AG/11053

Assemblée générale: diversification de l’économie et renforcement du secteur privé, porte de sortie de la catégorie des pays moins avancés

11/03/2011
Assemblée généraleAG/11053
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-cinquième session

Débat thématique informel

matin & après-midi


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: DIVERSIFICATION DE L’ÉCONOMIE ET RENFORCEMENT

DU SECTEUR PRIVÉ, PORTE DE SORTIE DE LA CATÉGORIE DES PMA


Sortir 24 États sur 48 de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), c’est le programme ambitieux qui devrait émerger de la quatrième Conférence internationale sur ces pays prévue à Istanbul du 9 au 13 mai 2011.


Mais comment faire?  Par la diversification de l’économie et son corollaire, le renforcement du secteur privé, a confirmé aujourd’hui l’Assemblée générale au cours d’un débat informel, ouvert par le Secrétaire général de l’ONU et le Président de l’Assemblée, sur « l’investissement et le financement au service des capacités de production », domaine dans lequel les PMA accusent un retard patent.


Ce retard, le Président de « The Other Canon Foundation » l’a imputé à la « théorie ricardienne des avantages comparatifs » laquelle incite les pays à se spécialiser plutôt qu’à diversifier leur économie.  Cette théorie, a-t-il accusé, a « contaminé l’instinct humain et freiné l’industrialisation du Pérou à la Mongolie », d’où l’existence d’économies totalement dépendantes des activités extractives et des produits de base et en conséquence, très vulnérables à la volatilité des prix. 


Le mot clef, au cours du débat, a donc été « diversification de l’économie » grâce au renforcement du secteur privé.  Parmi les 10 pays qui ont connu la plus forte croissance, ces dernières années, six sont africains et leur succès, peu connu du public, est le fruit d’initiatives visant à développer le secteur privé, générateur de 90% des emplois, ces 10 dernières années, a fait observer le Vice-Président de la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale.


Fier d’un taux de croissance annuel de 11% enregistré dans son pays depuis 2004, le Ministre des affaires de l’Éthiopie n’a pas dit autre chose.  La redynamisation du secteur privé a nécessité, outre la stabilité du cadre macroéconomique, l’offre d’avantages fiscaux et autres et le développement des infrastructures routières, électriques et de télécommunications.  L’État a également déployé beaucoup d’efforts pour l’éducation et la formation du capital humain. 


Compte tenu des fonds nécessaires, a commenté le Haut-Représentant pour les PMA, l’investissement dans les capacités de production exigera des directives politiques au niveau national et un appui innovant au niveau international.


À l’instar de l’initiative « aide pour le commerce », le Directeur de la Division des investissements et des entreprises à la CNUCED a lancé l’idée d’une « aide pour les capacités de production » ou « aide pour l’investissement » qui permettrait de canaliser les investissements, en particulier dans les ressources humaines, le transfert de technologies et le renforcement du cadre institutionnel.  En l’occurrence, l’importance de l’aide publique au développement (APD) n’a pas été oubliée par les intervenants.


Après son ouverture, le débat informel de l’Assemblée générale s’est déroulé autour de deux tables rondes intitulées « Des stratégies nationales de développement pour renforcer les capacités de production » et « Réorienter les mécanismes d’appui internationaux pour accroître l’avantage comparatif des pays les moins avancés ».



DÉBAT THÉMATIQUE INFORMEL SUR LE THÈME « INVESTISSEMENT ET FINANCEMENT AU SERVICE DES CAPACITÉS DE PRODUCTION DANS LES PAYS LES MOINS AVANCÉS »


Déclarations liminaires


Dans son discours d’ouverture, M. JOSEPH DEISS, Président de l’Assemblée générale, a affirmé que pour accélérer les progrès dans la réalisation des OMD et s’assurer de leur durabilité, il est essentiel d’avoir, dans les pays les moins avancés (PMA), des conditions favorables à l’investissement et à la création d’emplois.  C’est en s’appuyant sur ces ressorts de la croissance économique que les PMA prendront leur élan. 


Ces pays sont souvent décrits comme les plus pauvres et les plus vulnérables de la communauté internationale, a rappelé M. Deiss, ajoutant qu’ils se heurtent à des problèmes structurels aggravés dernièrement par les trois crises économique, alimentaire et énergétique.  Ces pays risquent donc d’être à nouveau pénalisés par l’envolée actuelle des prix du pétrole et par l’impact disproportionné qu’ont les changements climatiques sur eux. 


Toutefois, en dépit de ces contraintes, certains PMA ont connu de forts taux de croissance, a noté M. Deiss, citant à titre d’exemple le fait que plusieurs pays d’Afrique ont été parmi les économies les plus vigoureuses.  Mais ces succès restent fragiles et la croissance se limite aux activités extractives et aux produits de base, secteurs peu générateurs d’emplois.  Ce constat a amené M. Deiss à insister sur l’importance du renforcement des capacités productives et de la diversification économique comme moyens indispensables de parvenir à une croissance soutenue  bénéficiant à l’ensemble de la société dans les PMA.  


Pour y arriver il faut, a-t-il recommandé, intensifier les réformes pour renforcer l’état de droit, le respect des droits de l’homme et les institutions démocratiques; lutter davantage contre la corruption; garantir des droits comme le droit à la propriété; mais aussi mettre en place des structures de marché solides.


M. Deiss a cependant prévenu que toutes les mesures prises au plan national ne sauraient être réellement efficaces sans un environnement international propre à soutenir les PMA dans leurs efforts.  L’aide publique au développement (APD) doit appuyer leurs stratégies de développement du secteur privé, d’investissement et commerciale.  Dans un souci de cohérence des politiques du développement, il faut, a dit le Président, que le cadre commercial international, les investissements étrangers directs (IED) et le transfert des technologies soient favorables au développement et à la diversification économique des PMA. 


Le Président a insisté sur l’importance qu’il y a à conclure le Cycle de Doha, en particulier l’extension des préférences pour l’accès libre et sans quota de tous les produits des PMA et les accords d’investissements.  Citant un extrait de la Constitution suisse selon lequel « La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres », M. Deiss en a conclu que la réduction de la pauvreté et de la vulnérabilité des PMA représente à la fois un devoir envers leurs peuples mais aussi une contribution importante à un monde plus prospère, plus sûr, plus dynamique, plus démocratique et plus uni.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé qu’en 1971, les PMA étaient au nombre de 25 contre 48 aujourd’hui.  Les trois-quarts de leur population vivent avec moins de deux dollars par jour et plus de la moitié avec moins d’un dollar.  La situation n’est pas aussi sombre qu’il n’y paraît, a cependant estimé M. Ban.  La pauvreté a décliné dans ces pays au cours des deux dernières décennies et les PIB ont connu une hausse considérable – sous l’effet de la mondialisation.  Cette réunion et la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA qui doit se tenir à Istanbul en mai constituent des opportunités pour explorer les moyens de consolider et d’accélérer ces progrès, a dit le Secrétaire général.


Il a, à son tour, attiré l’attention sur la question de la diversification économique dans les PMA.  Très peu d’entre eux ont su diversifier ou valoriser leurs produits à l’exportation, ce qui les rend très vulnérables aux variations des prix des produits de base et autres bouleversements.  Aussi les PMA ont-ils besoin d’une aide ciblée, a estimé le Secrétaire général, en soulignant lui aussi l’importance de l’APD mais également de la mobilisation des ressources nationales et de la coopération Sud-Sud. 


Il a surtout souligné l’importance d’un secteur privé dynamique, seul capable d’augmenter la capacité de production.  Il s’est félicité de la création du Groupe de travail sur le secteur privé, une plate-forme bienvenue permettant aux entreprises de démontrer leur leadership et développer les marchés de l’avenir.  La communauté internationale peut contribuer à l’essor du secteur privé dans les PMA par l’aide, l’investissement étranger direct (IED) et l’assistance technique.


Le Secrétaire général a particulièrement insisté sur le potentiel du secteur agricole, ignoré trop longtemps par les investisseurs, alors que dans les 10 dernières années, le coût des importations alimentaires a triplé dans les PMA. Face à la possibilité d’une nouvelle crise alimentaire, il faut investir dans les petites exploitations et les infrastructures agricoles.  Il faut donc assurer le transfert des technologies et investir dans l’adaptation aux changements climatiques et dans l’atténuation de ses effets. 


Dans ce cadre, a-t-il poursuivi, il faut réaliser les objectifs du Cycle de Doha.  Il a souligné le caractère vital de l’« aide pour le commerce » qui toutefois ne servirait à rien si les marchés mondiaux restent bloqués ou inéquitables.  Le Secrétaire général a rappelé les travaux de ses Groupes de travail de haut niveau sur l’agriculture et sur la viabilité de l’environnement mondial.


M. HAILEMARIAM DESSALEGN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a d’emblée placé le niveau des investissements dans les capacités de production au cœur du débat.  Le cas de l’Éthiopie est édifiant à cet égard, a-t-il estimé.  Les réformes politiques radicales menées en Éthiopie sont venues de l’intérieur, a-t-il expliqué, en insistant sur le fait que l’appropriation nationale du processus de réformes politiques est un facteur important pour la création d’un environnement propre à encourager les investissements nationaux. 


Au plan économique, l’Éthiopie s’est résolument tournée vers une économie de marché.  Des mesures importantes ont été prises pour développer et dynamiser le secteur privé.  Les avantages fiscaux et autres et les investissements massifs dans les infrastructures routières, les centrales électriques et les télécommunications ont permis d’améliorer la rentabilité des investissements faits en Éthiopie.  Le Gouvernement a aussi investi dans l’éducation et la formation parce que nous « avons su reconnaitre le lien étroit entre croissance économique et capital humain ».  Par ailleurs, les mesures prises pour assurer la stabilité macroéconomique ont également favorisé le développement du secteur privé, même si le Gouvernement reste toujours impliqué dans l’économie du pays.  Toutes ces mesures et politiques ont permis à l’économie éthiopienne de « décoller » dès le milieu des années 90, et cette tendance se poursuit aujourd’hui avec des taux de croissance de 11% par an entre 2004 et 2010, a souligné le Ministre. 


L’Éthiopie a adopté un plan quinquennal pour la croissance et la transformation pour la période 2011-2015.  Ce plan se base sur une croissance annuelle moyenne de 11% par an, et sur le fait que l’agriculture restera le principal facteur de croissance.  Il vise à diversifier l’économie du pays, en dynamisant notamment le secteur des petites et moyennes entreprises.  La croissance est largement financée sur fonds propres, a dit le Vice-Premier Ministre en avouant néanmoins que comme il n’est pas possible d’autofinancer entièrement les besoins en matière de développement, l’APD reste importante. 


Les investissements publics portent essentiellement sur les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’eau et des infrastructures, secteurs à effet multiplicateur sur la croissance économique.  Le Vice-Premier Ministre a toutefois reconnu qu’à l’avenir, les IED pourraient permettre à l’Éthiopie d’augmenter le financement des capacités de production, ce qui permettrait d’assurer la durabilité de la croissance et la diversification économique.  Il a aussi assuré que son gouvernement était déterminé à utiliser l’APD de la manière la plus responsable et la plus transparente possible.  Dans ce contexte il a regretté que cette aide ait souvent été imprévisible, compromettant certaines initiatives de développement. 


S’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a estimé qu’une des priorités de la Conférence d’Istanbul doit être d’aider la moitié des PMA à quitter cette catégorie.  Marquée par une vulnérabilité très grande due à l’absence d’infrastructures, à une pauvreté extrême, au chômage très élevé, à une trop grande dépendance aux exportations des produits de base, à un accès limité aux marchés mondiaux, la situation de ces pays doit être cette fois-ci abordée de manière globale, a-t-il préconisé. 


Le représentant a reconnu à son tour que le développement social et économique ne pourrait pas être atteint sans renforcement des capacités productives.  Rappelant que les PMA étaient ceux qui avaient le plus souffert des crises alimentaire, économique et financière qui ont éclaté il y a trois ans, il a demandé une mobilisation de la communauté internationale plus importante et des politiques internationales fortes et cohérentes.  Si l’APD revêt une importance critique, un accès élargi aux marchés est également déterminant pour les PMA ainsi que des mesures d’allègement de la dette et le transfert des technologies. 


M. ERTUĞRUL APAKAN (Turquie), dont le pays accueillera la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA, du 9 au 13 mai 2011 à Istanbul, a fait observer, à son tour, que les économies des PMA dépendent souvent d’un seul produit d’exportation, généralement des matières premières, et sont caractérisées par un manque de capacités de production.  Ces contraintes structurelles sont d’autant plus difficiles que la dégradation de l’environnement et les changements climatiques touchent de manière disproportionnée ces pays, a-t-il ajouté. 


Pour le représentant, le développement des capacités de production des PMA est au cœur de leur développement, seul moyen de réduire leur dépendance vis-à-vis de l’aide étrangère et d’attirer des capitaux.  Pour relever ce défi, M. Apakan a préconisé, au plan national, une approche plus proactive de la part des PMA, où l’État doit jouer un rôle critique pour stimuler le secteur privé, notamment par le biais de partenariats privé-public.  Les gouvernements des PMA doivent en outre identifier le rôle des différents secteurs économiques dans la transformation structurelle de leurs économies, en vue de leur diversification.  Toutefois, dans le cas des PMA, les politiques nationales à elles seules ne suffiront pas.  L’aide publique au développement demeure une source vitale de financement, a souligné le représentant, ajoutant que c’est la raison pour laquelle cette aide doit être continue, souple et prévisible.


S’exprimant en sa qualité de Président du Comité préparatoire intergouvernemental de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA IV), M. JARMO VIINANEN (Finlande) a rappelé que le monde avait changé depuis l’adoption du Programme d’action de Paris, il y a 10 ans.  PMA IV est l’occasion historique de renouveler le partenariat en faveur de ces pays vulnérables.  Il a expliqué que l’objectif qui consisterait pour la moitié des PMA à réussir leur gradation exigerait des actions à la fois nationales et internationales.  Ce partenariat entre les PMA et la communauté internationale est au cœur du document final que les États Membres sont en train de négocier.  Les PMA, a-t-il souligné, ont identifié le développement de leurs capacités de production comme la priorité numéro 1.  Leur futur programme d’action doit permettre aux femmes, aux enfants et aux hommes de s’extraire de la pauvreté extrême.  Après avoir indiqué que les négociations sur ce programme s’achèveraient à la fin de la deuxième session du Comité préparatoire, M. Viinanen a affirmé qu’il restait encore beaucoup de travail d’ici là.  Il a donc réitéré la nécessité de s’engager en faveur de politiques et de mesures de soutien aux PMA. 


Table ronde 1: « Des stratégies nationales de développement pour renforcer les capacités de production »


Animée par le Président de l’Assemblée générale, cette table ronde a été ouverte par M. BOUNTHAVY SISOUPHANTHONG, Vice-Ministre de la planification et des investissements de la République démocratique populaire lao; M. GYAN CHANDRA ACHARYA, Représentant permanent du Népal auprès des Nations Unies et Président du Groupe des PMA; M. JYRKI KOSKELO, Vice-Président de la Société financière internationale (SFI); et M.ERIK S. REINERT, Président de « The Other Canon Foundation » de la Norvège.


Ces interventions ont été l’occasion pour les intervenants ainsi qu’une dizaine de délégations dont l’Argentine, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et la Hongrie, au nom de l’Union européenne, d’identifier comme priorité la mobilisation des investissements nationaux et internationaux pour générer de la valeur ajoutée et accélérer l’industrialisation des PMA. 


Si l’ensemble des intervenants ont souligné l’importance du secteur agricole pour lutter contre la faim et la pauvreté, ils ont aussi vu dans ce secteur un vecteur de croissance économique.  Ils ont exhorté la communauté internationale à aider les PMA à développer les capacités humaines et financières nécessaires à l’apport d’une valeur ajoutée aux excédents de la production agricole.  Dans ce cadre, le secteur privé, le transfert des technologies et la bonne gouvernance ont été présentés comme des éléments décisifs.   


Les investissements étrangers devraient représenter au moins le quart des investissements totaux dans les PMA, a estimé le Président du Groupe de ces pays car, a-t-il expliqué, même une croissance économique de 7%, comme le préconisent les différentes études internationales, aura un impact limité sur le développement social compte tenu du rythme de la croissance démographique. 


« Ne faites pas ce que les Européens et les Américains vous disent de faire.  Faites plutôt ce qu’ils ont fait eux-mêmes pour se développer », a lancé le Président de « The Other Canon Foundation ».  Lorsque l’on vit à l’âge de pierre, a-t-il dit pour illustrer ses propos, il est toujours plus rentable de copier l’âge de bronze que de perdre du temps sur les prétendus avantages de telle ou telle politique de l’âge de pierre ».  Il y a un siècle, a-t-il rappelé, le Japon est passé assez rapidement d’une société féodale à une puissance industrielle parce qu’il a fait comme les autres, il s’est industrialisé. 


Le Professeur a rejeté la théorie selon laquelle, dans un contexte de libre-échange, chaque pays, s’il se spécialise dans la production pour laquelle il dispose de la productivité la plus forte ou la moins faible, comparativement à ses partenaires, accroîtra sa richesse nationale.  Il a en effet regretté que cette théorie dite « Théorie ricardienne des avantages comparatifs » ait contaminé l’instinct de l’homme et conduit à l’absence d’industrialisation dans  l’hémisphère Sud, du Pérou à la Mongolie.


L’industrialisation exigeant des fonds, les délégations ont reconnu l’importance de la bonne gouvernance et de la transparence pour attirer les investissements nécessaires mais aussi pour augmenter l’épargne. 


Le Vice-Président de la SFI a insisté sur l’importance du secteur privé, générateur depuis 10 ans, dans le monde en développement de plus de 90% des emplois.  Il a mis l’accent sur le potentiel de la technologie et prédit que les virements par téléphone mobile permettront bientôt de canaliser des flux financiers supérieurs à l’ensemble de l’APD. 


Il a appris aux participants à la table ronde que les investissements de la SFI en Afrique subsaharienne étaient passés de quelques centaines de millions de dollars par an, à 4 milliards cette année, grâce au développement du secteur privé.  Parmi les 10 pays qui ont connu la plus forte croissance, ces dernières années, six sont africains et leur succès peu connu du public est le fruit d’initiatives visant à développer le secteur privé. 


Illustrant les efforts de la République démocratique populaire lao, son Vice-Ministre de la planification et des investissementsa indiqué que le sixième plan de développement économique et social du pays (2006-2010) a permis une croissance annuelle de 7,9% et un revenu par habitant qui est passé de 573 dollars en 2005-2006 à 1 069 dollars entre 2009-2010.  Le septième plan (2011-2015) met l’accent sur la mobilisation des fonds aux niveaux national et international et leur gestion efficace.  Il s’agit de promouvoir le secteur privé comme fer de lance du développement, de renforcer les capacités humaines, de mettre en œuvre la décentralisation et de promouvoir la coopération économique internationale. 


Dans ses remarques de clôture, le Président de « The Other Canon Foundation » a mis l’accent sur les synergies entre agriculture et industrialisation qui permet d’élever le salaire moyen à un niveau qui rentabilise les investissements agricoles.  En la matière, le caractère essentiel du droit à la propriété et de la suppression des mesures protectionnistes a été mis en avant par le Vice-Président de la SFI.



Table ronde 2: « Réorienter les mécanismes d’appui internationaux pour accroître l’avantage comparatif des pays les moins avancés »


Présidée par M. HUGO BETETA, Directeur du siège sous-régional de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), cette table ronde a été l’occasion d’entendre les intervenants suivants: M. JAMES ZHAN, Directeur de l’investissement et la division des entreprises à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED); M. CALESTOUS JUMA, professeur à la John F. Kennedy School of Government, de l’Université d’Harvard; M. AXEL VAN TROTSENBURG, Vice-Président de la Banque mondiale; et M. MEHMET ARDA, professeur à l’Université Galtasaray d’Istanbul et principal coordonnateur de la Turquie pour la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA).


Le Directeur de l’investissement et de la division des entreprises à la CNUCED a rappelé que l’investissement étranger direct (IED) avait augmenté de manière considérable depuis 10 ans dans les PMA, où il est passé de 8 milliards en 2002 à 28 milliards en 2009.  Or, l’IED contribue très largement à la formation du capital dans ces pays, à hauteur de 25 à 30%.  Ces investissements ont même dépassé les niveaux de l’APD bilatérale dans un certain nombre d’entre eux, a-t-il fait observer.  Il a ensuite proposé le lancement d’une initiative « Aide pour la capacité de production » ou « Aide pour l’investissement », sur le modèle d’Aide pour le commerce, qui permettrait de canaliser l’investissement dans les pays qui en ont le besoin en mettant l’accent sur les ressources humaines, le transfert de technologies et le renforcement du cadre institutionnel.  À cet égard, le représentant de la CNUCED a préconisé une approche régionale en matière de renforcement des capacités productives.


Le Vice-Président de la Banque mondiale a affirmé qu’il y avait un consensus pour reconnaître que l’intégration régionale demeurait insuffisante, ce qu’a également reconnu le représentant de l’Union européenne.  Pour sa part, le Professeur de Harvard a attiré l’attention sur l’innovation et la prospérité agricoles.  Il a préconisé l’amélioration de la formation aux nouvelles technologies, ainsi que l’ingénierie, afin de permettre aux PMA de devenir compétitifs sur le marché mondial.  Aussi, a-t-il proposé de hâter les transferts de technologies et le partage de pratiques optimales avec les pays les moins avancés.


Le Vice-Président de la Banque mondiale a jugé qu’il fallait multiplier les partenariats publics-privés pour parvenir à relancer la croissance des PMA.  À cet égard, le Professeur à l’Université Galtasaray d’Istanbul a estimé que l’élargissement de l’accès des PMA aux marchés mondiaux se poursuivait de manière satisfaisante et ne constituait pas une préoccupation majeure pour ces pays. 


Ouvrant la discussion interactive, le Directeur du siège sous-régional de la CEPALC s’est demandé comment définir les axes prioritaires où la communauté internationale peut apporter son aide.  M. Zhan a jugé que si les politiques industrielles « reviennent à la mode », ce qui semble être le cas, des problèmes risquent de se poser en ce qui concerne la capacité de l’économie mondiale à absorber le volume des exportations.  En attendant ce genre de problème, le Professeur de Harvard a dit craindre que le capital soit peut-être encore plus grand dans le domaine agricole que dans le domaine manufacturier, dans la mesure où des facteurs comme celui des précipitations demeurent largement imprévisibles.


Le représentant de l’Inde a rappelé que dans son pays, il y avait peut-être plus de pauvres que dans tous les PMA réunis, ce qui ne l’empêche pas d’être dynamique économiquement.  La plupart des PMA étant en situation de conflit ou de postconflit, a prévenu l’ONG Fédération du Népal, il faudrait peut-être revoir les moyens de protéger les investissements.  La représentante de Cuba a mis en garde contre le risque que l’investissement étranger direct ne devienne le prétexte d’une ingérence dans les affaires intérieures d’un État.


Remarques de clôture


Dans ses remarques de clôture, Le Président de l’Assemblée générale a mis en exergue certains points qui sont ressortis du débat d’aujourd’hui.  Tout d’abord, il a soulevé l’importance du secteur privé comme vecteur du développement.  Le développement des capacités de production apparait également comme un des facteurs essentiels pour la croissance des PMA.  Compte tenu de l’hétérogénéité des économies des PMA, il est difficile d’identifier une stratégie unique de développement des capacités de production, a noté M. Deiss, expliquant qu’il s’agira de trouver la juste combinaison sectorielle entre agriculture, industrie et services qui reflète la spécificité de chaque pays.  Toutefois, certains éléments, comme l’importance des institutions, la primauté du droit et le droit à la propriété restent essentiels, a affirmé M. Deiss.  En dernier lieu, il a noté qu’il serait difficile pour les PMA de réussir le défi du développement durable sans l’appui de la communauté internationale.  À ce titre il faut, selon lui, renforcer les partenariats pour le développement des PMA et aborder cette question avec plus de cohérence au niveau international.


CHEICK SIDI DIARRA, Secrétaire général adjoint, Conseiller spécial pour l’Afrique et Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays sans littoral et les petits États insulaires en développement, s’est félicité de la qualité des deux tables rondes.  À la suite des panélistes, il a souligné l’importance de canaliser l’APD vers le renforcement des capacités productives des PMA.  Si de nombreux PMA partagent entre eux des traits communs, a-t-il ajouté, il n’en reste pas moins que chacun a ses spécificités et que les solutions articulées aux niveaux international et national doivent en tenir compte pour résoudre les problèmes structurels qui se posent à chacun.  M. Diarra a fait aussi remarquer que le lien entre la productivité agricole et la croissance économique ne saurait être sous-estimé.  Il est évident que l’investissement dans les capacités productives des PMA exigera des directives politiques au niveau national et devra être soutenu par des mesures innovantes au niveau international, a conclu le Secrétaire général adjoint.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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