L’Afrique a besoin d’une solidarité réelle et de partenariats pour atteindre les OMD, déclare M. Ban Ki-moon devant l’Assemblée nationale du Cameroun
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L’AFRIQUE A BESOIN D’UNE SOLIDARITÉ RÉELLE ET DE PARTENARIATS POUR ATTEINDRE LES OMD, DÉCLARE M. BAN KI-MOON DEVANT L’ASSEMBLÉE NATIONALE DU CAMEROUN
On trouvera, ci-après, le texte intégral de l’allocution prononcée par le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, devant l’Assemblée nationale de la République du Cameroun, à Yaoundé, le 10 juin 2010:
Je vous remercie de votre chaleureux accueil et des réunions constructives que nous avons eues sur un large éventail de sujets.
Partout où je me rends dans le monde, je m’efforce aussi de rencontrer les législateurs. Je tiens à dialoguer avec les parlements du monde.
Les parlements élaborent des lois. Ils expriment la diversité de chaque nation.
Avant de prononcer mon discours, permettez-moi, Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, de vous dire combien je suis attristé par la disparition aujourd’hui même de Ferdinand Leopold Oyono, ancien Ministre, écrivain célèbre et ancien Représentant permanent du Cameroun auprès des Nations Unies à New York. Je présente à la famille, au Gouvernement et au peuple camerounais mes très sincères condoléances.
Cette diversité est particulièrement évidente ici, au Cameroun … qui est « une Afrique en miniature » … grâce à sa riche diversité ethnique, linguistique, géographique et religieuse.
C’est par le truchement des parlements que les peuples font entendre leur voix. Et ces voix, ensemble, deviennent la voix de toute démocratie solide.
C’est un privilège pour moi de me trouver ici, à ce moment.
Cette année, vous célébrez les 50 ans de votre indépendance. Cinquante années durant lesquelles l’Afrique a de plus en plus affirmé sa présence sur la
scène internationale.
Comme nous avons pu le constater dans les domaines de la politique, de la paix et de la sécurité.
Et ce mois-ci, nous allons le constater sur un autre terrain.
La Coupe du monde va projeter l’Afrique sur le devant de la scène mondiale.
Avec les Bafanas Bafanas, l’équipe du pays hôte, l’Afrique du Sud.
Avec les Fennecs de l’Algérie.
Avec les Éléphants de la Côte d’Ivoire et les Black Stars du Ghana.
Avec les Super Eagles du Nigéria.
Et, bien sûr, avec les Lions indomptables.
Permettez-moi de féliciter quatre des Lions, pour leur travail.
Chacun d’eux est Ambassadeur de bonne volonté pour les Objectifs du Millénaire pour le développement: le capitaine Samuel Eto’o fils, Alexandre Song, Rigobert Song et Idrisss Carlos Kameni.
Ils sont des Ambassadeurs dont le Cameroun peut être fier.
Demain, je me rendrai à Johannesburg pour le match d’ouverture.
Je ne prétends pas être un expert en la matière. Mais je peux partager un secret avec vous.
Je sais déjà qui sera le gagnant de la Coupe du monde. Le vrai vainqueur sera l’Afrique.
Demain, je me rendrai à Johannesburg pour le match d’ouverture.
Je ne prétends pas être un expert en la matière. Mais je peux partager avec vous un secret.
Je sais déjà qui sera le gagnant de la Coupe du monde.
Le vrai vainqueur sera l’Afrique.
Je suis si heureux d’être sur ce continent. De vivre cette fierté. De sentir cette énergie. De nourrir cet espoir. De regarder ensemble vers l’avenir.
Aujourd’hui, je voudrais me concentrer sur les perspectives et les obligations qui se dessinent … tant sur les promesses faites à l’Afrique … que sur la promesse de l’Afrique.
La relation qui unit le Cameroun et l’Organisation des Nations Unies a le même âge que l’Organisation elle-même.
Le Cameroun est devenu membre de l’ONU il y a 50 ans, mais nos liens remontent à 1946 et au Conseil de tutelle.
Au fil des ans, notre relation de partenariat n’a cessé de se développer.
À présent, le Cameroun contribue généreusement aux opérations de paix des Nations Unies. Plus de 130 Camerounais, parmi les plus dévoués, exercent des fonctions dans les composantes de police, du Burundi à la Côte d’Ivoire, en passant par le Soudan et Haïti.
Le Cameroun accueille 100 000 réfugiés, dont beaucoup viennent de la République centrafricaine.
Et, de concert avec le Nigéria, le Cameroun a offert au monde un exemple en matière de règlement pacifique des conflits.
Les deux pays ont suivi l’avis rendu par la Cour internationale de Justice en 2002 … et ont conclu l’Accord de Greentree en 2006 … sur le règlement de leur différend frontalier.
Votre courage a montré qu’avec l’aide de l’ONU, la paix et la concorde peuvent triompher.
Les efforts importants que vous avez consentis pour la péninsule de Bakassi témoignent de votre détermination.
L’Organisation des Nations Unies est prête à vous offrir son plein appui alors que vous consolidez la paix et renforcez la coopération dans la région.
Le Cameroun contribue aussi à montrer au monde que les objectifs du Millénaire pour le développement sont à portée de main.
Vous avez accompli des progrès sensibles pour réduire la pauvreté extrême. Vous vous attachez à faire en sorte que chaque enfant soit scolarisé dans le primaire.
Il est probable que d’aucuns voient dans ces progrès un miracle. Mais il n’y a pourtant rien de miraculeux là-dedans.
Cela tient à une vérité toute simple:
À savoir que lorsqu’on déploie des efforts, on réussit, sinon, on échoue.
C’est aussi ce que j’ai constaté aujourd’hui à Mbalmayo.
Je me suis entretenu avec des femmes qui se prennent en charge pour s’aider et pour aider les autres … avec le personnel d’une station de radio locale qui aide l’ensemble de la population à s’en sortir … et avec l’équipe d’un projet hydraulique qui pose actuellement des bases solides pour la santé.
Ce que j’ai vu aujourd’hui montre ce que l’on peut accomplir lorsque des partenaires mènent une action globale et cohérente … lorsque des partenaires font bloc face à la pauvreté, à la faim et aux maladies.
J’évoquerai ces expériences lors du Sommet du G-20 qui aura lieu au Canada, en juillet … ainsi qu’à l’occasion du sommet sur les Objectifs du Millénaire qui se tiendra à New York, en septembre.
Le message est simple.
L’Afrique peut atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.
L’Afrique dispose d’un potentiel illimité et est dotée d’une richesse humaine et matérielle prodigieuse.
Elle abrite 1 milliard de personnes, dont plus de la moitié sont âgés de moins de 30 ans.
J’estime que la réalisation des promesses faites aux Africains est une question de volonté.
Les Africains n’ont pas besoin de pitié ni de charité.
Ils ont seulement besoin des outils nécessaires pour créer des emplois et des revenus.
Les pays développés devraient tenir leurs promesses en vue de doubler l’aide à l’Afrique … promesses qui ont été faites à maintes reprises lors des réunions au sommet du G-8 et du G-20 et à l’ONU.
Il faut aussi promouvoir plus activement le libre-échange.
Les produits de l’Afrique ne devraient pas être tenus à l’écart des marchés à cause de taxes exorbitantes à l’importation.
Les agriculteurs africains ne devraient pas être en butte à des subventions agricoles injustes.
Les gouvernements africains doivent être dotés des moyens d’action voulus pour pouvoir investir davantage dans l’agriculture, l’eau, l’éducation, la santé et les infrastructures.
Lors du Sommet sur les OMD qui se tiendra en septembre, j’inviterai les gouvernements à élaborer des plans d’action axés sur les résultats, assortis de mesures et de délais.
Comme le dit le proverbe camerounais: « Un oiseau qui jacasse ne construit pas de nid ».
Il faut moins de paroles, davantage d’actes.
C’est pourquoi nous ferons connaître les initiatives constructives … en vue de les reproduire à une plus grande échelle … et de forger des alliances qui nous permettront de faire encore davantage.
L’Afrique a besoin d’une solidarité réelle … de partenariats dans lesquels les donateurs écoutent les bénéficiaires et adaptent leur aide aux besoins du continent.
La santé maternelle est l’Objectif du Millénaire pour le développement qui tarde le plus à être réalisé. Pourtant, si nous pouvons réussir dans ce domaine, nous créerons une « onde de choc » vertueuse qui s’étendra à tous les objectifs.
Nous devons combiner les efforts des donateurs et des bénéficiaires avec les initiatives du secteur privé et de la société civile. Cette semaine, à Washington, j’ai annoncé un plan qui va dans ce sens.
Avant de venir ici, j’ai assisté à une grande conférence internationale intitulée « Les femmes donnent la vie » où, à l’initiative des Nations Unies, nous avons adopté un Plan d’action conjoint pour éviter que les femmes et les filles ne meurent inutilement de complications de la grossesse et de maladies évitables.
Une femme meurt chaque minute. Deux enfants meurent chaque minute. C’est tout simplement inacceptable. C’est une injustice sociale, politique et morale. Nous devons empêcher cela. J’ai demandé 15 millions de dollars d’ici à l’année prochaine et 45 millions supplémentaires d’ici à 2015 pour contribuer au renforcement des capacités et lutter contre ces mortalités maternelle et infantile.
Nous savons que les changements climatiques font peser une menace sur le développement et la stabilité et constituent un danger particulier pour l’Afrique.
Le Cameroun et les autres membres de la Commission du bassin du lac Tchad ont exprimé leurs préoccupations légitimes face à la baisse spectaculaire des niveaux d’eau de cette source vitale.
Il faut aider l’Afrique à réduire sa vulnérabilité.
La conférence sur le climat qui a eu lieu à Copenhague l’an dernier a permis d’accomplir des progrès importants dans un certain nombre de domaines : un objectif a notamment été fixé en vue de limiter à 2 oC l’augmentation des températures mondiales d’ici à 2050 … des mesures d’atténuation ont été prises dans tous les pays … des progrès ont été réalisés dans la lutte contre le déboisement et la dégradation des forêts … des moyens financiers ont été fournis aux pays en développement pour les aider à s’adapter aux changements et à en atténuer les effets.
Mon Groupe consultatif de haut niveau sur le financement de la lutte contre les changements climatiques s’emploie actuellement à mobiliser des moyens de financement nouveaux et novateurs provenant des secteurs public et privé en vue d’atteindre l’objectif annuel de 100 milliards de dollars d’ici à 2020.
Grâce à ces fonds, il sera possible de mettre en place des stratégies d’atténuation et d’adaptation dans les pays en développement.
Des pays comme le Cameroun pourront ainsi atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement.
J’ai parlé des responsabilités des pays développés, qui doivent tenir la promesse du Millénaire.
Mais l’Afrique aussi, a une promesse à tenir.
Le développement durable n’est possible que s’il peut s’appuyer sur les fondements solides de la paix et de la bonne gouvernance.
Ces dernières années, l’Afrique a peu à peu délaissé le principe de « non-ingérence » pour s’acheminer vers un principe nouveau et plus moderne de « non-indifférence ».
Nous devons maintenir cet élan et poursuivre sur cette lancée.
Il importe au plus haut point d’organiser des élections pacifiques, crédibles et transparentes.
Nous ne pouvons pas permettre que la volonté du peuple soit contrecarrée par des fraudes électorales.
Nous ne saurions accepter des changements de gouvernement inconstitutionnels.
Nous ne pouvons pas tolérer que les lois fassent constamment l’objet de manipulations en vue de préserver les privilèges des tenants du pouvoir.
Nous ne saurions fermer les yeux sur la corruption, le népotisme et la tyrannie.
Nous ne pouvons pas non plus rester les bras croisés lorsque la population est privée de ses droits fondamentaux.
Il ne peut y avoir de développement durable sans une paix durable.
En l’absence d’un développement durable, l’Afrique ne pourra pas atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Et, si l’Afrique n’atteint pas les Objectifs du Millénaire pour le développement, elle n’aboutira pas à la promesse et à la prospérité que sa population mérite tant.
L’Organisation des Nations Unies est votre partenaire – dans la médiation, le maintien et la consolidation de la paix.
Ce n’est qu’en vivant en bon voisinage, en tant qu’individus, communautés et nations, que nous pourrons réaliser la promesse contenue dans la Charte des Nations Unies.
Dans cette quête, je vous assure que l’ONU sera toujours votre alliée.
Pour la paix et la sécurité … pour le développement et les droits de l’homme … l’ONU sera constamment à vos côtés.
Je vous remercie.
Je vous remercie de l’honneur que vous m’avez fait.
Et je vous remercie de votre détermination à participer activement aux travaux importants qui nous attendent.
* Publié à nouveau pour refléter le discours tel que prononcé.
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