Réunion de haut niveau sur les maladies non transmissibles: l’Assemblée adopte une Déclaration politique qui engage les États Membres à s’aligner sur les directives de l’OMS
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Assemblée générale
Soixante-sixième session
3e, 4e & 5e séances plénières
Matin, après-midi & soir
RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LES MALADIES NON TRANSMISSIBLES: L’ASSEMBLÉE ADOPTE UNE DÉCLARATION POLITIQUE QUI ENGAGE LES ÉTATS MEMBRES À S’ALIGNER SUR LES DIRECTIVES DE L’OMS
À l’occasion de la toute première Réunion de haut niveau sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles, l’Assemblée générale a adopté ce matin une Déclaration politique* aux termes de laquelle les États Membres reconnaissent « que ces maladies constituent l’un des principaux défis pour le développement au XXIe siècle ».
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a identifié les maladies cardiovasculaires, les cancers, les maladies respiratoires chroniques et le diabète comme étant les quatre principales maladies non transmissibles. Ces maladies, qui pouvaient être largement évitées, ont cependant tué, rien qu’en 2008, 36 millions de personnes à travers le monde, dont près de 80% dans les pays en développement, précise la Déclaration en s’appuyant sur les données les plus récentes. Les maladies non transmissibles ont en commun quatre facteurs de risque: le tabagisme, la sédentarité, l’usage nocif de l’alcool et la mauvaise alimentation.
C’est la raison pour laquelle la Directrice de l’OMS, Mme Margaret Chan, a lancé ce matin aux nombreux chefs d’État et de gouvernement réunis dans la salle de l’Assemblée un appel pour lutter contre le tabagisme et l’alcool et « pour mettre un terme à l’ignorance, à la complaisance et à l’inertie dans ces secteurs », appel largement repris par la soixantaine de délégations qui se sont exprimées aujourd’hui.
Si la plupart d’entre elles ont souligné la nécessité de renforcer l’assistance internationale vis-à-vis des pays en développement, le Secrétaire général de l’ONU a rappelé que « la prévention ne devrait pratiquement rien coûter et même permettre de faire des économies ». Il existe des solutions simples en ce domaine, comme une alimentation équilibrée et l’exercice physique, a fait observer M. Ban Ki-moon.
En adoptant cette Déclaration, les États Membres se sont donc engagés à prendre des mesures visant à réduire les facteurs de risque et à créer des environnements sains, par exemple en appliquant les stratégies et accords internationaux pertinents, tels que la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac. Ils ont aussi encouragé la formulation de politiques publiques multisectorielles propres à créer des environnements propices.
Invités par cette Déclaration à envisager des mesures visant à réduire la consommation et l’offre de tabac, de nombreux pays, comme la France, ont précisé qu’ils avaient déjà entrepris d’augmenter de manière significative les prix et la taxation du tabac, « un moyen efficace et non négligeable de réduire sa consommation ».
La Présidente du Brésil, Mme Dilma Rousseff, et celle de la Confédération suisse, Mme Micheline Calmy-Rey, ont fait état de lois très strictes à cet égard dans leurs pays respectifs, qu’il s’agisse de règlementer la consommation dans les lieux publics ou de limiter l’accès des mineurs aux cigarettes.
« Les médias du marketing de la consommation à bas prix sont en marche, en direction des enfants et des adolescents pour créer la demande de l’usage incontrôlé de l’alcool, du tabac et des boissons sucrées, en dehors de toute norme de santé publique », a prévenu de son côté le Premier Ministre du Mali, Mme Cisse Mariam Kaïdama Sidibé. La Stratégie mondiale de l’OMS pour réduire l’usage nocif de l’alcool reste à la disposition des États Membres qui souhaitent y trouver les directives nécessaires à l’élaboration de leurs politiques de santé publique, a fait observer Mme Chan.
S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes - que le Président de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, a salué pour avoir attiré l’attention des États Membres sur la gravité de la « pandémie » des MNT, le Président du Suriname s’est félicité de cette Déclaration, qui répond aux préoccupations de la communauté internationale. Il a estimé que son message central était celui de « parvenir à un consensus mondial sur l’engagement renforcé de s’attaquer aux maladies non transmissibles et à leur facteur à risque à tous les niveaux ».
Plusieurs intervenants ont toutefois jugé ce texte insuffisant, à l’instar de la Princesse Dina Mirad, qui s’exprimait en sa qualité de représentante de l’Union internationale pour la lutte contre le cancer. Elle a estimé que le contenu se perdait en « déclarations trop vagues » et manquait d’« objectifs quantifiés », comme celui qui viserait à faire baisser de 25%, d’ici à 2025, le taux de mortalité imputable aux MNT.
L’Envoyée spéciale du Roi de Jordanie, la Princesse Ghida bin Talal, a quant à elle plaidé pour la création d’un fonds spécial de lutte contre les MNT, qui serait conçu sur le modèle du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Sa proposition a notamment été reprise par le Ministre de la santé de Tonga, M. ‘Uliti Uata, et la Ministre de la santé du Maroc, Mme Yasmina Baddou.
La Déclaration adoptée aujourd’hui prie le Secrétaire général de présenter à l’Assemblée générale, à sa soixante-huitième session, en 2014, un rapport sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des engagements souscrits dans la Déclaration politique, et leur incidence sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), dans la perspective de l’examen des progrès réalisés en matière de prévention et de lutte contre les MNT.
La Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles se poursuivra demain, mardi 20 septembre, à partir de 9 heures, dans la salle de l’Assemblée générale.
* AG/66/L.1
RÉUNION DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SUR LA PRÉVENTION ET LA MAÎTRISE DES MALADIES NON TRANSMISSIBLES
Suite donnée aux textes issus du Sommet du Millénaire: projet de résolution (A/66/L.1)
Déclarations liminaires
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, a rappelé que les maladies non transmissibles étaient la première cause de décès à travers le monde. Plus de 36 millions de personnes en meurent, alors qu’elles sont largement évitables, a-t-il souligné. L’impact de cette tragédie ne se fait pas seulement ressentir au niveau de la santé publique, mais aussi sur le plan économique. La présente Réunion est un véritable jalon dans la lutte que la communauté internationale doit engager contre ces maladies, a déclaré M. Al-Nasser. C’est la seconde fois que l’Assemblée générale se réunit au niveau des chefs d’État et de gouvernement pour débattre d’une question de santé publique ayant un impact économique et social majeur. Aujourd’hui est l’occasion de mettre sur pied un nouveau programme de renforcement de la protection des personnes les plus vulnérables dans le monde, a encouragé M. Al-Nasser, en rappelant que chacun a le droit de jouir de la meilleure santé physique et mentale possible. Il a remercié les cofacilitateurs pour avoir mené des consultations sur les modalités de cette Réunion et sur la teneur du document final et particulièrement salué la contribution des États Membres qui ont porté à l’attention de l’Assemblée générale la question des maladies non transmissibles, notamment les États Membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). Il est plus évident aujourd’hui que pour se prémunir de ces maladies, les gouvernements doivent renforcer leur arsenal législatif, adopter des mesures de plaidoyer, mobiliser les communautés, se doter de nouveaux règlements et œuvrer à une rationalisation du système de santé, a-t-il déclaré. Si les États Membres le décident, cette Réunion donnera la possibilité de s’engager en faveur d’objectifs nationaux pour réduire les décès prématurés de maladies non transmissibles, a souligné le Président. Dans ce contexte, il faut revoir la notion de coopération internationale, qui joue un rôle dans la réduction de la pauvreté et des inégalités, facteur aggravant de ces maladies, a-t-il conclu.
M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que les maladies non transmissibles (MNT) constituaient une menace pour le développement. Elles frappent particulièrement fort les personnes pauvres et vulnérables, et les entraînent plus profondément dans la pauvreté.
Plus d’un quart des personnes touchées succombent aux MNT en pleine force de l’âge, en majorité dans des pays en développement. Les perspectives sont sombres, a averti le Secrétaire général. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) prévoit que les décès dus aux MNT vont augmenter de 17% au cours de la prochaine décennie. En Afrique, ce chiffre sera de 24%.
M. Ban a dit que le traitement des MNT peut être financé. Quant à la prévention, elle ne devrait pratiquement rien coûter et permettre même de faire des économies. Il existe des solutions simples, comme une alimentation équilibrée et l’exercice physique, a-t-il fait remarquer.
Le Secrétaire général a reconnu que les ministres de la santé ne pouvaient pas résoudre seuls ce problème. Il a donc appelé les partenaires à s’unir. Les gouvernements doivent lancer les justes initiatives; les individus doivent protéger leur propre santé; les groupes civiques doivent maintenir la pression pour un marketing responsable; les entreprises doivent produire des biens plus sains et durables.
Comme les États touchés par les MNT ne peuvent pas progresser, les médicaments doivent être accessibles à tous ceux qui en ont besoin, a déclaré le Secrétaire général.
Il a demandé au secteur privé de se comporter de manière responsable et intègre, en s’adressant notamment aux entreprises qui tirent profit de la vente de produits alimentaires aux enfants.
Pour réussir, il faut des partenariats entre le secteur public et le secteur privé, a poursuivi le Secrétaire général. Cela implique une vision politique et la mobilisation de ressources. Depuis la première Réunion de l’Assemblée générale sur le VIH/sida, il y a 10 ans, a-t-il rappelé, des progrès énormes ont ainsi été réalisés. Les MNT sont distinctes du VIH/sida, mais un grand nombre d’outils semblables peuvent être utilisés pour répondre au problème.
Mme MARGARET CHAN, Directrice exécutive de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a lancé un appel à lutter contre le tabagisme et l’alcool dans le monde et à mettre un terme à l’ignorance, à la complaisance et à l’inertie dans ces secteurs. Ces responsabilités incombent aux chefs d’État car elles exigent plus que l’implication d’un seul ministère et il faut répondre à ces défis à tous les niveaux du gouvernement, a-t-elle insisté. L’augmentation des maladies non transmissibles dans le monde entier est une catastrophe qui avance lentement mais sûrement, a-t-elle dit, soulignant que les causes profondes de ces maladies n’étaient pas traitées. La question du surpoids, en particulier, montre que les politiques entreprises n’ont pas donné les résultats escomptés, a-t-elle souligné, « il y a donc quelque chose qui ne va pas ». La Directrice de l’OMS a rappelé que dans certains pays, les soins contre le diabète absorbaient jusqu’à 15% des coûts de la santé et que selon une récente étude de l’Université de Harvard, les maladies non transmissibles (MNT) coûteront 30 000 milliards de dollars aux sociétés dans le futur. Pour toutes ces raisons, les MNT frappent doublement car des milliards sont dépensés par les États et font plonger des populations dans la pauvreté, a insisté Mme Chan. Elle a demandé aux gouvernements d’être fermes face à l’industrie du tabac et ses « tactiques très agressives ». Elle a également souligné que le sel était consommé de manière excessive et que cette consommation pouvait être réduite de manière simple et peu coûteuse. Cette Réunion de l’Assemblée générale doit être un tournant, a-t-elle enfin répété. « Vous avez le pouvoir de renverser la situation et de faire en sorte que votre développement avance sur la bonne voie, il faut agir maintenant avec un sentiment d’urgence. »
S’exprimant au nom de la société civile, la Princesse DINA MIRED, représentante de l’Union internationale pour la lutte contre le cancer, a déclaré que cette année, nous ne bénéficierons pas de l’énergie des 36 millions de personnes qui sont mortes de maladies non transmissibles et des 360 millions qui risquent d’en mourir dans la décennie à venir. « Que pouvons-nous faire pour faire face à ces maux, en particulier dans les pays en développement? » En effet, 63% des décès imputables à ces maladies surviennent dans les pays à revenus faible ou intermédiaire. Cela signifie concrètement que même si un individu survit à des maladies comme la tuberculose ou le paludisme, il y a de fortes chances qu’il succombe à une maladie non transmissible comme le cancer, une maladie cardiovasculaire ou le diabète, a déploré la Princesse Dina Mired. Face à l’ampleur de ce problème de santé publique, qu’elle a qualifié de véritable « épidémie », elle a déclaré qu’il était temps d’agir. Si elle a salué l’engagement des États Membres tel que reflété dans le projet de document final, elle a toutefois regretté l’absence d’objectifs quantifiés et la trop grande place accordée à des déclarations trop vagues. Elle a raconté que son propre fils avait été atteint de leucémie, et qu’il n’avait dû son salut qu’au fait qu’il avait pu être soigné comme il en avait besoin, alors que tant d’autres enfants infortunés n’auront pas cette chance: en effet, a-t-elle souligné, 90% des enfants atteints de leucémie dans les 25 pays les plus pauvres du monde en meurent, à moins que quelque chose soit fait pour inverser cette dynamique. Ce fossé entre pays développés et pays non développés est inacceptable, a tranché la représentante de la société civile. Mettant en cause la vente d’alcool et de tabac, la Princesse Dina Mired a expliqué que l’absence de réglementation dans de nombreux pays sapait les efforts déployés par des systèmes de santé déjà dépassés par l’ampleur des maladies non transmissibles et par le coût exorbitant des médicaments. « Il en va de notre responsabilité morale de trouver la volonté politique d’agir comme il le faut », a souligné la Princesse. Aussi a-t-elle encouragé la communauté internationale à adresser un message visant à réduire de 25% la mortalité due à ces maladies d’ici à 2025.
M. JACQUES ROGGE, Président du Comité international olympique (CIO), a rappelé la profonde conviction de son organisation selon laquelle il existe un lien direct entre un corps sain et des sociétés saines. « Les maladies non transmissibles ne représentent pas seulement un danger pour la santé mais également pour le tissu social et économique mondial qui nous relie tous », a déclaré M. Rogge. Ces maladies, qui sont aujourd’hui à l’origine de plus de 35 millions de décès par an, représentent un obstacle majeur au développement économique et social dans de nombreux pays du monde, a-t-il poursuivi. Pour M. Rogge, il ne fait pas de doute que le manque d’exercice et l’obésité sont les causes essentielles de « l’explosion des MNT ». Il a souligné que le manque d’exercice physique occupe aujourd’hui la quatrième place dans les facteurs à risque favorisant les MNT. Cependant, « la bonne nouvelle c’est qu’on peut faire quelque chose pour y remédier », a-t-il déclaré. D’ailleurs pour le Comité olympique, la pratique d’un sport constitue un droit de l’homme, a dit M. Rogge. Il a dit que le CIO soutient cette vision de différentes manières, à commencer par l’organisation des Jeux Olympiques, ainsi qu’à travers les travaux de sa Commission du sport pour tous, l’instauration de la Journée Olympique, ou encore par la tenue des Jeux Olympiques pour les jeunes. Une grande partie des travaux menés par le CIO pour encourager l’exercice physique et des styles de vie plus sains se fait à travers des partenariats, a fait remarquer le Président du CIO, citant à titre d’exemple la coopération avec certaines agences onusiennes comme l’OMS, et avec des ONG. De tels partenariats sont la clef de la réussite à l’échelle mondiale des efforts de lutte contre les MNT, a conclu M. Rogge qui s’est félicité du fait que le CIO jouit depuis 2009 du statut d’Observateur permanent auprès des Nations Unies.
Déclarations
M. DESIRÉ DELANO BOUTERSE, Président du Suriname, s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a estimé que la résolution 64/265 de l’Assemblée générale des Nations Unies incarnait la conviction de la communauté internationale selon laquelle, « la réussite de la lutte contre les maladies non transmissibles exigeait une réponse urgente, globale, multisectorielle et pleinement coordonnée aux niveaux national, régional et mondial ». Il est clair, a t-il soutenu, que les maladies non transmissibles constituent un véritable fléau, particulièrement dans les pays en développement où les ressources financières ne permettent pas de faire face aux coûts élevés des traitements et des soins résultant de ces maladies. « La bonne nouvelle est qu’il est possible de prévenir les maladies non transmissibles dans nos pays », s’est-il réjoui, en soulignant l’existence de capacités scientifiques permettant d’identifier des actions requises pour répondre de manière effective à ces maladies. Le CARICOM, qui soutient pleinement l’adoption d’une déclaration politique sur la question, estime que le message central de ce texte doit être celui de l’édification d’un consensus mondial sur l’engagement renforcé de s’attaquer aux maladies non transmissibles et à leur facteur risque à tous les niveaux. Le Président a par ailleurs présenté diverses mesures adoptées par le CARICOM, notamment l’élaboration d’un plan d’action stratégique régional et l’établissement de commissions nationales dans huit pays membres de l’organisation. Si la déclaration politique est adoptée et mise en œuvre, elle pourra de façon efficiente contribuer à la réalisation des objectifs internationalement agréés, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement.
M. DANILO TÜRK, Président de la Slovénie, a regretté que, dans l’histoire des Nations Unies, l’Assemblée générale tienne seulement, pour la deuxième fois, une Réunion de haut niveau sur des questions de santé publique mondiale qui ont des effets négatifs sur le développement économique et social, alors que 80% des décès dus aux maladies non transmissibles (MNT) se produisent dans des pays en développement. L’ONU et la communauté internationale doivent être encouragées par la campagne contre le VIH/sida car des progrès ont été enregistrés dans la plupart des régions du monde, a déclaré M. Türk.
Pour sa part, la Slovénie a participé au Partenariat européen pour la lutte contre le cancer. Le Président a dit que l’ONU devait placer, au centre de ses délibérations, la question des ressources nécessaires à la prévention et au traitement des MNT. À cet égard, le Secrétaire général a un rôle crucial à jouer pour préparer une stratégie d’action multisectorielle efficace pour lutter contre les MNT, en partenariat avec les États Membres, les organisations internationales, les institutions spécialisées, la société civile et le milieu des affaires.
Mme DILMA ROUSSEFF, Présidente du Brésil, a déclaré que les succès remportés par le passé encourageaient la communauté internationale à continuer d’avancer sur les questions de santé publique. À deux occasions, nous avons changé les paradigmes de prévention de la poliomyélite et de la pandémie de VIH/sida, a-t-elle souligné, en faisant observer qu’au Brésil, 72% des morts non violentes chez les moins de 70 ans sont dues aux maladies non transmissibles et que le pays soutenait l’accès aux médicaments comme faisant partie du droit de l’homme à la santé. « L’une des premières actions de mon gouvernement a été d’augmenter cet accès aux patients touchés par l’hypertension et le diabète, a expliqué la Présidente, estimant que la flexibilité en matière d’accès aux nouvelles thérapies et technologies était indispensable pour les politiques qui garantissent le droit à la santé. Le Brésil est engagé dans la prévention des maladies liées au tabac, à l’alcool, au manque d’activité physique et aux mauvais régimes alimentaires, en prévoyant la création de 4 000 centres sportifs dans les villes et en établissant des accords avec l’industrie agroalimentaire. Les taxes sur le tabac ont été augmentées et des lois de tolérance zéro en matière d’alcool au volant ont été promulguées. En outre, le Gouvernement brésilien fait de la santé des femmes une priorité, a assuré Mme Rousseff, en appelant à une participation active à la Conférence mondiale sur les facteurs déterminants sociaux de la santé qui se tiendra du 19 au 21 octobre prochain, à Rio de Janeiro.
M. MARCUS STEPHEN, Président de Nauru, a déclaré que son pays connaissait de très près le problème des maladies non transmissibles, précisant qu’il enregistrait un taux de diabète qui approche les 14%, soit plus du double de la moyenne mondiale. Le fardeau des MNT sape les efforts de Nauru en faveur de la bonne gouvernance et de la stabilité politique, a-t-il dit. « La trajectoire d’aujourd’hui n’est pas durable », a souligné le Président. C’est pourquoi, a-t-il estimé, la lutte contre les MNT doit faire partie de l’Agenda pour le développement durable de la communauté internationale. Cette question n’a malheureusement pas encore reçu l’attention qu’elle mérite.
Pour sa part, Nauru a adopté des mesures pour contrôler la consommation de tabac, d’alcool et de sucre et pour promouvoir un mode de vie plus sain. M. Stephen a indiqué que son pays était engagé dans des initiatives régionales avec les ministres de la santé des pays de la région du Pacifique, les MNT ayant atteint des proportions épidémiques. En tant que petit État insulaire en développement, Nauru est confronté à des défis particuliers, notamment les changements climatiques et l’acidification des océans, qui ont un impact sur une alimentation déjà difficile à équilibrer. C’est la raison pour laquelle il est important d’élargir la production de nourriture au niveau national et d’investir dans les installations portuaires.
M. PÁL SCHMITT, Président de la Hongrie, a insisté sur la menace que font peser les maladies non transmissibles sur la santé humaine et le développement, en particulier dans un environnement économique incertain et fragile. « Nous avons besoin de solutions innovantes et de nouveaux modèles de soins, ainsi que de nouveaux investissements dans la prévention de ces maladies, a-t-il estimé. Même si la Hongrie a rencontré des succès dans cette lutte, en contrôlant la tuberculose et en conduisant des campagnes globales de vaccination des enfants, nous n’avons pas encore atteint les résultats escomptés pour influencer les comportements de la population en matière de santé. En tant qu’athlète, je sais que si nous voulons réaliser nos rêves, nous avons besoin d’engagement, d’enthousiasme, de patience, de soutien continu, d’un travail d’équipe bien établi et bien sûr, de chance, a conclu M. Schmitt.
M. HIFIKEPUNYE POHAMBA, Président de la République de Namibie, s’est déclaré lui aussi préoccupé par l’ampleur et l’impact des maladies non transmissibles sur la santé publique et le développement socioéconomique de son pays. C’est la raison pour laquelle la Namibie a adopté un train de mesures pour lutter contre ces maladies, en devenant notamment État partie à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac et en promulguant un loi visant l’interdiction du tabac dans les lieux publics. D’autres mesures ont été adoptées par la Namibie, a poursuivi le Président Pohamba, qui a notamment cité les restrictions imposées aux mineurs concernant l’accès à l’alcool et la règlementation des jours de la semaine et des horaires pendant lesquels les boissons alcoolisées peuvent être vendues. Compte tenu de la gravité du défi à relever, les pays en développement ont besoin du soutien de la communauté internationale, notamment sous la forme d’un appui financier et technique, ainsi que d’une coopération intersectorielle et de partenariats public-privé, a plaidé en conclusion M. Pohamba.
M. ROBERT GABRIEL MUGABE, Président du Zimbabwe, a fait part de sa préoccupation face aux projections de l’OMS qui estiment que les maladies non transmissibles toucheront 52 millions de personnes à l’horizon 2030, avec une majorité de cas dans les pays en développement, ce qui va faire peser un nouveau poids sur les systèmes de santé déjà dépassés dans ces pays. Ceci, j’en ai bien peur, va entraver la réalisation de l’un des principaux Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il déclaré, rappelant que l’Afrique était le continent le moins développé et, par conséquent, le moins équipé pour affronter ce fléau. J’appelle donc la communauté internationale, en particulier les pays développés, à augmenter leur assistance, surtout envers l’Afrique, en matière de prévention et de contrôle des MNT, a déclaré le Président zimbabwéen. Il a indiqué que son gouvernement considérait la santé comme une priorité, notamment les MNT, et avait mis en place un mécanisme national de lutte contre ces maladies. Le Zimbabwe va en outre conduire en 2012 une deuxième Évaluation des facteurs de risques de ces maladies et élargir les campagnes de sensibilisation. Le principal défi dans beaucoup de nos pays est de réduire la pauvreté qui contraint de nombreuses familles à suivre un régime alimentaire rigide et déséquilibré, a insisté M. Mugabe, estimant que la Déclaration politique adoptée lors de cette Réunion ne répondait pas de manière adéquate à certains des problèmes majeurs auxquels les pays en développement sont confrontés. Il a notamment demandé des engagements concrets en matière d’accès aux médicaments, de transfert de technologie et de formation du personnel de santé aux MNT, appelant à la flexibilité pour que des médicaments génériques contre les MNT puissent être manufacturés par les pays du Sud, comme cela a été le cas pour les médicaments contre le VIH/sida.
Mme MICHELINE CALMY-REY, Présidente de la Confédération Suisse, a déclaré que la question des maladies non transmissibles (MNT) est devenue non seulement une urgence sanitaire, mais aussi une préoccupation politique majeure de par son impact sur les sociétés et les économies. Elle a dit que les MNT constituaient un défi mondial qui nous concerne tous, pays en développement, pays émergents ou pays développés, et que tous ces acteurs devaient donc le relever ensemble. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en tant qu’institution spécialisée de l’ONU en charge de la santé mondiale doit jouer un rôle central dans la coordination des actions globales de lutte contre les MNT, a-t-elle dit en rappelant que les principales causes des MNT sont liées aux modes et conditions de vie. Soulignant qu’une grande partie de la mortalité prématurée due à ces maladies peut être évitée, elle a précisé que la Suisse a choisi d’agir en amont, par des actions de prévention et de promotion de la santé ciblées sur la lutte contre le tabac et l’usage abusif d’alcool, ainsi que sur la promotion d’une alimentation équilibrée et de l’activité physique.
« Nous avons développé des mécanismes qui nous permettent de travailler étroitement et de manière innovante avec le secteur privé, le secteur de la recherche, et la société civile, ceci en impliquant les diverses autorités publiques, pour mieux cibler les actions à mener sur les populations à risque », a précisé la Présidente de la Confédération Suisse. Dans le cadre de notre coopération au développement nous adoptons une approche similaire en mettant l’accent sur le renforcement des systèmes de santé, la promotion, la prévention, l’éducation et la protection sociale, a ajouté Mme Calmy-Rey. Elle a parlé du souci qu’a la Suisse de renforcer son action dans le domaine des MNT sans toutefois priver de ressources le secteur important des autres maladies, notamment transmissibles. Mme Micheline Calmy-Rey a jugé essentiel d’œuvrer à un changement de mentalités, ce qui exigera un engagement politique continu. Il faut agir d’urgence et s’engager sur le long terme pour que la prévention puisse déployer ses effets avant que les conséquences des MNT ne nous rattrapent tous, a-t-elle dit. Elle a appelé à la recherche de solutions innovantes qui exploitent les synergies possibles entre les acteurs gouvernementaux, la société civile, le secteur privé, le secteur de la recherche et les organisations internationales. Elle a souhaité que les actions de prévention et de promotion de la santé bénéficient aussi bien aux riches qu’aux pauvres de tous les pays. Elle a jugé important de s’appuyer sur l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de profiter de son processus de réforme en cours pour lui donner la responsabilité de coordonner les réponses à apporter aux maladies non transmissibles.
M. ABDOULAYE WADE, Président du Sénégal, a souligné que le taux de décès liés aux maladies non transmissibles (MNT) allait passer de 35% aujourd’hui à 75% au cours des 30 prochaines années et que les dépenses financières qu’il faudrait alors consentir dépasseraient les moyens à disposition. Compte tenu de l’ampleur de cette question, le Sénégal va prendre des mesures à la pointe, comme il l’a fait contre le VIH/sida, -ce qui a permis au Sénégal d’avoir, aujourd’hui, un taux de prévalence parmi les plus faibles d’Afrique- et en matière de télémédecine. Le plus important, est que les populations comprennent comment ces maladies se développent, a poursuivi le Président du Sénégal. C’est une question de responsabilité individuelle qui exige la prévention et la sensibilisation auprès des populations. En outre, le traitement de ces maladies exige des équipements plus ou moins sophistiqués qui coûtent beaucoup d’argent. Le Président Wade a demandé que les équipements médicaux et produits pharmaceutiques soient produits localement, notamment en Afrique et que les pays africains soient aidés pour les procurer. Il faut une prévention générale et au niveau de chaque individu, a-t-il insisté, précisant que c’est dans cette perspective que le Sénégal propose de consacrer la prochaine décennie à la prévention.
M. ARMANDO EMÍLIO GUEBUZA, Président du Mozambique, a fait remarquer que les plus grands problèmes de santé publique de son pays étaient encore liés aux maladies transmissibles. Toutefois, au cours des dernières années, compte tenu du développement et de l’urbanisation, un nombre croissant de maladies non transmissibles (MNT) sont apparues. « La situation est critique », a-t-il déclaré. Les MNT affectent les citoyens tôt dans leur vie, mettant en danger leur participation à la production et créant un gros fardeau économique pour le pays, a poursuivi le Président. Le Ministère de la santé a créé un département responsable de ces maladies chroniques en 2010 et adopté une approche intégrée basée sur la prévention. Il s’agit de réduire la prévalence des facteurs de risque et d’améliorer la qualité de vie des citoyens.
M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a souligné que depuis 2008, son pays s’est résolument engagé dans la prévention des maladies que sont l’hypertension artérielle et le cancer, et continue à agir à réduire leur impact, à travers le développement de capacités et la mise en place de système de surveillance. Dans ses stratégies nationales, a poursuivi M. Bongo Ondimba, le Gabon a souvent mis l’accent sur la prévention et l’éducation aux modes de vie sains. Il a également adopté des mesures permettant aux populations à faibles revenus d’avoir accès aux soins et à une prévention efficace face aux maladies non transmissibles. En dépit de ces avancées, de nombreux défis restent à relever, a cependant indiqué le Président du Gabon, en mettant l’accent sur le besoin d’une visibilité au niveau des statistiques nationales pour orienter les programmes. M. Bongo Ondimba a ensuite plaidé pour des systèmes de surveillance épidémiologiques efficaces en vue d’assurer un meilleur suivi de l’impact des maladies non transmissibles sur le plan sanitaire, social et économique. Il a conclu en attirant l’attention de la communauté internationale sur les liens qui existeraient entre les produits chimiques et le développement des cancers et appelle à la responsabilité des grandes firmes de fabrication d’alcool et de tabac.
M. NAMAN KEÏTA, Ministre de la santé de laGuinée, a déclaré que les maladies non transmissibles venaient s’ajouter à tous les autres maux dont souffraient déjà les pays en développement. Il a fait par exemple état du taux de prévalence élevé du diabète, qui est de 5,7% à Conakry et de 4 à 6% dans les zones rurales de la Guinée, la moitié de ces cas n’étant pas traités en raison de l’insuffisance des moyens. Or, quand elles ne tuent les individus qui en sont atteint, ces maladies s’avèrent coûteuses, a fait observer M. Keïta. Avec l’appui de ses partenaires techniques, la Guinée, a-t-il expliqué, a renforcé son programme national intégré de lutte contre les maladies non transmissibles. M. Keïta a espéré que la mobilisation de ressources financières par la communauté internationale serait à la hauteur des enjeux de santé publique, plaçant ses espoirs dans les mesures concertées consacrées dans le Document final et dans le renforcement de la coopération internationale.
Mme KAMLA PERSAD-BISSESSAR, Premier Ministre de Trinité-et-Tobago, a expliqué que les maladies cardiaques étaient la principale cause de décès dans son pays et que le diabète était responsable de 14% de la mortalité dans son pays. Elle a fait savoir qu’une part significative du PIB était consacrée à la fourniture de soins pour les personnes souffrant de MNT, à laquelle vient s’ajouter le coût économique de la charge sociale que doivent gérer les familles et les communautés afin de faire face aux multiples problèmes liés à ces maladies, notamment l’incapacité de travailler et la fourniture de soins aux malades et aux personnes vulnérables. Mme Bissessar a indiqué que Trinité-et-Tobago avait mis sur pied de nombreux programmes pour combattre les MNT, évoquant notamment l’existence d’un programme pour assurer la distribution gratuite aux populations les plus vulnérables de médicaments pour soigner les maladies cardiovasculaires, le diabète, le cancer, l’hypertension et l’asthme. De plus, la législation du pays interdit l’usage du tabac dans les lieux publics clos, ainsi que la publicité du tabac et sa vente aux mineurs.
« La plupart des MNT n’ont pas d’origines médicales et exigent donc une solution non médicale », a poursuivi le Premier Ministre. Elle a engagé les États Membres à renforcer leurs systèmes et services de détection précoce, de traitement et de rééducation, pour les appeler ensuite à mettre l’accent sur la recherche sur les causes d’origines humaines, la réduction des facteurs de risques et la protection de l’avenir des enfants. Mme Bissessar a également appelé l’Assemblée générale à appuyer l’adoption d’objectifs mondiaux en matière de prévention et de contrôle afin de réduire les MNT de 25% d’ici à 2025. Il faut aussi redéfinir les MNT sur la base des conditions qui favorisent le développement des facteurs de risque et mettre sur pied un groupe de travail scientifique et technique chargé d’élaborer un ordre du jour mondial en matière de recherche et d’établir un cadre qui permette à la communauté internationale de réagir et d’évaluer l’efficacité de la réponse, a-t-elle ajouté. Le Secrétaire général, a-t-elle proposé, devrait également envisager de nommer un Envoyé spécial sur les MNT.
SHEIKH HASINA, Premier Ministre du Bangladesh, a déploré l’exploitation non viable des ressources naturelles de la planète, la pollution, l’urbanisation non gérable et la dégradation de l’environnement, qui augmentent l’impact des maladies non transmissibles (MNT). Ces maladies représentent 61% de la mortalité au Bangladesh, a dit Mme Hasina. « Nous ne pouvons plus méconnaître ces problèmes », a-t-elle souligné. « Cette épidémie silencieuse plonge de nombreuses personnes dans la pauvreté et ralentit la croissance économique ». Elle touche aussi bien les riches que les pauvres, mais les décès précoces représentent un lourd fardeau socioéconomique et un cercle vicieux pour les foyers pauvres qui doivent réduire leur train de vie déjà bas et la qualité de leur alimentation.
Le Bangladesh prend des mesures concrètes pour lutter contre le tabagisme, promouvoir un régime alimentaire sain et encourager l’activité physique. Dans le monde en développement, a rappelé Mme Hasina, les systèmes de santé sont limités aux soins primaires, et les services sont soit insuffisants, soit trop onéreux. Le Bangladesh a ainsi besoin de davantage d’établissements sanitaires, a dit Sheikh Hasina. En outre, le pays a engagé des ressources supplémentaires pour combattre le diabète et les troubles du développement chez l’enfant, comme l’autisme. Les défis posés par les MNT exigent plus de ressources et plus de partenariats public-privé. Le Bangladesh a besoin de ressources accrues émanant de tous les partenaires de développement, a plaidé Sheikh Hasina. En outre, il faut un transfert facile de technologie, un accès amélioré aux médicaments et des prix abordables.
M. RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a déclaré qu’il était temps que la communauté internationale s’engage à prendre les mesures nécessaires pour affronter une épidémie qui est « remédiable, réversible et traitable ». Cette Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale n’est pas l’aboutissement d’un effort, mais constitue plutôt le début d’intenses actions coordonnées et ciblées pour s’attaquer aux impacts des maladies non transmissibles sur la santé et le développement, particulièrement dans les pays pauvres et à revenus intermédiaires, a-t-il indiqué. Le Premier Ministre a, à cet égard, a invité la Réunion d’aujourd’hui, à mettre en exergue les aspects touchant au développement et à se pencher sur les énormes contraintes que le traitement des maladies non transmissibles fait peser sur les budgets des pays en développement pour la santé. Nous ne pouvons pas non plus ignorer l’impact disproportionné de cette épidémie sur les populations pauvres et les pays en développement, ou son impact négatif sur la réalisation des OMD, a-t-il ajouté. « Notre réponse aux maladies non transmissibles doit en conséquence être multidimensionnelle et coordonnée », a-t-il conclu.
M. FREUNDEL STUART, Premier Ministre de la Barbade, a rappelé qu’un habitant de la Barbade sur quatre était touché par au moins une maladie non transmissible (MNT). Cette réalité, aggravée par le vieillissement de la population, rend d’autant plus nécessaire la mise en place d’objectifs réalistes dans le contrôle et la réduction de ces maladies, a-t-il poursuivi. M. Stuart a ensuite passé en revue les actions entreprises par son gouvernement afin de lutter contre les MNT, citant notamment l’augmentation de 50% des ressources financières dédiées à cette lutte, l’établissement d’un registre national qui permettra de recenser au sein de la population de la Barbade tous les nouveaux cas de cancer et d’accidents vasculaires graves, ou encore l’adoption d’une législation interdisant l’usage du tabac dans les lieux publics notamment. Bien que la déclaration politique qui devrait être adoptée à l’issue de la Réunion de haut niveau ne réponde pas, selon le Premier Ministre, à toutes les attentes, M. Stuart s’est néanmoins réjoui de l’attention accrue portée par l’Assemblée générale à cette thématique. Il a enfin rappelé l’importance qui s’attache à ce que des pays en développement comme la Barbade continuent de bénéficier de l’aide et de la coopération internationale afin de faire face au coût économique de ces maladies qui, lors de la décennie écoulée, représente 5,3 % du PIB de la Barbade.
M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre de Fidji, a déclaré que les maladies non transmissibles, identifiées comme la première cause de mortalité dans le monde, constituaient une véritable pandémie. Les conséquences économiques de ces maladies sont considérables, a-t-il ajouté. Conscient que la responsabilité première de la lutte contre ces maladies incombe aux gouvernements, il a indiqué que le sien avait adopté un plan stratégique pour la période 2010-2014, axé sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) nos 4 et 5 grâce à une approche intersectorielle. Le Premier Ministre a également expliqué que son pays était l’un des tous premiers au le monde à s’être vu décerner une récompense par l’OMS pour avoir lancé dans le pays une « Initiative pour un monde sans tabac ». Avant de conclure, il a appelé à un renforcement de l’assistance internationale et à la pleine mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire.
Les maladies non transmissibles (MNT) sont une épidémie dans mon pays qui pèse de plus en plus lourd sur notre système de santé, a indiqué M. HUBERT A. INGRAHAM, Premier Ministre des Bahamas. La moitié des lits d’hôpitaux disponibles aux Bahamas sont occupés par des patients atteints de MNT; 80% des coûts liés aux médicaments sont consacrés à l’hypertension et au diabète, et la moitié des décès des plus de 45 ans leur est imputable, a-t-il détaillé, soulignant que son gouvernement avait renforcé les services de soin, élargi l’accès aux médicaments, appuyé la promotion de modes de vie sains et nommé un point focal pour les MNT, entre autres mesures. Le Premier Ministre des Bahamas a appelé la communauté internationale à augmenter les ressources budgétaires destinées à financer la lutte contre les MNT aux niveaux international et régional, à améliorer l’accès à la formation, et à partager les connaissances sur ces questions dans les secteur du commerce et de l’industrie. Tout en saluant l’adoption de la Déclaration politique, M. Ingraham a néanmoins mis l’accent sur ses « nombreuses lacunes », notamment en matière d’engagements concrets sur la question des ressources et sur celle de la mise en place d’un mécanisme de suivi efficace.
M. BARNABAS SIBUSISO DLAMINI, Premier Ministre du Swaziland, a déclaré que la situation des maladies non transmissibles (MNT) était très préoccupante dans son pays. Ainsi, l’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires sont-elles responsables de plus de 33 000 et 3 000 consultations respectivement. Environ 15% de la population du Swaziland est touchée par le diabète. En outre, dans la tranche des 25 à 35 ans, les citoyens encourent un risque de 32% de contracter des MNT, contre 50% pour les 45 à 55 ans.
Le Swaziland est attaché à la réalisation des six objectifs du plan mondial 2008-2013 pour la prévention et la maîtrise des MNT. M. Dlamini a indiqué que son pays avait mis en place un programme de lutte contre les MNT qui se concentre sur la sensibilisation du grand public, la surveillance, les interventions ciblées, la détection précoce, une meilleure gestion des cas, les soins palliatifs et la recherche. Tous les secteurs seront encouragés à adopter une approche multisectorielle et les partenaires seront priés de fournir un appui technique, financier et de renforcement des capacités.
M. ‘ULITI UATA, Ministre de la santé de Tonga, a relevé que 60% de tous les décès survenus en 2005 seraient dus aux maladies non transmissibles et que les pays du Pacifique figuraient parmi ceux qui arrivaient en tête de ce classement, qui est un classement « dont aucune nation ne peut être fière ». Pour les petits États insulaires en développement, les MNT constituent le principal problème de santé publique, avec une prédominance de l’obésité et du diabète, a-t-il poursuivi. En effet, 4 décès sur 5 seraient imputables à ce type de maladies. Conscient du fardeau que ces maladies font peser, Tonga s’est dotée de stratégies et de politiques de lutte contre les MNT, notamment en mettant en place un système de recherche et de pistage de ces maladies, a dit le Ministre de la santé. Pour parvenir à relever le défi auquel sont confrontés des pays comme le nôtre, des mécanismes viables de financement sont indispensables, a souligné M. ‘Uliti Uata. Aussi a-t-il plaidé pour la création d’un fonds mondial de lutte contre les MNT, qui serait conçu sur le modèle du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
« Nous pouvons tous maîtriser les principaux facteurs de risque des maladies non transmissibles », a dit M. MOHAMED WAHEED, Vice-Président de la République des Maldives. La Réunion de haut niveau ouverte aujourd’hui devrait donc avoir pour priorité de renforcer la volonté politique nécessaire à la réalisation d’un monde sans tabac, a-t-il déclaré. Le Vice-Président a rappelé que la prévention des MNT était liée au combat à mener contre les changements climatiques et les émissions de dioxyde de carbone à effet de serre. C’est la raison pour laquelle il est important d’adopter des modes de vie sains dans le cadre du développement durable, a-t-il préconisé.
La dispersion géographique de la population des Maldives, répartie sur 200 îles s’étendant sur plus de 1 000 kilomètres dans l’océan Indien, crée des défis particuliers, a noté le Vice-Président. M. Waheed a indiqué que son pays avait tout de même réussi à éradiquer la poliomyélite, le paludisme et d’autres maladies infantiles. Il s’est dit confiant que les Maldives parviendraient à réduire le fardeau des MNT sur leur système de santé publique dans les années qui viennent. Un système de télémédecine a ainsi été introduit dans plus de 40 îles pour promouvoir la détection et le traitement de ces maladies, a-t-il annoncé.
Mme CISSE MARIAM KAÏDAMA SIDIBE, Premier Ministre du Mali, a salué les progrès immenses enregistrés dans la lutte contre la pandémie de sida, le paludisme et la tuberculose sous la bannière des Nations Unies et de leurs institutions spécialisées. Aujourd’hui, les maladies non transmissibles évoluent rapidement dans le monde et, en particulier sur le continent africain, a-t-elle souligné. Elles ne sont pas seulement un problème pour la prise en charge médicale des malades mais également un problème de développement et une question hautement politique. Dans nos pays en développement, nous n’avons pas les moyens suffisants et c’est pourquoi, la solidarité internationale doit être plus active, a-t-elle déclaré. Mme Kaïdama Sidibé a également dénoncé un monde souvent irrationnel et le modèle de la nourriture rapide, préfaçonnée pour son coût, son goût et son aspect. « Les médias, du marketing de la consommation à bas prix, sont en marche, en direction des enfants et des adolescents pour créer la demande de l’usage incontrôlé de l’alcool, du tabac et des boissons sucrées, en dehors de toute norme de santé publique », a-t-elle dit. Le Premier Ministre, détaillant les mesures prises par le Mali sur ces questions: réglementation de la publicité, de la consommation et de la distribution du tabac, et création de centres spécialisés pour soigner les patients atteints de MNT. Le pays a également décidé de prendre en charge gratuitement le traitement des cancers de la femme et élargi l’accès aux médicaments. Avant de conclure, Mme Kaïdama Sidibé a appelé à adopter un programme mondial multisectoriel de prévention et de lutte contre les MNT, fondé sur l’urgence et sous les auspices des Nations Unies.
M. SALOMON NGUEMA OWONO, Ministre de la santé de la Guinée équatoriale, a déclaré que son pays s’était engagé de longue date sur la voie de la prévention et de la lutte contre les maladies non transmissibles (MNT), notamment en adhérant à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac. Au niveau de la région Afrique, la réunion ministérielle d’avril de 2008 de Brazzaville a permis de fixer les objectifs à atteindre pour des pays comme le nôtre, a-t-il précisé. Outre de nouvelles lois et un programme de santé, la Guinée équatoriale, a ajouté le Ministre, s’est engagée à lutter contre la pauvreté et à réduire les inégalités, comme en témoignent ses programmes de logements sociaux à destination des populations les pauvres et d’expansion des points d’eau potable.
Son Altesse Royale, la Princesse TALAL GHIDA, Envoyée spéciale du Roi de Jordanie, a estimé que trop de temps avait été perdu contre les maladies non transmissibles, trop de communautés décimées. Derrière ce nom, ces maladies sont le compagnon du monde en développement et continuent de s’épanouir, envahissant un monde déjà vulnérable qui ne dispose pas des ressources adéquates. En Jordanie, il y a 10 ans, le contexte était très morne et les traitements cancéreux pratiquement inexistants, a dit la représentante. « Moi-même, j’ai eu le privilège de pouvoir faire soigner mon mari dans un centre aux États-Unis », a-t-elle confié, « mais qu’en est-il des autres familles? ». Aujourd’hui, 10 ans plus tard, l’Envoyée spéciale du Roi de Jordanie s’est dite fière de souligner que le Centre contre le cancer créé en Jordanie est sans équivalent au Moyen-Orient. « Nous avons consacré tous nos efforts à une priorité: fournir des traitements en établissant des partenariats, a-t-elle rappelé. Après avoir ouvert cet accès aux traitements, nous avons lancé la prévention car pour être écoutés par la population en matière de prévention, il faut assurer d’abord cet accès aux traitements », a-t-elle affirmé. L’Envoyée spéciale a enfin estimé qu’il était impossible de réussir contre les MNT sans un fonds mondial contre les MNT pour soutenir les pays en développement dans cette lutte. Sans une telle mesure, la Déclaration politique à laquelle nous sommes fiers de nous associer ne sera guère plus qu’une note de bas de page, a-t-elle déclaré.
Mme CECILIA MOREL de PIÑERA, Première Dame du Chili, a regretté que les maladies non transmissibles chroniques (MNT) représentent désormais un frein au bien-être des populations mondiales, ainsi qu´à toute tentative pour réduire les inégalités. Elles sont également à l’origine d’une augmentation continue et alarmante des dépenses de santé, a-t-elle noté. Tous ces constats sont une réalité croissante au Chili, a-t-elle expliqué, ajoutant que les MNT semblent y toucher de plus en plus souvent les femmes et les populations les plus vulnérables. Les objectifs de santé du Chili pour la période 2011-2020 prennent en compte cette réalité et sont axés sur l’amélioration des modes de vie, le contrôle des facteurs de risques et l’importance de la prévention, a dit Mme de Piñera. Il s’agit d’apporter les traitements nécessaires aux malades, mais aussi de faire en sorte que ceux qui sont en bonne santé le restent, a-t-elle expliqué. La réalisation des ces objectifs de santé doit s’inscrire dans une approche intersectorielle entre les domaines de la santé, de l’éducation et de l’agriculture entre autres, a-t-elle ajouté; et les secteurs public et privé doivent être impliqués dans cette démarche pour construire une nouvelle culture. Rappelant que pour le Gouvernement chilien, l’augmentation des MNT et les facteurs de risques associés représente un problème social prioritaire, d’où la mise en place du programme Elige vivir sano (choisissez de vivre de manière saine), auquel toute la population a souscrit. Il s’agit d’un programme proactif, a dit la Première Dame du Chili en précisant qu’elle le dirige. Ce programme a pour but de motiver les citoyens à prendre quatre engagements pour améliorer leur qualité de vie: manger sain, faire de l’exercice, et apprécier la famille et les activités de plein air, ce qui passe par la réduction du tabagisme et de l’obésité ainsi que de la consommation excessive d’alcool. Le contrôle du diabète et des risques de tension artérielle font également partie du programme, a ajouté Mme de Piñera.
M. JOHN DALLI, Commissaire européen pour la santé et la consommation, parlant au nom de l’Union européenne, a déploré le fardeau croissant que représentent les maladies non transmissibles. « Les normes de santé les plus élevées sont un droit fondamental pour tous les êtres humains », a-t-il dit. Soucieuse de l’impact néfaste des MNT sur le développement dans tous les pays, l’Union européenne souhaite mettre l’accent sur les facteurs de risque, en abordant notamment les déterminants socioéconomiques et environnementaux sous-jacents, a indiqué M. Dalli. L’Union européenne soutiendra les pays confrontés au double fardeau des maladies transmissibles et des MNT, a-t-il ajouté. Afin d’obtenir des résultats, il faut souligner l’importance des engagements nationaux pour intégrer la prévention et la maîtrise des MNT dans le renforcement des secteurs de santé, a préconisé M. Dalli. Le Commissaire européen s’est félicité du renforcement de la coopération et des interventions fondées sur les besoins des populations et des personnes. L’Union européenne a remporté des succès dans ses efforts contre les maladies chroniques, notamment ceux déployés contre le tabagisme, dans le secteur des aliments et contre les dégâts causés par l’alcool.
M. XAVIER BERTRAND, Ministre du travail, de l’emploi et de la santé de la France, a rappelé que les maladies non transmissibles -responsables de 36 millions de morts par an- étaient un des défis majeurs de nos systèmes de santé. Il a jugé indispensable un changement des comportements, des mesures plus contraignantes et des financements innovants. Mettant l’accent sur les causes sanitaires, culturelles et sociales des MNT, il a fustigé les modes de vie et certains comportements, comme le tabagisme, la sédentarité, l’usage nocif de l’alcool et une alimentation déséquilibrée. Il a mis l’accent sur la prévention, en se félicitant de l’approche du Plan « obésité » porté par la France, en complément d’un Programme national « Nutrition et Santé » (PNNS). Il a souligné l’importance de l’éducation pour changer les comportements et prendre des habitudes alimentaires saines. Le Ministre a estimé qu’il faudrait aussi travailler sur des mesures contraignantes, si l’on veut faire changer les comportements, notamment ceux de l’industrie alimentaire, a-t-il dit, avant de citer les recommandations de l’OMS sur la taxation des produits et boissons sucrés pour faire changer les comportements.
Avec le Plan « Cancer », le Gouvernement français entend intégrer toutes les dimensions de la question, la lutte contre les causes multiples, le dépistage, la prise en charge, l’accompagnement, le rôle des aidants et bien évidemment la recherche, a souligné M. Bertrand. Il a souligné le caractère exemplaire de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, en précisant que la France avait mis en place en 2006 l’interdiction de fumer dans les lieux publics, pour lutter contre le tabagisme passif et changer les comportements. Par ailleurs, il a rappelé que cette lutte contre les MNT s’inscrit ainsi pleinement dans l’une des priorités du G-20, qui sous la présidence française, voudra renforcer la protection sociale. Face aux besoins importants, il a mis l’accent sur la nécessité de réfléchir aux financements innovants. À cet égard, il a cité la réflexion portée par l’OMS sur une contribution des fabricants de tabac en insistant que le rôle de la communauté internationale est de permettre l’accès de tous aux soins essentiels, aux traitements essentiels, et de trouver les meilleures réponses pour prévenir et lutter contre les MNT.
S’exprimant au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), M. JORGE VENEGAS, Ministre de la santé de l’Uruguay, a déclaré que cette organisation, préoccupée par l’ampleur des maladies non transmissibles, avait mis en place un groupe technique en vue de s’attaquer aux phénomènes de l’obésité et de la consommation de tabac. Conscient que les pays en développement sont nombreux à avoir un accès limité aux traitements et médicaments appropriés, le Ministre a expliqué que les pays membres de l’UNASUR avaient placé la question de la santé publique au cœur de leurs arrangements commerciaux. Ils sont également engagés, a-t-il ajouté, à mettre en œuvre la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte contre le tabagisme.
M. MARTY NATALEGAWA, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a estimé que les MNT sont aujourd’hui un défi majeur pour les pays en développement. Ces maladies ont entraîné en 2008 le décès d’environ 38 millions de personnes, a rappelé le Ministre. Dans la mesure où ces MNT touchent essentiellement des adultes actifs, elles participent directement à réduire le PIB des pays d’environ 5%, a-t-il poursuivi. Compte tenu de cet impact des MNT sur la pauvreté dans les pays en développement, il est urgent, a-t-il dit, de mettre en place des systèmes de prévention efficaces. Fort de ce constat, l’ANASE a développé un ensemble de quatre stratégies qui visent notamment à renforcer les systèmes de santé de la région; à améliorer le fonctionnement des centres de santé; à renforcer les capacités des ressources humaines dans le domaine de la santé et les systèmes de surveillance et de suivi des MNT. Ainsi, dans le cadre de ces stratégies, l’ANASE a lancé des programmes de lutte contre le tabagisme et a opté pour l’interdiction de fumer sur le lieu de travail. Par ailleurs, des campagnes de sensibilisation aux bienfaits de l’exercice physique ont été faites et elle essaye de renforcer les partenariats internationaux et régionaux en matière de MNT. Elle compte notamment sur ses partenaires internationaux de développement pour qu’ils financent les programmes de prévention et facilitent l’accès aux médicaments.
Observant que des facteurs favorables aux maladies non transmissibles existent dans tous les pays, M. CHEN ZHU, Ministre de la santé de la Chine, a engagé les États Membres à faire preuve de consensus et à adopter des politiques effectives, ainsi que des mesures de prévention et de traitement pour répondre au défi « notable » que posent les MNT. Il a notamment appelé au renforcement des systèmes de santé nationaux et à l’inclusion de la question de la santé dans toutes les politiques. Les gouvernements doivent accorder la même importance à la santé qu’au développement économique, et la prévention et le traitement des MNT doivent être érigés à un rang prioritaire dans les stratégies nationales de développement, a-t-il notamment préconisé. Le Ministre a également appelé au renforcement de la collaboration internationale sur la base des avantages complémentaires. Il a plus particulièrement évoqué le renforcement des échanges techniques et le partage des expériences par l’intermédiaire de la Coopération Sud-Sud et de la coopération des pays du groupe BRICS, de même que la promotion du dialogue Nord-Sud afin d’élargir les transferts de technologies et l’appui financier. M. Chen a aussi engagé l’OMS à jouer un rôle de chef de file afin de donner de l’élan au « développement équilibré » d’un système de santé mondiale. Il a aussi suggéré l’inclusion, dans l’indice de développement humain (IDH) et dans les OMD, d’indicateurs relatifs à la prévention et au traitement des MNT.
S’attardant sur la situation en Chine, le Ministre de la santé a expliqué que les MNT étaient la plus grave menace à la santé de la population chinoise, étant responsables de 85% des décès et de 69% du fardeau représenté par les maladies. Il a averti que la croissance rapide des maladies chroniques allait entrainer une pénurie de main d’œuvre saine, faire baisser la qualité de vie et provoquer une augmentation du fardeau socioéconomique. Les MNT sont devenues un obstacle potentiel de taille au développement social et économique, a-t-il notamment affirmé. Le Ministre a ensuite passé en revue les grandes lignes du douzième Plan d’action quinquennal pour le développement économique et social de la Chine, lequel, a-t-il expliqué, met l’accent sur la prévention et le traitement des MNT. Il a également fait savoir que la Chine s’efforçait d’assurer une couverture médicale universelle à l’ensemble de sa population.
Mme KATHLEEN SEBELIUS, Secrétaire à la santé des États-Unis, a rappelé que sous la présidence de M. Barack Obama, la prévention des maladies non transmissibles était devenue une priorité de santé publique. Elle a rappelé que la Première Dame des États-Unis mène personnellement campagne contre l’obésité. Mais, afin d’inverser la dynamique, nous devons aussi recourir de manière plus systématique à des partenariats entre le secteur public et le secteur privé, a souligné Mme Sebelius. Plus que de soins de haute qualité, c’est d’air propre dont nous avons besoin, ainsi que d’une alimentation nutritive, de logements et de lieux de travail sains, a-t-elle ajouté.
M. MOHAMMED HOSSEIN NIKNAM, Ministre de la santé de la République islamique d’Iran, a encouragé des programmes mondiaux de lutte contre les MNT, qui touchent tous les pays et, comme il l’a souligné, de plus en plus les pays en développement. L’Iran connaît lui aussi une augmentation sensible de ces maladies, notamment parmi les femmes. Fort de ce constat, et par le biais du Plan cadre national pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’Iran a mis en œuvre de nombreux programmes pour réduire le fardeau des MNT et de leurs facteurs de risque. Il a notamment mis en place des taxes sur le tabac, des campagnes d’éducation et un système de surveillance des MNT et dispose désormais de données statistiques fiables pour assurer le suivi de ces maladies, a encore expliqué le Ministre. À titre d’exemple, il a cité des programmes de lutte contre le cancer, le diabète ainsi que l´hypothyroïdisme des enfants ou encore le programme de lutte contre l’asthme et les allergies. Pour le Ministre, seule une collaboration plus étroite et un échange d’informations plus important à l’échelle mondiale permettront à la communauté internationale de réaliser des succès dans la lutte contre les MNT.
M. ANDREW LANSLEY, Ministre de la santé du Royaume-Uni, a fait observer que les maladies non transmissibles frappaient, de manière disproportionnée, les plus pauvres et faisaient des millions de victimes chaque année. De plus, leurs conséquences économiques menacent d’anéantir les systèmes de santé de nos pays, a-t-il averti. C’est pourquoi, il a préconisé l’adoption d’une approche globale qui aligne les objectifs et les actions de tous les segments du gouvernement national et local afin d’atteindre des objectifs quantifiables en matière de prévention, d’amélioration de l’environnement et d’élargissement des ressources accordées aux professionnels de la santé. Il faut sensibiliser chaque individu afin qu’il soit responsable de sa propre santé et rassembler tous les secteurs de la société civile, y compris l’industrie pharmaceutique, afin de promouvoir un mode de vie plus sain, a-t-il ajouté.
Le Ministre a estimé que même si la législation et l’imposition fiscale avaient un rôle à jouer, on ne pouvait se borner à « légiférer l’élimination » de ces problèmes. Il ne pourra y avoir une loi sur l’élimination de l’obésité, a-t-il ironisé. M. Lansley a estimé que l’industrie agroalimentaire avait un rôle à jouer, expliquant qu’au Royaume-Uni, les entreprises pharmaceutiques avaient réduit la quantité de sel dans les aliments tandis que les fabricants de boissons avaient réduit le niveau d’alcool contenu dans certains de leurs produits.
M. DJAMEL OULD ABBÈS, Ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière de l’Algérie, a rappelé que les MNT concernaient 10% de la population algérienne et 51% des personnes âgées de plus de 60 ans. Face à cette situation, le Gouvernement algérien a, dès 2003, mis en place un programme de lutte intégré contre les maladies non transmissibles à dimension multisectorielle incluant la société civile et le mouvement associatif. L’Algérie a en outre adhéré à la Stratégie de la région africaine en développant l’approche « Steps Wise » de l’OMS sur la mesure de facteurs à risque et des déterminants de la santé. « Notre pays, a poursuivi M. Abbès, inscrit la lutte contre les MNT dans le plan national de développement et du secteur de la santé en particulier, impliquant de vastes réformes. Par ailleurs, il est consacré davantage de ressources financières aux dépenses de santé, a poursuivi le Ministre, qui a également évoqué la mise en place d’un mécanisme de financement novateur d’un fonds spécial à travers l’inscription dans la loi des finances de 2011 d’un Fonds spécial pour le plan cancer et les prélèvements de taxes sur les produits nocifs (tabac, alcools). M. Abbès a, à l’instar d’autres orateurs, plaidé pour la mise en place d’un fonds mondial spécial pour les MNT en général et la lutte contre le cancer en particulier.
M. YERZHAN KAZYKHANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, est revenu sur les liens étroits qui existent entre les styles de vie et la santé des personnes dans nos sociétés actuelles. Pour le Ministre, l’objectif aujourd’hui est de mettre un terme à la croissance continue des maladies non transmissibles et de leur impact sur le développement. Le Kazakhstan appuie pleinement la recommandation du Secrétaire général et le plan d’action de l’OMS en matière de MNT. Le Ministre préconise des mesures fermes de prévention, qui lui semblent les plus efficaces en la matière, ce qui se reflète dans les plans nationaux du Kazakhstan. À ce titre, il a évoqué les mesures de lutte contre le tabagisme et le système de santé unifié qui doit voir le jour d’ici à 2013.
M. MWAI KIBAKI, Président du Kenya, a indiqué que les maladies non transmissibles étaient à l’origine de 50% des admissions dans les hôpitaux de son pays et des décès qui y ont lieu, précisant que les maladies cardiovasculaires représentaient 13% des causes de décès, tandis que le cancer et le diabète étaient à l’origine de respectivement 7% et 4% des décès dans le pays. M. Kibaki a expliqué que le Kenya avait établi 45 cliniques spécialisées dans le traitement du diabète et formé près de 3 000 professionnels de la santé à la gestion et à la prévention de cette maladie. Il a également fait savoir qu’en 2007 le Parlement avait adopté une loi interdisant l’usage du tabac dans tous les lieux publics, pour évoquer ensuite l’existence d’une loi sur le contrôle des boissons alcoolisées dans le but d’en réglementer la production, la vente et la consommation.
Observant ensuite que les MNT étaient un obstacle notable à la croissance économique et au développement social, le Président du Kenya a estimé que des mesures de prévention et de contrôle devraient être intégrées à l’Agenda pour le développement mondial et aux programmes nationaux de développement. M. Kibaki a également signalé que les technologies effectives demeuraient hors de portée pour nombre de pays en développement et a encouragé l’établissement de partenariats destinés à faciliter le transfert de technologies. Au Kenya, a-t-il notamment fait savoir, le Gouvernement encourage le secteur privé à créer des unités hospitalières spécialisées dans le traitement des MNT, mais le coût des médicaments de base et des traitements pour le cancer, le diabète et les maladies cardiovasculaires demeure hors de portée pour nombre de patients. Il a estimé que ces problèmes pouvaient être résolus par l’intermédiaire des aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce.
M. JEAN ASSELBORN, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, a déclaré que le Luxembourg était fier d’avoir pu contribuer activement, aux côtés de la Jamaïque, à l’élaboration de la Déclaration politique adoptée ce matin par consensus sur les maladies non transmissibles (MNT). Il a dit que les MNT portaient un double coup au développement économique et social, parce qu’elles provoquaient d’importantes pertes en vies humaines et au niveau du revenu national et entraînaient des millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté. Parce que les MNT affectent tous nos pays, la réponse à ce défi ne peut être que globale et universelle, a-t-il dit. Il est essentiel de mettre pleinement à profit et de poursuivre les travaux conduits à Genève sous la direction de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a ajouté M. Asselborn en citant l’importance de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac et les stratégies qui ont été développées pour lutter contre les quatre principales maladies non transmissibles et leurs facteurs de risque communs. Le Vice-Premier Ministre du Luxembourg a mis l’accent sur l’importance d’une prévention multisectorielle qui doit promouvoir la « santé dans toutes les politiques ». Citant la santé, l’agriculture, l’éducation, le sport, l’environnement, le commerce et l’industrie, il a déclaré que les politiques suivies dans tous ces domaines avaient un impact direct sur l’efficacité de notre réponse à la crise aux proportions épidémiques des MNT.
Par ailleurs, M. Asselborn a jugé indispensable d’établir des systèmes de santé durables en assurant un financement soutenu, une bonne gouvernance, une formation adéquate du personnel de santé, la couverture universelle des plans de santé et l’accès aux médicaments essentiels. Établir des systèmes de santé durables, c’est contribuer à garantir le droit de chacun de posséder le meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre, un droit fondamental auquel nous avons tous souscrit, a-t-il insisté. Il a précisé que le Luxembourg répondait déjà à l’appel contenu dans la Déclaration politique puisque les MNT sont incluses dans la stratégie sectorielle « santé » de sa politique de coopération au développement. Nous y consacrons plus de 11% de notre aide publique au développement (APD), qui a représenté 1,09% de notre revenu national brut en 2010, a-t-il insisté en citant des interventions du Luxembourg en appui aux systèmes de santé de la République démocratique populaire lao, du Sénégal et de la Mongolie. Le Luxembourg fait par ailleurs des contributions annuelles croissantes à l’OMS pour soutenir son objectif stratégique visant les affections chroniques non transmissibles dans les pays en développement, a-t-il ajouté.
M. AARON MOTSOALEDI, Ministre de la santé de l’Afrique du Sud, a affirmé qu’une approche uniquement basée sur la santé ne permettrait pas de renverser la tendance de la mortalité mondiale liée aux MNT mais qu’il faudrait y adjoindre une approche gouvernementale et sociale. En Afrique du Sud, le taux de mortalité a doublé ces 10 dernières années en grande partie à cause du VIH/sida, avec d’énormes conséquences humaines, sociales et économiques, malgré les progrès enregistrés, et il est par conséquent essentiel que les maladies transmissibles et non transmissibles soient toutes considérées comme des priorités nationales et mondiales vers la réalisation des OMD.
Concernant la réduction des risques et de contrôle des MNT, l’Afrique du Sud a été à la pointe de la mise en œuvre de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac et a également réglementé la teneur en graisses saturées et en sel des aliments industriels. Pour atteindre les objectifs fixés dans la Déclaration politique adoptée aujourd’hui, le Ministre a estimé que des partenariats devraient être établis pour renforcer la prévention, l’accès aux traitements et aux technologies existants, y compris les vaccins, les instruments de diagnostic et les médicaments. Le Ministre de la santé de l’Afrique du Sud a exhorté la communauté internationale à faire pression sur l’industrie agroalimentaire et l’industrie des spiritueux pour réduire les effets néfastes de leurs productions. Combattre dans un même élan les maladies transmissibles et non transmissibles de manière intégrée et globale est fondamental pour améliorer la santé et le développement, a conclu M. Motsoaledi.
Mme AGNÈS BINAGWAHO, Ministre de la santé du Rwanda, a estimé que l’importance négative des MNT ne peut plus être niée, et en particulier leur impact négatif sur le développement des pays les moins avancés. La Ministre de la santé du Rwanda est revenue sur les améliorations du système de santé que son pays a connues au cours de la dernière décennie, ce qui, selon elle, lui permettra, aujourd’hui, d’être plus à même de lutter efficacement contre les MNT qui représentent déjà plus de 25% de la morbidité au Rwanda. Avec un secteur de la santé renforcé, 95% des Rwandais bénéficient désormais d’une assurance maladie, a précisé la Ministre. Cependant, à l’heure actuelle, la plupart des habitants du Rwanda ne peuvent pas se permettre de recevoir tous les traitements contre les MNT, qui sont encore trop coûteux, a-t-elle dit en indiquant que, par conséquent, son pays souhaitait faciliter un accès universel à ces médicaments. Par ailleurs, le Ministère de la santé rwandais s’attaque au tabagisme et a mis en place des programmes de lutte contre le cancer, a encore indiqué la Ministre.
M. LESLIE RAMSAMMY, Ministre de la santé du Guyana, s’est déclaré convaincu qu’il existait un lien étroit entre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et la lutte contre les MNT. Nous estimons aussi, a-t-il poursuivi, que la Stratégie mondiale pour l’alimentation, l’exercice physique, la promotion de la santé, ainsi que la Stratégie mondiale en vue de réduire la consommation dangereuse d’alcool constituent des instruments de nature à aider les États et les populations dans la prévention et la maîtrise de ces maladies. Selon le Ministre, des systèmes de surveillance fiables sont également nécessaires afin de mieux cerner les maladies non transmissibles.
Mme NICOLA ROXON, Ministre de la santé et des personnes âgées de l’Australie, a mis l’accent sur les efforts de prévention de l’Australie contre les maladies non transmissibles mais aussi d’appui aux efforts des pays en développement de la région du Pacifique pour mieux faire face à ce problème. Elle a annoncé que l’Australie a décidé de consacrer 4 millions de dollars australiens au cours des cinq prochaines années à la mise en œuvre dans les pays en développement du Plan d’action de l’OMS pour la stratégie mondiale de prévention de contrôle des MNT. Elle a aussi cité un engagement de 25 millions de dollars australiens, afin d’aider les États insulaires du Pacifique à faire face au problème des MNT. La Ministre a attiré l’attention en particulier sur les dangers du tabac dont le nombre de victimes devrait passer de près de 6 à 8 millions entre aujourd’hui et 2030. Elle a précisé que l’Australie était le premier pays à mettre en œuvre à partir de l’année prochaine une recommandation de l’OMS d’imposer à tous les produits tabagiques un emballage brun foncé non attractif avec des graphismes mettant l’accent sur les dangers pour la santé. La lutte contre le tabac exige des moyens et une volonté politique, a-t-elle dit en expliquant l’amélioration de la santé mondiale est un investissement qui produira d’énorme dividendes. Elle a exhorté les États Membres à utiliser la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac comme outil de réforme.
M. JOHN SEAKGOSING, Ministre de la santé du Botswana, a estimé qu’il était possible pour la communauté internationale d’avoir un effet considérable sur les MNT par l’intermédiaire d’une démarche mondiale s’appuyant sur la mise en place d’un système de santé qui soit capable de détecter et de traiter ces maladies. Il a indiqué que son pays avait obtenu des succès importants en matière de santé et de développement, mais qu’il fallait s’assurer que ces avancées ne soient pas anéanties par les avancés des MNT. Il a appelé à l’augmentation des ressources aux niveaux national et international afin d’y faire face, avertissant cependant que l’on ne pouvait négliger pour autant les maladies transmissibles qui continuent à faire de nombreux ravages dans des pays comme le Botswana. M. Seakgosing a également appelé à l’établissement d’une coalition pour faire face aux MNT. Le Ministre a par ailleurs expliqué qu’au Botswana, les ventes d’alcool étaient taxées à 40% et que le Gouvernement envisageait de faire de même pour le tabac. Il a aussi évoqué l’importance d’établir des objectifs en matière de lutte contre les MNT.
M. JOSEPH YIELEH CHIREH, Ministre de la santé du Ghana, a déclaré que son pays était affecté par le double fardeau des maladies transmissibles et des maladies non transmissibles (MNT). L’allongement de l’espérance de vie, les changements récents dans le régime alimentaire et l’environnement social, ainsi que l’adoption de modes de vie malsains ont accru la prévalence des maladies non transmissibles. « Ces maladies entravent notre développement », a poursuivi le Ministre. Elles érodent les avancées dans les stratégies de réduction de la pauvreté des pays en développement. M. Chireh a tenu à souligner que, dans les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, la drépanocytose est une maladie génétique très grave qui touche 2% des nouveau-nés. Pour faire face à l’augmentation des facteurs de risque, le Ghana a développé une politique nationale sur les maladies non transmissibles. Un texte de loi sur le contrôle du tabac est actuellement examiné par le Parlement et une stratégie nationale visant la lutte contre le cancer a été finalisée. Une action gouvernementale vise également à promouvoir une alimentation équilibrée et des modes de vie sains dans les 10 régions du pays.
M. HEINZ FISCHER, Président fédéral de l’Autriche, a expliqué que dans son pays, 10 objectifs quantifiables et détaillés en matière de santé pour les 20 prochaines années étaient actuellement l’objet d’un dialogue politique structuré. Il a observé que le fardeau des MNT croissait en Europe, conséquence, selon lui, d’un style de vie malsain et de conditions socioéconomiques peu favorables. M. Fischer a notamment expliqué que l’Autriche était confrontée aux problèmes de l’obésité, du manque d’activités physiques et de la consommation du tabac et de l’alcool, ceci chez les jeunes notamment. Le Président de l’Autriche a ensuite indiqué que le Ministère de la santé autrichien avait mis sur pied un Plan d’action national en matière de nutrition, tandis que le Ministère des sports mettait actuellement sur pied un plan d’action pour l’activité physique. M. Fischer a également signalé l’adoption de normes fédérales relatives à la gestion du diabète de type 2. L’Autriche, a-t-il ajouté, centre également ses actions sur le rôle des facteurs psychosociaux et leur influence sur la santé mentale.
M. URMAS PAET, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a réaffirmé le rôle prépondérant joué par l’Organisation mondiale de la Santé dans la coordination et la promotion des actions visant à lutter contre les maladies non transmissibles. Rappelant les lourdes conséquences économiques qu’ont les MNT, notamment pour les pays en développement, il a exposé les actions entreprises par l’Estonie pour améliorer les systèmes de santé dans ces pays, notamment en Afghanistan. M. Paet a ensuite plaidé pour une approche globale dans la lutte contre les MNT, telle que préconisée par la Charte de l’OMS pour la région européenne, dite Charte de Tallinn. Des investissements importants pour l’amélioration des systèmes de santé doivent être conjugués à une sensibilisation de tous les secteurs de la vie sociale sur l’impact des décisions qu’ils prennent sur la santé des populations, a-t-il déclaré. Il a enfin indiqué que l’Estonie, en dépit des efforts entrepris, connaissait un nombre plus important de décès prématurés dus aux MNT que les autres pays européens.
M. JUMA DUNI HAJI, Ministre de la santé de la République-Unie de Tanzanie, a souligné que les MNT faisaient peser un fardeau considérable sur les familles et les communautés d’un pays comme le sien. Aussi le Gouvernement tanzanien a-t-il lancé une stratégie afin de rendre les médicaments et les techniques de prévention et de maîtrise des maladies non transmissibles plus accessibles et plus abordables, a dit M. Duni Haji. Tout en reconnaissant l’importance de la lutte contre ces maladies, le Ministre a cependant rappelé que de nombreux pays africains devaient également lutter contre les maladies transmissibles telles que le paludisme, la tuberculose et le VIH/sida.
Mme HEIDI HAUTALA, Ministre du développement international de la Finlande, a signalé que les MNT posaient un défi notable à la réalisation des OMD. La promotion de la santé et des soins de santé est le meilleur moyen pour le monde en développement de lutter contre les MNT, a-t-elle notamment déclaré. La Ministre a estimé que les repas scolaires et l’éducation en matière de santé jouaient un rôle central et que le monde des affaires et de l’industrie avait également son rôle à jouer. Une approche détaillée de « Santé dans toutes les politiques » est nécessaire, a-t-elle ajouté. La Ministre a ensuite observé que la question du genre avait un rôle central à jouer en matière de promotion de la santé et du développement durable. Elle a également signalé que l’élimination de la pauvreté et le développement durable étaient directement liés à la santé. Les personnes qui n’ont pas accès aux biens essentiels de base, qui n’ont pas une bonne éducation ou qui vivent aux marges de la société n’ont pas les moyens de faires des choix sains, a-t-elle notamment déploré. Mme Hautala a également cité l’efficacité de certaines mesures comme l’impôt sur le tabac, l’alcool, et les aliments et boissons qui sont mauvais pour la santé, ainsi que l’importance de la coopération internationale. « Une population en bonne santé est une population productive », a par ailleurs lancé la Ministre avant d’évoquer l’impact social et économique des MNT.
Mme YASMINA BADDOU, Ministre de la santé du Maroc, a déclaré qu’il restait beaucoup à faire pour s’attaquer aux maladies non transmissibles, à travers une stratégie intégrée multisectorielle et multidisciplinaire. Cette stratégie doit être basée sur une approche préventive, visant la réduction des facteurs de risque et la promotion de modes de vie sains, le dépistage précoce et la mise en place d’un cadre discal approprié. C’est pourquoi, a-t-elle estimé, il est nécessaire de consolider le mécanisme de la coopération internationale, notamment l’assistance aux pays en développement.
Le Maroc réitère son engagement à la mise en œuvre des orientations stratégiques de lutte contre les MNT de l’Organisation mondiale de la Santé, à travers son plan national intégré visant à prévenir et lutter contre ces maladies, plan qui implique notamment les autres départements ministériels, les ONG et les collectivités locales, a dit la Ministre. Mme Baddou a notamment évoqué le plan « Maroc vert », dont l’un des principaux objectifs est la garantie de la sécurité alimentaire, et la stratégie « Sport pour tous » qui souligne le rôle du sport comme un droit essentiel du citoyen. La Ministre a proposé d’examiner la possibilité de créer un « fonds durable volontaire de lutte contre les MNT », susceptible de faciliter la mise en œuvre dans les pays en développement de la Déclaration politique adoptée lors de cette Réunion de haut niveau.
M. JAMES REILLY, Ministre de la santé de l’Irlande, a regretté que l’intérêt marqué pour les MNT ne soit que relativement récent, alors même que la prévention a fait ses preuves dans ce domaine. Il s’agit de prendre les bonnes décisions et de faire en sorte que la mise en œuvre de ces décisions soit facile, car il y va de l’intérêt de tous, a souligné le Ministre. Ces maladies qui causent 2 décès sur 3 à travers le monde ont un potentiel destructeur considérable, a-t-il regretté, ajoutant que ces pathologies vont augmenter à l’avenir alors même que les systèmes de santé, y compris en Irlande, ne sont déjà pas à la hauteur des besoins. Dans les pays en développement, qui sont les moins à même de faire face à cette nouvelle demande, les problèmes seront exacerbés, a anticipé le Ministre, qui a par conséquent préconisé de dépister les problèmes existant dans les systèmes de santé au plus tôt. Les gouvernements doivent quant à eux assumer les responsabilités qui leur incombent. À ce titre la coopération internationale, mais aussi la coopération interministérielle sont indispensables pour pouvoir aller de l’avant dans la lutte contre les MNT, a estimé M. Reilly. Pour conclure, il a déclaré que « la santé des populations devait être prioritaire par rapport aux intérêts commerciaux et économiques ».
M.LIOW TIONG LAI, Ministre de la santé de la Malaisie, a déclaré que les pays ne devraient pas perdre de vue « la santé de la nation » dans la poursuite du développement économique. Pour sa part, la Malaisie est encouragée par le leadership de l’Organisation mondiale de la santé pour mettre la question des maladies non transmissibles et de leur prévention à la une. La Malaisie a, depuis décembre 2010, mis en place un plan stratégique national pour les maladies non transmissibles. Le Ministre a dit qu’il ne fait pas de doute que les engagements que les chefs d’État ont pris aujourd’hui seront un instrument puissant pour rallier tous les ministères concernés au plan national à la cause de la prévention et du contrôle des MNT. Il est également d’avis que les ONG auront un rôle critique à jouer dans ce domaine, à l’instar de celui qu’elles ont assumé dans la lutte contre le VIH/sida. Le Ministre a souhaité que soient inclus des changements essentiels dans la Déclaration politique, reprenant une citation de la Directrice de l’OMS, Mme Margaret Chan, qui avait dit que « ce qui peut être mesuré a des chances d’être réalisé ». Ainsi, le Ministre espère que des objectifs clairs et mesurables, assortis d’un calendrier précis, et que cette déclaration incorpore également les indicateurs présentés par l’OMS lors de la conférence sur les styles de vie sains et les MNT qui a eu lieu à Moscou en avril 2011. Le Ministre a également soulevé l’importance de la substitution par des médicaments génériques pour le traitement de ces maladies, en particulier pour les pays qui assurent des soins gratuits à leurs citoyens comme la Malaisie.
M. SIMON POWER, Ministre de la justice de la Nouvelle-Zélande, a indiqué que dans certains États du Pacifique, 40% de la population adulte étaient diabétiques, et que ce taux doublerait certainement d’ici à 2030. Il a également fait savoir que les dépenses liées au MNT représentaient désormais plus de 50% du budget santé de nombreux États insulaires et que ces maladies avaient le potentiel de saper quatre des principaux facteurs de croissance économique, à savoir la force de travail, la productivité, l’investissement et l’éducation. Il a également relevé que l’amélioration des soins, avant et pendant la grossesse, était susceptible de réduire les risques dans la vie d’un enfant. Le Ministre a ensuite observé que les MNT requéraient l’adoption de stratégies novatrices qui relient les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’agriculture, de l’environnement et du développement économique. Il a ensuite fait savoir que la Nouvelle-Zélande s’efforçait de devenir un pays libre de consommation du tabac d’ici à 2025.
Mme FATIMA AL BALOOSHI, Ministre de la santé de Bahreïn, a fait état de taux de prévalence élevés de MNT dans les pays du Golfe. Aussi Bahreïn a-t-il adhéré à la plupart des stratégies et approches proposées par l’OMS, a-t-elle souligné, avant de dire que son gouvernement s’était également doté d’initiatives visant à intensifier les systèmes de soins médicaux et de dépistage précoce. En outre, le Conseil des ministres de Bahreïn a approuvé la formation du Comité national de lutte contre les MNT. Depuis, le tabagisme a été interdit dans tous les lieux publics et Bahreïn a adhéré à la Stratégie mondiale de l’Organisation mondiale de la Santé pour l’alimentation, l’exercice physique et la santé. Enfin, a conclu la Ministre, les pays du Golfe ont mis en place un mécanisme de suivi régional annuel des MNT.
M. LEAO TALALELEI TUITAMA, Ministre de la santé des îles Samoa, a expliqué que les îles du Pacifiques avaient, elles aussi, du mal à garantir la bonne santé de leurs habitants et qu’elles déploient des efforts importants de lutte contre les MNT et les facteurs de risques associés. Ces maladies représentent un défi majeur au développement de notre région, a affirmé le Ministre, ajoutant que pour Samoa, la surveillance et la prévention des MNT représentent la priorité absolue en matière de santé. En effet, avec 23% de diabétiques dans la tranche de population âgée de plus de 25 ans, 21% d’hypertendus, et près de 50% d’obèses, les problèmes sont réels aux Samoa, et les MNT sont le premier facteur de morbidité et de mortalité dans le pays. Pour y faire face, le Gouvernement samoan a adopté une législation qui vise à minimiser les facteurs à risques, ainsi qu’une loi sur l’alimentation saine qui devrait entrer en vigueur sous peu, a dit le Ministre. Le Gouvernement a également mis en place un système de santé pour tous, qui englobe un volet de prévention, a-t-il précisé. De plus, un programme conjoint de prévention des MNT entre la République des îles Samoa et les Samoa américaines a été lancé en 2011. Fort de ce constat, le Ministre a assuré que son gouvernement était déterminé à mettre la santé de ses populations au cœur de ses politiques économiques et commerciales.
RABBI YAAKOV LITZAMAN, Ministre adjoint de la santé d’Israël, a rappelé qu’aujourd´hui les MNT représentaient 80% du fardeau pesant sur les services de santé mondiaux et 60% du taux de mortalité mondial, ce qui en fait un véritable problème mondial. En effet, la lutte contre ces maladies ne relève pas uniquement de ministères de la santé d’un pays à l’autre, mais exige également la collaboration entre pays, des partenariats privé-public et la participation active de la société civile, a estimé le Ministre adjoint. Pour sa part, Israël, qui est également touché par ces problèmes, souhaite faire partie de la solution. Ainsi, le Gouvernement a-t-il mis en place des politiques de sensibilisation et de détection précoces, ainsi que des programmes pour trouver des traitements à des maladies qui n’en ont pas encore, a dit Rabbi Yaacov Litzaman. Les scientifiques israéliens ont gagné une réputation de taille dans la recherche sur le cancer, a rappelé le Ministre adjoint israélien de la santé, avant d’ajouter que son ministère avait lancé des campagnes de vaccination contre l´hépatite B et le papillomavirus. De plus, 70% des femmes de plus de 50 ans sont testées pour le cancer du sein. L’engagement ferme d’Israël dans la lutte contre les MNT se traduit également par un certain nombre de partenariats dans le monde en développement, a encore fait valoir le Ministre adjoint. Pour lui, il s’agit de s’attaquer prioritairement aux causes de ces maladies avant de se tourner vers les traitements possibles. Il s’agit de galvaniser l’opinion publique mondiale derrière cette cause, notamment par la promotion d’une alimentation plus saine, la lutte contre les effets nocifs du tabac et de l’alcool sur la santé ou encore celle contre la pollution.
M. SABYRBEK DJUMABEKOV, Ministre de la santé du Kirghizistan, s’est dit préoccupé par les MNT qui sont la cause principale de morbidité et de mort précoce de la population de son pays. Les maladies cardiovasculaires viennent en tête et la morbidité due aux tumeurs malignes et au diabète sucré tend à augmenter. En outre, plus d’un million de personnes au Kirghizistan souffrent d’hypertension artérielle.
L’épidémie de tabagisme se développe chez les jeunes et les femmes, a expliqué le Ministre. L’État a mobilisé des comités de santé qui travaillent pour éduquer les patients par rapport à la prévention des maladies cardiovasculaires. Il trouve judicieux d’introduire des programmes bien conçus pour avoir une influence sur les modes de vie. Il faut également former des professionnels de santé et renforcer les capacités au niveau national, a-t-il affirmé.
Mme LEONA AGLUKKA, Ministre de la santé du Canada, s’est dite préoccupée par les taux croissants de maladies chroniques, qui sont la principale cause de décès dans son pays. « Les particuliers peuvent faire des choix sains au quotidien afin de réduire leur risque », a-t-elle toutefois souligné. Le taux de tabagisme au Canada est passé de 25% en 1999 à 17% aujourd’hui. Malheureusement, un enfant sur quatre est touché par le surpoids et l’obésité. Mme Aglukka a indiqué que le Canada cherchait à nouer des partenariats avec des organisations et les médias pour faire la promotion des messages sur l’alimentation équilibrée et les modes de vie sains. Le Gouvernement du Canada continue aussi d’investir pour lutter contre les maladies non transmissibles (MNT) au sein des populations autochtones. Par ailleurs, la Ministre s’est réjouie de ce que la formulation de la déclaration politique traite des liens entre les troubles mentaux, les troubles neurologiques et les MNT.
Mme ANNE-GRETE STRØM-ERICHSEN, Ministre de la santé et des services de soins de la Norvège, a souligné que la prévention des maladies non transmissibles était un investissement bénéfique tant pour la croissance économique que pour la réduction des inégalités dans l’accès aux soins. Elle a ensuite souligné le rôle prépondérant des États dans la lutte contre ces maladies, appelant également de ses vœux une implication active et complémentaire de tous les secteurs de la société, comme ceux de la finance, de l’éducation, de la culture, de la société civile et de l’industrie notamment. Insistant sur l’importance de mettre en place des cibles réalistes dans la prévention et la maîtrise des MNT, Mme Strom-Erichsen a insisté sur le rôle crucial joué à cet égard par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Enfin, rappelant que la réduction de la consommation de tabac était l’un des moyens les plus efficaces de prévention des MNT, elle s’est indignée contre les actions judiciaires entreprises par l’industrie du tabac contre certains États parties à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, notamment la Norvège. Aucun État partie à cette Convention ne devrait subir les tentatives d’intimations de l’industrie du tabac, a-t-elle conclu.
M. PHILIPPE COURARD, Secrétaire d’État pour l’intervention sociale de la Belgique, a déclaré qu’il faudrait « penser autrement les politiques de santé » et tenir compte de la santé dans toutes les politiques. Il faut, selon lui, se pencher sur le rôle des ministres de la santé et « plaider la cause de la santé là où elle ne semble pas encore prise en considération ». M. Courard a ajouté qu’il faudrait remodeler les systèmes de santé car le cloisonnement devient de plus en plus problématique. À cet égard, les soins de santé primaires avec le médecin de famille doivent avoir un rôle central. L’action politique doit être guidée par l’implication des patients dans la gestion de leur maladie et l’augmentation de leur autonomie. Le Secrétaire d’État a fait valoir qu’une approche biomédicale restreinte ne se justifiait plus. Dans les pays riches, les personnes les plus touchées sont les personnes à faible revenu. Des efforts particuliers doivent donc être faits pour s’attaquer aux inégalités en matière de santé.
M. MAITHRIPALA SIRISENA, Ministre de la Santé du Sri Lanka, a rappelé qu’il y a encore 40 ans, l’espérance de vie au Sri Lanka était en moyenne de 40 années, et qu’elle est presque le double aujourd’hui. Un nouveau défi est cependant posé par les maladies non transmissibles, a-t-il poursuivi, certaines ayant pris des proportions épidémiques. Il a ainsi indiqué que les MNT étaient responsables de 60% des décès au Sri Lanka. Le Sri Lanka a élaboré une politique nationale de prévention et de maîtrise de ces maladies, a-t-il indiqué, en mettant notamment en place, au sein du Ministère de la santé, une unité autonome de contrôle des MNT. M. Sirisena a ensuite exhorté l’Assemblée générale à établir un fonds global dédié à la prévention et à la maîtrise des MNT, rappelant, en conclusion, que son pays s’était donné pour objectif de réduire de 2% par an, au cours de la prochaine décennie, le nombre de décès prématurés de personnes des suites de maladies non transmissibles.
M. ARTURO BENDAÑA, Ministre de la santé du Honduras, a insisté sur l’engagement et la détermination de son pays à travailler en étroite coopération avec la communauté internationale sur la question des maladies non transmissibles. Les femmes au Honduras sont particulièrement touchées, avec 47% d’entre elles en surpoids ou en état d’obésité. La maladie rénale chronique est aussi en augmentation régulière dans le pays. En conséquence, le Honduras a noué des alliances stratégiques pour la prévention et la lutte contre les facteurs de risque des MNT. Il a indiqué qu’il était notamment désormais interdit de fumer dans les espaces fermés dans le pays, et que la publicité pour le tabac était interdite. En outre, à l’heure actuelle, différentes règles nationales sont appliquées dans le cadre de la politique nationale de lutte contre les MNT. Le Ministre a souligné que les coûts de ces maladies sont élevés pour les systèmes de santé. Chaque jour, les foyers doivent assumer en partie ces coûts, ce qui les rend encore plus vulnérables face à la pauvreté, a rappelé M. Bendaña, en insistant sur l’impact des MNT sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement dans le pays et en Amérique centrale.
M. SLAHEDDINE SELLAMI, Ministre de la santé publique Tunisie, s’est réjoui que cette Réunion se tienne en même temps que le printemps arabe qui promeut la dignité de l’homme. Il a indiqué que la Tunisie partageait pleinement les objectifs débattus lors de la présente Réunion et a appelé de ses vœux la consécration du droit à la santé des peuples en lutte pour leur liberté et leur dignité. Les mutations en cours du monde arabe appellent à cet égard un investissement croissant de la communauté internationale et des pays contributeurs, a-t-il poursuivi.
Le représentant a indiqué que la Tunisie œuvrait à un plan pour la maîtrise et la prévention des MNT, notamment le cancer et le diabète, dans le droit fil des recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé en la matière. Il a ensuite plaidé pour des synergies accrues dans l’évaluation de l’impact des MNT tout en soulignant l’importance d’une identification précoce et précise des facteurs à risque dans l’apparition des MNT.
M. ENRIQUE T. ONA, Secrétaire du Département de la santé des Philippines, a souligné, se fondant sur les données de son Ministère, que 7 des 10 causes principales de mortalité avaient pour origine des maladies du groupe des MNT. Il a indiqué que la réforme du secteur de la santé, visant un accès aux soins pour tous, est sous-tendue par la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), avec la prise en compte des maladies non transmissibles.
Des mesures de prévention des MNT sont également mises en œuvre par le Gouvernement, a relevé M. Ona. Il a mentionné à cet effet la promotion de modes de vie sains et une approche intégrée de promotion d’un environnement favorable à un style de vie sain.
M. CHARLES SIGOTO, Ministre de la santé et des services médicaux des Îles Salomon, a estimé qu’il faudrait adopter une approche systémique pour mieux répondre au problème des maladies non transmissibles qui constituent aujourd’hui une menace pour le développement. Les Îles Salomon sont situées dans une région sensible aux catastrophes naturelles qui ont poussé de nombreuses populations à quitter leurs terres ancestrales pour des centres urbains dépendant massivement de nourriture importée. Ces populations sont particulièrement vulnérables aux MNT, a souligné le Ministre. Son gouvernement a fait de la prévention des MNT la priorité de son Plan stratégique pour la période 2011-2015. Comme tout pays en développement, nous aurons besoin de ressources externes supplémentaires et soutenues, ainsi que d’investissements financiers importants, a-t-il dit. Les Îles Salomon travaillent notamment à développer une nouvelle stratégie pour appuyer les services de santé dans les zones rurales où 85% de la population continuent de vivre. Des efforts doivent être développés au niveau mondial pour garantir l’accès à des médicaments abordables, sûrs et efficaces et pour améliorer les diagnostics des MNT. Les Îles Salomon ont aussi besoin d’assistance pour passer à une agriculture commerciale, a souligné le Ministre, en saluant à cet égard l’aide de Taiwan. Des efforts déployés, dans le cadre de la coopération Sud-Sud, sont nécessaires pour faire face à ces maladies dans les pays de la région du Pacifique, a-t-il dit avant de conclure.
M. SAMBUU LAMBAA, Ministre de la santé de la Mongolie, a indiqué que les maladies cardiaques et les cancers étaient devenus les principales causes de décès dans son pays. Il a remercié l’OMS de son aide pour lutter contre les MNT. « Le Gouvernement de la Mongolie est fier d’avoir accru sa contribution à l’éducation du public sur les facteurs de risque, notamment le tabagisme et la consommation d’alcool », a-t-il précisé.
Le nombre de consommateurs de tabac s’accroît, notamment parmi les jeunes, et la consommation de drogues et d’alcool a également augmenté, a-t-il déclaré. M. Lambaa a attiré l’attention des délégations sur le fait qu’il était important d’adopter un programme national correspondant au cadre de l’OMS concernant la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme.
M. ONYEBUCHI CHUKWU, Ministre de la santé du Nigéria, a rappelé l’importance qui s’attache à la lutte contre les maladies non transmissibles, responsables de 60% des décès dans les pays en développement. Il a souligné le défi particulier que représente pour le Nigéria la drépanocytose, maladie responsable de 150 000 par an dans le pays. Un centre a été créé à Lagos afin d’enrayer la progression de cette maladie.
M. Chukwu a souhaité que les efforts de lutte contre les maladies mentales soient accentués, soulignant ensuite l’importance de la malnutrition dans la progression des MNT. Il a exposé les mesures prises par le Nigéria pour le contrôle et la prévention des MNT, comme l’interdiction de l’usage du tabac dans les lieux publics. En conclusion, il a rappelé l’importance de la lutte contre les maladies transmissibles et souhaité l’intégration de la lutte contre les MNT dans les Objectifs du Millénaire pour le développement.
M. SREDOJE NOVIĆ, Ministre des affaires civiles de la Bosnie-Herzégovine, a déclaré que les conditions de base pour améliorer la santé en général étaient les suivantes: paix, protection, éducation, alimentation, revenu, écosystème stable, financement durable, justice sociale et équité.
La santé de la population mondiale, et notamment la santé dans les pays d’Europe centrale et de l’Est, passe par un processus important de transition, a-t-il estimé. En Bosnie-Herzégovine, la situation a évolué en même temps que le système sociopolitique, et elle se reflète dans le déclin du taux de natalité et l’accroissement de la population âgée de plus de 65 ans, a expliqué M. Nović.
Les maladies non transmissibles (MNT) sont la principale cause de décès en Bosnie-Herzégovine. Le Ministre a dit qu’il fallait que « l’ensemble de la société » réponde à ce problème. Son pays préside le Réseau de santé de l’Europe du Sud-Est et salue à cet égard l’appui qu’apporte le Bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le troisième Forum des ministres de la santé de la région se tiendra à Banja Luka, les 13 et 14 octobre 2011, a annoncé M. Nović. L’objectif principal de ce forum est d’introduire des valeurs et des actions prioritaires dans la politique européenne en matière de santé d’ici à 2020, a-t-il précisé.
M. NARAYAN KAJI SHRESTHA PRAKASH, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères du Népal, a déclaré que son pays souffrait du double fardeau des maladies transmissibles et non transmissibles. Cette question étant une priorité, le Népal a déjà réalisé des progrès importants pour évaluer la situation et élaborer des politiques pour y remédier. Des textes ont été adoptés pour contrôler les facteurs de risque, tels que la consommation de tabac et d’alcool et l’alimentation malsaine. C’est ainsi qu’il est interdit de vendre des cigarettes aux enfants de moins de 18 ans et aux femmes enceintes, et de fumer dans des lieux publics.
Le Népal a créé un fonds de santé qui génère 6 millions de dollars pour assurer la prévention et la maîtrise des MNT, a indiqué le Premier Ministre adjoint. Pour aider les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté qui sont atteintes d’un cancer, le Gouvernement du Népal fournit un appui financier pouvant aller jusqu’à 50 000 roupies et traite gratuitement les enfants atteints d’un cancer. Le cercle vicieux des MNT et de la pauvreté est encore plus évident dans les pays à faible revenu, a conclu M. Shrestha. Les pays les moins avancés (PMA) ont par conséquent besoin d’urgence de renforcer leur capacité nationale.
Mme ANNETTE WIDMANN-MAUZ, Secrétaire d’État parlementaire auprès du Ministère de la santé de l’Allemagne, a rappelé que dans les 10 prochaines années, les MNT allaient devenir la principale cause de décès, y compris dans le monde en développement. L’Allemagne, a-t-elle indiqué, a mis l’accent sur la prévention et la maîtrise de ces maladies. Il faut adopter une approche intégrée pour mieux appréhender le problème. Il est également important que chaque individu apporte sa contribution à ce combat, a-t-elle ajouté, rappelant le soutien de l’Allemagne aux multiples initiatives prises par l’OMS pour lutter contre le tabac ou l’alcool, notamment par le biais de conventions internationales. Tout en reconnaissant qu’il reste encore un long chemin à parcourir, elle s’est dite confiante que, par le biais de la coopération internationale, il sera possible de parvenir à des résultats concrets. L’adoption de la Déclaration politique par l’Assemblée générale, a-t-elle espéré, devrait contribuer à améliorer la santé des populations dans le monde.
M. RUDYARD SPENCER, Ministre de la santé de la Jamaïque, s’est félicité de ce que la question des maladies non transmissibles ait été inscrite à l’ordre du jour de cette session, à la demande des États membres de la CARICOM. Pour le Ministre, la Déclaration adoptée ce matin par les chefs d’État témoigne, selon lui, de leur engagement à lutter contre les MNT à l’échelle mondiale et représente une bonne plateforme pour prendre en compte leur impact dans un contexte de développement par l’Assemblée générale. Toutefois, sa délégation est déçue que la Déclaration ne prône pas de mesures plus fermes qui permettraient de sauver des millions de personnes d’ici à 2030. La Déclaration politique reconnaît la menace mondiale que posent les MNT mais ne l’accompagne pas des ressources nécessaires et durables pour les combattre à l’échelle internationale. Pour sa part, la Jamaïque s’engage à respecter les mesures prévues dans la Déclaration, notamment celles visant à créer un environnement plus sain et à réduire la consommation de tabac. Le Gouvernement s’engage aussi à assurer un accès abordable et sûr aux médicaments de qualité et à renforcer les services de soins palliatifs et préventifs. Compte tenu de l’importance des défis posés par les MNT, les États doivent être en mesure de recourir à la souplesse prévue par l’accord sur les ADPIC et la santé publique dans la Déclaration de Doha pour lever les restrictions commerciales sur les médicaments, a estimé le Ministre.
M. FAWZI (Égypte), a évoqué les difficultés que posent les maladies non transmissibles à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Le fardeau des MNT constitue l’un des principaux obstacles au développement au XXIe siècle, a-t-il notamment affirmé, précisant que 80% des décès imputables aux MNT avaient lieu dans des pays en développement. Il a engagé la communauté internationale à se doter d’un cadre complet et équitable pour veiller à ce que toutes les personnes aient accès aux systèmes de prévention, de traitement et d’appui. Le principe d’appropriation nationale ne saurait être sous-estimé car c’est la meilleure façon d’assurer l’efficacité des programmes, a-t-il ajouté. M. Fawzi a également appelé au respect de la spécificité des États d’Afrique. Il importe, a-t-il dit, de trouver une solution radicale aux problèmes liés à la propriété intellectuelle. Les médicaments doivent être obtenus à des prix abordables, a-t-il fustigé, en insistant sur le fardeau économique que les traitements représentent pour les familles à faibles revenus. Il a également appelé la communauté internationale à s’attaquer aux causes de ces maladies et à renforcer la coopération internationale pour lutter efficacement contre les MNT.
Mme THÉRÈSE A N’DRI-YOMAN, Ministre de la santé de la Côte d’Ivoire, a noté que, 11 ans après l’adoption de la Stratégie mondiale pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles, selon l’OMS, 36 millions de personnes meurent encore chaque année des suites de ces maladies. Dans les pays en développement, le tableau s’est même assombri, puisqu’on y enregistre 90% des morts prématurées dues au MNT avant l’âge de 60 ans. En Côte d’Ivoire, le système de santé a été fragilisé par les crises que le pays a connues, alors même que la charge financière due aux MNT ne cesse d’accroître, avec une augmentation de 15 000 à 20 000 de nouveaux cas de cancer par an, selon les chiffres de l’OMS. Face à ce véritable problème de développement, la Côte d’Ivoire a multiplié les initiatives à travers la mise en œuvre de programmes spécifiques de santé en vue d’intensifier la prévention et d’améliorer la prise en charge de ces affections chroniques onéreuses, a expliqué la Ministre.
Cela s’est notamment traduit par la prise en compte des MNT comme problème prioritaire de santé publique dans le Plan national de développement sanitaire 2009-2013, ou encore par les subventions versées pour les traitements de chimiothérapie anticancéreuse, d’insulinothérapie, ainsi que celui donné pour combattre les affections cardiovasculaires, a indiqué Mme A N’dri-Yoman. De plus, malgré le contexte économique difficile, le Président Ouattara a pris, depuis le 16 avril 2001, une mesure exceptionnelle d’exemption des frais de prise en charge médicaux concernant toutes les prestations fournies aux malades dans les établissements publics, parapublics et communautaires conventionnés, a dit la Ministre. Pour ce qui est des MNT, le plan d’action intégré de prévention et de prise en charge 2011-2014 implique tous les secteurs d’activité et les départements ministériels concernés par ces maladies et marque la volonté d’aller de l’avant en présentant une vision claire, a encore précisé la Ministre. Ce plan, d’un coût global de plus de 12 millions de dollars, constitue également pour la Côte d’Ivoire un outil de plaidoyer et de mobilisation de ressources auprès de ses partenaires de développement, a dit la Ministre.
M. BASILE IKOUÉBÉ, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la République du Congo, a expliqué que l’hypertension artérielle, dont la prévalence au Congo était de 32,5%, était devenue la première cause de décès des adultes et que cette affection touchait plus de 20% des adultes âgés de 25 à 34 ans. Il a également indiqué qu’avec une prévalence de 7%, le diabète représentait à l’échelle nationale une « épidémie silencieuse, faute de dépistage systématique ». Il a néanmoins précisé que depuis 2009, le Gouvernement avait procédé à une amélioration de l’offre et de l’accessibilité des soins pour les diabétiques ainsi qu’à la formation des professionnels de la santé dans ce domaine et à une mobilisation plus efficiente des ressources logistiques. M. Ikouébé a ensuite indiqué qu’en ce qui concerne la drépanocytose, sa prévalence sous la forme hétérozygote était de 25% et que la forme homozygote était présente chez 1,5% des nouveau-nés dont la moitié décède avant l’âge de 5 ans. Il a aussi fait savoir que la définition d’une politique et l’élaboration d’un plan stratégique intégré de lutte contre les maladies non transmissibles étaient en cours de finalisation. Enfin, le Ministre a fait savoir que lors de la consultation régionale sur la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles, qui s’est tenue au mois d’avril à Brazzaville, les Ministres africains de la santé avaient adopté la Déclaration de Brazzaville qui définit la position commune des États africains, membres de l’OMS.
M. GHULAM NABI AZAD, Ministre de la santé et du bien-être de la famille de l’Inde, a expliqué que son pays portait le triple fardeau des maladies transmissibles, des nouvelles maladies infectieuses et de celles qui réapparaissent, et, enfin des maladies non transmissibles. Ces dernières sont la cause de plus de la moitié des décès en Inde, et, vu leur importance et leurs impacts négatifs, un sommet national a été organisé pour donner suite à la Conférence ministérielle internationale sur les styles de vie plus sains et les MNT qui avait eu lieu à Moscou en avril 2011. À ce stade, l’Inde a lancé un programme national pour la prévention et le contrôle du cancer, du diabète, des maladies cardiovasculaires et des crises cardiaques ainsi qu’un programme national pour les services de santé des personnes âgées, a expliqué le Ministre. Cette initiative a été lancée dans le cadre d’un projet pilote pour toucher 150 millions de personnes dans 100 zones difficiles d’accès pendant l’année financière 2011-2012, et pour un montant de 275 millions de dollars, a-t-il précisé. Ce programme vient renforcer les autres mesures déjà prises en Inde pour lutter contre les MNT, notamment la réforme importante du système de santé qui est en cours et l’interdiction de fumer dans les lieux publics et de la vente de cigarettes au moins de 18 ans.
Par ailleurs, les innovations technologiques de l’Inde lui ont permis de disposer d’un système de santé abordable, a souligné le Ministre en déclarant que « si c’est déjà difficile d’être malade, c’est insoutenable d’être malade et pauvre ». Par conséquent, il demande que la question de barrières commerciales dans le domaine des médicaments soit abordée et que la communauté internationale poursuive un objectif d’accès universel aux médicaments. Il invite en outre la communauté internationale à prendre des engagements fermes tant sur le plan du partage des ressources, que sur celui de l’expertise technologique et des meilleures pratiques dans le cadre de la prévention et du contrôle des MNT.
Mme AMENTA MATTHEW, Ministre de la santé des Îles Marshall, a indiqué qu’au mois de juin dernier, son gouvernement avait appuyé avec d’autres ministères de la santé de la région du Pacifique, le Communiqué Honiara sur la crise des MNT dans le Pacifique par l’intermédiaire duquel ces pays se sont engagés à faire preuve de leadership en matière de prévention et à renforcer la coordination des mécanismes de contrôle. Elle a expliqué qu’en 2010, 75% des décès survenus dans son pays étaient imputables aux MNT, lesquelles provoquaient en outre 63% des décès prématurés chez les adultes. Elle a précisé que le diabète demeurait la principale préoccupation de son pays en matière de santé et que le cancer, notamment les cancers du sein et du poumon, était la principale cause de décès dans les Îles Marshall. Elle a ajouté qu’outre les facteurs liés au style de vie, les causes sous-jacentes étaient imputables à la pauvreté, au chômage et à une vie malsaine.
La Ministre a ensuite souligné que les MNT étaient également une préoccupation pour le développement, évoquant le coût prohibitif des traitements et la perte de main-d’œuvre provoquée par les maladies. Dans les Îles Marshall, a-t-elle ajouté, le diabète a contribué à une perte d’emploi et de productivité, ce qui a mis à mal notre économie. Il est peu probable que notre société puisse réaliser son plein potentiel, a-t-elle regretté. Mme Matthew a ensuite fait savoir que les pays du Pacifique n’avaient jamais accordé aux MNT l’attention que méritent ces maladies et que la région était actuellement en situation de crise. Cette crise exige une réponse mondiale et un leadership ferme tant aux niveaux national, régional, qu’international, a-t-elle ajouté. La Ministre a également évoqué les mérites d’une approche nationale multisectorielle. Elle a ensuite fait savoir que la « République de Chine (Taiwan) » était un important partenaire de son pays en matière de lutte contre les MNT.
Mme FATIM BADJIE, Ministre de la santé et du bien-être de la Gambie, a précisé que son pays avait adopté en 1998 une loi interdisant la cigarette dans les lieux publics. Dans le souci de réduire la demande, la Gambie a adopté en 2003 une loi interdisant la publicité relative au tabac dans les médias. Elle a souligné que son pays avait dès 2007 ratifié la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.
Soucieuse de promouvoir une bonne alimentation, la Gambie a lancé une initiative intitulée « Retour à la terre » tendant à favoriser la culture et la consommation de produits frais. Elle a précisé que le Ministère de la santé avait aussi mis en place en 2008 une coalition nationale d’organisations non gouvernementales pour la mise en œuvre de la Convention-cadre. Elle a ajouté que la Gambie travaillait actuellement à la formulation d’un plan d’action de 5 ans pour prévenir et lutter contre les MNT. Elle a estimé nécessaire de faciliter la coordination des actions et des expériences des pays et de renforcer les capacités des systèmes de santé en vue de répondre à ce problème. Elle a jugé urgent que le monde prenne des actions réalistes et concrètes à tous les niveaux pour lutter contre les MNT qui sont très bien identifiées.
M. ALBERTO TEJADA, Ministre de la santé du Pérou, a considéré que les maladies non transmissibles étaient causées par les changements environnementaux, technologiques et économiques. Ce sont des maladies que nous avons créées par une consommation démesurée qui ne tient pas compte de la santé humaine. Heureusement, a-t-il poursuivi, « nous savons comment éviter ces maladies » et c’est là qu’il faut mettre l’accent.
Le gouvernement du Président Ollanta Humala encourage un développement qui prend en compte les besoins de l’ensemble de la société, a expliqué le Ministre. Les politiques publiques doivent aider la population à jouir d’une vie saine. S’il existe déjà des exemples concluants en ce qui concerne la lutte contre le tabac et l’alcool, il faut aussi adopter des mesures plus efficaces en matière d’alimentation et d’exercice physique. Le Pérou propose notamment de défendre ses valeurs culinaires traditionnelles, d’améliorer la production et les prix des aliments naturels et d’encourager l’allaitement maternel durant les six premiers mois de la vie. Avant de conclure, le Ministre a souhaité la mise en œuvre de l’Accord sur les aspects des droits de la propriété intellectuelle relatifs au commerce et à la santé.
M. LUIS ESTRUCH RANCAÑO, Vice-Ministre pour la santé de Cuba, a rappelé que son pays avait fait la preuve que l’on pouvait abaisser le taux de la natalité infantile. Aujourd’hui, 70% des décès sont liés aux maladies non transmissibles. Cuba a réduit sa consommation de tabac de 38 à 28%. Mais l’obésité ayant augmenté, l’État a développé des programmes pour réduire la consommation de sel et de sucre. Cuba s’efforce de renforcer les soins de santé primaires axés sur la prévention, en accordant une attention spéciale aux femmes et aux enfants. M. Rancaño a indiqué que son ministère collaborait avec d’autres ministères pour encourager le sport et réduire la consommation de tabac et d’alcool. Cuba produit 80% des médicaments dont elle a besoin, mais il lui faut des partenaires pour réduire le sucre et les graisses trans-saturées dans la production d’aliments. La crise économique mondiale, les changements climatiques, les conflits et catastrophes placent les pays en développement dans une situation difficile pour relever le défi des MNT. Le Vice-Ministre a rappelé que Cuba était victime depuis 60 ans d’un blocus. « Aucune nation ne peut échapper au fléau des MNT, mais nous pouvons le combattre si nous nous unissons tous », a-t-il conclu.
M. MAHMOUD MOHAMED FIKRI, Sous-Secrétaire pour la politique de la santé des Émirats arabes unis, intervenant au nom du Conseil de la coopération du Golfe, a estimé que les efforts de lutte devaient se concentrer sur l’appui financier à apporter aux programmes de prévention et de maîtrise des MNT. Il a expliqué que les changements démographiques dans sa région avaient donné lieu à une plus grande prévalence des maladies cardiovasculaires, du diabète et des maladies respiratoires, précisant que 45% des problèmes de santé étaient liés aux MNT. Il a indiqué que les Émirats arabes unis avaient signé de nombreuses déclarations relatives au diabète notamment, et a ensuite passer en revue le programme de lutte contre le tabagisme de son pays. M. Fikri a fait savoir que le Conseil de coopération du Golfe avait adopté une politique complète en matière de lutte contre le diabète et qu’une attention particulière était accordée à la santé des femmes et des enfants. Il a ensuite annoncé la tenue prochaine à Dubaï d’une conférence sur les MNT.
M. RAED ARAFAT, Sous-Secrétaire d’État à la santé de la Roumanie, a estimé que l’adoption de la Déclaration politique aujourd’hui soulignait le besoin urgent d’une coopération internationale pour répondre aux défis posés par les maladies non transmissibles et fournissait une occasion pour les États d’établir des politiques essentielles, non seulement en matière de santé et de bien-être mais aussi en matière économique et sociale. Prévenir les maladies non transmissibles permettrait de réduire la pauvreté, a-t-il déclaré, en insistant sur l’importance d’actions et de stratégies publiques pour permettre aux individus de faire les bons choix. L’approche doit être double, avec des programmes de prévention adaptés aux besoins de la population et un accès élargi aux diagnostics et aux traitements pour réduire la mortalité imputable aux maladies non transmissibles. Le renforcement des systèmes de santé est, par conséquent essentiel dans cette lutte et c’est pourquoi, des investissements dans ce secteur sont nécessaires. La Roumanie a pris un ensemble de mesures dans ce domaine, avec des projets à destination des enfants et des adultes axés sur l’activité physique ou encore un programme national pour la détection précoce des fractures du myocarde qui a permis de réduire de 3% au niveau national la mortalité liée à ces maladies. Cela démontre que des projets financés par l’État avec des objectifs spécifiques peuvent réduire la mortalité dans des délais très brefs, a souligné le Sous-Secrétaire d’État.
M. MURAT TENCER, Chef du Département de la lutte contre le cancer du Ministère de la santé de la Turquie, a constaté une évolution qui place depuis 20 ans les maladies non transmissibles sur le devant de la scène. En particulier, « on assiste à une véritable métamorphose des cancers ». La lutte contre le cancer doit faire l’objet d’une politique mondiale pour promouvoir des instituts nationaux spécialisés, a-t-il estimé. De tels instituts doivent être relativement indépendants des ministères de la santé; ils doivent comprendre une composante recherche scientifique et respecter les droits des malades. La Turquie a le sixième budget de lutte contre le cancer en Europe, a souligné M. Tencer. La prévention, le dépistage et la sensibilisation font partie de sa politique et la Turquie entend couvrir plus de 70% de la population d’ici à 2015. De même, il est prévu de construire des centres de soins palliatifs dans tout le pays.
M. TOMMO MONTHÉ (Cameroun) a fait part des préoccupations de son pays au sujet de l’augmentation constante de l’impact des MNT en Afrique. Il a observé que les changements des modes de vie n’étaient pas favorables à une bonne santé, faisant notamment référence à l’usage du tabac et de l’alcool et à la sédentarisation, lesquels provoquent, a-t-il affirmé, plus de 40% des cancers. Le représentant a ensuite fait savoir que le Cameroun avait précédemment accordé davantage d’attention aux maladies infectieuses qu’aux MNT. Il a indiqué que les maladies cardiovasculaires touchaient désormais de plus en plus de jeunes et que 6% de la population active du Cameroun vivaient avec le diabète. Il a également fait savoir que 5% de la population souffrait d’asthme, et que les troubles neurologiques et mentaux représentaient 5% du fardeau causé par les maladies non transmissibles. M. Tommo Monthé a expliqué que le Cameroun avait adopté diverses mesures pour limiter la consommation de tabac et d’alcool. De plus, le Ministère de la santé publique a adopté une nouvelle politique de révision du plan sanitaire national, et le Cameroun a ratifié la Convention-cadre l’OMS pour la lutte antitabac. Le Gouvernement du Cameroun s’efforce par ailleurs de mettre sur pied un fonds national pour faire face aux MNT, a dit le représentant.
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