Dans le contexte de crise économique et financière, l’Assemblée générale met l’accent sur les financements innovants pour relancer les efforts de développement
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Assemblée générale
Soixante-sixième session
77e & 78e séances plénières
matin & après-midi
DANS LE CONTEXTE DE CRISE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE, L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE MET L’ACCENT SUR LES FINANCEMENTS INNOVANTS POUR RELANCER LES EFFORTS DE DÉVELOPPEMENT
Le lancement, aujourd’hui, du cinquième Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale sur le financement du développement a été l’occasion pour de nombreuses délégations d’attirer l’attention sur le caractère prometteur des financements innovants.
La question du financement du développement a été consacrée dans le Consensus de Monterrey de 2002 qui a été suivi par la Déclaration de Doha de 2008. « Nous avons échoué sur l’essentiel », a diagnostiqué le représentant du Chili, qui n’a vu aucun progrès dans la régulation des marchés financiers, la volatilité des prix des produits de base, la mise en place d’un mécanisme global de coopération en matière fiscale ou la définition des modalités pour s’attaquer à la question de la dette souveraine.
Dans un contexte assombri par la crise économique et financière qui exerce une pression sur les budgets des donateurs, le représentant chilien s’est tout de même réjoui des avancées dans les financements innovants, dont la taxe de solidarité sur les billets d’avion.
Aujourd’hui, la représentante de l’Espagne dont le pays préside le Groupe pilote sur les financements innovants, a parlé de la taxe sur les transactions financières envisagée en Europe comme une possible source de financement des politiques sociales. Elle a aussi évoqué la taxe sur les transactions de change consistant en un microprélèvement sur les échanges de devises.
Un prélèvement de 0,005%, au niveau mondial, a-t-elle expliqué, permettrait de dégager 25 à 34 milliards chaque année, ce qui, complété par une taxe carbone, faciliterait la réalisation des Objectifs du Millénaires pour le developpement (OMD) en Afrique.
Le Ministre de la coopération internationale de la Guinée, M. Koutoub Moustapha Sano, a annoncé l’intention de son pays d’accueillir, en 2012 une conférence sur les financements innovants. L’Australie pourrait y vanter le mérite des mécanismes incitateurs par lesquels, selon son représentant, les donateurs pourraient stimuler la demande en nouvelles technologies.
Le représentant de la Jamaïque a cependant mis en garde contre les effets négatifs inattendus de certains de ces financements innovants. Il a affirmé que la taxe de solidarité sur les billets d’avion a eu un impact négatif sur l’industrie touristique dans la région des Caraïbes.
La proposition du représentant de l’Iran ne touche nullement au tourisme. Il s’agirait de lever une taxe sur le commerce des armes, un secteur qui, malgré la crise économique et financière mondiale, a vu ses ventes augmenter de 22% en 5 ans, a-t-il dit. « Il est temps que ce secteur prenne ses responsabilités face à la paix et au développement ». Comme les autres délégations, le représentant iranien a mis en garde contre la tentative de remplacer l’aide publique au développement (APD) par les financements innovants.
Le représentant de la République de Corée a rendu compte des résultats de la Conférence de Busan sur l’efficacité de l’aide même si son homologue de la Chine a estimé que parler d’efficacité avant de parler de quantité revenait « à mettre la charrue avant les bœufs ».
Adopté le 1er décembre dans la ville coréenne, l’« Accord de partenariat de Busan pour une coopération pour le développement efficace » se fonde sur quatre principes à savoir l’appropriation des priorités du développement par les pays eux-mêmes, l’orientation vers les résultats, les partenariats pour le développement ouverts à tous, et la transparence et la redevabilité réciproque.
L’Assemblée générale poursuivra son débat de haut niveau sur le financement du développement demain, jeudi 8 décembre, à partir de 10 heures.
SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE 2002 SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA CONFÉRENCE D’EXAMEN DE 2008: CINQUIÈME DIALOGUE DE HAUT NIVEAU SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT
Déclarations
M. GARY FRANCIS QUINLAN, Vice-Président de l’Assemblée générale, intervenant au nom du Président de l’Assemblée générale, a constaté que la crise de la dette souveraine en Europe, celle de l’emploi dans les pays en développement, les faiblesses du secteur économique ainsi que la volatilité des prix de la nourriture et de l’énergie comptaient parmi les défis les plus importants que doit affronter l’économie mondiale. Les différends politiques et les appels à l’austérité fiscale entravent l’adoption d’une réponse effective et coordonnée à ces problèmes.
Un redressement économique ferme et durable est nécessaire pour permettre aux pays en développement de mobiliser de manière effective les ressources domestiques pour le développement, a-t-il souligné. Mais, pour ce faire, il faut un niveau considérable d’aide extérieure.
Les investissements étrangers directs (IED) risquant en effet d’être affectés par un ralentissement de l’économie mondiale, le Vice-Président a encouragé les flux d’investissement sud-Sud et a estimé impératif d’aboutir à une conclusion heureuse des négociations de Doha. M. Quinlan a aussi encouragé la communauté internationale à fournir aux pays les moins avancés (PMA) un accès aux marchés en franchise de droits et sans quota et à augmenter les ressources du Programme « Aide pour le commerce ».
Il est tout aussi impératif, a-t-il poursuivi, que les pays développés honorent tous les engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD). En 2010, l’APD a atteint le niveau record de 128,7 milliards de dollars, soit 0,32% du PIB combiné des membres du Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Mais le Vice-Président a regretté que le niveau de contribution de plusieurs grands donateurs demeure en deçà de l’objectif de 0,7% de leur PIB. Le besoin urgent d’augmenter le volume, la qualité et la fiabilité des flux d’aide demeure, a-t-il souligné, évoquant par ailleurs le rôle que peuvent jouer en complément des sources innovantes de financement.
Le Vice-Président s’est aussi inquiété de la viabilité de la dette qui risque, a-t-il affirmé, d’être affectée par la crise européenne, entre autres. Il a réclamé un réexamen des cadres de viabilité ainsi que des instruments et mécanismes capables de mieux gérer les difficultés liées à la dette.
M. Quinlan a également appelé au renforcement de la coordination des politiques macroéconomiques et à une meilleure coordination entre le G-20, l’ONU et les autres organisations multilatérales. Il est essentiel de réformer les principales institutions internationales de gouvernance économique afin d’y assurer une plus grande participation des pays en développement.
Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a relevé que ce Dialogue de haut niveau intervient à un moment crucial alors que sévit une crise économique et financière internationale particulièrement inquiétante. Dans ce contexte, a-t-elle souligné, les pays en développement ont besoin d’aide alors que les donateurs « se serrent la ceinture ». Elle a rappelé le message du Secrétaire général, le mois dernier à la Conférence de Busan sur l’efficacité de l’aide. M. Ban y avait notamment invité les donateurs à respecter leurs engagements en matière d’APD et à trouver des sources innovantes de financement.
L’élimination de la pauvreté doit être l’objectif premier de tous les programmes de développement, a insisté la Vice-Secrétaire générale. La conclusion du Cycle de Doha est cruciale pour les pays en développement qui font face à de nombreux obstacles tarifaires. Ces pays ont opéré des transitions vers l’économie de marché et se retrouvent aujourd’hui piégés par des obstacles tels que les barrières douanières.
La Vice-Secrétaire générale a aussi plaidé pour l’allègement d’une dette qui plombe le développement de nombreux pays. La réforme des institutions de Bretton Woods est importante pour plus d’équité dans les relations internationales. Elle a relevé que la Conférence des Nations Unies sur le développement durable de Rio en 2012 (Rio+20) permettra de réfléchir à ces questions.
M. LAZAROUS KAPAMBWE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a jugé, à son tour, impératif que les pays développés honorent leurs engagements en matière d’APD et garantissent des flux suffisants et prévisibles de ressources vers les pays en développement. La réalisation d’une croissance à long terme des PMA est un défi important, tout comme l’apport d’une réponse aux besoins des pays à revenu intermédiaire, a-t-il ajouté.
Il a vu dans la coopération Sud-Sud un élément important de la stratégie de développement internationale et a pris note du rôle que peuvent jouer les financements innovants. Il a engagé les États Membres à assurer une issue « tournée vers l’action » des négociations de Doha, à supprimer les subventions agricoles et à renforcer davantage le Programme « Aide pour le commerce » de manière à éviter tout « protectionnisme vert ». Les PMA doivent également avoir un accès aux marchés en franchise de droits et sans quota, a-t-il dit.
Le Président de l’ECOSOC a vu dans la viabilité de la dette un défi important et a estimé que la réforme des systèmes monétaires et financiers devait se poursuivre. L’amélioration de la réglementation financière, le règlement des problèmes liés à la dette souveraine dans les économies avancées et la gestion de la volatilité des flux de capitaux à court terme comptent parmi les questions les plus pressantes, a-t-il indiqué.
M. Kapambwe s’est dit partisan d’une approche inclusive, transparente et effective pour gérer les défis du développement. Une coordination de l’ensemble du système de l’ONU est essentielle, tout comme une cohérence renforcée dans les systèmes d’appui au développement. Il a indiqué que le prochain Forum pour la coopération en matière de développement de l’ECOSOC serait particulièrement important.
Mme MARIE-JOSÉE JACOBS, Ministre de la coopération et de l’action humanitaire du Luxembourg, a souligné que par temps de crise, la discussion sur le financement du développement était plus impérative que jamais. La réalisation concrète de tous les engagements pris en la matière permettra d’accroître fortement les ressources nécessaires aux progrès dans le programme international de développement.
Elle a rappelé que le Luxembourg fait partie du « cercle restreint » des pays qui consacrent au moins 0,7% de leur PNB à l’APD, avec un taux de 1,05%, l’année dernière. Le fait d’avoir atteint ce palier ne nous dédouane pas des efforts pour améliorer la quantité et la qualité de l’aide, a-t-elle néanmoins souligné.
Le Luxembourg s’est beaucoup investi dans les domaines du microcrédit, de la microfinance et de la finance inclusive, dont les deux piliers sont l’impact social et la viabilité économique. Mme Jacobs a salué le Document final de la Conférence de Busan sur l’efficacité de l’aide qui réaffirme le rôle accru des partenaires dans les processus de développement, et ce, dans un souci de transparence.
Elle a enfin insisté sur l’importance d’une gouvernance favorable au développement à tous les niveaux, en plaidant pour le développement d’une économie dynamique, capable d’attirer les investissements, et d’un secteur privé compétitif, à l’abri du fléau de la corruption. Notre attention doit aller surtout aux pays qui accusent les retards les plus flagrants dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-elle dit, soulignant qu’il n’y aura pas de développement durable sans un financement durable.
M. KOUTOUB MOUSTAPHA SANO, Ministre de la coopération internationale de la Guinée, a souligné, à son tour, l’importance des mécanismes innovants de financement et annoncé que son pays a l’intention d’accueillir en 2012 une conférence sur le sujet. Le Ministre a aussi souligné l’importance de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire. Il a appelé les États d’Afrique à soutenir plus vigoureusement la Déclaration africaine sur la transparence de la gouvernance financière et la lutte contre les flux illicites de capitaux. Une telle mobilisation permettrait de récupérer des fonds illicites. Mon pays, a-t-il dit, est prêt à accueillir une rencontre sur cette question au premier semestre de l’année prochaine. Le Ministre a estimé que le Plan d’action d’Istanbul sur les PMA mérite d’être promu. Il a appelé les donateurs au doublement de l’aide, car, l’imminence de l’échéance de 2015 pour la réalisation des OMD exige des efforts accrus.
Mme SORAYA RODRÍGUEZ, Vice-Ministre de la coopération internationale de l’Espagne, qui préside le Groupe pilote sur les financements innovants pour le développement, a estimé qu’il y avait eu de nombreuses avancées dans l’efficacité et l’impact de l’aide. Il ne fait aucun doute que le financement du développement constitue la base du consensus international, a-t-elle dit, mais aujourd’hui, la crise financière a mis à mal certaines des économies les plus solides au monde, atteignant le point le plus fragile et le plus délicat de ces 50 dernières années. Fort heureusement, certains pays en développement résistent bien mieux que prévu, a-t-elle souligné.
Les pays de l’Union européenne (UE) ont fait des progrès très importants pour tenir leurs engagements en matière d’aide publique au développement, a-t-elle assuré, indiquant que l’Espagne avait doublé son aide, malgré les années les plus difficiles d’une crise qui exerce une pression extraordinaire sur le budget des donateurs traditionnels, en pleine austérité fiscale. L’ADP représente une part infime des budgets nationaux, et la réduire ne ferait aucune différence, a-t-elle reconnu, estimant que la crise ne devait pas conduire à une réduction des flux de cette aide, bien au contraire. Pendant les années 60, l’APD représentait 60% des flux de capitaux vers les pays en développement, un chiffre qui n’est plus que de 13% aujourd’hui, a-t-elle rappelé.
Toutefois, l’APD ne se résume pas au financement, a poursuivi la représentante, soulignant que la lutte contre la famine et la pauvreté extrême, par exemple, appelait également à la réforme des politiques agricoles dans les pays en développement. Elle a donc plaidé pour un rôle renforcé du secteur privé, à l’accès au crédit des populations les plus vulnérables et le développement de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire, un domaine dans lequel l’Espagne a beaucoup travaillé en Amérique latine.
Mme Rodríguez a ensuite évoqué l’idée de la taxe sur les transactions financières envisagée en Europe comme une possible source innovante de financement. Elle a évoqué un mécanisme consistant en un microprélèvement sur les transactions de changes de l’ordre de 0,005% et permettant de dégager 25 à 34 milliards de dollars chaque année, ce qui, complété par une taxe carbone, faciliterait la réalisation des OMD en Afrique, pour lesquels 72 milliards de dollars par an sont nécessaires.
Concernant la dette, l’Espagne a procédé à des mesures d’allègement, en échange d’investissements dans les programmes de santé et d’éducation. Il est aussi nécessaire de lutter contre l’évasion fiscale pour que les ressources internes de chaque pays en développement demeurent dans les pays où elles sont dégagées, a plaidé la Vice-Ministre, souhaitant que soit développée la législation supranationale sur le sujet.
Enfin, elle a rappelé que la conclusion du Cycle de Doha pourrait bénéficier à tous les pays en développement. Il faut transformer la crise financière, avec tous ses défis, en opportunité mondiale, a-t-elle conclu.
Mme NATALIA HANDRUJOVICZ (Argentine), intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé qu’en termes de mobilisation des ressources, les efforts nationaux doivent s’accompagner de programmes internationaux d’appui. Le moment est venu pour les bailleurs de fonds de s’asseoir avec les pays en développement pour convenir de mécanismes permettant d’honorer les engagements, notamment celui d’accorder 0,7% de leur PIB à l’APD. La représentante a réclamé une nouvelle approche pour répondre au problème de la viabilité de la dette, avant de constater que le manque d’accès aux marchés demeure un obstacle important pour les pays en développement. Elle a dénoncé les mesures protectionnistes.
Un grand nombre de problèmes systémiques de l’économie mondiale peuvent encore être résolus, a-t-elle estimé, en voulant une réforme de fond du système mondial, y compris les institutions de Bretton Woods, afin de faire une plus grande place aux pays en développement. Elle a défendu l’idée de créer, sous les auspices de l’Assemblée générale, une commission sur le financement du développement.
M. OMBENI YOHANA SEFUE (République-Unie de Tanzanie), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a estimé que la situation des PMA devrait servir de base d’évaluation de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha. Les États d’Afrique ont fait leur part en mettant en œuvre les réformes structurelles nécessaires; il a regretté que les pays développés n’aient pas soutenu ces efforts, à un niveau raisonnable.
Il a ensuite indiqué les transferts de fonds représentent actuellement 7% du PIB de l’Afrique, se positionnant ainsi comme la deuxième source de fonds vers le continent, après l’APD. Il a donc plaidé pour que l’on assouplisse les conditions de ces transferts. La crise économique mondiale ne doit pas servir de prétexte aux donateurs pour baisser les flux d’APD, a-t-il tout de même mis en garde. Il a aussi regretté le blocage du Cycle de Doha, avant de relayer les appels de l’Afrique à une réforme du système financier international.
M. PALITHA T. B. KOHONA (Sri Lanka), au nom du Groupe des 15, a souligné que la crise économique et financière mondiale avait donné raison aux appels à une restructuration cohérente et transparente de l’architecture financière internationale qui doit voir une participation renforcée des pays en développement.
Toutefois, a-t-il estimé, les institutions de Bretton Woods ne doivent pas être considérées comme la source unique de financement. Appelant à une conférence d’examen de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey en 2013, il a prévenu que les difficultés économiques actuelles et leur lot de mesures d’austérité dans les pays développés ne doivent pas devenir une excuse pour revenir sur les engagements, d’autant que de nombreux pays ne tenaient déjà pas leurs engagements avant la crise.
Il a donc demandé que les engagements des pays donateurs en matière d’APD soient tenus et qu’un mécanisme permanent de suivi desdits engagements soit établi. Dans le même temps, il s’est félicité de la coopération Sud-Sud et des nouvelles sources de développement, notant toutefois que ces initiatives ne sauraient se substituer aux sources traditionnelles. Si les PMA font face à une grave baisse de leurs ressources, les pays à revenu intermédiaire sont aussi touchés par le fait que l’ADP reste en dessous des paliers agréés, a-t-il souligné, ce qui a renforcé leur dépendance aux prêts bilatéraux et multilatéraux.
M. Kohona a par conséquent insisté sur le rôle du commerce, en tant que moteur du développement. Il a insisté sur l’importance de réussir le Cycle de Doha et demandé des mesures supplémentaires pour alléger le fardeau de la dette des pays en développement, sans conditionnalité disproportionnée.
M. MÅRTEN GRUNDITZ (Suède), s’exprimant au nom des pays nordiques, a reconnu que l’APD demeure une source cruciale de financement pour le développement des PMA. Il a souhaité que les efforts de financement produisent des résultats optimums, grâce à des canaux transparents d’acheminement de l’aide, des programmes de développement orientés vers les résultats et des mécanismes de suivi efficaces sur le terrain.
M. Grunditz a également estimé que les Nations Unies pourraient jouer un rôle central sur la question des financements innovants en harmonisant les politiques internationales. Mettant tout de même l’accent sur la capacité de mobiliser les ressources domestiques, le représentant a rappelé que chaque pays est responsable, au premier chef, de son développement.
Cela ne l’a pas empêché de souligner que les flux illégaux de capitaux en provenance des pays du Sud surpassent le montant total de l’APD. La lutte contre ce phénomène et la corruption, en particulier, permettraient de dégager des fonds substantiels pour financer le développement. Le représentant a appelé à une meilleure harmonisation des mécanismes de financement du développement et à une plus grande implication de la société civile et du secteur privé.
Il a proposé des mesures pour améliorer l’aide au développement dont une plus grande coopération régionale, y compris la coopération Sud-Sud, des efforts communs à l’échelle internationale, fondés sur le principe de la responsabilité commune, l’appropriation nationale des programmes de développement, la promotion de partenariats et la promotion de l’approche axée sur les résultats sur le terrain.
M. YUSRA KHAN (Indonésie), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a averti du risque de voir d’une nouvelle crise financière mondiale après les troubles que connaît la zone euro. Il a estimé impératif d’honorer « l’esprit et les principes » du Consensus de Monterrey, en adoptant des mesures concrètes pour mettre en œuvre ses six piliers. Il a également appelé au renforcement des systèmes de régulation et de suivi des mécanismes internationaux de financement, avant de plaider pour une économie « plus inclusive, équitable, juste et durable ». La réforme de la gouvernance des systèmes financiers internationaux ne doit cependant pas être faite à la hâte, a-t-il mis en garde, et une plus grande place doit être accordée aux économies émergentes.
M. Khan a souligné l’importance des dispositifs régionaux et a fait savoir qu’au mois de mars denier, les pays de l’ANASE+3 avaient formalisé l’Initiative de multilatéralisation de Chiang Mai, un échange de devises multilatérales conçu pour répondre à la crise des capitaux à court terme dans la région. Il a estimé critique de renforcer le commerce international, en résistant notamment aux « pulsions protectionnistes » et en concluant le plus tôt possible les négociations de Doha. Il a également réclamé une intensification des efforts pour stimuler le commerce Sud-Sud.
M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal), au nom des PMA, a imputé l’incapacité des PMA à atteindre les OMD dans le délai au manque de financements dans un contexte mondial de ralentissement de la croissance. Invoquant une faiblesse structurelle compromettant la mobilisation des ressources domestiques et les obstacles à l’exportation, compte tenu de l’impasse dans le Cycle Doha, le représentant a plaidé pour des mesures spéciales en faveur des PMA. Il s’est également inquiété d’une distribution inéquitable de l’aide au commerce, notant que deux tiers de l’assistance en la matière revenaient à 10 PMA.
Dans le prolongement du Programme d’action d’Istanbul, cette aide devrait être attribuée sur la base des besoins prioritaires des pays, et devrait s’ajouter, de manière prévisible, aux engagements en matière d’APD, a-t-il préconisé. L’APD doit continuer de répondre aux priorités nationales définies par les pays eux-mêmes et venir sous la forme d’un appui budgétaire.
Les PMA croulent aussi sous le poids de leur dette, a poursuivi le représentant, appelant à son annulation. Les PMA, a-t-il reconnu, doivent aussi encourager les investissements et mieux tirer parti des potentialités économiques de leur diaspora. Enfin, le représentant a voulu que les sources innovantes de financement ne se substituent en aucun cas aux financements traditionnels. Il a, à son tour, appelé à la réforme du système financier international pour faire en sorte que la voix des PMA soit entendue.
M. THOMAS MAYR-HARTING, Union européenne (UE), a souligné que le budget des pays en développement demeurait la plus importante source de financement du développement. La création d’un environnement propice, grâce à une politique fiscale plus stricte et à une gouvernance améliorée, était essentielle pour mobiliser davantage de ressources domestiques. L’aide à elle seule ne suffira jamais, a-t-il affirmé.
M. Mayr-Hartinga constaté que des progrès considérables avaient été réalisés depuis l’adoption du Consensus de Monterrey, dont les mécanismes de financement novateurs. Les pays de l’UE examinent de nouvelles approches, notamment l’idée d’une taxe sur les transactions financières. Il est tout aussi critique, a poursuivi le représentant, de faire avancer les négociations sur le commerce multilatéral à la huitième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), prévue du 15 au 17 décembre à Genève.
M. Mayr-Harting a ensuite indiqué qu’en 2010, l’APD collectif de l’UE avait atteint le niveau record de 54 milliards d’euros, et que l’UE entendait l’augmenter à 0,7% du PIB d’ici à 2015, à savoir plus de 4,5 milliards d’euros supplémentaires. L’UE prend en compte les objectifs de développement dans les politiques non liées au développement mais susceptibles d’affecter les pays du Sud. Le programme de travail pour 2010-2013 de la Commission européenne pour la cohérence des politiques du développement s’articule autour des défis les plus importants à surmonter pour réaliser les OMD, notamment le commerce et la finance, les changements climatiques, la sécurité alimentaire, la migration et la sécurité.
M. FAZLE HOSSAIN BADSHAH (Bangladesh) a souligné que la crise économique et financière mondiale actuelle, ainsi que la flambée des prix des produits alimentaires et du pétrole influent négativement sur le développement des PMA. Il a indiqué que la mobilisation, à l’échelle nationale, des fonds pour le développement est nécessaire certes, mais que ces efforts devraient être accompagnés par des financements internationaux, dans le respect de la souveraineté nationale des pays bénéficiaires, a-t-il ajouté. Il a ensuite soutenu que le moment est venu, pour les donateurs, de respecter leurs engagements en matière d’APD, notamment la promesse de consacrer entre 0,15 et 0,20% de leur PNB au financement du développement des PMA.
Le représentant a par la suite relevé que l’endettement plombe le développement de nombreux pays pauvres, qui consacrent la plupart de leurs ressources au service de la dette. Il a invité la communauté internationale à mettre sur pied de nouveaux mécanismes de restructuration de la dette. Au sujet du commerce, il a regretté qu’il ne soit pas encore un levier du développement pour les PMA. Cette situation, a-t-il estimé, est due à des obstacles tels que les barrières tarifaires, le protectionnisme et le manque de transparence dans les pratiques commerciales. Il a invité les Nations Unies à jouer un rôle central dans l’harmonisation des politiques commerciales et souhaité une réforme de l’architecture financière internationale, afin que les pays en développement puissent y faire entendre leur voix, a-t-il expliqué.
M. KELVIN THOMSON (Australie) a indiqué que son pays allait doubler le montant de son APD, pour atteindre 9 milliards de dollars d’ici à 2015. Il a engagé la communauté internationale à renforcer ses efforts pour financer les secteurs propices à la croissance des pays en développement, estimant essentiel d’examiner les mécanismes incitateurs par le biais desquels les donateurs pourraient stimuler la demande en nouvelles technologies.
L’Australie a mis sur pied une initiative pour le développement du secteur minier dans les pays en développement, financé à hauteur de 127 millions de dollars. Elle défend la libéralisation du commerce et la réforme des institutions financières internationales, ainsi que l’octroi, aux PMA d’un accès aux marchés en franchise de droits et hors quota.
L’amélioration de l’accès aux marchés doit cependant être assortie d’un renforcement des efforts dans le cadre du Programme « Aide pour le commerce » afin de permettre aux pays en développement de répondre aux contraintes de l’offre, en renforçant notamment les investissements dans les capacités des secteurs privé et public, et dans les infrastructures du transport, de l’énergie et de la communication, a-t-il expliqué. Le représentant a également évoqué l’importance d’appuyer la création d’emplois, pour les femmes et les jeunes notamment, et le développement de l’agriculture dans les pays du Sud.
M. WANG MIN (Chine) a estimé que le Consensus de Monterrey attendait toujours d’être traduit dans la réalité, alors que l’APD reste loin des objectifs définis, il y a près de 10 ans, s’agissant en particulier des PMA. Encore plus préoccupantes sont la baisse de la croissance économique dans certaines des principales économies du monde, la crise de la dette souveraine et la volatilité des marchés financiers, dans un contexte où le protectionnisme sous toutes ses formes s’épanouit.
Les Nations Unies doivent donc continuer à jouer un rôle de leadership dans le domaine du financement du développement, et la Chine propose que le travail se concentre sur des efforts pour une croissance mondiale équilibrée et soutenue, avec une coordination renforcée des politiques macroéconomiques. Les pays développés doivent prendre des mesures fiscales et monétaires responsables et répondre à leurs problèmes de dette, tandis que les pays en développement doivent s’efforcer de mobiliser des ressources domestiques pour leur propre développement.
La crise financière ne doit pas être utilisée comme une excuse pour se dérober aux obligations en matière d’aide au développement, a souligné le représentant, souhaitant une mobilisation cohérente des institutions financières internationales et une réforme de ces dernières, donnant une place plus importante aux pays en développement. Il a rappelé que les sources innovantes de financement doivent s’ajouter à l’APD et non s’y substituer. Les financements innovants doivent se faire sur une base volontaire, dans le respect des conditions et des priorités de développement nationales. Enfin, M. Min a souhaité que l’efficacité de l’aide soit basée sur l’adéquation des fonds fournis; le partenariat pour le développement n’étant pas la coopération Sud-Sud.
Évoquer la question de l’efficacité de l’aide, sans que les fonds ne soient débloqués revient à mettre la charrue avant les bœufs, a dit le représentant. Il a estimé que la Déclaration de Paris concernait principalement la coopération Nord-Sud, et non la coopération Sud-Sud, qui vient en complément de la coopération Nord-Sud. Dans son propre cheminement vers le développement, la Chine est confrontée à d’immenses difficultés, a-t-il souligné, indiquant que son pays avait néanmoins développé un ensemble d’initiatives de coopération et d’assistance humanitaire avec les pays en développement, en particulier en Afrique. Son Président, M. Hu Jintao, a annoncé récemment que la Chine allait garantir la levée des taxes douanières pour 97% des marchandises exportées par les PMA qui ont des relations diplomatiques avec elle.
M. MAGED A. ABDELAZIZ (Égypte) a indiqué que le succès des stratégies nationales de développement dépendait d’un environnement international propice. Il a exhorté, à ce titre, les pays en développement à honorer leur engagement en matière d’APD et de doubler cette aide pour l’Afrique, précisant que les sources innovantes devaient compléter les sources traditionnelles de financement et non pas en être le substitut.
Tous les efforts doivent s’atteler à maximiser l’impact sur le développement du commerce international, a-t-il dit, en réclamant aussi un mécanisme de règlement de la dette, y compris celle des pays à revenu intermédiaire. Passant à la question de la réforme du système économique et financier international, il a plaidé pour une représentation équitable des pays en développement, notamment ceux d’Afrique.
Évoquant ensuite la situation qui prévaut actuellement en Égypte, M. Abdelaziz a soutenu que malgré une baisse de l’activité économique, la transition vers la démocratie et le renforcement de la transparence et de la bonne gouvernance contribueraient à l’amélioration du climat économique du pays et de ses capacités de production.
M. EDUARDO GÁLVEZ (Chili) a souligné que le Consensus de Monterrey était le fruit de la détermination des Nations Unies à travailler de manière intégrée sur les questions commerciales et financières, avec les institutions de Bretton Woods et les autres acteurs pertinents, en considérant les aspects nationaux, internationaux et systémiques du développement. Monterrey part du principe que chaque pays a la responsabilité de son développement économique et social, a-t-il rappelé, estimant que les succès de cette approche ont été nombreux, en matière d’augmentation de l’aide au développement, d’aide au commerce, de poids donné aux pays en développement dans les institutions de Bretton Woods et de financements innovants.
En revanche, il n’y a eu aucun progrès dans de nombreux domaines identifiés à Monterrey comme urgents, à savoir la régulation des flux financiers internationaux, la volatilité des prix des produits de base, la mise en place d’un mécanisme global de coopération internationale en matière fiscale et la définition des modalités adéquates pour s’attaquer à la question de la dette souveraine. Nous avons donc échoué sur l’essentiel, a-t-il tranché, dénonçant l’absence d’une dynamique claire de travail entre les Nations Unies et les autres acteurs institutionnels pertinents sur le fonctionnement de l’économie mondiale.
Il a préconisé un retour à « l’esprit de Monterrey » et à l’essentiel, à savoir redéfinir et identifier les lacunes de la gouvernance économique mondiale. Il a estimé que la résolution des Nations Unies sur « Le rôle de l’ONU dans la gouvernance mondiale » pouvait fournir une feuille de route aux discussions sur le sujet, pour décider des propositions et des actions concrètes.
M. TIDIANE THIAM (Sénégal) a estimé qu’au regard des espoirs suscités, le Consensus de Monterrey n’avait pas complètement permis aux pays du Sud de redresser les déséquilibres et d’amorcer leur décollage économique, en raison de faibles résultats dans la mobilisation des ressources nationales et dans les domaines des capitaux étrangers et du commerce international. Dès lors que l’APD demeure indispensable pour la relance des économies des pays en développement, la communauté internationale devrait consentir un effort supplémentaire, a-t-il dit, en appui aux politiques locales de développement.
Le représentant a aussi plaidé pour une meilleure gestion de la dette extérieure et une réforme globale de la gouvernance économique mondiale, ainsi que pour un renforcement d’un système commercial multilatéral équitable. Ce faisant, toute mesure protectionniste doit être abolie pour faciliter l’accès aux marchés des pays du Nord aux PMA, a-t-il déclaré.
M. Thiam a estimé que des mécanismes novateurs de financement avaient été développés ces 10 dernières années, citant notamment la taxe sur les billets d’avion, qui a permis de faciliter l’accès aux soins pour environ 350 000 enfants dans le monde et d’appuyer plus de 90 pays dans leur combat contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose. Il a souhaité qu’une taxe internationale sur les transactions financières soit mise en place, puisqu’elle permettrait de dégager les 20 milliards de dollars nécessaires pour résorber le déficit structurel du financement du développement. Toutefois, il a estimé qu’une telle taxe devrait être moins contraignante concernant les fonds transférés par les migrants.
Enfin, le représentant a suggéré d’accorder une partie des ressources additionnelles tirées des mécanismes de financement innovants à l’agriculture, en raison de son importance dans la transition vers une économie verte et la sécurité alimentaire.
M. JUAN MAURICIO RAMÍREZ (Colombie) a rappelé qu’en 2002, au moment de la définition du Consensus de Monterrey, de nombreux pays d’Amérique latine s’extirpaient encore d’une profonde crise économique. Depuis, la mobilisation des ressources nationales a permis d’augmenter les dépenses sociales et de réduire de manière importante, quoiqu’insuffisante, les niveaux de pauvreté. Pour atteindre ces résultats, nos pays ont dû tirer les leçons du passé et comprendre que l’instabilité macroéconomique et fiscale était le principal obstacle au développement, a-t-il dit, en partant du constat que la croissance économique était impulsée en premier lieu par le secteur privé. La Colombie a pu ainsi, par exemple, diminuer la pauvreté de 10% entre 2002 et 2010, avec une croissance toujours forte, de 5,2% au premier semestre 2011.
Le représentant a estimé que la possibilité de faire de la crise actuelle une opportunité restait, pour l’instant, lettre morte en raison de l’absence de consensus sur les décisions politiques nécessaires à une sortie de crise. Le Consensus de Monterrey et la Déclaration de Doha sont des éléments essentiels de la mobilisation de ressources, a-t-il convenu, mais il est nécessaire de renforcer les mécanismes de suivi de leur mise en œuvre. Il s’est notamment inquiété des défis énormes pour les économies en développement que la situation actuelle génère, notamment le risque d’assister à une bulle des prix des actifs nationaux et à une réévaluation excessive des taux de change. Les pays à revenu intermédiaire sont un pilier fondamental de l’économie mondiale, a-t-il rappelé, jugeant crucial de renforcer leur participation dans les processus internationaux de prise de décisions, notamment au sein des institutions financières internationales.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a indiqué que la crise économique et financière internationale persistante s’est doublée d’une grave crise de la dette dans certains pays développés qui ont, de ce fait, engagé des mesures drastiques pour s’en sortir. Ces mesures, a-t-il ajouté, consistent en premier lieu en la diminution de l’APD, une mesure qui semble devoir s’étaler sur le long terme, a-t-il regretté, en faisant référence aux plans d’austérité mis en place dans ces pays. Il a relevé que cette diminution de l’aide contraste avec l’ampleur croissante des besoins exprimés par les pays en développement.
Le représentant a invité les donateurs à « se rapprocher rapidement » des objectifs de 0,7% de leur PNB et 0,15 à 0,2% aux PMA. « La crise économique actuelle ne doit pas servir de prétexte pour se dérober », a-t-il dit. Il a précisé que l’APD doit être consentie de manière prévisible et soutenue, en sus, des mécanismes innovants de financement du développement doivent être recherchés. Pour le représentant, ces nouveaux flux « ne devraient pas être générateurs d’endettement supplémentaire ». Il a par ailleurs souhaité l’expansion des droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI) aux fins du développement.
Le représentant a reconnu que le financement du développement incombe en premier lieu aux pays du Sud, mais que les ressources de ces pays s’avèrent insuffisantes. Il a en outre rappelé un éventail de mesures mises en place par les pays en développement, notamment les réformes structurelles visant à promouvoir des pratiques économiquement viables. Il a également évoqué les difficultés auxquelles font face ces pays, dont la fluctuation et l’imprévisibilité des recettes à l’exportation. Le représentant a, enfin, rappelé que le Consensus de Monterrey, qui conserve toute sa pertinence, doit être mis en œuvre par la communauté internationale de « manière intégrale et sans délai ».
M. ABDULKHALEQ BIN-DHAAER AL-YAFEI (Émirats arabes unis) a estimé que le Consensus de Monterrey et la Déclaration de Doha représentent des mécanismes pour le cadre du financement du développement et la lutte contre la pauvreté en cette période de crise économique et financière internationale. Il a souhaité le renforcement de la coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire, qui devrait, a-t-il indiqué, permettre la pleine application des décisions adoptées à Monterrey en 2002 et à Doha en 2008.
Le représentant a souligné que son pays a mis en place des mesures qui ont permis de gérer harmonieusement les effets de la crise économique et financière mondiale, et de dégager des fonds pour la mise en œuvre des stratégies de développement. Il a évoqué les politiques de lutte contre la corruption et autres réformes institutionnelles qui ont permis au pays de s’affirmer comme une plateforme d’affaires sûre dans la région. Le pays occupe en effet la première place dans la région du Moyen-Orient et la seizième place mondiale dans l’édition 2010 du Rapport sur le commerce international.
Les Émirats arabes unis investissent dans des programmes de développement tels que le partenariat engagé avec la Fondation Bill et Melinda Gates visant à vacciner 35 millions enfants en Afghanistan et au Pakistan, ainsi que dans d’autres programmes en Afrique, notamment. Le pays s’implique particulièrement dans les secteurs de la sécurité alimentaire et de l’énergie renouvelable, grâce à des partenariats avec les petits États insulaires en développement et des pays d’Afrique et d’Asie.
M. KIM SOOK (République de Corée) a observé que la baisse des revenus dans de nombreux pays en développement, couplée à une perspective des moins prometteuses en matière d’APD, faisait naître de graves préoccupations. Il a appelé les pays en développement à faire tout leur possible pour mobiliser leurs ressources domestiques, en élargissant notamment leur assiette fiscale et en ravivant le secteur privé. Il a tout de même estimé qu’au regard de la conjoncture économique actuelle, on ne pouvait sous-estimer l’importance d’honorer les engagements pris en matière d’APD. La République de Corée, a-t-il indiqué, est fermement engagée à tripler le montant de son APD d’ici à 2015.
M. Kim a salué les mécanismes de financement innovants, notamment le prélèvement d’une taxe de solidarité sur les billets d’avion, la Facilité internationale de financement pour la vaccination (IFFIm), les transferts de la diaspora et le Fonds d’adaptation aux effets des changements climatiques. Il s’est, en revanche, dit préoccupé par la persistance des mesures protectionnistes aux incertitudes économiques mondiales, et a dit espérer que la session d’avril prochain de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) permettrait de répondre à ces préoccupations.
Le représentant a fait le point du Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide au développement qui s’est tenu la semaine dernière à Busan. Il a précisé qu’il y avait été décidé d’accélérer la coopération en mettant l’accent sur l’appropriation nationale, l’obtention de résultats, la création de partenariats inclusifs, la transparence et la reddition des comptes. Le Forum a également reconnu l’importance de la coopération Sud-Sud et de la lutte contre la corruption et les flux illicites, entre autres. Les participants ont décidé de lancer véritablement le Partenariat mondial pour le développement.
Mme DIANA AL-HADID (Jordanie) a observé que l’écart dans le financement du développement continuait de s’approfondir et que les 129 milliards de dollars versés l’an dernier aux pays en développement étaient loin de l’objectif de 0,7% du PIB. Les engagements pris à Monterrey et à Doha doivent être honorés, a-t-elle souligné, en jugeant important d’identifier des sources de financement innovantes et de promouvoir l’efficacité de l’aide. Elle a vu dans la coopération Sud-Sud un élément essentiel du développement qui complète la coopération Nord-Sud.
Mme Al-Hadid a estimé que la réforme de l’architecture financière internationale était au cœur du financement du développement. Les efforts de réforme doivent être plus transparents et assurer une plus grande participation des pays en développement au processus de prise de décisions.
M. JUN YAMAZAKI (Japon) a relevé que pendant que le monde fait face à de nombreux défis, le Japon accorde une grande importance à la réalisation des OMD et invite, de ce fait, la communauté internationale à faire preuve d’une volonté politique claire et à travailler en synergie avec tous les acteurs du développement. Le représentant a souligné que le financement du développement est un outil essentiel pour atteindre les objectifs de développement, en particulier le progrès social et l’amélioration de la qualité de vie. Il a, dans ce contexte, invité les donateurs à respecter leurs engagements et a ajouté que les programmes de développement devraient adopter une approche basée sur les résultats plutôt que sur les moyens engagés, tout en veillant à ce que l’aide s’aligne sur les besoins réels des bénéficiaires.
Le Japon se félicite d’avoir pu augmenter de 11,8% son APD en 2010. Malgré le tsunami qu’il a connu en mars dernier, le pays reste résolu à respecter ses engagements internationaux. Dans cette même veine, le représentant a annoncé la cinquième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD V), en 2013. Il a également évoqué la somme de 12,5 milliards de dollars que le Japon a consacrée aux pays en développement, dans le cadre de la lutte contre les effets des changements climatiques.
Après avoir rappelé le principe de responsabilité partagée consacré dans le Consensus de Monterrey, le représentant a encouragé la coopération Sud-Sud et triangulaire. Il a souhaité que les sources innovantes de financement puissent compléter les sources traditionnelles de financement du développement. Il s’est aussi attardé sur le poids de la dette qui mine le développement des pays pauvres et souhaité la poursuite de la réforme des institutions de Bretton Woods. Il a enfin annoncé que son pays avait consacré une somme de 22 milliards de dollars au Programme « Aide pour le commerce », et relevé que l’aide au commerce est importante pour faciliter l’implication des PMA dans les échanges internationaux.
M. YOUSEF SULTAN LARAM (Qatar) a estimé que les défis qui se présentaient aujourd’hui étaient bien plus importants que ce qui aurait pu être imaginé lors de la Conférence de Monterrey, soulignant l’ampleur de la crise économique et financière, qui a pris de court les plus expérimentés des spécialistes. Bien qu’il y ait eu une légère amélioration depuis 2010, le spectre d’une rechute continue de rôder, a-t-il averti, estimant que les pays en développement en ont souffert beaucoup plus que les pays développés.
Les questions qui ont été abordées lors de la Conférence de Doha sont toujours d’actualité, a souligné le représentant, appelant à reconnaître l’importante corrélation entre financement du développement et aide au commerce. Nous devons réaffirmer notre détermination en faveur d’un partenariat mondial pour le développement, réitérer notre engagement envers l’APD et augmenter le soutien financier à la réalisation des OMD, compromise par la crise actuelle.
La communauté internationale a aujourd’hui l’occasion « historique » d’ouvrir le premier chapitre du nouvel ordre commercial et économique. Nous devons construire un nouvel ordre mondial juste et équitable qui soutienne les efforts des pays en développement, et leur accorder une représentation adéquate dans les institutions de Bretton Woods, incapables jusqu’ici de s’adapter aux changements de ces dernières décennies, a-t-il tranché. Les Nations Unies sont le forum adéquat pour cette réforme, a-t-il dit, avant de rappeler que le Qatar avait tenu son engagement en matière d’APD, en y consacrant 0,7% de son revenu national brut.
M. JOHN SAMMIS (États-Unis) a observé que si l’APD représentait, pendant les années 60, 70% des flux vers les pays en développement, elle n’en représentait plus que 13%. Les pays en développement, a-t-il affirmé, sont un moteur important de la croissance économique mondiale et sont devenus eux-mêmes une source de financement du développement. Toute discussion sérieuse sur les APD devrait privilégier la qualité de l’aide plutôt que sa quantité. En la matière, il est plus important que jamais de mettre en œuvre les principes d’appropriation nationale, de résultats dans la gestion et de responsabilité mutuelle. M. Sammis a appelé au démantèlement du modèle « dépassé » donateur-récipiendaire. Il faut prendre en compte des partenaires nouveaux et mettre l’accent sur l’investissement plutôt que sur l’aide, sur la pleine intégration des cinq principes d’efficacité de l’aide et la réalisation des OMD.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a indiqué que malgré la crise, son pays avait augmenté son aide à la Communauté des États indépendants (CEI), évoquant notamment les contributions au Fonds anticrise de la communauté eurasienne. Il a estimé que les ressources domestiques étaient la source la plus stable du financement du développement et qu’il fallait par conséquent accorder la plus grande attention aux politiques macroéconomiques. Il a cité les mérites des mécanismes innovants de financement, précisant cependant que ceux-ci devaient compléter et non pas remplacer les sources de financement traditionnelles.
M. STEFAN BARRIGA (Liechtenstein) a estimé qu’en plus d’identifier de nouvelles ressources, atteindre l’objectif de 0,7% du revenu national brut devait demeurer au cœur des efforts de son pays. Nous sommes engagés à mettre nos ressources, modestes en valeur brute, au service d’une contribution concrète et visible au développement durable, a-t-il déclaré, soulignant l’attention particulière portée aux PMA dans le cadre de la campagne en faveur des OMD.
Le Gouvernement du Liechtenstein s’est en outre engagé à mettre en œuvre les normes internationalement reconnues de transparence et d’échange d’informations sur les questions fiscales, qui peuvent permettre de renforcer la coopération économique entre les États. Les flux financiers illicites sont l’un des principaux obstacles au développement, a-t-il souligné, appelant à renforcer les capacités de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent, tout en promouvant la bonne gouvernance, notamment à travers le programme anticorruption du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Le Liechtenstein contribue financièrement et avec ses experts à ce programme, ainsi qu’à d’autres initiatives similaires comme le Programme mondial contre le blanchiment de l’argent et l’Institut sur la gouvernance de Bâle, qui offre une formation pour aider les pays en développement à récupérer les biens spoliés.
Mme MAHMUD ROOMANA (Royaume-Uni) a rappelé que la priorité immédiate actuelle devait être la réalisation des OMD pour laquelle il faut un financement adéquat, en sachant que la manière la plus efficace de réduire la pauvreté est d’atteindre une croissance économique durable. Le secteur privé étant le moteur d’une telle croissance, le Département britannique du développement international travaille à la promotion de la culture d’un entreprenariat responsable et prospère, tout en soutenant l’accès aux marchés sans taxe à tous les PMA. Déçue du manque de progrès dans le Cycle de Doha, la représentante a jugé crucial d’avancer pour l’amélioration du système commercial international.
Dans le même temps, elle a estimé que le respect des engagements existants en matière d’APD devait être l’un des piliers des efforts internationaux. Le Royaume-Uni est déterminé à atteindre le palier de 0,7% de son PNB à l’horizon 2013, a-t-elle indiqué. Les sources de financement innovantes ont permis de dégager des ressources supplémentaires mais elles ne doivent pas se substituer à l’APD, a-t-elle enfin convenu, appelant à renforcer une culture du résultat, de la transparence et de la redevabilité.
M. CESARE MARIA RAGAGLINI (Italie) a estimé que l’action de la communauté internationale devait continuer de s’inspirer de la philosophie sous-jacente du Consensus de Monterrey. Dans le même temps, il nous faut continuer à répondre aux questions systémiques qui peuvent avoir un impact sur le développement, comme celles de la cohérence et de l’efficacité des systèmes monétaire, financier et commercial, a-t-il dit. Il a en outre estimé que plusieurs facteurs qui n’ont pas d’implication financière directe, comme la bonne gouvernance, les droits de l’homme, l’égalité des genres ou l’environnement, devaient faire l’objet d’une attention appropriée. Le véritable défi est de garantir que toutes ces composantes interagissent de manière intégrée et harmonisée, a-t-il expliqué, soulignant également l’importance de l’efficacité de l’aide.
Dans le climat économique et financier actuel, l’Italie fait face à des défis particulièrement importants qui réduisent de manière significative ses capacités fiscales, a indiqué le représentant. Cette semaine, le nouveau Gouvernement a adopté un ensemble de mesures économiques et budgétaires importantes, preuves de sa détermination à redresser la situation. Aussitôt que les conditions le permettront, nous sommes déterminés à revenir au niveau de coopération au développement qui était originellement prévu, a promis M. Ragaglini. L’Italie poursuit toutefois ses activités sur de multiples fronts, notamment celui de la sécurité alimentaire ou de la dette extérieure, avec cette dernière décennie, 57 accords bilatéraux conclus avec les pays pauvres très endettés, pour un montant total de 3,9 milliards de dollars de dette annulée. Le pays est aussi le principal contributeur au mécanisme de garantie de marché, et l’un des principaux donateurs de la Facilité internationale de financement pour la vaccination, a indiqué son représentant.
M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a souligné que la mobilisation des ressources nationales reste la première source de financement du développement et a invité les pays en développement à mettre en place des mesures et politiques adéquates afin de sécuriser ces ressources nationales. Il a regretté le fait que les investissements étrangers directs soient orientés, en priorité, vers certains pays d’Afrique qui sont pourtant riches en ressources naturelles. Il a aussi appelé à la fin des mesures commerciales discriminatoires et a invité, à cet effet, l’OMC et la CNUCED à assurer un suivi permanent des pratiques protectionnistes et à évaluer leurs conséquences sur les pays en développement. Il a également souhaité que les partenaires au développement puissent mettre en œuvre l’assistance technique commerciale en faveur des pays en développement.
En citant un rapport du Secrétaire général sur la question, M. Haniff a regretté que le poids de la dette ne cesse de s’alourdir et a suggéré que des discussions sur cette question soient menées sous l’égide des Nations Unies. Il a, en outre, rappelé que les pays industrialisés avaient promis de consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD, avant d’insister à son tour sur le fait que les sources innovantes du financement du développement devraient compléter l’APD et non la remplacer. Le représentant a noté la place centrale du développement du capital humain et a appelé au renforcement de la coopération technique, autant que de la coopération Sud-Sud.
M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a souligné que la crise économique et financière internationale a conduit à la baisse des investissements étrangers directs, tout en augmentant le poids de la dette. Il a invité la communauté internationale à faire en sorte que les objectifs de développement internationalement arrêtés puissent être réalisés, à l’horizon 2015 et au-delà, en particulier grâce au respect des engagements pris dont celui lié à l’APD.
Pour la plupart, les pays de la CARICOM sont des pays à revenu intermédiaire dont le volume de la dette représente parfois 100% du PNB. Le représentant a donc réclamé des mesures d’allègement de la dette au profit de ces pays. Reconnaissant le rôle central du commerce dans les perspectives de développement, il a souligné que les espoirs sont maintenant tournés vers la huitième Conférence ministérielle de l’OMC qui se déroulera du 15 au 17 décembre prochain en Suisse.
Les mécanismes innovants de financement du développement sont impérieux de nos jours, a-t-il reconnu. Mais, a-t-il tenu à dire, les taxes sur les billets d’avion ont provoqué une baisse du nombre des touristes dans les Caraïbes. Certains de ces mécanismes innovants peuvent avoir des effets négatifs sur les économies des pays en développement, a-t-il mis en garde, en appelant à une plus grande coopération internationale. M. Wolfe a conclu, en plaidant à son tour pour le renforcement de la coopération Sud-Sud et triangulaire.
M. PAUL SEGER (Suisse) a estimé que dans le contexte actuel d’une crise financière, de nouvelles voies devaient être explorées pour améliorer l’accès aux ressources financières destinées aux pays en développement. Toutefois, malgré la crise, les donateurs doivent s’efforcer d’honorer leurs engagements et de maintenir leurs budgets en faveur de l’APD. Il a souligné la nécessité de mieux réguler et contrôler le système financier, rappelant que la gouvernance économique mondiale requérait une coordination ouverte et transparente entre les travaux du G-20, des institutions financières internationales et des Nations Unies.
Il n’existe pas de solution universellement applicable, a poursuivi le représentant, notant que le rôle et l’importance de chaque flux financier différaient de manière considérable d’un pays à l’autre. Des principes et des actions d’ordre général sont certes essentiels mais des stratégies nationales spécifiques de développement ne le sont pas moins, a-t-il insisté. Il faut en outre mobiliser davantage les ressources nationales, en garantissant que les pays en développement aient les capacités de gérer leur environnement et leurs ressources naturelles de manière durable, afin de générer un revenu suffisant pour garantir des services publics de base et réduire leur dépendance vis-à-vis de l’aide extérieure.
La Suisse reconnaît que les flux financiers illicites représentent une réelle entrave au développement, a ajouté M. Seger, assurant de son engagement aux côtés de ses partenaires en vue de geler et d’accélérer le retour des avoirs volés dans leur pays d’origine. Enfin, il a souligné que la qualité de l’aide apportée était aussi cruciale que sa quantité. Les principes d’efficacité de l’aide sont toujours d’actualité mais leur mise en œuvre demeure un défi de taille, a-t-il dit, avant d’engager les Nations Unies et les institutions financières mondiales à travailler ensemble en faveur d’une croissance inclusive.
M. HARDEEP SINGH PURI(Inde) a estimé qu’on ne pouvait dépendre uniquement des investissements étrangers directs pour financer le développement. Il a également constaté que d’importants facteurs de risque liés aux prix des denrées alimentaires et de l’énergie, ainsi qu’à la hausse des barrières tarifaires avaient eu un impact délétère sur les perspectives commerciales des pays en développement.
Si nous voulons faire du commerce un moteur crédible de la croissance inclusive, les pourparlers de Doha doivent avoir un débouché tourné vers l’action, a-t-il affirmé. Le représentant a vu dans l’APD une source importante de financement du développement pour laquelle il n’y avait pas de substitut, et a regretté qu’en 2010, seuls cinq pays donateurs aient honoré leur engagement de verser 0,7% de leur PNB à cet effet.
Le représentant a ensuite parlé de l’initiative indienne de coopération technique et économique qui permet à son gouvernement d’appuyer le renforcement des capacités dans 161 pays en développement. L’Inde s’est également engagée à verser un milliard de dollars en ligne de crédit pour veiller à la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul pour les PMA. M. Puri a réclamé l’élargissement de la coopération Sud-Sud, estimant cependant qu’elle ne pouvait se substituer à la coopération Nord-Sud.
Ce qui est particulièrement préoccupant, a-t-il enchaîné, est que les discussions sur l’architecture mondiale de l’aide s’attachent de plus en plus à entraîner les pays en développement dans un paradigme Nord-Sud. La coopération Sud-Sud ne peut pas être considérée sous l’angle du prisme « donateur-récipiendaire » de la coopération Nord-Sud, a-t-il souligné. Il s’est félicité de ce que le Forum de Busan ait convenu que la coopération Sud-Sud différait de la coopération Nord-Sud.
M. PIUSI. AYEWOH (Nigéria) a jugé évident que les économies en développement étaient les plus touchées par la crise économique actuelle, compte tenu de leurs capacités réduites à renforcer les programmes qui pourraient stimuler leur croissance économique, et de leur position désavantageuse pour accéder aux marchés. Il est par conséquent impératif de soutenir la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et la Société financière internationale (SFI), tout en tenant les engagements pris à l’égard de l’Association internationale de développement, a-t-il dit.
Les intentions de Monterrey étaient sincères et les espoirs justifiés, puisque les économies de la plupart des pays en développement ont effectivement montré des signes modestes de croissance, a poursuivi le représentant, mais ces derniers se sont pratiquement évaporés à cause de défis imprévus. Le Nigéria a connu un taux de croissance de 7% en 2009 et de 8,1% en 2010, avec des projections à moyen terme positives qui appellent des réformes supplémentaires dans les infrastructures et la participation du secteur privé.
La principale ligne directrice de la politique commerciale du pays est l’intégration de son économie dans le marché mondial, a expliqué le représentant, ce qui passe par une libéralisation progressive, afin de renforcer la compétitivité de son industrie. Le Gouvernement mène des politiques macroéconomiques prudentes pour une transformation structurelle de son économie, a-t-il ajouté, soulignant l’ampleur de la tâche à accomplir et le risque de reculs vers la réalisation des OMD.
M. Ayewoh a aussi expliqué que les efforts des pays en développement pour rembourser leur dette subissaient les conséquences négatives de facteurs extérieurs, comme des variations des taux de change ou l’imprévisibilité de l’aide au développement. Le Nigéria a développé un cadre de gestion de sa dette et établi un fonds souverain pour atténuer les effets d’une possible chute de ses revenus, a-t-il indiqué. Toutefois, des mesures supplémentaires d’allègement de la dette sont nécessaires.
Enfin, le représentant a plaidé pour des efforts de stimulation de l’économie mondiale et pour une réforme globale du système financier international qui garantisse une meilleure représentativité et une plus grande efficacité.
Mme LINYI BAIDAL SEGUEIRA (Costa Rica) a jugé fondamental de conclure avec succès les négociations de Doha, appelant tous les pays membres de l’OMC à faire preuve de flexibilité et de volonté politique pour sortir de l’impasse. Même si cela n’est pas évident à première vue, a-t-elle poursuivi, le fait que peu de pays développés aient tenu leurs engagements en matière d’APD porte préjudice à tous les pays.
Le Costa Rica a souffert d’une baisse systématique de la coopération, ces dernières décennies, justement parce qu’il est classé parmi les pays à revenu intermédiaire. Nous comprenons bien que l’aide doit être centrée sur les pays les plus vulnérables mais il ne faudrait pas en exclure les pays qui, grâce à leurs efforts et leurs sacrifices, ont progressé dans de nombreux domaines du développement, a-t-elle plaidé.
Elle a souhaité que soit appliqué un traitement différencié pour les pays à revenu intermédiaire, sur la base d’une véritable association, respectueuse et équilibrée, qui permette le transfert des connaissances et le renforcement des capacités. La représentante a estimé fondamental de mettre au point un mécanisme de travail et d’analyse du financement du développement pour les pays à revenu intermédiaire.
En l’absence d’un processus d’analyse des modalités et des mécanismes qui seraient les plus efficaces pour répondre à leurs besoins spécifiques, toute décision pour mesurer l’aide doit être reportée. Les pays à revenu intermédiaire sont ceux où vivent la majorité de la population pauvre du monde, a rappelé Mme Segueira. Par conséquent, si l’on veut éradiquer la pauvreté, ils doivent être intégrés aux plans d’une coopération qui doit être maintenue jusqu’à ce que les progrès soient solidement ancrés.
Enfin, la représentante a souhaité des ressources stables, vérifiables et prévisibles, dans un esprit de transparence et de redevabilité s’agissant de l’utilisation des faits.
M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a estimé que la plupart des pays en développement, malgré des réformes économiques et une ouverture aux principes du marché libre, continuent d’être confrontés à des crises multiples, liées entre elles. Plus les pays se sont exposés, plus ils ont souffert de ces crises, a-t-il dit, estimant que cela témoignait de l’importance du rôle de l’État pour soutenir le développement.
Les réformes, la mobilisation des ressources, l’APD et le renforcement de la coopération Sud-Sud se sont révélés insuffisants pour relever les défis, et sans un changement profond au niveau systémique, pour un ordre économique mondial ouvert, transparent, non discriminatoire et basé sur le droit, les pays en développement resteront vulnérables aux chocs externes, a-t-il ajouté.
Le représentant a attribué les lacunes de la gouvernance mondiale au fait que sa structure ne jouit pas de la légitimité nécessaire. La solution ne viendra certainement pas d’un mécanisme exclusif créé sur un modèle hérité de 1945, a-t-il déclaré. Il a estimé urgent de revoir le mandat des institutions actuelles pour qu’elles mettent en tête de leur ordre du jour la stabilité et le développement, afin de réduire la prédominance des marchés financiers sur l’économie réelle. Il a également appelé à réformer en profondeur le système international des changes.
Malgré la crise financière et économique mondiale, les ventes d’armes ont augmenté de 22% en 5 ans, a-t-il ironisé. Le secteur de la guerre fait de grands profits, alors qu’il cause l’agonie, la destruction et la souffrance à travers le monde. Il est temps qu’il prenne ses responsabilités devant la paix et le développement, a conclu le représentant en proposant une taxe sur le commerce des armes, qui permettrait de mobiliser « des ressources considérables ».
M. MIGUEL BERGER (Allemagne) a estimé que l’augmentation des niveaux de financement du développement ne suffirait pas pour atteindre les objectifs convenus au niveau international. Il a insisté sur la nécessité, pour les pays en développement, de prendre les rennes de leur propre développement, en créant un environnement domestique propice. Il s’est ensuite félicité de l’issue, la semaine dernière à Busan, du Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide. L’Allemagne, a-t-il dit, a réussi à mobiliser 12 milliards d’euros grâce à des mécanismes de financement innovants.
M. IGOR FINOGENOV, Banque eurasienne de développement, a indiqué que la Banque a été créée en janvier 2006 pour financer et accompagner des projets de développement dans la zone géographique couvrant l’ancienne Union soviétique. Il a relevé que la Banque participe à la coordination des politiques économiques, dont les politiques douanières avec l’objectif ultime d’établir une zone de libre échange. Il a cité un certain nombre de projets financés par la Banque et souligné qu’elle apparaît comme un acteur majeur du développement de la région.
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