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ENV/DEV/1206

CDD-19: « Passons de la parole aux actes en ce qui concerne la promotion d’une croissance économique soucieuse de l’environnement », préconisent des délégations

2/05/2011
Conseil économique et socialENV/DEV/1206
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement durable

Dix-neuvième session

2e séance – matin


CDD-19: « PASSONS DE LA PAROLE AUX ACTES EN CE QUI CONCERNE LA PROMOTION D’UNE CROISSANCE ÉCONOMIQUE SOUCIEUSE DE L’ENVIRONNEMENT », PRÉCONISENT DES DÉLÉGATIONS


La Commission du développement durable a entamé, ce matin, les travaux de sa dix-neuvième session (CDD-19) en mettant l’accent sur la nécessité de traduire en actes les engagements pris dans les cinq domaines –transports; produits chimiques; gestions des déchets; extraction minière; Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et production durables- qui sont inscrits à l’ordre du jour de ses travaux.


Les décisions prises après examen de ces questions, qui figureront dans le document final que les délégations devraient adopter dans deux semaines, concernent l’élargissement de l’accès à des services de transport propres, sûrs et peu coûteux; la sécurisation de l’utilisation des produits chimiques; la gestion rationnelle des déchets et de l’extraction minière, ainsi que l’établissement d’un cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables.


Comme l’a souligné à l’ouverture de la session, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, toutes ces questions peuvent être liées à la promotion du concept d’« économie verte », ceci dans le contexte du développement durable, et à l’appui des efforts d’éradication de la pauvreté.  Le Secrétaire général adjoint de l’ONU, qui présidera également la Conférence de Rio sur le développement durable, programmée pour 2012, a exhorté les États à saisir l’opportunité qui leur est offerte par la CDD-19 d’apporter une contribution au succès de cette Conférence en agissant en faveur de l’avènement d’une économie verte.  Après avoir constaté que les modes de consommation et de production non viables menacent déjà la capacité de régénération des ressources et de tous les écosystèmes vitaux de la planète, M. Sha a demandé aux États Membres de réfléchir à la conception et à l’adoption de politiques par l’application desquelles la croissance économique ne serait plus réalisée aux dépens de l’environnement et du bien-être des populations.


Le Président de la CDD-19, M. László Borbély, de la Roumanie, lui a emboîté le pas, ajoutant que les États Membres doivent définir des mesures concrètes favorables aux objectifs de développement durable agréés au plan mondial et « trouver d’urgence les moyens qui permettraient de lever les obstacles qui en entravent l’atteinte ».  Sur ce dernier point, de nombreux représentants parmi la vingtaine de délégations qui ont pris la parole aujourd’hui, ont demandé aux pays développés d’accroître leur assistance financière et technologique aux pays en développement.  « Les pays développés doivent transférer les technologies vertes aux pays en développement en vue de consolider les capacités de recherche de ceux-ci dans le domaine de la gestion des déchets, notamment ceux qui comportent le plus grand risque de contamination de l’environnement et qui posent les plus grands dangers à la santé humaine », a ainsi déclaré la représentante de l’Argentine, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Considérant en outre que les activités minières et les revenus qui en sont tirés contribuent à la mise en œuvre des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les pays en développement, elle a appelé la CCD à souligner la nécessité de renforcer l’application du principe de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. 


Le représentant du Soudan a appuyé les propos de son homologue de l’Argentine, en clamant que les difficultés auxquelles se heurtent les pays arabes dans la réalisation du développement durable sont dues au manque de ressources et aux conditionnalités imposées par les institutions financières internationales.  Il a ainsi demandé que le document final de la CDD-19 prévoie des mesures fortes en matière mobilisation de ressources afin d’améliorer la fourniture d’une aide financière prévisible aux pays en développement.  Enfin, le représentant a estimé que la mise à niveau des capacités de réponse de ces pays pour leur permettre de faire face aux défis environnementaux et à ceux posés par la promotion de l’économie « verte » doit être l’objectif recherché à travers les décisions prises à l’issue des travaux de la CDD-19 ».


Le représentant des États-Unis, qui a rappelé que les gouvernements ont la responsabilité d’impliquer plus avant les forces de la société civile à l’effort commun de développement durable, a réagi à ces déclarations en prévenant que son pays, « qui, à l’instar d’autres nations doit composer avec des réductions budgétaires drastiques », ne pourra pas prendre de nouveaux engagements financiers ou appuyer de nouvelles initiatives si celles-ci s’avéraient trop coûteuses. 


D’autres États, comme le Japon et la Bolivie, ont préféré mettre en avant les initiatives de développement durable menées de longue date au niveau national.  Le représentant du Japon a, par exemple, attiré l’attention sur le fait que son pays avait cessé d’être une société de consommation et de production de masse en 2003, « avec l’adoption d’un plan fondamental national qui met en avant le principe des trois « R »: réduire, réutiliser et recycler; un plan qui s’applique à l’exploitation et à l’utilisation des ressources ».  « Au Pérou, les Gouvernements successifs ont pris les devants en misant avec succès sur l’éco-efficacité, cela en maximisant notamment le recyclage et la durabilité des produits tirés de l’exploitation responsable des ressources naturelles », a indiqué de son côté le délégué du Pérou.


Le représentant de la Fédération de Russie a, quant à lui, rappelé qu’un document équilibré et proposant des mesures concrètes pourrait « fournir une base de travail solide à la Conférence de Rio sur le développement durable, de 2012 ».  Il a en outre fait savoir que c’est lors des séances de négociations que sa délégation présentera dans le détail les programmes conduits par la Fédération de Russie dans les domaines des transports, de l’extraction minière, de la gestion des déchets et des produits chimiques.


Les délégations de la CDD-19, réparties en deux groupes de travail, vont poursuivre, dès cet après-midi, et ce jusqu’au 6 mai, leurs négociations sur le document final.  D’après le programme de travail provisoire de la Commission, la prochaine séance plénière de la CDD devrait se tenir vendredi, le 6 mai.  Ce jour-là, les groupes de travail devraient faire rapport sur les progrès des négociations.


La documentation et le programme de travail de la CDD-19 figurent dans le document détaillant l’ordre du jour de la session et qui est publié sous la cote E/CN.17/2011/1.


MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2010-2011


Déclarations


M. LÁZLÓ BORBÉLY, Ministre de l’environnement et des forêts de la Roumanie, qui préside les travaux de la dix-neuvième session de la Commission du développement durable (CDD), a remarqué que le monde fait actuellement face à une multitude de crises, notamment celles liées à la pauvreté, à la crise alimentaire, à la récession économique, à la dégradation de l’environnement, aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles.  Il a ajouté que ces crises mettent en péril l’existence même de la population mondiale.  L’impact négatif de la crise économique mondiale sur la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement, aura également des répercussions en termes de développement socioéconomique durable, compte tenu du fait que la population mondiale ne cesse d’augmenter avec des tendances de consommation qui sont en hausse.  Il est donc impératif de trouver une nouvelle voie pour le développement qui tienne compte des considérations du développement durable, a préconisé le Ministre de la Roumanie.


Il a souligné que le Sommet sur les OMD, tenu l’année dernière, et les préparatifs en cours en vue de la Conférence de Rio de 2012 sur le développement durable ont envoyé un message clair: il faut que la communauté internationale fasse preuve d’une plus grande détermination pour promouvoir la mise en œuvre du programme relatif au développement durable et soutenir ses principes.  Il faut traduire les engagements pris en mesures et actes concrets, et cette dix-neuvième session de la CDD pourrait être exceptionnelle en ce sens, a dit le Ministre de la Roumanie.  Fort de ce constat, il a invité les États Membres à définir des mesures concrètes pour la mise en œuvre de ce programme et à trouver les moyens qui permettraient de lever les obstacles qui en entravent encore la mise en œuvre.


S’agissant du domaine des transports, M. László a estimé que pour atteindre les objectifs de développement durable internationalement convenus, il s’agit d’étendre l’infrastructure des transports dans les pays en développement.  Il a également mis l’accent sur le concept de planification intégrée de la planification urbaine et rurale des transports.  Pour ce qui est des produits chimiques, il a remarqué que si ces produits peuvent jouer un rôle important dans le développement, il est cependant vital d’en garantir une gestion plus saine pour qu’ils n’aient pas de conséquences néfastes sur l’environnement et la santé humaine.  Quant à la question des déchets toxiques, il a noté que les pays en développement connaissaient de sérieux problèmes dans ce domaine et qu’il était urgent de se pencher sur les problèmes posés par la gestion de ces déchets dans un contexte de développement.


Pour ce qui est de l’exploitation minière, il faut en minimiser les impacts environnementaux et sociaux néfastes tout en maximisant l’impact économique positif de cette activité, a préconisé le Président de la CDD-19.  Pour cela, il faudrait adopter une approche holistique qui intègre l’exploitation minière dans le paradigme du développement durable, a-t-il estimé.  Passant ensuite à la question des modes de consommation et de production durables, il a reconnu les progrès réalisés à ce stade, mais a estimé qu’il fallait aller plus loin.  Si le Processus de Marrakech a été efficace en tant que mécanisme intérimaire, il est nécessaire que soit mis en place un cadre décennal pour la promotion de modes de consommation et de production durables, a recommandé le Ministre.


M. László Borbély a souligné que les cinq domaines thématiques traités cette année par la CDD sont étroitement liés entre eux, ainsi qu’à d’autres thèmes du développement durable.  Il a insisté sur la nécessité d’avoir plus de cohérence dans les approches.  Les mesures prises aux niveaux local et national doivent impérativement être appuyées par la coopération internationale dans le domaine du développement durable, a conclu M. László Borbély.


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que les modes de consommation et de production non viables menaçaient déjà la capacité de régénération des ressources et de tous les écosystèmes vitaux de la planète.  Il a ajouté que les conséquences de ce déséquilibre étaient constatées à travers le recensement du nombre croissant d’espèces menacées, la déforestation, ou encore la baisse dramatique du volume des stocks de poissons.  « Beaucoup reste à faire pour réaliser une croissance économique inclusive et respectueuse de l’environnement ».  « Nous devons accélérer nos efforts sur la voie du développement durable en mettant en œuvre nos engagements », a-t-il dit. 


Revenant sur les cinq thèmes principaux de la dix-neuvième session de la Commission du développement durable (CDD), M. Sha Zukang a d’abord expliqué qu’il sera crucial d’assurer « demain » un accès peu coûteux aux transports dans les zones rurales, alors que, dans les villes et zones urbaines, l’accent devra être mis sur le renforcement des modes de transports non motorisés, propres et sûrs.  « Une gestion rationnelle des produits chimiques est également essentielle pour la santé humaine et la protection de l’environnement », a-t-il signalé, en soulignant la nécessité que les capacités informationnelles et institutionnelles soient renforcées à cette fin.  Le Secrétaire général adjoint a également indiqué qu’une extraction minière durable doit aussi contribuer au développement économique des pays, cela en tenant compte des préoccupations légitimes des peuples autochtones.  « Nous devons, en outre, changer nos modes de consommation et de production afin de pouvoir répondre plus efficacement aux défis posés par les changements climatiques, par les menaces de pénurie d’eau potable et par la raréfaction d’autres ressources vitales », a-t-il ensuite insisté. 


S’agissant du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables, M. Sha Zukang a assuré que son établissement « par les États Membres et toutes les parties prenantes » servirait à promouvoir un développement responsable, c’est-à-dire réalisé dans la limite des ressources écosystémiques disponibles.  « Un tel cadre renforcerait le pilier social du développement durable en encourageant une production des biens et des services répondant aux besoins des populations, hommes et femmes, et offrant une meilleur qualité de vie aux plus pauvres », a-t-il noté. 


En conclusion, le Secrétaire général adjoint a déclaré que près de 20 ans après sa création, la Commission du développement durable, considérée comme l’organe clef du système de l’ONU dans son domaine, faisait l’objet de critiques quant à son manque d’efficacité.  « Les résultats de la mise en œuvre de ses recommandations sur le terrain tardent à se faire sentir », a-t-il reconnu.  Il a ainsi rappelé aux délégations que lors de la prochaine Conférence de Rio sur le développement durable, « l’avenir de la CDD serait au cœur des discussions ».  « En vue de la Conférence de Rio, la dix-neuvième session de la CDD représente une occasion unique d’apporter une contribution positive à la promotion de l’économie verte, cela dans le contexte du développement durable et à l’appui des efforts d’éradication de la pauvreté », a-t-il constaté.  Enfin, il a fait observer que les points qui seront étudiés au cours des deux prochaines semaines « sont directement liés à l’avènement d’une économique verte », l’atteinte d’un consensus à l’issue de la CDD-19 pouvant donc constituer un apport déterminant à la réussite finale de la Conférence de Rio.


Mme MARÍA LUZ MELON (Argentine), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a fait remarquer que les pays en développement se heurtent à des défis considérables en matière de développement de leurs systèmes de transport.  « Au niveau local, le manque de ressources financières retarde le développement des infrastructures et empêche les pays en développement de participer pleinement aux efforts de lutte contre les conséquences néfastes des changements climatiques, notamment en ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre ».  La représentante a ainsi souligné que les négociations sur le document final de la CDD-19 devront se concentrer sur les moyens à mettre en œuvre pour permettre à toutes les populations un accès sûr, propre, peu coûteux et efficace à des transports sûrs et performants.  Pour ce qui est des produits chimiques, elle a noté que les pays en développement manquaient des ressources nécessaires pour protéger l’environnement contre l’utilisation potentiellement à risques de ces produits.  « Nous devons avoir les moyens techniques et l’expertise requise pour être en mesure de renforcer la responsabilité sociale et environnementale à l’égard des produits chimiques », a-t-elle insisté. 


Concernant la gestion rationnelle des déchets, la représentante de l’Argentine a appelé à l’intensification de l’appui international apporté aux pays en développement pour permettre à ces derniers de mettre pleinement en œuvre les conventions pertinentes.  « Les pays développés doivent transférer les technologies vertes indiquées aux pays en développement en vue de consolider les capacités de recherche de ceux-ci dans le domaine de la gestion des déchets, notamment ceux qui comportent le plus grand risque de contamination de l’environnement et qui posent les plus grands dangers à la santé humaine ».  S’agissant de l’extraction minière, la représentante a attiré l’attention sur l’importance de promouvoir des pratiques équilibrées sur le plan environnemental, social et économique en tenant dûment compte des besoins spécifiques des pays.  « Il faut que les activités minières contribuent à la mise en œuvre des OMD ainsi qu’à celles des programmes liés à la promotion et à la réalisation des objectifs du développement durable, et ce, en renforçant l’application du principe de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises », a-t-elle préconisé.


M. ISTVÁN TEPLÁN, Secrétaire d’État pour l’environnement de la Hongrie, qui a pris la parole au nom de l’Union européenne, a estimé que le projet de document destiné aux négociations entre les délégations de la session de la CDD de cette année reflète les résultats de la Réunion préparatoire intergouvernementale de manière juste et équilibrée.  Il a ensuite exposé l’approche adoptée par les pays de l’Union européenne dans le traitement de chaque domaine thématique de cette année.  Commençant par le Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables, il a souligné l’importance pour les États de faire preuve de volonté politique au plus haut niveau afin de pouvoir réellement avancer dans la mise en œuvre des décisions et programmes arrêtés dans ce domaine.  En effet, compte tenu des interactions étroites entre les modes de consommation et de production durables et les quatre autres domaines thématiques, l’adoption et la mise en œuvre d’un cadre décennal en la matière aura des effets multiplicateurs, a estimé M. Teplán.  En donnant une priorité politique à ces modes de production et de consommation durables on devrait pouvoir produire plus à moindre frais, et ainsi parvenir à lutter contre la pauvreté, à créer des emplois et à ralentir la progression des impacts des changements climatiques, a ajouté M. Teplán.


Pour ce qui est des interconnections et des questions intersectorielles, il a noté qu’il restait beaucoup à faire en ce qui concerne leur traitement et qu’il est urgent de prendre, à cet égard, des mesures concrètes.  S’agissant des questions de financement, l’Union européenne prône l’utilisation complète et efficace des ressources financières existantes, a poursuivi le représentant.  Sur la thématique des transports, l’Union européenne souhaite que l’approche globale qui doit être adoptée en la matière tienne compte des changements climatiques et des questions environnementales.


Abordant le thème des produits chimiques, M. Teplán a rappelé que le processus consultatif dirigé par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) sur la gestion des produits chimiques et des déchets dangereux se poursuit, et il a insisté sur le fait qu’il fallait mettre l’accent sur la réduction des quantités de déchets à risques produits chaque jour.  La stratégie de gestion des déchets à long terme doit prévoir, selon lui, des normes et spécifications strictes afin de réduire au maximum leurs impacts négatifs sur l’environnement et la santé humaine.  S’agissant des déchets radioactifs, il a invité la communauté mondiale à respecter les dispositions préconisées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour leur gestion. 


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili), qui s’exprimait au nom du Groupe de Rio, a estimé urgent de traduire les mots en actes.  « Nos pays sont prêts à participer à un dialogue productif et ouvert sur l’établissement du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables, en se basant sur l’expérience tirée de la mise en œuvre du Processus de Marrakech », a-t-il notamment indiqué.  Après avoir estimé crucial de mobiliser les ressources financières requises et de fournir l’appui nécessaire aux pays en développement pour mettre en œuvre le Cadre aux niveaux régional, sous-régional et national, le représentant a insisté sur le fait que l’aide financière, le transfert de technologies et le renforcement des capacités seront déterminants pour promouvoir une économie verte et réaliser les trois piliers du développement durable.  « Nous soulignons de nouveau l’importance d’optimiser l’exploitation responsable des ressources afin de réduire la dégradation environnementale tout en maximisant les gains sociaux de la croissance économique », a déclaré M. Errázuriz.


M. HASAN KLEIB (Indonésie), a pris la parole au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) et a déclaré que dans le contexte des préparatifs de la Conférence de Rio sur le développement durable, dont les thèmes sont l’économie verte et le cadre institutionnel pour le développement durable, la CDD restait la structure la plus appropriée pour la tenue de négociations sur ce cadre institutionnel, qui découle directement de la mise en œuvre du Plan d’action de Johannesburg.  L’ANASE souhaite ainsi que la CDD soit renforcée pour pouvoir s’acquitter de son mandat qui prévoit le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre d’Action 21, du Plan d’action de Johannesburg et des politiques adoptées lors des précédentes sessions de la Commission, a dit M. Kleib.


S’agissant des cinq domaines thématiques de la session de cette année, M. Kleib a estimé qu’il faut axer les efforts sur la promotion de systèmes de transport intégrés et durables dans les pays en développement.  Pour ce qui est de l’usage des produits chimiques et de la gestion des déchets dangereux, il faut, selon lui, renforcer les capacités nationales pour une gestion responsable de ces matières à risques.  À cet effet, la CDD-19 devrait mettre en avant la question des transferts technologiques à opérer dans ce domaine, a-t-il souhaité.  S’agissant du Cadre décennal de programmation sur les modes de consommation et de production durables, M. Kleib a estimé que le moment était venu de traduire le Processus de Marrakech en un engagement politique concret.  Par conséquent, l’ANASE appuie l’adoption d’un cadre décennal bien structuré et basé sur une vision et des objectifs et programmes clairs.  Ce cadre doit aborder les trois piliers du développement durable de manière équitable et intégrée, a ajouté le délégué.


M. MAGID YOUSIF YAHYA ELHAG (Soudan), qui s’exprimait au nom du Groupe des États arabes, a souhaité que les travaux de la CDD-19 contribuent au succès de la Conférence de Rio sur le développement durable, de 2012,en vue d’identifier les moyens de renforcer les trois piliers du développement durable partout dans le monde.  La réussite de la Conférence est d’une importance capitale pour les pays arabes, qui ont progressé dans la mise en œuvre d’Action 21 et qui ont accompli des progrès notables dans la réalisation des OMD, a-t-il ajouté.  À son tour, le représentant a souligné que les pays arabes restaient confrontés à des difficultés majeures en ce qui concerne la mise en œuvre des recommandations de la CDD dans les cinq domaines considérés.  « Cela est dû au manque de ressources et aux conditionnalités imposées par les institutions financières internationales », a-t-il estimé.  C’est ainsi qu’il a demandé que le document final de la CDD-19 prévoit des mesures fortes en vue d’améliorer la fourniture d’une aide financière prévisible aux pays en développement dans le domaine du développement durable.  La mise à niveau des capacités de réponse des pays en développement aux défis environnementaux et à ceux posés par la promotion de l’économie « verte » doit être l’objectif recherché à travers les décisions prises à l’issue de nos travaux, a-t-il conclu. 


Mme DESSIMA M. WILLIAMS (Grenade) parlant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a déclaré que la CDD restait l’organe intergouvernemental privilégié pour la mise en œuvre et le suivi des engagements relatifs aux petits États insulaires en développement (PEID), y compris ceux prévus par Action 21 et le Programme d’action de la Barbade et la Stratégie de Maurice.  Elle a fait état des répercussions négatives de la crise économique mondiale sur la capacité des PEID à réaliser leurs objectifs de développement.  Expliquant que les transports et les communications sont l’épine dorsale du développement des PEID, elle a regretté que les changements climatiques aient des conséquences néfastes sur les capacités de transport de ces pays.  Par conséquent, Mme Williams a émis l’espoir que le document final de la CDD-19 préconisera des mesures concrètes pour lutter contre les prix exorbitants des transports et prévoira des mesures de soutien aux PEID pour leur permettre d’améliorer leurs infrastructures, tant dans le domaine des transports que dans celui des communications.


Pour ce qui est de la gestion des déchets, Mme Williams a reconnu leurs effets nocifs sur les écosystèmes marins et les sites touristiques des PEID, et a demandé la création de mécanismes régionaux plus efficaces pour protéger les zones côtières de ces pays des déchets provenant des navires mais aussi des risques liés au transport transfrontière des déchets toxiques.  Pour ce qui est des produits chimiques, l’AOSIS demande qu’une stratégie de financement mondial pour l’application des engagements environnementaux multilatéraux soit développée.  En ce qui concerne les modes de production et de consommation durables, la représentante a souligné que l’empreinte carbone des PEID restait relativement faible.  Cependant, l’AOSIS réaffirme dans ce contexte l’importance des accords conclus à travers le plan Action 21 et souligne notamment la responsabilité qu’ont les pays développés, lesquels ont pratiqué des modes de consommation et de production qui ne sont pas durables.  Le Cadre décennal devrait être flexible et être articulé autour d’une diversité de programmes qui tienne compte des réalités nationales, a-t-elle préconisé.  Ce Cadre doit également relever les défis qui se posent aux pays en développement en matière de production et de consommation durables et prévoir des mécanismes d’appui financier et de transferts de technologies en leur faveur, a ajouté Mme Williams.


M. LUKE DAUNIVALU (Fidji), qui s’exprimait au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a mis l’accent sur le fait que la communauté internationale doit renforcer la structure institutionnelle d’appui aux petits États insulaires en développement.  « C’est ce qu’il faut renforcer pour permettre à tous les pays en développement d’avancer vers l’atteinte du développement durable, et nos pays souhaitent que cette question soit largement débattue au cours des travaux de cette session de la CDD », a-t-il noté.  Pour le représentant, si la Commission parvient à un accord important sur ce point, elle retrouvera du crédit « car elle sera redevenue efficace ».  Par ailleurs, il a réitéré l’appel des petits États insulaires en développement à la désignation d’une catégorie onusienne spécifique dans laquelle ils seraient classés, ce qui permettrait l’établissement en leur faveur, de programmes d’aide plus ciblés et répondant mieux à leurs besoins concrets.  « Nous voulons que cette demande soit reflétée dans le projet de document final de la CDD-19 sur lequel nous allons nous pencher dès cet après-midi », a-t-il déclaré. 


M. LAWRENCE CHIDI-ANUKAM (Nigéria), parlant au nom du Groupe des pays d’Afrique, a souligné qu’il y a une interdépendance entre les cinq domaines thématiques de l’ordre du jour de la dix-neuvième session de la CDD.   Ces thèmes touchent le quotidien de chacun d’entre nous et, par conséquent, tout progrès concernant leur traitement est bienvenu.  Cependant le succès des travaux de la CDD-19 dépendra d’une approche réglementaire solide, a estimé le délégué.  La session des travaux de la CDD qui est en cours est l’occasion de proposer des solutions concrètes et de recenser les moyens existants pour la mise en œuvre du plan Action 21.  Pour le Groupe des pays d’Afrique la mise en œuvre de ce plan d’action est nécessaire pour arriver à réduire le fossé qui existe toujours entre pays développés et en développement, a souligné le représentant.  Revenant sur l’impact de la crise économique mondiale sur le développement en Afrique, il a également souligné que les pays africains sont toujours au stade des efforts visant à satisfaire les besoins de base de leurs populations.  La réalisation des OMD en Afrique dépend étroitement des ressources financières disponibles pour le développement des capacités africaines, a noté le représentant.  Il a ainsi demandé une augmentation substantielle de l’aide publique au développement (APD), et une annulation pure et simple de la dette des pays africains les plus endettés.  Pour le Groupe des pays d’Afrique, l’examen des questions thématiques de la CDD doit se faire dans le contexte des trois piliers du développement durable, a souligné le représentant du Nigéria.


M. JOHN M. MATUSZAK (États-Unis) a rappelé qu’à l’occasion de la Journée de la Terre, le Président Obama avait encouragé tous les Américains à participer aux activités de protection de l’environnement et à contribuer ainsi à un avenir prospère, durable et sain.  Il a ajouté qu’au cours des deux prochaines semaines, « il faudra définir des solutions pratiques destinées à mettre concrètement en œuvre les recommandations importantes de la CDD ».  « Nos idées innovantes doivent trouver des débouchées; c’est pourquoi elles doivent s’adresser aux scientifiques et aux éducateurs, ou du moins, tenir compte de leurs avis et conseils », a-t-il noté.  Soulignant ensuite la nécessité de recourir aux technologies de l’information pour partager plus efficacement les données et savoirs pertinents et élargir, ce faisant, la sphère des décideurs, le représentant a rappelé que les gouvernements ont la responsabilité d’impliquer plus avant les forces de la société civile à l’effort commun de développement durable.  Enfin, après avoir rappelé l’attachement des États-Unis à l’établissement du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables, M. Matuszak a prévenu que son pays, « qui, à l’instar d’autres nations doit composer avec des réductions budgétaires drastiques », ne pourra pas prendre de nouveaux engagements financiers ou appuyer de nouvelles initiatives trop coûteuses. 


M. TOUFIC JABER (Liban), a regretté l’impact de la fluctuation des prix des produits et biens de consommation de base ainsi que des produits énergétiques sur la capacité des pays en développement à atteindre les OMD.  Dans le cadre du transport, le Liban continue à renforcer ce secteur, étant donné son importance pour répondre aux exigences du développement durable, en particulier dans le domaine rural.  Par ailleurs, le Liban veille à réduire les effets négatifs des produits chimiques tant dans le domaine de la santé que dans celui de l’environnement, ceci, notamment par le biais de l’adoption de lois à cet effet.


Le Liban salue les efforts consentis par la CDD pour réaliser l’équilibre entre les trois piliers du développement durable, a ajouté le représentant.  Le Liban appuie tout effort qui vise à améliorer l’impact de l’aide publique au développement à la promotion du développement durable.  Le Liban souligne dans ce contexte, la nécessité pour tous les États de faire preuve d’une volonté politique réelle pour la mise en œuvre des objectifs et programmes du développement durable.  Selon le représentant, la mise en œuvre du Partenariat international pour le développement durable repose sur la volonté politique dont pourront faire preuve les pays développés à concrètement s’engager en ce sens et à appuyer les efforts déployés à cet égard par le monde en développement.


M. ROBERTO RODRÍGUEZ (Pérou) a souligné qu’au cours des dernières décennies, les pays en développement avaient dû faire place à la montée des périls que sont les changements climatiques, la déforestation et la dégradation de leurs terres.  Non seulement nous avons eu à combattre ces phénomènes, qui vont à l’encontre du au développement durable, mais nous avons aussi été frappés de plein fouet par la conjonction des crises financière, énergétique et alimentaire, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite insisté sur l’importance de trouver de nouveaux moyens de mise en œuvre des objectifs du développement durable agréés au plan international depuis maintenant deux décennies.  « Au Pérou, les Gouvernements successifs ont pris les devants en misant avec succès sur l’éco-efficacité, cela en maximisant notamment le recyclage et la durabilité des produits tirés de l’exploitation responsable des ressources naturelles », a-t-il, entre autres, fait observer. 


M. TAKESHI OSUGA (Japon) a mis l’accent sur les pénuries et la dégradation croissante des ressources naturelles, alors même que la population mondiale ne cesse d’augmenter.  Pour faire face à ce phénomène, il faut adopter un nouveau paradigme qui permette de dépasser les dichotomies traditionnelles de pays développés contre pays en développement et environnement contre développement, a préconisé M. Osuga.  Il s’agit, aujourd’hui, de développer un modèle de croissance verte qui réconcilie développement économique et protection de l’environnement, a-t-il précisé.  Pour sa part, le Japon a cessé d’être une société de consommation et de production de masse en 2003, avec l’adoption d’un plan fondamental national qui met en avant le principe des trois « R »: réduire, réutiliser et recycler, plan qui s’applique à l’exploitation et à l’utilisation des ressources.  M. Osuga a souligné le fait que chacune des questions thématiques de cette session de la CDD devrait être examinée dans le contexte plus large du développement durable, de manière à mieux comprendre la nature interdépendante de ces différents thèmes.


M. MERON REUBEN (Israël) est intervenu brièvement pour convier les délégations au petit déjeuner que la Mission israélienne auprès des Nations Unies organisera le 13 mai prochain.  « À cette occasion, nous débattrons de manière informelle des moyens à trouver pour impliquer davantage les médias dans la promotion des activités liées au développement durable, en particulier celles concernant les modes de consommation et de production durables », a-t-il noté.


Mme JEANINE VOLKEN (Suisse) a fait remarquer que la Suisse appuie le concept de Cadre décennal de programmation relatif aux modes de production et de consommation durables et souhaite qu’il soit mis en œuvre au plus tôt.  Concernant les produits chimiques, elle a espéré que les nombreux traités et conventions internationaux existant sur cette question soient mieux reflétés dans le document final de la CDD-19.  La Suisse regrette, en outre, que les déchets alimentaires ne soient pas mentionnés dans ce texte, a indiqué la représentante. 


M. RAFAEL ARCHONDO (Bolivie) a mis en avant la nécessité que le document final de la CDD-19 mette en exergue le besoin de rendre durables les modes de consommation et de production, cela en reflétant l’importance qu’il y a, pour la communauté internationale, de s’appuyer à cette fin sur l’expérience et les savoirs des peuples autochtones.


M. VANNAK (Cambodge) a abordé les différents domaines thématiques de la CDD-19, à commencer par la question de l’utilisation et de la gestion des produits chimiques et de leurs déchets.  Le Cambodge pense que les plans de développement nationaux doivent prévoir des stratégies et des plans d’actions concrets dans ce domaine, a dit M. Vannak.  Il a précisé que cela suppose aussi la mise en place de systèmes de gestion durable des déchets.  Par ailleurs, pour ce qui est des activités minières, le représentant a souhaité que les revenus générés par l’exploitation des ressources minières soient en partie mis au service de la lutte contre la pauvreté et de la protection de l’environnement.  S’agissant du Cadre décennal de programmation des modes de production et de consommation durables, M. Vannak a souligné que le succès de ce Cadre dépendra de la manière avec laquelle ses dispositions seront concrètement reprises dans les politiques nationales.


M. DMITRY I. MAKSIMYCHEV (Fédération de Russie) a demandé que les négociations sur le document final soient axées sur la recherche de solutions concrètes et équilibrées.  « Nous devons fournir une base de travail solide à la Conférence de Rio sur le développement durable de 2012 », a-t-il ajouté.  Il a en outre fait savoir que c’est pendant les séances de négociations que sa délégation présenterait, dans le détail, les initiatives menées de longue date par la Fédération de Russie dans les domaines des transports, de l’extraction minière, de la gestion des déchets et des produits chimiques.  « Nos plans d’action en matière de développement durable ont été élaborés pour s’échelonner sur les trois prochaines décennies », a-t-il précisé. 


M. RICARDO (Jordanie), qui est intervenu au nom des cinq commissions régionales des Nations Unies, a demandé que les réalités régionales soient prises en compte dans le contexte des politiques de développement durable.  Cela n’empêche cependant pas qu’il y ait un ensemble de mesures et de politiques qui s’appliquent à toutes les régions, a-t-il ajouté.  S’agissant de la question thématique relative au domaine des transports, il a recommandé qu’une politique intégrée soit mise en place dans chaque pays au niveau national entre zones urbaines et rurales.  Pour ce qui est du développement des transports routiers, les pays devraient pouvoir bénéficier de transferts de technologies, notamment pour ce qui est du développement et de l’usage de moyens de transport moins polluants, a-t-il recommandé.  En ce qui concerne le Cadre décennal de programmation relatif aux modes de consommation et de production durables, il a souhaité qu’il tienne compte des leçons tirées du processus et du Processus de Marrakech et a souligné le fait que ce Cadre permet d’avoir un lien utile entre les travaux de la CDD et ceux qui vont pendre place lors de la Conférence de Rio, prévue l’an prochain.  S’agissant de la mise en œuvre concrète de ce Cadre, le représentant a estimé que l’un des principaux obstacles à franchir sera celui posé par les mesures politiques à prendre au niveau national pour son application et notamment, les politiques fiscales.


Parmi les grands groupes ayant pris la parole, celui des autorités locales a demandé aux délégations de prendre en compte le fait qu’au niveau local, les questions du développement durable sont inextricablement liées et sont souvent appréhendées par une même personne ou un seul groupe humain.  « C’est à ce niveau clef que les mesures que vous prenez sont mises en œuvre », a ajouté le représentant du grand groupe des autorités locales, qui a demandé que ce point soit reflété dans la partie du document final relative à l’application des questions transversales.


De son côté, la représentante des organisations non gouvernementales (ONG) a interpellé les États Membres en leur demandant de garder à l’esprit, au cours de leurs délibérations, que la réussite économique mesurée à la seule aune du degré de consommation et de production entre en conflit avec les impératifs de protection de l’environnement.  « La croissance économique doit être respectueuse de l’environnement et basée sur la recherche du bien-être commun, cela en recourant aux indicateurs que sont l’éthique et les valeurs humanistes de l’éducation et du partage », a-t-elle insisté. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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