ECOSOC/6443

L’ECOSOC souligne la nécessité de renforcer la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies

15/07/2010
Conseil économique et socialECOSOC/6443
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de fond de 2010

35e et 36e séances – matin & après-midi


L’ECOSOC SOULIGNE LA NÉCESSITÉ DE RENFORCER LA COORDINATION DE L’AIDE HUMANITAIRE D’URGENCE FOURNIE PAR LES ORGANISMES DES NATIONS UNIES


Une table ronde est consacrée au renforcement de la préparation

aux situations humanitaires d’urgence et de la coordination de l’aide humanitaire


Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé aujourd’hui son débat sur la question de l’assistance économique spéciale, de l’aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe, en adoptant sans vote une résolution générale relative au renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies.  Il a par ailleurs consacré une table ronde au thème du renforcement de la préparation aux situations d’urgence humanitaire et de la coordination de l’aide humanitaire.


Par la résolution qu’il vient d’adopter, le Conseil prie instamment les États Membres d’élaborer, d’actualiser et de renforcer les mesures de préparation aux catastrophes et de réduction des risques à tous les niveaux, conformément au Cadre d’action de Hyogo pour des nations et des collectivités résilientes face aux catastrophes.  En outre, il encourage, d’une part, les États Membres à agir de manière à pouvoir renforcer leurs capacités et, d’autre part, la communauté internationale à apporter un appui aux autorités nationales en ce sens.  Il demande au Coordonnateur des secours d’urgence de poursuivre ses efforts pour renforcer la coordination de l’aide humanitaire et engage les différents acteurs de l’aide humanitaire et du développement à continuer de coopérer avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires du Secrétariat.


Le Conseil demande instamment à tous les acteurs fournissant une aide humanitaire de s’engager à respecter les principes de l’action humanitaire, dont il souligne aussi la nature foncièrement civile.  Il demande également à toutes les parties participant à des opérations de coopérer pleinement avec les organismes des Nations Unies et les organisations humanitaires et d’assurer l’accès en toute sécurité du personnel humanitaire aux populations dans le besoin, ainsi que de respecter pleinement le droit international humanitaire.  Les États Membres devraient continuer à prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité du personnel humanitaire opérant dans les territoires sous leur contrôle effectif, et à prévenir les actes de violence sexiste et poursuivre leurs auteurs, y compris dans les situations humanitaires d’urgence.


Le débat général a permis aux intervenants de rappeler que l’assistance humanitaire devrait se dérouler en conformité avec les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance tels que reconnus par l’Assemblée générale.  Ils ont rappelé le principe du rôle directeur de l’État d’accueil et sa responsabilité première dans l’assistance à ses ressortissants, ce qui suppose d’aider les États à renforcer leurs capacités humaines, techniques et financières.  Ils ont également souhaité un renforcement de la coopération au sein du système des Nations Unies.  Si certains se sont prononcés pour un renforcement du rôle des coordonnateurs résidents, le représentant du Mexique a fait remarquer que la coordination de l’aide humanitaire était une question complexe exigeant une analyse approfondie.  Plusieurs intervenants ont condamné les attaques contre le personnel humanitaire.  Des solutions doivent être trouvées pour maintenir l’espace humanitaire qui, comme l’a fait observer le représentant des États-Unis, se réduit.  Pour qu’elle soit mieux acceptée, il faudrait établir une distinction claire entre l’assistance humanitaire et les objectifs politiques et militaires, a estimé pour sa part le représentant du Liechtenstein.


Les intervenants ont également rendu hommage à M. John Holmes, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, dont le mandat s’achève.


Lors de la table ronde, M. Holmes a rappelé qu’il était difficile d’évaluer tous les risques qui permettraient de mieux se préparer aux situations humanitaires d’urgence et a noté que du fait de la multiplication des catastrophes naturelles, il existe un risque de répétition des situations de vulnérabilité chronique.  L’universitaire Peter Walker s’est d’ailleurs demandé si ont devait encore « parler de secours d’urgence, alors que les populations touchées se trouvent dans des situations de crises qui se répètent souvent ».  Pour lui, il serait plus juste de parler de « survie », notamment en ce qui concerne les réfugiés, les déplacés ou les résidents des bidonvilles, toutes les personnes qui vivent dans une situation où elles ne peuvent plus se développer et ont statistiquement moins de chance de sortir de la pauvreté que les autres. 


Mme Naomi Shaban, Ministre d’État chargée des programmes spéciaux du Kenya, a expliqué les mesures prises par son pays pour prévenir les catastrophes et en limiter les effets.  M. Saroj Kumar Jha, Chef du Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement de la Banque mondiale, a fait remarquer que la pauvreté représentait le plus important multiplicateur de vulnérabilité.  Mme Jemila Mahmood, Chef du Groupe d’intervention pour les urgences humanitaires du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a mis l’accent sur la nécessité pour les acteurs humanitaires de disposer de données statistiques fiables pour identifier les besoins humanitaires et y répondre, ainsi que sur l’importance d’une meilleure communication avec les populations touchées.  M. Laurent Thomas, Directeur des opérations d’urgence et de la réhabilitation de la FAO, a jugé que l’alerte, l’analyse et la gestion des risques sont des conditions indispensables pour prévenir et répondre aux situations humanitaires d’urgence.  M. Éric Laroche, Sous-Directeur-Général de l’OMS en charge des interventions sanitaires en cas de crise, a fait remarquer qu’il était difficile pour les États de prendre des mesures de prévention sans disposer d’un budget adéquat, ce qui est malheureusement le cas dans de nombreux pays.  Il a toutefois estimé que des pays pauvres, comme le Bangladesh, avaient pu se doter, grâce à l’aide internationale, de systèmes efficaces en ce sens, notamment en matière de santé. 


Le Conseil économique et social entamera demain, vendredi 16 juillet à 10 h 30, son débat consacré aux questions diverses.



ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE, AIDE HUMANITAIRE ET SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE

(A/65/82–E/2010/88)


Table ronde sur le thème « Renforcement de la préparation aux situations  humanitaires d’urgence et de la coordination de l’aide humanitaire, s’agissant en particulier de répondre aux besoins humanitaires des populations touchées et des facteurs qui accroissent la vulnérabilité aux situations humanitaires d’urgence»


La table ronde était présidée par M. OCTAVIO ERRÁZURIZ, Vice-Président du Conseil économique et social, et animée par M. John Holmes, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence. Les intervenants étaient Mme Naomi Shabaan, Ministre d’État chargée des programmes spéciaux du Kenya, M. Saroj Kumar Jha, Administrateur et Chef du Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement de la Banque mondiale, Mme Jemilah Mahmood, Chef du Groupe d’intervention pour les urgences humanitaires du Fonds des Nations Unies pour la population, M. Peter Walker, Professeur de nutrition et de sécurité humaine à la chaire Irwin H. Rosenberg et Directeur du Centre international Feinstein, École Friedman de nutrition, science et politiques, Université Tufts , M. Laurent Thomas, Directeur de la Division des opérations d’urgence et de la réhabilitation de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et M. Éric Laroche, Sous-Directeur-Général de l’Organisation mondiale de la santé en charge des interventions sanitaires en cas de crise.


M. JOHN HOLMES, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a rappelé qu’il était difficile d’évaluer tous les risques qui permettraient de mieux se préparer aux situations d’urgence.  Il a noté que du fait de la multiplication des catastrophes naturelles, il existe un risque de répétition des situations de vulnérabilité chronique.  En outre, a-t-il fait remarquer, il est difficile de faire une distinction entre besoins humanitaires et nouveaux pauvres, en particulier dans les villes.  Il faut donc prendre des mesures d’urgence mais aussi s’attaquer aux causes profondes des vulnérabilités durables, et s’éloigner d’un modèle fondé sur des interventions déclenchées par des événements ponctuels.  On aura en effet à l’avenir des situations dont les causes seront multiples, a estimé M. Holmes.  C’est pourquoi, il faudrait élaborer une approche claire, établir des indicateurs beaucoup plus précis qui prennent en compte les causes multiples, disposer d’un système mondial de surveillance, de prévention des catastrophes mais aussi de sortie des crises.  Il faudra, à cette fin, renforcer la coopération et les partenariats avec les  populations, la société civile et les États.  M. Holmes a toutefois fait remarquer que les gouvernements ne voyaient pas toujours d’un très bon œil qu’on identifie chez eux des risques, vulnérabilités ou besoins humanitaires, car ils craignent pour leur image auprès des investisseurs potentiels


Mme NAOMI SHABAAN, Ministre d’État chargée des programmes spéciaux du Kenya, est revenue sur les violences qui ont suivi les élections de 2007 dans le pays.  La campagne et le scrutin s’étaient déroulés dans le calme et rien ne laissait présager ces violences et leurs conséquences, a-t-elle affirmé, expliquant que le pays avait été pris par surprise.  Elle a indiqué que des mesures politiques et juridiques avaient été prises pour faire face à cette crise, notamment en matière foncière.  Sur la base des enseignements tirés de cette expérience ainsi que de plusieurs crises résultant des intempéries, Mme Shabaan a insisté sur la nécessité d’assurer une coordination dès les premières étapes des secours, sous la direction du gouvernement du pays concerné.


La Ministre a rappelé que, depuis son indépendance, le Kenya avait accueilli des millions de réfugiés, notamment en provenance de Somalie et du Soudan.  Actuellement, le Kenya abrite plus de 500 000 réfugiés, du fait de la porosité de sa frontière avec la Somalie, pays avec lequel le Kenya entretient de bonnes relations.  L’an passé, le Kenya a ainsi accueilli jusqu’à 30 000 réfugiés par jour.  Cela crée des problèmes liés à la terre, dans la mesure où les réfugiés somaliens sont des éleveurs qui arrivent souvent dans le pays avec leurs troupeaux trop importants pour les capacités locales, a-t-elle fait remarquer.


Le Kenya subit aussi un nombre croissant de catastrophes liées aux intempéries, sécheresses ou inondations, anormalement nombreuses et en rapport sans doute avec les changements climatiques, a poursuivi la Ministre.  Les mécanismes d’alerte rapide doivent être renforcés pour les pays de la région, a-t-elle souligné, précisant que le Kenya dépend largement de la pluie pour son agriculture.  Pour atténuer les conséquences de ces événements climatiques, le Kenya a doublé ses stocks de grains, sensibilisé la population pour l’inciter à constituer des réserves quand les récoltes sont bonnes.  Le Gouvernement kényen a construit des barrages pour constituer des réserves d’eau, qui seront en outre utilisables par les éleveurs, ce qui permettra de limiter les transhumances et les différends fonciers.  Il incite en outre la population vivant dans les plaines à s’établir sur les hauteurs et à abandonner l’agriculture, ou en tout cas à diversifier les cultures et à recourir à l’irrigation.  Il cherche aussi à réduire l’élevage, car le cheptel est beaucoup trop important et de faible qualité.  Mais il n’est pas facile de persuader les gens, en particulier les éleveurs, de changer d’activité, a reconnu la Ministre.  Il faut par ailleurs améliorer les infrastructures, comme les routes.  En cas de crise, le Gouvernement a recours aux moyens de la police, de la défense civile ou de l’armée.  Il fait aussi appel aux médias pour fournir des informations.


Mme Shabaan a estimé que les Nations Unies avaient joué un rôle très important pour coordonner les secours d’urgence durant ces crises, et notamment OCHA.  Comme le Kenya ne peut intervenir partout, il renforce sa coopération avec les Nations Unies et les ONG, a-t-elle assuré.  Elle a dit comprendre la valeur de la coopération et des partenariats, en citant notamment la Croix-Rouge kényenne.  Elle a expliqué que son ministère, qui est petit, n’est pas encore en mesure de déployer rapidement des équipes d’évaluation des besoins.  La situation s’est toutefois améliorée, en particulier grâce aux équipes d’évaluation du PAM, a-t-elle ajouté.


M. HOLMES a estimé que le Kenya représentait un bon exemple des crises multiples, les unes dues à des catastrophes naturelles, les autres provoquées par les hommes.


M. SAROJ KUMAR JHA, Administrateur et Chef du Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement de la Banque mondiale, a expliqué qu’il était également chargé, au sein de la Banque, du Partenariat mondial pour la réduction des risques et catastrophes.  Il a expliqué que la pauvreté a de nombreuses dimensions et représente le multiplicateur de vulnérabilité le plus important: 75% des foyers des catastrophes naturelles dans le monde sont situés dans les zones les plus pauvres, où vivent un tiers des plus pauvres de la planète.  En fait, ces catastrophes naturelles ne le sont pas vraiment: elles sont aussi dues à la vulnérabilité des populations.  Ces catastrophes causent en outre de nombreuses pertes d’emplois, ce qui contribue à l’appauvrissement des populations touchées: des millions de personnes se retrouvent chaque année dans la pauvreté du fait des catastrophes naturelles, a rappelé M. Jha.  La Banque mondiale estime que la perte d’emplois à la suite de catastrophe se situe à 4 ou 5% par an.  Si on ne gère pas ces vulnérabilités dans le cadre des politiques de développement d’un pays, on se retrouve confronté à des catastrophes humanitaires, a-t-il ajouté.


M. Jha a toutefois fait observer que de plus en plus de pays commencent à intégrer les vulnérabilités aux catastrophes naturelles dans le cadre de leurs stratégies de développement.  Ils s’adressent à la Banque mondiale pour obtenir une assistance à la reconstruction.  Les ressources fournies par la Banque étaient à l’origine destinées à la construction de nouveaux ponts, routes ou hôpitaux, et non pas à la reconstruction.  Il faut donc pour le moins que les ressources de la Banque consacrées à la reconstruction contribuent à financer les programmes qui intègrent les risques de catastrophes.  Il faut agir dans le cadre de partenariat, avec le système des Nations Unies, les États, la société civile.  La réduction du risque doit être partie intégrante du dialogue entre partenaires du développement, a estimé M. Jha.  De fait, le nombre de pays s’adressant à la Banque pour obtenir des ressources destinées à la prévention et la préparation  augmente.  M. Jha a mis l’accent sur l’investissement dans les systèmes d’alerte précoce, qui apparaissent comme la forme la plus rentable de réduction des risques, ainsi que dans la résilience.  Il a souhaité qu’on puisse mieux associer le marché à de tels investissements.   


Mme JEMILA MAHMOOD, Chef du Groupe d’intervention pour les urgences humanitaires du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a mis l’accent sur la nécessité de pouvoir prévenir, identifier et répondre aux besoins humanitaires de la façon la plus efficace possible.  Les acteurs humanitaires doivent, pour cela, être en mesure de s’appuyer sur des données statistiques fiables et améliorer leur communication avec les populations touchées, a-t-elle précisé. 


Rappelant qu’en 2010, 60 pays avaient procédé au recensement de leur population, Mme Mahmood a indiqué que ces données étaient une composante essentielle pour les mesures visant à répondre aux crises humanitaires.  Ces statistiques, a-t-elle poursuivi, permettent aux acteurs humanitaires d’agir avec une meilleure efficacité et coordination.  Ventilés par sexe, âge et localisation géographique, ces chiffres sont non seulement utilisés par le personnel humanitaire dans le cadre des catastrophes climatiques, mais également lors des déplacements de population, a-t-elle ajouté.  Il faudrait aussi que le personnel humanitaire soit en mesure de communiquer de manière plus efficace avec ceux qu’il essaie d’aider, a insisté Mme Mahmood, rappelant qu’il est indispensable que le personnel humanitaire comprenne et réponde aux besoins et aux attentes des populations touchées.  Les nouvelles technologies et les nouveaux moyens de communication sont, à cet égard, un atout indispensable dans le cadre des opérations humanitaires, a-t-elle estimé.   


M. PETER WALKER, Professeur de nutrition et de sécurité humaine à la chaire Irwin H. Rosenberg et Directeur du Centre international Feinstein, École Friedman de nutrition, science et politiques, Université Tufts, a mis l’accent sur la nécessité de collecter des données fiables qui peuvent servir pour déterminer les mesures les plus appropriées aux situations humanitaires.  Il a toutefois indiqué qu’il était extrêmement difficile de disposer de ces chiffres et de connaître exactement le nombre de personnes qui ont été aidées ou qui restent à aider.  « Nous estimons à environ 500 000 intervenants humanitaires, dont 210 000 personnes qui travaillent exclusivement dans le domaine humanitaire.»


L’environnement est complexe et en mutation rapide et c’est pourquoi, il faut agir de manière efficace dans un temps limité, a souligné M. Walker.  Il a rappelé que la nature des catastrophes avait beaucoup changé ces dernières années et que le choix qui prévalait entre « secours » et « développement » n’est plus valable aujourd’hui.  Il s’est demandé s’il était toujours nécessaire de parler de « secours d’urgence », alors que les populations touchées se trouvent dans des situation de crises qui se répètent souvent ».  Il serait, a-t-il dit, plus juste de parler de « survie » dans certaines situations postcrise, notamment en ce qui concerne les réfugiés, les personnes déplacées ou les résidents des bidonvilles.  Ces gens vivent dans une situation où ils ne peuvent plus se développer et ont statistiquement moins de chance de sortir de la pauvreté que les autres, a-t-il fait remarquer.  Avant de conclure, M. Walker s’est interrogé sur l’avenir d’une partie de la population haïtienne touchée par le séisme du 12 janvier dernier, car cette partie de la population ne bénéficiera pas du développement.  Il faut davantage dépendre des données, travailler sur la base de preuves et non d’anecdotes, de cas concrets et non physiologiques.  Il s’agit de personnes et de leurs aspirations et c’est la raison pour laquelle nous devons renforcer le professionnalisme des personnes qui interviennent.


M. LAURENT THOMAS, Directeur de la Division des opérations d’urgence et de la réhabilitation de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a rappelé qu’en 2010, 200 millions de personnes ont été touchées par des catastrophes naturelles et 33 pays connaissent aujourd’hui une situation d’insécurité alimentaire.  L’alerte, l’analyse, la gestion des risques sont des conditions indispensables pour prévenir et répondre aux situations de catastrophe humanitaire, a-t-il estimé.  Les catastrophes naturelles et les situations de conflit exigent le déploiement rapide et efficace du personnel et de l’assistance humanitaire, a-t-il fait remarquer.  Ces acteurs ont la responsabilité d’assurer la protection de la population la plus vulnérable et de contribuer à jeter les bases d’un développement durable, a-t-il ajouté. 


Lorsque les interventions humanitaires, initialement prévues pour une courte durée, se pérennisent, la réponse apportée perd de son efficacité, a estimé M. Thomas.  C’est pourquoi, il a invité les organisations humanitaires à utiliser les outils à leur disposition, tels qu’une meilleure connaissance de la situation sur le terrain, une meilleure expertise et des données statistiques.  Les acteurs humanitaires doivent également optimiser le travail avec les différents partenaires afin de mieux prévenir les crises humanitaires et, le cas échéant, de préparer leur déploiement, a-t-il ajouté. 


M. Thomas a dressé un état des lieux dans la corne de l’Afrique, au Sahel oriental, au Niger, au Tchad, au Burkina Faso, au Mali et dans le nord du Nigéria, où la FAO tente de répondre aux situations de crise alimentaire que ces pays connaissent actuellement.  Il a insisté sur l’augmentation des incidents entre éleveurs et agriculteurs dans certains pays pour l’accès aux ressources.  Il a souhaité que les acteurs humanitaires apportent une réponse durable.  Ils doivent, dans le cadre d’une situation d’urgence, répondre aux premiers besoins, avant de commencer à évaluer la situation à plus long terme et à s’engager dans la reconstruction, a estimé M. Thomas. 


M. ÉRIC LAROCHE, Sous-Directeur-général de l’Organisation mondiale de la santé en charge des interventions sanitaires en cas de crise, a expliqué qu’au moment des inondations au Myanmar, le Gouvernement avait demandé à l’OMS de lui présenter une analyse de la situation.  Il a cependant fait remarquer que 99% de l’aide avait été fournie par des communautés locales et non des ONG ou organisations internationales.  Cela montre, a-t-il dit, que ceux qui réagissent en premier sont toujours les membres des communautés affectées.


M. Laroche a mis en évidence les difficultés liées à l’absence de données fiables dans les pays qui subissent de manière récurrente les crises.  Il a ainsi fait observer que, dans les pays à revenu intermédiaire, 80% des problèmes de santé étaient imputables à des maladies non transmissibles.  Les données sur ces maladies, a-t-il regretté, sont souvent rares, contrairement à celles qui concernent les maladies transmissibles.


M. Laroche a fait remarquer qu’il était difficile de se préparer aux catastrophes sans disposer d’un budget adéquat, ce qui est malheureusement le cas dans de nombreux pays.  Il a toutefois estimé que des pays pauvres, comme le Bangladesh, avaient pu se doter, grâce à l’aide internationale, de systèmes efficaces en ce sens, notamment en matière de santé.  De même, le Mexique a mis en place un programme qui permet de construire des hôpitaux mieux équipés contre les séismes.  On ne s’attend pas à mourir écrasé sous les ruines d’un hôpital, a affirmé M. Laroche, qui a ajouté qu’après le séisme en Haïti, certains avaient dit: « Sauvez d’abord les hôpitaux! ».  L’OMS, a-t-il dit, a lancé une initiative en faveur des hôpitaux.


Pour M. Laroche, le travail de préparation aux catastrophes et de réduction des vulnérabilités doit se faire en coopération entre les Nations Unies, les États, les ONG et la société civile.  Il a ainsi regretté que, faute de coopération, le Niger soit aujourd’hui de nouveau exposé à un problème de malnutrition. Pour faire face à toute nouvelle urgence, l’OMS publie un cadre d’analyse des risques.  Tandis que le séisme en Haïti a suscité une énorme sympathie internationale, les problèmes de coordination de l’aide ont été considérables, a déclaré M. Laroche, qui a rappelé que 374 agences interviennent dans le seul domaine de la santé.  Il a insisté sur la nécessaire compétence des travailleurs humanitaires.  Si les gens ne sont pas formés, ne savent pas quoi faire ou si l’équipement est inadapté, ils créent plus de problèmes et de gêne qu’ils n’apportent d’aide, a-t-il dit avant de conclure.


Débat interactif


Le représentant du Canada a estimé que les institutions humanitaires et le secteur privé n’échangeaient pas assez d’informations.  Les échanges d’informations doivent se faire avant la catastrophe, a-t-il préconisé. M. LAURENT THOMAS, Directeur de la Division des opérations d’urgence et de la réhabilitation de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, a donné quelques exemples de pratiques optimales en matière de collecte de données, faisant cependant observer que de manière générale, la question de la collecte de données de qualité n’avait pas été réglée.  M. Walker a fait remarquer qu’en période de catastrophe, l’information pourrait venir de nombreuses sources.  Il a cité en exemple les survivants du séisme en Haïti qui, avant même d’être sortis des décombres, pouvaient appeler leurs proches sur leur cellulaire pour leur annoncer qu’ils avaient survécu. « Nous n’avons plus d’un côté des victimes démunies, et de l’autre une communauté humanitaire, a-t-il dit, faisant remarquer que désormais l’information circule entre les deux.


Si les futures crises humanitaires sont davantage liées à des crises cycliques à  démarrage lent, quelle peut être la réaction humanitaire et comment la distinguer des filets de sécurité sociaux? a demandé le représentant del’Union européenne.  M. THOMAS a estimé qu’il faudrait, dans le domaine humanitaire aussi, tenter de trouver des financements pluriannuels.  C’est ainsi, a-t-il dit, qu’un enfant mis à l’école dans le cadre d’un programme d’urgence peut continuer à bénéficier de ce programme pendant plusieurs années, même après la fin de la situation d’urgence.


En réponse à une question de la représentante de la République de Corée sur la coordination, M. THOMAS a mis en garde contre la multiplication des systèmes de coordination.  Il faut que le système de coordination humanitaire ne perturbe pas la coordination de la transition ou celle du développement, a-t-il averti.  Mme NAOMI SHABAAN, Ministre d’État chargée des programmes spéciaux du Kenya, a estimé que, lorsqu’il y a un gouvernement, il est important qu’il intervienne comme chef de file dans la coordination de l’assistance humanitaire, afin d’assurer une cohérence des efforts entrepris.


Le représentant de l’Union européenne a également demandé si, dès lors qu’on s’éloigne de l’assistance humanitaire traditionnelle liée à des chocs soudains et qu’on la lie davantage au développement, les modalités ou principes additionnels devant être pris en compte restaient les mêmes.  Face à de telles évolutions, est-ce que l’architecture humanitaire actuellement construite sur les Nations Unies, les États, les ONG et le mouvement de la Croix-Rouge restera pertinente?  Pour M. Walker, la question est moins l’architecture du système que ses objectifs et c’est pourquoi, le système doit rester ouvert.


La représentante de la Suède s’est interrogée sur la division du travail entre humanitaire et développement. Mme JEMILA MAHMOOD, Chef du Groupe d’intervention pour les urgences humanitaires du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a précisé que le FNUAP intervenait également dans des pays qui connaissent des crises.


Concernant le rôle de communautés locales, Mme SHABAAN a rappelé qu’au Kenya, les autorités locales avaient un rôle important dans la gestion des crises, notamment pour assurer l’accès à l’eau ou la protection des terres.  Elles transmettent également les données concernant ces crises au gouvernement central. 


En réponse à une autre remarque du représentant du Bangladesh, sur la coopération Sud-Sud, Mme MAHMOOD a fait remarquer que le Bangladesh était un exemple classique d’un État qui a des compétences en matière de gestion des catastrophes.


Débat général


M. CLAUDE HELLER (Mexique) a noté que le rapport du Secrétaire général mettait l’accent sur un certain nombre de points relatifs aux besoins humanitaires, notamment la dimension multidimensionnelle des opérations humanitaires.  Il a indiqué que la coordination de l’aide humanitaire était une question complexe qui exigeait une analyse détaillée des causes et des conséquences.  M. Heller s’est dit préoccupé par l’augmentation d’interventions humanitaires dans des environnements à haut risque.  Il a souhaité que les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance, qui constituent le fondement de toutes les actions humanitaires, soient pleinement respectés.  M. Heller a réaffirmé l’importance de la résolution 46/182 (1991) de l’Assemblée générale, en tant que base solide pour toutes opérations humanitaires.  Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité pour les institutions humanitaires d’assurer une transition rapide de la phase des secours d’urgence vers celle du développement. 


M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) s’est félicité des récents progrès effectués par la communauté internationale pour promouvoir une approche mieux coordonnée dans le cadre des interventions humanitaires.  Il a insisté sur la nécessité pour les institutions du système des Nations Unies de renforcer la coordination avec les acteurs non étatiques pour intervenir plus efficacement dans le domaine de l’assistance humanitaire, a-t-il dit.  Le représentant a estimé qu’il était également important de respecter les principes de neutralité et d’impartialité, de même que la souveraineté et l’intégrité territoriale des États.  Il a souhaité qu’une meilleure attention soit portée à la gestion des risques, grâce notamment à la mise en place d’un mécanisme de prévention des risques.  Par ailleurs, le représentant a indiqué qu’il était essentiel d’assurer l’efficacité de la transition d’une situation humanitaire d’urgence à celle de reconstruction sur le terrain.  Passer de la catastrophe humanitaire aux activités de développement est indispensable mais pour cela, il faut mettre en place des projets de développement viables à long terme, a-t-il rappelé. 


M. XOLULELA LAWRENCE NOFUKUKA (Afrique du Sud) a souhaité que les pays donateurs continuent d’appuyer généreusement les pays dans le besoin afin de leur permettre de répondre aux nombreux défis humanitaires auxquels ils sont confrontés.  Les contributions dans le domaine humanitaire ne doivent pas être effectuées au détriment des ressources allouées pour appuyer la coopération internationale en matière de développement, a ajouté le représentant.  Faisant ensuite siennes les recommandations du Secrétaire général, il a souligné qu’une action axée sur les besoins des populations les plus vulnérables exigeait qu’une réflexion soit menée sur la notion de vulnérabilité dans le contexte des changements climatiques et de l’insécurité alimentaire mondiale.  Le représentant sud-africain a, à son tour, rendu hommage aux efforts d’OCHA pour améliorer les capacités de réponse du système humanitaire international.  Concluant son intervention, il a souhaité que le projet de résolution relatif au renforcement de la coordination de l’assistance humanitaire d’urgence de l’ONU soit adopté par consensus. 


M. HAMID AL BAYATI (Iraq) a rappelé qu’environ 2,8 millions d’Iraquiens sont toujours déplacés et que 1,7 million d’autres continuent de chercher refuge à l’extérieur.  Il reste encore un million de réfugiés iraquiens en République arabe syrienne et en Jordanie, a-t-il ajouté.  L’amélioration de la sécurité en Iraq a contribué au retour de 80% des personnes déplacées et la moitié des réfugiés sont retournés en Iraq, a poursuivi le représentant.  Le Gouvernement iraquien espère le retour complet de sa population réfugiée et déplacée d’ici à la fin de l’année 2010, a-t-il assuré.


Afin de faciliter le retour des réfugiés et des personnes déplacées, le Gouvernement élu a adopté une série de mesures visant à améliorer les conditions de vie de la population et à leur assurer des services de soins de base, a indiqué le représentant.  Il a mis l’accent sur les mesures relatives à l’aide financière, sociale et alimentaire.  Le Gouvernement iraquien a remboursé les taxes imposées aux réfugiés iraquiens, que les pays voisins ont accueillis, et leur ont fourni les documents nécessaires à leur retour dans les plus brefs délais.  Par ailleurs, les réfugiés et déplacés iraquiens qui sont retournés dans leur lieu d’origine ont pu réintégrer les emplois qu’ils occupaient auparavant et les universités n’exigent pas le paiement de frais de réinscription à leurs anciens étudiants, a indiqué le représentant.  Aucune attaque contre les travailleurs humanitaires ou les membres du personnel de l’ONU n’a été signalée au cours de la période allant du 1er  juillet 2008 au 30 juin 2009, a assuré le représentant avant de conclure.


M. CARLOS SUAREZ(Colombie) a déclaré que les principes directeurs définis par la résolution 46/182 de l’Assemblée générale fixent le cadre des principes de l’action humanitaire.  Les Nations Unies ont reconnu que les États affectés par des catastrophes ont un rôle central à jouer dans la coordination et l’orientation de l’assistance humanitaire, a-t-il rappelé.  La communauté internationale doit aider ces États à renforcer leurs capacités.  La Colombie reconnaît l’importance d’un renforcement de la coordination interne de l’assistance humanitaire apportée par les Nations Unies, a déclaré le représentant.  Les Nations Unies doivent travailler avec les gouvernements pour regrouper les informations sur les populations touchées et leurs besoins, a déclaré le représentant.  Il s’est dit préoccupé par le fait que le rapport du Secrétaire général fournit des chiffres sur les personnes déplacées en Colombie qui sont ambigus.  Ces chiffres datent d’il y a plus de 13 ans et ne reflètent pas les retours constatés au cours de ces dernières années, grâce à l’affaiblissement de la guérilla et des processus de stabilisation économique et sociale menés par le Gouvernement de la Colombie.


M. ADE PETRANTO (Indonésie) a mis l’accent sur le rôle important que jouent les Nations Unies et leurs institutions dans le cadre des opérations humanitaires.  Compte tenu du nombre croissant de catastrophes naturelles, les pays touchés devraient renforcer leurs capacités nationales afin d’assurer eux-mêmes, à l’avenir, la gestion de situations d’urgence.  L’Indonésie appuie la mise en place d’un mécanisme de surveillance et de prévention des catastrophes naturelles, telles que séismes, tremblements de terre ou intempéries, a assuré M. Petranto.


Le représentant a indiqué que son pays prenait des mesures visant à mieux répondre aux conséquences d’évènements naturels, dans les zones à haut risque.  Il a, à cet égard, estimé que les leçons apprises d’expériences passées par les acteurs humanitaires dans des situations extrêmes doivent être partagées et faire l’objet d’analyses approfondies.  Par ailleurs, le représentant a souhaité que lors d’une intervention humanitaire, les Nations Unies et leurs institutions soient en contact avec les populations locales afin de faciliter la compréhension et l’évaluation des besoins sur le terrain.  Pour que les opérations humanitaires soient couronnées de succès, des ressources nécessaires doivent être allouées et les principes fondamentaux de neutralité, d’indépendance et de souveraineté nationale doivent être respectés, a rappelé le représentant.


Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a déclaré que l’Afrique australe restait frappée par diverses crises allant du VIH/sida à la crise alimentaire.  La Zambie a connu en 2009-2010 de graves intempéries qui ont provoqué d’importantes inondations et rendu encore plus vulnérable le groupe le plus pauvre de la population, a ajouté la représentante, qui a cité une série de mesures adoptées ou envisagées par son pays pour prévenir les crises, notamment la crise alimentaire, et en réduire les effets, afin de renforcer la résistance des communautés.


Mme Kalamwina a rappelé que l’assistance humanitaire devrait se faire dans le cadre des principes humanitaires.  Il faut aussi intégrer la perspective de l’égalité entre les sexes dans l’assistance humanitaire et, en ce sens, la Zambie se félicite de la création de la nouvelle entité « ONU Femmes ».  Notant le nombre croissant d’acteurs de l’assistance humanitaire, la représentante a souhaité un renforcement de la coordination.  Elle a rappelé que les pays en développement avaient besoin d’une assistance pour leur permettre de renforcer leurs capacités nationales, ainsi que celles d’organisations régionales.  Elle a demandé à la communauté internationale de respecter ses engagements en matière d’assistance, avant de rendre hommage au rôle d’OCHA.


Mme PAULETTE BETHEL (Bahamas) a déclaré que son pays était confronté à des menaces croissantes en raison des catastrophes naturelles.  La gestion des risques et la réduction de la vulnérabilité sont des priorités pour les Bahamas, a-t-elle assuré.  Les Bahamas estiment qu’une réponse humanitaire de la communauté internationale, pour être efficace, devrait être axée sur les besoins.  La représentante s’est dite réconfortée par le fait que les Nations Unies restent engagées en faveur du relèvement d’Haïti, et ce, depuis plusieurs années.  Elle s’est félicitée du rapport du Groupe consultatif de l’ECOSOC sur Haïti, ajoutant que le peuple haïtien doit s’approprier le processus de relèvement et de reconstruction.  La communauté internationale doit s’adapter en ce sens et c’est pourquoi, il est essentiel que les donateurs décaissent le plus rapidement possible les contributions promises. 


M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a déclaré que la conjugaison des conflits armés, des catastrophes naturelles et des crises alimentaire et financière, créait une situation mettant à l’épreuve « notre devoir de solidarité et notre humanité ».  Évoquant la gestion de la situation en Haïti après le tremblement de terre, le représentant a estimé que les enseignements tirés par l’ONU contribueraient à améliorer le dispositif de réponse opérationnelle aux catastrophes naturelles.  Se référant au rapport du Secrétaire général, il a également abordé la situation à Gaza, qualifiant de dramatique et d’alarmant le sort des populations civiles « soumises par les autorités d’occupation israéliennes à un blocus inhumain qui doit cesser ». 


M. Loulichki a ensuite estimé que l’accès des organismes humanitaires aux populations vulnérables était au cœur de la mission humanitaire, étant entendu que ces organismes doivent agir de manière transparente et éviter de se laisser instrumentaliser à des fins politiques.  Comme l’indique le Secrétaire général dans son rapport, il a estimé qu’il faudrait mettre davantage l’accent sur la prévention, la préparation, l’analyse des vulnérabilités et renforcer les partenariats entre les gouvernements, les acteurs du développement et les autres parties prenantes. 


Saluant l’efficacité du Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF) et du Fonds de financement commun, le représentant a également plaidé pour qu’une attention particulière soit accordée à la consolidation des capacités des pays en développement dans le domaine de la réduction des risques.  Après avoir loué les efforts entrepris par OCHA en ce sens, il s’est félicité des résultats enregistrés dans le cadre du principe « guichet unique », « qui permet d’assurer un contact direct entre les autorités locales, les intervenants humanitaires et les acteurs du développement ». 


M. DOUGLAS E. MERCADO (États-Unis) a remercié l’Australie et la Nouvelle-Zélande pour leur travail commun qui a permis l’élaboration du projet de résolution dont est saisi l’ECOSOC.  Il a également rendu hommage au Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. John Holmes, pour son travail à la tête d’OCHA et s’est félicité du rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies.


Six mois après le séisme en Haïti, des progrès sont faits au niveau de l’assistance humanitaire, a estimé le représentant.  Il reste toutefois beaucoup à faire et il ne s’agit pas seulement d’une question de ressources financières, car des milliards de dollars ont été promis, mais aussi de la manière dont l’assistance est apportée, a-t-il affirmé.  Il est important de renforcer les capacités institutionnelles d’Haïti pour lui permettre de diriger les efforts de reconstruction.


Le représentant a rappelé que son pays avait organisé une réunion sur la responsabilisation et la performance dans l’assistance humanitaire, dont les conclusions vont dans le sens des vues exprimées par le Secrétaire général dans son rapport.  Il a demandé que soit renforcé le leadership humanitaire des Nations Unies ainsi que le rôle des coordonnateurs résidents dans les pays à risque, ajoutant qu’il faudrait y nommer des coordonnateurs expérimentés.  Trop souvent, les Nations Unies ont été trop lentes à passer d’une situation de développement à une situation de crise, a-t-il fait remarquer.  M. Mercado s’est aussi félicité du renforcement de la coordination entre les Nations Unies et les ONG, ajoutant que les ONG internationales devraient pourvoir participer au dialogue car elles ont beaucoup d’expérience.  Le représentant a déploré les attaques perpétrées contre le personnel humanitaire et estimé qu’il faudrait trouver des solutions pour maintenir l’espace humanitaire, qui malheureusement se réduit.  Les États-Unis continuent d’appuyer l’action humanitaire, a-t-il assuré.


M. EDUARDO PORRETTI (Argentine), appuyant la résolution 46/182 (1991) de l’Assemblée générale, a souligné que la coordination des efforts et des moyens disponibles en cas de crise humanitaire était indispensable, notamment avec l’augmentation ces dernières années du nombre de situations à haut risque.  Il a indiqué que l’assistance humanitaire était cruciale dans les premiers jours de crise, mais également à long terme pour appuyer les efforts de développement et de reconstruction du pays affecté.  Malgré la mise en place du Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF), les ressources allouées ne répondent pas de manière adéquate aux besoins, a déploré le représentant.  Il a souhaité que de nouveaux mécanismes de financement soient trouvés.   


Concernant les risques sur le terrain, le représentant a souligné l’importance d’élaborer une stratégie visant à assurer la protection du personnel humanitaire.  La préparation et la planification des opérations humanitaires sont essentielles au déploiement du personnel sur le terrain, a ajouté le représentant.  La priorité des efforts humanitaires doit être de venir en aide aux personnes les plus vulnérables.  En outre, l’intervention humanitaire doit respecter les principes de souveraineté nationale et d’impartialité, a—t-il rappelé.  C’est pourquoi, il est indispensable de respecter le choix des gouvernements concernés, a-t-il poursuivi.  Avant de conclure, le représentant a estimé que le succès des opérations humanitaires passe par une bonne coordination des efforts engagés, sur la base des leçons tirées d’expériences passées.


Mme MARIA JOSE DEL AGUILA-CASTILLO (Guatemala) a indiqué que son pays avait bénéficié de l’aide humanitaire des Nations Unies au cours de ces cinq dernières années.  Elle a rendu hommage au travail de l’ONU et de ses institutions humanitaires, a-t-elle dit.  La crise alimentaire qui a frappé le pays, puis l’éruption volcanique et ensuite le récent cyclone ont coûté la vie à de nombreuses personnes au Guatemala, a rappelé la représentante.  Elle a salué l’intervention rapide et efficace des institutions des Nations Unies au cours de ces récentes crises.  La représentante a indiqué qu’après avoir bénéficié de l’aide humanitaire, son pays avait décidé de s’engager de manière plus active auprès des populations touchées.  Par cet effort, le Guatemala a voulu souligner l’importance de la solidarité, a-t-elle dit.  Avant de conclure, la représentante a estimé qu’il était indispensable que les Nations Unies poursuivent l’aide humanitaire et appuient les États fournisseurs de personnel humanitaire.


M. SWEN DORNIG (Liechtenstein) a fait observer que l’assistance humanitaire était de plus en plus menacée du fait des attaques délibérées imputables à différents facteurs.  Pour être mieux acceptée, l’assistance humanitaire doit être clairement distinguée des objectifs politiques et militaires et marquée par une activité constante de plaidoyer, a affirmé M. Dornig.  Ce dernier s’est par ailleurs félicité de la nouvelle approche des Nations Unies en matière de sécurité, qui cherche à soutenir de manière plus efficace les opérations humanitaires des Nations Unies, ainsi que des efforts de ces dernières pour mettre en œuvre un  partenariat de sécurité avec les ONG dans le cadre du projet « sauvons des vies ensemble ».  


M. Dornig a rappelé que 27 millions de personnes sont actuellement déplacées dans leur propre pays du fait de conflit, ajoutant que les opérations humanitaires menées dans des environnements à haut risque ont rarement réussi à traiter les vulnérabilités spécifiques des femmes et des enfants.  Pour leur survie et celle de leurs familles, les femmes se livrent parfois à la prostitution en échange de la sécurité ou de nourriture.  Les acteurs humanitaires des camps de réfugiés doivent se préoccuper du lien entre moyens d’existence et violence sexuelle.  Le Liechtenstein a organisé une table ronde en ce sens avec la Women's Refugee Commission, une ONG basée à New York, qui avait souligné que les programmes d’assistance doivent prendre en compte les changements dans les rapports de pouvoir au sein du foyer qu’entraînent les déplacements de population.  Ces changements provoquent souvent un abaissement du statut des hommes alors que les femmes prennent en charge davantage de responsabilités.  Il faudrait donc qu’hommes et femmes aient leur mot à dire dans la mise en place de tels programmes, a ajouté M. Dornig.  Le représentant a souligné d’autres risques liés à la vie dans les camps de réfugiés ou de personnes déplacées, comme les incendies, et aussi la dégradation de l’environnement du fait de la déforestation  pour le bois de chauffe.  La communauté humanitaire a longtemps ignoré de telles conséquences, a-t-il affirmé, et n’a pas toujours pris en compte la question des carburants.  À cet égard, il s’est réjoui de la récente adoption par le Groupe de travail du Comité permanent interinstitutions d’une série de directives  multisectorielles qui traitent de la question.


M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a déclaré que l’augmentation des besoins en assistance humanitaire rendait toujours plus ardue la tâche des acteurs humanitaires.  Il a ajouté que son pays était particulièrement affecté par les changements climatiques, qui risquent d’affecter une personne sur sept.  Il a regretté que la réaction de la communauté internationale soit moins forte en cas de catastrophe naturelle qu’en cas de conflit armé.  Il a cependant fait remarquer que ces catastrophes appauvrissaient beaucoup la population, rappelant les inondations catastrophiques qu’avait subies le Bangladesh il y a trois ans.


Le représentant a indiqué que les institutions de son pays avaient pu assurer la coordination de l’aide dont il a bénéficié.  Toutes les institutions humanitaires doivent bien comprendre les conditions économiques et sociales des zones dans lesquelles elles interviennent, a-t-il souligné.  L’aide fournie doit répondre aux besoins spécifiques du pays affecté, a-t-il ajouté.  Le représentant a fait remarquer que les produits alimentaires distribués par les institutions humanitaires coûteraient beaucoup moins chers s’ils étaient achetés auprès de fournisseurs locaux que s’ils étaient importés.  Il a également rappelé que les femmes et les enfants avaient des besoins spécifiques dont il faut tenir compte. 


M. RANDHIR KUMAR JAISWAL(Inde) a estimé que la coordination des secours humanitaires est une des tâches les plus importantes des Nations Unies, ajoutant que le caractère neutre et impartial de l’assistance de l’ONU était particulièrement apprécié.  Il a rappelé que les principes de l’assistance humanitaire, tels que reconnus par la résolution 46/182 de l’Assemblée générale, devraient être respectés dans l’esprit et dans la lettre.  Il a ajouté qu’il incombait en premier lieu aux États de venir en aide à leur population dans les situations d’urgence, bien que leurs capacités ne soient pas toujours suffisantes.  Il s’est prononcé pour une coopération à la fois multilatérale et bilatérale, aussi bien lors des catastrophes que pour assurer ensuite le relèvement. 


Les capacités des Nations Unies en matière de coordination opérationnelle de l’assistance humanitaire doivent être renforcées, a déclaré le représentant, qui a ajouté que son pays avait contribué à renforcer OCHA et le Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF), qu’il a décrit comme un mécanisme très efficace.  La prévention est aussi importante que les secours et il est donc indispensable que les États intègrent dans leur stratégie d’assistance humanitaire la prévention et la gestion des crises.  Le représentant a précisé que celle de l’Inde était fondée sur la gestion de catastrophes par les communautés, le renforcement des capacités et les technologies de pointe.  En outre, l’accent est mis sur la réalisation de systèmes d’alerte précoce, avec l’appui tant des ONG que du secteur privé.


Mgr KURIAKOSE BHARANIKULANGARA, Observateur permanent du Saint-Siège, tout en soutenant l’appropriation nationale et le leadership par les pays concernés des activités humanitaires, a estimé que dans l’exercice de la souveraineté, les fonctionnaires avaient le devoir de s’assurer que l’assistance humanitaire soit fournie en temps opportun aux victimes, indépendamment de leur statut social, de leurs croyances ou de leurs idéologies, respectant ainsi les droits fondamentaux des individus, de leurs familles et de leurs communautés, y compris les principes de neutralité et d’impartialité.  L’observateur a également mis l’accent sur la nécessité, tout en garantissant une assistance matérielle aux victimes, de leur assurer une aide sociale, psychologique et spirituelle, ainsi que morale, en particulier pour les personnes les plus vulnérables.  Le bien-être social et l’éducation des enfants méritent une attention particulière, tandis que les agents humanitaires doivent contribuer à aider à prévenir leur exploitation, la violence, les abus et le trafic dont ils sont victimes, a-t-il ajouté.


Mme ELYSE MOSQUINI, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a affirmé que le renforcement de la coordination de l’assistance humanitaire était l’une des priorités de la Fédération et sans doute de tous les acteurs humanitaires.  La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui regroupe 186 sociétés nationales et deux institutions internationales, a mis en place tout un ensemble d’outils qui sont utilisés en fonction des particularités locales, a-t-elle précisé.  Elle a cité en exemple les équipes de réponse rapide formées de spécialistes hautement qualifiés qui disposent d’équipement standard prêts à l’envoi.  Ces équipes permettent de combler les lacunes au cours de la toute première phase d’une intervention d’urgence, notamment en matière de santé et d’assainissement, mais aussi de télécommunications.  Ces équipes ont été déployées dans plus de 50 opérations au cours des 15 dernières années, et 21 d’entre elles ont été déployées en Haïti, après le séisme du 12 janvier dernier.


La FICR est également engagée dans la coordination avec la communauté humanitaire en général, en particulier au sein du Groupe de travail du Comité permanent interinstitutions.  Mme Mosquini a cité comme exemple de bonne coordination la répartition des rôles, effectuée en début d’année au Cameroun, lorsqu’une épidémie de rougeole a été suspectée dans un camp de réfugiés, et qui a permis de vacciner très rapidement 13 000 enfants et de stopper l’épidémie.


Les résultats dans la coordination et la capacité de réaction doivent être  accompagnés de progrès parallèles en matière de préparation aux catastrophes et de réduction des risques, a poursuivi Mme Mosquini, qui a dénoncé la manière dont le financement est assuré dans ces domaines.  Elle a aussi rappelé que les risques planétaires ne pouvaient être réduits qu’au niveau local, incitant les États et communautés locales à renforcer leurs capacités de préparation, y compris par le biais d’exercices de simulation.  La FICR, a-t-elle ajouté, poursuit par ailleurs ses efforts sur la préparation juridique.  Elle a cité, à cet égard, l’adoption, par la trentième Conférence de la Fédération, des directives visant à faciliter et réglementer les activités internationales d’assistance et qui ont été prises en compte par plusieurs organisations régionales.


M. BERTRAND DE LOOZ KARAGEORGIADES, Ordre souverain militaire de Malte, a indiqué que l’Ordre de Malte poursuivait sa mission d’aide aux malades, aux pauvres, aux déshérités, quelle que soit leur race, leur religion ou leur origine.  À cet égard, l’observateur a noté que l’Ordre de Malte était présent aujourd’hui sur cinq continents et entretenait des « relations diplomatiques avec plus de 100 pays ».  Riche de plus de 12 500 membres tous bénévoles et de 80 000 volontaires permanents, l’Ordre de Malte dispose d’un personnel médical qualifié composé de médecins, d’infirmiers, d’aides soignants et de secouristes, a indiqué M. de Looz.  Il a souligné l’importance desconclusions et les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général. 


M. de Looz a insisté sur les réalisations de l’Ordre de Malte dans le domaine humanitaire.  L’organisme, a-t-il dit, fournit son aide à 200 projets dans plus de 20 pays et est très impliqué dans le Centre de rééducation pour les handicapés de la République centrafricaine.  L’Ordre de Malte a, par ailleurs, apporté son soutien à l’opération « 3 000 enfants dans la rue » et a joué un rôle essentiel après le séisme qui a frappé Haïti.  Le représentant a indiqué que les fonds alloués aux programmes de l’organisme répondaient tous aux principes d’égalité entre les sexes et de lutte contre la violence sexiste.


Mme AMY MUEDIN, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a affirmé que le séisme d’Haïti avait mis en lumière la nécessité de mettre en place des réponses humanitaires multidimensionnelles intégrant les questions intersectorielles que sont la parité entre les sexes, la propriété foncière ou encore la planification urbaine.  La coordination et le leadership dans le domaine humanitaire sont essentiels pour que l’approche sectorielle donne son plein potentiel, a-t-elle ajouté.  Poursuivant, Mme Muedin a estimé que les organismes humanitaires devraient inscrire leur action sur la durée, en déployant, après la phase d’urgence, un personnel qualifié et expérimenté sur le terrain.  Elle a ensuite noté que les initiatives de gestion et de coordination des camps de réfugiés menées par l’OIM dans divers pays, dont Haïti et le Népal, avaient pour objectif d’accélérer la résilience des communautés touchées.  Se référant par ailleurs au rapport du Secrétaire général, Mme Muedin a souligné que les changements climatiques étaient à l’origine d’une véritable migration environnementale qui exigeait la mise en place de politiques régionales humanitaires et de développement permettant d’appréhender au mieux ce phénomène. 


M. UFUK GOKCEN (Pakistan), s’exprimant au nom de l’Organisation de la Conférence islamique, a mis l’accent sur la situation difficile des réfugiés et des personnes déplacées, et rappelé que près de la moitié des quelques 42 millions de personnes déplacées ou de réfugiés dans le monde se trouvent dans des États membres de l’Organisation de la Conférence islamique.  Les défis économiques, sociaux et politiques suscités par ces situations ne sont faciles ni pour les personnes déplacées ou les réfugiés, ni pour les pays qui les accueillent, car ils sapent leurs efforts pour résoudre d’autres problèmes politiques ou de sécurité, a fait observer le représentant. 


M. Gokcen a rappelé que l’Organisation de la Conférence islamique avait décidé en 2005 de jouer un rôle plus important dans le domaine humanitaire et avait mis en place un Département des affaires humanitaires qui, bien que récent, a répondu assez rapidement à des situations d’urgence dans plusieurs régions.  La Conférence internationale des donateurs pour le Darfour, organisée en mars 2010 par l’OCI et qui a permis de lever 852 millions de dollars de promesses de contributions, est un exemple des succès récents de l’Organisation dans le domaine humanitaire, a-t-il affirmé.


La situation humanitaire à Gaza est l’une des préoccupations majeures de l’Organisation de la Conférence islamique, a déclaré le représentant, qui a estimé que la situation ne pourra s’améliorer que si l’assistance humanitaire est  accompagnée d’une forte volonté politique.  La Somalie figure au centre des priorités de l’OCI, a-t-il dit.  L’OCI a récemment conclu avec OCHA un accord pour travailler ensemble sur les domaines d’intérêt commun, a précisé M. Gokcen, qui a rendu hommage à M. Holmes pour la manière dont il a contribué à revitaliser les efforts humanitaires des Nations Unies pendant son mandat à la tête d’OCHA. Il a également mis en avant la collaboration entre l’Organisation de la Conférence islamique et l’UNRWA, et a attiré l’attention sur la situation financière précaire de cette dernière qui, a-t-il prévenu, risque d’aboutir à une suspension, avant même la fin de l’année, des secours apportés aux réfugiés palestiniens.  Le représentant a en outre rappelé que l’OCI étudiait sérieusement la création d’un Fonds d’intervention pour les urgences humanitaires.


Mme IVANA MILOVANOVIC, Organisation mondiale de la santé (OMS), s’est dite préoccupée par le nombre accru de crises humanitaires liées notamment aux changements climatiques, aux migrations ou à une forte croissance démographique.  Face à des situations de plus en complexes, l’OMS a dû modifier son approche auprès des populations victimes de catastrophes humanitaires, a-t-elle dit.  Il est indispensable de renforcer la coordination entre les acteurs humanitaires sur le terrain, a ajouté la représentante. 


Mme Milovanovic a déclaré que la trop grande générosité peut parfois compliquer les activités de premiers secours et créer plus de la confusion comme cela fut le cas en Haïti où après le séisme, plus de 600 entités étaient présentes sur le terrain.  De tels exemples, a dit la représentante, illustrent à quel point la coordination humanitaire est cruciale, en particulier dans le secteur de la santé.  Par ailleurs, la représentante a rappelé que l’OMS « œuvrait à sauver des vies, à traiter les maladies ».  Dans le même temps, les ressources allouées sont insuffisantes pour répondre à tous les besoins, notamment depuis la crise financière mondiale, a ajouté Mme Milovanovic.  Elle a estimé que seules l’optimisation et la coordination des moyens entre les partenaires humanitaires permettront le plein succès des opérations. 


M. AKHIL IYER, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a affirmé que l’assistance humanitaire était guidée par les principes d’impartialité, de neutralité et d’indépendance.  Les défis rencontrés dans les actions humanitaires sont très semblables à ceux que l’on affronte lorsque l’on cherche à promouvoir la paix et le développement, a-t-il dit.  Les femmes et les enfants qui luttent durement pour faire face aux effets des crises sont précisément ceux qui sont le plus souvent laissés à la traîne par la croissance économique, a-t-il fait remarquer, précisant que la poursuite des efforts pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement ne devrait pas faire oublier les besoins des plus exclus.  Les droits des enfants, tels qu’énoncés dans la Convention relative aux droits de l’enfant, sont universels, a-t-il rappelé.  M. IYER a mis l’accent sur la nécessité de lancer des actions humanitaires qui touchent, par principe, les femmes et les enfants, lesquels sont les plus difficiles à atteindre.  De même, il est important, a-t-il estimé, de placer l’autonomisation des femmes et les droits des enfants au centre d’une stratégie visant à promouvoir une paix et un développement durables.


M. UNDO JANZ, Directeur du Bureau de New York du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a estimé que la gestion des opérations humanitaires pourrait être améliorée grâce à un appui accru en faveur du renforcement des capacités nationales et locales.  De même, a-t-il estimé, les effectifs des opérations à haut risque pourraient être renforcés en mettant l’accent sur l’analyse politique, les communications, les capacités de négociation et les compétences linguistiques du personnel.  M. Janz a par ailleurs souligné que les partenariats étaient extrêmement importants pour régler les questions d’urgence humanitaire et qu’ils demeuraient un élément fondamental du modus operandi du HCR.  Il a rappelé à cet égard qu’à la fin du mois dernier, des représentants de plus de 200 organisations, la moitié étant des organisations nationales partenaires, avaient participé aux consultations annuelles du HCR avec les organisations non gouvernementales (ONG) sur le thème: « Partenaires nationaux: fournisseurs de premier recours ».  


M. BORIS FALATAR, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a indiqué que l’éducation faisait partie intégrante du succès des opérations humanitaires, des efforts de reconstruction et de développement.  Le représentant a souligné qu’il était indispensable de mettre l’accent sur l’éducation afin de jeter les bases d’un avenir plus sûr.  L’UNESCO met l’accent sur le renforcement des systèmes éducatifs et culturels afin de favoriser une perspective à moyen et long termes pour une éducation de qualité et un environnement propice à l’apprentissage, a ajouté le représentant. 


Il a, par ailleurs, indiqué que les États Membres se tournaient régulièrement vers l’UNESCO pour obtenir des conseils auprès de l’Organisation et combler les lacunes du système éducatif après un conflit ou une catastrophe naturelle.  Il a ajouté que l’Organisation œuvrait également en matière de communication, de radiodiffusion et de culture.  L’UNESCO est en charge des patrimoines mondiaux et se doit de protéger ces patrimoines, a-t-il dit.  C’est pourquoi, l’UNESCO appuie la création et la mise en place d’un système d’alerte précoce.  La réduction des risques permet, a-t-il estimé, un développement à long terme.  Revenant sur la situation en Haïti, le représentant a indiqué que l’Organisation appuyait la reconstruction du système d’enseignement primaire, secondaire, universitaire et technique, ainsi que les médias locaux et nationaux. 


Présentation et adoption d’un projet de résolution


Le Conseil économique et social a adopté sans vote un projet de résolution intitulé « Renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies » (E/2010/L.15) présenté par son Vice-Président, M. Octovio Errazuriz (Chili), aux termes duquel le Conseil économique et social prie instamment les États Membres d’élaborer, d’actualiser et de renforcer les mesures de préparation aux catastrophes et de réduction des risques à tous les niveaux, conformément au Cadre d’action de Hyogo pour des nations et des collectivités résilientes face aux catastrophes, adopté par la Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes en tenant compte de leurs situation et capacités particulières et en coordination avec les intervenants concernés, et il encourage la communauté internationale et les organismes compétents des Nations Unies, y compris la Stratégie internationale de prévention des catastrophes, à s’attacher davantage à appuyer l’action menée aux niveaux national et local à cet égard.


Le Conseil encourage les États Membres à mettre en place et renforcer un cadre propice au renforcement des capacités des autorités nationales et locales, des sociétés nationales du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et des organisations non gouvernementales et communautaires nationales et locales en matière de fourniture rapide d’une assistance humanitaire.  Il encourage également la communauté internationale à apporter un appui aux autorités nationales dans l’exécution de leurs programmes de renforcement des capacités, y compris par le biais de la coopération technique et des partenariats à long terme fondés sur la reconnaissance de leur rôle majeur en matière d’assistance humanitaire.


Le Conseil demande au Coordonnateur des secours d’urgence de poursuivre ses efforts pour renforcer la coordination de l’aide humanitaire, et engage les différents acteurs de l’aide humanitaire et du développement, à continuer de coopérer avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires du Secrétariat pour améliorer la coordination et l’efficacité de l’aide humanitaire.


Le Conseil demande instamment à tous les acteurs fournissant une aide humanitaire de s’engager à respecter dûment les principes d’humanité, d’impartialité et de neutralité de l’action humanitaire et le principe d’indépendance adoptés par l’Assemblée générale.  Il a souligné la nature foncièrement civile de l’aide humanitaire et réaffirme la nécessité, dans les situations où des capacités et des biens militaires sont utilisés à l’appui de la mise en œuvre de l’aide humanitaire, de les employer avec le consentement de l’État touché.


Le Conseil demande à tous les États et aux parties participant à des opérations dans les situations humanitaires d’urgence complexes de coopérer pleinement avec les organismes des Nations Unies et les autres organismes et organisations humanitaires, et d’assurer l’accès du personnel humanitaire en toute sécurité et sans obstacle, ainsi que de ses approvisionnements et de son matériel, afin de lui permettre de s’acquitter efficacement de sa mission d’aide.  Il demande à tous les États et à toutes les parties de respecter pleinement les dispositions du droit international humanitaire, et prie instamment les États Membres de continuer à prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité du personnel humanitaire opérant à l’intérieur de leurs frontières et dans les territoires sous leur contrôle effectif.


Le Conseil encourage les États Membres, les organisations régionales et internationales compétentes, à apporter un appui à l’action d’adaptation aux effets du changement climatique et à renforcer les systèmes de réduction des risques et d’alerte rapide afin de limiter dans toute la mesure possible les conséquences sur le plan humanitaire des catastrophes naturelles, y compris celles liées aux effets persistants du changement climatique.


Le Conseil demande instamment aux États Membres de continuer de prévenir les actes de violence sexiste, d’enquêter sur ces actes et de poursuivre leurs auteurs, y compris en ce qui concerne la violence sexuelle, dans les situations d’urgence humanitaire.


Conclusion du débat consacré aux affaires humanitaires


Dans ses remarques de clôture, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, qui s’est félicité de l’adoption du projet de résolution, a résumé les thèmes abordés et a passé en revue les manifestations tenues parallèlement au cours de ce segment du Conseil économique et social consacré aux affaires humanitaires.  Il s’est dit horrifié de devoir faire état de nouvelles attaques contre le personnel humanitaire.  Il a affirmé que tous les efforts entrepris ne porteront de fruits qu’avec l’aide des États Membres.  Il leur a demandé d’assurer la sécurité du personnel humanitaire opérant dans les territoires qu’ils contrôlent de manière effective et de fournir des ressources prévisibles et à long terme pour l’action humanitaire.  Aucune des mesures proposées dans le rapport du Secrétaire général ne remet en cause la souveraineté, l’indépendance politique ou l’intégrité territoriale des États, a assuré M. Holmes.  Il a répété que les discussions que les acteurs humanitaires doivent avoir avec l’ensemble des acteurs d’un conflit sont nécessaires pour assurer leur sécurité, faire connaître et accepter leur action et obtenir l’accès aux populations.  Elles n’ont pas d’influence sur le statut politique de ces acteurs, a-t-il dit.  M. Holmes a rappelé que pour 2010, les besoins en financement pour le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) avaient été réévalués à la hausse de 1,5 milliard de dollars en début d’année. Ces besoins sont actuellement couverts à hauteur de 49%, soit 4,8 milliards de dollars, a-t-il déclaré, avant de demander aux États Membres de poursuivre leurs efforts pour venir en aide aux populations civiles et rétablir la dignité des personnes dans les situations d’urgence.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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