En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/6442

L’ECOSOC débat des opérations d’aide humanitaire menées dans des conditions très dangereuses ou d’extrême insécurité

14/07/2010
Conseil économique et socialECOSOC/6442
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de fond de 2010

33e et 34e séances – matin & après-midi


L’ECOSOC DÉBAT DES OPÉRATIONS D’AIDE HUMANITAIRE MENÉES DANS DES CONDITIONS

TRÈS DANGEREUSES OU D’EXTRÊME INSÉCURITÉ


Les Nations Unies ont un rôle central à jouer

dans la coordination de l’aide humanitaire, estiment de nombreuses délégations


Le Conseil économique et social (ECOSOC) a entamé, ce matin, son débat sur la question de l’assistance économique spéciale, de l’aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe.  Il a tenu, dans ce cadre, une table ronde sur le thème « Les opérations d’aide humanitaire menées dans des conditions très dangereuses ou d’extrême insécurité ».


Lors de cette table ronde, il a été rappelé que les acteurs humanitaires ont de tout temps travaillé dans des environnements et des conditions très difficiles.  L’élément nouveau tient au fait que les Nations Unies doivent très souvent agir dans des situations de conflit.  En outre, les acteurs des conflits sont désormais multiples et ne connaissent pas, ou rejettent, les principes de l’action humanitaire.


Plusieurs intervenants ont déploré la confusion croissante des rôles entre militaires et civils.  « Beaucoup d’ONG iraquiennes estiment que cette assimilation sème une certaine confusion dans l’esprit de la population, a ainsi affirmé le Coordonnateur exécutif du Comité de coordination des ONG en Iraq, M. Fyras Mawazini.  Le Haut-Commissaire adjoint pour les réfugiés (HCR), M. Alexander Aleinikoff, s’est d’ailleurs inquiété de la confusion entre activités politiques et activités humanitaires qui pourrait résulter des mesures prises dans le cadre de l’initiative « Unis dans l’action » au sein du système des Nations Unies.  Le Directeur adjoint chargé des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), M. Dominik Stillhart, s’est surtout inquiété de l’augmentation du nombre d’attaques à caractère politique, y voyant le signe d’une « crise sans précédent de crédibilité et de confiance à l’égard du personnel humanitaire ».  Il faudrait, a-t-il dit, analyser cette question à la lumière des événements survenus après les attaques du 11 septembre 2001. 


Les intervenants ont estimé qu’on pouvait limiter, mais pas éliminer, les pertes humaines, la question étant alors de savoir si le secours apporté aux populations vaut la peine au regard des risques encourus.  Le Coordonnateur de l’action humanitaire des Nations Unies au Pakistan, M. Martin Mogwanja, a estimé qu’il était très difficile de ne pas répondre aux besoins et de tourner le dos aux personnes vulnérables lorsqu’elles ont besoin d’aide.


La question de la protection des acteurs humanitaires a aussi été abordée lors du débat général que le Conseil a entamé ce matin, et dans le rapportdu Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies, qui dresse en outre un état des principales tendances et difficultés observées au cours de l’année écoulée dans le cadre de l’aide humanitaire, passe en revue les situations d’urgence complexes et analyse la part des besoins humanitaires et de la vulnérabilité mondiale imputable aux problèmes de portée mondiale.


En présentant le rapport, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. John Holmes, qui intervenait pour la dernière fois devant l’ECOSOC, a rappelé que le système humanitaire n’avait pas pour objet de prendre en charge tous les défis mondiaux, ni de se considérer comme un acteur principal de la lutte contre la pauvreté ou le sous-développement, questions qui vont bien au-delà du mandat de l’action humanitaire.  Cette question, a-t-il souligné, relève de la compétence des gouvernements et des institutions internationales de développement.


Lors du débat, de nombreux représentants ont rappelé qu’il incombait en premier lieu aux États eux-mêmes d’assurer l’assistance humanitaire à leurs propres populations.  Toutefois, dans certaines situations, ils peuvent avoir besoin de l’appui de la communauté internationale.  Dans ce cas, la circulation des acteurs humanitaires et l’acheminement, dans les meilleurs délais, de l’aide humanitaire doivent pouvoir se faire sans entrave, d’autant plus que la rapidité de l’acheminement est essentielle.


À cette fin, les institutions humanitaires doivent s’assurer que leurs activités sont conformes aux principes d’impartialité, de neutralité et d’indépendance, ont rappelé notamment les représentants de la Chine et du Japon.  Le délégué de Cuba a précisé que l’assentiment des États pour recevoir une assistance humanitaire était indispensable et celle-ci doit être fournie conformément aux principes énoncés par la Charte de l’ONU.


La plupart des intervenants ont aussi mis l’accent sur la coordination de l’aide.  Plusieurs ont estimé que les Nations Unies devraient alors jouer un rôle central, tout en ajoutant que l’aide devrait être adaptée aux besoins réels de la population.  Le représentant du Chili a en outre mis l’accent sur le rôle de la société civile et de la population en général, qui sont les premières à réagir et à fournir des secours après une catastrophe.


Plusieurs représentants ont aussi insisté sur le renforcement de la préparation aux situations d’urgence humanitaire et de la coordination de l’aide humanitaire, qui feront l’objet, demain matin, d’une table ronde spécifique.


Sont intervenus lors du débat de ce matin les représentants des pays suivants: Yémen (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Belgique (au nom de l’Union européenne), Canada (au nom du Groupe CANZ), Fédération de Russie, Pakistan, Japon, Chine, Ghana, Brésil, Kenya, Éthiopie, Suisse, Chili, Uruguay, Cuba, République de Corée et Norvège.


Le Conseil économique et social poursuivra ses travaux demain, jeudi 15  juillet, à partir de 10 heures.  Après la table ronde, il conclura dans l’après-midi son débat consacré aux questions humanitaires.



ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE, AIDE HUMANITAIRE ET SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE


Rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies (A/65/82–E/2010/88)


Établi en application de la résolution 46/182 de l’Assemblée générale, le rapport présente d’abord les principales tendances et difficultés observées au cours de l’année écoulée dans le cadre de l’aide humanitaire.  Il constate ainsi qu’à l’échelle mondiale, les besoins humanitaires ont continué de croître, sont suscités ou aggravés par les conflits armés, les catastrophes naturelles et des problèmes de portée planétaire tels que phénomènes météorologiques imputables aux changements climatiques, crise financière mondiale ou ralentissement économique, pauvreté extrême, pénurie de ressources, croissance de la population, urbanisation rapide ou encore instabilité des cours de l’énergie.  En 2009, 10,4 millions de réfugiés ont reçu une aide du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés -chiffre à peu près stable- alors qu’on estime à 27 millions le nombre de personnes qui ont été déplacées à l’intérieur de leur propre pays en raison d’un conflit armé.


Le rapport souligne que ce sont au total 7,1 milliards de dollars qui ont été requis par l’entremise de la procédure d’appel global pour 2010 afin de fournir une aide humanitaire à 48 millions de personnes, contre 43 millions en 2009.  Or, les pressions financières sur les programmes vont en s’aggravant et les organismes concernés font part de leur préoccupation face à des coupes budgétaires. 


On avait enregistré en 2009 moins de catastrophes liées aux risques naturels, mais la première moitié de 2010 a été marquée par plusieurs séismes très puissants, à Haïti, au Chili mais aussi en Chine, qui ont affecté des millions d’individus et provoqué des milliards de dollars de pertes.  Si les Gouvernements chinois et chilien ont réagi rapidement avec l’aide de la communauté internationale, la situation en Haïti, où le tremblement de terre du 12 janvier a fait, selon le Gouvernement haïtien, plus de 220 000 morts, 300 000 blessées et plus de 1,5 million de personnes déplacées, continue de requérir une aide d’urgence internationale.  Le rapport cite de nombreux autres exemples de catastrophes naturelles, des Philippines à l’Afrique.


Le rapport passe aussi en revue les situations d’urgence complexes où les conflits et l’insécurité qui se prolongent ont accru les besoins humanitaires: Darfour, Somalie, République démocratique du Congo, République centrafricaine,  Afghanistan, Pakistan et Gaza.  Il constate en revanche une stabilisation de la situation en Iraq et une amélioration au Zimbabwe, passé du stade de la crise humanitaire à celui du relèvement progressif.


Le rapport examine ensuite une série de questions, en particulier celle de savoir comment agir dans des conditions très dangereuses?  Il décrit ces dernières attaques -délibérées et ciblées contre les opérations humanitaires pour des raisons politiques ou liées à un conflit, criminalité et banditisme, attaques aveugles ou terroristes, hostilités ouvertes, notamment frappes aériennes et opérations sur le terrain- et s’efforce de définir des pratiques permettant d’agir dans ces conditions.  Il analyse en outre la part des besoins humanitaires et de la vulnérabilité mondiale imputable aux problèmes de portée mondiale et définit comme voie à suivre celle d’interventions axées sur les besoins plutôt que dictées par les événements.


Le rapport dresse un bilan des progrès accomplis en matière de coordination de l’aide humanitaire, avec le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire liés au système des coordonnateurs résidents et des coordonnateurs des opérations humanitaires, la prévisibilité des interventions et le financement de l’aide humanitaire, l’harmonisation de l’évaluation des besoins, les diverses formes de partenariats, le développement du potentiel de planification préalable des interventions humanitaires.  Il décrit les règles et procédures du Secrétariat pour des interventions humanitaires rapides et aborde les questions de l’application du principe d’égalité des sexes et de la prévention de la violence sexiste dans le cadre de l’action humanitaire et du plan d’action pour y faire face.


Débat général


M. JOHN HOLMES, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, qui intervenait pour la dernière fois devant l’ECOSOC à ce titre,a rappelé que les prédictions relatives aux conséquences des crises mondiales sur l’assistance humanitaire avaient été avérées alors même que les besoins augmentent.  Il a annoncé que l’appel humanitaire pour 2010 avait récemment été revu à la hausse et portait désormais sur 9,5 milliards de dollars destinés à secourir 53 millions de personnes.


Faisant référence aux récentes catastrophes comme les séismes en Haïti et au Chili, M. Holmes a regretté que, six mois après le tremblement de terre qui avait frappé Haïti le 12 janvier, la situation est encore aux secours d’urgence.  À ce jour, a-t-il dit, 1,6 million de personnes restent sans abri.  Mais, a-t-il fait remarquer, il existe beaucoup d’autres catastrophes humanitaires sans doute moins spectaculaires mais dont les effets sont tout aussi graves.  M. Holmes a notamment fait état de catastrophes naturelles en Amérique latine ou en Afrique, dont beaucoup sont liées aux changements climatiques.  Les inondations et sécheresses sont non seulement plus fréquentes, mais aussi plus imprévisibles, a expliqué M. Holmes, qui a précisé que les agriculteurs ne savent plus à quel moment commencer les semences.  Il a aussi décrit la crise alimentaire en cours au Sahel.  De nombreuses crises humanitaires restent cependant liées à des conflits, a fait observer M. Holmes, qui s’est réjoui qu’OCHA ait pu réduire sa présence dans plusieurs pays, comme le Népal, le Timor-Leste, l’Ouganda ou la Côte d’Ivoire, même si la situation y reste fragile.


L’architecture humanitaire mise en place permet de mieux faire face, a affirmé M. Holmes.  La coordination de l’aide est renforcée, la générosité des différents donateurs a augmenté et l’aide arrive plus vite sur le terrain, a-t-il ajouté.  De nombreux besoins restent toutefois insatisfaits et la panoplie humanitaire traditionnelle risque d’être de plus en plus insuffisante.  Il s’est inquiété notamment de la vulnérabilité à long terme du fait par exemple des changements climatiques.  Il est difficile dans ce type de situation de déterminer le facteur déclenchant pour lancer une action humanitaires ou pour y mettre fin, a-t-il dit. 


M. Holmes a en outre rappelé que le système humanitaire n’a pas pour objet de prendre en charge tous les défis mondiaux, ni de se considérer comme un acteur principal de la lutte contre la pauvreté ou le sous-développement, qui vont bien au-delà du mandat de l’action humanitaire.  C’est le rôle des gouvernements et des institutions internationales de développement, a-t-il souligné.  En même temps, il est vrai qu’il s’agit aussi de problèmes humanitaires, et l’approche traditionnelle, liée à des événements précis, ne convient plus à la communauté humanitaire, si celle-ci ne l’a jamais acceptée.


L’année 2009 a été la plus meurtrière pour la communauté humanitaire, a déploré M. Holmes, qui a ajouté que les emblèmes humanitaires ne protégeaient plus, et invitaient même à des attaques dans certains pays.  C’est pourquoi, il faut tenir un débat approfondi sur la question de la sécurité, a-t-il insisté, rappelant que les agents humanitaires ont le droit de se tourner vers les États Membres pour obtenir compréhension et soutien.  Il faut aussi faire mieux passer le message selon lequel l’aide humanitaire est totalement neutre, indépendante et impartiale, qu’elle ne correspond pas aux valeurs d’une partie de la planète -Nord ou Occident- ni à des enjeux de sécurité ou politiques, mais seulement à des valeurs universelles.  « Nous devons être prêts à nouer un dialogue avec tous les groupes armés pour leur expliquer les modalités de l’action humanitaire », a plaidé M. Holmes.  Cela est essentiel pour pourvoir atteindre toutes les populations dans le besoin, a-t-il ajouté.  Ce dialogue et plaidoyer humanitaire ne doit pas être confondu avec des discussions politiques ni être considéré comme une forme d’acceptation ou de reconnaissance politique de ces groupes, a-t-il prévenu.


L’accès aux personnes dans le besoin est aussi entravé par les retards et obstacles bureaucratiques, a affirmé M. Holmes, qui a cité en exemple le blocus de Gaza, la fin de la guerre au Sri Lanka ou encore les expulsions d’ONG au Soudan.  Il a rappelé que l’accès des travailleurs humanitaires devait rester sans entrave, les parties à un conflit ont un devoir de protection en vertu du droit international humanitaire et, si elles ne sont pas en mesure de l’assumer, elles doivent accepter l’assistance du personnel humanitaire, a-t-il affirmé. 


Les efforts internationaux pour mettre en place une action humanitaire coordonnée, efficace et responsable se poursuivent et permettent d’obtenir des résultats, a assuré M. Holmes.  Il a rappelé que la situation en Haïti continuait de représenter d’immenses défis.  Toutefois, beaucoup de choses ont bien fonctionné malgré la lenteur initiale des efforts de secours, a-t-il affirmé, ajoutant que, sans l’approche coordonnée, le personnel humanitaire aurait rencontré beaucoup plus de difficultés dans certains domaines, comme la distribution de l’eau et la fourniture de soins.  M. Holmes a souhaité que l’ECOSOC et l’Assemblée générale ne se limitent pas à renforcer l’efficacité, la coordination et la cohérence opérationnelle des activités humanitaires, mais qu’ils fournissent aussi des indications sur la manière de faire face aux enjeux et défis actuels et à venir.  Il a conclu en rappelant que le travail de chacun était de servir ceux qui sont le plus dans le besoin, les peuples et communautés affectés par des conflits et des catastrophes naturelles qui espèrent et attendent notre aide dans leurs moments les plus difficiles. 


M. WAHEED AL-SHAMI (Yémen), qui s’est exprimé au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a mis l’accent sur l’importance du débat sur le « renforcement de la coordination de l’aide humanitaire ».  Le déploiement humanitaire doit faire face à des défis croissants, récemment aggravés par les crises économique, financière, énergétique et climatique, a-t-il dit.  À cet égard, le représentant a souligné le rôle que joue l’ONU pour répondre de la manière la plus efficace possible aux situations de crise sur le terrain, en améliorant la coordination et l’efficacité de ses actions.  Il a estimé que la communauté internationale devrait appuyer le travail de l’ONU.  La communauté internationale doit également soutenir les efforts des pays en développement, notamment par le transfert des compétences dans le domaine des technologies et, par extension, de la coopération multisectorielle, a-t-il ajouté.  Dans le cadre de l’assistance humanitaire, le représentant a souhaité que les mécanismes financiers soient renforcés et que ces fonds parviennent dans les temps afin d’optimiser les interventions.  Le Groupe des 77 et la Chine appuient la résolution relative au « renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les Nations Unies », a-t-il ajouté, souhaitant que cette dernière soit adoptée. 


M. JAN GRAULS (Belgique) qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a mis l’accent sur l’importance de la question liée au renforcement de la coordination de l’aide humanitaire.  À cet égard, il a estimé que l’année 2010 a marqué une augmentation substantielle du nombre de réalisations dans le domaine humanitaire.  Les États Membres, a-t-il dit, doivent redoubler d’efforts pour répondre aux situations humanitaires d’urgence.  M. Grauls a indiqué que le plus grand défi que rencontre aujourd’hui l’aide humanitaire réside dans l’augmentation du nombre de pays où la situation sécuritaire n’est pas assurée et menace le travail des acteurs humanitaires.


Afin de répondre de manière efficace aux défis humanitaires, les réponses apportées doivent être flexibles et coordonnées, a souligné M. Grauls.  Il a précisé que l’Union européenne saluait la consolidation et le renforcement de l’aide humanitaire.  Ainsi, l’approche par groupe est un mécanisme indispensable pour améliorer la couverture des besoins, pour cibler l’assistance et construire un solide partenariat entre les institutions du système de l’ONU et acteurs non étatiques, a expliqué le représentant.  Il a ensuite précisé que l’Union européenne appuyait les efforts en vue de faciliter la compréhension et l’évaluation commune des besoins entre les acteurs. 


« L’Union européenne est préoccupée par la durée des conflits, l’apparition de nouvelles situations d’urgence et le déplacement continu de millions de personnes », a expliqué M. Grauls.  Dans les situations d’urgence, la réponse humanitaire est essentielle et doit compléter l’effort du pays concerné pour protéger et répondre aux besoins de la population touchée, a estimé le représentant.  C’est pourquoi, l’Union européenne appelle toutes les parties à un conflit à permettre un accès rapide et sans entrave au personnel humanitaire, a-t-il ajouté.


L’Union européenne, a poursuivi le représentant, condamne dans les termes les plus forts les attaques délibérées à l’encontre du personnel humanitaire.  Afin d’opérer efficacement dans un environnement où l’insécurité règne, les acteurs humanitaires doivent gagner la confiance de la population locale et le respect des parties au conflit, a estimé le représentant.  Ainsi, a-t-il dit, l’Union européenne encourage le travail du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et de ses partenaires pour poursuivre ses initiatives en vue de promouvoir sur le terrain les actions et l’assistance du personnel humanitaire. 


M. JOHN McNEE (Canada), intervenant au nom du Groupe CANZ, a tout d’abord rendu hommage à M. Holmes.  Il a ensuite déclaré que la diversité même des situations auxquelles a dû faire face le système humanitaire au cours des 12 dernières années souligne la nécessité d’une action efficace et bien coordonnée.  Le système humanitaire doit être agile et capable de s’adapter à des circonstances qui changent rapidement et de plus en plus étroitement liées.  Il a aussi estimé que l’examen du bilan de cette dernière année montre que le système des Nations Unies continue d’être confronté à des problématiques bien connues.  Il est essentiel de répondre aux besoins des populations vulnérables, ce qui implique entre autres de veiller à la protection et à la sécurité de ceux qui apportent l’aide humanitaire, alors que cette sécurité reste précaire en de nombreux endroits, a estimé M. McNee.  À cet égard, a-t-il dit, le Groupe Canz prend note des efforts du Département de la sûreté et de la sécurité des Nations Unies pour mettre en place de nouveaux mécanismes de sécurité.  M. McNee a appuyé les initiatives du partenariat « Sauver des vies ensemble », établi entre les Nations Unies et les ONG, qui constitue, selon lui, un cadre utile pour le partage de l’information.  Il a rappelé que la sensibilisation joue un rôle essentiel pour la sécurité, en encourageant l’acceptation des activités humanitaires à long terme.  Il faut donc mettre en place une stratégie de communication claire au profit des populations touchées, sous la direction du Coordonnateur des secours d’urgence, afin d’éviter toute confusion ou même des dissensions entre les différents acteurs en présence.


Rappelant que le Secrétaire général met l’accent, dans son rapport, sur la nécessité d’adapter le système humanitaire pour mieux répondre aux vulnérabilités, plutôt qu’aux besoins en cas de crise aiguë, M. McNee s’est dit favorable à une approche plus claire face aux situations de vulnérabilité chronique et extrême.  Il a estimé qu’il faudrait pour cela redoubler d’efforts dans divers domaines, comme la réduction des risques et la préparation, ainsi que le renforcement de la gouvernance et l’élargissement des partenariats.  Il faut aussi accorder une plus grande attention à un leadership solide et les capacités de coordination, a poursuivi le représentant.  Celle-ci est essentielle en cas d’intervention humanitaire, a-t-il souligné.  M. McNee a estimé que les groupes sectoriels devraient pouvoir se déployer rapidement, établir des priorités, faire connaître leurs méthodes et approches, les responsabilités et objectifs, et répartir clairement les tâches.  En outre, les groupes sectoriels doivent être en mesure de se mettre en place rapidement et de répartir les activités.  Ils ne doivent pas travailler en vase clos mais travailler aussi avec les structures nationales ou les ONG locales.  Les crises soudaines posent bien entendu des difficultés particulières, mais un système sectoriel efficace, sur le terrain aussi bien que dans une perspective globale, accroîtra la synchronisation et aidera à la fourniture d’une aide matérielle, a estimé M. McNee.  Il existe, a-t-il ajouté, une véritable culture de l’apprentissage au sein des institutions et organismes à vocation humanitaire, qui ont tiré des enseignements des évaluations  de ces dernières années.  


M. VASSILY NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que les nouveaux défis représentaient des facteurs complexes qui exigeaient une analyse globale pour leur apporter une solution.  Celle-ci peut être trouvée, a-t-il dit, au moyen d’une large discussion, impliquant la participation des institutions chargées des activités opérationnelles et autres des Nations Unies.  Le représentant a plaidé en faveur d’une amélioration des mécanismes d’évaluation des besoins communs et de mobilisation des ressources financières pour les objectifs humanitaires des Nations Unies.  Ainsi, la procédure d’appel international devrait continuer de constituer un mécanisme essentiel de la mobilisation des contributions volontaires.  Il s’est en outre félicité du rôle positif que joue le Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires.  Le représentant a par ailleurs considéré que le principe de la responsabilité sectorielle devenait un instrument important de l’action humanitaire des Nations Unies.  Il a appelé le Secrétariat à continuer d’examiner son efficacité.  Enfin, a souligné le représentant, une participation militaire à des opérations humanitaires devrait être alignée sur des principes d’indépendance, tandis que le rôle de coordination générale doit être assuré par des entités civiles.


M. AMJAD HUSSAIN B. SIAL (Pakistan) a mis l’accent sur l’amélioration du mécanisme de coordination du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), qui joue un rôle pivot tant dans la fourniture de l’assistance humanitaire que de la présentation de la situation sur le terrain.  La coordination est essentielle, en particulier en cette période de ressources limitées, et pour éviter un chevauchement des activités des institutions humanitaires pertinentes, a-t-il dit.  De même, en raison de la nature complexe du travail humanitaire, le représentant a plaidé en faveur d’une approche qui ne soit pas unique, mais qui tienne compte des situations et des besoins spécifiques.  Il a en outre souligné la nécessité de poursuivre les efforts visant à renforcer la confiance entre les donateurs, les agents humanitaires internationaux et les États concernés.  Par ailleurs, a estimé M. Sial, une politisation du travail humanitaire a des implications négatives sur les populations concernées.


Le Pakistan, a ajouté le représentant, condamne les attaques terroristes contre les agents humanitaires, lesquels rendent des services inestimables aux populations dans le besoin.  M. Sial a ensuite rappelé les souffrances vécues ces dernières années par son pays dans différentes situations d’urgence humanitaire, y compris des catastrophes naturelles.  Ainsi, a-t-il expliqué, un mécanisme décentralisé de préparation et de gestion a été mis en place, qui a contribué à l’établissement de cadres indispensables en matière institutionnelle et d’infrastructures.  Il a, avant de conclure, remercié les Nations Unies et la communauté internationale pour leur aide dans les différentes catastrophes survenues dans le nord-ouest du pays.


M. SHIGEKI SUMI (Japon) a estimé que l’action internationale pour répondre aux situations résultant des catastrophes naturelles récentes avait parfaitement souligné la nécessité pour le système des Nations Unies de renforcer son rôle en matière de coordination et, à cette fin, de poursuivre ses efforts de réforme.  La réponse humanitaire au séisme en Haïti a ainsi illustré un certain nombre de problèmes, notamment dans l’approche sectorielle qui, comme l’a fait remarquer M. Sumi, n’a pas fonctionné aussi efficacement que prévu.  Le problème, a-t-il dit, doit être réglé par le mécanisme de coordination après le tremblement de terre le plus rapidement possible.


Pour que l’accès de l’assistance humanitaire se fasse sans entrave, les institutions humanitaires doivent s’assurer que leurs activités reposent sur les principes de neutralité, d’impartialité et d’indépendance, a rappelé le représentant.  Des efforts à long terme en vue d’établir la confiance parmi les populations locales concernées sont également nécessaires, a-t-il ajouté.  M. Sumi a en outre mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux causes profondes des conflits, comme les problèmes des minorités et l’accès aux ressources naturelles, à l’eau et à la nourriture.  Avant de conclure, le représentant a salué le rôle du Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires.


M. WANG MIN (Chine) a assuré que, du point de vue des États, il est impératif que les travailleurs humanitaires sur le terrain respectent les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale ainsi que les codes de conduite en vigueur.  La délégation chinoise salue à ce propos les efforts du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et des autres institutions humanitaires, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite plaidé pour le renforcement des capacités des institutions spécialisées du système des Nations Unies, comme le demande la résolution 46/182 de l’Assemblée générale, ainsi que pour l’intensification des transferts de technologies vers les pays en développement en vue, notamment, de faciliter le passage de la phase d’urgence à la phase de reconstruction et de développement.  Le représentant a, enfin, appelé l’Organisation à améliorer la transparence de ses mécanismes de financement de l’assistance humanitaire en prévoyant à cette fin des ressources stables et prévisibles.


M. LESLIE KOJO CHRISTIAN (Ghana) a déploré l’augmentation des besoins humanitaires et la complexité croissante de la réponse apportée.  Face aux conflits armés et aux catastrophes naturelles, l’assistance humanitaire est aujourd’hui une entreprise complexe, a-t-il ajouté.  Les tâches telles que la protection des personnes déplacées, la sécurité de l’aide humanitaire et le retour à l’aide humanitaire sont autant de défis rencontrés par les acteurs humanitaires sur le terrain, a-t-il dit.  Le Ghana, a assuré son représentant, réaffirme son appui aux activités de l’Organisation des Nations Unies, alors qu’elle est critiquée pour la lenteur de son déploiement sur le terrain.  Les défis du système humanitaire sont variés et les Nations Unies tentent de répondre de la manière la plus efficace possible à ces défis, a-t-il estimé.  Il est toutefois indispensable que la coordination entre l’ONU, ses institutions et les acteurs non étatiques soit renforcée, a souligné M. Christian.  Le représentant a avancé un certain nombre d’idées pour répondre de la manière la plus efficace possible aux situations humanitaires sur le terrain.  « Il faut améliorer la coordination, la préparation et renforcer le leadership humanitaire sur le terrain », a-t-il préconisé.  L’évaluation de la situation est également indispensable et peut être optimisée grâce à un partenariat efficace, a-t-il ajouté.  « Mieux vaut prévenir que guérir », a rappelé le représentant, qui a estimé que les efforts constants de tous les acteurs permettront une intervention plus efficace.


Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a reconnu la nature complexe de l’assistance humanitaire.  C’est pourquoi, elle a estimé que l’aide fournie par les gouvernements, le système de l’ONU et les autres acteurs humanitaires doit être coordonnée afin de répondre efficacement aux besoins de la population civile.  La représentante a ensuite appelé toutes les parties aux conflits armés à respecter leurs obligations internationales et exhorté l’ensemble des États Membres à prendre des mesures pour garantir la protection et la sécurité du personnel humanitaire.  Pour le Brésil, l’aide humanitaire est intimement liée au développement durable, a poursuivi la déléguée, expliquant que la fourniture de l’aide alimentaire, par exemple, reposait sur une double approche combinant les secours d’urgence et le renforcement des structures de développement économique et social.  Elle a également mis l’accent sur le rôle de l’éducation, qui est à la fois un « instrument puissant de prévention des catastrophes naturelles et la clef du développement économique et social ».  Le Gouvernement brésilien appuie le programme « Écoles sûres » de la Banque mondiale, a-t-elle ainsi assuré, avant d’insister sur l’importance d’aligner l’assistance humanitaire sur la réponse aux besoins spécifiques des femmes et des personnes handicapées dans les situations humanitaires d’urgence.  La représentante a conclu en indiquant que son pays avait considérablement augmenté ses contributions au Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF). 


Mme NAOMI SHABAN (Kenya) a affirmé que les catastrophes naturelles de ces dernières années ont provoqué de grandes souffrances pour les populations et ont eu des effets économiques très négatifs.  Le Kenya, dépendant de l’agriculture, de l’élevage et du tourisme, est très vulnérable aux changements climatiques, a-t-elle fait observer.  Elle a précisé qu’au cours de ces deux dernières années, 10 millions de Kényens ont été à un moment où un autre dépendants de l’assistance humanitaire.  Elle a cité comme facteurs de vulnérabilité la forte poussée démographique et l’urbanisation rapide, expliquant que les bidonvilles où s’entassent les pauvres sont très exposés aux risques d’incendies, d’inondations ou de glissements de terrain. 


Mme Shaban a rendu hommage au Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires pour l’assistance qu’il fournit au Gouvernement du Kenya, lequel a pu ainsi prendre des mesures pour améliorer ses capacités en matière de prévention et d’alerte rapide.  Le Kenya, a-t-elle ajouté, a augmenté ses réserves stratégiques de grains et pris des mesures à long terme en matière de sécurité alimentaire, ainsi que pour les réserves en eau et la reforestation.  La représentante a cependant fait remarquer que le Kenya subit aussi les conséquences de la crise économique et financière mondiale, qu’aggravent les conséquences des récents changements climatiques.


La représentante a aussi rappelé que les violences qui ont éclaté après les élections de 2007 avaient entraîné le déplacement de 663 000 personnes.  Cette situation s’était aggravée avec le déplacement ultérieur de plus de 300 000 personnes fuyant les destructions causées par les changements climatiques.  Le Kenya a tiré de cette période difficile un certain nombre d’enseignements et pris des mesures pour remédier aux défaillances systémiques  afin d’être en mesure de réagir en cas de nouvelles crises.  Mme Shaban a cité la mise en place de systèmes d’alerte rapide, la préparation et la formation pour réagir aux catastrophes, le renforcement des mécanismes institutionnels de réponse, l’élargissement de la base des bailleurs de fonds pour mieux garantir le versement rapide de fonds, la création d’un département chargé de l’atténuation des catastrophes, mais aussi une série de mesures plus politique comme la création d’une commission nationale de la cohésion et de l’intégration, une commission justice et réconciliation, une commission d’enquêtes sur les violences au lendemain du scrutin ou encore la commission électorale indépendante, ainsi que diverses mesures juridiques.


M. AMAN HASSEN BAME (Éthiopie) a regretté que les besoins humanitaires continuent de s’accroître.  « Le monde a été témoin d’un certain nombre de catastrophes naturelles, telles que les séismes en Haïti, en Chine et au Chili, et qui ont coûté la vie à des centaines de milliers de personnes, déplacé des centaines de milliers d’autres et affecté la vie quotidienne de millions de personnes », a-t-il expliqué.  Dans le même temps, les crises économique, financière, alimentaire et climatique ont limité la capacité des pays en développement à répondre aux situations d’urgence. 


Le représentant a indiqué que son pays appuyait entièrement le rapport du Secrétaire général sur la question, en particulier concernant la nécessité de passer d’une action axée sur le choc aux besoins axés sur la réaction afin de répondre aux catastrophes.  À cet égard, il a rappelé que son pays avait adopté, il y a deux ans, des mesures dans ce sens.  L’Éthiopie a été en proie à de fortes sécheresses qui ont forcé le pays à renforcer son système de prévention, notamment avec l’installation de systèmes d’alerte rapide, a-t-il dit.  Il a ajouté que ce système a permis de répondre aux besoins de la population touchée par la sécheresse.  Par ailleurs, le représentant a précisé que le programme de sécurité alimentaire, mis en place depuis 2003, a permis de fournir une assistance alimentaire aux zones touchées.


Le représentant a fait observer par ailleurs que le rapport du Secrétaire général contenait des inexactitudes.  « Il n’y a aucune restriction du personnel humanitaire en Éthiopie et aucune entrave à l’acheminement des secours d’urgence », a-t-il affirmé.  M. Hassen a précisé qu’il n’y avait « aucun conflit de communauté concernant les frontières administratives », comme l’indique le rapport.  Il s’agit de nomades de la zone de Gambelle qui, pour permettre à leurs troupeaux de paître dans des zones mieux fournies doivent se déplacer, a-t-il expliqué.  Avant de conclure, le représentant a réitéré qu’il était important de renforcer la coordination et de mieux préparer les actions humanitaires afin de fournir la réponse la plus efficace possible.  Il a, à cet égard, ajouté que la question de la protection de la population incombait en premier lieu aux États concernés.


M. TONI FRISCH (Suisse) a estimé qu’il était primordial de garantir et de maintenir l’accès humanitaire afin de faciliter l’assistance humanitaire et la protection des civils, notamment dans les zones de conflit.  Après avoir rappelé qu’il incombe en premier lieu aux États de fournir protection et assistance à leurs populations, le représentant a souligné que les acteurs humanitaires étaient amenés à opérer dans des environnements à haut risque.  Il a salué à ce sujet la pertinence de l’étude menée par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) pour identifier des mesures permettant aux organisations humanitaires de mettre en œuvre leur mandat dans des contextes de crise ou conflit.  M. Frish a ensuite attiré l’attention sur la nécessité d’intensifier les efforts de réduction des risques de catastrophes, son pays entendant « poursuivre ses activités de sensibilisation et de concertation avec les États intéressés en vue du Sommet sur le développement durable qui se tiendra à Rio de Janeiro, en 2012 ».  « Par ailleurs, la Suisse poursuit son soutien aux activités de l’unité conjointe Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE)/OCHA ainsi que sa présidence du Groupe de consultation sur les urgences environnementales », a-t-il ajouté.


M. EDUARDO GÁLVEZ (Chili) a déclaré qu’au cœur de l’assistance humanitaire d’urgence, se trouve le souci de l’être humain et de ses droits.  C’est pourquoi, l’assistance humanitaire doit se fonder sur les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance.  Rappelant que son pays avait souffert en début d’année d’un séisme,  il a estimé qu’il incombait avant tout aux États de venir au secours de leur population en tenant compte des besoins des groupes et individus les plus vulnérables.


Toutefois, dans certaines situations, les États peuvent avoir besoin de l’appui de la communauté internationale, a reconnu le représentant, qui a estimé que dans ce cas, les Nations Unies doivent jouer un rôle central de soutien de ces efforts.  Les organisations régionales et sous-régionales, du fait de leur proximité géographique mais aussi culturelle avec l’État affecté, peuvent aussi jouer un rôle, a-t-il ajouté.  Le représentant a rappelé que l’un des principaux défis à relever dans de telles circonstances tenait à la cohérence et la coordination des efforts internationaux.  Les efforts doivent se fonder sur les besoins réels de la population, a-t-il rappelé, avant de mettre en avant le rôle que jouent la société civile et le secteur privé locaux.  Ce sont souvent les organisations de la société civile affectée qui sont les premières à réagir et à fournir des secours, a-t-il fait remarquer.  Quant au secteur privé, il peut lui aussi mobiliser des ressources et fournir des biens et services, puis contribuer à la reconstruction par la création d’emplois et la relance économique.  Il faut accorder une attention plus importante à ces secteurs dont l’action a des effets durables, a insisté le représentant.  Il faudrait en outre s’attacher aux  processus de remise en état et de relèvement des communautés touchées, a-t-il ajouté, convaincu que là encore, l’aide internationale peut apporter un soutien aux efforts des communautés et de l’État affectés.


M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay) a rappelé que le rapport du Secrétaire général souligne à quel point il est indispensable de faciliter l’accès rapide et sans entrave du personnel humanitaire aux populations touchées.  C’est pourquoi, a-t-il dit, l’Uruguay condamne dans les termes les plus forts les actes de violences à l’encontre des acteurs humanitaires.  Le représentant a appelé les États concernés à prendre les mesures nécessaires pour protéger les acteurs humanitaires sur le terrain.  Il a, en revanche, déploré que le Secrétaire général soit dans l’obligation de réitérer son appel en faveur de la libre circulation du personnel humanitaire.  Les travailleurs humanitaires, a-t-il rappelé, sont déployés afin d’atténuer les souffrances des populations civiles.  Il faut, a-t-il poursuivi, prendre les mesures nécessaires pour combattre la violence et l’exploitation sexuelles.


Comme l’indique le rapport du Secrétaire général, le représentant s’est dit préoccupé par le nombre croissant des catastrophes liées aux changements climatiques.  La crise économique mondiale, mais surtout alimentaire, est un défi auquel nous devons répondre afin d’éviter des émeutes dans les pays qui en sont très touchés.  Le représentant a par ailleurs souhaité des interventions humanitaires basées sur la durabilité.  Une meilleure appréhension et évaluation des besoins au cours des heures et des jours qui suivent la catastrophe permet à la population locale de mieux y faire face, a estimé le représentant.  De l’avis de sa délégation, la responsabilité de la coordination de l’aide humanitaire incombe en priorité aux États touchés par la catastrophe.


M. RODOLFO ELISEO BENÍTEZ VERSÓN (Cuba) s’est dit préoccupé par l’augmentation du nombre de catastrophes naturelles, dont beaucoup sont liées aux changements climatiques, et par le nombre de crises humanitaires dus à des conflits ou encore à une situation économique et sociale catastrophique qui se poursuivent.  Il a rappelé que l’assistance humanitaire devrait reposer sur le respect des principes d’humanité, d’impartialité et de neutralité reconnus par l’Assemblée générale des Nations Unies.  L’assentiment des États pour recevoir une assistance humanitaire est indispensable et celle-ci doit être fournie conformément aux principes énoncés par la Charte de l’ONU.


Le représentant a affirmé que son pays avait pris de nombreuses mesures de prévention, bien connues de la communauté internationale en ce qui concerne la préparation aux catastrophes naturelles.  Lors de ces trois dernières années, l’économie cubaine a été gravement affectée par plusieurs catastrophes naturelles, a déclaré le représentant, qui a toutefois rappelé l’efficacité des mesures prises par son pays, y compris pour assurer la protection de la population civile, ainsi que le rôle de la population elle-même, pour limiter les conséquences de ces événements.  Les enseignements tirés des cyclones et autres intempéries ont permis à Cuba de renforcer ses cadres normatif, juridique et institutionnel pour faire face aux catastrophes, a-t-il ajouté.  Il est nécessaire de renforcer la stratégie internationale de prévention des catastrophes adoptée par l’Assemblée générale, a affirmé le représentant.  Pour faire face au nombre accru de catastrophes naturelles, il faudrait renforcer la coopération mais aussi augmenter l’aide au développement afin de permettre aux pays en développement de se doter de meilleures capacités de réaction aux urgences humanitaires, y compris par des transferts de ressources et de technologies.  « Cuba continuera de venir en aide de façon solidaire et désintéressée aux pays affectés par les catastrophes naturelles en fournissant de meilleures ressources, à savoir son capital humain créé par la Révolution cubaine », a assuré le représentant.


M. KIM SOO GWON (République de Corée) a mis l’accent sur l’importance de répondre de la manière la plus efficace et concertée possible aux besoins humanitaires.  À cet égard, le représentant a cité un certain nombre de nouveaux mécanismes qui ont prouvé leur efficacité lors des récentes crises, tels que « l’approche par groupe » ou le « partenariat entre la société civile et le secteur privé », notamment après le séisme en Haïti.  Il a ajouté que la circulation sans entrave des acteurs humanitaires et l’acheminement dans les meilleurs délais des besoins humanitaires constituent des éléments clefs de la gestion des crises.  En revanche, l’insécurité croissante dans certaines régions ralentit le travail du personnel humanitaire, a-t-il déploré.  Il a souhaité que les Nations Unies invitent les États et les parties impliqués dans les conflits à assurer la sécurité des acteurs humanitaires.  Les interventions, a-t-il dit, doivent être plus axées sur les besoins.  Il est nécessaire, comme le stipule le rapport du Secrétaire général de passer d’une « approche axée sur le choc » à une « approche basée sur les besoins ».  Enfin, le représentant a indiqué que son Gouvernement continuait à apporter sa contribution au Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF).


Mme ASTRID HELLE AJAMAY (Norvège) a déclaré que travailler dans les environnements dangereux et évolutifs représentait, pour tous les acteurs humanitaires, un défi supplémentaire.  Comment rester efficace et ne pas être paralysé dans de tels environnements? s’est-elle interrogée.  « Nous devons apporter le meilleur appui possible aux acteurs humanitaires et réduire au maximum les risques encourus, même si on ne peut les éliminer », a souligné la représentante, qui s’est félicitée des mesures prises en ce sens par OCHA.  Les catastrophes naturelles fréquentes et dévastatrices démontrent la fragilité de nombreuses populations, rurales mais aussi urbaines, a fait remarquer la représentante, qui a rappelé que la prévention, la préparation et l’adaptation aux catastrophes doivent être avant tout fondées sur le principe de l’appropriation nationale.  Il faut aussi mettre l’accent sur les initiatives locales prises dans le cadre de plans nationaux, a-t-elle ajouté, avant d’insister sur le partage de l’expérience en la matière.


La représentante s’est attachée à la sécurité des groupes vulnérables et, en particulier, à la protection des femmes et des enfants contre les violences, y compris les violences sexuelles.  Elle a indiqué que son pays exige de ses partenaires qu’ils prennent en compte les besoins des femmes.  La représentante a par ailleurs jugé encourageant que, malgré la crise financière mondiale, les financements du Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF) continuent d’augmenter.  Elle a rappelé que son pays avait l’intention de contribuer, par le biais de son mode de décaissement en début d’année, à la prévisibilité des ressources des acteurs humanitaires.


Table ronde sur le thème « Opérations d’aide humanitaire menées dans des conditions très dangereuses ou d’extrême insécurité »


La table ronde était présidée par M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili), Vice-Président du Conseil économique et social, qui a estimé que le thème choisi témoignait du respect dû aux travailleurs humanitaires engagés dans des situations très dangereuses et à haut risque.  Elle était animée par M. John Holmes, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence.  Les intervenants étaient MM. Gregory Starr, Secrétaire général adjoint du Département de la sûreté et de la sécurité de l’ONU; Ramiro Lopes da Silva, Directeur général adjoint du Département des relations extérieures du Programme alimentaire mondial (PAM); Fyras Mawazini, Coordonnateur exécutif du Comité de coordination des ONG en Iraq (NCCI); Martin Mogwanja, Coordonnateur de l’action humanitaire des Nations Unies au Pakistan; Dominik Stillhart, Directeur adjoint chargé des opérations du Comité international de la Croix-Rouge; et Alexander Aleinikoff, Haut-Commissaire adjoint du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR)


M. JOHN HOLMES, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a rappelé qu’il était indispensable pour les travailleurs humanitaires d’avoir accès aux populations dans le besoin, et d’avoir cet accès dans un climat de sécurité sûr.  Les attaques contre les travailleurs humanitaires ne cessent d’augmenter, a-t-il fait remarquer, faisant état de plus de 100 agents internationaux tués en 2008 et 2009, deux fois plus qu’en 2005.  Les employés nationaux sont eux de plus en plus la cible d’attaques.  Il faut d’abord atteindre les populations afin de leur expliquer que l’aide est neutre et impartiale, que les travailleurs humanitaires ne représentent aucune menace pour elles et qu’en retour, elles ne doivent pas exercer de menaces sur les acteurs humanitaires.  Ce point essentiel est pourtant d’autant plus difficile que les humanitaires travaillent souvent dans des situations de conflit ou de tensions politiques, a reconnu M. Holmes.  C’est pourquoi, il faut analyser l’environnement dans lequel les acteurs humanitaires travaillent et discuter avec toutes les parties, à la fois pour réduire les risques et prendre des mesures de sécurité physique, a-t-il conclu.


M. GREGORY STARR, Secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité de l’ONU, a répété que les Nations Unies et les ONG qu’elles aident travaillent dans des conditions de plus en plus difficiles.  Ce fut toujours le cas, a-t-il reconnu, mais le fait nouveau est que les Nations Unies doivent souvent intervenir dans des situations de conflit.  Il a expliqué que les services de l’ONU chargés de la sécurité avaient obtenu d’envoyer dans ces zones des analystes.  « Nos programmes de sécurité ne peuvent pas se limiter à évacuer les personnes, mais tenir compte de notre volonté de rester pour aider les populations dans les situations difficiles », a-t-il ajouté.


M. Starr a mis l’accent sur le manque d’informations précises concernant les situations dans lesquelles l’ONU intervient.  « Nous devons nous demander si les mesures prises jusqu’ici restent valables, compte tenu des nouveaux paradigmes des opérations humanitaires », a-t-il dit.  M. Starr s’est dit convaincu que les acteurs humanitaires continueraient de subir des pertes humaines et matérielles, mais il faut évidemment les limiter et s’assurer que travailler dans de tels environnements en vaut la peine.  Il a aussi insisté sur l’échange d’informations avec les autres partenaires humanitaires.  Tout ceci est coûteux, a-t-il rappelé, ajoutant que les ONG et institutions de l’ONU qui travaillent dans des zones dangereuses doivent disposer de ressources financières adéquates pour s’acquitter efficacement de leur rôle.  Parallèlement, les États Membres et autres donateurs doivent admettre que les coûts seront, au moins dans un premier temps, de plus en plus élevés.  « Nous devons tous changer de mentalité, faire preuve d’audace et limiter les risques », a-t-il insisté.


M. RAMIRO LOPES DA SILVA, Directeur général adjoint du Département des relations extérieures du Programme alimentaire mondial (PAM), a rappelé que l’insécurité alimentaire s’accroît dans le contexte des « urgences complexes », qui sont en fait des crises complexes et volontaires.  Il a expliqué que le PAM avait consacré l’an dernier 80% de ses ressources à son action dans des pays en conflit, sortant d’un conflit ou en phase de stabilisation.  Le PAM, a-t-il fait remarquer, livre des denrées en grandes quantités, impliquant aussi beaucoup de matériel.  C’est pourquoi, nous sommes très visibles dans ces environnements de conflit, et de ce fait vulnérables, a-t-il expliqué. .


M. da Silva a indiqué comment les conditions sur le terrain changeaient.  Prenant l’exemple de l’ancien conflit en Angola, il a rappelé que dans la mesure où il y avait pendant cette période d’un côté un gouvernement et de l’autre un groupe rebelle bien identifié, il était possible de parler avec chacun d’eux pour définir les paramètres de l’aide humanitaire.  Aujourd’hui, les conditions sont beaucoup plus complexes, a-t-il fait observer: l’État est toujours présent mais le personnel humanitaire est confronté à des groupes armés multiples, y compris des criminels et des milices, dont les alliances peuvent être fluctuantes.  Les principes humanitaires ne sont pas toujours compris, et parfois même rejetés.


M. da Silva a aussi mis en cause le fait que les rôles des militaires et des acteurs humanitaires s’estompent.  Le fait qu’il y ait des missions internationales de maintien de la paix dans des pays où il n’y a pas de paix à maintenir, avec des soldats qui mènent des opérations militaires sous le drapeau de l’ONU, utilisé aussi par les agences humanitaires, crée la confusion.  De plus, la volonté des militaires de gagner la confiance de la population contribue encore à brouiller les limites, puisqu’on voit des militaires en uniforme qui combattent, d’autres qui font de l’assistance humanitaire alors que les acteurs humanitaires sont contraints de s’encadrer de gardes armées.


« Quelles que soient les mesures de sécurité que nous prenons, nous aurons toujours des victimes », a prévenu M. da Silva.  Ce qui est important, a-t-il dit, c’est que si nous décidons en commun de rester sur place malgré les risques, la responsabilité des pertes ne soit pas seulement imputée aux seuls acteurs humanitaires, mais qu’elle soit aussi celle des gestionnaires et des États, a-t-il conclu.


M. FYRAS MAWAZINI, Coordonnateur exécutif du Comité de coordination des ONG en Iraq (NCCI), a expliqué qu’en Iraq, la question des opérations humanitaires était complexe.  Il a déploré le fait que l’Iraq est perçu maintenant comme un « pays plus sûr, mais cela est une erreur ».  Même si le niveau d’insécurité s’est amélioré, la violence continue de sévir et l’instabilité politique actuelle ne permet pas aux instances gouvernementales de relever les défis auxquels est confronté le pays, a estimé le représentant.  Il a par ailleurs déploré la confusion des rôles humanitaire et militaire sur le terrain.  « Beaucoup d’ONG iraquiennes estiment que cette assimilation sème une certaine confusion dans l’esprit de la population », a—t-il regretté.


M. Mawazini a poursuivi en expliquant qu’il y avait actuellement 70 ONG internationales et plus de 1 000 ONG nationales en Iraq.  Toutes ces organisations offrent une assistance humanitaire aux personnes vulnérables et leurs engagements sont importants, a-t-il dit.  Toutefois, ces organisations ne disposent d’aucune protection armée et sont la cible de groupes armés.  Le représentant a, par ailleurs, expliqué que les ONG iraquiennes sont apparues au moment où les ONG internationales se sont retirées.  Il a indiqué qu’au début, ces organisations nationales n’avaient aucune expérience et acceptaient des missions considérées comme étant à risque.  Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, ces organisations nationales ont appris à adapter leurs actions.  Même si elles sont toujours confrontées à de nombreux obstacles, elles offrent l’avantage d’être beaucoup plus mobiles que les ONG internationales, de pouvoir s’adapter facilement à la situation sur le terrain et de bénéficier d’un climat de confiance de la part de la population. 


L’accès des ONG sans une situation de sécurité est impossible mais une situation de sécurité, aggravée par les restrictions d’accès qui sont imposées aux acteurs humanitaires, n’a pas beaucoup de sens, a—t-il expliqué.  Il a souhaité un meilleur partage des informations entre l’ONU, ses institutions et les acteurs non étatiques afin d’optimiser le travail du personnel humanitaire sur le terrain.  Le plus important est de répondre aux besoins humanitaires sur le terrain, a estimé M. Mawazini.


M. MARTIN MOGWANJA, Coordonnateur de l’action humanitaire des Nations Unies au Pakistan, a déploré que le personnel humanitaire soit parfois la cible de groupes armés ou gouvernementaux.  « Les travailleurs humanitaires sont enlevés pour obtenir des rançons ou pour servir de moyen de pressions », a-t-il fait remarquer.  C’est pourquoi, il est extrêmement difficile de recruter du personnel compétent et qualifié sans que le travail humanitaire ne soit affecté, a-t-il dit.  Lorsque les risques ne peuvent être réduits, le représentant a expliqué qu’il était indispensable pour le personnel humanitaire de transférer ses responsabilités à des partenaires locaux.  « Il est difficile de ne pas répondre aux besoins de personnes vulnérables et de leur tourner le dos », a noté M. Mogwanja.  C’est pourquoi, il a préconisé d’adopter une approche qui prenne en compte la situation sécuritaire sur le terrain. 


M. DOMINIK STILLHART, Directeur adjoint chargé des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a expliqué que le rôle essentiel du CICR est d’intervenir dans des zones où l’environnement sécuritaire est un défi.  Les acteurs humanitaires doivent constamment trouver un équilibre entre les attentes humanitaires et le risque que posent leurs activités, a-t-il estimé.  Le représentant a regretté que les organisations humanitaires soient confrontées à une insécurité croissante dans le cadre de leurs activités.  Il a rappelé que 260 travailleurs humanitaires avaient été tués, kidnappés ou gravement blessés en 2008 contre 73 incidents de ce type en 1997 ou 85 en 2002.  Le CICR lui-même n’a pas été épargné, a-t-il dit, précisant qu’en 2009, nous avions enregistré 144 incidents, ce qui représente une augmentation de 38% par rapport aux années précédentes.


M. Stillhart a indiqué que le principal sujet de préoccupation du CICR était l’augmentation du nombre d’attaques à l’encontre des acteurs humanitaires à des fins politiques.  « Cette tendance montre une crise sans précédent de crédibilité et de confiance à l’égard du personnel humanitaire », a-t-il souligné.  Cette crise de confiance, a-t-il poursuivi, doit être étudiée à la lumière des développements survenus après les attaques du 11 septembre 2001. 


Tandis que certains groupes armés ciblent de manière systématique les organisations humanitaires, le CICR tente d’appliquer une série de mesures en matière de sécurité, a assuré le représentant.  Le Comité a décidé d’affirmer davantage son identité sur le terrain en montrant sa neutralité sur le terrain, en maintenant un système de sécurité décentralisé et reconnu par les parties aux conflits et en renforçant son dialogue avec tous, a-t-il détaillé.  Il est important, a souligné M. Stillhart, d’être accepté par toutes les parties, qu’elles soient ou non reconnues par la communauté internationale.  Toutefois, a-t-il fait observer, être accepté par certains dans un contexte déterminé ne nous protège pas systématiquement contre des attaques d’intervenants extérieurs.  « Même si le CICR a appris à être mieux accepté sur le terrain, il a également appris la dure leçon que cela n’est pas durable », a précisé M. Stillhart. 


M. ALEXANDER ALEINIKOFF, Haut-Commissaire adjoint pour les réfugiés, a rappelé que les personnes qui sont couvertes par le mandat du HCR cherchent à fuir des zones de danger mais qu’elles s’installent de plus en plus, et souvent pour longtemps, dans des zones qui ne sont pas sûres.  Le HCR ne peut attendre pour leur venir en aide et les installer dans des zones sûres, a-t-il affirmé.  La question est de trouver un équilibre entre les risques et l’action à mener.


M. Aleinikoff a fait part de plusieurs paradoxes.  Il a ainsi déclaré que les personnes chargées de la sécurité des acteurs humanitaires comme le HCR étaient souvent très conservatrices, ce qui limite considérablement l’action de l’organisation.  Il s’est inquiété de la confusion entre activités politiques et humanitaires qui pourrait résulter des mesures prises dans le cadre de l’initiative « Unis dans l’action ».  Préconisant une distinction nette entre les mandats de sécurité, il s’est montré réticent face à toute intégration structurelle, estimant par exemple qu’il n’était pas souhaitable que le Coordonnateur humanitaire rencontre ouvertement les responsables politiques de l’ONU dans un pays en conflit. Enfin, le Haut-Commissaire adjoint a fait remarquer qu’on estime en général que la présence d’acteurs humanitaires internationaux en un lieu donné augmente la sécurité.  Il a soutenu, au contraire que le HCR hésite souvent à laisser les acteurs humanitaires se rendre dans des zones jugées peu sûres.


Les attaques contre les acteurs humanitaires ne résultent pas d’erreurs de la part des assaillants, a affirmé M. Aleinikoff, précisant qu’elles sont menées intentionnellement par des gens qui estiment qu’elles servent leurs intérêts. Il a insisté sur la nécessité de dialoguer avec toutes les parties au conflit comme principe de base pour la sécurité des opérations humanitaires.  « Nous devons réaffirmer les principes d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance qui guident l’action humanitaire, a poursuivi le Haut-Commissaire adjoint, qui a fait observer que quels que soient les risques encourus par les travailleurs humanitaires, les civils restent toujours plus exposés qu’eux.


Débat interactif


Durant le débat, la représentante de l’Union européenne a noté un léger changement dans l’approche des Nations Unies en matière de sécurité.  Elle a salué l’idée d’un nécessaire équilibre entre les risques encourus par les acteurs humanitaires et les bénéfices escomptés de leur présence pour la population.  Elle a demandé si le seuil de tolérance des Nations Unies était le même que celui des autres acteurs humanitaires, qui est plus élevé, ce qui pourrait limiter son action.  La représentante de l’Australie a demandé s’il était possible de concevoir au niveau du Siège une politique de sécurité suffisamment souple pour être adaptée à chaque opération sur le terrain.


M. GREGORY STARR, Secrétaire général adjoint du Département de la sûreté et de la sécurité de l’ONU, a affirmé qu’on pouvait adopter une politique générale de sécurité sur le terrain mais ajouté qu’il faudrait ensuite l’adapter.  « Nous devons définir au Siège les outils applicables sur le terrain ».  Il a confirmé un changement dans l’analyse du risque, expliquant que le degré de risque acceptable dépend de ce qu’on est chargé de faire.  Il y a actuellement de gros risques à Mogadiscio mais les programmes menés par les institutions du système de l’ONU, qui n’impliquent qu’un personnel réduit, permettent de nourrir sept millions de personnes par an dans le sud du pays et que les programmes de santé des Nations Unies étaient sans doute les seuls de la région.  C’est pourquoi les Nations Unies restent sur place.  M. RAMIRO LOPES DA SILVA, Directeur général adjoint du Département des relations extérieures du Programme alimentaire mondial (PAM), qui a constaté que certaines organisations se montraient plus centralisées que d’autres mais que l’avenir était sans doute à la décentralisation, a expliqué qu’il avait longtemps travaillé dans des zones dominées par les milices Chebaab mais ajouté qu’on avait à un moment sous-estimé les changements survenus au sein de ce groupe.  Au Kirghizistan, les risques ont été initialement surévalués, a reconnu M. STARR, mais l’envoi d’équipes sur place a permis ensuite de se faire une meilleure idée des risques.  M. DOMINIK STILLHART, Directeur adjoint chargé des opérations du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a indiqué que le CICR avait aujourd’hui plus de 60 personnes en Iraq en dehors de la zone verte, ajoutant que le risque était jugé acceptable, compte tenu des enjeux humanitaires. 


M. FYRAS MAWAZINI, Coordonnateur exécutif du Comité de coordination des ONG en Iraq (NCCI), a estimé que le plus important était de connaître le degré de risque.  Si on est la cible directe, il sera très difficile de travailler.  Si le risque est plus diffus, ce sera davantage possible.  Mais il faut envoyer sur le terrain des gens expérimentés qui savent se faire accepter et ont de l’expérience.  Il faut aussi compter sur le personnel local pour s’informer et analyser les risques, nouer des relations avec les acteurs influents comme les chefs religieux ou de tribus.  Le représentant de l’Iraq a affirmé que la situation de la sécurité s’était nettement améliorée.  M. Mawazini a remarqué que l’ONU ou les ONG n’étaient plus prises pour cibles, contrairement à la situation de 2005.  Mais la situation varie selon les régions, a-t-il dit, soulignant la nécessite de faire des analyses sur les risques très localisés.


Le représentant des États-Unis a demandé s’il était éthique de transférer la responsabilité de l’assistance humanitaire au niveau local lorsqu’on estimait la situation trop dangereuse pour les étrangers.  M. Martin Mogwanja a estimé qu’un tel transfert ne serait pas éthique si les activités des acteurs locaux augmentaient les risques encourus par eux sans rien apporter aux populations locales.  Mais il a fait observer que ces acteurs locaux sont en général déjà engagés.


Le représentant de la Colombie a demandé ce que pourrait faire les gouvernements pour renforcer leur collaboration avec la communauté humanitaire pour analyser les questions de sécurité.  M. STARR a confirmé l’importance des relations avec les gouvernements, même lorsqu’ils ne contrôlent pas complètement la situation.  Encore faut-il parler aux bons interlocuteurs, a-t-il fait remarquer, se disant étonné que les acteurs humanitaires oublient souvent de traiter avec les ministres de l’intérieur et autres responsables de la sécurité.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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