L’Assemblée générale souscrit à l’objectif de l’Afghanistan d’assumer la responsabilité totale de la sécurité au plus tard en 2014
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Assemblée générale
Soixante-sixième session
62e séance plénière - matin
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SOUSCRIT À L’OBJECTIF DE L’AFGHANISTAN D’ASSUMER
LA RESPONSABILITÉ TOTALE DE LA SÉCURITÉ AU PLUS TARD EN 2014
Au moment où l’on célèbre le dixième anniversaire de l’engagement de la communauté internationale en Afghanistan, l’Assemblée générale a adopté ce matin par consensus sa longue résolution annuelle* sur ce pays dans laquelle elle souscrit à l’objectif du Gouvernement afghan d’assumer la responsabilité totale de la sécurité d’ici à 2014 et se félicite de la Conférence d’Istanbul, au début de ce mois.
Dotée d’un dispositif de plus d’une centaine de paragraphes, la résolution a été présentée par le représentant de l’Allemagne qui a indiqué que cette année, ce texte mettait l’accent sur cinq domaines prioritaires, à savoir la transition dans le domaine de la sécurité, l’engagement à long terme de la communauté internationale, l’appui au processus de paix et de réconciliation, l’aspect régional, et enfin, l’interconnexion des défis que connait l’Afghanistan.
L’Assemblée générale se déclare ainsi profondément préoccupée par l’état de la sécurité en Afghanistan et souligne que le Gouvernement afghan et la communauté internationale doivent continuer de collaborer étroitement.
Elle souscrit à l’objectif du Gouvernement afghan de doter les Forces nationales de sécurité afghanes des effectifs et des moyens opérationnels nécessaires pour prendre le relais de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) et assumer la responsabilité principale de la sécurité dans toutes les provinces d’ici à la fin de 2014. « Voire plus tôt », a affirmé le représentant de l’Afghanistan.
« L’année 2014 n’est pas la fin mais le lancement d’une nouvelle étape du partenariat entre l’Afghanistan et la communauté internationale », a-t-il déclaré. Son homologue de l’Iran a cependant souhaité que le retrait des forces de la coalition ne débouche pas sur l’installation de bases militaires permanentes en Afghanistan, avertissant que le maintien d’une présence militaire étrangère fera de ce pays un terrain fertile pour la multiplication des groupes terroristes et extrémistes.
Dans la résolution, l’Assemblée générale constateque se poursuit le mouvement de réconciliation engagé entre le Gouvernement afghan et les Taliban qui « ont rejeté l’idéologie terroriste d’Al-Qaida, respectent la Constitution et soutiennent un règlement pacifique du conflit qui perdure en Afghanistan ».
Condamné par l’Assemblée générale et commenté par de nombreuses délégations, l’assassinat de Burhanuddin Rabbani, dirigeant du Haut Conseil pour la paix, a été qualifié de grave revers au processus de paix par le représentant de l’Afghanistan. Ce dernier s’est néanmoins félicité de la bonne conclusion, ce week-end, à Kaboul, de la Loya Jirga, y voyant « un processus inclusif qui a marqué une étape décisive du processus de réconciliation et de paix ».
L’Assemblée générale note tout de même avec une « profonde préoccupation » les effets de la corruption sur la sécurité, la bonne gouvernance, la lutte contre l’industrie de la drogue et le développement économique.
Elle souligne aussiqu’une coopération régionale constructive est cruciale pour promouvoir la paix, la sécurité, la stabilité et le développement économique et social en Afghanistan.
Elle se félicite notamment de la Conférence d’Istanbul du 2 novembre 2011. « La dynamique de cette Conférence doit être maintenue car il en va de l’intérêt et de la stabilité de la région », a commenté le représentant du Royaume-Uni.
Les enjeux de la Conférence de Bonn prévue pour le 5 décembre 2011, ont également été commentés à maintes reprises ce matin. Le représentant de l’Australie a souhaité qu’elle débouche sur une approche coordonnée et robuste pour bâtir un Afghanistan stable, sûr et doté de perspectives économiques « positives ».
L’Assemblée générale poursuivra ses travaux demain, mardi 22 novembre, à partir de 10 heures.
* A/66/L.10
LA SITUATION EN AFGHANISTAN
Rapport du Secrétaire général (A/66/369)
Déclarations
Présentant le projet de résolution A/66/L.10, M. PETER WITTIG (Allemagne) a indiqué que cette année, ce texte mettait l’accent sur la transition dans le domaine de la sécurité; le Gouvernement afghan assurant, depuis l’annonce de la première étape de la transition, la sécurité de 25% de la population afghane. Le texte porte donc sur l’amélioration des capacités opérationnelles des forces de sécurité et leur formation, un élément clef pour assurer un progrès durable fondé sur l’autonomisation des institutions et de la population afghanes.
La résolution s’attarde aussi, a poursuivi M. Wittig, sur l’engagement à long terme de la communauté internationale. L’Afghanistan, a-t-il dit, peut compter sur l’appui à long terme de l’ONU bien au-delà de 2014, fin de la période de transition. Le cœur de cette résolution est de « lier les 10 dernières années aux 10 prochaines années », a-t-il souligné, conformément à la Conférence de Bonn du 5 décembre prochain, dont le thème sera « De la transition à la transformation ».
La résolution souligne l’importance qu’il y a à ne pas laisser la transition s’écarter des objectifs à long terme, qu’il s’agisse de la démocratisation, de l’état de droit et des droits de l’homme, de la lutte contre la pauvreté ou du développement socioéconomique. Le représentant s’est réjoui des progrès en faveur des femmes, saluant en particulier, l’engagement du Gouvernement afghan de faire en sorte que la délégation à la Conférence de Bonn soit composée de 25% de femmes.
La résolution, a-t-il encore dit, parle aussi de l’appui à la paix et à la réconciliation, avant de mettre un accent particulier sur la dimension régionale des affaires afghanes. Le représentant a dit attendre avec intérêt la réunion de suivi de la Conférence d’Istanbul, prévue pour juin 2012, à Kaboul.
Enfin, la résolution, a-t-il ajouté, reconnaît le lien intrinsèque entre les différents défis auxquels est confronté l’Afghanistan. Aussi, la justice et la lutte contre l’impunité revêtent-elles une importance systémique pour le développement. La production et le trafic de substances illicites continuent de saper le développement du secteur économique formel et demeurent une importante source de financement pour le terrorisme et l’extrémisme, a-t-il poursuivi. Les stratégies de création d’emplois et de réduction de la pauvreté sont donc plus urgentes que jamais. M. Wittig a conclu sur la situation humanitaire qui continue d’exiger l’attention et l’appui de la communauté internationale.
M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a affirmé que son pays laissait derrière lui une nouvelle année de « traumatisme national », dénonçant les assassinats ciblés et les attaques terroristes qui, a-t-il affirmé, cherchent à briser la détermination des Afghans et à saper l’unité nationale et l’« intégrité historique » du pays. Les Taliban, qui ont pris l’Afghanistan en otage pendant des années, réapparaissent maintenant avec un visage barbare et brutal, s’est-il insurgé. M. Tanin a souligné que malgré la fragilité apparente du pays, des progrès notables avaient été réalisés.
Des millions d’Afghans ont pu reconstruire leur vie. Des milliers d’écoles ont été construites et accueillent des étudiants dont près de la moitié sont des filles. Des centaines de cliniques ont été mises sur pied et de nouvelles routes sont construites, a-t-il notamment précisé. Il a également assuré que le respect de l’état de droit avait été renforcé et que le Gouvernement s’efforçait de libérer la société du « cancer » de la corruption. Le représentant a cependant averti que le terrorisme et « ses partisans insolents » continuaient de détruire le pays. Mais, a-t-il prévenu, si les terroristes entravent notre travail quotidien, ils ne nous forceront jamais à retourner là où nous étions, il y a une décennie.
M. Tanin a ensuite parlé de la transition, affirmant qu’en matière de sécurité, l’Afghanistan travaille avec ses partenaires pour pouvoir assumer une responsabilité totale d’ici à 2014, « voire plus tôt ». Pour un avenir meilleur, l’Afghanistan doit avoir un Gouvernement stable, fonctionnel et « propre », a reconnu le représentant, avant d’évoquer le Programme sur le droit et la justice qui cible la réforme stratégique du secteur judiciaire, au cours des trois prochaines années. Il a également assuré que le Gouvernement entendait renforcer l’état de droit et combattre la corruption à tous les niveaux.
L’Afghanistan, a poursuivi M. Tanin, est en train de développer une économie durable, débarrassée de la drogue et entièrement opérationnelle. Dans ce contexte, le secteur agricole est prioritaire ainsi que les investissements dans le secteur minier et le développement des infrastructures.
Après avoir parlé du Plan d’action pour les femmes, le représentant s’est attardé sur la réconciliation et la réintégration. Le processus de paix a connu un grave revers avec l’assassinat du professeur Burhanuddin Rabbani, dirigeant du Haut Conseil pour la paix, mais, malgré tout, a affirmé le représentant, le peuple afghan réclame la poursuite du processus.
Il a fait savoir que la Loya Jirga, qui s’est achevée ce week-end à Kaboul, avait rassemblé 2 200 représentants de tous les groupes ethniques et de tous les échelons de la société, pour discuter du processus de paix et du partenariat stratégique avec les États-Unis en matière de formation des forces de sécurité d’ici à 2014 et au-delà. Ce fut un processus inclusif qui a marqué une étape décisive du processus de réconciliation et de paix, s’est félicité le représentant.
L’Afghanistan, a-t-il encore affirmé, se réapproprie son « rôle historique » de plaque tournante commerciale, économique et de transit. L’Accord pour le transit commercial entre l’Afghanistan et le Pakistan est mis en œuvre et l’initiative pour la Nouvelle Route de la soie est en cours. La question de la sécurité, a reconnu le représentant, est le fondement de la coopération régionale. Outre les États-Unis, des partenariats stratégiques ont également été signés avec l’Inde, et d’autres sont en cours de négociations avec le Royaume-Uni, la France, l’Australie et l’Union européenne.
Estimant que la future Conférence de Bonn marquera un nouveau départ, le représentant a vu dans l’année 2014, non pas une fin, mais une nouvelle étape du partenariat entre l’Afghanistan et la communauté internationale.
M. THOMAS MAYR-HARTING (Union européenne) a estimé que le travail de l’ONU demeure vital pour les années à venir. S’il a reconnu que les questions de sécurité allaient être difficiles pendant un certain temps, il s’est néanmoins dit encouragé par le Processus de Kaboul qui a pris une nouvelle dynamique, grâce à la reprise des réunions du Conseil commun de coordination et de suivi et aux progrès réalisés dans les programmes de priorité nationale.
Cet élan est important pour renforcer la confiance des donateurs avant la Conférence de Bonn, a-t-il estimé. Toutefois, a-t-il prévenu, il reste encore beaucoup à faire en matière de réformes de l’administration publique et des institutions judiciaires. Une justice indépendante et professionnelle est indispensable pour garantir un meilleur climat en matière de sécurité, pour les investissements et pour les droits de l’homme.
Dans le domaine de la gouvernance, des mesures positives telles que le contrôle anticorruption et le Comité d’évaluation doivent être soutenues par des mesures structurelles qui permettront une meilleure transparence dans les finances publiques.
Réitérant, à son tour, l’importance de la dimension régionale, il a souligné que les pays de la région ont un rôle à jouer dans la stabilité et la sécurité de l’Afghanistan. La Conférence de Kaboul a été une étape importante dans le processus politique régional, a-t-il estimé. Il appartient à l’Afghanistan et aux pays voisins de mettre fin à l’instabilité, a-t-il insisté.
Mme ZOYA KOLONTAI (Bélarus), au nom de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), a déploré que l’Afghanistan continue d’être confronté à de nombreuses menaces, notamment l’intensification des activités des Taliban et d’Al-Qaida. Elle s’est dite particulièrement préoccupée par le fait que l’activité terroriste se propage dans les pays voisins et a rappelé que la recherche d’une solution serait impossible sans une approche intégrée de la communauté internationale et un Gouvernement afghan plus autonome. Se félicitant du transfert progressif de la sécurité nationale aux forces afghanes, elle a souhaité que le retrait des contingents internationaux s’accompagne de mesures transitionnelles fortes, qui tiennent compte de la situation dans le pays.
L’Afghanistan devrait devenir un pays neutre, a-t-elle suggéré, tout en reconnaissant qu’une telle initiative doit évidemment émaner du peuple afghan lui-même. Mais, a-t-elle tout de même insisté, un tel objectif pourrait faciliter la réconciliation autour de trois piliers fondamentaux, à savoir le refus de la violence armée, la reconnaissance de la Constitution afghane et la rupture de tous les liens avec les organisations terroristes.
Un avenir démocratique et pacifique sera impossible pour l’Afghanistan sans une véritable solution au problème de la production et du trafic de stupéfiants, a souligné, par la suite, la représentante. Elle a jugé fondamental d’établir une coopération dans ce domaine, notamment entre l’OTSC et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). L’OTSC, a-t-elle indiqué, a créé un Groupe de travail au niveau des ministres des affaires étrangères et a établi des contacts de travail avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ou encore l’Organisation de Shanghai pour la coopération.
Elle mène régulièrement des opérations antidrogues au niveau régional, ce qui lui a permis d’acquérir une expérience très riche en matière de lutte. La dernière opération, en juin 2011, a par exemple permis de saisir trois tonnes de drogues, a indiqué la représentante.
M. JUAN PABLO DE LAIGLESIA (Espagne) a rappelé que cette année marquait le dixième anniversaire de l’engagement de la communauté internationale en Afghanistan. Depuis le début, a-t-il poursuivi, la contribution militaire et civile de l’Espagne à la stabilisation et à la reconstruction du pays a été significative. Toutefois, le représentant a déploré que son pays ait eu à payer un lourd tribut, puisque 98 soldats espagnols ont perdu la vie au cours de leur mission. Malgré cela, a-t-il poursuivi, l’Espagne est pleinement engagée à la promotion du développement en Afghanistan.
Il a annoncé qu’à ce jour, son pays s’était acquitté des 195 millions d’euros sur les 220 promis pour la période 2006 à 2011. Notre attention s’est posée sur la coopération au développement dans la province de Badghis, la deuxième la plus pauvre d’Afghanistan, qui souffre cruellement du manque d’infrastructure de base, d’eau courante, de système d’évacuation des eaux usées, d’électricité et de routes.
Depuis le début, a-t-il poursuivi, l’Espagne a travaillé avec les autorités nationales et provinciales et a particulièrement appuyé le transfert des connaissances aux employés locaux. Les résultats sont bons, s’est-il félicité. L’Espagne participe également aux efforts militaires de la communauté internationale et a aujourd’hui plus de 1 500 militaires.
L’Espagne appuie les efforts du Gouvernement afghan dans son approche globale pour faciliter la transition dans le domaine de la sécurité mais également dans les domaines de la gouvernance et du développement. À cet égard, a-t-il souligné, il est nécessaire de redoubler d’efforts dans l’instauration de l’état de droit, notamment en luttant contre la corruption et pour les droits de l’homme, avec un accent particulier sur les femmes et les enfants. Nous sommes satisfaits de la manière dont la transition avance, a-t-il ajouté. Aujourd’hui, l’immense majorité des projets sont gérés par le personnel afghan.
Sans réconciliation, a estimé le représentant, il ne peut y avoir de paix et de stabilité. L’Espagne contribue à hauteur de 10 millions d’euros au Programme de paix et de réintégration en Afghanistan, a-t-il indiqué.
Par ailleurs, il s’est félicité des résultats positifs de la Conférence d’Istanbul, et notamment de l’attitude des pays voisins de l’Afghanistan. La Conférence de Bonn est également l’un des rendez-vous importants de 2012, a-t-il estimé. Dans les années à venir, l’Afghanistan aura besoin de l’aide et du soutien de la communauté, même si son avenir dépend en premier lieu de son Gouvernement et de son peuple, a-t-il conclu.
M. GARY FRANCIS QUINLAN (Australie) a constaté que de réels progrès avaient été réalisés pour assurer la mise en œuvre du processus de transition sur lequel se sont accordés le Gouvernement afghan et les pays de la FIAS. Il a estimé que la Conférence de Bonn serait l’occasion pour le Gouvernement afghan et la communauté internationale d’adopter une approche coordonnée et robuste pour bâtir un Afghanistan stable, sûr et doté de perspectives économiques « positives ». Il a également estimé qu’un engagement constructif des pays voisins de l’Afghanistan était essentiel pour assurer l’avènement d’un pays stable.
L’amélioration de la gouvernance et du développement demeure un défi important, a-t-il reconnu. Cette année, l’Australie versera 165 millions de dollars à l’aide au développement de l’Afghanistan, une augmentation de 34% par rapport à l’année dernière. Le représentant a également parlé des efforts déployés par son pays dans la province d’Uruzgan et s’est félicité de l’augmentation du taux d’inscription scolaire depuis 2002. Les élections présidentielles de 2014, a-t-il prévenu, seront un test pour les institutions et le processus démocratique afghans. Il a insisté sur la nécessité de poursuivre la réforme électorale.
M. CESARE MARIA RAGAGLINI (I talie) a appelé la communauté internationale à ne pas s’endormir sur ses lauriers, s’agissant de l’Afghanistan. Elle a un rôle à jouer après 2014, a-t-il souligné, se disant convaincu du lien entre engagement à long terme et stabilité. Il a tout de même souligné que les efforts internationaux doivent impérativement s’accompagner de l’engagement ferme du Gouvernement afghan. Il a appelé ce dernier à assurer une meilleure transparence des finances publiques. Au-delà de la communauté internationale, les Afghans eux-mêmes ont un rôle indispensable à jouer dans le processus de reconstruction et de réconciliation, a-t-il aussi souligné. La coopération régionale, a-t-il encore souligné, ne doit pas se limiter à la politique et à la sécurité, a-t-il dit, en appuyant le projet sur la nouvelle Route de la soie.
M. RAZA BASHIR TARAR (Pakistan) a souligné que l’action militaire ne pouvait pas résoudre les problèmes de l’Afghanistan et a plaidé pour une approche complète qui mette l’accent sur l’autonomisation du pays. Il a insisté sur l’importance de maintenir l’unité régionale afin de gérer les défis sécuritaires et de développement. Le représentant a expliqué que la coopération entre le Pakistan et l’Afghanistan s’axait sur tous les aspects des relations politiques, économiques et culturelles. Il a fait savoir que son pays participait à des projets de construction d’hôpitaux, de routes et d’établissements scolaires, et qu’il avait en plus doublé le nombre de bourses aux étudiants afghans qui poursuivent leurs études dans des établissements pakistanais.
Au sujet de la sécurité, M. Tarar a dit s’attendre à ce que la Commission tripartite devienne un élément important de la coopération en matière de sécurité et de renseignements. Il a ajouté que la lutte contre les clandestins était essentielle à la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogues et la contrebande. Le Pakistan, a-t-il précisé, a donc construit plus de 1 000 postes frontaliers et déployé plus de 120 000 soldats à la frontière. Il a appelé les États Membres à prêter plus d’attention au lien entre trafic de drogues et terrorisme, une « maladie qui s’est aggravée malgré une importante présence internationale ».
Le Pakistan, a rappelé le représentant, héberge 1,7 million de réfugiés afghans et plus d’un million d’autres non recensés. Le coût économique, social et sécuritaire assumé par le Pakistan est incalculable, a-t-il affirmé. Au cours des 10 dernières années, le budget annuel consacré aux réfugiés afghans avait pratiquement doublé, malgré une diminution du nombre de réfugiés. Cette tendance devrait être inversée et plus de réfugiés devraient être rapatriés, a-t-il estimé, avant d’appeler la communauté internationale à prêter davantage d’attention à cette question.
M. AHMED AL-JARMAN (Émirats arabes unis) a rappelé que l’insécurité et la violence qui continuent de prévaloir en Afghanistan causaient des dommages graves dans tous les domaines de la vie de la population. Réitérant la responsabilité première des autorités nationales pour mettre fin aux violences et prendre des mesures concrètes afin d’intégrer les droits de l’homme dans les politiques et pratiques, il a insisté sur la primauté à accorder au dialogue et à la réconciliation entre toutes les parties dans le pays.
Les évènements en Afghanistan ont démontré le rôle essentiel des efforts régionaux pour promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité dans le pays, a poursuivi M. Al-Jarman, se félicitant à cet égard de la Conférence d’Istanbul. Il a promis que son pays va accroître sa contribution en Afghanistan, notamment pour relancer l’économie.
Le représentant a affirmé qu’en tout, son pays avait contribué à hauteur de 1,5 milliard de dollars en Afghanistan, en plus de l’assistance fournie par des fondations privées dans divers projets de développement, de logements, de formation ou de déminage, notamment à Kandahar.
M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie) a estimé que le Gouvernement de l’Afghanistan avait montré une volonté politique forte. La souveraineté de l’Afghanistan et l’intégrité territoriale sont des questions d’une importance cruciale, a-t-il estimé, ajoutant sa satisfaction de voir les forces afghanes assumer un rôle croissant. En dépit des progrès réalisés, il reste des défis importants et complexes. La paix et la stabilité durables nécessitent la réconciliation politique et l’unité, ainsi que la solidarité et la coopération régionales.
Le 2 novembre dernier, la Turquie a accueilli la Conférence d’Istanbul qui a permis à la région de reconnaître l’Afghanistan comme un pont, connectant l’Asie du Sud, l’Asie centrale, l’Eurasie et le Moyen-Orient. La Conférence a également été l’occasion pour les pays de la région de réaffirmer leur engagement en faveur d’un Afghanistan prospère, stable et en sécurité. À Istanbul, a-t-il dit, nous avons adopté un document détaillé, qui va bien au-delà des textes qui ont été adoptés à ce jour. L’appropriation régionale y a joué un rôle crucial. À Istanbul, les participants ont réitéré leur volonté de relever les défis de la région et de créer une nouvelle coopération régionale. Il est important que l’Afghanistan et ses partenaires régionaux travaillent activement pour mettre en œuvre les mesures de confiance fixées dans le processus d’Istanbul.
M. Apakan a annoncé que la réunion de suivi se tiendra en juin 2012 à Kaboul. Par ailleurs, au cours de la sixième réunion trilatérale entre l’Afghanistan, le Pakistan et la Turquie qui s’est tenue avant la Conférence d’Istanbul, les trois Présidents ont souligné l’importance cruciale de leur Processus trilatéral et ont réitéré leur détermination à renforcer cette coopération dans tous les domaines. La Conférence de Bonn, a-t-il conclu, sera l’occasion de réaffirmer les engagements au-delà de 2014.
M. KAZUO KODAMA (Japon) a souligné la nécessité pour la communauté internationale de faire preuve d’unité dans son soutien à l’Afghanistan. Pour la stabilité à long terme du pays, nous devons contribuer au renforcement de la coopération régionale, a-t-il plaidé, saluant la Conférence d’Istanbul du 2 novembre dernier et espérant des progrès supplémentaires à Bonn où les aspects civils de la transition, l’engagement de la communauté internationale dans la région et le soutien au processus politique seront affinés.
Pour la paix et la sécurité en Afghanistan, une transition souple doit être mise en place afin de renforcer les capacités des Forces de sécurité afghanes, a dit le représentant, soulignant que cette transition était elle-même liée au processus politique, en particulier, la réconciliation et la réintégration. Il a souligné l’importance pour tous les dirigeants afghans d’être solidaires et de faire preuve de détermination face à la paix, à la réconciliation et à l’unité nationale, même après la perte tragique du professeur Rabbani. Soutenir ce processus politique doit rester une priorité des partenaires internationaux et régionaux de l’Afghanistan, a-t-il insisté.
M. KIM SOOK (République de Corée) a estimé qu’en dépit de développements encourageants, des défis immenses se dressaient sur le chemin d’une paix durable en Afghanistan. En premier lieu, l’insécurité persistante causée par la violence et le terrorisme constitue non seulement une menace à la sécurité nationale, mais elle a également de graves conséquences sur la paix et la sécurité régionales, a-t-il rappelé. Afin de s’attaquer à ce problème, les Forces nationales de sécurité devraient être encore renforcées et la coordination entre le Gouvernement central et les autorités provinciales resserrée. En outre, la coopération aux frontières est indispensable et, dans cette perspective, le représentant s’est félicité de l’adoption du Processus d’Istanbul au début de ce mois.
M. Kim a également exprimé sa profonde préoccupation face au trafic de drogues et à la corruption engendrée par ce trafic. Il a salué les efforts des autorités afghanes, en notant que le pays reste toutefois le premier producteur d’opium et d’héroïne. Il a souligné la nécessité de lancer de toute urgence des projets de développement alternatif dans les zones rurales.
Il a dénoncé les violations et abus dont sont victimes les enfants et les femmes, notamment l’utilisation d’enfants dans le terrorisme, les attaques contre les écoles et les violences sexuelles. La République de Corée continuera de soutenir le renforcement des capacités des Forces de sécurité afghanes, a-t-il assuré, ainsi que le développement socioéconomique du pays. En effet, le processus de transition ne sonne pas la fin de l’engagement international. La stabilité et la reconstruction nécessitent un engagement à long terme de la communauté internationale au-delà de 2014.
M. SIRODJIDIN M. ASLOV (Tadjikistan) a souligné que son pays ne peut rester indifférent à la situation d’un voisin. Les relations de bon voisinage sont importantes, comme en atteste la coopération bilatérale significative. Il s’est félicité du succès remporté en Afghanistan, notamment dans la lutte contre le terrorisme. Le Tadjikistan, a-t-il poursuivi, a développé des centres de formation pour les douaniers, les forces de sécurité et les économistes. Le pays accorde une importance particulière aux projets de communication et les nombreux projets d’infrastructures pour relier les deux pays, tels que la construction de nouveaux ponts, de chemins de fer, de câbles électriques et de gazoducs, qui pourront constituer des sources de revenus supplémentaires. Estimant que l’Afghanistan joue un rôle essentiel dans la coopération régionale, il a proposé de partager les stations hydrauliques de son pays.
Mme ROSEMARY DICARLO (États-Unis) a salué le travail des Nations Unies, des Forces de sécurité afghanes et de la Force internationale d’assistance à la sécurité. Elle a souligné la nécessité pour la communauté internationale de continuer à appuyer les efforts en cours, assurant que les États-Unis soutiennent fermement la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Afghanistan. Elle a plaidé pour un réseau de connexion politique et économique au niveau régional afin d’appuyer le développement économique.
Elle s’est félicitée de la Conférence d’Istanbul où l’Afghanistan et ses voisins ont pris des engagements communs pour accroître les investissements et le commerce régional. Le développement a besoin de la sécurité, a rappelé la représentante, saluant l’appui régional très fort témoigné. L’Afghanistan et ses voisins ont parlé d’une seule voix pour appuyer la transition sur la base des principes nécessaires à la paix et à la réconciliation, à savoir l’abandon de la violence armée, la rupture des liens avec les groupes terroristes et la reconnaissance de la Constitution. Nous savons qu’il y a encore de nombreux défis à relever mais la communauté internationale et le peuple afghan peuvent ensemble paver la voie pour un avenir prospère et sûr.
M. HARDEEP SINGH PURI (Inde) a rappelé l’importance qu’il y a à ce que les Afghans s’approprient le processus de transition, appuyés par les efforts internationaux et régionaux pour jeter les bases d’une paix et d’une stabilité durables dans le pays. Des progrès simultanés dans la coopération économique et la consolidation de la confiance politique et sécuritaire doivent être faits. Le pays a besoin d’assistance pour renforcer ses capacités en matière de lutte contre le terrorisme, l’extrémisme religieux qui l’attise et le trafic de drogues qui l’alimente.
La résistance des insurgés et leur capacité à viser des zones considérées comme sûres témoignent de la fragilité des avancées en matière de sécurité, a-t-il estimé, exhortant à des actions concertées contre des organisations terroristes qui agissent en Afghanistan et au-delà de ses frontières, développant des liens de plus en plus serrés. L’Inde soutient un processus politique inclusif et un dialogue interafghan qui inclue la renonciation à la violence, la rupture des liens avec les groupes terroristes et le respect de la Constitution afghane. L’histoire récente de l’Afghanistan montre que mettre fin aux souffrances implique la fin des interférences externes, a poursuivi M. Puri.
Il a appelé à des progrès sur le front du développement et à une meilleure coordination de l’aide internationale. L’Inde s’est engagée à fournir deux milliards de dollars d’aide au développement et d’aide humanitaire. Elle vient de signer un accord de partenariat qui va au-delà de 2014.
La stratégie de croissance de l’Afghanistan est bâtie sur ses ressources naturelles abondantes et son positionnement géographique stratégique, carrefour entre le Moyen-Orient et l’Asie. Le développement des routes et du commerce ne doit pas se faire uniquement par les gouvernements mais aussi par la société civile et le secteur privé, a-t-il dit, estimant qu’un cadre de collaboration régionale doit être défini.
L’Inde reste aux côtés de la population afghane à l’heure où cette dernière se prépare à assumer la responsabilité de sa gouvernance et de sa sécurité après le retrait des forces internationales en 2014, a enfin assuré M. Puri.
M. GHOLAN HOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a voulu que le retrait des forces de la coalition ne débouche pas sur l’installation de bases militaires permanentes en Afghanistan. La présence des troupes étrangères ne contribue pas forcément à la solution des problèmes sécuritaires et risque, au contraire, d’exacerber la violence et le mécontentement de la population, a estimé le représentant. Le maintien d’une présence militaire étrangère fera de l’Afghanistan un terrain fertile pour la multiplication des groupes terroristes et extrémistes.
Le représentant s’est également inquiété de la production de drogues, qui pose d’importants défis, a-t-il relevé, non seulement pour l’Afghanistan, mais aussi pour les pays de transit et de destination, sans compter le fait que c’est une des sources de financement du terrorisme. Citant l’Enquête sur l’opium afghan publiée par le Ministère afghan de lutte contre les stupéfiants et le Bureau des Nations Unies contre le crime et la drogue (ONUDC), il a appelé la communauté internationale et l’Afghanistan à s’engager fermement pour contrer cette menace, ajoutant que l’Iran avait joué un « rôle de chef de file » en la matière.
M. Dehghani a également fait savoir qu’à l’heure actuelle, un million de réfugiés se trouvent officiellement sur le territoire iranien et qu’un nombre beaucoup plus important d’Afghans non recensés vivent en Iran. Il a appelé la communauté internationale à renforcer ses efforts pour assurer le rapatriement des réfugiés et leur pleine réintégration dans leur pays d’origine.
Il a indiqué que l’Iran et l’Afghanistan avaient renforcé leur coopération dans les domaines de la sécurité, de la lutte contre le trafic de drogues et de l’immigration illégale. Il a aussi parlé de l’achèvement prochain d’un réseau ferroviaire entre les pays sans littoral d’Asie centrale, l’Afghanistan et la ville portuaire de Bandar-Abbas dans le Golfe persique.
M. Dehghani a espéré que la Conférence de Bonn serait l’occasion de répondre aux défis communs dans les domaines politique et sécuritaire, de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme et de tracer la voie vers une plus grande prospérité économique de l’Afghanistan. Toute initiative issue de la Conférence de Bonn, y compris l’initiative pour la Nouvelle Route de la soie, doit permettre de renforcer la confiance entre l’Afghanistan et ses voisins, a-t-il notamment estimé.
M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a débuté son propos en mettant l’accent sur le transfert des questions sécuritaires de la FIAS aux Forces de sécurité afghanes. Il s’est félicité des progrès réalisés dans ce domaine, notant que les forces de sécurité se renforcent jour après jour et garantissent la sécurité de la population afghane. Il a, par ailleurs, mis l’accent sur les efforts déployés par le Gouvernement afghan pour assurer la paix et la stabilité du pays. Un Afghanistan prospère et sûr permettra une meilleure stabilité dans la région.
Le représentant a dit attendre de la Conférence de Bonn, du 5 décembre prochain, qu’elle soit l’occasion pour la communauté internationale de redéfinir les priorités pour la stabilité et la sécurité de l’Afghanistan. Mettant l’accent sur la nécessité de renforcer la coopération régionale, le représentant s’est félicité des progrès réalisés dans ce sens et des engagements pris lors de la Conférence d’Istanbul. Il a souhaité que la dynamique de cette Conférence soit maintenue car il en va de l’intérêt et de la stabilité de la région. Il a également mis l’accent sur les relations bilatérales entre son pays et l’Afghanistan qui se poursuivront, a-t-il précisé, au-delà de la transition de 2014. Le Royaume-Uni est un partenaire durable de l’Afghanistan et ses relations sont basées sur la diplomatie, le commerce et le développement.
M. SADIK KETHERGANY (Malaisie) a estimé que l’Afghanistan se trouvait aujourd’hui à nouveau à un carrefour de son histoire, avec le transfert de la responsabilité de la sécurité aux Forces de sécurité nationales, et ce, dans un contexte fragile. Exprimant sa préoccupation face à l’augmentation des civils victimes d’éléments antigouvernementaux, il a aussi condamné avec force la mort de civils afghans pendant les raids aériens de la FIAS, soulignant que ces incidents ne faisaient qu’attiser la colère de la population afghane.
La bataille pour gagner les cœurs et les esprits des Afghans est une question à laquelle la Malaisie est familière, a indiqué son représentant, car elle a expérimenté elle-même des insurrections armées. C’est pourquoi la Malaisie contribue à la FIAS à travers un contingent médical dans la province de Bamyan, qui fournit des services médicaux et qui a mis au point un système d’épuration d’eau. Le renforcement des capacités humaines est une part importante du processus de construction de la nation afghane et le moyen le plus efficace d’atteindre un développement durable dans le pays, a expliqué M. Kethergany
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a parlé du rôle important des Conférences d’Istanbul et de Bonn. Il a à son tour constaté que de nombreux défis persistaient, notamment les menaces terroristes qui, a-t-il dit, sapent la réconciliation nationale. Il a dénoncé l’absence d’une police afghane viable, rappelant que le processus de réconciliation nationale reposait sur la reconnaissance par les parties de la Constitution et du dépôt des armes. Il a averti que le trafic de stupéfiants était un terreau pour les activités terroristes et une menace à la sécurité régionale.
Il a souligné que toute présence militaire internationale doit être temporaire. Les troupes étrangères doivent se retirer une fois que la Force internationale d’assistance à la sécurité aura fait rapport au Conseil de sécurité. Il a parlé du rôle important de l’Organisation de Shanghai pour la coopération et a précisé que celle-ci envisageait d’accorder à l’Afghanistan un siège d’observateur. La stabilité de l’Afghanistan est impossible sans le ferme engagement de la communauté internationale et un transfert progressif des responsabilités aux autorités afghanes.
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