En cours au Siège de l'ONU

AG/11189

Assemblée générale: Suivi et mise en oeuvre de la Conférence internationale sur le financement du développement pour relever les nouveaux défis du développement

08/12/2011
Assemblée généraleAG/11189
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

79e & 80e séances plénières

matin & après-midi


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: AIDE PUBLIQUE ET FINANCEMENTS INNOVANTS, DEUX PILIERS

POUR RELEVER LES NOUVEAUX DÉFIS DU DÉVELOPPEMENT


La conclusion, aujourd’hui, du cinquième Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale sur le financement du développement a permis à de nombreuses délégations de souligner, une nouvelle fois, le caractère prometteur des financements innovants, tout en insistant sur l’aide publique au développement(APD), « catalyseur indispensable », selon le représentant de la France.


Si le représentant français s’est félicité de ce qu’en 2010, l’APD de son pays ait atteint un niveau de 0,5% du PIB soit 10% de l’aide publique mondiale (APD), son homologue de Saint-Vincent-et-les Grenadines a gardé à l’esprit les chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).


Selon l’OCDE, le montant « historique » de 128,7 milliards de dollars qu’a atteint l’APD en 2010, ne représente que 0,32% du PNB combiné de ses membres, soit bien loin de l’objectif fixé à 0,7%.  Le représentant a accusé les donateurs d’être motivés par des calculs « ouvertement politiques » et de se servir de leur APD comme d’une carotte ou d’un bâton.  Quelles que soient les mérites de cette APD, s’est-t-il indigné, il est sournois de la qualifier d’aide.


L’APD, a-t-il martelé, n’est pas un acte de charité, mais un contrepoids aux iniquités systémiques du commerce et des flux de capitaux internationaux. 


L’APD est sous pression, a rétorqué son homologue de la Nouvelle-Zélande, en conseillant de mobiliser de nouvelles ressources financières.  « Il faut innover au-delà des frontières et des instruments traditionnels de l’aide », a renchéri le représentant de la France.


Observant que près de 6 milliards de dollars avaient été levés grâce aux financements innovants depuis 2006, dont la taxe de solidarité sur les billets d’avion, le représentant français a poussé les États Membres à étendre ces « bonnes pratiques ».


À titre d’exemple, il a plaidé pour une microtaxe sur les transactions financières internationales, « mécanisme le plus prometteur en volume et en impact ».


Il a aussi rappelé que les pays du G-20 s’étaient engagés à contribuer à la réduction, d’ici à 2014, du coût des transferts d’argent des migrants, permettant ainsi de rediriger chaque année plus de 15 milliards de dollars vers les familles restées au pays. 


Dans ses remarques de conclusion, le Vice-Président de l’Assemblée générale a engagé les États Membres à honorer le fondement du partenariat mondial pour le développement défini dans le Consensus de Monterrey de 2002 et la Déclaration de Doha de 2008. 


Nos délibérations doivent être considérées comme un pas important vers le renouvellement et l’amélioration de ce partenariat au moment même où nous devons imaginer le cadre de développement pour l’après-2015, date butoir de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a conclu le Président.


Pendant cette journée de débats, les États Membres ont également participé à trois tables rondes portant sur la réforme du système monétaire et financier international; les incidences de la crise financière et économique mondiale sur les investissements étrangers directs (IED); et, enfin, l’effet multiplicateur de la coopération technique et financière. *


L’Assemblée générale poursuivra ses travaux demain, vendredi 9 décembre, à partir de 10 heures, pour examiner les recommandations de sa Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.


* Voir communiqué de presse AG/11190



SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE 2002 SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA CONFÉRENCE D’EXAMEN DE 2008: CINQUIÈME DIALOGUE DE HAUT NIVEAU SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT


Déclarations (suite)


M. MARTIN BRIENS (France) a estimé que le développement ne peut plus être considéré comme une politique isolée, mais est au contraire un élément clef de l’agenda économique international.  Le clivage traditionnel Nord-Sud est dépassé.  Les trajectoires de développement se différencient, de nouvelles puissances économiques émergent et les pays en développement s’affirment comme les nouveaux pôles de croissance, a constaté le représentant. 


Il faut innover, en a-t-il conclu, « au-delà des frontières et des instruments traditionnels de l’aide ».  La France, a-t-il promis, demeure attachée à l’esprit de Monterrey et de Doha, « à condition de prendre la mesure des évolutions qui ont changé le monde durant les 10 dernières années ».  Estimant que l’aide publique au développement (APD) était un catalyseur indispensable, il s’est félicité de ce qu’en 2010, l’APD française ait atteint un niveau historique de 0,5% du PIB, soit 13 milliards de dollars et de 10% de l’APD mondiale.


Il a néanmoins exhorté les pays en développement à mobiliser l’ensemble des ressources disponibles pour déclencher leur développement, notamment celles émanant du secteur privé, de leurs échanges commerciaux et des transferts de fonds de migrants.  Les pays du G-20, a-t-il ajouté, se sont engagés à contribuer à la réduction, d’ici à 2014, du coût global moyen des transferts d’argent des migrants qui passeront de 9% à 5%, permettant ainsi de rediriger chaque année plus de 15 milliards de dollars vers les familles restées au pays.


Observant que près de 6 milliards de dollars avaient été levés grâce aux financements innovants depuis 2006, M. Briens a poussé les États Membres à étendre ces « bonnes pratiques », y voyant une des clefs immédiatement disponibles pour concrétiser le « changement d’échelle » appelé par les Nations Unies. 


Il a rappelé que la France plaide pour « le mécanisme le plus prometteur en volume et en impact », à savoir une microtaxe sur les transactions financières internationales.  Il a fait savoir qu’une coalition de partenaires avait vu le jour « pour que cette ambition ne reste pas lettre morte ».  Le représentant s’est par ailleurs félicité de l’adoption, à Busan, d’un accord pour renforcer les engagements pris à Accra et à Paris sur l’efficacité de l’aide.


Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a voulu que les Nations Unies, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le G-20 envoient un signal clair de cohérence et de cohésion politique pour répondre à la crise de manière rapide et efficace. 


Depuis Monterrey, les pays en développement ont fait des avancées significatives pour mobiliser des ressources propres en vue de financer leur développement et ont mis en place des politiques contre la pauvreté, a-t-elle noté, rappelant que le soutien international à ces efforts était crucial.  À cet égard, même si l’APD a constamment augmenté ces dernières années, en atteignant un niveau record en 2010, elle reste inférieure aux niveaux convenus internationalement, a rappelé la représentante. 


En outre, le potentiel du commerce pour mobiliser les ressources nécessaires au développement n’a toujours pas pu être pleinement réalisé, a-t-elle regretté, dénonçant notamment la persistance des subventions agricoles et un accès limité aux marchés des pays développés.  La crise économique et financière a souligné l’importance de renforcer la cohérence des systèmes internationaux monétaire, financier et commercial, a estimé Mme Dunlop. 


La réforme des institutions financières doit être lancée, de façon prioritaire, afin d’y augmenter la voix et la participation des pays en développement, dans le but d’atteindre, au moins, la parité avec les pays développés au sein du FMI et de la Banque mondiale.  Le rôle des Nations Unies doit en outre être renforcé, compte tenu de leur position unique dans les discussions internationales sur la réforme financière et la gouvernance économique, a-t-elle enfin dit. 


Mme SHULI YONA DAVIDOVICH (Israël) a indiqué que son pays continue d’améliorer ses efforts dans de nombreux domaines relatifs au financement du développement, notamment dans le transfert des connaissances et des ressources.  Israël, a-t-elle poursuivi, a considérablement augmenté son APD, dont une proportion significative est destinée à promouvoir le développement durable. 


Elle a également indiqué que son pays avait augmenté sa contribution annuelle aux fonds et programmes des Nations Unies et est fier d’être membre des Conseils d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en 2012 et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en 2013.  Néanmoins les contributions financières ne sont pas la seule solution pour le financement du développement, a-t-elle estimé.  Nous devons diffuser les technologies, créer des partenariats et promouvoir le renforcement des capacités.


Nous devons promouvoir des financements innovants et, à ce propos, a expliqué Mme Davidovich, Israël a intégré le microcrédit comme une part importante de ses activités de développement et de formation.  Israël partage son expérience en matière de développement, en particulier dans les domaines de la gestion de l’eau, de l’agriculture, de la santé publique et du développement communautaire. 


M. LOFTI BOUCHAARA (Maroc) a souligné que les politiques destinées à corriger les déséquilibres provoqués par les crises financières et économiques devaient aller de pair avec les efforts visant à s’attaquer à leurs origines structurelles et profondes afin de mettre en place un système de gouvernance économique mondial qui soit favorable au développement.  Il a noté qu’en plus de l’insuffisance observée au niveau de l’application des engagements pris en matière d’APD, leur imprévisibilité avait ajouté à la difficulté des pays à mettre en œuvre leurs politiques et stratégies de développement. 


Le représentant s’est notamment inquiété du ralentissement de l’augmentation des ressources allouées à l’APD pour la période 2011-2013 qui, a-t-il relevé, n’augmenteraient que de 2% comparé au 8% enregistré dans les années précédentes.  Il a ensuite fait savoir que le Maroc appuie les initiatives visant à mettre en place des mécanismes innovants de financement dans le but de générer des ressources additionnelles pour le développement.


Observant par ailleurs que les difficultés économiques et sociales provoquées par les crises alimentaire et économique avaient limité « d’une manière significative » la capacité des pays africains à financer leur développement, M. Bouchaara a réclamé la mise en place d’un mécanisme efficace de suivi des engagements pris en faveur du développement de l’Afrique. 


Le représentant a par ailleurs estimé qu’afin de permettre au commerce international de jouer pleinement son rôle de moteur de croissance et de développement, les négociations du Cycle de Doha devaient se conclure dans les meilleurs délais possibles et arriver à des résultats qui consacrent la centralité du développement dans le système commercial multilatéral.


M. NORACHIT SINHASENI (Thaïlande) a estimé que la question qui se pose aujourd’hui est de savoir comment faire du Consensus de Monterrey un instrument pertinent dans le nouveau contexte de crise.  La Thaïlande a connu une période de croissance économique robuste, grâce à un modèle de croissance basé sur les exportations et les investissements étrangers directs.  À cet égard, le représentant a plaidé pour une conclusion rapide du Cycle de négociations de Doha. 


Il a toutefois souligné que la crise financière mondiale avait montré qu’une dépendance trop forte aux exportations pouvait être une source de vulnérabilité.  Les marchés domestiques doivent aussi être renforcés et la mobilisation de ressources propres est cruciale, a-t-il expliqué.  Le Gouvernement thaïlandais attache en outre une importance particulière à l’amélioration de l’accès aux produits financiers pour les franges les plus vulnérables de la société, notamment par des fonds pour les villages ou les groupes de femmes.


L’impact positif des financements innovants pour le développement peut encore être renforcé avec le transfert de technologie et le renforcement des capacités, a poursuivi le représentant, soulignant l’importance à la fois de la coopération Nord-Sud et de la coopération Sud-Sud.  La Thaïlande a étendu sa coopération à travers des initiatives régionales et sous-régionales dans ses domaines d’expertise, comme l’agriculture, la santé publique et le développement. 


Le représentant a conclu en insistant sur la nécessité de répondre aux questions systémiques qui se posent, compte tenu des dangers posés par les flux de capitaux à court terme, et en plaidant pour une voix et une participation plus importantes des pays en développement dans les institutions de Bretton Woods.


M. CAMILLO M. GONSALVES (Saint-Vincent-et les Grenadines) a noté que selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les pays développés n’avaient versé que 0,32% de leur PIB à l’APD.  Pourtant, a-t-il ironisé, cette livraison de 46% seulement de l’aide promise est brandie comme une réalisation positive.  Il a estimé qu’une somme notable de l’argent versé à l’APD n’avait qu’une relation « approximative » avec le développement. 


Ces contributions sont motivées par des calculs ouvertement politiques et sont utilisées comme une carotte ou un bâton pour faire avancer des objectifs et des alliances géopolitiques qui sont très peu soucieux des besoins ou des priorités du développement, a-t-il accusé.  Quelles que soient les mérites relatifs de cette aide, a-t-il ajouté, il est sournois de la qualifier d’APD.


Pour M. Gonsalves, le financement du développement est voué à l’échec si l’on persiste à considérer les APD comme une forme de « charité discrétionnaire » versée par des « donateurs altruistes » pendant des périodes de surplus.  L’APD, a-t-il souligné, n’est pas un acte de charité, mais un investissement dans la paix et la sécurité internationales et un contrepoids aux iniquités systémiques du commerce et des flux de capitaux internationaux.  L’objectif de 0,7% du PNB doit demeurer la pierre angulaire incontournable du financement du développement, a-t-il souligné.


Le représentant a avancé que la prédominance, dans les Caraïbes, de pays à revenu intermédiaire avait dissuadé les donateurs institutionnels et bilatéraux d’appliquer des mesures significatives d’allègement de la dette.  Il a averti que le fardeau de la dette de nombreux États membres de la CARICOM atteignait des niveaux intenables et était de surcroit « débilitant » du point de vue du développement. 


M. Gonsalves a voulu que cette situation soit examinée de manière urgente.  Il a cité les mérites de la coopération Sud-Sud, estimant que celle-ci se distinguait des relations traditionnelles « donateur-récipiendaire » entre le Nord et le Sud et ne devait en aucun cas dédouaner les partenaires au développement de leurs obligations en matière d’APD.


M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a estimé que depuis Monterrey, de nombreux pays en développement avaient fait des progrès louables mais inégaux selon les pays qui n’ont pas tous bénéficié d’une augmentation de l’APD.  Par ailleurs, en Afrique, les investissements se sont limités aux ressources naturelles et les PMA n’ont pu augmenter leur part dans le commerce international, à part dans le secteur du pétrole. 


Il faut aussi dire, a poursuivi le représentant, que les avancées de plusieurs pays ont été annihilées par la crise économique et financière.  Dans ce contexte, raviver l’esprit de Monterrey peut nous aider à restaurer la confiance en notre capacité à triompher de l’urgence du développement, a-t-il estimé.


L’amélioration de la vie des citoyens est avant tout une responsabilité nationale, a souligné le représentant.  Mais les efforts nationaux de développement ont besoin d’être soutenus par un environnement international favorable.  M. Tarar a insisté sur la nécessité d’une aide prévisible et alignée sur les priorités des pays en développement.  Aujourd’hui plus que jamais, un partenariat solide entre le Nord et le Sud est nécessaire, tout comme une coopération Sud-Sud renforcée, a-t-il déclaré.


Il a également plaidé pour une politique d’incitation aux investissements, pour une solution efficace au fardeau de la dette et pour un accord en faveur d’un commerce ouvert et équitable. 


M. GILLES RIVARD (Canada) a rappelé que les perspectives de l’économie mondiale mettaient en exergue un recul de la croissance et de la confiance, et a souligné que le dernier Forum sur l’efficacité de l’aide avait par conséquent conclu à la nécessité d’un nouveau partenariat mondial.  Il a noté que l’aide au développement des gouvernements et des organisations internationales ne représentait plus que 13% des mouvements de capitaux vers les pays en développement. 


Le représentant a rappelé que lors du dernier Sommet du G-20, les participants avaient convenu de la nécessité d’établir de nouveaux partenariats, de mettre l’accent sur l’innovation et de renforcer le rôle du secteur privé, en tant que principal moteur de la croissance économique.  Les défis économiques et financiers soulignent, si besoin est, le rôle fondamental de la coopération financière et technique. 


Le Canada a respecté son engagement à doubler les fonds qu’il accorde à l’APD par rapport aux montants de 2001-2002.  Il les a ainsi portés à 5 milliards de dollars en 2010-2011 et, conformément aux engagements pris, l’aide destinée à l’Afrique avait également doublée.


M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a noté qu’en 2010, les flux nets d’APD des donateurs traditionnels avaient atteint 129 milliards de dollars, le plus haut niveau jamais enregistré.  Mais l’APD est sous pression et de nouvelles ressources financières doivent être mobilisées.  L’urgence est de se concentrer sur la meilleure manière d’utiliser tous les flux existants et potentiels. 


M. McLay a donc insisté sur l’efficacité de l’aide et la coordination entre les donateurs.  Il a salué le résultat de la Conférence de Busan et a dit l’intention de son pays de renforcer la coordination dans la région du Pacifique.  L’aide de la Nouvelle-Zélande se concentre sur le développement économique durable et la création d’emplois et de richesses, notamment dans les domaines des infrastructures, de la pêche, de l’agriculture et du tourisme. 


Le représentant a insisté sur la nécessité de créer un environnement politique favorable à une issue heureuse du Cycle de Doha.  S’agissant de la viabilité de la dette, M. McLay a indiqué que son pays était prêt à poursuivre ses efforts, y compris par un financement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). 


M. COLLIN BECK (ÎLES SALOMON) a rappelé que le Programme d’action d’Istanbul a pour objectif de faire en sorte que 50% des PMA quittent cette catégorie d’ici à 10 ans, avant de déploré que depuis le dernier Programme, il y a 10 ans, trois PMA seulement ont tenu cette promesse.  Il y aura suffisamment de moyens pour extirper les 800 millions d’habitants des 49 PMA de leur condition si l’APD devient prévisible et suffisante pour aider ces pays à faire les transformations économiques nécessaires. 


Après avoir traité de « coquilles vides » les mécanismes financiers créés aux différentes Conférences sur les changements climatiques, le représentant a regretté par ailleurs que deux tiers de l’« Aide pour le commerce » n’aillent qu’à 10 PMA.  Cette tendance, a-t-il déploré, se voit aussi dans les fonds sur l’énergie renouvelable gérés par la Banque mondiale qui ne changera jamais tant que les petits États insulaires en développement n’y auront pas la place qu’ils méritent.  Depuis le Consensus de Monterrey, ces États ne représentent que 1% du commerce international.  Il s’est donc dit préoccupé par le manque de progrès dans le Cycle de Doha qui devait consacrer le libre accès aux marchés des produits des PMA.  Il a dit espérer beaucoup de la Conférence ministérielle prévue à Genève.


M. HÜSEYIN MÜFTÜOĞLU (Turquie) est revenu sur la Conférence d’Istanbul sur les PMA.  L’impact de la crise financière se faisant toujours ressentir, il a engagé les États Membres à mettre l’accent sur les financements innovants et la création d’un environnement commercial propice.  Il a appelé, à ce titre, à la levée des obstacles au libre échange et l’alignement des programmes de développement sur les OMD.  La Turquie, a-t-il dit, entend mobiliser l’APD qui doit cibler à tout prix les activités créatrices d’emplois.  Il a aussi plaidé pour que l’on aide les pays en développement à créer un environnement favorable aux investissements étrangers directs (IED). 


Mme YANERIT MORGAN (Mexique) a souligné que les questions du financement du développement et du développement durable étaient inséparables, estimant nécessaire de mettre en place des mécanismes pour le suivi des Conférence de Monterrey et de Doha, qui tiennent compte des résultats attendus de Rio+20 et permettent d’avancer à la définition du cadre de travail post-2015, délai pour la réalisation des OMD.  Dans le contexte économique et financier actuel, la communauté internationale doit agir avec une vision intégrée du développement, pour assurer que les engagements soient tenus et que les ressources soient utilisées de manière efficace et transparente, a-t-elle dit.


Le Mexique, qui a fait des progrès, doit encore progresser dans la réduction de la pauvreté et la protection sociale, a reconnu la représentante.  Elle a plaidé pour une réforme substantielle de l’architecture financière internationale.  Président du G-20, le Mexique, a-t-elle promis, prendra en considération les points de vue de tous.  Pays en développement bénéficiant de la coopération et engagé dans la coopération Sud-Sud, le Mexique assume pleinement ce double rôle, a assuré sa représentante.


M. TENDAI BITI, Ministre des finances du Zimbabwe, a estimé que les principes du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha s’étaient heurtés aux limites des pays face aux catastrophes naturelles, à l’instabilité politique, à la crise économique mondiale et à la crise de la dette en Europe.  En outre, la dette extérieure, qui atteint 7 milliards de dollars au Zimbabwe, empêche un accès aux flux financiers alors que les investissements directs en Afrique ont baissé de 10% en 2010.


Le Zimbabwe doit aussi faire face à une baisse de l’APD qui est passée de 800 millions de dollars en 2009 à 350 millions en 2011, un déclin qui touche l’ensemble de l’Afrique et oblige les pays en développement à adopter des stratégies plus agressives pour mobiliser les ressources au niveau local.  Le représentant a expliqué que son pays avait mené d’importantes réformes fiscales et administratives, et examinait particulièrement les procédures existantes de taxation des industries minières, dans le but de maximiser les revenus, dans un souci de transparence et de responsabilité.


Alors que les pays en développement mettent ces mesures en place pour améliorer la mobilisation de leurs ressources propres, le Ministre a appelé les pays développés à compléter ces efforts en se gardant d’exploiter les pays en développement.  En d’autres termes, nous appelons à la transparence et à la redevabilité dans les relations avec les pays en développement, et au renforcement de la cohérence des systèmes monétaire, financier et commercial internationaux, a conclu M. Biti.


M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a indiqué que la mise en place des cadres sociaux et économiques requis et la bonne gestion des ressources naturelles avaient permis au Botswana d’enregistrer une croissance économique d’environ 5,5%.  Cependant, malgré cet environnement propice à l’investissement, la concentration apparente des IED dans certains pays en développement a empêché le Botswana de stimuler sa croissance sur le long terme et de diversifier son économie. 


Le représentant s’est également inquiété du fait que les sources de financement non traditionnelles n’atteignaient pas la majorité des pays en développement.  Il a constaté que de nombreux donateurs bilatéraux réduisaient leur appui aux pays à revenu intermédiaire.  Il a donc exhorté l’ONU à renforcer son appui envers ces pays afin de leur permettre de répondre efficacement aux défis qu’ils connaissent en matière de développement.


Mme JOSEPHINE OJIAMBO (Kenya) a relevé que le Kenya est l’un des pays d’Afrique ayant le plus souffert de la crise financière et économique mondiale.  Elle a ajouté que la crise a fait voir des dysfonctionnements de l’économie mondiale, et a révélé le besoin de réformer l’architecture financière internationale.  La représentante a reconnu que des progrès ont été réalisés dans le cadre de l’allègement de la dette et de l’APD, mais elle a regretté que les IED en direction du continent africain aient non seulement diminué mais se soient surtout concentrés dans l’industrie extractive. 


Si elle a reconnu que le Consensus de Monterrey stipule que le financement du développement doit se faire également grâce aux ressources mobilisées au niveau national, elle a néanmoins souligné que ces ressources, constituées en majorité des recettes fiscales, ne sont pas très importantes, d’où le besoin de se tourner vers des mécanismes innovants de financement.  À ce propos, elle a évoqué des projets de développement financés exclusivement par les fonds provenant de la diaspora kenyane.  La représentante a rappelé les donateurs à leurs engagements et a souhaité l’harmonisation des règles commerciales internationales, notamment grâce à une conclusion heureuse du Cycle de Doha.


M. ANDRIANARIVELO-RAZAFY (Madagascar) a estimé qu’avec les crises actuelles, la tendance est à la « démission des pays développés partenaires », alors que les pays en développement ne se dérobent pas à leur responsabilité et que dans le contexte difficile, les défis auxquels ils devaient faire face étaient nombreux.  Madagascar a décidé de prendre son destin en main et a entrepris de vastes réformes institutionnelles et économiques en vue de promouvoir une meilleure gouvernance. 


Grâce à l’effacement de la dette extérieure dans le cadre de l’Initiative PPTE et aux progrès enregistrés dans l’augmentation des recettes fiscales, l’environnement macroéconomique de Madagascar a été des plus favorables, a-t-il dit.  Toutefois, les dernières crises ont conduit à la baisse des financements extérieurs et des IED, plongeant la population dans une situation de précarité et de pauvreté, a-t-il expliqué.  À l’instar de beaucoup de PMA, Madagascar en appelle aux partenaires pour le respect de leurs engagements en ce qui concerne l’aide au développement, principale source de financement du développement dans les PMA. 


Le représentant a aussi voulu que la coopération Sud-Sud soit soutenue, sans se substituer à la coopération Nord-Sud.  S’agissant de l’impasse dans le Cycle de Doha, il a souhaité que des mesures rapides soient prises en faveur des pays les plus vulnérables.  La recherche de financements innovants, stables et prévisibles requiert une politique globale impliquant toutes les parties prenantes des secteurs tant privé que public. 


M. JULIO RAFAEL ESCALONA OJEDA (Venezuela) a constaté que l’ensemble de la plateforme juridique de protection de la planète sera mis en jeu à la Conférence de Rio+20.  Comment alors parler de financement du développement? s’est-il interrogé.  Il a dénoncé l’insuffisance des capitaux pour financer le développement alors même que des processus d’accumulation illimités du capital étaient en cours.  Il a accusé les banques d’être entièrement vouées à la spéculation financière, et a estimé que tant qu’on n’obligera pas les banques à financer le développement de l’agriculture, par exemple, le développement ne pourrait pas être réalisé.  Sans liquidité, a-t-il ajouté, il sera très difficile pour les pays du Sud d’éliminer la pauvreté, de s’adapter aux effets du changement climatique et de réaliser les objectifs convenus sur le plan international en matière de développement.  Pour M. Escalona Ojeda, la Banque du Sud, le Sucre, la coopération régionale et le commerce équitable sont des politiques propices à consolider la souveraineté, l’indépendance et l’élimination de la pauvreté.


M. LIBRAN NUEVAS CABACTULAN (Philippines) a insisté sur la nécessité d’examiner le statut de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha.  Le représentant a exprimé son point de vue sur les trois tables rondes qui se tenaient ce matin.  Au sujet de « la réforme du système monétaire et financier international, il a souhaité que l’ONU, en tant que seul organe universel, devrait continuer de jouer un rôle central dans la réforme de la gouvernance mondiale.   


Quant aux incidences de la crise financière et économique mondiale sur les IED, il a réitéré l’appel pour un système commercial équitable, ouvert, non discriminatoire et fondé sur des règles.  Une plus grande flexibilité, a-t-il dit, est nécessaire pour briser l’impasse actuelle et finaliser le Cycle de Doha pour couper court à la tendance née de la crise économique et financière actuelle de mettre en place des mesures protectionnistes et de réduire les flux d’aide aux pays en développement. 


Concernant « l’effet multiplicateur de la coopération technique et financière », le représentant a déploré qu’un grand nombre de donateurs ne se soit pas acquitté de leur engagement de verser 0,7 % de leur PIB à l’APD.  Après avoir rappelé que 9 millions sur les 94 millions de Philippins travaillent à l’étranger, le représentant a dit prêter une attention particulière à l’appel du Consensus de Monterrey pour la réduction des coûts de transfert des fonds des travailleurs migrants. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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