Deux mois avant la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida, l’Assemblée entend les recommandations de la société civile
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Assemblée générale
Soixante-cinquième session
Concertation informelle avec la société civile
Matin & après-midi
DEUX MOIS AVANT LA RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LE VIH/SIDA, L’ASSEMBLÉE ENTEND LES RECOMMANDATIONS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE
Deux mois avant la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida prévue, du 8 au 10 juin, sur le thème « Unir pour l’accès universel » au traitement, l’Assemblée générale a voulu aujourd’hui tâter le pouls de la riposte mondiale contre ce fléau, avec l’aide de la société civile.
« Alors que cinq personnes sont encore contaminées chaque minute, 30 ans après la découverte du VIH/sida », le Secrétaire général des Nations Unis, M. Ban Ki-moon, a appelé les représentants de la société civile à redynamiser la réponse au VIH/sida. En 2011, seul un tiers des personnes séropositives ont accès à un traitement, après que l’Assemblée générale eut arrêté en 2006 l’objectif ambitieux de parvenir à l’accès universel aux soins d’ici à fin 2010.
Face à cette situation, des ONG du monde entier ont répondu présentes à l’invitation du Président de l’Assemblée générale à venir faire des recommandations, avant que la Réunion de haut niveau ne fixe des objectifs pour la période 2011-2015.
Après les déclarations liminaires, la concertation avec la société civile s’est articulée autour de trois groupes de discussion portant respectivement sur « l’Amélioration de l’accès aux services de proximité: moyens possibles de soigner les maux sociaux et systémiques »; « Une nouvelle génération de partenariats nationaux: la diversité dans le dialogue » et « Synergies entre mouvements mondiaux: la possibilité d’agir ensemble », animés par MM. Mark Schoofs du Wall Street Journal et David Puente de CNN.
« J’ai besoin de vous », a lancé M. Ban Ki-moon aux représentants des ONG, pour atteindre des objectifs comme la réduction de moitié des taux de transmission sexuelle du VIH/sida, la fourniture d’un traitement à 13 millions de personnes, la fin de la transmission de la mère à l’enfant ou encore la réduction de moitié du nombre de pays qui imposent des restrictions à l’entrée des séropositifs.
Sur le même ton, MM. Joseph Deiss, Président de l’Assemblée générale, et Michel Sidibé, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) ont jugé déterminante la participation de la société civile pour atteindre l’accès universel au traitement du VIH/sida. Le chef d’ONUSIDA a annoncé qu’une nouvelle équipe mondiale présentera très prochainement un plan pour mettre fin, d’ici à 2015, à la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant. « Notre succès dépendra de notre capacité d’assurer l’égalité et la justice pour tous, dont les plus vulnérables comme les femmes et les filles » a insisté M. Sibidé avant de mettre l’accent sur l’importance de la sensibilisation et du renforcement des capacités de la société civile.
Mme Jeanne Gapiya, de l’Association nationale de soutien aux séropositifs et aux malades du sida du Burundi a fustigé « la discrimination qui sape la riposte et entrave la réponse ». En ce qui concerne le financement du secteur de la santé dans les pays les plus défavorisés, elle a exhorté les gouvernements à faire preuve de volonté politique en espérant que le prochain Sommet du G-20 à Cannes, en France, permettra de s’entendre sur la création d’une taxe sur les transactions financières qui pourrait générer entre 200 et 300 milliards de dollars par an. Intervenant dans le cadre du premier groupe de discussion, le représentant de la France a lié droits de l’homme, groupes vulnérables et financement et a souligné le rôle décisif des financements innovants, comme les taxes sur les billets d’avion.
Modéré par M. Mark Schoofs du Wall Street journal, ce premier groupe de discussion portant sur l’« Amélioration de l’accès aux services de proximité: moyens possibles de soigner les maux sociaux et systémiques » a vu la participation de M. Pardamen Napitu, de l’organisation des changements sociaux en Indonésie; M. Christopher Senyonjo, de la Fondation de Saint Paul pour la réconciliation internationale; M. Chris Hugues, cofondateur de Facebook et fondateur de Jumo.com; et de l’Ambassadeur Eric Goosby, Coordonnateur américain pour le VIH/sida dans le monde. Il a été l’occasion de fustiger la discrimination à l’encontre des homosexuels, bisexuels et transsexuels et autres groupes particulièrement vulnérables. Plusieurs intervenants ont fait part de leur expérience pour lutter contre un ostracisme qui est un frein à la lutte contre le VIH/sida. Ils ont insisté sur l’importance d’agir au niveau de la famille, en tant que plus petit dénominateur commun de toutes les communautés.
Le deuxième groupe de discussion sur le thème « Une nouvelle génération de partenariats nationaux », animée par David Puente, de CNN, a permis de souligner l’importance de « la diversité dans le dialogue ». Les progrès des prochaines années dépendront largement de notre capacité à travailler ensemble », a expliqué d’emblée Michel Kazatchine, Directeur exécutif du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Il a appelé les ONG à continuer de trouver un équilibre entre la critique de la gouvernance et la participation à celle-ci, tout en plaidant en faveur d’un plus grand financement de la lutte contre le sida. Un représentant des personnes handicapées a appelé de ses vœux un partenariat entre les personnes handicapées et les séropositifs. Au Mexique, a indiqué la délégation de ce pays, la société civile a pu choisir ses représentants au sein des organismes chargés de ces questions, ce qui permet un dialogue constant.
M. Steave Nemande, d’Alternatives-Cameroun, a suggéré de créer des indicateurs pour évaluer l’homophobie et des cadres juridiques pour protéger les droits des homosexuels, comme l’a fait récemment le Cameroun. Dans le même sens, le représentant de Constituent Assembly of Nepal a dit l’importance d’accepter les minorités sexuelles dans les familles et de reconnaître le « troisième sexe » de façon universelle.
Le troisième groupe consacré aux « synergies mondiales » a mis l’accent sur l’importance de mobiliser des investissements judicieux et de mettre en place des stratégies de mobilisation sociale. Si Jeffrey Sachs a insisté sur la responsabilité du secteur public en matière de financement, il a aussi été mis l’accent sur la nécessite de récompenser l’innovation et d’éviter les monopoles des industries pharmaceutiques. Il faut que les industries pharmaceutiques investissent en Afrique, a-t-il encore été dit. Des intervenants ont souhaité une coopération entre le secteur privé, les communautés et les gouvernements. Un intervenant a appelé à l’avènement d’un cadre international juridiquement contraignant de l’ONU couvrant tous les aspects de la lutte contre le VIH/sida. S’agissant du renforcement des capacités, il a été souligné qu’il ne fallait pas seulement des agents du VIH/sida, mais des agents de santé en général pour renforcer les systèmes de santé et intégrer la gestion du VIH/sida dans tous les domaines de la santé.
Dans leurs remarques de clôture, M. Maged El Syed Rabey, représentant de « Friends of Life Organization » d’Égypte, a mis l’accent sur la lutte contre la stigmatisation et la discrimination. Sur le même ton, la Directrice adjointe d’ONUSIDA a expliqué que la lutte contre le VIH/sida n’est pas seulement une question de santé mais un élément important du respect des droits de l’homme et de la réalisation des objectifs de développement économique et social.
Par sa résolution 65/180 du 20 décembre 2010, l’Assemblée générale a décidé de convoquer du 8 au 10 juin une Réunion de haut niveau qui procéderait à l’examen approfondi des progrès accomplis dans la réalisation de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida et de la Déclaration politique sur le VIH/sida. Elle a aussi prié son Président d’organiser au plus tard, en avril, une concertation informelle avec la société civile, dans le cadre du processus préparatoire de la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida.
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