Première Commission: désarmement et non-prolifération monopolisent la deuxième journée des débats
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Première Commission
4e séance – matin
PREMIÈRE COMMISSION: DÉSARMEMENT ET NON-PROLIFÉRATION MONOPOLISENT LA DEUXIÈME JOURNÉE DE DÉBATS
Les participants relèvent des avancées russo-américaines dans le désarmement nucléaire,
des retards dans l’entrée en vigueur du TICE et des vues sur la création d’une ZEAN au Moyen-Orient
Poursuivant mardi matin son débat général, la Première Commission, chargée des questions du désarmement et de la sécurité internationale, a entendu les interventions d’une quinzaine d’États, essentiellement focalisées sur les progrès réalisés en matière de désarmement, notamment l’entrée en vigueur du Traité START, et sur les défis à relever dans le domaine de la non-prolifération, qu’il s’agisse de l’instauration de zones exemptes d’armes nucléaires ou de la mise en œuvre du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).
Soulignant l’importance du rôle des puissances nucléaires dans le processus de désarmement, la majorité des États Membres a salué l’entrée en vigueur en février dernier, du Traité START organisant une nouvelle réduction des arsenaux nucléaires des États-Unis et de la Fédération de Russie. Estimant que cette coopération vitale était à même d’ouvrir le chemin vers de nouvelles et de plus importantes réductions, la représentante des États-Unis a indiqué que son pays se concentrait désormais sur la ratification du TICE et la préparation de la Conférence de révision du TNP de 2014. À cet égard, elle a insisté sur les nouveaux défis qui se présentaient dans le domaine de la vérification et de la transparence des États parties.
De son côté, la Fédération de Russie a regretté le manque de progrès dans le processus d’entrée en vigueur du TICE, soulignant que ce retard affectait la sécurité et la stabilité internationales. Revenant par ailleurs sur le débat lié à la mise en place de systèmes de défense antimissiles, le représentant russe a rappelé que si un pays ou une alliance militaire régionale déployait un tel système, sans consultations préalables des autres États indirectement affectés, ces derniers n’auraient d’autres choix que de réduire l’écart créé, soit en augmentant leur arsenal d’armes offensives, soit en ayant recours à des actions asymétriques.
S’agissant ensuite des efforts en matière de non-prolifération, l’instauration de zones exemptes d’armes nucléaires dans le Pacifique Sud, en Amérique latine et en Afrique a été à nouveau saluée par de nombreux États, qui ont aussi défendu la mise en place d’une telle zone au Moyen-Orient. Nombre de délégations ont rappelé qu’une conférence régionale est programmée en 2012 sur cette question. Dans ce contexte, la Fédération de Russie a réclamé des avancées concrètes, demandant en particulier que le nom du coordonnateur de la rencontre, ainsi que le lieu où elle se déroulera, soient rapidement déterminés.
Plusieurs États de la région ont par ailleurs fait part de leurs vues, Tunisie, Yémen, Syrie, Koweït et l’Iran exprimant notamment leur crainte de voir le Moyen-Orient devenir le théâtre d’une course aux armements nucléaires, en particulier en raison de la non-adhésion d’Israël au TNP.
Après avoir qualifié le processus visant à la création d’une telle zone « d’incroyablement complexe », le représentant d’Israël a estimé que son pays avait soutenu toutes les mesures destinées à renforcer la confiance entre les États de la région. Il a en revanche critiqué l’Iraq, la Libye, la Syrie et l’Iran, responsables de violations grossières du TNP, a-t-il dit, alors même qu’ils l’ont ratifié. Il s’est notamment inquiété, dans ce contexte, de l’instabilité actuelle en Libye et en Syrie, estimant qu’elle prouvait l’importance de la coopération internationale pour sécuriser les matières nucléaires et chimiques et prévenir leur transfert illégal à des organisations terroristes.
Enfin, autres dissensions apparues lors des débats, celles liées à la dénucléarisation de la péninsule de Corée. Dans son intervention, le représentant de la République de Corée a notamment estimé que le programme nucléaire de la RPDC constituait toujours une menace pour la paix et la sécurité régionales, et un défi majeur aux efforts de non-prolifération. Exerçant son droit de réponse, le représentant de la RPDC a dénoncé pour sa part l’alliance entre la République de Corée et les États-Unis, l’organisation d’exercices militaires conjoints, générateurs de tensions, et la présence depuis 1956 d’armes nucléaires américaines sur des bases installées en République de Corée, autant d’éléments qui constituent selon lui une véritable menace à la paix et à la sécurité.
Parallèlement au dossier dominant du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, plusieurs États, directement affectés par la circulation des armes légères et de petit calibre, ont salué les avancées dans les négociations en vue d’un traité général sur le commerce des armes conventionnelles, qui fera l’objet d’une conférence spéciale de l’ONU, en juillet 2012.
Les représentants du Sénégal, de la Tunisie, de la Tanzanie et du Népal ont ainsi rappelé les menaces représentées par ces armes qui alimentent des conflits locaux ou des organisations terroristes, et remettent ainsi en cause la stabilité des États. Dans ce contexte, ils ont salué les efforts déployés en vue de parvenir à ce traité, insistant toutefois sur la nécessité de créer un instrument juridique contraignant, universel et robuste, autorisant une vraie régulation de la circulation des armes classiques.
La Commission poursuivra son débat demain mercredi 5 octobre, à partir de 10 heures.
DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE
S’exprimant au nom des États d’Asie centrale, M. MURAD ASKAROV (Ouzbékistan) a commencé son intervention en se félicitant de l’entrée en vigueur du Traité instaurant une zone exempte d’armes nucléaires en Asie Centrale.
Il a souligné l’importance d’une telle initiative rassemblant deux puissances nucléaires, la Fédération de Russie et la République populaire de Chine, pour la stabilité de la région, ainsi que pour la lutte contre l’accès à des matières fissiles par des organisations terroristes. Il a poursuivi en indiquant que les États de la région appelaient les organisations internationales et les puissances nucléaires à continuer de leur apporter leur assistance pour éliminer les conséquences des essais nucléaires effectués dans le passé.
Insistant sur les effets positifs de la création de cette zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, le représentant a rappelé que ces effets positifs allaient bien au-delà de la région elle-même et bénéficiaient aussi aux pays limitrophes. Il a conclu en appelant les États nucléaires, au nom des États d’Asie centrale, à continuer de s’attacher aux garanties négatives de sécurité à offrir aux États ne disposant pas de l’arme nucléaire afin de renforcer la confiance entre les États parties au TNP et le développement de telles zones exemptes d’armes nucléaires.
M. U THAN SWE (Myanmar), s’exprimant au nom de l’Associations des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a rappelé que ce groupe de pays joue un rôle actif pour réaliser l’objectif d’un désarmement complet. L’ANASE continue de soutenir le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) en tant qu’instrument clef pour l’élimination des armes nucléaires, a poursuivi le représentant. Il s’est félicité de la volonté exprimée respectivement par les États-Unis et l’Indonésie de ratifier le Traité. L’ANASE tient aussi à souligner l’importance de créer des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) là où elles n’existent pas, notamment au Moyen-Orient, a expliqué M. U Than Swe. Le représentant a ensuite rappelé que l’ANASE partageait la préoccupation de nombreux États sur les effets délétères du commerce des armes légères et de petit calibre (ALPC). Il faut renforcer les capacités nationales de mise en œuvre du Programme d’action, a expliqué le représentant. M. U Than Swe a ensuite indiqué que les États membres de l’ANASE déploraient l’absence d’ouverture de discussions de fond à la Conférence du désarmement (CD). Le représentant a appelé au lancement immédiat de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.
Commençant son intervention en soulignant les transformations historiques en cours dans le monde arabe, M. EYAL PROPPER (Israël) a estimé qu’il existait une atmosphère plus propice désormais au développement d’une véritable confiance entre les pays de la région.
Regrettant toutefois l’absence de dialogue au Moyen-Orient, ainsi que l’absence de mécanismes de confiance entre les pays, le représentant d’Israël a souligné que le processus permettant d’aboutir à la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient était « incroyablement complexe ». Rappelant qu’Israël a soutenu toutes les initiatives internationales visant à renforcer la confiance entre les parties de la région, il a souligné « les violations grossières » du TNP par quatre pays de la région ces dernières années: Iraq, Libye, Syrie et Iran. Il a ensuite insisté sur les liens étroits existant entre la prolifération nucléaire et la menace de terrorisme nucléaire.
Revenant sur l’effondrement du régime libyen et la situation volatile en Syrie, le représentant a estimé que la communauté internationale devait concentrer en urgence ses efforts sur les mesures de lutte contre la prolifération dans ces deux pays. La situation dans ces deux pays rappelle l’importance de travailler ensemble pour sécuriser les matières nucléaires et chimiques et pour prévenir leur trafic illégal et le terrorisme, a-t-il encore ajouté.
Pour conclure, le représentant d’Israël est revenu sur les négociations en cours pour l’instauration d’un traité général sur le commerce des armes, saluant le succès de la finalisation du processus préparatoire. Il a rappelé que son pays insistait sur plusieurs principes pour ce texte: fixer les normes les plus élevées en matière de contrôle des exportations, inclure des mesures concrètes pour combattre les transferts d’armes à des organisations terroristes ou des acteurs non étatiques, et laisser en dernier ressort aux États souverains la responsabilité de sa mise en vigueur.
M. MIKHAIL ULYANOV (Fédération de Russie) a expliqué que relancer les rouages du désarmement était d’actualité. Un des éléments les plus importants de l’année a été l’entrée en vigueur du Traité START entre les États-Unis et la Fédération de Russie, a indiqué M. Ulyanov. Le représentant a souligné l’extrême importance des principes d’égalité, de parité, de sécurité indivisible et égale des parties qui sont au cœur de ce Traité. Il a ensuite relevé un certain nombre de facteurs affectant la sécurité internationale et la stabilité stratégique, évoquant notamment le manque de progrès dans l’entrée en vigueur du TICE. Sur la question des missiles, la mise en œuvre accélérée de projets de défense antimissiles sans prise en considération des intérêts des autres États est un sérieux obstacle à la stabilité stratégique et à la sécurité internationale, et cela est certainement incompatible avec les efforts visant à créer des conditions favorables au plan international en direction d’un désarmement général et complet, a affirmé le représentant. S’agissant de la sécurité dans le domaine de l’information, le représentant a estimé qu’il s’agissait d’une question d’une importance particulière, se réjouissant que le Groupe d’experts internationaux allait de nouveau poursuivre sa tache en 2012. Les questions de non-prolifération doivent se régler dans le cadre du TNP, et nous poursuivrons nos efforts comme nous l’avons fait lors de la Conférence d’examen de l’année dernière, a indiqué le représentant. La Russie estime que la tenue d’une conférence en 2012 au sujet de la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient est une des priorités, a poursuivi M. Ulyanov. Nous espérons que des décisions seront rapidement prises s’agissant du lieu de la conférence et de la nomination d’un coordonnateur, a-t-il conclu.
La Fédération de Russie a souhaité l’entrée en vigueur rapide du TICE et exhorte tous les États, essentiellement ceux dont la ratification est indispensable, à agir en ce sens. Elle estime qu’un Traité d’interdiction de matières fissiles servirait les intérêts de tous les États mais estime que les efforts pour lancer des négociations en dehors de la Conférence du désarmement sont contreproductifs. Soulignant l’intérêt de la Russie pour traiter de la question de la prolifération des missiles, il a dit considérer le code de conduite de la Haye comme une première étape vers un régime juridiquement contraignant de non-prolifération des missiles en général.
M. GARY QUINLAN (Australie) a commencé par rappeler le soutien de son pays aux efforts du Mexique pour faire passer une résolution soutenant l’entrée en vigueur du TICE. C’est un échec sérieux qu’après 15 années après avoir été ouvert à la signature des États, il ne soit toujours pas entré en vigueur, a-t-il estimé.
Le représentant australien a ensuite développé trois domaines d’action dans lesquels sont pays attend des avancées concrètes. Pour ce qui a trait d’abord au TNP, l’Australie a lancé, avec le Japon et le soutien de huit autres pays, une initiative pour le désarmement et la non-prolifération. Parmi les propositions pratiques suggérées dans ce cadre, le représentant a défendu la mise en place d’un système de suivi standardisé, commun à tous les États disposant d’armes nucléaires, afin d’encourager la transparence du processus de désarmement. Abordant ensuite le domaine des armes conventionnelles, le représentant a salué les efforts déployés pour combattre le commerce illégal des armes classiques. Il a rappelé que son pays participait activement aux négociations visant à la mise en place d’un traité général sur les ventes d’armes, appuyait la mise en œuvre du Plan d’action de l’ONU relatif aux ALPC, et qu’il poursuivait sa coopération avec les pays de la région pour les aider à endiguer ce fléau, à l’instar de deux initiatives lancées en Papouasie-Nouvelle-Guinée et aux Îles Salomon qu’il a cité en exemple.
Évoquant enfin les travaux de la Conférence du désarmement, le représentant a rappelé que si le multilatéralisme était au cœur de la politique étrangère de son pays, l’efficacité était aussi une priorité. L’Australie est franchement embarrassée d’avoir à dire que l’année 2011 a été, une fois de plus, une année d’échec pour la Conférence du désarmement: pas de programme de travail, pas d’avancées dans les négociations, a-t-il déclaré, en particulier sur un traité d’interdiction de la production de matière fissile, qui est l’une des priorités de son pays. Mettant en garde contre les risques représentés par cette inertie de la Conférence du désarmement, il a conclu en appelant la communauté internationale à poursuivre ses efforts.
Mme ROSE GOTTEMOELLER (États-Unis) a ouvert son intervention en revenant sur l’entrée en vigueur du Traité START le 5 février dernier, estimant que celui-ci contribuait positivement aux relations entre son pays et la Russie. Nous pensons que cette coopération vitale va paver le chemin vers de nouvelles et plus importantes réductions des arsenaux, a-t-elle encore ajouté, rappelant notamment l’entrée en vigueur en juillet dernier d’un autre accord bilatéral visant à la réduction des stocks de plutonium militaire à 34 tonnes par pays. Revenant ensuite sur les efforts déployés dans le domaine de la non-prolifération, la représentante des États-Unis a souligné ceux de son pays pour mettre en œuvre le Plan d’action adopté lors de la Conférence d’examen du TNP, en 2010. Elle a notamment mis en avant les efforts du Président Barack Obama pour faire ratifier par le Congrès américain les traités instaurant des zones exemptes d’armes nucléaires en Afrique et dans le Pacifique-sud.
Poursuivant son intervention, Mme Gottemoeller a indiqué que les États-Unis voyaient dans la tenue en décembre prochain de la septième Conférence d’examen de la Convention sur les armes chimiques, une occasion de renforcer le texte, notamment dans les domaines de la transparence, de l’efficacité de sa mise en œuvre, du renforcement des mesures de confiance et de coopération entre les parties. Nous devons travailler aussi sur des mesures contre la menace du bioterrorisme, afin de mieux détecter et éviter des attaques qui pourraient se produire, a-t-elle poursuivi. À propos de la Convention sur les armes biologiques, la représentante a rappelé que son pays aurait détruit 90% de son stock d’armes biologiques d’ici à avril 2012.
Mme Gottemoeller a par ailleurs indiqué que les États-Unis se préparaient désormais aux prochaines étapes du désarmement, notamment pour la ratification du TICE. Les États-Unis sont prêts à démarrer des négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles, a-t-elle insisté. Pour conclure, la représentante des États-Unis a rappelé que son pays considérait que la Conférence du désarmement restait le meilleur organe international pour des négociations multilatérales. Regrettant toutefois les blocages qui persistent en son sein, elle a salué le travail du groupe P5 pour revitaliser, au sein de la CD, les négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles.
Nous entrons sur un terrain inconnu et à mesure que la taille des arsenaux nucléaires diminue, nous devons faire face à de nouveaux défis plus complexes en matière de vérification, a-t-elle conclu. Les États-Unis croient que la transparence sera plus importante que jamais.
M. MOHAMMAD AL-MUTAIRI (Koweït) a indiqué que la création d’un monde dénucléarisé a toujours été l’objectif de son pays. Il y a des possibilités d’atteindre cet objectif, a-t-il estimé. Il a fait valoir que son pays avait ratifié le TNP, le TICE, ainsi que les Conventions sur les armes chimiques et les armes bactériologiques. Il s’est félicité de l’issue de la dernière Conférence d’examen du TNP qui s’était tenue à New York, et a rappelé l’importance de réunir en 2012, comme cela avait été décidé, une conférence sur la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient, en insistant sur la nécessité de parvenir à un accord à ce sujet. Le représentant a rappelé qu’Israël était le seul pays de la région du Moyen-Orient à ne pas avoir ratifié le TNP. Il a demandé à l’Iran de coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour garantir la confiance. Le danger nucléaire ne connaît pas les frontières entre États, a-t-il indiqué, rappelant la tragédie qui a touché récemment le Japon.
M. KIM SOOK (République de Corée) a rappelé les progrès survenus ces dernières années en matière de désarmement, notamment le nouveau Traité START et l’issue de la huitième Conférence d’examen du TNP. Il ne faut pas pour autant nous reposer sur nos lauriers, a-t-il poursuivi, insistant sur la nécessité de restaurer la confiance. La République de Corée espère une relance de la Conférence du désarmement, a indiqué le représentant, regrettant l’impact de la situation de blocage de cet organe sur le mécanisme du désarmement. La République de Corée s’est joint à la demande visant à convenir d’un débat à l’Assemblée générale sur la revitalisation de la Conférence du désarmement, a rappelé le représentant. Il a ensuite souhaité que la CD puisse se mettre d’accord sur un programme de travail en 2012 pour entamer les questions de fond. Le représentant a appelé tous les États n’ayant pas ratifié le TICE de le faire sans tarder pour arriver à une entrée en vigueur du texte en 2012.
Le représentant a ensuite évoqué le programme nucléaire de la Corée du Nord qui, a-t-il dit, continue d’être une menace pour la paix et la sécurité régionales et un défi au régime de non-prolifération. La Corée du Nord n’a pas abandonné ses programmes nucléaires, a indiqué le représentant, affirmant la volonté de son pays de faire face à ce problème grâce à la mise en œuvre des sanctions sur la base des résolutions du Conseil de sécurité, tout en laissant la porte ouverte au dialogue.
Mme DELL HIGGIE (Nouvelle-Zélande) a souhaité rappeler d’abord le soutien de son pays à tous les efforts déployés en faveur du désarmement et de la non-prolifération, insistant notamment sur l’appui de son pays au projet de résolution du Mexique sur l’entrée en vigueur du TICE, ainsi que dans les négociations visant à la signature en 2012 d’un Traité général sur les ventes d’armes. Il a regretté ensuite le contraste persistant entre les progrès observables dans le domaine des armements conventionnels d’une part, et les blocages de la « machinerie de désarmement » de l’ONU, de l’autre.
Qualifiant de « profondément perturbante » la paralysie de la Conférence du désarmement, la représentante a estimé qu’elle privait la communauté internationale d’un espace de débat déjà en place, pour la négociation de problèmes fondamentaux tels que le désarmement nucléaire et les matières fissiles. Déplorant cette situation, elle a conclu en estimant que si la CD ne pouvait pas remplir son mandat, en tant qu’organe de négociations multilatérales, d’autres voies devraient être trouvées pour poursuivre ces processus. Elle a notamment cité l’exemple du succès du Traité START entre les États-Unis et la Russie, avant d’appeler tous les États parties au TNP à s’investir par conséquent directement dans la mise en œuvre du Plan d’action définit lors de la dernière Conférence d’examen du Traité, en 2010. « Le Plan d’action n’est pas seulement fait pour être admiré. Il doit être mis en œuvre, entièrement et immédiatement. Tous les États en ont la responsabilité et nous les appelons en urgence à assumer cette responsabilité sans délai », a-t-elle conclu.
M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a affirmé que 2012 serait une année charnière dans l’agenda du désarmement. Cette année sera d’autant plus décisive que nous nous acheminons vers la conférence des Nations unies, tant attendue, de juillet 2012 pour un traité sur le Commerce des armes, a-t-il poursuivi. Le représentant a souligné que la circulation des armes classiques constituait, pour l’Afrique, une véritable arme de destruction massive. Pour le Sénégal, seul un instrument contraignant, universel et robuste sur le commerce des armes pourrait permettre de réguler la circulation des armes classiques. Le représentant s’est ainsi félicité de la dynamique positive du Comité préparatoire avant la conclusion du traité sur le commerce des armes. Malgré le succès de la Conférence d’examen du TNP, l’Accord START et le Sommet du Conseil de sécurité de septembre 2010 sur la revitalisation de la Conférence du désarmement, les progrès dans la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires n’ont pas été véritablement à la hauteur de nos espérances, a poursuivi le représentant. Évoquant les points clefs d’une politique globale de sécurité et de paix, il a notamment cité le renforcement de l’autorité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui passe par son universalisation; mais aussi l’adoption par les États nucléaires d’un programme irréversible, vérifiable et ambitieux de réduction de leurs arsenaux.
M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) a commencé son intervention en revenant sur la création d’une zone exempte d’arme de destruction nucléaire au Moyen-Orient. Soulignant le refus de certains pays de rejoindre le TNP et de placer leurs installations nucléaires sous le régime des garanties intégrales de l’AIEA, il a appelé la communauté internationale « à prendre des mesures d’urgence et pratiques pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans cette région ». Insistant sur le soutien de son pays à toute initiative allant dans ce sens, il s’est félicité de la tenue, l’année prochaine, d’une conférence sur ce thème, espérant qu’elle fasse « date en matière de désarmement » et qu’elle contribue « à l’instauration de la paix dans une région où les tensions sont sans cesse exacerbées ».
Dans ce contexte, le représentant tunisien s’est félicité de l’augmentation croissante du nombre des Etats parties au TICE, estimant que son universalisation était « à même de contribuer considérablement et positivement au processus de désarmement nucléaire et à l’établissement de la paix et de la sécurité dans le monde ». Il est ensuite revenu sur l’importance pour son pays de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, soulignant que la Tunisie avait ratifié ce texte et achevé la destruction de tous ses stocks. Saluant également les résultats positifs de la Réunion du Groupe d’experts gouvernementaux sur la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce des armes légères et de petit calibre, il a indiqué que son pays soutenait les recommandations faites pour donner un nouvel élan à la mise en œuvre de ce Programme, notamment pour l’identification et le traçage rapide et fiable des armes légères. Pour conclure, il a mis en avant les inquiétudes de la Tunisie quant au nombre d’armes légères en circulation dans le monde, en particulier en Afrique. Il a défendu l’instauration de mécanismes de concertation sous-régionaux pour renforcer la coopération entre les États et parvenir à mettre en place « une manière efficace et coordonnée d’arrêter ce fléau dont les responsables sont aussi les pourvoyeurs et les fabricants » de telles armes.
M. ABDULLAH FADHEL AL-SAADI (Yémen) a demandé à ce que plus d’efforts soient entrepris en direction de mesures concrètes de désarmement. Il a rappelé que son pays avait ratifié plusieurs textes en faveur du désarmement, et assuré qu’il tiendrait ses engagements. Le Yémen se félicite des efforts du Secrétaire général pour promouvoir l’entrée en vigueur du TICE. Nous voudrions ici, renouveler notre appel en faveur d’un mécanisme pour le désarmement nucléaire et la non-prolifération, a-t-il poursuivi. Soulignant que le TNP était un instrument clef, M. Addullah a cependant indiqué que la non-ratification du Traité par Israël pourrait conduire à une course aux armements au Moyen-Orient. Il a ensuite indiqué que son pays aspirait à la mise en place d’un comité de coordination internationale pour lutter contre le commerce illicite des ALPC. Il a mis en avant le fait qu’au plan intérieur, un projet de loi prévoyant l’interdiction du port d’armes dans les grandes villes avait été adopté par le Parlement du Yémen. Il faut plus d’efforts concrets pour traiter le problème du commerce des ALPC qui pèse sur la paix et la sécurité et profite au terrorisme, a exhorté le représentant. Le Yémen est favorable à la création d’un mécanisme juridiquement contraignant pour mettre un terme au trafic des ALPC. Il est important d’instaurer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient pour réaliser l’objectif d’universalité du TNP, a-t-il encore affirmé. Le représentant a tenu par ailleurs à rappeler l’importance du droit pour tous les pays d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.
M. GYAN CHANDRA ACHARYA, (Népal) a rappelé d’abord que son pays était un fervent défenseur du processus de désarmement complet, incluant « toutes les armes de destruction massive, nucléaires, biologiques, chimiques ou radiologiques ». Revenant sur les travaux de la Conférence d’examen du TNP de 2010, il a insisté sur le lien entre les trois piliers du Traité –désarmement, non-prolifération et usage pacifique de l’énergie nucléaire– et sur la nécessité d’avancer simultanément dans ces trois domaines.
Évoquant ensuite les armes légères, il a regretté qu’elles continuent d’alimenter des conflits locaux, impactant directement la vie de millions de personnes dans le monde. Rappelant que le Népal soutenait le Programme d’action en vu de prévenir, combattre et éliminer le commerce des armes légères et de petit calibre, le représentant a souligné que son pays soutenait l’adoption d’un instrument juridique permettant une régulation « transparente » et « responsable » des transferts d’armes légères. Le représentant népalais a poursuivi en abordant le lien étroit existant entre désarmement et développement économique et social. Il a ainsi regretté que les dépenses militaires globales atteignent aujourd’hui 1,6 trillion de dollars, après avoir continué à augmenter ces dernières années en dépit de la crise financière et économique. « Tous les ans, nous renouvelons notre engagement en adoptant par consensus une résolution soulignant le lien entre désarmement et développement, malheureusement nous ne remplissons pas nos engagements », a-t-il insisté, avant d’appeler les États Membres à cesser d’investir « si faiblement dans la paix, le développement et la coopération internationale ».
Pour conclure, il a finalement rappelé les efforts de son pays à l’échelle régionale, via le Centre pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique de Katmandou. Il a appelé les États Membres et ceux de la région Pacifique en premier lieu, à continuer de soutenir les efforts de ce Centre.
M. HASAN KLEIB (Indonésie) a indiqué que son pays souscrivait à la déclaration du Myanmar au nom de l’ANASE. Rappelant que son pays s’était félicité de l’issue de la Conférence d’examen du TNP l’année dernière, il a néanmoins regretté le peu de résultats concrets depuis lors. Le représentant a expliqué que son pays avait ratifié le TICE et espérait que d’autres pays en feraient de même. S’agissant du mécanisme de désarmement, le représentant a regretté l’impasse dans laquelle se trouve la CD.
M. OMBENI Y. SEFUE (République-Unie de Tanzanie) a axé son intervention sur le problème de la prolifération des armes légères et de petit calibre, en particulier dans la région des Grands Lacs, en Afrique. Soulignant que ces armes alimentaient les conflits, faisaient des victimes dans les populations locales, mais aussi au-delà de leurs frontières, à l’instar de la piraterie au large des côtes somaliennes et kenyanes, du trafic de drogues et d’êtres humains ou de l’exploitation illégales des richesses naturelles, il a salué les efforts déployés par l’ONU, et notamment la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce de ce type d’armes. Il a également insisté sur le soutien apporté par son pays aux différents processus et initiatives de la communauté internationale, notamment la mise en place au Kenya, d’un Centre régional sur les armes légères et de petit calibre.
Poursuivant son intervention, le représentant a évoqué ensuite le problème des armes de destruction massive, rappelant que son pays considérait toutes les armes de ce type comme de graves menaces pour la sécurité, la stabilité et la paix. Il a salué les avancées entre la Russie et les États-Unis, grâce au Traité START 2. Il a fait valoir que son pays avait adhéré à plusieurs instruments juridiques concernant les armes conventionnelles, notant cependant que certaines actions demandées entraînaient des dépenses que les pays les moins développés n’étaient pas en mesure de supporter. Un fossé financier et technique existe et nécessite le soutien de la communauté internationale pour le combler, a-t-il conclu.
Droits de réponse
Le représentant de la République islamique d’Iran a affirmé qu’il rejetait catégoriquement les « affirmations du régime sioniste » contestant le caractère pacifique du programme nucléaire iranien. Le régime sioniste représente une menace pour la paix de la région, a dit le représentant. Ce régime a tué des innocents, commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, a-t-il poursuivi, indiquant que ces faits suffisaient à faire comprendre pourquoi le représentant de ce régime irresponsable tenait autant à détourner l’attention en s’en prenant à l’Iran. Le représentant a conclu en rappelant que beaucoup d’États, y compris les alliés du régime sioniste, avaient demandé à ce régime de rejoindre le TNP.
Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a protesté contre les déclarations selon lesquelles son pays serait une menace pour la sécurité mondiale. C’est faux, c’est modifier la réalité de la péninsule coréenne, a-t-il déclaré, avant d’estimer que la principale menace était en fait « l’alliance militaire existante entre les États-Unis, le Japon et la Coré du Sud ». Regrettant une entente mise en place depuis la guerre froide, il a dénoncé la poursuite et le renforcement de cette alliance, citant notamment en exemple les derniers exercices militaires organisés pendant l’été, avec des troupes américaines, de la Corée du Sud et d’autres pays de la région. Il a également indiqué que des armes nucléaires avaient été introduites par les États-Unis sur leurs bases, dés 1956. Que pense le représentant de la Corée du Sud de ce déploiement d’armes nucléaires par les États-Unis? Est-ce que cela contribue à la sécurité et la stabilité de la région? N’est-ce pas la vraie menace pour la sécurité, a-t-il demandé.
Le représentant du Japon a tenu à exercer son droit de réponse suite aux déclarations de la RPDC. Les exercices menés par les Forces de défense japonaises ne visent aucun pays ou aucune zone, a-t-il affirmé. De même, notre système de missiles ne vise aucun État, a-t-il ajouté. Il a indiqué que l’utilisation pacifique du nucléaire par le Japon avait été confirmée par l’AIEA. S’agissant de la reprise des pourparlers à six, le représentant a regretté que la RPDC continue son programme d’enrichissement et a insisté sur la nécessité de mesures concrètes pour arriver à une dénucléarisation vérifiable et irréversible de la part de la Corée du Nord. Le Japon, les États-Unis et la République de Corée appellent à des mesures concrètes en ce sens, a-t-il conclu.
Le représentant de la Syrie a souhaité revenir sur les déclarations faites par le représentant du Japon, à propos de « la question nucléaire syrienne ». Il a estimé que cette formulation donnait une image erronée de la situation et correspondait à un « message négatif » pour les relations bilatérales entre la Syrie et le Japon.
Rappelant que la Syrie avait fait partie des premiers pays ayant signé et ratifié le TNP, dès 1968, le représentant a estimé qu’il n’existait pas de « question nucléaire syrienne » et que toutes les tentatives visant à créer une telle question dans les réunions internationales avaient pour objectif de détourner l’attention des crimes israéliens et des agressions contre la Syrie.
Le représentant syrien a poursuivi en soulignant qu’Israël disposait d’un arsenal nucléaire comptant plus de 300 missiles, refusait d’adhérer au TNP ou de se plier à tout contrôle international de ses installations nucléaires. C’est la seule vérité, a-t-il encore martelé, avant de rappeler que la Syrie avait par ailleurs soutenu les efforts internationaux visant à l’instauration d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il a notamment cité le projet de résolution déposé par la Syrie au Conseil de sécurité en 2003, avant de se heurter, selon lui, au refus d’une puissance nucléaire influente, les États-Unis. Pour conclure, le représentant syrien a appelé le Japon à déployer des efforts pour que ce projet de résolution soit à nouveau présenté au Conseil de sécurité.
Le représentant de la République de Corée a tenu à exercer son droit de réponse suite aux déclarations de la RPDC. Il ne fait pas de doute que la Corée du Nord continue de représenter une menace pour la paix de la région et le régime de non-prolifération, a expliqué le représentant. Il a affirmé que la Corée du Sud était un pays responsable qui appliquait le Protocole additionnel dans les délais. Suite à l’incident de 2004, l’AIEA a publié un rapport de vérification, et n’a relevé aucun problème au sujet des recherches scientifiques menées par la Corée du Sud, a-t-il souligné. Tant que la RDPC n’aura pas affiché une véritable volonté de dénucléariser, il n’y aura pas d’avancée dans les pourparlers à six, a indiqué le représentant, invitant la RDPC à adopter des mesures préalables. Pour la République de Corée, il n’y a aucune excuse à ce qu’un pays mette en place de manière flagrante un programme nucléaire, exhortant la Corée du Nord à prendre les mesures qui lui reviennent. Le représentant a conclu en indiquant que les exercices conjoints de la République de Corée et des États-Unis étaient purement défensifs, appelant une nouvelle fois la RDPC à cesser ses provocations.
Exerçant à nouveau son droit de réponse, le représentant de la RPDC a voulu revenir sur les déclarations faites par le représentant du Japon, mettant en cause son pays. Il a rappelé que l’accident intervenu dans la centrale nucléaire de Fukushima, au Japon, avait suscité l’attention de toute la communauté internationale. Il s’est ensuite ouvertement interrogé sur les raisons pouvant expliquer le retard de l’assistance internationale pourtant offerte. Avant de répondre lui-même en évoquant la présence d’installations souterraines secrètes, prouvant, selon lui, que le problème n’était pas uniquement civil, mais aussi militaire.
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