En cours au Siège de l'ONU

ENV/DEV/1131

Développement durable: il faut encourager les initiatives du type « Ted Turner », a estimé le Directeur du bureau de l’ONU pour les partenariats

11/05/2010
Conseil économique et socialENV/DEV/1131
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement durable

Dix-huitième session

14e  et 15e séances – matin & après-midi


D ÉVELOPPEMENT DURABLE: IL FAUT ENCOURAGER LES INITIATIVES DU TYPE « TED TURNER », A ESTIMÉ LE DIRECTEUR DU BUREAU DE L’ONU POUR LES PARTENARIATS


La Commission du développement durable, qui a aussi examiné les moyens de faire progresser la mise en œuvre de ses décisions, s’est attardée aujourd’hui sur les partenariats, consacrés par le Sommet mondial de Johannesburg, Rio+10, comme le « moteur » de la réalisation des objectifs fixés.


«  Nous voulons plus de Ted Turner », a déclaré le Directeur exécutif du Bureau des Nations Unies pour les partenariats, qui a invoqué le cas du créateur de la chaîne CNN comme modèle de « philanthropie-investissement intelligent ».


En 2007, le milliardaire américain avait offert une somme d’un milliard de dollars « pour soutenir les causes défendues par l’ONU ».  Ce qui est devenu depuis la « Fondation des Nations Unies » a fait des émules comme la Bill and Melissa Gates Foundation, s’est félicité le Directeur exécutif.


Dans le domaine du développement durable, les partenariats ont pour critères, outre la relation au Sommet mondial de Johannesburg, l’équilibre sectoriel et géographique, une base de ressources prévisibles et durables et l’implication des multiples parties prenantes, à savoir les gouvernements, les groupes régionaux, les autorités locales, les ONG, les institutions internationales et le secteur privé.


Au premier février 2010, un total de 348 partenariats était enregistré auprès du secrétariat de la Commission du développement durable* dont 74 sontdirectement liés au module thématique de la session d’examen actuelle.


Aussi, le transport est-il inscrit comme domaine principal avec treize partenariats suivis par les produits chimiques, la gestion des déchets et les mines.  Mais c’est le changement des modes de consommation et de production durables qui tient le haut du pavé avec 45 partenariats.


La plupart des intervenants ont qualifié ces partenariats de « précieux », de « plus-value », d’« uniques », d’« incontournables » ou encore d’« ingénieux ».  Le Processus de Marrakech et ses sept groupes de travail a été fréquemment cité comme un autre modèle de réussite en matière de partenariat.


De même, le Partenariat mondial pour les îles (GLISPA) a été d’autant plus salué que son programme de travail sur la biodiversité insulaire a contribué à multiplier les alliances.


La Commission entamera son segment de haut niveau demain, mercredi 12 mai, à 10 heures du matin, dans la salle de l’Assemblée générale.


*E/CN.17/2010/13


MODULE TH ÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2010-2011


Dialogue multipartite sur les partenariats pour le développement durable


La dernière décennie a connu un intérêt croissant pour les partenariats pour le développement durable, thème du dialogue multipartite, au cours duquel l’importance de la confiance et de la responsabilité partagée a été mise en exergue.  En 2002, le Sommet mondial de Johannesburg, soit Rio+10, avait consacré les partenariats comme « moteurs » de la mise en œuvre des objectifs fixés en matière de développement durable.


Plus de 220 partenariats de type 1 et 2, d’une valeur de 235 millions de dollars, avaient été présentés pendant le Sommet.  Contrairement aux partenariats de type 1 qui n’impliquent que les gouvernements, les partenariats de type 2 mettent sur un pied d’égalité les gouvernements, les groupes régionaux, les autorités locales, les ONG, les institutions internationales et le secteur privé.


Ces partenariats ont pour principe la base volontaire, le respect mutuel, la transparence, la bonne foi et la responsabilité partagée entre tous les partenaires, et doivent être en conformité avec les stratégies de développement durable des pays, des régions et des communautés.


« Sur le terrain, la confiance est fondamentale car on a souvent l’impression que le partenariat est une opération de marketing de la part du secteur privé », a estimé la représentante du Grand groupe des femmes.  « Partenariat entre l’espèce humaine et la planète », selon l’expression de Mme HEATHER ALLEN, le développement durable bénéficie pourtant énormément des partenariats de toutes sortes.


Membre fondatrice de Partnership on Sustainable Low Carbon Transport, partenariat « volontaire et non contraignant reposant sur le partage des mêmes valeurs et non sur des projets précis », Mme Allen faisait partie des conférenciers qui ont animé le dialogue.


Tour à tour, la plupart des intervenants ont qualifié les partenariats de « précieux », de « plus-value », d’« uniques », d’« incontournables » et d’« ingénieux » pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.


«  Nous désirons plus de Ted Turner », a déclaré avec enthousiasme le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies pour les partenariats, M. AMIR DOSSAL, qui donnait un aperçu de l’apport de l’ONU dans ce domaine.


M. Dossal a utilisé le cas du créateur de la chaîne d’informations en continu CNN comme modèle de « philanthropie-investissement intelligent » qui a fait école depuis la création de la Fondation des Nations Unies, en 1997.


De façon anecdotique, il a rappelé que Ted Turner avait offert aux Nations Unies, alors que M. Kofi Annan prenait ses fonctions de Secrétaire général de l’ONU, 1 milliard de dollars pour payer les arriérés de contribution de son pays, les États-Unis.


L’ONU ne pouvant accepter qu’un mécène du secteur privé paie le dû d’un État Membre, une formule « d’investissement intelligent » avait fini par voir le jour avec l’établissement de la Fondation des Nations Unies « pour soutenir les causes défendues par l’ONU ».  Depuis, 650 millions ont été utilisés et le reste a été consacré à des partenariats.


« C’est ce type de partenariats que la Commission du développement durable entend encourager à tous les niveaux », a déclaré M. Dossal, avant de préciser que cette formule a fait école, y compris avec la Bill and Melissa Gates Foundation.


Le Processus de Marrakech avec ses équipes spéciales a été fréquemment cité comme un autre modèle de réussite en matière de partenariat.  Au cours du dialogue multipartite, la déléguée de la France a estimé que ce processus « a été précieux ».  Lancé en juin 2003 dans la ville marocaine, ce Processus est un processus mondial visant à soutenir les initiatives nationales et régionales pour la promotion des modes de consommation et de production durables.


Piloté par la France, le Groupe de travail sur le tourisme durable, un des sept groupes de travail du Processus, aété transformé, au bout de trois années de progression, en partenariat des Nations Unies pour le développement durable.  Une évolution qui va lui permettre de retirer encore plus du travail déjà entrepris et de gagner en visibilité, a-t-elle précisé, en guise de preuves des possibilités infinies offertes par le partenariat.  Jusqu’en février 2009, legroupe de travail a mené à bien un programme qui a donné lieu à l’élaboration d’outils de renforcement des capacités, la rédaction de recommandations et orientations politiques et la création de nouveaux partenariats et réseaux sur le développement du tourisme durable.


Un bémol a été mis à cet enthousiasme par la représentante du Grand groupe des femmes pour qui, bien que les femmes soient souvent considérées comme un groupe cible par les décideurs politiques, « elles ne le sont pas en tant que gestionnaires ».


L’oratrice a aussi estimé quedans de nombreux cas, le « partenariat n’est que de façade car il y a un problème de langue, de participation des femmes, de confiance et de prise en compte de leurs besoins et aspirations ».


Sa collègue du Grand groupe des travailleurs et des syndicats a fait une mise en garde: « Il faut faire attention à ce que le secteur privé ne dicte pas les modèles de développement aux communautés locales ».  Le travail de l’Alliance globale pour la mobilité et de la Campagne pour le développement durable, a été pourtant mis en exergue par le représentant du Grand groupe des autorités locales.


Un autre exemple de partenariat réussi a été avancé par les petits États insulaires en développement (PEID), auxquels la Commission avait consacré une Journée spéciale hier.


Le Représentant permanent des Seychelles et porte-parole du Partenariat Global pour les Îles (GLISPA), M. RONALD JUMEAU, a rappelé que ces pays sont comme « des canaris dans des mines de charbon ».  Il a expliqué que depuis son lancement en 2005, le GLISPA a réuni plus de 60 petits États insulaires et conclu des alliances avec des pays développés qui ont aussi des îles.


Le programme de travail sur la biodiversité insulaire constitue une base significative de partenariats, a-t-il noté, puisque 40% de l’économie mondiale repose sur la biodiversité, selon les estimations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).


Les autres panélistes étaient M. MAURICIO FERNANDES, de Planet Earth Institute, qui a centré son intervention sur la participation de l’opinion publique, et M. CHRISTIAN BRODHAG, Professeur à l’École des mines de Saint-Étienne en France, qui a traité des modes de consommation et de production à plusieurs niveaux et expliqué les activités du Groupe de travail sur le tourisme durable.


Dialogue multipartite sur les moyens de faire progresser la mise en œuvre des décisions de la Commission du développement durable


Ayant à l’esprit la tenue, en 2012, de la Conférence Rio+20, dont les travaux seront consacrés à l’examen des décisions adoptées en 1992 par la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement, qui s’est tenue dans la ville brésilienne, les délégations ont examiné, cet après-midi, les moyens de faire progresser la mise en œuvre des décisions prises par la Commission.


Le dialogue a commencé par les interventions de quatre panélistes dont M. LUC GNACADJA, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, a fait part de la frustration que suscitent les failles dans le processus de prise de décisions et d’actions de la CDD.  Il a notamment évoqué une interaction trop faible entre la Commission et les entités opérationnelles de l’ONU, ainsi que la nécessité d’améliorer la cohérence de la CDD avec les trois Conventions issues de Rio.


Il a estimé qu’outre les ministres de l’environnement, les ministres des finances devaient également être invités à participer aux travaux de la CDD, faute de quoi, a-t-il ajouté, les décisions adoptées ne seront jamais intégrées dans les programmes nationaux des pays.


Le Secrétaire exécutif, appuyé par le représentant du Bénin, a de plus estimé que les décisions de la CDD devaient être pleinement prises en compte par le plan-cadre des Nations Unies et que les Conventions de Rio méritaient d’être considérées comme des instruments juridiquement contraignants.  Sur ce dernier point, M. Gnacadja a avancé que la CDD avait été plutôt lente à tirer profit de ces textes.  La CDD, a-t-il insisté, a tout à gagner en s’impliquant davantage avec les parties prenantes.


Se faisant le porte-parole de la société civile, M. THOMAS FORSTER, Codirecteur des Partenaires internationaux pour l’agriculture durable, a réclamé plus de cohérence entre les mesures adoptées au niveau local, national et international.  Les décisions de la CDD doivent être plus novatrices, a-t-il encouragé.  Il a suggéré un ordre du jour regroupant toutes les parties prenantes.  « Il faut cibler les thèmes les plus importants susceptibles de sensibiliser l’opinion publique, a-t-il dit, en souhaitant voir un véritable engagement sur ces questions.


Outre l’importance de la sensibilisation, M. FELIX DODDS, Directeur exécutif du Forum des parties prenantes pour un avenir durable, a estimé que le calendrier des consultations, qui commence pendant l’été, n’était pas favorable à l’efficacité du processus de prise de décisions de la Commission.  Il a suggéré qu’elles soient regroupées en « fiches de conseil » rédigées à l’intention des décideurs.


Il a, par ailleurs, regretté que le rôle des parlements nationaux semble être en perte de vitesse alors qu’« ils ont un rôle critique à jouer pour aider les gouvernements à mettre en œuvre le calendrier de la CDD ».  Après avoir réclamé une meilleure interaction entre la CDD et les différentes entités de l’ONU chargées d’assurer la mise en œuvre d’Action 21, M. Dodds a déploré l’absence d’un espace qui permettrait à la CDD de changer la marche à suivre si nécessaire.


Il a également relevé que de nombreux ministères de l’environnement accordaient davantage d’attention à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qu’à la protection de l’environnement.  Il a de plus suggéré, à la satisfaction de plusieurs délégations, la remise sur pied du Comité interorganisations sur le développement durable et du Conseil consultatif de haut niveau sur le développement durable.


M. KAIRE MBUENDE, Représentant permanent de la Namibie, a surtout déploré l’insuffisance des ressources et l’écart entre les engagements et les fonds.  Pour améliorer la qualité de l’aide, M. Mbuende a notamment misé sur la coopération Sud-Sud, ainsi que sur la mobilisation de la société civile.  Il a également insisté sur l’importance du transfert des technologies et des partenariats en la matière.


Le problème, a analysé la représentante du Grand groupe des ONG, semble être que le développement durable n’était pas vraiment une priorité pour la plupart des gouvernements et acteurs de la société civile.  Elle a réclamé l’intégration des objectifs fixés dans tous les ministères pour garantir la transition vers une « véritable » économie verte.  La cohérence au niveau local, a renchéri le représentant du Bénin, est une condition essentielle pour assurer la mise en œuvre des mesures touchant au développement durable.


Pour répondre aux défis en la matière, a estimé le représentant du Grand groupe des syndicats et des travailleurs, les décisions de la Commission doivent d’abord être perçues comme « justes, suffisamment négociées et appropriées ».


Mais, le représentant du Brésil a vu un problème plus général.  Celui de la fragmentation, au niveau international, des efforts liés aux piliers du développement durable que sont la croissance économique, le développement humain et la protection de l’environnement.  Pour le représentant du Grand groupe des jeunes, de nouvelles stratégies d’application comportant des ajustements systémiques doivent impérativement être adoptées.


Il nous manque un leadership fort, a dit le représentant du Nigéria, en dénonçant aussi, au niveau national, l’absence d’une équipe de coordination.  « On parle beaucoup de la protection de l’environnement, mais tant qu’on n’aura pas les infrastructures et les technologies adéquates, rien ne se fera », a ajouté le représentant de la Namibie, un des panélistes invité à participer à ce débat.


À cet égard, la représentante du Grand groupe des agriculteurs, qui intervenait également au nom du Grand groupe des scientifiques et celui de l’industrie, a reconnu le puissant outil que peuvent être les partenariats publics-privés.  Le rôle de la société civile a été souligné par la représentante du Grand groupe des femmes.


Cette Table ronde était animée par la Vice-Président de la Commission, Mme TANIA RAGUZ, de la Croatie.  Dans ses remarques de clôture, elle a notamment estimé que la CDD devait être plus pertinente pour les différents ministères concernés.


À l’issue de ce débat, les délégations ont fait des commentaires sur la première partie du résumé des travaux de la CDD, rédigée par son Président, M. LUIS FERRATÉ FELICE du Guatemala.


La session actuelle des travaux de la CDD est consacrée à l’examen de modules thématiques relatif à la question des transports, des produits chimiques, de la gestion des déchets, de l’extraction minière et du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables.  Ce n’est que l’année prochaine, à la session politique, que la CDD prendra ses décisions.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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