ENV/DEV/1125

La Commission du développement durable plaide pour un secteur du transport vert et pour plus de sécurité dans l’utilisation des produits chimiques

04/05/2010
Conseil économique et socialENV/DEV/1125
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement durable

Dix-huitième session

5e séance – après-midi


L A COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE PLAIDE POUR UN SECTEUR DU TRANSPORT VERT ET POUR PLUS DE SÉCURITÉ DANS L’UTILISATION DES PRODUITS CHIMIQUES


La tenue, cet après-midi, de deux débats thématiques, a été l’occasion pour la Commission du développement durable (CDD) de plaider pour un secteur du transport vert et de réclamer une réglementation plus musclée pour la gestion des produits chimiques, s’agissant en particulier de la nanotechnologie.


Près de vingt ans après le Sommet de la Terre et l’adoption d’Action 21, en 1992, « les produits chimiques représentent toujours une menace considérable pour les espèces biologiques, y compris humaines », a prévenu Ivan Erzen, Ministre de la santé de la Slovénie, qui préside actuellement l’Approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques(SAICM).


En décembre 2009, la base de données du Registre de Chemical Abstract Services répertoriait près de 51 millions de produits chimiques naturels ou fabriqués par l’homme, soit quatre fois plus qu’en 1993, date de la première session de la CDD.  Depuis lors, 4 000 nouvelles substances chimiques naissent chaque jour.


Le débat thématique consacré aux transports a ouvert la porte à une discussion sur les biocarburants et la nécessité de changer les comportements d’un monde où le parc automobile est estimé entre 800 et 900 millions de voitures, un chiffre qui devrait passer à 1,8 voire 2,5 milliards, en 2020.


Tributaire à 95% du pétrole et des produits pétroliers, le secteur des transports est responsable de 23% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, dont les trois quart sont dûs aux automobiles.  Les villes des pays en développement doivent d’autant plus disposer « de toute urgence » de systèmes de transport urbain efficaces, que d’ici 2050, deux tiers de la population mondiale habiteront dans les villes, indique le Secrétaire général, dans son rapport pertinent.


La Commission du développement durable poursuivra ses travaux demain, mercredi 5 mai, à partir de 10 heures.


MODULE THÉMATIQUE DU CYCLE D’APPLICATION 2010-2011


Débat thématique sur le transport


Cette discussion a été l’occasion pour les délégations de se pencher sur les défis liés à la création d’un système de transport public en zones urbaines, au rôle du transport dans le développement durable et à l’utilisation d’énergies alternatives comme les biocarburants.  L’importance de sensibiliser le public à ces défis a également été évoquée à plusieurs reprises.


En début de séance, Mme Allison Davis, Spécialiste de la planification des transports, Arup Consultants, à New York, a attiré l’attention sur l’augmentation du nombre de véhicules particuliers, relevant que lorsque les ménages deviennent plus prospères, ils ont tendance à délaisser les transports publics.  Elle a indiqué que la motorisation en Inde et en Chine avait augmenté respectivement de 150% et de 200%.  La décentralisation dans les grandes villes conjuguée à l’inadéquation du transport public, obligeait de nombreux citadins à se rabattre sur les voitures.  La question des coûts du transport public a été soulignée par la représentante du Groupe des syndicats.


« Au lieu de construire des nouveaux quartiers, il vaut mieux accorder la priorité aux transports autour desquels doit s’articuler la planification urbaine », a estimé M. André Lago, Chef de la Division du développement durable et des politiques environnementales du Ministère des affaires extérieures du Brésil, autre expert invité à participer à cette discussion.


C’est le changement des comportements qu’il faut viser, ont estimé, pour sa part, d’autres intervenants dont le représentant de l’Union européenne.  Sinon, a prévenu la Spécialiste d’Arup Consultants, il sera impossible de tirer parti des progrès dans l’efficacité des moteurs et des carburants ».  Elle a dénoncé les politiques qui favorisent l’utilisation des voitures, comme la gratuité des parkings, la rentabilité au détriment de l’environnement, la faiblesse des institutions locales, aux États-Unis notamment et l’absence de données.


Au titre des solutions, les deux spécialistes ont cité les mérites des systèmes de bus qui s’inspirent du fonctionnement des tramways, jamais bloqués dans la circulation, et dont le réseau est coordonné avec d’autres modes de transports, comme la bicyclette.  Ils ont aussi cité les politiques novatrices, comme l’imposition, à Londres, d’une taxe sur les véhicules qui circulent dans le centre ville aux heures ouvrables.


Cette mesure, ont-ils affirmé, a permis de réduire de 30% la congestion du centre ville tout en accélérant de 10% la vitesse des autobus publics.  Les gens emprunteront toujours un bon système de transport public, a-t-elle affirmé.


La contribution du secteur des transports au développement durable a également été évoquée à plusieurs reprises.  Le développement durable est impensable sans un système de transport abordable », a dit le représentant du Yémen, qui intervenait au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Intervenant, pour sa part, au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, son homologue de la Micronésie, a attiré l’attention sur la situation particulièrement précaire des pays comme le sien qui sont isolés dont la majorité des infrastructures de transport, des aéroports et des routes côtières sont à la merci de l’élévation du niveau de la mer.


S’agissant du continent africain, le représentant du Nigéria, qui intervenait au nom du Groupe africain, a dénoncé, dans un contexte d’urbanisation galopante, comme l’a dit son homologue du Sénégal, l’absence de politiques et de stratégies adéquates en la matière, le coût élevé des transports liés à la faiblesse des infrastructures et le manque de ressources financières.  « Afin de contribuer au développement durable, les transports doivent être abordable, sûres et faciles d’accès pour tous les secteurs de la société tout en étant efficace et écologique », a-t-il estimé.


La consommation se fonde non pas sur sa durabilité mais sur son accessibilité, a renchéri le représentant de l’Ouganda, en pointant du doigt le caractère florissant des commerces des voitures de seconde main.  « Ce sont des voitures polluantes, mais ce sont les seuls véhicules que les gens peuvent se permettre d’acheter », a-t-il rappelé.


Tout en créant des infrastructures de transport, il faut en même temps, a préconisé le représentant du Brésil, assurer une transition rapide vers un système à faible émission de carbone.  Elle a cité les mérites du biocarburant pour les pays en développement.


« Les biocarburants ont fait leur preuve et offrent une solution non seulement environnementale mais également économique », a acquiescé le Spécialiste du Brésil en expliquant que, dans son pays, toutes les voitures en circulation, y compris les importées, utilisent en moyenne 20 à 25% d’éthanol.


« De nombreuses solutions viennent du monde en développement, mais elles sont rarement reconnues par le monde développé.  Ce manque d’intérêt est le signe d’une mentalité néocolonialiste et le refus de reconnaître l’efficacité des biocarburants n’est que le résultat de cet état d’esprit », s’est emporté le Spécialiste du Brésil, qui a également regretté le fait que le rapport du Secrétaire général ne prenait pas suffisamment en compte la contribution des biocarburants à la réalisation des OMD.


« Nous devons conduire par l’exemple », a lancé pour sa part la représentante du Groupe enfants et jeunes, après avoir demandé aux délégués de signaler, en levant la main, s’ils étaient venus en avion.  Il faut, a-t-elle estimé, procéder non seulement à un changement économique mais aussi à un changement social », a-t-elle ajouté.


De nombreuses délégations, dont celles des États-Unis, du Canada, du Liban, qui intervenait au nom du Groupe des États arabes, et d’Israël, ont passé en revue les mesures adoptées sur le plan national pour améliorer l’efficacité des transports.  Le représentant de la France a notamment indiqué que son pays avait l’intention de favoriser le développement du transport fluvial, aussi compétitif que le transport routier, mais plus durable d’un point de vue écologique.


Le représentant de la Chine a indiqué que son Gouvernement avait mis en œuvre une stratégie visant, entre autres, à sensibiliser le public aux bienfaits du transport public.  Son homologue de la Fédération de Russie a insisté sur l’importance d’intégrer la sécurité routière aux projets liés aux transports.


En début de séance, les délégations ont visionné l’extrait d’une vidéo sur le Bus rapid transit (BRT), un système efficace de transport public en voies prioritaires installé à Brisbane, en Australie, et à Curitiba, au Brésil, et qui est en voie d’être mis sur pied à Bogota, en Colombie.


En début de séance, Mme Kathleen Abdalla, Chef du Service des questions émergentes de la Division du développement durable du Département des affaires économiques et sociales, a présenté le rapport du Secrétaire général qui traite de la question des transports (E/CN.17/2010/4).


Ce débat thématique était animé par M. Eduardo Meñez des Philippines, Rapporteur et Président par intérim de la Commission du développement durable.


Débat thématique sur les produits chimiques


La sûreté des produits chimiques tout au long de leur cycle de vie et la réglementation liée à leur utilisation a été mise en exergue lors du débat thématique.  Près de vingt ans après le Sommet de la Terre de Rio et l’adoption d’Action 21, en 1992, « les produits chimiques, y compris les dérégulateurs endocriniens, représentent toujours une menace considérable pour les espèces biologiques, y compris humaines », a affirmé l’un des panélistes et Ministre de la santé de la Slovénie, M. Ivan Erzen, qui préside actuellement l’Approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques(SAICM).


La Vice-présidente de la Commission et modératrice de la réunion, Mme Tanya Raguz de la Croatie a rappelé, en présentant les trois panélistes, que le Chapitre 19 d’Action 21 réunit les divers éléments de la gestion rationnelle des produits chimiques.  Ceux-ci englobent la prévention, la réduction, la neutralisation, la minimisation et l’élimination des risques lors de leur production, le stockage, le transport, l’utilisation et la destruction, dont les risques liés aux substances chimiques contenues dans les produits et articles.


Elle a précisé que ce chapitre reconnaît également que les produits chimiques sont essentiels pour atteindre les objectifs socioéconomiques du monde d’ici 2020, et ce, par une mise en œuvre effective des 17 instruments multilatéraux.


Le Ministre slovène a souligné que la sûreté chimique n’est pas un privilège mais le droit de tout un chacun.  Il a exhorté tous les pays à réduire leur dépendance aux produits chimiques et à appliquer une stratégie internationale pour les gérer.  Le deuxième panéliste, M. Jamidu Katima a longuement parlé du cycle de vie des produits chimiques et des activités particulières dans chacune des étapes.  Il a, en particulier, plaidé en faveur d’une coordination et d’un meilleur échange de données.


La problématique des technologies émergentes comme la nanotechnologie, la biologie synthétique, la géo-ingénierie et les nouveaux développements en génomique et en neurosciences ont été abordés par le Professeur Pat Mooney, troisième panéliste et Expert en politique de biotechnologie et de biodiversité.


Il a expliqué, entre autres, qu’à l’heure actuelle, la nanotechnologie utilisée pour les produits alimentaires, les cosmétiques et l’habillement était permise « virtuellement, sans aucune forme de réglementation ».  Pourtant, a-t-il poursuivi, les caractéristiques des produits chimiques ont changé puisque l’or d’une bague de marié pouvait passer de l’état passif à celui de catalyseur d’autres réactions chimiques; tout comme l’oxyde d’aluminium utilisé par les dentistes est utilisé dans sa version « nano » par l’armée de l’air américaine pour l’ignition des bombes.  De la même façon, l’impact de la nanobiotechnologie ou biologie synthétique, demeure relativement intouché, a noté l’expert.


M. Mooney a placé la notion de sûreté des produits chimiques dans le contexte commercial, en rappelant que d’un point de vue économique, l’industrie chimique, y compris celle des cosmétiques, a totalisé des bénéfices évalués à des milliards de dollars, employant directement 7 millions de personnes et assurant 20 millions d’emplois supplémentaires dans des activités auxiliaires.


Au cours du débat, M. Mooney a affirmé que des recherches ont montré que la fabrication des nanoparticules est telle qu’elles restent longtemps dans l’environnement.  Et pourtant, moins de 1% du financement de la recherche est consacré à cette question, a-t-il dit.


À l’instar du représentant du Liban, il a mis le doigt sur les risques qui accompagnent le transfert des technologies et sur le problème des droits de propriété intellectuelle.  Il faut veiller à « ce que le transfert ne serve pas des intérêts particuliers et que, par exemple, dans les pays en développement,  les laboratoires ne travaillent pas comme bancs d’essais pour des technologies des pays du Nord ».


Parmi certains effets préjudiciables sur la santé humaine et l’environnement qui exigent une réglementation stricte, il a notamment cité l’exemple du transfert illicite des produits chimiques et de leurs méfaits sur les enfants au Sénégal et en Côte d’Ivoire.


Ce problème du déversement des déchets toxiques et des produits radioactifs dans les pays en développement a été particulièrement traité par le Ministre plénipotentiaire de la République-Unie de Tanzanie, M. Modest J. Mero, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qui a fait état d’informations récentes affirmant que des sociétés déversaient illégalement ces produits dans les pays en développement.


Le Ministre a également fait part de sa profonde inquiétude face aux investisseurs qui utilisent tous les moyens possibles pour contourner les systèmes locaux de régulation, en dénonçant le fait que les entreprises profitent de la faiblesse des régimes de régulation et de leur application dans ces mêmes pays.


Le ton du débat a été donné par une vidéo sur un accident dans une usine chimique en Espagne et par la présentation du rapport du Secrétaire général sur les produits chimiques (E/CN.17/2010).


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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