Commission de la condition de la femme: la participation effective des femmes aux efforts de relance économique est une réelle plus-value
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Commission de la condition de la femme
Cinquante-quatrième session
13e et 14e séances – matin et après-midi
COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: LA PARTICIPATION EFFECTIVE DES FEMMES AUX EFFORTS DE RELANCE ÉCONOMIQUE EST UNE RÉELLE PLUS-VALUE
Marquée par des manifestations pour la centième Journée internationale de la femme, les débats de la Commission de la condition de la femme ont porté sur le renforcement du pouvoir économique des femmes dans le contexte de la crise économique et financière mondiale.
La participation aux efforts de relance doit être perçue comme une plus-value, ont argué les trois économistes qui ont pris part à la table ronde sur le sujet modérée par Mme Leysa Sow du Sénégal. La crise a pour effet néfaste d’accroître encore le déséquilibre dans la répartition des ressources entre hommes et femmes, ont-elles dit après que la Commission eût tenu son débat général.
Soulignant que, dans ce contexte, la productivité des femmes diminue et que les mères de famille subissent de plein fouet la baisse des budgets sociaux, Mme Mona Chemali Khalaf, économiste et consultante indépendante sur le genre et le développement, a exhorté les gouvernements à sortir « une fois pour toutes » les femmes du « piège » de l’économie informelle, en affermissant réellement leurs droits et statuts.
Elle a préconisé un renforcement des fonciers et des avoirs des femmes pour empêcher la recrudescence des discriminations en temps de crise. Elle a appelé à l’adaptation des programmes de formation aux besoins sexospécifiques du marché du travail et à la promotion d’une meilleure répartition des tâches domestiques dans les foyers.
Mme Alma Espino, une autre économiste, lui a emboité le pas en ajoutant que les femmes peuvent être « les pièces maîtresses » des plans de relance, à condition que la maternité, entre autres, soit considérée comme un atout et non pas comme un handicap.
De son côté, Mme Rania Antonopoulos, Directrice du Programme d’économie et d’égalité entre les sexes de l’Institut économique Levy du « Bard College », a demandé aux politiques de tenir compte de la diversité des personnes et des activités qui contribuent à l’essor de l’économie; les mesures strictement financières prises pour sortir de la crise étant, selon elle, insuffisantes. Elle a ainsi avancé qu’aux États-Unis, si l’accent était mis sur le développement des infrastructures, y compris sociales, deux fois plus d’emplois pourraient être créés sur le long terme.
La Commission a en outre poursuivi son débat général, en entendant plus d’une trentaine de délégations réaffirmer la nécessité d’accroître l’accès des femmes à l’éducation formelle. Les délégations ont ainsi évoqué les mesures prises au plan national pour, conformément au Programme d’action de Beijing, améliorer la participation des filles à l’enseignement primaire, secondaire et supérieur grâce, entre autres, à une éducation gratuite et obligatoire.
Dans le rapport qu’il a soumis à la Commission*, le Secrétaire général note que la prévalence de stéréotypes sexuels continue d’avoir des effets négatifs sur les résultats scolaires ainsi que sur le choix de carrières des jeunes, garçons et filles confondus.
Conscientes de ce phénomène, les délégations ont dit avoir renforcé les actions et campagnes visant à promouvoir une éducation non discriminatoire et attentive aux différences entre les sexes, y compris pour la formation professionnelle et l’éducation des adultes.
Elles ont également assuré accorder la priorité à la lutte contre l’analphabétisme, un fléau qui demeure un problème capital pour les femmes, qui représentent près des deux tiers des 776 millions d’adultes analphabètes dans le monde.
« L’analphabétisme est particulièrement répandu parmi les femmes âgées, pauvres, handicapées, appartenant à des minorités ethniques ou originaires des zones rurales », constate le Secrétaire général dans son rapport. Il demande des ressources accrues et des programmes d’alphabétisation mieux coordonnés pour permettre aux femmes d’acquérir des compétences élémentaires en lecture et en écriture.
Les travaux de la Commission se poursuivront demain, mardi 9 mars, à partir de 15 heures.
(E/CN.6/2010/2)
SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIe SIÈCLE »
Suite du d ébat général
Mme ALPHONSINE MBIE N’NA, Ministre de la santé, des affaires sociales et de la famille du Gabon, a déclaré que dans le cadre de la lutte contre la pauvreté au sein des populations féminines vivant en milieu rural, son gouvernement met en œuvre, depuis 2005, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un programme d’appui au développement du microcrédit. Dans le domaine de l’emploi, il n’existe aucune discrimination tant au niveau de l’embauche que du traitement salarial, a-t-elle ensuite affirmé. Dans le programme d’action du Président de la République, la priorité est réservée aux personnes vulnérables et à faible revenu, telles que les personnes handicapées et les personnes âgées, a encore indiqué la Ministre gabonaise.
Elle aussi relevé qu’en matière d’éducation et de formation, une loi adoptée en 1966 avait institué l’obligation scolaire jusqu’à l’âge de 16. Par ailleurs, la gratuité de la scolarité et des manuels est effective dans les établissements publics ainsi que l’attribution de bourses aux élèves ayant obtenu une moyenne de 10/20, a dit Mme N’Na. Concernant la participation publique et politique, elle a noté avec satisfaction la présence de nombreuses femmes dans tous les secteurs d’activités et leur implication aux processus de prise de décisions.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Lichtenstein) a estimé que malgré les avancées réalisées, une action résolue était nécessaire pour assurer une véritable égalité entre les sexes. Il a aussi estimé, à cet égard, que la réforme institutionnelle revêtait une importance particulière et que la nouvelle « entité composite » de l’ONU devait être mise sur pied aussi rapidement que possible. M. Wenaweser a ensuite expliqué qu’au Liechtenstein, le Bureau pour l’égalité des chances jouait un rôle central pour assurer la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et la question de la participation des femmes à la vie politique était particulièrement préoccupante.
Le représentant a attiré l’attention sur les progrès « significatifs » dans le domaine de l’éducation; le nombre de femmes inscrites à l’université étant passé de 10% en 1975 à 43%, au cours de ces dernières années. Entre 2000 et 1990, 13% de femmes en plus ont choisi de suivre une carrière universitaire. Le gouvernement, a–t-il ajouté, s’attache également à mettre un terme à la discrimination salariale et à promouvoir les perspectives de carrière pour les femmes. M. Wenaweser a également signalé que le Code pénal avait été révisé et qu’il accordait dorénavant une protection aux victimes de violence.
Mme ISABELLE PICCO (Monaco) a souhaité que la nouvelle « entité composite » des Nations Unies soit rapidement opérationnelle. Elle a préconisé des mesures efficaces pour faire avancer la cause de la santé maternelle et la lutte contre le VIH/sida, ainsi que des actions concrètes pour favoriser la scolarisation des filles dans le monde. Mme Picco a souligné que des démarches régionales pour assurer l’égalité entre les hommes et les femmes sont essentielles pour décliner le Programme d’action de Beijing aux niveaux régional et national. Dans le cadre du Conseil de l’Europe, Monaco participe activement aux travaux du Comité directeur pour l’égalité entre les femmes et les hommes (CDEG), mais aussi à la Campagne pour combattre la violence à l´égard des femmes, y compris la violence domestique. Monaco s’est également jointe aux initiatives prises en ce sens dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée et s’est associé à la Déclaration francophone sur les violences faites aux femmes adoptées par les États membres de l’Organisation internationale de la Francophonie.
M. MILOS KOTEREC (Slovaquie) a indiqué que le Manifeste du gouvernement, qui a été rédigé en 2006, affirmait pour la première fois de l’histoire du pays que l’égalité entre les sexes était une des principales priorités du gouvernement slovaque. Il a également expliqué que son pays avait adopté une stratégie nationale pour la période 2009-2013, et que depuis 2004, la Slovaquie s’employait à résoudre de manière systématique le problème de la violence faite aux femmes, grâce à une stratégie nationale spécifique. Le représentant a également signalé l’adoption d’une loi antidiscriminatoire, tout en reconnaissant que les femmes continuaient d’être victimes de discrimination salariale, d’une sous-représentation en politique et de stéréotypes tenaces. Il s’est félicité de la création prochaine, au sein de l’ONU, de l’« entité composite » chargée de la question des femmes.
M. ZACHARIE GAHUTU (Burundi) a souligné qu’en matière d’éducation et de formation, le gouvernement s’attachait à gommer les disparités, ce qui a permis d’augmenter l’indice de parité filles-garçons. La parité au niveau de l’enseignement supérieur et technique, par contre, reste un grand défi; le taux d’accès des filles à l’Université du Burundi ayant timidement augmenté, passant de 22,5% en 2005-2006 à 24,5% en 2008-2009, a ajouté le représentant. Il a ensuite indiqué que le processus électoral de 2010 allait sans nul doute être l’occasion d’améliorer la représentation nationale des femmes burundaises, compte tenu des nouvelles dispositions qui encourage la présence des femmes dans les conseils communaux. C’est ainsi que nous avons fait de la participation des femmes à la vie politique un thème national en ce jour de célébration de la Journée internationale de la femme, a dit le représentant.
M. GUILLAUME NIAGRI BAILLY (Côte d’Ivoire) a expliqué qu’au niveau de la législation et de l’élaboration des politiques, le principe de l’égalité entre femmes et hommes a été réitéré et renforcé dans la Constitution du 1er Août 2000. S’appuyant sur cette base juridique, la volonté politique s’est exprimée au plan institutionnel par la création d’un Ministère chargé de la famille; d’une Instance nationale genre, chargée de veiller au respect de l’égalité entre les sexes et de cellules genre dans les ministères techniques chargées de la prise en compte des questions de genre au niveau sectoriel. Parmi les autres mesures prises par la Côte d’Ivoire, M. Bailly a précisé que le pays avait adopté une stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre ainsi qu’un plan national d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. En ce qui concerne la CEDAW, des mécanismes opérationnels de prise en charge des victimes de violence ont été mis en place.
M. Bailly a cependant regretté les défis importants qu’il reste à relever comme la réduction des pesanteurs socioculturelles par le renforcement des capacités de tous les acteurs nationaux en milieu urbain et rural; ou encore l’élimination des sources de vulnérabilité des femmes comme la féminisation de la pauvreté et du VIH/sida et les taux élevés de mortalité maternelle et néonatale, voire aussi l’analphabétisme. Pour pouvoir y arriver, le représentant a estimé qu’il faut pouvoir renforcer les capacités de coordination des interventions au niveau national et assurer une formation académique adéquate aux acteurs nationaux. Il a aussi préconisé une politique de microfinance et de microcrédits en faveur des femmes.
Mme LETEKIROS TEFERI GEBREGZIABHER (Éthiopie) a estimé qu’à moins d’assurer l’émancipation des femmes, la croissance économique ne saurait être réalisée. Elle a indiqué que la Constitution de l’Éthiopie avait supprimé la législation discriminatoire qui existait auparavant. Le Code pénal protège désormais les femmes des mutilations génitales féminines, du viol et de la traite; la loi sur la famille ayant, en outre, été amendée pour promouvoir l’égalité au sein du couple. Mme Gebregziabher a par ailleurs signalé que 21% des parlementaires de l’Éthiopie étaient des femmes et que le Ministère de la condition féminine disposait d’une branche exécutive pour assurer la protection des femmes. La représentante a ensuite regretté que pendant cette session, l’Érythrée ait soulevé une question « déjà gérée par les organes compétents ».
Mme MARIA DE LURDES VAZ, Ministre de la femme, de la famille, de la cohésion sociale et de la lutte contre la pauvreté de la Guinée-Bissau, a noté qu’aujourd’hui, son pays a plus de 20 ONG travaillant dans le domaine de la femme et de l’enfance. Elle a ajouté que la Guinée-Bissau, en dépit de la constante instabilité et des difficultés économiques, honorait ses obligations au titre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et du Programme d’action de Beijing. Dans le domaine de la santé, nous avons élaboré un plan national pour la réduction de la mortalité maternelle et infantile et un plan de développement sanitaire 2008-2017 afin de garantir un service de qualité et l’accès de toutes les femmes aux soins, a-t-elle encore souligné. La Ministre a indiqué que son pays a adopté un système de quotas pour intensifier la formation des filles. Il a aussi créé une direction générale de l’alphabétisation des femmes et des filles pour permettre leur accès aux filières scientifiques.
M. PAWEL HERCZYNSKI (Pologne) a affirmé que sa délégation appuyait l’intervention de l’Espagne au nom de l’Union européenne, tout en soulignant néanmoins que toute référence aux droits sexuels et reproductifs de la femme ne constitue pas « un encouragement à l’avortement ».
M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a souligné que dans le domaine de l’éducation et de la formation des femmes, son pays avait accompli des résultats remarquables ces dernières années, ce qu’atteste la multiplication par 4 des femmes admises dans les universités publiques depuis 1996. L’alphabétisation chez les femmes âgées de plus de 60 ans dépassait en 2006 les 80%, a-t-il ajouté. Pour le représentant, l’accès aux opportunités économiques sur un pied d’égalité est l’un des principes majeurs de l’Iran, et « nos gouvernements ont fait de l’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle des Iraniennes une priorité », a expliqué M. Habib. Il a ensuite mentionné à titre de mesures l’intégration de différents organes gouvernementaux destinés à renforcer les compétences des femmes et l’amélioration de leur accès au microcrédit. Il a aussi attiré l’attention sur le réseau national des coopératives dans les zones rurales.
Mme AMI DIALLO (Mali) a indiqué que son pays a créé sa Commission des droits de l’homme, l’année dernière. Elle a aussi indiqué que la loi électorale consacre l’égalité de tous les Maliens et Maliennes. En matière d’éducation, elle a attiré l’attention sur le plan d’action 2007-2009 et sur une initiative visant à promouvoir l’alphabétisation et les langues nationales. Elle a également signalé la création de centres d’animation pour les femmes avant de rappeler que son pays a adopté, en 2007, une politique d’éducation non formelle dans laquelle une place importante a été donnée aux filles non-scolarisées et déscolarisées.
Mme ILLENIA MEDINA (Venezuela) a déclaré que depuis 2005, son gouvernement a rendu obligatoire l’intégration de la perspective du genre dans la budgétisation de l’action exécutive, et aux niveaux national, régional et municipal. Diverses initiatives ont été mises en place pour appuyer cet élan, a-t-elle dit, saluant l’apport des agences de l’ONU et des autres partenaires. Elle a notamment salué la contribution de la Banque de développement des femmes, qui accorde des prêts à des taux très bas pour les aider à créer leur entreprise et à participer pleinement à l’essor de la nation. L’accent est mis sur l’amélioration du sort des femmes autochtones dont les coopératives ont été renforcées grâce à des associations soutenues financièrement par le Gouvernement, a encore indiqué Mme Medina. Les programmes de formation économique sont complétés par des ateliers de sensibilisation aux thèmes du Programme d’action de Beijing, dont la santé reproductive et la lutte contre la violence sexuelle, a-t-elle aussi fait observer.
M. JAVIER LOAYZA BAREA (Bolivie) a indiqué que 34% de femmes avait participé à la rédaction de la nouvelle Constitution du pays qui consacre les droits de la femme. Il a également signalé que la présence des femmes avait augmenté à tous les échelons politiques du pays. Le représentant a notamment précisé que le Congrès national compte 49% de femmes alors que le Cabinet présidentiel a réussi la parité totale avec 50%. M. Barea a également confirmé la gratuité des soins de santé, y compris la santé maternelle et l’élargissement de la couverture sociale aux populations rurales pour protéger ainsi les groupes les plus vulnérables du pays. Il a également signalé l’existence de plusieurs programmes destinés à sensibiliser la population à l’importance de l’égalité entre les sexes.
Mme RINA M. TAREO (Iles Marshall) a notamment souligné que les stratégies nationales à long terme de son pays étaient axées sur l’accroissement de la participation des femmes à l’effort de développement. Les femmes doivent s’émanciper mais leurs actions doivent contribuer à un même élan national, a-t-elle dit. Elle a ajouté que l’amélioration du bien-être familial était la base d’une participation plus importante des femmes au développement. C’est ainsi que le gouvernement et les organisations nationales de femme, dont « The Women United Together », planchent actuellement sur un nouveau projet de loi pour réduire encore la violence domestique, a-t-elle indiqué.
Mme SARAH FLOOD-BEAUBRUN (Sainte-Lucie) a indiqué que son pays avait mis en œuvre des mesures décisives pour assurer l’égalité des femmes, mais que de nombreux défis demeuraient. Elle a affirmé que les femmes de son pays étaient dorénavant plus confiantes en leur capacité à siéger au sein des organes de décision, en illustrant ses propos par le fait que les Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat sont des femmes. La représentante a également évoqué l’importance qu’il y a à aider les femmes à concilier leur vie professionnelle et familiale et d’intégrer une dimension sexospécifique au domaine de la santé. Elle a notamment réclamé l’octroi de soins qualifiés aux femmes enceintes afin de réduire le taux de mortalité maternelle. Elle a également évoqué les problèmes liés à la fuite des cerveaux, notamment le départ des infirmières. Mme Flood-Beaubrun a poursuivi en signalant l’existence de programmes destinés à promouvoir l’alphabétisation des adultes. Elle a également indiqué que le gouvernement s’attachait à intégrer les hommes et les garçons à la promotion de l’égalité entre les sexes.
M. SHALVA TSISKARASHVILI (Géorgie) a déclaré que ce sont les femmes et notamment les femmes âgées, qui ont le plus souffert durant ce qu’il a appelé la « Guerre d’août 2008 et ses conséquences ethniques». La guerre a ajouté des milliers de femmes et de filles aux centaines de milliers de réfugiés et de déplacés, a-t-il ajouté. Il a ensuite noté qu’au cours des cinq dernières années, la Géorgie n’avait jamais cessé de renforcer la législation en adaptant ses lois aux objectifs de développement internationaux, dont l’émancipation des femmes. Le Conseil sur l’égalité de genre est l’instrument spécialisé qui coordonne l’action gouvernementale dans le domaine considéré, a-t-il précisé, en rappelant qu’en 2006 la qualité des travaux du Conseil avait été soulignée par la CEDAW. Il a également indiqué que le Conseil avait été renforcé depuis, grâce aux partenariats mis en place avec les agences de l’ONU et d’autres organisations internationales, qui « appuient la conduite des efforts menés dans le cadre du Conseil ».
Mme ODA GASINZIGWA (Rwanda) a indiqué que l’égalité entre les sexes était intégrée à la stratégie nationale de développement de son pays. Elle s’est félicitée des progrès réalisés en matière de représentation politique des femmes, précisant que les Rwandaises occupaient respectivement 56,25% et 35% des sièges à l’Assemblée nationale et au Sénat. Elle a également signalé que 38% des Ministres du gouvernement étaient des femmes et que ce dernier avait lancé un système de budgétisation sexospécifique. La représentante a fait part de l’attachement de son gouvernement à la lutte contre la violence, signalant notamment l’existence de plusieurs mécanismes institutionnels destinés à aider les victimes. Mme Gasinzigwa a averti que les crises financières et économiques ainsi que les problèmes liés aux effets du changement climatique risquaient de saper les progrès réalisés jusqu’à présent, notamment en ce qui concerne l’intégration des femmes à l’économie du pays.
Mgr CELESTINO MIGLIORE, Saint-Siège, a estimé que le chemin vers l’égalité entre hommes et femmes dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, de la protection sociale et des droits politiques ne devait pas se faire uniquement dans une perspective juridique et idéologique. Culturellement, les relations entre hommes et femmes doivent être envisagées sous l’angle de la complémentarité et du respect supérieur de la dignité des êtres humains, a-t-il estimé.
Mme NADYA RIFAT RASHEED, Observatrice de la Palestine, a souligné que 15 ans après l’adoption du Programme d’action de Beijing, les mêmes défis et contraintes qui prévalaient alors sont toujours là et que d’autres se sont rajoutés. Elle s’est dite profondément préoccupée par la tendance « troublante » qu’elle a relevée dans les rapports que le Secrétaire général présente à la Commission. Ainsi, a-t-elle dénoncé, l’on décrit la situation actuelle au Moyen-Orient comme un conflit entre deux parties égales plutôt que comme un endroit où l’on voit une force d’occupation étrangère tenue par des obligations claires en vertu du droit international et un peuple occupé dont les droits les plus fondamentaux et inaliénables sont systématiquement délibérément et gravement violés et qui mérite protection en vertu de ce même droit international. Nous avons, a annoncé l’Observatrice, adressé une lettre au Secrétaire général, devenue document officiel de la Commission. L’Observatrice s’est ensuite attardée sur la situation des femmes palestiniennes, en appelant la communauté internationale à déployer tous les efforts possibles pour amener l’État d’Israël à respecter toutes ses obligations internationales. Ce n’est qu’à ce prix que les femmes palestiniennes pourront vivre les idéaux promus par la communauté internationale à travers des instruments tels que la Déclaration de Beijing.
M. WILLIAM ODISHO (Iraq) a indiqué qu’après la « situation extraordinaire » qu’avait connue son pays, des progrès en matière d’égalité entre les sexes n’avaient pu être réalisés qu’à partir de 2003. Il a indiqué que le Gouvernement avait créé un Ministère d’État pour les affaires de la femme et qu’une stratégie avait été mise sur pied pour assurer l’égalité des femmes. Il a indiqué que le Cabinet ministériel comptait trois femmes ministres alors que le Parlement en compte 27%. Des mesures ont, par ailleurs, été prises pour éliminer la violence faite aux femmes, a signalé le représentant qui a estimé que depuis 2003, « nous avons réalisé d’importants progrès pour assurer la représentation des femmes en politique ». Il a précisé que la Constitution iraquienne leur reconnaît tous leurs droits, notamment en matière de mariage et de divorce.
Mme WADOUDA BADRAN, Directrice générale de l’organisation des femmes de la Ligue des États arabes, a souligné la volonté politique des pays arabes d’associer les femmes aux efforts de développement. La Ligue des États arabes veut lever les obstacles à l’émancipation des femmes et également changer l’image négative de la femme musulmane, a-t-elle ajouté. Elle a également relevé que la coopération de la Ligue avec l’ONU visait à améliorer le sort humain et économique des Palestiniennes vivant sous occupation israélienne. Au niveau régional, l’action des Premières Dames est essentielle pour, notamment, sensibiliser les populations à l’importance de lutter contre la violence sexuelle et l’illettrisme et renforcer la participation politique des femmes, a encore indiqué Mme Badran. C’est tout le sens de la proclamation de la période 2008-2018, Décennie de l’éducation dans le monde arabe, a-t-elle dit, avant de souligner le rôle accru des médias dans la lutte contre la fausse image « qui rabaisse l’identité de la femme arabe ».
Mme LITHA MUSYIMI-OGANA, Union africaine (UA), a indiqué que l’UA avait placé la Décennie 2010-2020 sous le thème de l’égalité entre les sexes. Elle a notamment indiqué que les organes directeurs de l’UA comptaient une participation de 50% des femmes. Elle a tout de même reconnu les nombreux défis et a appelé à un nouvel élan aux efforts déployés pour assurer l’émancipation des femmes. La représentante a, par ailleurs, indiqué que l’UA avait lancé un projet pilote dans neuf pays afin de réduire le taux de mortalité maternelle. Une campagne régionale a également été lancée pour lutter contre la violence faite aux femmes, a-t-elle signalé.
M. MOUSSA MAKAN CAMARA, Organisation internationale de la Francophonie (OIF), a rappelé que les Ministres et chefs de délégation des États membres de l’OIF ont tenu le 1er mars 2010, à New York, une concertation de haut biveau sur la violence faite aux femmes, à l’issue de laquelle ils ont adopté la « Déclaration francophone ». Ce texte attire l’attention de la communauté internationale sur les 12 domaines critiques du Programme d’action de Beijing, a expliqué M. Camara qui a déploré qu’en dépit du fait que cela fasse partie des priorités des instances mondiales, régionales et nationales, la lutte contre la violence faite aux femmes a enregistré peu de progrès.
Cette déclaration appelle, entre autres, au respect des droits fondamentaux des femmes et des filles; à l’identification, à la collecte et à l’analyse des différentes formes de violence; à l’adoption de mesures législatives et à leur rigoureuse application; à la mise en place de politiques publiques assorties de stratégies appropriées et à la formation des personnels enseignants, médicaux, de justice, de police et de l’armée, y compris les forces de maintien de la paix. À la demande des États membres de l’OIF, M. Camara a transmis la Déclaration à la Commission de la condition de la femme.
M. WILLY TELAVI, Ministre du développement rural et des affaires intérieures de Tuvalu, a signalé que l’éducation dans son pays était gratuite ou soutenue par un système de bourses efficace qui a permis depuis la date de ratification de la CEDAW de scolariser la vaste majorité des filles. Même ceux qui ont échoué aux examens d’entrée dans l’enseignement supérieur doivent intégrer des programmes de formation pour se préparer à l’entrée sur le marché du travail, a-t-il ajouté. Après avoir reconnu le peu de progrès réalisés ces 15 dernières années par son pays en matière de participation des femmes à la vie politique, il a relevé que dans, dans le secteur public, 46,3% des employés sont des femmes, soit une quasi-parité avec les hommes. Enfin, le Ministre a réaffirmé que la lutte contre l’impact du changement climatique était la priorité absolue de son gouvernement, qui a inclus une perspective sexospécifique à tous les niveaux d’action nationale dans ce domaine.
Mme ELYSE MOSQUINI, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a indiqué que dans ses évaluations et programmes concernant le Chili, la Fédération internationale accorde une attention particulière aux besoins spécifiques des femmes et des filles. La Fédération investit aussi dans la prévention et la réponse à la violence sexuelle, comme en témoigne le point focal qu’elle a installé à Port-au-Prince. À la Fédération, la participation égale des femmes et des hommes est illustrée dans la « Politique des Volontaires », a ajouté la représentante, en précisant qu’à ce jour 53% des volontaires sont des femmes. En déployant autant de femmes, la Fédération ne contribue pas seulement à faire changer les attitudes et les comportements dans les communautés concernées mais à renforcer aussi le caractère inclusif de son action, son plaidoyer auprès des femmes concernées et la qualité de ses programmes.
Mme ANNA COROSSACZ, Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires – AICESIS, a estimé qu’il importait d’analyser les répercussions sexospécifiques de la crise actuelle afin d’éviter que les habitudes ne reviennent. Cette crise, a-t-elle ajouté, est l’occasion d’examiner de nouveaux paradigmes politique, économique et social fondés sur les droits, l’égalité entre les sexes et l’équité. Elle a prévenu que le secteur de l’emploi serait particulièrement touché et que les femmes en subiraient des conséquences particulières du fait, notamment, de la persistance de stéréotypes, de leurs responsabilités familiales et des séparations horizontales et verticales. La représentante a également rappelé que les femmes migrantes étaient particulièrement vulnérables au problème de l’exploitation et du harcèlement sexuels. Soulignant que les nombreuses initiatives prises par les États pour répondre à la crise ne comportaient pas de dimension genre, Mme Corossacz a estimé qu’il était temps d’examiner la croissance économique avec des indicateurs sexospécifiques. Elle a réclamé une gouvernance plus participative qui permette aux gouvernements de faire face à la complexité de la crise actuelle. Elle a estimé que les femmes devaient participer davantage aux conseils économiques et socials et souligné que l’AICESIS avait choisi l’émancipation des femmes comme thème pour l’année 2010.
M. LUCA DALL’OGLIO, Organisation internationale des migrations (OIM), a soutenu qu’il y avait deux liens majeurs entre la question des migrations et celle de l’égalité de genre. D’un côté, a-t-il dit, « la migration peut contribuer au renforcement des capacités des femmes et, par conséquent, contribuer à rendre l’égalité entre les sexes effective », de l’autre côté, « des situations de migration particulières peuvent poser des défis à cette question de l’égalité ». M. Dall’Oglio a regretté que la question des migrations n’occupe malheureusement pas une place prépondérante dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), avant de regretter qu’elle ne soit souvent présentée que comme « un échec du développement ». Cependant, l’interdépendance entre les migrations et les OMD est beaucoup plus complexe et l’impact de la migration sur le développement peut être à la fois positif et négatif, a-t-il dit.
La réalisation de l’égalité de genre et le renforcement des capacités des femmes dans les pays en développement font partie des mesures les plus significatives à prendre pour réduire la pauvreté, car les femmes constituent la masse critique pour lancer le développement. Abordant la question du travail décent pour les femmes, il a souligné qu’il y avait une forte demande de femmes dans le secteur du travail domestique mais que l’absence de réglementation actuelle comportait encore d’autres risques pour les femmes.
Mme ANNA VAN DANTZIG, Caucus des femmes européennes, a relevé les limites de la marge d’influence de la Déclaration de Beijing, conséquence, selon elle, de la non-participation de la société civile à son élaboration. Elle a engagé les délégations à réexaminer cette déclaration, estimant notamment qu’elles sous-estiment les défis auxquels sont confrontées les femmes dans le domaine de l’éducation et de la violence. Elle a également évoqué la féminisation de la pauvreté et les défis en matière de santé. Voilà quatre défis qui étaient inexistants il y a 15 ans, a-t-elle dit, avant d’engager le Secrétaire général et les États Membres à leur accorder une attention particulière. Le Programme d’action de Beijing doit être appliqué dans son intégralité et faciliter la participation des associations de femmes et des jeunes filles, a-t-elle conclu, en réclamant le financement adéquat des organisations pertinentes.
M. AMINATTA DIBBA,Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), a souligné, qu’en dépit de progrès réels, il restait encore beaucoup à faire dans les 12 domaines critiques du Programme d’action de Beijing. Soulignant les efforts déployés en Afrique, que ce soit au niveau de l’Union africaine, des communautés économiques régionales et des pays africains, pour garantir une participation égale des femmes à la vie politique, économique et sociale, Mme Dibba a, entre autres, signalé le Cadre politique régional pour l’égalité entre les sexes et le système de gestion de la question de la parité, adoptés par la CEDEAO.
Le Centre pour le genre de la CEDEAO joue un rôle important dans cette démarche. Il n’a cessé de travailler avec les principaux acteurs pour trouver des consensus sur les voies à suivre, a dit l’oratrice. Les travaux du Centre sont notamment axés sur la lutte contre la féminisation de la pauvreté et leur autonomisation économique, ainsi que sur la santé et l’éducation des femmes et des filles; le but étant de mettre en place des cadres opérationnels qui leur garantissent un accès équitable aux services sociaux de base. Le Centre doit également lancer sous peu un projet pilote de traitement médical des femmes touchées par les fistules obstétriques et un autre pour les filles dans le besoin qui ont de très bons résultats scolaires.
Mme XENIA VON LILIEN, Fonds international de développement agricole – FIDA, a affirmé qu’au cours des quinze dernières années, Le FIDA avait renforcé ses efforts en matière d’égalité entre les sexes, en introduisant, par exemple, des mesures pour évaluer l’impact de ses projets sur les femmes. Mme von Lilien a expliqué qu’une réunion spéciale avait été organisée pour répondre aux préoccupations particulières des agricultrices et que le Forum des agriculteurs l’avait engagé, lui et les donateurs, à appuyer l’émancipation économique des femmes. Elle a également évoqué l’importance de renforcer les connaissances, les aptitudes et le leadership des femmes. Pour réaliser l’Objectif du Millénaire 1, relatif à la lutte contre la pauvreté, il faut, a-t-elle conclu, appuyer la place des femmes dans l’industrie alimentaire.
Droits de réponse
La représentante de la Turquie a répondu à la déclaration de la Suède, qui mentionnait un cas particulier de violence contre les filles en Turquie. Citer un pays dans une déclaration est une pratique discriminatoire, et, de plus, la Suède, en proie à une violence domestique persistance, n’est pas elle-même exemplaire, a-t-elle dit.
La représentante de l’Éthiopie a répondu à l’Érythrée qui, dans sa déclaration, avait demandé le retrait des troupes éthiopiennes de son territoire. La présence de ces troupes est autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU en vertu des sanctions adoptées récemment pour mettre fin au comportement agressif de l’Érythrée envers ses voisins, a-t-elle affirmé.
Table ronde sur « L’émancipation économique des femmes dans le cadre de la crise financière et économique mondiale »
Comment profiter de la crise pour mettre en œuvre des politiques, programmes et stratégies sexospécfiqiues? Telle était l’une des questions à laquelle ont été amenés à réfléchir les participants à cette table ronde.
Dans sa déclaration liminaire, Mme ALMA ESPINO, Économiste à l’Université de la République en Uruguay, a tout d’abord estimé que la situation actuelle illustrait la persistance des inégalités entre les sexes au sein de nos sociétés. Si elle a convenu que les femmes étaient plus visibles, dans l’emploi notamment, et que l’égalité entre les sexes figurait désormais à la tête de priorités du gouvernement, l’Économiste a cependant signalé que les normes qui favorisent les inégalités perduraient.
S’appuyant sur l’expérience de la région d’Amérique latine, Mme Espino a indiqué que les mécanismes édifiés pour faire face à la crise n’avaient pas permis de contrecarrer les inégalités risquant de faire reculer les acquis. Elle a notamment signalé qu’il n’existait aucun mécanisme de protection de l’emploi tandis que les exportations rendaient les économies très vulnérables au flux cyclique de capitaux. Les inégalités sexistes ne sont pas non plus étrangères à l’avènement de la crise, a-t-elle ajouté. « Les mesures destinées à assurer le changement doivent inclurent toutes les personnes, et ne pas se limiter aux producteurs et aux consommateurs ».
Mme Espino a notamment réclamé l’examen des politiques macroéconomique et de leur incidence sociale sur l’égalité entre les sexes. Il faut anticiper l’impact des mesures à prendre pour éviter d’approfondir les inégalités, a-t-elle recommandé. L’Économiste a également estimé que les politiques fiscales devaient favoriser l’emploi, les infrastructures et l’éducation, avant de demander des mesures capables de favoriser l’équilibre entre les vies professionnelle et familiale, et des programmes d’éducation pour tous.
Mme Espino a par ailleurs affirmé que les femmes pouvaient être les pièces maitresses de tous les programmes de redressement économique à condition que la maternité, entre autres, soit considérée comme un atout et non pas comme un handicap. Les programmes de lutte contre la pauvreté doivent se garder d’instrumentaliser ou d’alourdir la charge de travail des femmes.
Elle a également appelé au renforcement des mesures d’appui à la protection sociale, sans les limiter pour autant au secteur formel. Elle a également demandé la création de services de garderies, l’autorisation d’allaiter sur le lieu de travail et l’institutionnalisation du congé paternité. L’Économiste a insisté sur l’importance d’affirmer le droit à la paternité pour équilibrer le partage des tâches.
À son tour, Mme MONA CHEMALI KHALAF, Économiste et consultante indépendante sur le genre et le développement, a souligné que la crise avait pour effet néfaste d’accroître le déséquilibre dans la répartition des ressources entre hommes et femmes. La productivité de ces dernières est atteinte, a-t-elle dit, ce qui pèse sur le développement général des sociétés. Elle a ajouté que les mères de famille subissaient, de manière directe, la baisse des budgets sociaux qu’accompagnent souvent les crises économiques majeures.
Les États privilégient les réajustements structurels et négligent ce faisant la sécurité sociale des ménages, a expliqué Mme Khalaf. Le microcrédit et les prêts à taux très bas sont des solutions qui, au moins à court terme, permettent aux femmes de résister à la crise, a poursuivi la panéliste. Selon elle, il faut parvenir à sortir « une fois pour toutes » les femmes du « piège » de l’économie informelle et affermir leurs droits et statuts. Renforcer les droits fonciers et les avoirs des femmes est cruciale pour émanciper les femmes et empêcher la recrudescence des discriminations en temps de crise, a-t-elle encore dit.
L’Économiste a recommandé aux gouvernements d’axer leurs réponses sur la fourniture d’emplois décents et permanents; de réduire les disparités salariales entre hommes et femmes; d’encourager la présence des femmes dans les conseils d’’administration; d’adapter les programmes de formation aux besoins sexospécifiques du marché; d’améliorer l’image des femmes dans les médias; et d’encourager une meilleure répartition des tâches domestiques dans les foyers. De tels efforts exigent l’appui de la société civile; les plaidoyers et l’efficacité interpellatrice des ONG étant des instruments indispensables pour faire avancer la cause des femmes et traduire en actes les stratégies gouvernementales, a affirmé Mme Khalaf.
Mme RANIA ANTONOPOULOS, Directrice du Programme d’économie et d’égalité entre les sexes de l’Institut économique Levy de « Bard College », a signalé que les tâches non rémunérées effectuées par les femmes dans leur ménage contribuait au bien-être des foyers et par conséquence, à celui de l’ensemble de l’économie. Elle a relevé que le secteur financier avait été particulièrement privilégié pendant la dernière décennie et que le fossé entre les travailleurs et les nantis ne cessait de s’approfondir. La demande domestique est négligée, tandis que l’exportation et la délocalisation sont privilégiées, a-t-elle dénoncé.
Elle a, par exemple, relevé que le Fonds monétaire international (FMI) était souvent à l’origine des politiques appliquées des gouvernements et que, dans ce cadre, les ménages étaient les premiers sacrifiés. La tendance mondiale veut que l’on travaille moins pour un même rendement, ce qui provoque une série de problèmes qui n’ont rien à voir avec la formation et les compétences des travailleurs, a-t-elle dit.
Mme Antonopoulos a poursuivi en signalant que le privilège accordé au secteur financier n’était pas un nouveau phénomène. Elle a relevé que dans le secteur automobile, beaucoup de gens ne pouvaient compter que sur leur capacité à travailler, d’où la nécessité d’accorder une attention particulière au secteur de l’emploi. La panéliste a estimé que lorsque les politiques ignorent la diversité des personnes qui contribuent à l’économie, les mesures appliquées ne peuvent donner les résultats escomptés.
Elle a par exemple avancé qu’aux États-Unis, si une même somme d’argent était versée au développement des infrastructures sociales plutôt que directement à la création d’emplois, deux fois plus d’emplois pourraient être créés sur le long terme. Elle a également cité des exemples en Afrique du Sud et en Inde qui engagent l’Etat à être responsable de la création d’emplois pour tous.
Après ces interventions, la représentante du Brésil a argué que la crise avait ralenti la féminisation du marché du travail, contribuant ainsi à l’aggravation de la précarité des femmes salariées. La crise doit être examinée d’un point de vue sexospécifique pour faire ressortir le rôle essentiel des femmes, a plaidé, à son tour, la représentante du Mexique, avant que son homologue de l’Espagne n’insiste sur ce rôle dans le marché du travail formel et informel.
« Comment alors mobiliser l’opinion publique pour lutter contre les stéréotypes sur le lieu de travail? », a-t-elle, par ailleurs, demandé, alors même que la question de l’emploi des femmes réside au cœur même de leur émancipation économique, a renchéri la représentante de l’Autriche qui s’est interrogée sur l’efficacité des quotas.
Sur ce point, Mme ESPINO a estimé que les quotas pouvaient être l’outil d’un changement culturel mais qu’on ne pouvait dépendre entièrement d’eux. Il incombe d’abord et avant tout aux femmes de s’affirmer dans la vie publique et de prouver leurs capacités, a dit Mme KHALAF. Les quotas sont surtout l’illustration du malaise qui existe au sein des sociétés, a renchéri Mme ANTONOPOULOS.
Poursuivant le débat, la représentante de la République démocratique du Congo s’est interrogée sur la part de responsabilité des organisations financières internationales, relevant que le Fonds monétaire international (FMI), entre autres, n’imposaient pas aux États d’intégrer une dimension sexospécifique à leurs politiques.
« Investir dans l’éducation des femmes est un meilleur placement qu’un tank ou un bombardier », a ironisé la représentante de « Women´s international league for peace and freedom » qui a dénoncé le fait que les importantes dépenses militaires des États s’accompagnaient souvent d’une baisse des budgets sociaux. La crise financière ne saurait servir d’excuse pour diminuer les dépenses sociale, a prévenu la représentante de la Belgique.
La représentante du Japon a dénoncé les régimes fiscaux qui accordent un crédit aux hommes si leur épouse gagne moins d’un certain montant, phénomène qui pousse, selon elle, de nombreuses femmes à ne pas chercher un emploi plus rémunérateur ou à poursuivre leur carrière.
« Comment faire pour que les promoteurs du changement social participent à la relance économique », s’est interrogée Mme KHALAF? « Aucun stéréotype ne changera si nous les femmes ne donnons pas les moyens de les faires changer, a-t-elle ajouté, car ce sont les femmes qui élèvent à la fois les hommes et les femmes ».
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