Assemblée générale: 25 ans après Tchernobyl et interpelé par Fukushima, Ban Ki-moon met sur la table des dirigeants mondiaux sa stratégie en cinq points sur la sûreté nucléaire
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Assemblée générale
Soixante-cinquième session
87e séance plénière – matin
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: 25 ANS APRÈS TCHERNOBYL ET INTERPELÉ PAR FUKUSHIMA, BAN KI-MOON MET SUR
LA TABLE DES DIRIGEANTS MONDIAUX SA STRATÉGIE EN CINQ POINTS SUR LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE
Vingt-cinq ans après la catastrophe de Tchernobyl, le Secrétaire général de l’ONU est revenu, ce matin, devant l’Assemblée générale, sur la stratégie en cinq points relative à la sûreté nucléaire qu’il a présentée, la semaine dernière, à Kiev, en Ukraine, au Sommet sur l’utilisation sûre et innovante de l’énergie nucléaire. La stratégie sera mise sur la table des chefs d’État et de gouvernement qu’il compte réunir en septembre prochain, autour de cette question.
Le Secrétaire général intervenait à la séance commémorative que l’Assemblée générale a organisée aujourd’hui pour le vingt-cinquième anniversaire de l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl, intervenu le 26 avril 1986, en Ukraine, et provoquant l’évacuation de quelque 300 000 personnes.
La catastrophe a gravement touché le Bélarus et la Fédération de Russie. Elle est le premier accident classé au niveau 7 sur l’Échelle internationale des évènements nucléaires (INES); le deuxième étant la catastrophe de Fukushima du 11 mars dernier, également classé au niveau 7.
« Nous devons traiter de la sûreté nucléaire aussi sérieusement que nous traitons des armes nucléaires », a déclaré Ban Ki-moon, conscient du fait que l’énergie nucléaire, avec son faible taux d’émissions de gaz à effet de serre, continuera d’être une ressource importante pour de nombreux pays.
Sa stratégie en cinq points se décline de la manière suivante: réévaluation complète des normes de sûreté tant au niveau national qu’international; renforcement du travail de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en matière de sûreté nucléaire; et reconnaissance du lien entre sûreté nucléaire et catastrophes naturelles.
La stratégie prévoit aussi une analyse de la rentabilité de l’énergie nucléaire et le renforcement du lien entre sûreté et sécurité nucléaires ainsi que la reconnaissance du fait que l’énergie et la sûreté nucléaires sont des questions d’intérêt national et mondial.
Avec d’autres, le Secrétaire général s’est félicité ce matin de la promesse de certains pays de débloquer 550 millions d’euros pour la construction d’un nouveau sarcophage d’une durée de vie de 100 ans, pour le réacteur endommagé de Tchernobyl. « Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’un sarcophage pour protéger toute la planète », a prévenu le Secrétaire général.
Pour faire face aux conséquences de la catastrophe, le Bélarus dépense 1,2 million de dollars par jour dont moins d’1% vient de la communauté internationale, a indiqué le Président de ce pays, par la voix de son Conseiller en matière de politique étrangère, Valentin Rybakov. Il a voulu que l’on aille au-delà des conférences et des symposiums et que l’on passe à des projets socioéconomiques concrets, par exemple à l’accès aux nouvelles technologies de l’agriculture et de la foresterie.
Le représentant de l’Ukraine, Yuriy Sergeyev, n’a pas dit autre chose. Il s’est félicité de la Déclaration de Kiev, document final du Sommet, qui démontre la volonté des États de coopérer plus avant dans la sûreté nucléaire.
« Au XXIe siècle, la possession de technologies nucléaires n’est pas une prérogative, mais une énorme responsabilité pour les États, aussi bien envers leur population, qu’envers les États voisins et l’ensemble de la planète », a-t-il ajouté.
Atténuer, grâce à de nouvelles technologies, la menace que continue de faire peser la centrale nucléaire de Tchernobyl est dans l’intérêt de tous, a renchéri son homologue de la Fédération de Russie, pays qui avec les autres pays de la Communauté des États indépendants (CEI), a déclaré le 26 avril, « Journée internationale de commémoration des victimes d’accidents et de catastrophes radiologiques ».
La Fédération de Russie s’est aussi engagée à verser 20 millions de dollars en 2011 et en 2012 au Fonds de construction du nouveau sarcophage à Tchernobyl. Pour son représentant, Alexander Pankin, il faut mobiliser les capacités scientifiques, techniques et financières de la communauté internationale et faire de l’ONU, le catalyseur de la coordination des efforts internationaux.
Mme María Rubiales de Chamorro, Présidente par intérim de l’Assemblée générale, a rappelé qu’en 2007, l’Assemblée a proclamé 2006-2026 « Décennie du relèvement et du développement durable des régions touchées par la catastrophe de Tchernobyl », en la dotant d’un Plan d’action.
Les représentants des groupes régionaux ont parlé d’une même voix. Ils ont rendu hommage à la mémoire des victimes de la catastrophe de Tchernobyl et souhaité que la communauté internationale s’engage à renforcer la sûreté nucléaire en tirant les leçons des accidents de Tchernobyl et de Fukushima.
Le représentant de la Lituanie, qui s’exprimait au nom des pays d’Europe orientale, a ainsi noté que, 25 ans après l’explosion, l’impact de la catastrophe de Tchernobyl dans les zones contaminées est tel que la présence d’agences humanitaires reste nécessaire. Se référant aux événements survenus en mars dernier au Japon, il a souligné la nécessité que soit renforcée, par des efforts collectifs, la sécurité des centrales.
Au nom du Groupe des États d’Europe occidentale, le représentant du Liechtenstein a, après avoir préconisé que la communauté internationale axe son action sur le développement durable des zones touchées, demandé, à son tour, un débat mondial sur la sécurité nucléaire. Ses propos ont été appuyés par son homologue du Niger, au nom du Groupe des États d’Afrique.
« Nous devons tirer les enseignements de Tchernobyl et de Fukushima afin d’améliorer de manière drastique la fourniture de cette source d’énergie précieuse aux millions d’individus », a déclaré le représentant de la Jordanie, au nom du Groupe des États d’Asie. Son homologue de la Barbade, au nom des États d’Amérique latine et des Caraïbes, a salué le rôle crucial de l’AIEA, souhaitant que la prochaine Conférence ministérielle de l’Agence sur la sûreté nucléaire permette de réfléchir de manière approfondie aux normes à établir après Fukushima.
Les États-Unis, intervenant en leur qualité de pays hôte, ont également jugé impératif que le monde continue à tirer des leçons des deux catastrophes nucléaires afin de sécuriser au mieux la fourniture de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. « Investir dans la recherche en matière de stockage des déchets nucléaires est une priorité pour mon pays », a assuré le représentant des États-Unis, qui a préconisé la mise au point de réacteurs innovants et plus sûrs.
La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
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