ANASE, le maintien de la paix et la consolidation de la paix ne devraient pas être nécessairement considérés comme un processus linéaire et séquentiel. Ils sont, au contraire, complémentaires et devraient être accomplis en parallèle lorsque cela est possible.
M. PETER THOMSON (Fidji), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Asie, a rappelé que cinq pays de la région figurent parmi les 10 plus gros fournisseurs d’effectifs policiers aux opérations de maintien de la paix, et que sur les 10 plus gros contributeurs financiers, trois appartiennent à la même région. Il est nécessaire que les opérations de maintien de la paix soient adaptées aux nouvelles exigences sur le terrain, a-t-il dit. Toute action en ce sens devra toujours être conduite dans le respect des principes directeurs des opérations de maintien de la paix, comme notamment le consentement des parties et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense, a-t-il rappelé. Il est important que le Conseil de sécurité définisse clairement les mandats des opérations de maintien et de consolidation de la paix afin d’éviter la reprise du conflit. Le Groupe des États d’Asie est préoccupé par l’absence de règles claires en ce qui concerne la protection des soldats de la paix des Nations Unies dans les zones de conflit, a souligné le représentant, en appelant le Secrétariat à combler ces lacunes.
M. DAVID B. DUNN (États-Unis) a affirmé que le maintien de la paix était confronté à de véritables épreuves dans des circonstances changeantes. Les États-Unis, a-t-il déclaré, sont pleinement engagés en faveur de l’objectif du renforcement du maintien de la paix des Nations Unies. Le représentant a rappelé, à cet égard, le dernier discours du Président américain, M. Barack Obama, à la tribune de l’Assemblée générale dans lequel il avait souligné que le moment était venu de revigorer le maintien de la paix des Nations Unies. Il s’agit d’une priorité, a-t-il dit, insistant sur l’importance de renforcer les capacités en vue de lutter contre la violence, de la prévenir et d’appuyer l’état de droit.
Des progrès importants ont été réalisés au cours de ces dernières années, a-t-il constaté, citant en particulier l’initiative « Nouvel Horizon » et la Stratégie globale d’appui aux missions. Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité de renforcer l’efficacité opérationnelle des missions de maintien de la paix. Il convient de faire en sorte, a-t-il dit, que les missions de maintien de la paix disposent de toutes les capacités et des orientations nécessaires pour qu’elles puissent s’acquitter de leurs tâches.
M. HASAN KLEIB (Indonésie) a souligné que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies ont eu un impact positif sur la vie de millions de personnes à travers le monde. L’augmentation sans précédent de la demande en mission de la paix est une marque de confiance envers l’Organisation et envers la manière avec laquelle les Casques bleus ont conduit dans une très large majorité leurs mandats, a-t-il déclaré. Aujourd’hui, les OMP, qui sont complexes et multidimensionnelles, sont déployées dans des régions à risques. Dans ce contexte, il a invité à une définition plus claire des mandats de ces OMP, sur la base des principes fondamentaux du maintien de la paix que sont le consentement du gouvernement du pays hôte, l’impartialité et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense.
Le représentant, qui a rendu hommage aux membres du personnel ayant perdu leur vie au service des Nations Unies, a dit espérer que la nouvelle politique sur la gestion des risques liés à la sécurité, mise en place conjointement par les Départements des opérations de maintien de la paix et d’appui aux missions, aura des résultats positifs à très court terme. Il a ensuite appelé les États Membres à fournir les équipements, les ressources et les formations nécessaires aux OMP. Il a souhaité que le Conseil de sécurité et le Secrétariat veillent à ce que cette obligation soit remplie.
Pour que la paix soit durable, le maintien de la paix doit faire partie d’une stratégie globale d’appui qui va vers la consolidation de la paix, a par ailleurs dit M. Kleib. Le maintien de la paix doit, a-t-il ajouté, intégrer également la stratégie déployée par le pays hôte dans ce domaine, afin d’assurer une véritable efficacité. Il a aussi souhaité une plus grande implication des organisations régionales dans le déploiement des OMP. De même, les capacités civiles faisant une place aux femmes doivent être apportées aux OMP dès leur établissement sur le terrain. « Aujourd’hui, l’Indonésie est fière d’avoir mis à la disposition de sept OMP de l’ONU un total de 1 805 effectifs civils et militaires, ce qui fait d’elle l’un des plus grands fournisseurs d’effectifs », a fait observer le représentant, avant de conclure.
Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a estimé que le succès du maintien de la paix dépendait de sa durabilité. La représentante a mis l’accent sur la nécessité de garantir un rôle plus important aux missions de maintien de la paix dans le domaine de la consolidation de la paix, notamment lorsqu’il s’agit de renforcer le développement économique et l’inclusion sociale. Les missions de maintien de la paix doivent appuyer les gouvernements locaux et les populations dans la consolidation d’une société pacifique. Il ne suffit pas de lutter contre la violence armée, il faut aussi, a-t-elle dit, aider à établir une culture de la paix.
De la même façon, les soldats de la paix ne doivent pas considérer les populations locales comme des victimes sans défense devant être protégées, mais s’engager à les aider à comprendre leurs espoirs et leurs aspirations, tout en étant clairs dans l’accomplissement de leur mandat. La représentante a également souligné que la Stratégie globale d’appui aux missions était essentielle pour garantir la santé du système de maintien de la paix pour les années à venir. Elle a espéré que la discussion sur les aspects politique et militaire de la Stratégie sera conséquente au cours de cette session du Comité.
M. ROBERTO RODRIGUEZ (Pérou) a constaté l’augmentation croissante des OMP et la complexité continue des cadres dans lesquels elles sont désormais appelées à fonctionner. Cette réalité appelle à une réponse plus adaptée, a-t-il reconnu. Dans toutes les OMP, la communauté internationale doit créer les conditions nécessaires pour assurer la transition vers une paix durable, en mettant l’accent sur l’interdépendance entre sécurité et développement, comme l’a souligné le Conseil de sécurité, lors de son récent débat sur la question. Les OMP doivent donc faire partie d’une politique globale, qui s’intéresse aussi aux causes des conflits et non pas simplement à leur cessation, a-t-il indiqué. Le représentant a ensuite insisté sur la nécessité de définir clairement les mandats des opérations de maintien de la paix, en gardant à l’esprit que cette définition garantit la légitimité et l’acceptation des OMP. Il a aussi souligné l’importance d’améliorer la coopération entre l’ONU et les pays fournisseurs d’effectifs de police et militaires, non seulement au Siège, mais aussi sur le terrain.
M. Rodriguez a reconnu qu’il incombait en premier lieu à l’État hôte d’assurer la protection de la population civile. Il a cependant souligné la nécessité de définir des mandats plus appropriés permettant de protéger plus efficacement les civils et ceux qui leur apportent soutien et aide. Il a enfin condamné les attaques et violences menées contres les personnels de maintien de la paix, en exhortant les États Membres à traduire en justice les auteurs présumés de ces actes.
M. IBRAHIM JAMAL (Bangladesh) a rappelé que son pays, un des importants pays contributeurs de troupes, avait subi la perte de 100 soldats de la paix au service des opérations de l’ONU. C’est pourquoi, il est utile d’adopter une approche intégrée et holistique pour garantir l’exécution de tâches complexes et multiples, a-t-il dit. Le Bangladesh accorde en outre une grande valeur à la vision du Secrétariat en matière de maintien de la paix. Le maintien de la paix doit être effectué en conformité avec les buts et objectifs consacrés dans la Charte des Nations Unies. Le représentant s’est déclaré en faveur d’un partenariat plus solide entre les Nations Unies et les organisations régionales.
Le délégué du Bangladesh a ajouté que son pays plaidait pour des synergies plus importantes dans l’élaboration des missions et des mandats, ainsi que pour une coopération plus grande entre le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et les pays contributeurs de contingents lors de toutes les phases des missions, de leur conception à leur départ. Le représentant a également jugé nécessaire de renforcer les capacités de réaction rapide, que ce soit pour les militaires ou pour la police.
Mme TINE MORCH SMITH (Norvège) a souligné l’augmentation et la complexité des OMP à l’heure actuelle, en estimant que les États fournissaient de plus en plus de ressources pour assurer le bon fonctionnement de ces OMP. La Norvège, qui se félicite de ces contributions, souligne qu’il faudrait maintenant veiller à ce que « les capacités déployées permettent de répondre aux besoins sur le terrain ». Mme Morch Smith a reconnu que dans le cadre des OMP, il était important de prendre en compte la stratégie de l’État hôte en matière de maintien de la paix. Elle a aussi exhorté à une étroite collaboration entre l’ONU et tous les autres acteurs engagés dans le maintien de la paix.
La déléguée a en outre appuyé l’idée d’établir une base de normes utiles à la formation des troupes sur le terrain, en annonçant à ce propos que son pays verserait une contribution volontaire pour l’élaboration de ces normes. Elle a par ailleurs regretté le manque continu de personnel civil dans certaines missions, du fait de la lenteur du processus de recrutement. À cet égard, elle a souhaité que le processus de recrutement accorde une place importante aux femmes. « Il faut augmenter le recrutement des femmes parmi les Casques bleus », a-t-elle dit, en appelant également à accorder une attention particulière aux violences sexuelles et sexistes. Elle a conclu en attirant l’attention sur l’impact des OMP sur l’environnement.
M. WANG MIN (Chine) a rappelé que l’an dernier, 164 soldats de la paix avaient perdu leur vie dans l’exercice de leur mission. Le représentant a affirmé que son pays continuait d’adhérer aux trois principes du maintien de la paix, lesquels, a-t-il précisé, représentent la clef du succès du maintien de la paix. Le délégué de la Chine a, en outre, mis l’accent sur la nécessité de mener une intégration coordonnée pour une transition harmonieuse du maintien de la paix vers la consolidation de la paix, puis le relèvement. Il a jugé nécessaire de pleinement intégrer le rôle de la Commission de consolidation de la paix (CCP), des institutions des Nations Unies pour le développement, de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).
Il convient également, selon le représentant, de développer une approche appropriée dans la mise en œuvre des mandats liés à la protection des civils. La protection des civils est réalisée par la promotion des processus politiques visant à un règlement pacifique des différends, a-t-il dit. La Chine, a-t-il déclaré, appuie les Nations Unies dans la mise en œuvre de la Stratégie globale d’appui aux missions et le renforcement de l’efficacité opérationnelle des missions de maintien de la paix.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie), qui a noté que les OMP faisaient face actuellement à des situations de plus en plus complexes et à des contraintes budgétaires accrues, a appelé les États Membres à trouver des réponses à ces difficultés. De même, ils doivent s’atteler à l’élaboration de mandats clairs pour ces OMP, afin de leur permettre d’assurer efficacement leur mission et sauvegarder aussi la crédibilité de l’ONU. Ces mandats devront toujours cependant, a-t-il insisté, suivre les principes directeurs des opérations de maintien de la paix (OMP), comme notamment le consentement des parties et le non-usage de la force sauf en cas de légitime défense.
Le représentant a estimé que les pays contributeurs de troupes avaient également leur part de responsabilités dans la mise en œuvre sur le terrain des mandats décidés par le Conseil de sécurité. Il a de ce fait souhaité des consultations étroites et significatives, de nature à améliorer les chances de succès des missions. La protection des civils doit dorénavant être considérée comme faisant partie des tâches classiques confiées à toutes les OMP en étroite collaboration avec l’État hôte, et non pas l’exception qui s’appliquerait à seulement huit OMP en cours, a-t-il insisté.
M. Benmehidi qui a estimé que le concept de « missions robustes » ne pouvait être réduit au seul domaine militaire, a plaidé pour l’établissement de liens entre le maintien de la paix et le développement en incorporant une perspective de consolidation de la paix. L’Union africaine fait toujours face à de graves contraintes en matière de logistique et de capacités, ce qui entrave son action, a-t-il relevé, en invitant l’ONU et l’ensemble des donateurs à mettre à disposition de cette organisation les ressources financières et matérielles indispensables au renforcement de ses capacités.
M. YOUSSOUFOU BAMBA (Côte d’Ivoire) a déclaré que les opérations de maintien de la paix s’avéraient aujourd’hui comme un outil irremplaçable qui apporte aux populations en situation de conflit une relative sécurité et un soutien essentiel à maints égards. Sa délégation est favorable à la mise en place d’une politique visant à renforcer l’efficacité de ces opérations par une collaboration effective avec les autres organisations régionales et internationales, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), organisation dont la Côte d’Ivoire est membre et qui est fortement impliquée dans la résolution de la crise postélectorale que le pays traverse depuis le 28 novembre 2010.
La situation en Côte d’Ivoire continue de représenter une grave menace à la paix et à la sécurité en Afrique de l’Ouest en raison du refus obstiné de M. Laurent Gbagbo de céder le pouvoir qu’il a perdu par les urnes, a regretté le représentant. Il a poursuivi en expliquant qu’actuellement, la démocratie était bafouée, les violations des droits de l’homme étaient quotidiennes. En outre, les médias d’État, contrôlés par le camp de M. Gbagbo, lancent des messages de haine incitant à la violence contre les partisans de la République et contre le personnel de maintien de la paix. Le Gouvernement légitime est l’objet d’un blocus intolérable et l’entité illégale aux ordres de M. Gbagbo continue de défier impunément la communauté internationale, a-t-il fait remarquer. Depuis le début de cette crise postélectorale, on dénombre plus de 500 morts, l’existence de six charniers dont l’accès reste interdit à la division des droits de l’homme de l’ONUCI et plus de 50 000 Ivoiriens ont fui vers des pays voisins, a encore précisé le représentant. Le Gouvernement du Président élu, M. Alassane Ouattara, déplore ces faits et condamne dans les termes les plus forts ces agissements, a-t-il poursuivi. C’est pourquoi, le représentant a exhorté le personnel de l’ONUCI à poursuivre sa mission et à ne pas se laisser intimider, et a invité les Nations Unies à faire tout son possible pour accomplir sa mission de protection des civils ivoiriens.
Fort de ce constat, le délégué a affirmé qu’il était indéniable que la protection des civils en situation de conflit armé reste au cœur même des opérations de maintien de la paix et nécessite l’adoption de mesures concrètes et effectives. Il a déclaré que « le climat qui prévaut en Côte d’Ivoire, illustre de façon saisissante l’impérieuse nécessité pour la communauté internationale de s’unir pour adopter des mesures urgentes et effectives qui font prévaloir la légitimité et le droit international ». Sa délégation préconise notamment de renflouer les effectifs de l’ONUCI de 2 000 soldats supplémentaires et de lui fournir deux hélicoptères de transport et trois d’attaque, ce qui constituerait une « réponse robuste » à la défiance continue de M. Gbagbo face à la communauté internationale. La délégation ivoirienne souhaite que la résolution 1265 du Conseil de sécurité, qui cite des mesures possibles à adopter en situations de conflit armé dans lesquelles des civils sont pris pour cibles ou dans lesquelles l’acheminement de l’assistance humanitaire destinée aux civils est délibérément entravé, puisse être mise en œuvre sans délai.
M. CLAUDE HELLER (Mexique) a souligné que, pour garantir leur succès, les opérations de maintien de la paix devraient disposer de mandats clairs et réalisables, de ressources adéquates, d’un engagement sans équivoque des parties, ainsi que d’un accord général de paix qui inclut les causes structurelles des conflits. Les défis auxquels le maintien de la paix des Nations Unies fait face exigent également de la part du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des actions et des stratégies précises.
Le représentant a souligné la nécessité d’établir un dialogue permanent sur le fond entre le Conseil de sécurité, le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, la Cinquième Commission de l’Assemblée générale, la Commission de consolidation de la paix (CCP) et les contributeurs de contingents. Le délégué a mis l’accent sur la nécessité d’un renforcement de la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales et des capacités locales dans le domaine de la prévention et de la résolution des conflits. M. Heller a également exprimé le rejet de son pays de toute attaque contre le personnel des Nations Unies, mettant l’accent, à cet égard, sur le plein respect de la résolution 1502 (2003) du Conseil de sécurité. Il a enfin insisté sur la protection des civils dans les conflits armés, en particulier des femmes et des enfants.
M. SERGE A. BAVAUD (Suisse) a précisé les trois sujets prioritaires pour la Suisse en matière de maintien de la paix. Le premier est la protection des civils qui, selon lui, doit continuer à représenter une des tâches opérationnelles essentielles pour le maintien de la paix des Nations Unies. « La protection des civils demeure critique pour la réputation de l’ONU », a poursuivi le délégué, avant de saluer le Cadre stratégique présenté par le Secrétariat qui comprend des éléments et paramètres destinés à aider les hauts responsables des missions à élaborer des stratégies de protection des civils détaillées et adaptées aux particularités du contexte et de la notion d’opération de chaque mission. Ce document atteste, a-t-il dit, de la détermination à systématiser la planification des tâches de protection des civils, et la Suisse soutient pleinement cet effort. La deuxième priorité pour la Suisse a trait à la relation complexe entre maintien de la paix et consolidation de la paix. Cette relation nécessite, selon M. Bavaud, une conceptualisation cohérente, réaliste et coordonnée afin d’arriver à une paix à long terme et au développement durable. À cet effet, la Suisse reste convaincue que le rôle et les capacités de la Commission de consolidation de la paix doivent être développés de manière à lui permettre de contribuer plus significativement à la définition des tâches de consolidation de la paix d’une mission de maintien de la paix, notamment dans l’élaboration de son mandat, pendant sa mise en œuvre, puis pour faciliter une transition adéquate dans la phase menant à son retrait.
Le thème des « femmes et maintien de la paix » représente, pour la Suisse, le troisième sujet prioritaire, a indiqué le représentant, qui a assuré que son gouvernement accueillait favorablement la création d’une série d’indicateurs globaux pour assurer le suivi de la résolution 1325 et encourageait le Comité des opérations de maintien de la paix à les reconnaître. En outre, les nouvelles structures créées en 2009 et 2010 telles que ONU-femmes et le Bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour la lutte contre les violences sexuelles commises en période de conflits, doivent, a estimé le délégué, être pleinement associées aux discussions du maintien de la paix. Leur expertise pourra ainsi être mise à profit afin de généraliser la dimension sexospécifique qui se pose dans le contexte des tâches du maintien de la paix, a-t-il précisé. M. Bavaud a appelé le Comité des 34 à poursuivre ses efforts pour prévenir et réprimer l’exploitation et les abus sexuels dans les opérations de maintien de la paix. La Suisse est également favorable à une plus forte participation des femmes aux missions, a-t-il assuré avant de conclure.
M. PETER THOMSON (Fidji) a indiqué que depuis l’engagement solennel pris en octobre 1970 par son Premier Ministre de l’époque, à l’occasion de l’adhésion de son pays aux Nations Unies, « Fidji avait fait de son mieux » pour jouer un rôle actif dans le domaine du maintien de la paix, un des domaines clefs de l’ONU. « Tout en étant très fiers de ce que nos soldats de la paix ont accompli, nous devons cependant porter notre attention sur les défis qui restent à surmonter », a-t-il indiqué. Le maintien de la paix a atteint une ampleur sans précédent et les déploiements ont atteint des chiffres historiques en 2010 et c’est pourquoi, nous devons être déterminés à renforcer notre engagement en la matière, a-t-il souligné. Le représentant a aussi plaidé pour une étroite collaboration entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents militaires ou de police et le Secrétariat de l’ONU, en appelant à accorder aux missions une souplesse afin de leur permettre de s’acquitter de leur mandat, notamment pour assurer la protection et la sécurité des personnels sur le terrain.
M. Thomson a aussi salué les actions déployées par les Départements des opérations de maintien de la paix et de l’appui aux missions dans l’amélioration de l’efficacité des OMP. Il faut aussi dans ce cadre donner la réactivité nécessaire au commandement des OMP, a-t-il insisté, en rappelant que tout mandat devra respecter les principes du respect du consentement des parties, de l’impartialité et du non-recours à la force sauf en cas de légitime défense, et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États hôtes.
M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a affirmé que son pays était de plus en plus engagé dans les efforts des Nations Unies en faveur du maintien de la paix et de la consolidation de la paix. Le représentant a ajouté que la Turquie soutenait pleinement le rôle directeur des Nations Unies dans les opérations de maintien de la paix. Il a notamment mis l’accent sur la nécessité d’élaborer un cadre politique stratégique intégré, cohérent et bien coordonné. Grâce à une telle structure, a-t-il dit, le système de l’ONU peut développer des mandats clairs, réalistes, crédibles et réalisables, à l’échelle des ressources qui lui sont allouées.
Le délégué de la Turquie a également estimé que la Stratégie globale d’appui aux missions représentait une excellente approche pour surmonter les défis. Il a, à cet égard, jugé crucial l’établissement des centres régionaux et mondiaux de services. M. Apakan a en outre insisté sur l’importance des partenariats entre les Nations Unies et les organisations régionales ou sous-régionales pour le renforcement des capacités des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix. Il a ainsi appuyé le renforcement de la coopération avec les organisations régionales, en particulier avec l’Union africaine.
M. LIM YOON BOON (Singapour) a souhaité que la relation entre le maintien et la consolidation de la paix devienne plus effective qu’elle ne l’est aujourd’hui. Il a ensuite noté que la protection des civils avait déjà été incluse dans les mandats de plusieurs missions sur le terrain, avant de souligner que le manque de capacités et de ressources ne permet pas une pleine mise en œuvre des mandats en ce domaine. Aussi, a-t-il invité les États Membres à « passer à l’action », en apportant les ressources nécessaires à ces OMP, et plus spécifiquement en renforçant les capacités policières et civiles dans les divisons de police de ces OMP.
Après avoir salué les progrès récemment accomplis dans la réorganisation des centres régionaux de services d’appui aux missions, le représentant a souhaité que le Département de l’appui aux missions précise mieux les activités incombant d’une part au centre mondial et d’autre part aux centres régionaux de services.
M. AMJAD HUSSAIN B. SIAL (Pakistan) a affirmé que son pays était en première ligne des efforts collectifs d’appui pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Il a ainsi rappelé que le Pakistan était le plus important contributeur de contingents aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, avec plus de 10 600 éléments déployés dans neuf missions, et plus de 100 000 en 50 ans. Le représentant a estimé que le maintien de la paix devrait faire partie d’une solution politique globale qui vise également à régler les causes sous-jacentes des conflits. Il doit s’accompagner en outre d’une consolidation de la paix efficace qui est essentielle pour établir les fondations d’une paix et d’un développement durables.
Pour le représentant du Pakistan, un maintien de la paix moderne doit avoir la protection des civils comme l’un de ses objectifs principaux. Il a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de respecter les principes guidant les opérations de maintien de la paix, à savoir le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense. Le délégué du Pakistan a également insisté sur l’importance de consulter les pays contributeurs de troupes, non seulement au moment de l’élaboration des mandats, mais aussi au moment de leur mise en œuvre, de leur modification ou de leur renouvellement. Les pays contributeurs de contingents devraient bénéficier d’une plus grande représentation au Siège des Nations Unies, a-t-il dit.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel