l’Assemblée générale donne le coup d’envoi de l’Année internationale des coopératives
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Assemblée générale
Soixante-sixième session
45e séance plénière - après-midi
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DONNE LE COUP D’ENVOI DE L’ANNÉE INTERNATIONALE DES COOPÉRATIVES
L’Assemblée générale a donné le coup d’envoi, aujourd’hui, de l’Année internationale des coopératives, l’occasion pour la vingtaine d’États Membres qui ont pris la parole pour faire l’éloge d’un mouvement qui a su s’imposer comme solution à de nombreuses crises économiques et financières.
Le représentant de la Finlande a salué les coopératives comme un « système pragmatique », qui a permis à son pays de se relever de périodes de récession.
C’est à la suite d’une initiative de la Mongolie que l’Assemblée générale a décidé* de proclamer 2012, Année internationale des coopératives, sur le thème: « Les coopératives, des entreprises pour un monde meilleur ».
« L’actualité internationale est là pour nous rappeler que le lancement de l’Année internationale des coopératives se fait dans un contexte marqué par une montée en puissance de la contestation sociale contre la concentration à outrance des ressources dans les mains d’une minorité, au détriment de l’immense majorité de la population de la planète », a observé d’emblée M. Jean-Francis Zinsou, Vice-Président de l’Assemblée générale.
L’ancien Premier Ministre britannique, M. Gordon Brown, a exhorté les États Membres à écouter « les voix du mécontentement » qui s’élèvent et à établir une vision du monde basée sur les coopératives. « La richesse doit servir plus que les besoins des riches, et la coopération nous permettra d’aller plus loin ».
Le Président de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, a argué que les coopératives avaient la capacité de revitaliser les communautés désavantagées sans créer de situation de dépendance, et de procurer des perspectives d’emploi « digne et productifs ».
« Les coopératives peuvent concilier la logique de l’économie de marché et les impératifs de l’inclusion sociale et de la propriété », a-t-il affirmé.
Renchérissant, la représentante de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a souligné le potentiel des coopératives de générer des millions d’emplois. « Elles sont un modèle de dynamisme et offrent un cadre nouveau pour la croissance », s’est-elle félicitée.
M. Sha Zukang, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général de la Conférence Rio+20 sur le développement durable, a attiré l’attention sur le rôle important des coopératives dans la transition vers une économie verte.
« Les coopératives offrent un modèle d’entreprise comportant des avantages comparatifs dont la promotion de l’intégration sociale et les pratiques économiques viables d’un point de vue environnemental », a-t-il notamment observé.
Loin d’être une « alternative pour les exclus du monde du travail », le mouvement coopératif a été vu comme le moyen de lutter contre la pauvreté, de promouvoir un développement social et économique durable, de créer des perspectives d’emploi et d’assurer une sécurité alimentaire.
Le représentant de l’Inde a fait valoir que les coopératives étaient l’épine dorsale de la « révolution blanche », qui a fait de son pays le plus important producteur de lait au monde, tandis que son homologue d’Israël s’est enorgueilli du fait que les deux modèles économiques les plus significatifs et performants au monde, les kibboutz et les mochavs, ont été développés dans le sien.
Les coopératives sont des entreprises commerciales appartenant aux membres qui les servent et qui les contrôlent eux-mêmes. Cette caractéristique les distingue des autres types d’entreprises dans la mesure où leurs décisions se fondent sur la nécessité de trouver un équilibre entre la quête du profit et les besoins et intérêts de leurs membres et communautés.
L’Assemblée générale poursuivra ses travaux demain, mardi 1er novembre, à partir de l0 heures, avec l’examen du rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
* A/RES/64/136
LANCEMENT DE L’ANNÉE INTERNATIONALE DES COOPÉRATIVES
Séance d’ouverture
M. JEAN-FRANCIS REGIS ZINSOU, Vice-Président de l’Assemblée générale, a affirmé que la célébration de l’Année internationale de coopératives revêtait une signification inestimable pour les larges couches sociales des populations qui cherchent dans les coopératives « la voie du salut » tant dans leur quête d’un bien-être que dans leurs efforts pour s’insérer dans l’économie moderne et contribuer au développement durable.
M. Zinsou a rappelé la Recommandation 127 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), adoptée en 1966 et qui définit la coopérative comme une association qui a pour but d’améliorer la situation sociale, économique et culturelle des personnes ayant des ressources limitées. Les coopératives encouragent l’épargne et visent à apporter à l’économie un plus grand élément de contrôle démocratique. Elles ciblent également une augmentation des possibilités d’emploi par une exploitation plus complètes des ressources et ambitionnent d’améliorer les conditions sociales et d’aider à élever le niveau des connaissances générales et techniques de leurs membres.
Les coopératives, a poursuivi M. Zinsou, sont un cadre de valorisation des potentialités des populations à la base. Au regard de l’importance des coopératives en tant que forme d’organisation de l’activité sociale et économique, il appartient, selon le Vice-Président, aux pouvoirs publics de mettre en place un cadre normatif approprié pour leur permettre d’atteindre leurs objectifs et faire en sorte que leur gestion et leurs performances promeuvent le bien public.
M. Zinsou a affirmé que les performances des grandes entreprises en matière de partage de la prospérité laissaient beaucoup à désirer. L’actualité internationale, a-t-il ajouté, est là pour nous rappeler que ce lancement de l’Année internationale des coopératives se fait dans un contexte marqué par une montée en puissance de la contestation sociale contre la concentration à outrance des ressources au bénéfice d’une minorité et au détriment de l’immense majorité des populations de la planète.
Les objectifs de l’Année engagent les États Membres à instaurer un débat constructif sur la mise en œuvre des mesures préconisées pour maximiser le bénéfice attendu de la promotion des coopératives, surtout en ce qui concerne la lutte contre l’exclusion et les inégalités sociales.
Mme JANE STEWART, Organisation internationale du Travail (OIT), qui s’est exprimée au nom du Directeur général de l’OIT, a mis en avant le rôle des coopératives et de leur impact dans la vie des individus et des pays. L’OIT, a-t-elle rappelé, qui s’associe à cette Année internationale, travaille depuis 1990 à promouvoir et à renforcer le mouvement des coopératives. Alors que le monde actuel est en proie à une terrible crise économique et financière, l’oratrice a estimé que le lancement de l’Année internationale intervenait à un moment opportun.
Cette crise, a-t-elle poursuivi, la pire rencontrée depuis 1930, a généré des inégalités entre les individus et les pays ainsi que des inégalités de croissance. La baisse de la croissance a pénalisé les pays et accru le chômage, notamment celui des jeunes qui est aujourd’hui quatre fois supérieur au taux moyen. Elle a ajouté que le plus fort taux de chômage se concentrait principalement dans le secteur de l’agriculture. Elle a déploré que le coût et les conséquences du chômage soient supportés par les plus faibles et a appelé la communauté internationale à protéger socialement les populations, notamment celles des pays les moins avancés (PMA).
L’oratrice a poursuivi son propos en pointant du doigt les manifestations de mécontentement dans les rues, ajoutant que ces personnes réclament avant tout la dignité. Allons-nous continuer à ignorer ces appels? s’est-elle interrogée. Elle a estimé qu’il était temps de prendre des mesures visant à respecter la dignité humaine, notamment centrées sur l’emploi, la protection sociale et le respect des individus. Des actions concrètes doivent être prises, a-t-elle insisté.
Revenant sur le rôle des coopératives, Mme Stewart a indiqué qu’elles étaient ancrées dans la vie de milliers d’êtres humains. Ces coopératives, a-t-elle dit, peuvent générer des millions d’emplois et aider des millions de foyers à travers le monde. Elles sont un modèle de dynamisme et sont le mieux placées pour faire avancer un certain nombre d’objectifs. Les coopératives offraient un cadre nouveau pour la croissance et à cet égard, il est nécessaire de prendre des mesures pour les renforcer et présenter des mécanismes de fonctionnement efficaces. Elle a invité le mouvement des coopératives à rejoindre l’OIT.
Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division des politiques sociales et du développement social du Département des affaires économiques et sociales, a affirmé que les coopératives pouvaient jouer un rôle très important en matière de développement social et économique, d’autant plus qu’elles se centrent sur la personne humaine. Elle a estimé que la célébration de cette Année permettrait d’attirer l’attention sur des « entreprises modèles ». Elle a également cité le rôle des coopératives dans la promotion de l’égalité des sexes et l’amélioration de la situation des peuples autochtones, des personnes handicapées et des jeunes. Les coopératives offrent également des possibilités de renforcer la sécurité alimentaire dans les campagnes, a-t-elle ajouté.
M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général de la Conférence Rio+20 sur le développement durable, a observé que la célébration de l’Année internationale se faisait en même temps que celle de l’Année internationale de l’énergie durable pour tous et la Conférence Rio+20, trois évènements qui ciblent l’élimination de la pauvreté et une croissance inclusive dans le contexte du développement durable.
Il a vu dans les coopératives un moyen de renforcer l’intégration et l’équilibre entre les piliers social, économique et environnemental du développement durable, mais aussi de transformer en réalité les engagements pris en 1995 lors du Sommet mondial de Copenhague pour le développement social. M. Sha a notamment constaté que les coopératives amélioraient les perspectives de création de revenus, et permettaient de diversifier les activités économiques et d’améliorer la productivité des communautés pauvres ou à faible revenu.
Elles sont également la plus importante source de microfinancement pour les pauvres en plus d’être des structures particulièrement résistantes pendant les périodes difficiles, a-t-il ajouté. Le Secrétaire général adjoint a ensuite fait observer que plus de 50% de la production agricole mondiale était commercialisée par les coopératives, et que par exemple, en 2009, au Brésil, les coopératives agricoles avaient gagné 36 milliards de dollars de revenus à l’exportation.
Les coopératives ont un rôle important à jouer pour opérer la transition vers une économie verte car, a soutenu le Secrétaire général adjoint, elles offrent un modèle d’entreprise comportant des avantages comparatifs comme la promotion de l’intégration sociale et les pratiques économiques viables d’un point de vue environnemental.
Par exemple, a-t-il indiqué, la transition vers une économie verte requiert une modification radicale de l’approvisionnement en énergie et il s’avère que dans certains pays, les coopératives représentent 40% de la distribution d’électricité. Il a engagé les États Membres à accorder une attention centrale à la question de savoir comment mettre les coopératives au service d’un développement durable axé sur l’être humain.
Déclarations
M. NASSIR ABDULAZIZ Al-NASSER, Président de soixante-sixième session de l’Assemblée générale, a indiqué que la célébration de cette « Année importante » se faisait alors que la communauté internationale reconnaissait la nécessité de placer l’être humain au cœur du développement social et économique. Il a observé que les entreprises organisées sur la base des principes coopératifs permettaient de réduire la pauvreté, de créer des emplois et de promouvoir une intégration sociale fondée sur des valeurs éthiques qui promeuvent l’ouverture, l’honnêteté et la responsabilité sociale. Il a affirmé que les coopératives jouaient un rôle central pour faire avancer le calendrier de développement du l’ONU.
M. Al-Nasser a ensuite observé que les coopératives peuvent devenir les médiateurs pour concilier la logique de l’économie de marché avec les impératifs de l’inclusion sociale et de la propriété. Les coopératives revitalisent les communautés désavantagées sans créer de situation de dépendance et procurent des perspectives d’emploi dignes et productives, a-t-il ajouté. Il a expliqué qu’outre les services financiers abordables, ces entités contribuaient à la sécurité alimentaire, au développement rural, à la création d’emplois pour les groupes marginalisés et aux programmes d’appui technique.
Il a souligné le rôle critique des coopératives dans le maintien de la paix, notamment la fourniture de services financiers essentiels. Elles permettent également de promouvoir les exportations des pays en développement et de les aider à obtenir des retours équitables en renforçant les liens avec les réseaux internationaux de coopératives commerciales.
Dans le climat économique actuel, a enchaîné le Président de l’Assemblée générale, les coopératives sont plus importantes que jamais. Il a engagé les États Membres et leurs partenaires à s’assurer de l’existence d’un environnement juridique capable de favoriser l’épanouissement des coopératives. Il a également appelé au renforcement des liens entre les coopératives du monde, à l’amélioration des collectes de données et à un plus grand appui technique aux mouvements coopératifs.
Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a, à son tour, souligné que l’Année internationale est lancée au moment même où le monde fait face à une crise économique et financière sans précédent. La demande pour un changement dans la manière de vivre et de travailler se fait de plus en plus récurrente, a-t-elle dit. Le mouvement coopératif, a-t-elle argué, représente un équilibre entre la viabilité économique et la responsabilité sociale. Les coopératives offrent une contribution importante à ses membres, aux communautés et aux sociétés, aident à réduire la pauvreté, créent des emplois et font la promotion de la sécurité alimentaire et d’un système financier inclusif.
La Vice-Secrétaire générale a voulu que cette Année internationale serve à sensibiliser le public sur les coopératives, à promouvoir leur formation et à encourager les gouvernements à mettre en place des politiques en vue de favoriser leur croissance. Elle a mis l’accent sur l’importance des valeurs véhiculées par les coopératives, dont une perspective à long terme, la promotion de la main-d’œuvre et du capital locaux, le respect de l’environnement et le renforcement des économies nationales, en jetant les bases d’un avenir sécurisé.
La solidarité et l’inclusivité sont également des valeurs positives véhiculées par les coopératives, a noté Mme Migiro, en estimant que ce type de structures est parfaitement adapté pour relever les défis auxquels le monde fait face aujourd’hui.
Mme PAULINE GREEN, représentante des coopératives, a présenté la Déclaration finale de la table ronde informelle qui s’est tenue ce matin. Appartenant à un milliard de personnes, les coopératives emploient plus de 100 millions d’habitants dans le monde, a-t-elle rappelé, à son tour. Les coopératives, qui s’engagent au niveau social depuis des années, ne cherchent pas à maximiser les profits mais à répondre aux besoins de leurs membres. Grâce aux coopératives, des conflits ont été réduits, des femmes ont pu être appuyées dans des postes de direction et des milliers de personnes sont sorties de la pauvreté, a ajouté Mme Pauline Green.
La table ronde de ce matin a permis de mettre en lumière l’impact négatif pour de milliers de familles, des derniers bouleversements des secteurs financier et économique. Or, les coopératives, qui ne se livrent pas à la course au profit, représentent un modèle de développement sérieux. Elles se basent sur des valeurs reconnues par tous, telles que la responsabilité sociale. Face à la désillusion des jeunes, les coopératives ont un rôle à jouer, grâce à leur modèle de fonctionnement et les valeurs positives qu’elles véhiculent.
Intervenant au nom des 100 millions employés du mouvement coopératif, M. GORDON BROWN, Ancien Premier Ministre du Royaume-Uni, a parlé d’un mouvement où les gens croient au principe de l’aide donnée par les plus forts aux plus faibles. Il a parlé des problèmes partagés qui ne peuvent être résolus que par la coopération. Coopérer est un besoin humain, a-t-il dit, avant d’engager les États Membres à ne plus se contenter de parler de la dépendance mutuelle. Il faut écouter les voix du mécontentement qui s’élèvent et créer une vision du monde basée sur les coopératives.
La richesse doit servir plus que les besoins des riches et la coopération nous permettra d’aller plus loin. S’attardant ensuite sur la nécessité de réaliser l’OMD relatif à l’éducation, M. Brown a exhorté les États Membres à construire des écoles, à former des enseignants et à fournir des technologies nécessaires pour se prévaloir d’être la première génération de l’histoire à avoir assuré l’éducation de tous les enfants du monde. « Divisés nous échouerons, unis, rien ne nous sera impossible », a-t-il encouragé.
M. BAYARMAGNAI (Mongolie) a vu dans les coopératives un modèle d’entreprise économique qui, lorsqu’il est effectivement mis en œuvre, permet de promouvoir les valeurs démocratiques et humaines ainsi que la durabilité de l’environnement. Il permet également de promouvoir l’intégration sociale et d’autonomiser les pauvres et les groupes marginalisés, a-t-il ajouté.
Le représentant a évoqué la tenue, du 3 au 6 mai dernier, à Ulaanbaatar, d’une réunion d’experts sur les coopératives dans le cadre du développement social et qui a débouché sur un Plan d’action au-delà de 2012. Il a également fait savoir que la Mongolie avait créé un Comité national chargé de veiller à la célébration de l’Année internationale en sensibilisant, entre autres, à la contribution des coopératives au développement socioéconomique, à la création d’autres coopératives et à la nécessité de coopérer.
Le mouvement coopératif de la Mongolie a connu une transformation profonde pendant les années 90, années de la transition vers l’économie de marché. Le représentant a précisé qu’il existait actuellement 2 400 coopératives dans le pays, travaillant dans des domaines de la production, de l’épargne, des services ou encore des logements. Une attention particulière est également accordée au développement des coopératives agricoles, a-t-il ajouté.
Mettant l’accent sur le rôle joué par les coopératives dans son pays, M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) s’est félicité du lancement de l’Année internationale. Les coopératives, a-t-il ajouté, dont l’existence dans son pays remonte à 1871, représentent une part extrêmement importante de l’économie néo-zélandaise. L’ampleur et la diversité du secteur des coopératives en Nouvelle-Zélande permettent la réalisation des objectifs du Gouvernement, a-t-il affirmé.
M. McLay a cité les valeurs positives véhiculées par les coopératives, à savoir l’autosuffisance, l’autoresponsabilité, la démocratie, l’égalité, l’équité et la solidarité. Les coopératives, a-t-il poursuivi, ont joué un rôle significatif dans le développement des communautés néo-zélandaises, notamment par la promotion de l’indépendance et de la coopération, tout en répondant aux besoins des diverses communautés.
La Nouvelle-Zélande, a-t-il indiqué, reconnaît l’importance qu’il y a à fournir un environnement stable pour l’établissement et le bon fonctionnement des coopératives. Citant les lois adoptées par son pays pour faciliter le développement des coopératives, le représentant a expliqué que ce cadre juridique permettait à ces dernières de prospérer et de se doter de structures, tout en répondant aux besoins de ses membres.
Malgré leurs formes diverses et variées, les coopératives ont contribué à l’éradication de la pauvreté. La Nouvelle-Zélande va pleinement contribuer à l’Année internationale, notamment en finançant un projet de statistiques qui permettra de déterminer la contribution des coopératives au PIB et à la création d’emplois, a annoncé le représentant.
M. OTTO MIKKONEN (Finlande) a expliqué que les coopératives pouvaient permettre de réduire la pauvreté, créer des emplois et améliorer l’intégration sociale. Par ce biais, les agriculteurs produisent à leur bénéfice, les consommateurs peuvent acheter à moindre coût et les microcrédits qui caractérisent ce modèle permettent de relancer l’économie locale. Il s’est avéré que les coopératives sont le modèle le plus efficace dans les pays développés et, la Finlande est souvent perçue comme le pays le plus « coopératif » du monde, a-t-il ajouté, en parlant d’un État où près de la moitié des produits consommés viennent des coopératives.
Plus de 95% du lait consommé en Finlande est distribué par les coopératives et pourtant ce modèle reste peu connu du grand public. Aujourd’hui, les coopératives sont devenues un instrument de formation à l’entreprenariat dans les universités finlandaises puis d’autres pays européens. C’est un système pragmatique, qui a été la solution contre les périodes de récession, comme au début des années 90. Les coopératives sont devenues un instrument pour l’auto-emploi. Leur nombre a plus que quadruplé en Finlande.
M. SHATRUGHAN SINHA (Inde) a affirmé que le potentiel réel des coopératives comme modèle d’organisation socioéconomique devait encore être exploité et mieux compris par la communauté du développement dans son ensemble. Observant que chaque crise peut créer des opportunités, il a argué que les coopératives étaient une option viable pour l’action sociale et économique et a engagé les États Membres à tirer pleinement profit de la situation actuelle et à faire le plaidoyer du mouvement coopératif, notamment à l’approche de la Conférence Rio+20. Le représentant a également vu dans les coopératives une plateforme idéale pour l’action au niveau local.
M. Sinha a indiqué que le mouvement coopératif indien avait connu beaucoup de succès et se distinguait dans la mesure où l’État y avait joué un rôle actif. Les coopératives sont l’épine dorsale de la « révolution blanche » qui a fait de l’Inde le plus grand producteur de lait au monde. Il a également évoqué les activités de l’Indian Farmers’Fertiliser Coopérative Limited (IFFCO), la plus importante coopérative d’engrais en Asie. Le représentant a fait savoir que son gouvernement avait pris des mesures pour pleinement intégrer les coopératives dans le processus national de planification et de développement. Des instituts de gestion coopérative ont également été créés afin d’appuyer la croissance et les besoins professionnels de ce secteur, a-t-il ajouté.
M. FRANCESCO DE ANTUENO (Argentine) a indiqué que les coopératives étaient pleinement intégrées dans la politique nationale du Gouvernement argentin. Elles permettent la production de biens et de services à forte valeur ajoutée, a-t-il expliqué. Il a précisé que son gouvernement soutenait pleinement les coopératives, notamment en leur apportant des soutiens financiers et en créant des mesures qui renforcent leur capacité, comme en témoigne la création de 1 500 emplois.
Les coopératives ont fortement contribué au PIB de l’Argentine et représentent l’un des piliers clefs d’un processus d’intégration sociale que le Gouvernement argentin n’avait jamais connu jusque là. Les coopératives ont permis l’accroissement de la productivité, notamment dans les secteurs de l’éducation, de la pêche ou de l’élevage. Le représentant a salué la proclamation de l’Année internationale, en voulant que les mesures prises permettent le renforcement des coopératives. Il a invité tous les États à lancer des initiatives concrètes pour favoriser le développement et l’installation des coopératives.
Mme NOA FURMAN (Israël) a rappelé que son pays avait été bâti sur la base de coopératives solides qui ont permis la constitution de réseaux avancés dans les domaines agricole, industriel et des transports. Deux des modèles économiques les plus significatifs et performants au monde ont été développés en Israël, les kibboutz et les mochavs, a-t-elle dit, soulignant que les coopératives représentent aujourd’hui plus de 90% de la production agricole en Israël, et 15% de la production et des exportations industrielles.
Des agriculteurs du monde entier utilisent des technologies développées dans les coopératives israéliennes, s’agissant de culture, d’irrigation ou encore de réduction de l’empreinte carbone, ce qui a aussi permis de pratiquement éradiquer la pauvreté en milieu rural, tout en garantissant la sécurité alimentaire du pays.
Les coopératives israéliennes sont des moteurs significatifs du développement car elles sont indépendantes, a expliqué la représentante. Elles ont aussi été en première ligne des avancées pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Enfin, elles sont des employeurs importants qui fournissent non seulement du travail à leurs membres mais aussi à des employés qui travaillent selon les normes de l’OIT, a conclu Mme Furman.
M. KAZUO KODAMA (Japon) a souligné que la philosophie des coopératives avait émergé au milieu du XIXe siècle dans son pays, regroupant aujourd’hui des agriculteurs, des propriétaires forestiers, des pêcheurs et des consommateurs. Les coopératives du Japon viennent de renforcer leur rôle dans la sphère publique, notamment dans les domaines médical, de la sécurité sociale ou de la petite enfance. Au niveau international, elles ont aussi contribué au développement durable des pays du Sud, notamment à travers l’Institut pour le développement de la coopération agricole en Asie, établi en 1963 à Tokyo. Cet Institut organise diverses formations, notamment dans la sécurité et le contrôle-qualité.
Le représentant a estimé que le tremblement de terre dans l’est du Japon, en mars dernier, offrait une opportunité de renouveler la confiance vis-à-vis des coopératives, en particulier dans les domaines du relèvement après une catastrophe et de la reconstruction. Même si elles ont été gravement touchées par la catastrophe, elles ont mené des activités de secours, fourni nourriture ou médicaments, et déployé dans les zones dévastées, des médecins, des infirmières et des volontaires.
En août 2010, le Japon a lancé un Comité national de planification pour l’Année internationale, qui réunit des membres des coopératives, des organisations non gouvernementales, du monde universitaire, des organisations de consommateurs, des médias et des entreprises, afin de sensibiliser le public à la contribution des coopératives au développement durable.
M. HERMAN SCHAPER (Pays-Bas) a souligné la profondeur de l’histoire de son pays dans le domaine des coopératives, dont les premières furent établies dès le XIXe siècle dans le domaine bancaire. Plusieurs de nos plus grandes entreprises sont basées sur ce modèle, a-t-il dit, en particulier dans l’agriculture, et ces entreprises résistent plutôt bien à cette période de turbulences économiques.
Par nature, les coopératives sont la propriété des agriculteurs et des entrepreneurs eux-mêmes, et elles ne sont donc pas exposées aux caprices des actionnaires en bourse, a-t-il expliqué. En outre, l’un de leurs aspects, très important, est que les petits entrepreneurs, comme les plus gros, sont membres des mêmes coopératives et bénéficient équitablement de leur succès.
Dans le contexte de la coopération en faveur de la sécurité alimentaire, les Pays-Bas soutiennent le programme « Les agriculteurs contre la pauvreté », mis en œuvre par Agriterra, une agence créée par le mouvement national des coopératives. Ce programme a pour but de renforcer les organisations et les coopératives dans les pays en développement, soutenant notamment des horticulteurs ougandais et des éleveurs rwandais et indiens. Nous n’avons pas établi formellement un comité national pour 2012. Nous préférons que les coopératives continuent de prendre les devants elles-mêmes, a expliqué le représentant.
M. JAKKRIT SRIVALI (Thaïlande) a salué la contribution des coopératives au développement économique et social et a remarqué qu’elles pouvaient également aider à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment en ce qu’elles fournissent un cadre qui permet l’autonomisation des pauvres et des autres groupes marginalisés, dans un esprit d’autosuffisance, de collaboration et de cohésion.
La Thaïlande reconnaît depuis longtemps l’importance du rôle des coopératives dans le développement, notamment l’appropriation de ce développement par les communautés, a-t-il dit, assurant que son gouvernement poursuivrait ses efforts pour faciliter la mise en place et l’épanouissement des coopératives. Alors que l’horizon 2015 se rapproche, nos espoirs de réaliser les OMD vont avoir besoin d’une attention renouvelée et d’efforts collectifs renforcés, a conclu le représentant, et les coopératives ont un rôle important à jouer à cet égard.
M. JOÃO ALBERTO DOURADO QUINTAES (Brésil) a rappelé que les coopératives, d’abord vues comme une alternative pour les exclus du monde du travail, étaient aujourd’hui présentes dans tous les pays, dans l’agriculture ou dans les services financiers, avec un poids croissant dans les pays en développement. Au Brésil, les coopératives sont présentes depuis longtemps, a-t-il dit.
Elles fournissent un bon exemple de la manière dont les capacités locales peuvent être exploitées avec des cadres juridiques et des politiques publiques adéquats. Elles représentent aujourd’hui une part importante du PIB brésilien et un secteur où de nombreux emplois sont créés, dans un esprit de répartition des revenus et de participation aux processus de prise de décisions à tous les niveaux, a souligné le représentant.
M. Quintaes a également insisté sur le rôle essentiel des coopératives dans la sécurité alimentaire. Le Gouvernement brésilien a notamment distribué à travers les coopératives agricoles des semences de maïs dans les zones rurales les plus vulnérables du pays. Dans un pays où les coopératives financières représentent 17% des succursales bancaires, il est permis de penser qu’au-delà du soutien que les gouvernements peuvent leur apporter, il y a de nombreuses mesures que la communauté internationale pourrait prendre, pour aider les coopératives à exploiter pleinement leur potentiel.
Le représentant a cité le Programme « Achats pour le progrès » du Programme alimentaire mondial (PAM) qui soutient les coopératives agricoles et qui est une expérience qui pourrait être reproduite par d’autres institutions des Nations Unies, en particulier dans les pays les moins avancés (PMA) et dans les pays touchés par des catastrophes naturelles ou sortant d’un conflit, a suggéré le représentant.
Mme VIOLA ONWULIRI (Nigéria) a vu dans le lancement de l’Année internationale une manière importante de répondre au bien-être socioéconomique et d’améliorer le niveau de vie des populations. Elle a observé qu’en cette période de crise financière mondiale, de pénuries de vivres, de fluctuation des stocks de carburant et de dégradation environnementale, il était de plus en plus difficile pour le secteur public de travailler seul. Elle a donc engagé les États Membres à mettre sur pied des politiques nationales viables pour promouvoir les coopératives. Elle a évoqué l’existence, au Nigéria, de plusieurs organisations faîtières, notamment l’Association nationale des coopératives de crédit du Nigéria.
Après avoir passé en revue les initiatives lancées par le Président Goodluck Jonathan pour créer une société plus inclusive, Mme Onwuliri a indiqué que les agriculteurs et les commerçants nigérians utilisaient les coopératives comme moyen de promouvoir le développement individuel et communautaire. Le Gouvernement leur donne un coup de main en établissant des systèmes de prêts et de crédits. Selon la représentante, il est impératif d’améliorer l’image des coopératives et de les renforcer afin d’en faire des modèles d’entreprises modernes, réactives et capables d’être bénéfiques au niveau local. Si elles sont correctement canalisées, les coopératives pourront contribuer de manière notable au bien-être de la planète, a-t-elle soutenu.
Mme JOAN PLAISTED (États-Unis) a indiqué que 125 millions d’Américains appartenaient à 21 000 coopératives; le Gouvernement les ayant toujours favorisées. Les coopératives sont particulièrement efficaces dans la défense de leurs membres et leurs revenus dépassent aujourd’hui les 130 milliards de dollars. La représentante a fait état du Programme de coopérative rural du Département de l’agriculture américain et cité les progrès réalisés par les coopératives dans le domaine des biocarburants. Ce Programme, a-t-elle ajouté, aide les résidents ruraux qui souhaiteraient développer de nouvelles coopératives. Il offre des bourses et apporte une aide aux petits exploitants. La représentante a également mis l’accent sur les projets de partenariats conclus par son pays, dont un qui permet la création de réseaux électriques aux Philippines et dans les Caraïbes.
M. YEVHENIITSYMBALIUK (Ukraine) a souligné que l’apparition des coopératives dans son pays remontait à 1870. Aujourd’hui, elles représentent un facteur important du développement économique, fournissant un emploi à 1,7 million de personnes, en particulier dans les zones rurales. Pour nous, l’Année des coopératives sera l’opportunité de diffuser les principes et valeurs de ce type d’associations aux niveaux local et national, a-t-il dit, notamment dans le cadre d’un programme national de promotion et de sensibilisation à la contribution des coopératives au développement socioéconomique en Ukraine, qui prévoit des campagnes médiatiques, des expositions, des concours pour les jeunes et des manifestations caritatives. L’Année internationale est l’occasion de promouvoir l’idée centrale du mouvement coopératif, a insisté le représentant, à savoir mieux répondre aux besoins de l’humanité et bâtir un monde meilleur.
M. MANUEL OROZCO (Guatemala) a salué la proclamation de l’Année internationale et en a profité pour se féliciter des premiers projets de coopératives dans son pays. L’Année sera l’occasion de poursuivre les travaux entamés au Guatemala, qui est d’ailleurs l’un des coauteurs de la résolution sur l’Année. Le représentant a précisé que sur les 5 millions de Guatémaltèques, plus d’1,3 million travaillent dans le secteur des coopératives, dont 40% de femmes.
Aujourd’hui, des hommes, des femmes, des personnes âgées, des autochtones ou non-autochtones sont employés par les coopératives. Il y a une dizaine d’années, le Guatemala a décidé, par le biais des coopératives, d’intervenir dans le secteur bancaire, une initiative qui est en train de démocratiser ce secteur. Grâce aux coopératives bancaires, le Guatemala a été en mesure de créer des banques à visage humain, a insisté le représentant. Les coopératives vont continuer à agir au niveau national et à travailler sans relâche pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a affirmé que le succès d’une nation ne se mesurait pas qu’en termes économiques mais aussi en termes de développement social. Il a souligné l’impact des coopératives sur le développement socioéconomique d’un pays et indiqué qu’en Malaisie, où la jeunesse constitue 43% de la population, le Gouvernement a mis en place un système de soutien visant à renforcer leur participation et leur autonomisation à tous les niveaux.
Consciente des implications socioéconomiques du vieillissement de la population, la Malaisie a pris des mesures proactives pour améliorer le statut des personnes âgées, notamment à travers une politique nationale et un plan d’action en leur faveur. Le représentant a indiqué que le Parlement avait passé en 2008 un Acte sur les personnes handicapées afin de garantir leur protection, leur réhabilitation et leur contribution au développement.
Soulignant l’importance de promouvoir la santé des familles, il a rappelé qu’investir dans le bien-être de la population revenait à investir dans le bien-être futur de toutes les sociétés, pour le progrès et la paix. Il est temps d’autonomiser et de renforcer la famille, la jeunesse, les personnes âgées et les handicapés pour répondre aux défis du futur, a-t-il insisté.
M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a rappelé que les coopératives avaient été importées en 1904 par les colons britanniques, avant de devenir un succès économique du Gouvernement. Aujourd’hui, c’est l’un des trois modèles économiques existants du pays, aux côtés du public et du privé, qui a contribué au développement rural intégré du Bangladesh. Les coopératives se sont multipliées pour regrouper, en juin 2009, 8,5 millions de personnes. Le Gouvernement a d’ores et déjà mis au point une politique adéquate, conscient du potentiel unique des coopératives pour le développement économique et la mise en valeur des ressources humaines. La célébration de cette Année sera l’occasion de faire le bilan de nos succès et de nos échecs, car nous savons que réaliser notre objectif ultime d’éradication de la pauvreté passera par les coopératives, a-t-il enfin déclaré.
Dans ses remarques de clôture, le Vice-Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, M. JEAN-FRANCIS ZINSOU, a observé que le mouvement coopératif avait vu le jour dans un contexte de crise semblable à la crise actuelle et avait en outre prouvé sa capacité de résistance dans la conjoncture actuelle. Et pourtant, nous l’avons souvent négligé lors de l’élaboration de stratégies visant à bâtir des sociétés plus productives, inclusives et durables, a-t-il déploré. Il a estimé qu’en sensibilisant mieux les citoyens à l’apport des coopératives à l’amélioration de leur vie et en travaillant avec les parties prenantes pour assurer une participation équitable des coopératives dans les systèmes économiques, il serait possible de renforcer les capacités économiques des communautés et de les autonomiser.
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