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AG/11091

VIH/sida: le coût des médicaments de nouveau au cœur d’une discussion en marge de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale

09/06/2011
Assemblée généraleAG/11091
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

Table ronde sur le VIH/sida

matin


VIH/SIDA: LE COÛT DES MÉDICAMENTS DE NOUVEAU AU CŒUR D’UNE DISCUSSION EN MARGE DE LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


La troisième table ronde sur « l’innovation et les nouvelles technologies », organisée en marge de la réunion sur le VIH/sida, a été l’occasion pour les États de poursuivre la discussion sur le coût des médicaments essentiels et l’accès universel aux traitements.  Si l’Inde a de nouveau réclamé un abaissement des barrières qui bloquent l’accès universel aux traitements, évoquant en particulier le coût élevé des médicaments antirétroviraux, la Directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Mme Margaret Chan, a refusé tout compromis sur la qualité des médicaments approuvés. 


La question de la différence entre pays industrialisés et en développement a été mise en lumière par M. Ratu Epeli Nailatikau, Président de la République des Fidji, qui dirigeait la séance.  Il a souligné que ces dernières années, l’innovation a donné lieu à des progrès thérapeutiques qui ont transformé « le sida en une maladie chronique dans les pays riches ».  Dans les pays pauvres, affectés de manière disproportionnée par le sida, ce sont d’abord les médicaments génériques qui ont permis à 6 millions de personnes d’avoir accès à un traitement qui leur a sauvé la vie.


« Aujourd’hui, l’innovation doit être partagée, il faut que le Sud et le Nord harmonisent davantage leurs systèmes de prestations de services et leurs politiques de santé publique afin que les progrès techniques permettent d’accélérer l’universalisation de l’accès aux médicaments essentiel », a-t-il insisté.


« La réponse n’est pas que technologique, elle doit être également politique et sociale », a estimé M. José Ángel Córdova Villalobos, Ministre de la santé du Mexique.  Seule une approche globale permettra de répondre efficacement aux défis du VIH/sida, conformément à la feuille de route d’ONUSIDA, « Traitement 2.0 », qui fait de l’amélioration de la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH ainsi que de la réduction du nombre de morts dus à l’infection, deux priorités absolues, a-t-il dit.


L’approche de la pandémie doit changer et tenir compte du fait qu’aujourd’hui, le traitement doit être administré tôt à valeur de prévention. « Cet acte thérapeutique empêche les contaminations », a souligné le Ministre.


« Les États ont l’obligation d’assurer un accès universel aux médicaments essentiels tant pour améliorer le bien-être que pour stopper la cascade effroyable des transmissions », a renchéri M. Christoforos Mallouris, de l’organisation chypriote Global Network of People Living with HIV (GNP+). 


Se référant au projet de document final de la Réunion de haut niveau, il a souhaité que la reconnaissance des besoins spécifiques et urgents des professionnels du sexe et des toxicomanes y figure en bonne place.


La Directrice générale de l’OMS, Mme Margaret Chan, a d’abord rendu hommage aux activistes du sida et à la société civile qui « ont été à l’avant-garde de tout ce qui a été fait sur le plan thérapeutique ».  Aujourd’hui, plus de 6 millions de personnes dans les pays en développement ont accès aux antirétroviraux.  Les pays acceptent l’innovation mais c’est dans le partage des coûts que l’on doit avancer, a-t-elle reconnu, orientant ainsi la discussion vers une question qui a suscité plusieurs réactions.


« Si une innovation n’est pas abordable, c’est encore pire », a dit Mme Chan, en paraphrasant ses interlocuteurs africains.  Elle a affirmé qu’il existe « des solutions tarifaires, des passations de marchés qui peuvent améliorer la situation et simplifier la fourniture de traitements ».


Les délégations ont réagi vivement à ces propos.  L’Inde a, comme hier lors de la plénière, plaidé activement pour un abaissement des barrières qui bloquent l’accès universel aux traitements, évoquant en particulier « le coût élevé des médicaments antirétroviraux ». 


« Les compagnies pharmaceutiques indiennes produisent des médicaments efficaces et abordables vendus non seulement en Inde mais dans près de 200 autres pays », a-t-il rappelé.  Affirmant que les génériques produits par l’Inde ne sont pas d’une qualité moindre, il a prévenu que les intérêts commerciaux pourraient conduire à « des barrières artificielles entre la vie la mort ».  


Nous devons faire en sorte, a-t-il dit, que le potentiel de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce (ADPIC) soit pleinement exploité.


Ces vues ont été appuyées par le Brésil, tandis que M. James Love, de l’organisation Knowledge Ecology International (KEI), a posé la question de la distinction entre coût de l’innovation et coût des médicaments.  Le pool des brevets de l’OMS pourrait faciliter l’obtention de licences volontaires de la part du secteur pharmaceutique, a suggéré la Thaïlande. 


La Directrice générale de l’OMS a prévenu que son Organisation « ne fera jamais de compromis sur la qualité.  On n’approuve pas des produits à la légère ».  Vantant la compétence des procédures de préqualification des médicaments de l’OMS, elle a expliqué que les experts agrées étaient indépendants et qu’ils examinent les données cliniques « avec le plus grand sérieux ».


Le Swaziland et l’Afrique du Sud, ont plaidé pour des structures de partage des avancées technologiques.  Ils se sont ralliés à l’Inde, en notant qu’arithmétiquement, seule une baisse du coût des traitements peut permettre l’élargissement de la couverture santé des personnes contaminées.  À l’instar du Rwanda, plusieurs pays ont toutefois rappelé que les acquis de ces 30 ans d’innovation peuvent être d’ores et déjà être utilisés au profit du plus grand nombre.


L’Indonésie a attiré l’attention sur « un point oublié ou dont on parle mal dans les débats », à savoir la nécessité de traiter plus efficacement la toxicomanie, « un comportement qui est d’abord une maladie étroitement liée à la propagation du sida en Asie ».  « La prévention doit cibler les populations les plus difficiles à atteindre, y compris les travailleurs migrants et les clandestins », a déclaré le représentant portugais, appuyé par le Mexique. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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