AG/11059

L’Assemblée générale commémore les victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves

25/03/2011
Assemblée généraleAG/11059
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Assemblée générale

Soixante-cinquième session

81e séance plénière - matin


L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE COMMÉMORE LES VICTIMES DE L’ESCLAVAGE ET DE LA TRAITE

TRANSATLANTIQUE DES ESCLAVES


M. Ban Ki-moon appelle à poursuivre la lutte contre les pratiques

esclavagistes contemporaines comme l’esclavage domestique ou la traite des enfants


L’Assemblée générale des Nations Unies a célébré ce matin, lors d’une séance plénière, la Journée internationale du souvenir des victimes de l’esclavage et la traite transatlantique.  Le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, a appelé à poursuivre la lutte contre les pratiques esclavagistes modernes, telles que la servitude pour dettes, l’esclavage domestique, les mariages précoces ou forcés, la vente d’épouses et la traite d’enfants.


Prenant acte d’un chapitre sombre dans l’histoire de l’humanité, tous les intervenants, parmi lesquels les représentants de la Jamaïque, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), de quatre groupes régionaux et du pays hôte, ont rendu hommage aux millions de victimes de l’esclavage et mis l’accent sur l’éducation pour prévenir les formes contemporaines d’esclavage.


Cette année, la Journée internationale est placée sous le thème « La traite transatlantique des esclaves: l’héritage vivant de 30 millions d’histoires inédites ».


Le Président de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale, M. Joseph Deiss (Suisse), a déclaré que cette journée de commémoration offrait l’occasion de renouveler l’engagement des Nations Unies à l’égard des programmes d’éducation, afin de mieux comprendre l’histoire et d’éduquer les générations futures sur les dangers du racisme et des préjugés. 


Il faut également reconnaître que, deux siècles après l’abolition de l’esclavage, les formes contemporaines de pratiques ressemblant à l’esclavage perdurent.  Plus de 10 millions de personnes dans le monde sont ainsi victimes du travail forcé.  « Aujourd’hui, nous devons être à la hauteur des aspirations de la Déclaration universelle des droits de l’homme », a souligné M. Deiss.


Rappelant que la traite transatlantique des esclaves avait provoqué d’immenses souffrances, le Secrétaire général a, de son côté, célébré l’héritage vivant des histoires inédites des Africains et de leurs descendants qui avaient été traités comme moins que des humains. 


« En étudiant l’esclavage, nous contribuons à nous prémunir contre les instincts les plus vils de l’humanité », a déclaré M. Ban.  « En examinant les préjugés et les croyances dominants qui ont permis à cette pratique de se développer, nous sensibilisons aux dangers du racisme et de la haine, toujours présents. »


« En honorant la mémoire des victimes de l’esclavage, comme nous le faisons en célébrant cette Journée internationale, en érigeant un mémorial permanent au Siège de l’ONU à New York ou encore en proclamant l’année 2011, Année internationale des personnes d’ascendance africaine, nous restituons un peu de leur dignité à ceux qui en ont été si impitoyablement privés », a ajouté le Secrétaire général.


Dans un message vidéo, la Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Mme Irina Bokova, a estimé que l’esclavage était un affront à la solidarité humaine et un défi aux principes de la société humaine. 


Cette commémoration permet de mieux connaître le sort des millions de personnes qui ont payé le prix ultime et de rendre hommage à ceux qui ont lutté bravement pour mettre un terme à ce système déshumanisant. 


Rappelant que 2011 était l’Année internationale des personnes d’ascendance africaine, elle a indiqué que l’UNESCO s’efforçait de promouvoir davantage de connaissance et de respect pour leur héritage et leur culture.  Outre l’initiative de la Coalition internationale des villes contre le racisme, l’UNESCO supervise un concours de design pour le mémorial permanent.


La Présidente de l’Université Brown, Mme Ruth Simmons, a jugé que cette commémoration annuelle augurait des efforts futurs visant à prendre acte de l’ampleur de la tragédie de l’esclavage.  Selon elle, préserver la mémoire de l’histoire et rendre compte de la traite des esclaves sont essentiels dans la lutte générale pour l’ouverture et la paix entre les nations et l’interaction entre les cultures. 


« Notre tâche aujourd’hui est de faire en sorte que le monde n’oublie pas et veille à ce que les violations massives des droits de l’homme, telles que l’esclavage, ne soient jamais plus possibles et acceptées », a-t-elle observé.  Mme Simmons est ensuite revenue sur l’implication directe de certaines universités américaines dans la traite des esclaves et a rappelé que l’Université Brown avait créé un centre spécial pour faire la lumière sur cette partie de l’histoire américaine.


Les représentants des groupes régionaux ont, eux, appuyé l’initiative de la CARICOM d’ériger un « mémorial permanent en souvenir des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique » au Siège des Nations Unies.


Pour le représentant du Groupe des États d’Afrique, M. Solomon Nguema Owono, Vice-Premier Ministre de la Guinée équatoriale, cette Journée est l’occasion de se rappeler du caractère déshumanisant de l’esclavage.  Cinq cents ans après, le continent africain n’a toujours pas réussi à se relever complètement de la profonde dévastation qui lui a été infligée par l’esclavage, a-t-il dit. 


En cette année qui marque le dixième anniversaire de la Déclaration de Durban, il a regretté que la communauté internationale n’ait pas réussi à faire davantage pour appliquer les principes de Durban.


Au nom des Groupe des États de l’Amérique latine et des Caraïbes, Mme Paulette Bethel (Bahamas), a fait observer que l’un des moteurs de l’esclavage avait été le capitalisme et la demande de produits.  Des millions d’hommes, de femmes et d’enfants africains réduits en esclavage ont payé un prix immense pour une telle demande. 


« Nous ne devons pas oublier les cris et les chants de liberté de nos frères et sœurs, et nous devons faire plus pour surmonter les injustices sociales, politiques, culturelles et économiques qui frappent encore les sociétés d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes », a-t-elle dit.


Le fléau du racisme et de la discrimination raciale est une forme d’injustice qui n’a pas encore été surmontée, a-t-elle souligné, réitérant son appui à la Déclaration et au Programme d’action de Durban. 


En tant que région qui a concentré des millions d’hommes, de femmes et d’enfants africains réduits en esclavage, l’Amérique latine et les Caraïbes partagent une histoire et une culture uniques et riches dont elles sont fières.


M. Normans Penke (Lettonie), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Europe de l’Est, a noté que le but de cette réunion était, non seulement de reconnaître et de se souvenir, mais aussi de veiller à éviter des tragédies similaires à l’avenir.  Évoquant les formes contemporaines de racisme, il a mis l’accent sur la nécessité de « mettre fin à ce crime abominable grâce à un effort collectif » et proposé de « trouver des moyens novateurs pour combler les lacunes qui existent toujours sur les conséquences de l’esclavage ».


M. Gunnar Pálsson (Islande), intervenant au nom des États d’Europe occidentale et autres États, s’est dit encouragé par le fait que grâce à une bataille dure et constante, le commerce transatlantique des esclaves avait pu finalement cesser, donnant l’espoir que des progrès pouvaient être faits et justice rendue.  L’ONU et ses institutions, les États Membres et la société civile peuvent œuvrer de concert et remédier aux nombreux maux qui continuent d’affliger la planète. 


Des millions de personnes à travers le monde sont encore traitées comme de la marchandise, a déploré le représentant.  Tous les pays sont touchés; certains sont devenus des destinations importantes alors que d’autres perdent leurs citoyens dans le cadre de cette pratique hideuse qu’est le travail forcé. 


M. Pálsson a réitéré l’importance de la Convention des Nations contre la criminalité transnationale organisée et du Protocole pour lutter contre la traite des personnes.  « C’est notre responsabilité d’empêcher que l’histoire se répète », a-t-il assuré.


La représentante des États-Unis, Mme Rosemary DiCarlo, a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour mettre fin à l’esclavage moderne, la traite des personnes.  Les États-Unis restent engagés à préserver la mémoire des esclaves, a-t-elle expliqué, en citant notamment la célébration annuelle du mois des esclaves africains, et leur contribution financière importante au programme de l’UNESCO sur la traite transatlantique des esclaves. 


En cette Journée commémorative, elle a affirmé que « les Afro-Américains ont renforcé notre nation en surmontant les obstacles et faisant tomber les barrières, permettant ainsi aux États-Unis de revenir à ses principes fondateurs ». 


Pour M. Raymond Wolfe (Jamaïque), qui a pris la parole au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), « ceux qui disent que l’esclavage est une question relevant du passé aimeraient réduire au silence les débats sur l’esclavage ».  Au contraire, il faut lutter contre l’héritage de l’esclavage en inculquant de nouvelles valeurs aux générations présentes et futures, a-t-il ajouté.


La liberté pour laquelle ont lutté les ancêtres des habitants des Caraïbes ne doit pas être prise à la légère, et elle doit être protégée à tout prix, a souligné le représentant.


Tous les pays des Caraïbes sont d’anciennes sociétés d’esclaves, a rappelé le représentant.  Ils ont été colonisés par la quasi-totalité des anciennes puissances coloniales.  Ce sont aujourd’hui des démocraties fières, bâties sur une culture de la liberté et issues de la lutte pour l’émancipation et l’autodétermination. 


M. Wolf a rendu hommage aux ancêtres africains, à leur force de caractère et à leur résilience et salué les coutumes qu’ils ont laissées derrière eux.  « La Journée internationale n’est qu’une facette de notre engagement collectif pour faire face au problème de l’esclavage sur le plan multilatéral », a-t-il observé.


M. Wolf a salué l’effort des pays donateurs dans le cadre du Fonds d’affectation spéciale pour le mémorial permanent qui permettra de réaliser l’objectif de 4,5 millions de dollars pour sa mise en œuvre.


Pour marquer cette Journée internationale, la Ministre de la culture du Cameroun, Mme Ama Tutu Muna, a offert à l’Organisation, au nom de son pays, un tambour, dont la décoration illustre en trois tableaux la vente des esclaves, leur déportation et leur condition, les travaux et les sévices et châtiments qu’ils ont subis.  La Vice-Secrétaire générale, Mme Asha-Rose Migiro, a accepté ce cadeau au nom des Nations Unies.


La Ministre a déclaré que le thème de cette année, « l’héritage vivant de 30 millions d’histoires inédites », avait contribué à orienter la réflexion sur les causes, les conséquences et les leçons tirées de ce passé douloureux et à sensibiliser le monde aux dangers des nouvelles formes d’esclavage comme la traite des personnes. 


Dans sa résolution 62/122 du 17 décembre 2007, l’Assemblée générale a déclaré le 25 mars, Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves. 


Cette résolution demande l’établissement d’un programme éducatif de mobilisation des institutions éducatives et de la société civile sur le sujet en vue d’inculquer aux générations futures « les causes, les conséquences et les leçons de la traite transatlantique des esclaves et de leur enseigner les dangers du racisme et des préjugés ».


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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