Assemblée générale: impatience devant l’impasse de la Conférence du désarmement et reconnaissance de l’eau comme « principal défi du XXIe siècle
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Assemblée générale
Soixante-cinquième session
117e séance plénière – matin
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: IMPATIENCE DEVANT L’IMPASSE DE LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ET RECONNAISSANCE DE L’EAU COMME « PRINCIPAL DÉFI DU XXIE SIÈCLE
L’Assemblée générale a conclu, ce matin, ses débats sur le désarmement et le droit à l’eau et à l’assainissement, lesquels ont été l’occasion pour les États membres d’appeler, une nouvelle fois, à surmonter l’impasse de la Conférence du désarmement et de reconnaître l’accès à l’eau comme « principal défi du XXIe siècle ». L’Assemblée a ouvert ces débats le 27 juillet dernier.
« Insoutenable », « intenable », « exaspérant », les délégations n’ont pas trouvé de mots assez durs pour exprimer leur impatience devant l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement, depuis plus de 10 ans.
« On ne peut supporter que les principaux objectifs et priorités des États soient indéfiniment détenus en otage par des échecs liés à la procédure ni que les États acceptent d’investir constamment leur temps dans un organe qui ne peut même pas s’entendre sur son programme de travail annuel » a notamment lancé la représentante de la Nouvelle-Zélande.
Pour sortir de l’impasse, le représentant de la Colombie a estimé qu’il fallait revoir la méthodologie de la Conférence et adopter un programme de travail simplifié, grâce à la nomination d’un coordonnateur spécial. Le représentant du Luxembourg a appelé à une réinterprétation de la règle du consensus qui ne devrait pas concerner le programme de travail.
Plusieurs délégations ont souligné que la priorité demeure le lancement immédiat des négociations sur un traité international relatif à l’interdiction de la production des matières fissiles.
Compte tenu de l’impasse, le représentant du Maroc a appelé à la prudence quant à la « tentation » de lancer des négociations en dehors de l’ONU et des instances multilatérales, à cause « du risque d’aboutir à des résultats qui seraient boudés par plusieurs pays ».
La représentante de la Serbie a prévenu qu’il n’était pas envisageable de revitaliser la Conférence sans répondre à la question de l’augmentation du nombre de ses membres.
La conclusion du débat sur le respect du droit à l’eau et à l’assainissement a été l’occasion pour l’Observateur permanent de la Palestine d’illustrer avec des chiffres la situation de sa région, s’agissant de l’eau, « principal défi du XXIe siècle », selon la représentante de la Slovénie.
L’Observateur permanent de la Palestine a indiqué qu’Israël exploitait 90% des ressources en eau partagées avec la Palestine et qu’il contrôlait aussi les 10% accordées aux Palestiniens. Ainsi, 9 000 colons illégaux de la vallée du Jourdain consomment un tiers de l’eau mise à la disposition des 2,5 millions de Palestiniens qui vivent en Cisjordanie.
Les Israéliens consomment en moyenne 280 litres d’eau par personne et par jour, tandis que les Palestiniens sont limités à 60 litres, a-t-il dénoncé.
Le représentant du Kirghizistan a attiré l’attention sur les répercussions des changements climatiques sur l’accès à l’eau potable. Il a fait savoir que l’approvisionnement en eau fraîche de son pays dépendait principalement du grand nombre des glaciers qui connaissent malheureusement une fonte significative, menaçant même de disparaître d’ici à 100 ans. « Une telle situation provoquerait une pénurie dramatique en eau », a-t-il observé.
S’attardant sur l’assèchement « dramatique » de la mer d’Aral, le représentant du Tadjikistan a averti que l’environnement ne pouvait plus supporter de grandes étendues de cultures avides d’eau, telles que la culture du coton.
La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
SUIVI DE LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU DU 24 SEPTEMBRE 2010 DESTINÉE À REVITALISER LES TRAVAUX DE LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ET À FAIRE AVANCER LES NÉGOCIATIONS MULTILATÉRALES SUR LE DÉSARMEMENT
Déclarations
M. MIGUEL CAMILO RUIZ (Colombie) a jugé primordial d’inscrire les négociations sur le désarmement dans le cadre des Nations Unies. Le blocage de la Conférence n’est pas tenable, a-t-il prévenu, tout en estimant que la situation peut être surmontée. Il faut adopter une attitude plus flexible et faire preuve de créativité pour trouver de nouvelles voies de compromis, a-t-il suggéré. M. Ruiz a indiqué que la Colombie a présenté un document qui explique la paralysie de la Conférence mais qui indique aussi qu’aucune raison ne justifie cette paralysie.
Il n’est pas normal qu’une telle instance n’affiche aucun résultat pendant toute une décennie. Il faut revoir la méthodologie suivie et adopter un programme de travail simplifié. S’agissant des thèmes de négociations, il a proposé de commencer par négocier un traité sur l’interdiction des matières fissiles, ajoutant que d’autres thèmes sont suffisamment mûrs, comme les garanties de sécurité négatives. Il a enfin proposé de désigner un coordonnateur spécial sur le désarmement qui formulerait des recommandations sur la procédure, de rationaliser les coûts de la Conférence, de nommer des experts techniques sur certains points et d’envisager d’augmenter le nombre des membres de la Conférence.
M. MANUEL KORCEK (Slovaquie) a déclaré que l’état actuel des choses au sein de la Conférence entravait sa crédibilité et sa pertinence dans la réponse aux besoins sécuritaires de tous. Il a affirmé que la Conférence était l’élément clef de l’ensemble du mécanisme du désarmement. Nous devons la ressusciter et raviver son potentiel car nous ne pouvons nous permettre de faire perdurer l’impasse, a-t-il dit. Le représentant a estimé que si la Conférence s’avérait incapable d’entamer des travaux substantiels, il serait nécessaire de briser l’impasse par d’autres moyens. Il a appuyé la tenue d’une quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement et le lancement immédiat des négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles.
Mme BERNADETTE CAVANAGH (Nouvelle-Zélande) a estimé qu’on ne pouvait plus continuer de considérer la Conférence comme le principal forum pour le désarmement alors que les principales négociations en matière de désarmement, ces 15 dernières années, avaient échoué ou avaient été contournées. On ne peut s’attendre à ce que les principaux objectifs et priorités des États soient indéfiniment détenus en otage par des échecs liés à la procédure ni à ce que les États acceptent d’investir constamment leur temps dans un organe qui ne peut même pas s’entendre sur son programme de travail annuel. Il faut, a-t-elle estimé, démystifier ce programme et cesser de croire qu’il est plus important que les négociations elles-mêmes.
M. JAKKRIT SRIVALI (Thaïlande) a affirmé que le désarmement était certes un moyen de promouvoir la paix et la sécurité, mais qu’il n’était pas une fin en soi. Il a engagé les membres de la Conférence à faire en sorte que les travaux de fond sur les questions clefs démarrent. Il a également engagé la Conférence à intensifier ses efforts pour répondre aux préoccupations de ses membres et à se pencher sur la question de l’augmentation du nombre de ses membres. Il s’est dit convaincu que cette question pouvait être examinée parallèlement au travail de fond.
M. OLIVIER MAES (Luxembourg) a déclaré que ceux qui prennent au sérieux le progrès dans le domaine du désarmement international ne peuvent plus accepter l’absence de négociations substantielles à la Conférence du désarmement. À Genève comme à New York, beaucoup d’États font preuve d’une réelle volonté politique pour déverrouiller la machinerie internationale du désarmement, a-t-il dit en appelant tout un chacun à prendre ses responsabilités pour mettre en œuvre le programme de travail adopté en 2009. La priorité demeure le lancement immédiat des négociations sur un traité international multilatéral, non discriminatoire et vérifiable sur l’interdiction de la production de matières fissiles. La création d’un groupe d’experts scientifiques mandaté pour examiner les aspects techniques d’un traité « cut-off » constituerait une mesure de confiance qui pourrait faciliter le lancement des négociations. Le Luxembourg attache une grande importance à une meilleure implication de la société civile et juge indispensable de mener une réflexion approfondie sur le mode opératoire de la Conférence, dont une réinterprétation de la règle du consensus.
Mme DANIJELA ČUBRILO (Serbie) a estimé que pour réaffirmer son importance, la Conférence devrait être plus efficace et plus efficiente. Elle a appelé à l’intensification des efforts pour régler les différends actuels et a appelé les États à entamer sans délai des discussions de fond sur les questions clefs. Elle a aussi appelé à réglementer le statut des États observateurs. Mme Čubrilo a affirmé qu’il n’était pas envisageable de revitaliser le travail de la Conférence sans répondre à la question de l’augmentation du nombre de ses membres, avant de rappeler que la Serbie avait exprimé à plusieurs reprises son désir de devenir membre de la Conférence.
M. ABIODUN RICHARDS ADEJOLA (Nigéria) a, lui aussi, regretté que la machinerie multilatérale du désarmement et en particulier la Conférence n’aient pas, pendant plus de 10 ans, répondu aux attentes de la communauté internationale. Il a rappelé qu’en marge de la session de fond de la Commission du désarmement qui s’est tenue en 2011, son pays s’était joint à plus de 40 autres pour réclamer la convocation de la réunion qui se tient aujourd’hui à l’Assemblée générale. Il a invité les États Membres à saisir cette occasion pour réaffirmer l’engagement de la communauté internationale à promouvoir la philosophie du multilatéralisme dans les négociations sur le désarmement et la non-prolifération.
M. Adejola a rappelé que de nombreuses délégations ont dénoncé les subterfuges de certains pour ralentir le processus de la Conférence. Il a exhorté les États nucléaires à envisager en priorité l’élimination totale de leur arsenal. Il a réitéré que la Conférence est l’organe approprié des Nations Unies pour faire avancer l’Agenda pour le désarmement nucléaire, notamment les négociations sur un traité sur l’interdiction des matières fissiles.
M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a qualifié « d’exaspérant et de contre-productif » le fait de ramener à chaque fois les discussions de la Conférence à la case zéro. Il a souligné que le consensus n’était pas censé constituer un élément de blocage, engageant les États Membres à faire preuve de flexibilité et de responsabilité. Le représentant a affirmé que la Conférence demeurait le cadre idoine pour faire progresser les négociations en matière de désarmement, et l’a appelée à adopter une approche globale, intégrée et pragmatique. Il a également souligné l’importance d’adopter une démarche qui prenne en considération la sécurité nationale, régionale et globale. Il a appelé à la prudence quant à la « tentation » de lancer des négociations en dehors de la Conférence et des instances multilatérales, « porteuse du risque d’aboutir à des résultats qui seraient boudés par plusieurs pays ».
M. Loulichki a appelé les États Membres à tirer profit de la réussite de la dernière Conférence d’examen du TNP pour élaborer un consensus international sur le désarmement. Il a estimé que ce consensus pourrait être bâti sur la base de la responsabilité partagée mais différenciée. Il a également appelé au démarrage du processus de mise en œuvre de la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient. Il a estimé que les négociations parallèles d’un traité interdisant la production des matières fissiles seraient une mesure de confiance de nature à donner un élan au désarmement nucléaire.
M. DIEGO MOREJÓN (Équateur) a souhaité que les États Membres soient guidés par un esprit de multilatéralisme dans leurs efforts pour sortir de l’impasse de la Conférence. Il s’est demandé pourquoi une volonté politique existait sur certains aspects du programme de travail de la Conférence, mais pas sur d’autres. Le représentant a souligné la nécessité de négocier un traité d’interdiction des matières fissiles, instrument qui est aussi important qu’une convention sur les armes nucléaires ou qu’un traité sur les garanties de sécurité négatives. L’impasse dans laquelle se trouve la Conférence reflète l’absence de volonté politique, a-t-il regretté. Il a remarqué que la Conférence s’était concentrée sur la non-prolifération, sans saisir cette opportunité pour progresser sur le désarmement nucléaire. Enfin, il a jugé nécessaire d’organiser une quatrième session extraordinaire sur le désarmement à l’Assemblée.
Mme SIMONA MICULESCU (Roumanie) a appelé la Conférence à reprendre son rôle de forum de négociations, ajoutant qu’une impasse poserait à long terme de sérieux problèmes. Consciente que les décisions de la Conférence doivent être prises par consensus, elle a reconnu que cela n’était pas toujours facile. Cela dit, s’entendre sur un programme de travail ne devrait pas être si difficile, a-t-elle ajouté. Elle a averti du risque de voir certains États négocier en dehors de la Conférence. Ce ne serait dans l’intérêt de personne, a-t-elle prévenu. Il faut revoir les méthodes de travail de la Conférence, notamment ses procédures et ses principes opérationnels et envisager d’autres moyens de sortir de l’impasse. Elle a ajouté que l’élément clef d’un processus de désarmement irréversible était la négociation d’un traité sur l’interdiction des matières fissiles.
APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES DE L’EAU ET L’ASSAINISSEMENT
Déclarations
M. JULIO PERALTA (Paraguay) a relevé que, à moins de quatre ans de l’échéance prévue pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et notamment l’Objectif relatif à l’eau, les progrès restent encore lents. Presque le tiers de la population mondiale continue de manquer d’accès à l’assainissement et environ un septième ne peut accéder à l’eau potable, a-t-il noté avec préoccupation. Le Gouvernement du Paraguay continue à mettre en œuvre tous les moyens possibles pour arriver à fournir ces services à toute la population dans les plus brefs délais, a-t-il assuré. M. Peralta a en même temps demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts en ce sens, en tenant compte des effets de la crise économique mondiale et des manifestations dévastatrices de la nature. Il a espéré que la Conférence sur le développement durable qui se tiendra à Rio en 2012 sera l’occasion de réaffirmer avec détermination les engagements en ce sens, pour que les futures générations vivent dans un monde où le développement humain et la jouissance des ressources naturelles sont en harmonie.
M. SHALVA TSISKARASHVILI(Géorgie) a indiqué que son gouvernement s’efforçait d’améliorer l’approvisionnement en eau dans les zones urbaines et rurales ainsi que les services d’assainissement. Il a passé en revue les principales initiatives lancées en la matière, notamment avec des partenaires au développement. Une carte électronique permet d’évaluer l’étendue des gaspillages en eau, tandis que des programmes précis ciblent les communautés reculées du pays.
M. DIEGO LIMERES (Argentine) a soutenu le développement progressif du droit international des droits de l’homme et a indiqué que, depuis sa réforme constitutionnelle de 1994, l’Argentine intègre dans son ordre juridique interne les principes fondamentaux de ces droits, que ce soient les droits civils et politiques comme les droits économiques, sociaux et culturels. L’Argentine a ainsi appuyé divers documents internationaux qui reconnaissent l’importance de l’accès à l’eau potable et aux services d’assainissement. M. Limeres a reconnu qu’il incombe à l’État de garantir à la population cet accès et a rappelé que sa délégation a voté en faveur de la résolution sur « le droit fondamental à l’eau et à l’assainissement ». Il a aussi fait référence à la Déclaration de Caracas, du 29 avril 2011, qui reconnaît le droit à l’eau potable et à l’assainissement comme droit de l’homme essentiel pour la pleine jouissance de la vie et de tous les droits de l’homme.
M. DIEGO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) a expliqué que son gouvernement s’attache à adopter des politiques visant à protéger les droits de l’homme, notamment pour favoriser un développement humain durable et l’accès aux éléments essentiels comme l’eau. Ce sont des principes reconnus au niveau de la Constitution équatorienne, a-t-il précisé. Maintenir son patrimoine hydraulique est une priorité pour le Gouvernement de l’Équateur, a-t-il ajouté, expliquant qu’il œuvre à cet effet de concert avec les gouvernements locaux et toute la société. Le représentant a aussi relevé que l’eau est un élément spécial des rituels et de la vie des peuples, car elle permet notamment la reproduction de la culture et la conservation des identités. Il a aussi souligné combien il est important que les États garantissent la qualité de l’eau et l’assainissement.
M. JOÃO MARIA CABRAL (Portugal) a indiqué que son pays était fermement engagé à assurer le respect du droit à l’eau et à l’assainissement. Il a indiqué que 94% de la population portugaise avait accès à l’eau, et qu’elle était de bonne qualité à 98%. De plus, 80% des Portugais ont accès à l’assainissement. Les sources d’eau potable et les services de traitement des eaux usagées sont classifiés comme des services publics essentiels et jouissent d’un statut spécial tendant à protéger les utilisateurs de tout abus de la part des fournisseurs. Il a évoqué le rôle critique que joue le système de réglementation nationale de l’eau et des services des déchets. Il a également fait savoir que les familles nombreuses ou à faible revenu bénéficient de tarifs préférentiels.
M. TURDAKUN SYDYKOV (Kirghizistan) a expliqué que plus de 90% du territoire de son pays était constitué de montagnes, lesquelles recelaient des glaciers qui contiennent près de 650 milliards de mètres cubes d’eau et assurent ainsi l’approvisionnement en eau de la région. Il a cependant signalé que le réchauffement climatique avait provoqué une fonte significative des glaciers et qu’ils risquaient complètement de disparaître dans 100 ans. Cela provoquerait une pénurie dramatique en eau, a-t-il observé.
Le représentant a ensuite expliqué que son gouvernement avait lancé plusieurs projets pour améliorer les canalisations et l’infrastructure du pays. De plus, le cadre juridique comprend notamment une loi visant à protéger la santé des personnes de la présence de substances polluantes dans l’eau.
Mme SANJA ŠTIGLIC (Slovénie) a affirmé que l’eau était le principal défi du XXIe siècle, rappelant que l’accès à l’eau et à l’assainissement était étroitement lié à la pauvreté. Elle a estimé que la gouvernance de l’eau ne concernait pas uniquement des mesures techniques ni des décisions politiques. L’inclusion sociale, le respect des minorités et la promotion de l’égalité entre les sexes sont essentiels pour assurer un accès équitable à l’eau et à l’assainissement, s’est-elle expliquée, ajoutant que l’usage efficace des ressources naturelles, l’eau notamment, devait être une priorité pour l’économie verte et pour le Sommet Rio+20.
M. MIGUEL CAMILO RUIZ (Colombie) a estimé qu’il appartient à l’État de garantir une prestation efficace des services publics à tous les habitants de son territoire, même s’ils peuvent être fournis de façon indirecte par des communautés organisées ou des particuliers. En Colombie, nous avons consenti à des efforts majeurs pour étendre les services de haute qualité, a-t-il indiqué. Un plan hydraulique national a été adopté, qui prévoit notamment un objectif de conservation d’ici à 2014 d’au moins 80% des écosystèmes qui abritent les ressources hydrauliques, a-t-il illustré. Il a également mentionné 10 programmes prioritaires portant notamment sur le contrôle de la pollution et sur la prévention des risques associés à la disponibilité des ressources en eau. Des efforts ont été faits en particulier pour la gestion des risques, en tenant compte des phénomènes El Niño et La Niña, a-t-il précisé. M. Ruiz a enfin parlé des efforts du Gouvernement pour la gestion des eaux résiduelles dans les municipalités.
Mme BERNADETTE CAVANAGH (Nouvelle-Zélande) a indiqué que dans la région du Pacifique, la question environnementale la plus pressante était celle de l’accès à l’eau potable. Elle a notamment expliqué que l’élévation du niveau de la mer avait une incidence sur la qualité de l’eau. Elle a ensuite indiqué que son pays faisait la promotion de la récolte des eaux pluviales et de l’amélioration des infrastructures en eau dans plusieurs pays insulaires du Pacifique.
M. MANJEEV SINGH PURI (Inde) a, citant Gandhi, dit que « l’assainissement est même plus important que l’indépendance ». Pourtant, a-t-il reconnu, l’Inde est toujours confrontée à un manque généralisé de services d’assainissement tandis que 12% de sa population n’a toujours pas accès à l’eau potable. En conséquence, ces cinq dernières années, le pays a multiplié par 6 les investissements dans l’assainissement en milieu rural. Au titre de la campagne pour l’assainissement, le Gouvernement a également réorienté son approche en mettant l’accent sur la demande comme moteur du changement, grâce à la mobilisation des chefs des communautés locales. Un accent particulier a aussi été placé sur l’élargissement de l’accès à l’eau potable. À ce jour, près de 300 villages supplémentaires reçoivent de l’eau potable chaque jour.
Malgré sa taille, l’Inde continue d’engranger les progrès vers la réalisation des OMD relatifs à l’eau et à l’assainissement. Beaucoup reste à faire et partant, l’assainissement doit être la priorité des politiques de développement et un élément clef du cadre intégré des politiques publiques pour lui assurer un financement adéquat. Après avoir soulevé la question de l’accès à des technologies abordables, le représentant a voulu que les discussions s’intensifient au Conseil des droits de l’homme
M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a argué que son pays a démontré sa volonté comme un partenaire pour assurer un accès universel à l’eau potable. Le défi est rendu d’autant plus difficile que les changements climatiques compliquent les choses tout comme les exigences du développement économique. Le représentant a prôné la coopération Sud-Sud, arguant que la coopération et le dialogue entre les États sont des éléments fondamentaux pour l’exercice du droit à l’eau et l’assainissement.
M.SIRODJIDIN M.ASLOV (Tadjikistan) a invité à utiliser les mécanismes existants pour la coopération en matière de ressources en eau. Nous estimons qu’il est important de promouvoir une bonne utilisation de l’eau pour progresser dans le développement durable, a-t-il dit. Il a salué des initiatives comme la Décennie internationale d’action « l’eau, source de vie », manifestation qui doit renforcer l’idée que cette question mérite toute l’attention des Nations Unies, a-t-il dit. Le représentant a expliqué qu’en Asie centrale, les changements climatiques peuvent entraîner une pénurie des ressources en eau. Mais le développement de l’énergie hydroélectrique dans cette région peut résoudre en grande partie les problèmes. Le représentant a attiré l’attention sur le dessèchement de la mer d’Aral qui a perdu plus de 90% de son volume et plus de 80% de sa superficie. L’environnement ne peut plus supporter de si grandes étendues de cultures aussi avides en eau, telles que la culture du coton, a-t-il averti.
Mme HELEN BECK (Îles Salomon) a indiqué que les nappes phréatiques des petits États insulaires en développement (PEID) devenaient saumâtres du fait des infiltrations d’eau saline provoquées par l’élévation du niveau de la mer. Elle a appelé à des solutions durables afin d’assurer le respect du droit à l’accès à l’eau potable et à l’assainissement aux millions d’habitants de ces pays. Elle a notamment estimé que les engagements pris en matière d’OMD devaient être accompagnés d’initiatives concrètes sur le terrain. Mme Beck a expliqué que son pays accordait une attention particulière à la gestion durable des bassins et des zones de captage d’eau.
Elle a ensuite regretté que de nombreux États aient déjà annoncé qu’ils ne renouvèleraient pas leur engagement en faveur du Protocole de Kyoto. Cela est de mauvais augure pour les efforts consacrés à la protection de cette ressource vitale, s’est-elle inquiétée. Nous devons faire preuve d’audace, changer nos modes de consommation, protéger les sources d’eau de la pollution issue de l’industrie extractive et promouvoir une technologie propre et abordable. Les efforts déployés en la matière doivent bénéficier des ressources suffisantes, a-t-elle ajouté.
M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de la Palestine, a indiqué qu’Israël exploitait 90% des ressources en eau partagées avec la Palestine et qu’il contrôlait aussi les 10% accordées aux Palestiniens. Il a fait savoir que 9 000 colons illégaux de la vallée du Jourdain consommaient un tiers de l’eau mise à la disposition des 2,5 millions de Palestiniens qui vivent en Cisjordanie. Les Israéliens consomment en moyenne 280 litres d’eau par personne et par jour, tandis que les Palestiniens sont limités à 60 litres. Il a ajouté que dans certaines parties de la Cisjordanie, les Palestiniens subsistaient avec seulement 10 à 30 litres d’eau, ce qui est bien en-deçà de la recommandation de 100 litres quotidiens de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Il a également expliqué que 80% de la population de la bande de Gaza était contrainte d’acheter de l’eau car l’eau de la région était impropre à la consommation.
Le représentant a par ailleurs estimé que l’aide humanitaire d’urgence dont bénéficie la Palestine pour faire face à la pénurie en eau ne serait pas nécessaire si les États Membres et l’ONU effectuaient un plaidoyer plus efficace pour assurer la protection des infrastructures d’eau et d’assainissement. Il a appelé la communauté internationale à enjoindre Israël de respecter le droit à l’eau potable et à l’assainissement et de distribuer les ressources en eau de manière équitable. Il a également voulu que l’on mette fin à la destruction des infrastructures dans les Territoires palestiniens occupés, y compris à et aux alentours de Jérusalem-est.
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