En cours au Siège de l'ONU

ENV/DEV/1124

« Sous une confluence exceptionnelle », la Commission du développement durable s’attaque aux questions du transport, des déchets et des mines

03/05/2010
Conseil économique et socialENV/DEV/1124
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission du développement durable

Dix-huitième session

2e séance – matin


« SOUS UNE CONFLUENCE EXCEPTIONNELLE », LA COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE S’ATTAQUE AUX QUESTIONS DU TRANSPORT, DES DÉCHETS ET DES MINES


La Commission du développement durable a ouvert, aujourd’hui, sa session sous une « confluence exceptionnelle » comme l’a dit le représentant de la Micronésie, au nom des petits États insulaires en développement (PEID).  2010 sera en effet l’année d’une réunion de haut niveau sur la Stratégie de Maurice sur les PEID et d’un sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), prévus tous deux en septembre à New York, alors que Cancun accueillera en décembre, une conférence sur le successeur du Protocole de Kyoto.


Chargée de faire des recommandations pour accélérer la mise en œuvre d’Action 21 de 1992 et du Plan d’application de Johannesburg de 2002, textes fondateurs du développement durable dont les trois piliers, ont rappelé les délégations, sont la croissance économique, le développement humain et la protection de l’environnement, la Commission discutera jusqu’au 14 mai, d’un module thématique comprenant les questions du transport, des produits chimiques, de la gestion des déchets, de l’extraction minière et du Cadre décennal de programmation sur les modes de consommation et de production durables.


Dans les rapports qu’il a présentés à la Commission, le Secrétaire général indique que la croissance économique mondiale de ces 50 dernières années a énormément coûté à l’environnement et aux écosystèmes.  Au cours de ce demi-siècle, l’homme a modifié les écosystèmes plus rapidement et plus profondément que dans « tout intervalle comparable dans l’histoire de l’humanité », en grande partie pour répondre à une explosion des besoins en nourriture, en eau douce, en bois, en fibres et en combustibles.  Inverser la dégradation des écosystèmes tout en répondant aux demandes croissantes de leurs services constitue un défi que l’on peut partiellement relever en modifiant les politiques, institutions et pratiques, estime le Secrétaire général.


Face à ces « problèmes complexes », le Président de la Commission et Ministre de l’environnement et des ressources naturelles du Guatemala, Luis Ferrate Felice, a exhorté à « l’action ».  Tous les intervenants ont appelé à un esprit de dialogue et de coopération pour une session consacrée exclusivement à l’examen des questions; l’élaboration des recommandations étant prévue pour l’année prochaine.  Aujourd’hui, la Commission a également échangé des données d’expérience des régions d’Afrique, d’Asie et du Pacifique, d’Amérique latine et des Caraïbes et de l’Europe.


La Commission a élu Hilario G. Davide Jr, des Philippines, à sa Présidence; Mohamed A. Alahraf de la Jamahiriya arabe libyenne, Tanyia Valerie Ragux de la Croatie et Ulf Jaeckel de l’Allemagne, à ses vice-présidences.  Élu Rapporteur, Eduardo Martin Meñez des Philippines, remplacera le Président, rappelé dans son pays.


La Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 4 mai, à partir de 10 heures.


Module thématique du cycle d’application 2010-2011


La Commission s’est saisie du rapport du Secrétaire général sur « le transport » (E/CN.17/2010/4).   Le Secrétaire général y souligne d’abord que le transport et la mobilité sont des conditions préalables et essentielles au développement durable.


Il constate néanmoins que le transport va souvent de pair avec des coûts environnementaux et sociaux mais que le manque d’infrastructures adéquates et de services de transport abordables contribue à la pauvreté et constitue un obstacle majeur à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier dans les pays en développement.


Toutefois, l’urbanisation et la motorisation accrues depuis plusieurs décennies se traduisent par une augmentation sans précédent des émissions, entraînant la dégradation des conditions de vie partout dans le monde et l’accélération du processus des changements climatiques.  La croissance démographique mondiale renforce encore ces tendances.


Pour le Secrétaire général, des interventions politiques appropriées s’imposent d’urgence pour mettre en place des systèmes de transport abordables, économiquement viables, socialement acceptables et écologiquement valables.  Il est essentiel, selon lui, de développer des systèmes multimodaux privilégiant les moyens de transport à faible consommation d’énergie et de recourir davantage aux systèmes de transports publics.


Le Secrétaire général estime de plus que la planification intégrée du transport urbain et rural, soutenue par des politiques de réglementation et d’incitation fiscale, alliée au développement de nouvelles technologies et à une coopération internationale accrue, est un facteur clef pour mettre en place un secteur des transports répondant aux exigences du développement durable.


Dans son rapport sur « les produits chimiques » E/CN.17/2010/5, le Secrétaire général explique que des progrès significatifs ont été réalisés dans l’atteinte de l’Objectif 2020 grâce à l’Approche stratégique de la gestion internationale des produits chimiques, à la mise en œuvre des instruments juridiques internationaux y afférent, au renforcement de l’échange d’informations et de la communication des risques, à l’élaboration de programmes d’évaluation, de réduction et de prévention des risques, au développement d’indicateurs et à la surveillance.  Les grands groupes ont fortement contribué à la promotion de la sécurité chimique.


Le Secrétaire général estime cependant que ces progrès n’ont toutefois pas été suffisants à l’échelle mondiale et qu’ils ont des répercussions sur la santé et le bien-être de millions de personnes.  Il relève notamment que la production et la consommation accrues de produits chimiques dans les pays en développement et les économies en transition mettent à rude épreuve les capacités de ces pays en matière de gestion rationnelle de tels produits.  Cette gestion, ajoute-t-il, est rarement considérée comme une priorité dans les plans de développement et ne bénéficie pas, par conséquent, des ressources suffisantes.


Une mise à jour de la législation et des politiques nationales s’avère bien souvent nécessaire.  Le manque de sensibilisation du public aux risques potentiels pour la santé et l’environnement, ainsi que l’insuffisance des ressources et des capacités humaines pour gérer et réduire les risques sont autant de défis de plus en plus urgents à relever.


S’agissant de « la gestion des déchets » (E/CN.17/2010/6), le Secrétaire général indique qu’elle a évolué.  Axée d’abord principalement sur la collecte et l’élimination ou l’incinération des déchets, elle adopte désormais une approche davantage intégrée qui met l’accent sur la réduction au minimum de la production de déchets, sur le recyclage des matières et sur la production d’énergie.


Il relève que dans un certain nombre de pays, la gestion des déchets adopte de plus en plus une approche intégrée couvrant le cycle de vie, tandis que dans les pays en développement, l’augmentation rapide des volumes de déchets met à rude épreuve les capacités de gestion et surcharge l’infrastructure.  De plus, les déchets dangereux posent des problèmes particulièrement complexes, en particulier lorsqu’ils sont mélangés avec d’autres flux de déchets.


Le Secrétaire général estime que les objectifs prioritaires pour la gestion des déchets sont la prévention et la réduction au minimum de la production de déchets, la gestion effective et efficace des déchets solides et dangereux restants et la récupération des matières et de l’énergie utiles.  Il affirme, par ailleurs, que les déchets sont une ressource potentiellement précieuse.


Pour le Secrétaire général, les autorités locales, qui sont souvent à l’avant-plan de la gestion des déchets solides, ont besoin de développer les capacités institutionnelles et de déléguer les responsabilités et les ressources financières des pouvoirs publics.  Les campagnes d’éducation et de sensibilisation du public sont importantes pour inciter à réduire la production de déchets au minimum et à les éliminer sans risque pour l’environnement.  En l’occurrence, les partenariats public-privé peuvent jouer un rôle dans le financement et le développement de l’infrastructure pour les déchets et les systèmes de gestion.


Venant à « l’exploitation minière » (E/CN.17/2010/7), le Secrétaire général explique que les minerais sont indispensables pour la vie moderne et que l’exploitation minière demeure la principale méthode d’extraction.  Il constate que dans un certain nombre de cas, les pays producteurs n’en ont retiré que peu d’avantages ou des avantages limités en termes de croissance économique et de réduction de la pauvreté.  De plus, malgré les progrès enregistrés depuis 2002, les activités minières continuent d’avoir des incidences sociales et écologiques préjudiciables sur les collectivités vivant à proximité des lieux d’extraction, et parfois même à l’échelon national.


Par conséquent, des efforts s’imposent, avec le soutien de la communauté internationale, pour accroître les retombées économiques de l’extraction minière dans les pays producteurs et minimiser leurs incidences sociales et écologiques négatives sur les collectivités touchées.


Pour le Secrétaire général, il est indispensable d’améliorer les éléments de base de la gouvernance dont les industries extractives ont besoin pour contribuer au développement durable, à savoir: la promotion de la transparence des flux de recettes, la promotion de la divulgation des projets miniers, le développement des capacités des gouvernements à gérer efficacement des recettes instables, l’assistance destinée à aider les gouvernements à mettre en place des cadres législatifs et réglementaires modernes, et la participation de la population à la prise de décisions aux niveaux local et national.


Le Secrétaire général estime notamment que dans ce processus, un élément central du développement local durable consiste à garantir la reconnaissance et le respect des droits et des intérêts des populations autochtones et autres collectivités locales par les États et les entreprises.


Enfin en ce qui concerne « le cadre décennal de programmes sur les modes de consommation et de production durables » (E/CN.17/2010/8), le Secrétaire général constate que l’efficacité écologique s’est améliorée tout au long du vingtième siècle, mais, qu’en valeur absolue, la consommation des ressources de la planète a continué à augmenter du fait de la croissance démographique et du produit intérieur brut (PIB), aussi bien dans les nations développées que dans les pays en développement.  Ce mode de consommation a même connu une accélération à partir de l’an 2000, en raison de la croissance rapide de l’économie des pays émergents.


Le Secrétaire général indique néanmoins qu’il n’en reste pas moins qu’une partie importante des populations des pays en développement n’a toujours pas accès aux biens et services de première nécessité.  Il est également de plus en plus évident, selon lui que, dans diverses zones géographiques, le développement est allé au-delà de la capacité de charge des écosystèmes – que cela se mesure à l’indice de « l’empreinte humaine » (« footprint ») ou par le biais de divers indicateurs, tels que les espèces menacées, la dégradation des écosystèmes et des sols, la déforestation ou encore la baisse des réserves de poissons.


Pour le Secrétaire général, il faut déployer des efforts plus concertés pour rompre le lien entre la croissance économique, d’une part, et l’exploitation des ressources naturelles et la dégradation de l’environnement, d’autre part.  Il faut s’efforcer d’intégrer la nécessité de modes de consommation et de production durables aux politiques et à leur mise en œuvre.


Une approche fondée sur les cycles vitaux sera appréciable si l’on veut comprendre les liens indissolubles entre les modes de production et les modes de consommation, ainsi que les conséquences complexes –et parfois involontaires– que ces choix de société peuvent avoir pour le développement durable.


Ban Ki-moon estime qu’il faut accorder une attention toute particulière aux modes de consommation, car, dans ce domaine, les progrès dans le sens d’une consommation durable sont encore limités.  Dans ce contexte, la notion d’économie ou de croissance vertes gagne du terrain, dans la mesure où l’on s’aperçoit que c’est là une manière de réconcilier la nécessité du caractère durable de l’environnement et la recherche constante d’une amélioration du niveau de vie des individus, en particulier dans les pays en développement.


On voit apparaître de meilleures pratiques en matière de marchés publics durables, d’énergies renouvelables, d’efficacité énergétique, de construction « verte », de gestion de filières d’approvisionnement durables, ou encore de responsabilité sociale des entreprises.  En revanche, ajoute le Secrétaire général, on ne perçoit guère encore quel doit être le bon « dosage » entre mesures volontaristes, politiques fondées sur les lois du marché et mesures contraignantes, en vue d’accéder aux modes de production et de consommation durables.


Pour le Secrétaire général, il faut bien comprendre que, très fréquemment, les contraintes sont plus comportementales et politiques que technologiques.  Par conséquent, il faut développer les campagnes de sensibilisation et les processus d’éducation à ce type de problèmes.


Dans le contexte d’un « Cadre décennal de programmes sur les modes de consommation et de production durables », le défi consiste à faciliter un abandon rapide des modes de consommation et de production non viables à long terme, afin de se situer ou de se resituer dans le champ des capacités des écosystèmes, tout en tirant vers le haut le niveau de vie de l’ensemble des individus et des peuples.


Déclarations


      M. LUIS FERRATE FELICE, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles du Guatemala et Président de la Commission du développement durable, a ouvert la session par un appel à l’action face à des « problèmes complexes axés sur les décisions que les pays doivent prendre sur la gestion de leurs biens et services naturels », ce qui impliquerait la révision de leurs modes de production et de consommation qui ont généré des richesses mais également conduit à un niveau critique d’exploitation des ressources naturelles.


La crise des changements climatiques, l’acidification des océans et d’autres problèmes affectant les océans, l’atmosphère et les forêts, notamment, exigent « un dialogue honnête et transparent, et avant tout, une action », s’est exclamé le Ministre de l’environnement, qui a souligné la pertinence du rôle de la Commission de l’ONU pour contribuer à surmonter la crise et à appliquer des mesures multilatérales qui correspondent à la gravité et à la complexité des défis et des processus auxquels « nous sommes confrontés ».


La Commission, qui se réunit pendant deux semaines, a précisé M. Ferraté Felice, a aussi prévu une journée spéciale sur les petits États insulaires en développement.  Le Président a exprimé le vœu que les délibérations jetteront les bases et définiront le ton et le niveau d’ambition des politiques de développement durable qui doivent être adoptées, l’année prochaine ».


Le Président a mis l’accent sur la nécessité de rendre visibles les corrélations entre la gestion intégrale des déchets chimiques et l’élimination de la pauvreté.  Il a rappelé que peu de pays en développement sont dotés du cadre juridique nécessaire, et des capacités institutionnelles et techniques pour gérer les produits chimiques.  Il a ajouté que la gestion totale des déchets chimiques est devenue une « question fondamentale, en particulier avec l’urbanisation ».


La Commission devra, par ailleurs, adopter un cadre décennal de consommation et de production qui bénéficie en particulier aux populations les plus vulnérables.  À cet égard, il a évoqué l’exemple des communautés autochtones au Guatemala, qui sont parmi les populations les plus vulnérables mais également les « meilleurs gardiens de l’environnement ».


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé l’importance des questions liées aux transports, aux produits chimiques, à la gestion des déchets et à l’extraction minière.  Nous devons, a-t-il dit, travailler sur ces thèmes et nous assurer que les pratiques en la matière soutiennent des modes de vie durables.  Concernant la question liée aux transports, il a rappelé que la volatilité du marché mondial de l’énergie, au cours des deux dernières années, avait eu des incidences significatives sur le secteur des transports.  La crise financière internationale a aussi conduit à des impacts négatifs sur le secteur des transports et les fournisseurs de service.  En outre, l’impact négatif des émissions de gaz à effet de serre a souligné l’urgence d’une action mondiale pour réduire ces émissions.


Concernant la gestion des produits chimiques, le Secrétaire général adjoint a appelé à une promotion renforcée du transport de technologies et du savoir-faire.  Il a, par ailleurs, qualifié la Stratégie des 3R, de fondamentale pour la gestion des déchets.  Nous devons accélérer nos efforts pour répondre aux objectifs du développement durable et pour répondre aux engagements pris en faveur des générations futures, a dit le Secrétaire général adjoint en conclusion.


M. AKIRA NITTA (Japon) a estimé que pour préserver et protéger la vie humaine et l’environnement, il était indispensable de réduire les déchets et de prévoir un système sain pour leur traitement.  Une société sans carbone est indispensable pour une société durable, mais il faut, pour cela, réduire et gérer le recyclage des déchets, a-t-il insisté.  Il a souhaité que les pays en développement, notamment les municipalités, intensifient leurs efforts.  Il faudrait, a-t-il estimé, un partenariat mondial pour soutenir les efforts de développement dans la gestion et le traitement des déchets, en travaillant aux niveaux de la production et de la consommation.


Le représentant a, par ailleurs, indiqué que son pays avait apporté sa contribution au développement de la stratégie des « trois R », réduction, réutilisation et recyclage.  Le Gouvernement du Japon prévoit en 2011 une réunion préalable à la dix-neuvième session de la Commission du développement durable qui devrait porter sur la question.  Il a souhaité que le prochain Forum de Kuala Lumpur, qui se tiendra en octobre, soit l’occasion de débattre de ces questions.


M. KUANG-SUK PARK (République de Corée) a, en présentant les conclusions de la réunion régionale d’experts pour la Région asiatique, tenue à Bangkok en mars dernier, indiqué que les recommandations de la réunion comportent une section sur le développement de la technologie des transports, avec une vision nouvelle sur le développement durable.  Il a estimé que cette session constituait une « occasion unique » d’approfondir l’étude de ce secteur.


M. DONALD COOPER, Secrétaire exécutif des Conventions de Stockholm, de Rotterdam et de Bâle sur les produits chimiques, a fait état de la publication d’un manuel sur les bonnes pratiques.  Les pesticides, les médicaments et autres produits sont nécessaires mais leur production doit suivre des règles strictes, a-t-il dit.  Le manuel évalue les tendances et les problèmes, tout en énumérant les expériences à partager.  Il présente 18 études de cas présentés par les gouvernements, les ONG et les entreprises.  Le Secrétaire exécutif a également parlé d’un atelier sur la gestion saine des produits chimiques.  Les progrès sont là, a-t-il dit, mais des problèmes persistent dans les pays en développement et en transition qui ont du mal à calculer les risques et à les réduire.  Il faut avoir une approche multisectorielle et une participation de toutes les parties prenantes, a-t-il dit, en annonçant que le manuel sera officiellement lancé le 12 mai, ici, au Siège de l’ONU.


M. ABDULLAH M. ALSAIDI (Yémen) qui intervenait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que la question des transports était une composante « essentielle » du développement durable.  Abordant ensuite la question des produits chimiques, M. Alsaidi s’est dit préoccupé par l’insuffisance d’informations scientifiques et par le manque des ressources humaines nécessaires en la matière.


En ce qui concerne la gestion des déchets, il a évoqué les problèmes générés par les déchets électroniques.  Il a poursuivi sur la question de l’exploitation minière, en appelant les pays en développement à affirmer leur droit souverain sur leurs ressources naturelles. M. Alsaidi a conclu en se félicitant que la Commission ait réservé une partie de sa session à l’examen de la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice.


M. PETER SCHWAIGER (Union européenne) a estimé que cette session constitue une excellente occasion de revoir le message du développement durable, à l’instar du Secrétaire général qui dit que les « trois piliers ne sont pas trois objectifs séparés mais bien un seul, à savoir que le développement est la sage-femme de la durabilité, tout autant que la durabilité est le support de vie du développement ».  L’extraction minière, a-t-il estimé, est l’exemple le plus révélateur des défis qui persistent.


Le représentant a aussi attiré l’attention sur le système européen REACH relatif aux produits chimiques.  Il s’est félicité des conclusions des réunions des États parties aux Conventions de Bâle, de Rotterdam et de Stockholm.  Il a manifesté la disposition de l’Union européenne à échanger des expériences et des idées dans le Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables.  Il a insisté sur les résultats encourageants obtenus lors du processus de Marrakech et a évoqué le programme SWITCH en Asie, pour lequel l’Union européenne a versé 90 millions d’euros.  Il s’est, à son tour, félicité de la réunion d’examen de la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice.


M. GYAN CHANDRA (Népal), qui intervenait au nom des pays les moins avancés (PMA), a reconnu que la faiblesse des infrastructures de transport avait ralenti le développement des PMA.  Il a souligné que les pays sans littoral connaissaient des défis particuliers en matière de transports.  Leur isolement géographique contribue de façon notable à la pauvreté et à la marginalisation des communautés rurales, a-t-il souligné.  Le représentant a réclamé des fonds et un appui technique pour répondre aux besoins des PMA en matière de transports.  M. Chandra a aussi réclamé des échanges plus réguliers d’informations sur les produits chimiques et leur dangerosité, ainsi que le renforcement de la coopération en matière de biotechnologie et de déchets électroniques.  Il est impératif, a-t-il dit, d’assurer la mise en œuvre effective de la Convention de Bâle.


Convenant ensuite des avantages socioéconomiques liés aux activités d’extraction minière, M. Chandra a toutefois appuyé l’analyse du Secrétaire général.  La coopération internationale doit se pencher sur ces problèmes, a-t-il estimé.  Pour conclure, il a appelé les pays développés à prendre des mesures concrètes pour améliorer l’assistance financière aux PMA, réduire leur dette, leur assurer l’accès aux marchés, faciliter le transfert de technologies et renforcer leurs capacités.


M. EDUARDO GALVEZ (Chili), au nom du Groupe de Rio, a estimé que s’agissant des transformations en cours dans les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, il faut évaluer les progrès et les défis en gardant à l’esprit que ces pays ont toujours des populations pauvres.  Il importe aussi, a-t-il souligné, de pointer le doigt sur la responsabilité des pays développés qui maintiennent une culture de surconsommation.  Il a mis l’accent sur les efforts des pays de sa région concernant le respect des règles applicables à l’industrie minière et à la

gestion des produits chimiques.  Il a jugé que les centres régionaux et sous-régionaux sont de bons instruments d’application des trois Conventions sur les produits chimiques.  Il a réitéré l’appel de la région à des financements novateurs et additionnels.


M. NAWAF SALAM (Liban), qui s’exprimait au nom du Groupe arabe et de la Ligue arabe, a réaffirmé l’importance du travail de la Commission alors que le monde est face à des questions vitales, telles que la crise économique et financière, les changements climatiques et la situation économique et sociale dans les pays en développement.  Les thèmes choisis cette année sont d’une grande importance pour le Groupe arabe, a-t-il ajouté.  Il a rappelé que des progrès considérables avaient été faits par les pays Arabes dans la mise en place des engagements et des objectifs inscrits dans Action 21 et les textes qui ont suivi.


Mais en dépit des progrès, des défis demeurent, a expliqué M. Salam, en citant le territoire palestinien occupé.  Les politiques et les pratiques de la force d’occupation conduisent à une sérieuse détérioration des secteurs du transport, de la gestion des produits chimiques et des déchets et de l’extraction minière, a regretté le représentant.  Il a souhaité que la Commission accorde un intérêt particulier à cette question et qu’elle demande à l’occupant étranger de stopper ces pratiques illégales.


M. JOSE ANTONIO DOS SANTOS (Paraguay), au nom des pays en développement sans littoral, s’est attardé sur la question des transports.  Le manque d’accès à la mer et l’éloignement des principaux marchés mondiaux sont aggravés par une infrastructure inadéquate des transports, des systèmes de logistique inefficaces et des procédures lentes, qui augmentent de manière critique le coût des transactions commerciales et réduisent la compétitivité de ces pays.  Cet état de chose ne manque pas d’avoir des effets négatifs directs sur la croissance économique et la réalisation des objectifs de développement, internationalement agréés, a souligné M. Dos Santos.


Le Programme d’action d’Almaty, approuvé en 2003 par l’Assemblée générale, représente un cadre global « unique et solide » pour favoriser la création de systèmes de transport efficaces dans toutes les régions, sur la base de la coopération mutuellement profitable aux pays de transit et l’appui des pays développés, a-t-il rappelé.  Il a noté qu’avec la crise économique et financière, les flux d’investissements au secteur des infrastructures ont baissé.


M. COLLIN D. BECK (Îles Salomon) qui intervenait au nom de l’Alliance des petits États insulaires, s’est félicité de ce que le rapport du Secrétaire général ait mis en exergue la situation des petits États insulaires.  Nous sommes souvent coupés du monde, a-t-il dit, en attribuant cette situation aux coûts du transport maritime.  Il a d’ailleurs réclamé une meilleure gestion des déchets générés par les navires, lesquels ont des conséquences terribles sur le milieu marin.  Le représentant a demandé la bonne application de la Convention de Bâle.  En termes de développement durable, a-t-il conclu, des priorités doivent être établies et les bonnes pratiques partagées.


M. JEEM LIPPWE (États fédérés de Micronésie), au nom des petits États insulaires en développement, a estimé que la confluence « exceptionnelle » de réunions importantes sur la mise en œuvre d’Action 21, de la Stratégie de Maurice et de la réalisation des OMD, présentait une occasion unique pour développer un plan d’action capable de traduire les engagements internationaux en actions concrètes.  Ma délégation, a-t-il confié, cherche à créer un « Modèle du Pacifique » qui établirait des normes relatives au financement de projets et qui faciliterait l’accès des îles du Pacifique aux fonds.


Il a réclamé un engagement véritable de la part de la communauté internationale pour assurer une gestion durable des stocks de poissons et garantir ainsi l’indépendance économique des États du Pacifique.  M. Lippwe a, par ailleurs, déclaré qu’il était impensable d’évoquer le développement durable du Pacifique sans prendre en compte la possibilité « réelle » que certaines îles deviennent inhabitables voire entièrement submergées.


La communauté internationale doit pendre des mesures d’urgence pour répondre à la crise climatique, a dit le représentant qui a également fait part de son inquiétude face à la « baisse des ambitions » de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui doit se dérouler à Cancun, au Mexique.  Il a notamment réclamé l’adoption, d’ici la fin de l’année, d’un engagement ambitieux et juridiquement contraignant en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.


M. CAMILLO GONSALVES (Saint-Vincent-et les Grenadines), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a mis en garde contre l’impact dévastateur des multiples crises actuelles sur les petits États insulaires et ce, en dépit des progrès notables que ces pays ont faits dans la mise en place de stratégies institutionnelles nationales et régionales de développement durable.  La CARICOM, a-t-il prévenu, n’est pas prête à s’engager dans un exercice qui ne consisterait qu’à confirmer le statu quo et qui ne se concentrerait que sur la négociation d’un texte.


Par exemple, a-t-il dit, les États des Caraïbes sont classés parmi les pays à revenu intermédiaire sur la base du revenu par habitant, ce qui leur barre l’accès aux prêts concessionnels et les laisse à la merci des financements à taux élevés des institutions financières internationales, avec les conséquences que l’on sait sur une dette extérieure déjà non viable et sur une vulnérabilité bien réelle.


Si cette question n’est pas traitée de toute urgence par la communauté internationale, les petits États insulaires de la CARICOM ne seront pas en mesure d’atteindre leurs objectifs de développement durable », a averti le représentant.  Il a conclu en présentant brièvement la position de la CARICOM sur diverses questions thématiques comme l’attachement de la région à une gestion efficace des déchets et au recyclage.  Il a aussi parlé des mécanismes régionaux de protection des océans et des zones côtières contre les déchets des navires et les marées noires.


M. ADAMU AZIMEYEH EMOZOZO (Nigéria), qui intervenait au nom du Groupe des pays d’Afrique, a expliqué que les efforts déployés par l’Afrique s’étaient vu amoindris par les effets de la crise économique mondiale.  Il a réclamé l’appui de la communauté internationale en matière de ressources financières, de renforcement des capacités humaines et de réduction de la dette.


M. JOHN M. MATUSZAK (États-Unis) a rappelé que le Président Obama s’était engagé récemment en faveur de la Commission du développement durable, souhaitant son renforcement.  Le développement durable est une responsabilité que nous devons tous partager, a-t-il dit.  Les gouvernements ont la responsabilité de mettre en place les lois, de partager les données dont ils disposent et d’impliquer le public dans la prise de décisions, a-t-il ajouté.  L’application de la science et la promotion de l’innovation, la promotion de solutions adaptées, la bonne gouvernance, la transparence dans le partage des informations et l’implication des parties concernées dans le processus de prise de décisions sont indispensables, a souligné M. Matuszak.  Les citoyens doivent être informés et impliqués dans les décisions qui les affectent, a-t-il insisté.


M. LI KEXIN (Chine) a estimé que les pays devaient faire preuve de suffisamment de volonté politique et adopter des mesures concrètes pour assurer leur développement économique durable.  Il a insisté sur l’importance d’une bonne coopération internationale en la matière.  Il a de plus estimé que les pays en développement devaient bénéficier d’une aide appropriée.  Il a conclu en passant en revue les initiatives de son gouvernement pour allier développement économique et respect de l’environnement.


M. TAKESHI OSUGA (Japon) a indiqué qu’en 2001, son pays a tourné le dos à la société de production et de consommation de masse qu’elle avait été jusque-là, en adoptant la « Basic Law for Establishing a Sound Material Cycle Society », a-t-il précisé, en ajoutant que son pays promeut les trois R, s’agissant de la gestion des déchets.  Parlant de la gestion des produits chimiques, il a rappelé que son pays a connu, il y a plus de 50 ans, la tragédie de l’empoisonnement au mercure, laquelle l’a conduit à demander un instrument juridiquement contraignant sur l’utilisation du mercure.  M. Osuga a annoncé qu’en octobre prochain se tiendra à Nagoya, la réunion sur la diversité biologique.  Toutes les questions de module thématique, a-t-il conclu, sont très étroitement liées et convergent vers la sécurité humaine et la pérennité de l’environnement.


Mme DEWI SAVITRI WAHAB (Indonésie) a estimé qu’il était nécessaire d’équilibrer les trois piliers du développement durable de façon à se départir des pratiques passées.  Le New Deal vert présenterait des paramètres intéressants en matière de réforme, a-t-elle dit, en soulignant l’importance des financements et de la reconfiguration des entreprises et des infrastructures.  Elle a indiqué que l’Indonésie investissait dans les zones rurales et qu’elle développait une énergie géothermique écologiquement viable.


M. SHULI DAVIDOVICH (Israël) a estimé que des « efforts massifs », tant sur le plan politique ou de la mise en œuvre, étaient nécessaires pour assurer le développement durable et la transition vers une économie verte.  Pour le représentant, les objectifs nationaux doivent être rééquilibrés vers la transformation des déchets en ressources économiques, la lutte contre la pollution et les émissions de gaz à effet de serre, et la promotion d’une éducation à l’environnement et d’un mode de vie durable.


M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a espéré que la Commission saura parvenir à un consensus sur les questions thématiques, compte tenu de la diversité des pays et de leur problématique respective.  Il a salué l’approche holistique du Cadre décennal et a appelé au renforcement des partenariats entre les secteurs public et privé et avec les ONG.  Il a présenté une synthèse des efforts de la Fédération de Russie dans le domaine du développement durable.


M. ZARANDIAN (République islamique d’Iran) a soutenu, à son tour, que les transports et la mobilité sont très importants car ils ont une répercussion directe sur les moyens de subsistance.  Des services de transport propres et rentables ont une importance cruciale pour l’économie au quotidien.  Évoquant le relief montagneux de son pays, il a fait remarquer que les gouvernements successifs ont su établir des réseaux routiers et ferroviaires efficaces pour relier les régions éloignées aux grandes villes.  Le Gouvernement a été très actif pour faire élargir les routes existantes et installer un réseau ferroviaire reliant l’Iran à ses voisins.  Le transport multimodal présente de nombreux défis qu’il convient de relever pour ne pas compromettre le développement des pays en transition, a-t-il recommandé en conclusion.


Mme SAROJ (Inde) a indiqué que la croissance économique rapide de son pays avait provoqué des défis sans précédents, en matière de développement durable.  La lutte contre la pauvreté, la sécurité alimentaire et l’accès à l’énergie figurent au nombre des priorités nationales de l’Inde.  Elle a confirmé que son pays était prêt à réduire de 20% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport au taux de 2005.  En la matière, la représentante a souligné l’importance de la transparence politique.


M. PHILIPPE CHAREST (Canada) s’est félicité de la représentation des jeunes et des ONG à cette session, en les qualifiant de partenaires importants.  Au cours des deux dernières années, le Canada a déployé des efforts considérables pour apparaître plus comptable de ses actes devant la Commission.  Il s’est réjoui d’avoir soutenu, outre les activités connexes et un atelier international sur les rapports nationaux, les efforts du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DAES) pour développer une plate-forme de communication électronique destinée aux centres nationaux de liaison de la CDD.  Hébergée par la Division du développement durable, cette plate-forme facilitera l’apprentissage et simplifiera le partage des expériences.  Ce quatrième cycle de mise en œuvre du programme de travail pluriannuel de la CDD permet de mettre à profit l’expérience acquise afin de garantir une approche pratique axée sur les résultats.


M. DANIEL ZIEGERER (Suisse) a estimé que la session actuelle était l’occasion de procéder à une simulation réelle de la mise en pratique des différents piliers du développement durable, lesquels doivent, selon lui, être mis en œuvre de manière holistique.  La promotion d’une consommation et de modes de production durables sont les moteurs d’une économie verte, a-t-il souligné.  Les produits chimiques, les déchets, l’extraction minière et les transports sont essentiels à la création d’une économie verte.  Il a toutefois affirmé qu’il serait impossible de créer une économie verte sans assurer une bonne gestion des déchets et ce, dans le but de réduire leur impact sur l’environnement.  Il a également estimé que le coût externe des transports devait être pris en compte lors du calcul des gains économiques.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.