La « responsabilité partagée », enjeu d’une riposte renforcée au VIH/sida
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Assemblée générale
Soixante-cinquième session
Table ronde sur le VIH/sida
matin
LA « RESPONSABILITÉ PARTAGÉE », ENJEU D’UNE RIPOSTE RENFORCÉE AU VIH/SIDA
« C’est parce qu’aucun pays, aussi puissant soit-il, ne peut à lui seul résoudre un problème tel que le VIH/sida, qu’il est urgent de réfléchir à une nouvelle définition de la solidarité », a déclaré ce matin, M. Michel Sibidé, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA).
Intervenant à une table ronde intitulée « Responsabilité partagée – Un nouveau pacte mondial pour la lutte contre le VIH/sida », en marge de la Réunion de haut-niveau de l’Assemblée générale sur le VIH/Sida, M. Sibidé a dit que la responsabilité partagée implique un nouveau partenariat « parce que la charité ne suffit pas ».
Si la table ronde a été l’occasion pour certains de souligner la responsabilité des donateurs, d’autres ont reconnu que le concept de « responsabilité partagée » impliquait que les gouvernements nationaux s’approprient la lutte contre le VIH/sida et mettent en place les politiques et les programmes nécessaires.
Parce que le VIH/sida est un problème multisectoriel qui touche à la fois à la santé, au développement social, aux droits de l’homme et à l’égalité entre les sexes, l’ensemble des intervenants ont jugé essentiel que le nouveau pacte mondial se traduise par une démarche inclusive et intégrée associant dûment la communauté internationale, les gouvernements, la société civile, le secteur privé, les groupes concernés et les communautés locales.
Présidée par M. Denzil Douglas, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, la table ronde a été émaillée par les exposés de M. Sorend Pind, Ministre du développement et de la coopération du Danemark et Mme Juneia Batista, représentante du syndicat « Central Unica dos Trabalhadores ».
La syndicaliste a appelé les pays riches à respecter leurs engagements de financer la lutte contre le VIH/sida et les pays pauvres à appliquer avec efficacité des programmes propres à inverser l’évolution de la pandémie et à faire disparaître la discrimination. Quels que soient les montants investis, rien ne changera dans les pays concernés s’ils ne s’approprient eux-mêmes les politiques nécessaires, a renchéri le Ministre du développement et de la coopération du Danemark.
Nous sommes au moment le plus propice pour renforcer les capacités nationales, s’est réjoui le Directeur exécutif d’ONUSIDA. La majorité des pays africains connaissent en effet une croissance moyenne de 5% alors qu’ils n’étaient qu’une poignée, il y a 10 ans. Ils doivent définir les rôles et les responsabilités; accroître le nombre des acteurs et galvaniser les communautés concernées, a tranché le Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis.
S’agissant de la contribution de la communauté internationale, M. Bernard Kouchner, ancien Ministre des affaires étrangères et ancien Ministre de la santé de la France, a mis l’accent sur l’importance des financements innovants: un prélèvement de 5 centimes sur 1 000 dollars de transactions mobilières ou de mouvement de capitaux permettrait de soigner tous les malades du VIH/Sida dans le monde. L’ancien Ministre a regretté que cette proposition soit encore bloquée « pour des raisons politiques ».
Le Ministre danois du développement et de la coopération a regretté que certains bailleurs de fonds se cachent derrière la discussion sur les financements innovants pour réduire leur Aide publique au développement (APD) et renier leurs engagements. Mais la responsabilisation passe aussi par l’obligation d’informer nos électeurs du bien-fondé et de l’efficacité des mesures que nous initions dans les pays en développement, a-t-il ajouté. En combinant les luttes contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, « on soignerait plus avec moins d’argent », a souligné le représentant de la Facilité internationale d’achat de médicaments (FIAM).
Les pays en développement doivent être aidés pour optimiser la gestion des ressources, a dit la représentante du Bénin, en citant des difficultés au niveau local et des ruptures de stock, alors que les financements internationaux sont là.
En toutes choses, il faut agir en amont en éduquant les jeunes, a prôné la Directrice de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Mme Irina Bokova. Aucune riposte ne sera efficace si elle ne combat pas l’exclusion, la marginalisation et la stigmatisation de ceux qui vivent avec le VIH/sida, a insisté la représentante de l’Afrique du Sud.
« La réponse médicale à elle seule ne suffira pas », a poursuivi la représentante de « Central Unica dos Trabalhadores ». Elle a appelé à une réponse multisectorielle impliquant tous les partenaires concernés, gouvernements, société civile, scientifiques, secteur privé, média et communautés locales. Sur un plan plus concret, elle a appelé à la levée des obstacles à la fabrication, l’importation, l’exportation et la distribution des antirétroviraux. Le représentant de la Thaïlande a plaidé, à cet égard, pour le renforcement de la coopération Sud-Sud afin de garantir une flexibilité commerciale dans l’accès aux médicaments génériques.
Si on veut réussir dans les 10 à 15 prochaines années, il faut se concentrer sur la mise en œuvre locale, dans le respect des réalités locales et à l’écoute des groupes minoritaires, a conclu le Ministre du développement et de la coopération du Danemark. Un nouveau pacte doit nous emmener vers une société plus inclusive qui mette ceux qui n’étaient pas entendus au centre de la riposte, a renchéri le Directeur exécutif d’ONUSIDA. « Une société tolérante doit pouvoir s’appuyer autant sur des valeurs partagées que sur des moyens partagés. »
La « responsabilité partagée » est l’engagement continu de trouver de nouvelles voies de coopération conformes aux pactes existants, a conclu, à son tour, la représentante de « Central Unica dos Trabalhadores ».
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