En cours au Siège de l'ONU

AG/DSI/3429

La Première Commission ouvre son débat général par des appels à relancer le « mécanisme onusien du désarmement »

3/10/2011
Assemblée généraleAG/DSI/3429
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

3e séance – matin


LA PREMIÈRE COMMISSION OUVRE SON DÉBAT GÉNÉRAL PAR DES APPELS À RELANCER

LE « MÉCANISME ONUSIEN DU DÉSARMEMENT »


La Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, a entamé, ce matin, son débat général en entendant une dizaine d’États Membres qui ont plaidé en faveur de la relance de le « mécanisme onusien du désarmement ».


« Le mécanisme onusien du désarmement demeure le seul appareil pour concevoir et mettre au point des normes mondiales en matière de désarmement. »  C’est par ces mots que le Haut-Représentant pour les affaires de désarmement, M. Sergio Duarte, a désigné l’ensemble du dispositif multilatéral sur lequel les Nations Unies s’appuient pour parvenir à la réduction des armements et à la non-prolifération, en particulier dans le domaine nucléaire.


L’ouverture de ce débat général se fait dans la foulée de la septième Conférence visant à faciliter l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), qui s’est tenue le 23 septembre dernier, à New York.  Et le 27 juillet dernier, l’Assemblée générale s’était réunie dans l’espoir de mettre fin à l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement depuis une décennie, a rappelé le Président de la Première Commission.


Un consensus en est ressorti, a expliqué M. Jarmo Viinanen (Finlande), qui a assuré que les négociations autour de cette question devaient bénéficier d’un nouvel élan et que le statu quo n’était plus tenable.  La demande en faveur de l’action et du progrès se fait de plus en plus forte parmi les États Membres de l’ONU, a-t-il assuré, M. Duarte y voyant l’illustration de « la révolution démocratique qui semble souffler sur le monde, et pas seulement au Moyen-Orient ».


« L’état de droit est lui aussi en train de gagner les questions de désarmement », a poursuivi le Haut-Représentant, comme en témoignent selon lui, les efforts persistants déployés pour réaliser l’universalité des traités multilatéraux les plus importants -Convention sur les armes biologiques, Convention sur les armes chimiques et Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires– mais aussi l’intérêt croissant que l’on constate de toute part pour négocier une convention sur les armes nucléaires.


La plupart des délégations qui se sont exprimées ce matin –le Nigéria (au nom du Groupe des États d’Afrique), l’Indonésie (au nom du Mouvement des pays non alignés), la Nouvelle-Zélande (au nom des pays de la Coalition pour un Nouvel agenda) et le Guyana (au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM)-, ont confirmé leur engagement en faveur des négociations multilatérales et du processus de désarmement à tous les niveaux.


Elles ont également vanté les mérites de la coopération régionale, comme la représentante du Brésil, qui a expliqué par exemple que l’Agence brésilo-argentine pour le décompte et le contrôle des matériaux nucléaires, qui célèbre son vingtième anniversaire cette année, pouvait servir d’inspiration à d’autres régions du monde, comme la péninsule coréenne, l’Asie du Sud ou le Moyen-Orient.


La Première Commission poursuivra son débat général demain matin, mardi 4 octobre, à partir de 10 heures.


DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE


M. SERGIO QUEIROZ DUARTE, Haut-Représentant pour les affaires de désarmement, a rappelé que certaines des menaces les plus graves qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales figurent à l’ordre du jour de la Première Commission de l’Assemblée générale.  Couvrant les armes de destruction massive -y compris celles qui peuvent frapper le plus aveuglément de toutes les armes nucléaires- en passant par les armes conventionnelles, ses délibérations, a-t-il relevé, portent également sur des sujets dont l’impact est considérable pour notre avenir, comme l’armement spatial et la relation entre désarmement et développement, la question de la sensibilisation au désarmement ou encore la coopération régionale.  M. Duarte s’est déclaré convaincu que la Première Commission contribuait, depuis 65 ans et en toute indépendance, à promouvoir les normes multilatérales les plus élevées dans le domaine du désarmement et, dès lors, à renforcer la paix et la sécurité mondiales.


Le Haut-Représentant s’est félicité que les délibérations actuelles de la Première Commission se déroulent dans un climat politique dépolarisé qui s’est considérablement amélioré depuis l’époque de la guerre froide.  Alors que plus de 20 000 armes nucléaires demeurent et que leur statut opérationnel n’est toujours pas clair, la taille de ces arsenaux a baissé de manière spectaculaire depuis le record de 1986, quand on en comptait plus de 70 000, s’est réjoui M. Duarte.  Mieux encore, a-t-il ajouté, au cours des décennies écoulées, l’opinion publique internationale a profondément changé vis-à-vis de ces armes, reconnaissant notamment les conséquences humanitaires potentielles de leur utilisation qui ont été clairement établies par l’avis consultatif rendu en 1996 par la Cour internationale de Justice (CIJ), mais aussi par les travaux du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et par le consensus qui s’est fait jour lors de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 2010.


Pour M. Duarte, l’une des tendances les plus satisfaisantes du moment, c’est la diversité des acteurs engagés en faveur du désarmement nucléaire mondial, comme par exemple M. Ban Ki-moon, premier Secrétaire général de l’ONU à s’être rendu –l’an dernier- à Hiroshima et Nagasaki.  « En mars dernier, j’ai été fier », a déclaré le Haut-Représentant, « de me joindre à lui lors de l’inauguration d’une exposition des Nations Unies sur le désarmement, au cours de laquelle étaient présentés un million de signatures recueillies par une pétition en faveur d’une Convention sur les armes nucléaires ».  Une autre pétition internationale, réclamant elle aussi la mise au point d’un tel instrument juridique international et présentée par le groupe japonais Gensuikyo à la Conférence d’examen du TNP, a recueilli plus de sept millions de signatures.


Outre l’Alliance internationale des Maires pour la paix et les organisations de la société civile, les parlementaires du monde entier se sont progressivement impliqués dans la promotion du désarmement nucléaire, a continué M. Duarte.  Ainsi, en avril 2009, l’Assemblée de l’Union interparlementaire –qui regroupe 6 000 parlementaires en provenance d’une centaine de pays– a adopté une résolution qui soutient l’ouverture de négociations sur une Convention sur les armes nucléaires, conformément à la proposition faite par le Secrétaire général de l’ONU le 24 octobre 2008.  Enfin, a noté le Haut-Représentant, en septembre 2009, après des décennies passées sans jamais aborder ce sujet, le Conseil de sécurité a organisé un sommet au cours duquel a été adoptée la résolution 1887, qui appelle tous les États, et pas seulement ceux qui sont parties au TNP, à prendre part à des négociations de bonne foi sur le désarmement nucléaire.


Parallèlement à ces faits et en dépit des incertitudes, il se dégage pour le Haut-Représentant deux tendances qui se renforcement mutuellement et pourraient influencer de manière positive les travaux de la Commission.  « La première, c’est la révolution démocratique qui semble souffler sur le monde, pas seulement sur le Moyen-Orient ».  La preuve que la démocratie est en train de s’emparer de la question du désarmement se vérifie à ses yeux dans les actions entreprises par les différents acteurs évoqués plus haut, mais aussi dans les attentes de plus en plus fortes exprimées par l’Assemblée générale pour que de nouveaux progrès en matière de désarmement voient le jour.  Et comme la démocratie se soucie du désarmement, l’état de droit y touche aussi.  En témoignent selon lui les efforts persistants pour réaliser l’universalité des traités multilatéraux les plus importants -Convention sur les armes biologiques, Convention sur les armes chimiques et Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires– mais aussi l’intérêt croissant que l’on constate de toute part pour négocier une Convention sur les armes nucléaires.  « Cela ressort aussi des consultations récentes entre États dotés de l’arme nucléaire en vue d’améliorer la transparence de leurs arsenaux nucléaires et de leurs stocks de matériaux fissiles.  Cela ressort aussi des préparatifs de la conférence, prévue l’an prochain, visant à conclure un traité sur le commerce des armes.  Cela ressort enfin des efforts en cours depuis la tenue de la Conférence d’examen du TNP de 2010 pour faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires », a estimé le Haut-Représentant.


« Les forces conjointes de la démocratie et de l’état de droit », selon l’expression de M. Duarte, ont en outre le potentiel pour réaliser un autre objectif, à savoir celui de la réduction des dépenses militaires, dont le montant annuel est estimé à 1,6 trillion de dollars, toutes nations confondues.  Aussi, la Première Commission ne devrait-elle pas attendre l’avènement de la paix mondiale comme condition préalable au désarmement, à la non-prolifération et au contrôle des armements pour agir, a préconisé le Haut-Représentant.  La machinerie onusienne du désarmement demeure la seule usine pour concevoir et mettre au point des normes mondiales en matière de désarmement, a-t-il plaidé, avant de souhaiter aux délégations une soixante-sixième session productive.


M. HASAN KLEIB (Indonésie), au nom du Mouvement des pays non alignés a apporté son soutien à la tenue d’une Conférence internationale qui identifierait les moyens d’aboutir à l’adoption d’un calendrier pour l’élimination complète des armes nucléaires.  Le but ultime de tous les efforts dans le champ du désarmement est de tendre à un désarmement général, garanti par un contrôle international efficace, a-t-il poursuivi.  Il a ensuite rappelé le droit des pays en développement à la production et à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, avant d’exprimer sa préoccupation devant l’absence d’avancées réelles dans la mise en œuvre des obligations découlant du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) par les États parties, et notamment l’élimination totale de leurs arsenaux nucléaires.


M. Kleib a plaidé pour que des négociations sur un programme pour l’élimination totale des armes nucléaires, assorti d’un calendrier, au sein de la Conférence du désarmement (CD) soient entamées avant d’exprimer son inquiétude devant le Concept stratégique de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qui justifie l’utilisation de l’arme nucléaire.  Il a ensuite exhorté à la prise rapide des mesures nécessaires à la tenue de la Conférence prévue en 2012 sur l’établissement d’une zone dénucléarisée au Moyen-Orient.  Un coordonnateur devrait être à cet effet nommé et le pays hôte désigné, a-t-il poursuivi.  Il a ensuite plaidé pour le renforcement de la machinerie onusienne sur le désarmement et réaffirmé le rôle clef joué par la Conférence du désarmement et la Commission du désarmement des Nations Unies, avant de déplorer le blocage des négociations et discussions au sein de ces deux enceintes.  M. Kleib a ensuite plaidé pour l’universalité du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), avant d’exprimer sa préoccupation que deux États parties majeurs à la Convention sur les armes chimiques aient annoncé qu’ils ne pourraient respecter la date de 2012 comme date butoir de destruction totale des armes chimiques.  En conclusion, il a réaffirmé le droit inaliénable des États à l’acquisition d’armes conventionnelles à des fins de sécurité intérieure.  Il a mentionné les thèmes des résolutions et décisions que le Mouvement des pays non alignés entendait soumettre.


S’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. BUKUN-OLU ONEMOLA (Nigéria) a réaffirmé l’engagement du Groupe en faveur des négociations multilatérales et du processus de désarmement à tous les niveaux, en particulier nucléaire.  À cet égard, il a rappelé que le TNP demeurait la pierre angulaire du désarmement nucléaire et des efforts de non-prolifération.  Le représentant s’est félicité de l’adoption par consensus, lors de la dernière Conférence d’examen du TNP, de la recommandation faite au Secrétaire général de convoquer la tenue d’une Conférence en 2012 sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient.  Par ailleurs, le Groupe des États d’Afrique est convaincu que la ratification rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) par les dernières puissances nucléaires qui n’y ont pas encore adhéré contribuera à l’entrée en vigueur de cet instrument juridiquement contraignant.  Après avoir rappelé le droit inaliénable de tous les États non nucléarisés à s’engager dans la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, M. Onemola a abordé la question du transfert illicite, de la fabrication et de la circulation des armes légères et de petit calibre (ALPC).  Aussi a-t-il encouragé la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer de telles armes.  Selon lui, l’année à venir sera marquée par autant de promesses que de défis, alors que doit se tenir en 2012 le Comité préparatoire et la Conférence d’examen de ce Programme d’action.  Les États d’Afrique sont en faveur d’un traité sur les armes équilibré et juste.


Mme DELL HIGGIE (Nouvelle-Zélande), s’exprimant au nom des pays de la Coalition pour un Nouvel agenda, a rappelé que la mise en œuvre du Plan d’actiondéfini lors de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en 2010, visant à l’élimination totale des armes nucléaires, dépendrait ultimement de la bonne volonté des États et de leur capacité à agir collectivement.  Il a souligné la légitimité des demandes des États non dotés de l’arme nucléaire à recevoir des garanties de sécurité juridiquement contraignantes de la part des États qui sont, eux, dotés de l’arme nucléaire.  Il a ensuite exhorté ces derniers États à diminuer le rôle des armes nucléaires dans leurs doctrines de sécurité.  Il s’est félicité que certains États dotés de l’arme nucléaire aient, lors de la Réunion de suivi du TNP du P5, tenue à Paris le 30 juin dernier, exprimé leur détermination de poursuivre l’objectif commun d’un désarmement nucléaire, découlant de l’article VI du TNP.  Il a espéré que le Secrétaire général des Nations Unies prenne les mesures visant à l’établissement d’un centre documentaire public rassemblant l’information fournie à cet effet par les États dotés de l’arme nucléaire.  Il a appelé à l’établissement de zones dénucléarisées, dans le droit fil de la Conférence d’examen de 2010, notamment au Moyen-Orient, avant d’appuyer la nomination d’un coordonnateur et la désignation du pays hôte, s’agissant de la conférence sur l’établissement d’une zone dénucléarisée au Moyen-Orient.  Enfin, il a exhorté l’Inde, le Pakistan et Israël à adhérer au TNP en tant qu’États non dotés de l’arme nucléaire.


S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. GEORGE WILFRED TALBOT (Guyana) a déclaré que le renforcement de la sécurité aux frontières était un moyen important de mettre fin au trafic illicite des ALPC, qu’il a qualifié de véritable fléau.  Aussi la CARICOM accorde une importance particulière à l’élaboration d’un traité juridiquement contraignant et fixant des normes internationales très strictes pour le commerce des armes conventionnelles et en particulier des armes légères et de petit calibre.  L’élimination complète de toutes les armes nucléaires doit cependant rester une priorité absolue, a poursuivi le représentant, qui a encouragé la Conférence du désarmement à sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouve pour qu’elle saisisse des questions relatives au désarmement nucléaire.  La délégation s’est ensuite félicitée de la tenue de la Conférence d’examen du TICEN en marge de l’Assemblée générale.  En l’attente de l’entrée en vigueur de ce Traité, il a prié les puissances dotées de l’arme nucléaire de décréter un moratoire sur les essais.  Faisant référence à l’accident qui s’est produit dans la centrale de Fukushima, le Guyana a rappelé que de tels évènements exigent de renforcer les dispositifs existants pour sécuriser les installations nucléaires civiles.  Il s’est en conclusion félicité du fait que la CARICOM soit une zone exempte d’armes nucléaires, une décision prise par ses États membres en 1967.  C’est la raison pour laquelle la CARICOM soutient des initiatives comparables, comme la Conférence qui se tiendra l’an prochain sur l’établissement d’une telle zone au Moyen-Orient.


Mme YANERITMORGAN (Mexique) a déploré l’impasse complète dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement, indiquant que son pays était favorable à une relance de la machinerie du désarmement.  Le Mexique soutiendra tout mécanisme aboutissant à la reprise des négociations, a-t-elle poursuivi, y compris au sein d’enceintes autres que la Conférence du désarmement « qui ne répond plus aux objectifs pour lesquels elle a été créée ».


Elle a indiqué que le Mexique lancerait un appel au sein de la présente Commission pour que soit adopté un traité sur le commerce des armes, qui fixerait notamment un cadre très strict pour ce commerce.  Elle a ajouté qu’en 2012, il serait fait état des progrès enregistrés dans la lutte contre la circulation illicite des ALPC, qui fait peser une grave menace sur l’état de droit.


Elle a ensuite plaidé pour la mise en place de mécanismes de contrôle efficaces afin de lutter contre la prolifération des armes de destruction massive et appelé de ses vœux l’universalisation du TNP.  À ce titre, elle a exhorté Israël, l’Inde et le Pakistan à y adhérer.  L’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires reste une priorité, a-t-elle poursuivi. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré qu’à la lumière des évènements de Fukushima, le désarmement nucléaire devait rester la priorité la plus importante de la communauté internationale.  Après avoir rappelé que son pays appartenait à une zone exempte d’armes nucléaires, elle a expliqué que l’Amérique latine et les Caraïbes avaient un bilan impeccable en matière de mesures de renforcement de la confiance et d’accords pour atténuer les tensions régionales.  Ainsi, le Traité pionnier de Tlatelolco est une contribution de premier plan à l’engagement du continent sud-américain en faveur de la paix et de la sécurité et au développement de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques exclusivement.  Autre exemple de succès en matière de coopération régionale selon la représentante brésilienne, la création de l’Agence brésilo-argentine pour le décompte et le contrôle des matériaux nucléaires, qui célèbre son vingtième anniversaire cette année, et constitue une source d’inspiration pour d’autres régions du monde, à commencer par le Moyen-Orient, la péninsule coréenne et l’Asie du Sud, comme l’a déclaré le Ministre des affaires étrangères du Brésil, M. Antonio Patriota.  À l’occasion de la Conférence sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient qui se tiendra en 2012, mon pays se tiendra prêt à partager ses expériences et ses pratiques optimales, a assuré Mme Viotti.


Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a déclaré que son pays, en fermant de manière unilatérale en 1991 le plus vaste site d’essais nucléaires du monde, était devenu l’« épicentre de la paix », selon la formule du Président du Kazakhstan, Nursultan Nazarbayev.  À l’approche de la conférence préparatoire de 2012 sur le Traité de non-prolifération nucléaire, les travaux doivent commencer immédiatement sur plusieurs fronts afin de veiller à la réalisation des objectifs fixés pour 2012 et 2015, a prévenu la représentante.  Le Kazakhstan se joint en outre à la voix de la septième Réunion ministérielle du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), qui s’est tenue le 23 septembre dernier et a lancé un appel vigoureux en faveur de l’entrée en vigueur du Traité.  La représentante a indiqué que son pays coopérait avec le Bureau du TICE pour faciliter le fonctionnement du système de surveillance international.  En outre, avec le soutien du Gouvernement de la Norvège, un centre international de formation a été ouvert pour les experts en provenance des pays d’Asie centrale.  Mme Aitimova a enfin rappelé que son Président avait, lors du débat général de l’Assemblée générale, appelé à l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant et visant à ce que les puissances nucléaires puissent apporter des garanties aux États non nucléarisés, le TNP n’ayant pas été efficace en la matière selon lui.


M. MARI AMANO (Japon) a rappelé que le Japon avait lancé, avec neuf autres pays, un groupe transrégional, faisant fond sur l’élan généré par la Conférence d’Examen du Traité de non-prolifération (TNP) de 2010, et qui a formulé des propositions concrètes quant à la mise en œuvre des éléments clefs du Plan d’action adopté lors de cette Conférence.  Il a souhaité que les États dotés de l’arme nucléaire continuent de coopérer à cet égard avec les États qui, eux, ne le sont pas.  Il s’est ensuite dit très préoccupé de ce que les négociations sur le traité d’interdiction de la production de matières fissiles n’aient toujours pas commencé au sein de la Conférence du désarmement.


Rappelant qu’un monde sans armes nucléaires ne pouvait être réalisé en une nuit, et parlant au nom du seul pays à avoir souffert de l’arme nucléaire, M. Amano a indiqué que ce traité était la prochaine étape logique vers le désarmement nucléaire.  S’il n’y a de perspective pour une reprise des négociations, le Japon pourrait proposer, avec d’autres pays, une autre enceinte de négociation, a-t-il poursuivi.  Il a invité à prendre des mesures concrètes pour la reprise de ces négociations et à s’abstenir de tout débat inutile.


Il a exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à abandonner son programme nucléaire et à se conformer à ses obligations internationales.  Il a ensuite demandé à tous les États à redoubler d’efforts pour aboutir, lors de la prochaine Conférence des Nations Unies en juin, à un traité sur le commerce des armes robuste et inclusif.  Enfin, il a conclu en réitérant que, devant la possibilité probable d’une impasse durable au sein de la Conférence du désarmement, le Japon songeait sérieusement à trouver une « porte de sortie ».


M. BUI THE GIANG (Viet Nam) a déclaré que son gouvernement soutenait de manière inconditionnelle le processus de désarmement avec pour priorité le désarmement nucléaire et l’éradication des autres armes de destruction massive.  C’est la raison pour laquelle notre pays est partie à tous les instruments juridiques internationaux pertinents, a-t-il dit.  Le Viet Nam accorde une importance particulière à cet égard au TNP, qu’il considère comme une pierre angulaire de l’édifice du désarmement multilatéral.  Aussi a-t-il encouragé les États dotés de l’arme nucléaire à mettre en œuvre l’ensemble des 64 recommandations contenues dans le Document final de la dernière Conférence d’examen du TNP.  La délégation a ensuite salué le rôle joué par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et ses accords de garanties dans le renforcement du régime de non-prolifération.  Par ailleurs, selon M. Giang, le TICE, une fois entré en vigueur, renforcerait de manière significative les mécanismes existants.  Aussi a-t-il encouragé les puissances nucléaires qui ne l’ont pas encore fait à ratifier cet instrument pour montrer l’exemple à d’autres et atteindre la ratification universelle.  En l’attente de l’entrée en vigueur du TICE, tous les pays devraient décréter un moratoire sur les essais nucléaires, a préconisé le représentant.  Enfin, il a réaffirmé le soutien vigoureux de sa délégation à la tenue de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement en vue d’examiner l’état de la mise en œuvre des conclusions de la première session consacrée à la question.


M. ANTHONY ANDANJE (Kenya) s’est dit convaincu que les négociations multilatérales étaient la seule voie possible pour le désarmement et la sécurité internationale.  Il a assuré que la destruction totale de toutes les armes nucléaires était le moyen de se prémunir de ce danger qui pèse sur l’ensemble de l’humanité.  Si l’adoption du Document final de la Conférence d’examen du TNP de 2010 lui a paru être un réel succès, le représentant a jugé en revanche qu’il ne servirait à rien en l’absence de volonté politique de la part des États Membres en vue de réaliser un monde exempt d’armes nucléaires.  Après avoir encouragé les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le TICE, M. Andanje a jugé inacceptable l’impasse dans laquelle se trouvait la Conférence du désarmement depuis une décennie.  Il a déclaré qu’il était urgent de revitaliser les travaux de la Conférence, à l’instar de ce que la réunion de suivi de haut niveau de l’Assemblée générale a tenté de faire le 27 juillet dernier.  La situation, a-t-il noté, n’est guère plus encourageante pour la Commission du désarmement des Nations Unies, qui se heurte depuis toujours aux difficultés à générer un consensus.  Enfin, a ajouté la délégation, le Kenya soutient la mise au point d’un traité visant à réglementer le commerce des armes et se félicite à cet égard des progrès réalisés par les trois comités préparatoires.


Droit de réponse


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dit tenir à exercer son droit de réponse afin de rejeter de façon catégorique les affirmations du représentant du Japon concernant la réalité nucléaire dans la péninsule coréenne.  Le Japon est sous la protection de la première puissance nucléaire au monde, a-t-il dit.  Il a mentionné un accord secret passé en 1960, a-t-il précisé, en vertu duquel le Japon a permis aux États-Unis d’apporter des vecteurs nucléaires sur le territoire japonais.  Le Japon, qui possède plus de 40 tonnes de plutonium, peut aisément acquérir l’arme nucléaire, a dit la RPDC.  Le représentant a affirmé que son pays avait pris toute sa part dans les pourparlers à six et qu’il continuerait de faire entendre sa voix.  Ce sont les autres parties qui fixent des conditions pour une reprise des négociations au sein du groupe des six, a-t-il poursuivi, avant d’appeler le Japon « à dire la vérité ».


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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