En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/6441

Six mois après le séisme dévastateur, Haïti revient au centre des débats de l’ECOSOC

13/07/2010
Conseil économique et socialECOSOC/6441
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de fond de 2010

31e et 32e séances – matin & après-midi


SIX MOIS APRÈS LE SEISME DÉVASTATEUR, HAÏTI REVIENT AU CENTRE DES DÉBATS DE L’ECOSOC


La transition ne pourra réussir sans l’intervention du Gouvernement et d’un effort accru de la communauté internationale, souligne le Président du Groupe spécial sur Haïti


Six mois après le séisme qui l’a frappé, Haïti a été aujourd’hui au centre des débats du Conseil économique et social (ECOSOC), qui examinait, à la suite d’une table ronde sur le thème « Passage de la phase des secours à celle de l’aide au développement », le programme d’assistance à long terme à ce pays.  L’ECOSOC a en outre achevé son débat sur les activités opérationnelles des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement.


M. Robert McNee, Représentant permanent du Canada et Président du Groupe spécial sur Haïti, a présenté le rapport du Groupe, établi après une visite sur place au mois de juin.  Il a expliqué que, face à l’ampleur sans précédent de la dévastation, l’assistance humanitaire demeurait nécessaire, que la reprise était lente et la reconstruction demeurait encore au stade de la « planification ».  La transition ne pourra réussir sans l’intervention du Gouvernement haïtien et d’un effort accru de la communauté internationale, a-t-il ajouté.  M. McNee a toutefois estimé que « les conditions pour jeter les bases d’un développement sont aujourd’hui réunies et il convient de saisir cette opportunité », soutenu en ce sens par les représentants du Pérou et du Bénin, également membres du Groupe.  L’Envoyé spécial du Gouvernement d’Haïti auprès du Secrétaire général des Nations Unies, M. Leslie Voltaire, a ensuite demandé la prorogation du mandat du Groupe consultatif.  Lors du débat, les orateurs ont insisté sur la priorité à accorder à la reconstruction, mais aussi à la sécurité.  Pour la représentante du Brésil, la sécurité est assurée en partie par la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), mais aussi grâce à la stabilité démocratique.  Elle a donc appuyé l’intention des autorités haïtiennes d’organiser en novembre prochain des élections parlementaires, puis un scrutin présidentiel en février 2011.  Sont également intervenus dans le débat les représentants du Chili et de l’Organisation internationale du Travail (OIT).


Lors de la table ronde, M. Voltaire a expliqué que le plan de 11 milliards de dollars présenté pour la reconstruction prévoit une refondation territoriale, économique, sociale et institutionnelle du pays.  Il a aussi rappelé que la phase d’urgence n’était pas encore achevée, précisant que plus de 1,6 million de personnes n’avaient toujours pas retrouvé de logement et que 2% seulement des plus de 10 milliards promis avaient été décaissés.  Alors que profile la période électorale, il a averti que la population était mécontente, tout en exprimant l’espoir que la nouvelle Commission intérimaire de reconstruction, coprésidée par l’ancien Président des États-Unis, M. Bill Clinton, et le Premier Ministre haïtien, M. Jean-Max Bellerive, parviendra à mettre en place une reconstruction décentralisée.


Mme Michaële Amédée Gédéon, Présidente de la Croix-Rouge haïtienne, a présenté les activités de son organisation et insisté sur l’importance d’une étroite coopération entre les pouvoirs publics et les organisations non gouvernementales (ONG), affirmant que « le rôle des organisations humanitaires est de subvenir aux besoins d’urgence à court terme, et non de se substituer aux pouvoirs publics à long terme ».  L’Envoyé spécial adjoint des Nations Unies pour Haïti, M. Paul Farmer, a lui aussi plaidé pour un rôle accru tant des autorités publiques que de la population haïtienne.  Il faut, a-t-il dit, créer des emplois et permettre à chacun d’avoir accès aux services de base.  Le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour Haïti et Coordonnateur résident par intérim des Nations Unies en Haïti, M. Nigel Fisher, a souhaité que la reconstruction puisse se faire de manière concertée et durable, en évitant de revenir à la situation qui prévalait en Haïti avant le séisme, ce qui, a-t-il regretté, est à peu près la situation actuelle.  Pour lui, l’enjeu est de « créer en Haïti une croissance économique dans le pays le plus pauvre de cette partie de l’hémisphère Nord ».


Le Conseil avait auparavant achevé son débat sur les activités opérationnelles des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement, au cours duquel sont intervenus les représentants de l’Australie (au nom du Groupe CANZ), de Cuba, de l’Inde, du Japon, d’Israël, de la Norvège, du Bangladesh et de l’Organisation internationale du Travail.  Les intervenants ont une fois encore traité de la cohérence du système des Nations Unies, du renforcement de la coordination entre fonds et agences du Système, des ressources consacrées à l’aide au développement, y compris celles de la coopération Sud-Sud, et de la nécessaire appropriation nationale des stratégies et programmes de développement.  Plusieurs intervenants ont mis en valeur les initiatives « Unis dans l’action », précisant que des pays récipiendaires avaient fait savoir qu’il n’était plus question pour eux de revenir au mode de travail traditionnel avec les fonds, programmes et institutions spécialisées du système des Nations Unies.


En concluant le débat général, le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Alexandru Cujba (République de Moldova), a affirmé que les riches discussions avaient montré combien les États Membres placent d’espérances dans le Conseil pour promouvoir les orientations de l’Assemblée générale, ajoutant que ce dernier avait su répondre aux attentes.  Il a aussi estimé que les interventions des représentants des fonds, programmes et institutions spécialisées de l’ONU témoignaient de la volonté de ces derniers de travailler ensemble à la mise en œuvre des mesures demandées par l’Assemblée générale, il y a trois ans.


Demain, mercredi 14 juillet, à partir de 10 heures, le Conseil économique et social entamera son débat consacré aux questions humanitaires, sur le thème de l’assistance économique spéciale, aide humanitaire et secours en cas de catastrophe.


ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT


Suite et fin du débat général


Mme NATALIE COHEN (Australie), intervenant également au nom du Canada et  de la Nouvelle-Zélande (CANZ), a rappelé l’importance du Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui se tiendra en septembre prochain au Siège des Nations Unies, à New York.  Elle a estimé que la résolution 64/209 de l’Assemblée générale sur la cohérence du système des Nations Unies fournit une solide orientation pour les agences de développement des Nations Unies et que le document de la Conférence de Hanoï fournit, quant à lui, des indications fournies par les pays récipiendaires de programmes, en particulier ceux qui sont parties à l’initiative « Unis dans l’action ».  Le message de la Conférence de Hanoï est clair: on ne peut plus travailler comme avant, a ajouté la représentante.


Pour le Groupe CANZ, il est vital d’améliorer la coordination entre les organismes des Nations Unies au niveau du pays sous la direction des coordonnateurs résidents, pour rendre le système plus efficace et mieux apte à mobiliser les ressources.  La représentante a toutefois noté que le rapport du Secrétaire général sur la question signale un certain nombre de difficultés, en particulier le rôle des coordonnateurs résidents et des institutions non résidentes ainsi que la capacité des équipes régionales du Groupe des Nations Unies pour le développement.


Mme Cohen s’est félicitée de la création de la nouvelle entité « ONU Femmes », qui constitue, selon elle, une étape importante vers l’égalité entre les sexes.  Elle a fait remarquer cependant que si l’entité « ONU Femmes » aura un rôle de coordination, tous les organismes des Nations Unies auront la responsabilité d’intégrer la perspective de parité entre les sexes dans leurs programmes et projets.  Elle s’est dite déçue des faibles résultats obtenus au niveau des équipes de pays en matière d’égalité entre les sexes.


La représentante a rappelé que les contributions aux organismes de développement du système des Nations Unies avaient atteint leur niveau maximum en 2008 et a estimé important que le nombre de pays contributeurs augmente.  Elle a rappelé que 16% des contributions liées au développement étaient versées, en 2008, par les pays récipiendaires de programmes, ce qui montre qu’un plus grand nombre de pays appuient les efforts des Nations Unies en matière de développement.  Ces ressources, a-t-elle reconnu, représentent une contribution financière importante autre que les ressources de base.


M. JORGE CUMBERBATCH MIGUEN (Cuba) a rappelé que la crise économique et financière mondiale opposait des obstacles supplémentaires aux objectifs de développement des pays en développement, y compris les OMD.  Il a rappelé que l’aide au développement devrait avoir un caractère universel, volontaire, neutre et multilatéral et qu’elle devrait être en mesure de réagir avec souplesse.  Le développement durable doit rester la pierre angulaire des travaux des Nations Unies et répondre aux objectifs internationalement convenus, a-t-il affirmé, en demandant la création d’une institution mondiale plus robuste qui reconnaisse mieux le principe de l’appropriation nationale des États.  La résolution 62/208 de l’Assemblée générale sur l’examen triennal complet représente le cadre des directives conçues au niveau intergouvernemental pour diriger les activités opérationnelles de l’ONU, a-t-il rappelé.


Le représentant a salué l’adoption de la résolution 64/209 sur la cohérence du système.  On ne peut définir une formule générale d’aide au développement pour tous, a-t-il affirmé, ajoutant que les États doivent définir eux-mêmes leurs priorités, désigner librement leurs partenaires et les conditions de leur coopération avec les fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies.  La coordination ne doit pas entraîner la perte d’identité, de même que la cohérence ne doit pas imposer un modèle unique, a-t-il répété, ajoutant que la tentative d’imposer un seul modèle d’assistance avait été l’une des raisons principales qui avaient retardé pendant quatre ans l’adoption de la résolution sur la cohérence du système des Nations Unies.  Le représentant a souligné qu’en cherchant à imposer un seul modèle de programme et en lui attribuant tous les succès, on rejette l’efficacité de tous les autres modes de coopération.  Il serait pire encore de chercher à donner un mandat à des fonctionnaires internationaux, qui sont des médiateurs, de s’immiscer dans les affaires internes de pays en développement, a poursuivi le représentant.  Pour lui, les fonds, programmes et institutions spécialisées du système de l’ONU ne doivent pas abandonner leur fonction d’assistance au profit d’une seule fonction d’évaluation des politiques. 


M. RANDHIR JAISWAL (Inde) a indiqué que plusieurs pays dans le monde n’étaient toujours pas sur la voie de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), d’ici à 2015.  Il a ajouté que la crise économique et financière de 2007 avait particulièrement touché les pays en développement et retardé la réalisation des OMD.  Le financement du développement est, de ce fait, très réduit, a dit le représentant.  Il a ajouté que le nombre de bailleurs de fonds disponibles pour financer les activités des fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies restait un défi central et constituait un obstacle aux efforts entrepris pour atteindre les objectifs de développement définis au niveau international, notamment les OMD.  Le représentant a souhaité que des efforts concertés soient pris pour répondre à ces besoins. 


Concernant le déclin de l’aide publique au développement (APD) et de l’aide financière en général, le représentant a indiqué que la situation était critique, en particulier depuis que les pays en développement sont confrontés à un ralentissement de leur économie.  Il a souhaité que davantage d’efforts soient entrepris non seulement pour renforcer l’APD, mais également pour faciliter le transfert des technologies vers les pays en développement.  Les activités opérationnelles des Nations Unies doivent répondre aux besoins spécifiques de chacun des pays récipiendaires, a-t-il insisté.  Le représentant a estimé que le respect de la souveraineté nationale doit demeurer le pilier autour duquel les Nations Unies développent leurs activités.  Il a, par ailleurs, salué l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution 64/209 sur la cohérence du système des Nations Unies.  Ce texte réaffirme, a-t-il rappelé, l’engagement des États Membres à s’attaquer à de nombreuses questions et à permettre au système de développement des Nations Unies d’être plus efficace. 


M. NOZOMU YAMASHITA (Japon) s’est dit convaincu que les activités de développement devraient répondre aux besoins réels des pays de programme de manière flexible et dans le plein respect du principe de l’appropriation nationale.  Les activités de l’ONU doivent avoir pour objectif ultime d’aider les pays à fournir une assistance plus efficace à leurs populations, et en particulier à leurs communautés dans le besoin, dans une perspective de sécurité humaine, a-t-il rappelé.  Le Japon est encouragé de voir que de nombreux pays s’engagent de manière volontaire dans les programmes établis dans le cadre de l’initiative « Unis dans l’action » pour faire le meilleur usage des équipes de pays.  Il a estimé que la Conférence tripartite de Hanoï avait démontré que cette initiative progressait de façon substantielle.


En matière de financement, le représentant a souhaité qu’on mette de côté le « débat théologique » sur la distinction entre ressources de base et les autres, qu’il a jugées sans réel fondement.  Il a prôné, au contraire, une discussion plus productive sur les moyens d’identifier le minimum indispensable de ressources fondamentales en application de la notion de « masse critique ». 


M. ILAN FLUSS (Israël) a déclaré que les activités opérationnelles de l’ONU sont le noyau du développement et que la création de mécanismes efficaces pour aider les pays en développement est nécessaire.  Il a salué en ce sens les programmes mis en œuvre dans le cadre de l’initiative « Unis dans l’action » dans les huit pays et a souhaité que d’autres pays participent à de tels programmes pilotes.  De telles initiatives permettent aussi à de nouveaux donateurs de jouer un rôle dans le développement, a-t-il estimé.  Avant de préciser qu’Israël consacre une grande partie de son aide au renforcement des capacités nationales pour permettre aux pays en développement d’assurer eux-mêmes la mise en œuvre de programmes de développement.  Le représentant a rappelé que toutes les activités de développement de son pays reposaient sur le principe de l’appropriation nationale et qu’Israël avait renoncé à l’approche visant à assister les pays en développement uniquement en leur fournissant une aide financière et/ou des équipements.


Souhaitant que le système des Nations Unies puisse disposer de ressources plus importantes, M. Fluss a affirmé que son pays augmenterait sa contribution aux budgets de base des différents fonds, programmes et institutions spécialisées.  Avant de conclure, il a estimé que d’importants progrès avaient été obtenus dans la coordination des activités opérationnelles de l’ONU, notamment dans le cadre de l’examen triennal.  Israël, a-t-il ajouté, se félicite de la création récente de la nouvelle entité chargée de la parité entre les sexes, « ONU Femmes ».


Mme ASTRID HELLE AJAMAY (Norvège) a souligné qu’il était important pour les pays en développement et les pays les moins avancés de parvenir à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Concernant la part des pays bailleurs de fonds, la représentante a rappelé que son pays avait, en 2009, alloué 1% de son PIB aux fonds, programmes et institutions spécialisées du système des Nations Unies.  En 2008, a-t-elle poursuivi, la Norvège a été le cinquième plus important contributeur aux institutions de développement de l’ONU, et en 2009, le plus important contributeur du PNUD et le deuxième plus important contributeur de l’UNICEF.  La représentante a déploré que les 12 premiers pays bailleurs de fonds contribuent à hauteur de 80% aux besoins des fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies.  « Cette situation n’est pas viable et nous devons trouver une base de financement plus sûre », a-t-elle souhaité.  « La crise économique et financière mondiale ne doit pas servir de prétexte pour réduire nos ambitions, notamment en matière de lutte contre la pauvreté et contre le réchauffement climatique », a-t-elle insisté.  La représentante a souhaité que le Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement, qui se tiendra en septembre prochain, soit l’occasion pour les États Membres de prendre des engagements, notamment en faveur d’une augmentation de leur aide au développement.  Les ressources de base sont essentielles pour permettre aux fonds, programmes et institutions spécialisées du système des Nations Unies de s’acquitter efficacement de leurs activités opérationnelles de l’ONU, a-t-elle rappelé.


M. ABDUL MOMEN (Bangladesh) a estimé que l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution sur la cohérence du système des Nations Unies avait donné un nouveau sens aux activités opérationnelles.  Il a salué la création d’« ONU Femmes », qui constitue une étape historique en matière de promotion de la parité entre les hommes et les femmes.  Il faut renforcer notre partenariat pour mettre en œuvre la résolution sur l’examen triennal de l’ensemble des activités opérationnelles des Nations Unies, a ajouté le représentant, qui a rappelé que les Nations Unies représentaient un partenaire très important pour le développement de son pays.


Le monde est confronté à des crises multiples, notamment la crise économique, a rappelé le représentant, qui a insisté sur leur impact pour les pays les moins avancés, dont le Bangladesh fait partie.  Il a dit attacher une grande importance à la coopération Sud-Sud et à la coopération triangulaire et a demandé à tous les organismes pertinents des Nations Unies de prévoir les ressources nécessaires à la coopération Sud-Sud et au renforcement du microfinancement dans les pays du Sud.  Il s’est dit prêt à partager avec d’autres les connaissances de son pays en matière de préparation et d’atténuation des conséquences des crises, avant d’insister sur les conséquences des changements climatiques  sur son pays.  Rappelant qu’un milliard de personnes pourraient se trouver déplacées dans les 45 ans à venir, il a demandé que des ressources importantes soient consacrées à l’allègement des conséquences négatives des changements climatiques, avant de présenter diverses mesures prises en ce sens par son pays.


Le représentant a rappelé que la communauté internationale avait pris un certain nombre d’engagements, notamment en 2008, et a affirmé que la situation actuelle ne pourrait perdurer sans financements prévisibles.  La communauté internationale doit œuvrer à la réduction de l’écart dans l’application des programmes visant la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et a rappelé que les bailleurs de fonds devraient respecter leurs engagements de consacrer 0,7% de leur PIB au développement, et notamment au développement des pays les moins avancés.


Mme ANITA AMORIM, Organisation internationale du Travail (OIT), a indiqué que son organisation avait participé activement au débat sur l’application de la résolution 64/209 de l’Assemblée générale relative à la cohérence du système des Nations Unies et a joué un rôle actif dans le plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD).  La représentante a ajouté que l’OIT avait également joué un rôle dans la mise en œuvre de l’initiative « Unis dans l’action », et surtout dans celle des programmes du PNUAD en faveur d’un travail décent, lesquels mettent l’accent sur les principes et droits fondamentaux du travail, la protection sociale, le dialogue social et l’emploi.  À cette fin, l’OIT travaille avec l’ONU sur l’amélioration des programmes de renforcement des capacités nationales des pays en développement. 


L’OIT estime que les différents organismes du système des Nations Unies doivent travailler en étroite coopération, dans le respect de leur mandat, a poursuivi la représentante.  Elle a ajouté que l’OIT travaille en étroite coopération avec le PNUD, l’OMS et l’UNESCO.  L’OIT contribue également à l’élaboration de documents de l’ONU sur la manière de combattre la crise économique et financière et de réduire la pauvreté.  La représentante a également indiqué que son organisation appuyait la résolution de 2007 de l’Assemblée générale sur l’Examen triennal complet qui renforce l’importance de l’utilisation des systèmes nationaux, de la capacité nationale et de la compétence nationale.  Par ailleurs, Mme Amorim a précisé que l’OIT attachait une importance particulière à la coopération Sud-Sud et à la coopération triangulaire. 


Conclusion du débat consacré aux activités opérationnelles


M. ALEXANDRU CUJBA (République de Moldova), Vice-Président de l’ECOSOC, a clos le segment de la session de fond consacré à l’examen des activités opérationnelles des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement en estimant que ce dernier avait revêtu une importance particulière dans la perspective du Sommet de septembre prochain sur les Objectifs du Millénaire pour le développement.  En renforçant l’efficacité des activités opérationnelles, les Nations Unies peuvent mieux aider les pays récipiendaires de programmes à avancer sur la voie de la réalisation des OMD, a-t-il noté. 


Le Vice-Président a aussi fait remarquer que ce segment s’était tenu au moment où l’Assemblée générale adoptait sa résolution 64/209 sur la cohérence du système des Nations Unies, et a qualifié la création de la nouvelle entité chargée de la parité entre les sexes, « ONU Femmes », d’« étape historique ».  La résolution 64/209 insiste aussi sur de nouvelles mesures pour rendre les activités opérationnelles des Nations Unies plus cohérentes et pour améliorer leur gouvernance et leur financement.  Ce processus a montré les grandes espérances des États Membres dans les activités de l’ECOSOC en tant qu’organe de promotion des orientations de l’Assemblée générale, a-t-il ajouté, en estimant que l’ECOSOC avait répondu aux attentes.  Les interventions des États Membres ont montré l’engagement constant des États Membres et les interventions des représentants des fonds, programmes et institutions spécialisées témoignent de la volonté de ces derniers de travailler ensemble à la mise en œuvre des mesures demandées par l’Assemblée générale il y a trois ans, a estimé M. Cujba. 


Résumant les discussions, M. Cujba a déclaré que le dialogue avec les chefs des secrétariats des organismes des Nations Unies avait démontré que le système des Nations Unies se concentrait sur l’accélération de la réalisation des OMD de manière mieux coordonnée et plus efficace.  Il a par ailleurs rappelé que la Conférence de Hanoï sur l’initiative « Unis dans l’action » avait mis en évidence les avantages de ce processus en matière de cohérence comme de réduction des coûts de transaction, et a rappelé que des pays de programmes pilotes établis dans le cadre de cette initiative avaient fait savoir qu’ils ne souhaitaient plus travailler selon l’ancienne méthode.  Le Vice-Président a en outre rappelé que le renforcement des capacités nationales était une condition sine qua non de l’appropriation nationale.


Les riches discussions ont montré que le système des Nations Unies est mis au défi d’ajuster ses capacités au niveau des équipes de pays au degré de développement des pays de programmes, qui peut aller des pays les moins avancés aux pays à revenu intermédiaire, ou encore à des pays affectés par des catastrophes naturelles, a relevé le Vice-Président.  Il a rappelé que les ressources de base, qui constituent le socle des activités opérationnelles, sont complétées par d’autres ressources pour donner de meilleurs résultats.  Il a également souligné l’importance de financements prévisibles et pluriannuels.  Avant de conclure, il a déclaré que la transparence et la responsabilisation du système des Nations Unies ne sauraient être sous-estimées.


Table ronde sur le thème « Passage de la phase des secours à celle de l’aide au développement »


La table ronde était coprésidée par MM. Alexandru Cujba et Octavio Errázuriz, Vice-Présidents du Conseil économique et social et animée par Mme Debbie Landey, Directrice du Bureau de la coordination des activités de développement de l’ONU.  Les intervenants étaient M. Paul Farmer, Envoyé spécial adjoint des Nations Unies pour Haïti; M. Leslie Voltaire, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, Envoyé spécial du Gouvernement d’Haïti auprès du Secrétaire général des Nations Unies; Mme Michaële Gédéon, Présidente de la Croix-Rouge haïtienne et M. Nigel Fisher, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour Haïti et Coordonnateur résident par intérim des Nations Unies en Haïti.


M. ALEXANDRU CUJBA a rappelé que le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a eu des conséquences catastrophiques tant en termes de pertes et de souffrances humaines que de destructions, précisant que le coût de la reconstruction a été estimé à plus de 11 milliards de dollars.  L’ampleur et la complexité de la situation humanitaire à Haïti constitue un test pour la capacité de la communauté internationale à fournir une réponse rapide efficace et coordonnée, a-t-il ajouté.  La réponse de la communauté internationale, a-t-il fait observer, avait malheureusement été retardée et compliquée dans un premier temps du fait des fortes pertes subies par les Nations Unies et les ONG travaillant sur place lors du séisme.  Aussi rapide et importante fût-elle, la réaction de la communauté internationale a mis en lumière un certain nombre de défis en termes d’évaluation des dégâts, de stratégie et de déploiement de personnel expérimenté.  La table ronde doit permettre d’entendre les points de vue des experts sur les leçons à tirer des efforts entrepris et sur la manière dont on pourrait passer plus rapidement du stade de l’assistance à celle de la reconstruction, a conclu le Vice-Président de l’ECOSOC, avant que l’animatrice, Mme Debbie Landey, ne présente les différents panélistes.


M. LESLIE VOLTAIRE, Envoyé spécial du Gouvernement d’Haïti auprès du Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que l’ampleur de la catastrophe avait dépassé la capacité de réponse d’Haïti ainsi que celle de la communauté internationale, d’autant plus que les centres de pouvoir nationaux ont été détruits, mais aussi le siège opérationnel de la MINUSTAH.  Il a ensuite expliqué que le séisme avait provoqué cinq « vagues d’expulsion »: il a d’abord provoqué le départ de près de 150 000 personnes titulaires de visas vers des pays voisins, puis celui de près de 600 000 personnes vers le reste du pays.  Une troisième vague de départs a concerné les habitants vivant dans un rayon de 20 kilomètres autour de la capitale.  Un quatrième mouvement a abouti au déplacement d’habitants vers tous les terrains vacants, et une cinquième vague enfin a déplacé les victimes vers les maisons des parents et amis.  M. Voltaire a ajouté qu’il est aujourd’hui impossible de distinguer ces expulsés du séisme des personnes que la pauvreté avait auparavant rejetées dans la capitale.


M. Voltaire a expliqué que le plan de 11 milliards de dollars pour la reconstruction d’Haïti prévoit une refondation territoriale, économique, sociale et institutionnelle du pays, fondée sur un État nouveau et décentralisé.  Dans la perspective de la saison des pluies et cyclones, un plan a été établi pour constituer des stocks de vêtements et de nourriture et assurer notamment des travaux de drainage afin de réduire les effets des pluies.


M. Voltaire a rappelé que les unités d’assistance avaient été mises en place au lendemain du séisme.  Malgré des difficultés, des progrès ont été obtenus durant la phase d’urgence.  Celle-ci n’est pourtant pas encore achevée, a regretté M. Voltaire, qui a notamment rappelé que, six mois après le séisme, plus de 1,6 million de personnes n’avaient toujours pas retrouvé de logement, que 2% seulement des gravats avaient été dégagés et que 2% seulement des plus de 10 milliards de dollars promis par les donateurs avaient été décaissés.  Il a précisé que, du fait du délai de seulement six semaines donné à Haïti pour présenter son plan de relèvement, la population n’avait pu être réellement consultée.  Comme le Gouvernement haïtien ne veut pas annoncer des engagements qu’il ne pourrait respecter, la population se sent exclue et peu informée et est mécontente, a-t-il ajouté.  Dans les mois à venir, le plan de reconstruction va se concentrer sur l’identification des infrastructures à reconstruire et va donc profiter durant cette période aux experts et membres du Gouvernement, ce qui ne peut qu’accroître le mécontentement public, alors qu’approche la période électorale, a également précisé l’Ambassadeur Voltaire.


L’Envoyé spécial du Gouvernement haïtien a averti que, si un cyclone devait frapper directement le pays, la reconstruction serait encore plus menacée.  De même, si les investissements de la reconstruction devaient se concentrer sur Port-au-Prince, la population s’y accumulera, rendant la capitale encore plus vulnérable.  M. Voltaire a conclu en exprimant l’espoir que la nouvelle Commission intérimaire de reconstruction, coprésidée par l’ancien Président des États-Unis, M. Bill Clinton, et le Premier Ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, parviendra à mettre en place une reconstruction décentralisée.


Mme MICHAËLE AMÉDÉE GÉDÉON, Présidente de la Croix-Rouge haïtienne, a indiqué que malgré les progrès accomplis au cours des six derniers mois, les défis demeurent et sont parfois difficiles à surmonter.  Après le tremblement de terre, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FISCR) a déployé 21 unités de secours d’urgence, y compris des services d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement, a expliqué Mme Gédéon, rappelant qu’il s’agissait de la plus importante intervention menée au sein d’un seul État.  La Croix-Rouge haïtienne, a-t-elle dit, a apporté des soins à 95 000 personnes, fourni des abris d’urgence à une centaine de camps de personnes déplacées, représentant 125 000 familles, et en distribuant plus de 233 000 bâches. 


Par ailleurs, Mme Gédéon a expliqué que la Croix-Rouge haïtienne mettait en place actuellement la deuxième phase de son plan d’action en se préparant à la saison des ouragans.  La Fédération, a-t-elle poursuivi, identifie actuellement les collectivités et les camps à risque, afin d’installer des systèmes d’alerte efficaces, notamment en vue de prévenir les conséquences négatives des ouragans, des inondations et des épidémies.  Mme Gédéon a insisté sur l’importance de la transition qui ne peut avoir lieu sans une étroite coopération et entre les pouvoirs publics et les ONG.  « Le rôle des organisations humanitaires est de subvenir aux besoins d’urgence à court terme, et non de se substituer aux pouvoirs publics à long terme », a-t-elle dit. 


La représentante a, par ailleurs, invité l’État haïtien à prendre en charge la situation sur le terrain le plus tôt possible, afin de faciliter la transition à long terme.  Elle a ajouté qu’au cours de la phase de transition, la question de la sécurité est essentielle, notamment pour permettre aux organisations humanitaires d’avoir accès aux victimes et aux personnes les plus vulnérables.  La question du passage de la phase des secours à celle de l’aide au développement ne peut réussir sans une coopération et « la passation des interventions en cours sur le terrain entre les ONG et les acteurs étatiques », a-t-elle dit.  Toutefois, pour que cette transition réussisse, « il est essentiel que le Gouvernement haïtien dispose des ressources nécessaires », a indiqué Mme Gédéon.


M. PAUL FARMER, Envoyé spécial adjoint des Nations Unies pour Haïti, a souligné que les autorités publiques haïtiennes, de même que la population haïtienne, devraient jouer un rôle accru dans la reconstruction du pays.  M. Farmer a rappelé qu’avant même le séisme, lui-même et M. Voltaire avaient déjà lancé un appel dans le même sens, ainsi que pour une création massive d’emplois en faveur des pauvres.  Rappelant qu’il était médecin de formation, M. Farmer a précisé qu’il avait travaillé après le séisme en cette qualité.  Il a précisé que les leçons qu’ils avaient tirées du séisme étaient largement dues à ses patients.  Il a présenté une vidéo de la situation médicale juste après le séisme, avant de rappeler qu’au lendemain du séisme, la plupart des hôpitaux avaient, comme les autres infrastructures, été détruits.  Il faudra non seulement reconstruire, mais aussi former les personnes pour remplacer toutes les compétences perdues, a-t-il affirmé.


M. Farmer a expliqué que le problème le plus difficile était celui du logement et des abris, et a dit craindre qu’il ne s’aggrave encore.  Illustrant son propos de nombreuses photos, il a indiqué qu’il s’était attendu à une augmentation du nombre de réfugiés dans les camps, mais pas au rythme auquel elle a eu lieu.  Si tout le monde vient dans les camps, a-t-il dit, c’est parce qu’on espère y trouver les services essentiels.  M. Farmer a rappelé que l’immense majorité des contributions annoncées n’avait pas été versée.  Il faut que l’argent parvienne aux mains des Haïtiens grâce à la création d’emplois, a-t-il ajouté.  Il faut maintenant créer des emplois, des écoles, pour permettre à chacun d’avoir accès aux services de base.  Plus on leur offrira de tels services dans des zones non menacées par les séismes, mieux cela vaudra, a-t-il affirmé.


M. NIGEL FISHER, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour Haïti et Coordonnateur résident par intérim des Nations Unies en Haïti, a regretté que la situation qui prévaut actuellement en Haïti soit la même que celle du 12 janvier dernier alors que le pays est entré dans une phase de transition.  « Cette catastrophe, qui a frappé la partie la plus pauvre de l’hémisphère Nord, n’a toutefois pas débuté le 12 janvier dernier », a rappelé M. Fisher.  Le séisme a frappé un État fragile qui était confronté à de nombreux défis liés au développement du pays et à la pauvreté de la population, a-t-il ajouté.  « L’acuité du problème qui frappe ce pays », a dit le représentant, « est liée à une pénurie de logements et notamment de constructions solides ».  M. Fisher a, par ailleurs, souligné l’intervention rapide de la communauté internationale, sans laquelle la réouverture de l’aéroport et de certaines infrastructures telles que les écoles n’aurait été possible.  Depuis, beaucoup d’Haïtiens ont repris le chemin du travail.  « La relance économique après le séisme est possible à condition que la communauté internationale poursuive ses efforts », a-t-il estimé. 


Par ailleurs, M. Fisher a rappelé que ce pays avait « connu de nombreux plans de développement au cours de la dernière décennie », faisant remarquer que cette fois le « défi était de faire de ce plan d’action un plan opérationnel ».  Il a poursuivi son propos en expliquant que les Haïtiens parlaient principalement de « travail » et « d’école ».  Il faut, a insisté M. Fisher, « créer une croissance économique et cela est un enjeu pour le pays le plus pauvre de cette partie de l’hémisphère Nord ».  Le Représentant spécial adjoint a ensuite énuméré les nombreux défis à relever en matière d’éducation, de lutte contre l’insécurité, de justice et de police.  Concernant les femmes du pays, « considérées comme les chefs de famille », il a estimé qu’il faudrait améliorer leur condition et leur permettre de participer plus activement à la reconstruction du pays, a-t-il ajouté.  Concluant son propos, le représentant a noté que la question de la reconstruction est indispensable et devrait se faire de manière « concertée et durable », en évitant de revenir à la « situation qui prévalait en Haïti le 12 janvier dernier, celle avant le séisme ».


M. NIGEL FISHER, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général pour Haïti et Coordonnateur résident par intérim des Nations Unies en Haïti, a regretté que la situation qui prévaut actuellement en Haïti soit la même que celle du 12 janvier dernier alors que le pays est entré dans une phase de transition.  « Cette catastrophe, qui a frappé la partie la plus pauvre de l’hémisphère Nord, n’a toutefois pas débuté le 12 janvier dernier », a rappelé M. Fisher.  Le séisme a frappé un État fragile qui était confronté à de nombreux défis liés au développement du pays et à la pauvreté de la population, a-t-il ajouté.  « L’acuité du problème qui frappe ce pays », a dit le représentant, « est liée à une pénurie de logements et notamment de constructions solides ».  M. Fisher a, par ailleurs, souligné l’intervention rapide de la communauté internationale, sans laquelle la réouverture de l’aéroport et de certaines infrastructures telles que les écoles n’aurait été possible.  Depuis, beaucoup d’Haïtiens ont repris le chemin du travail.  « La relance économique après le séisme est possible à condition que la communauté internationale poursuive ses efforts », a-t-il estimé. 


Par ailleurs, M. Fisher a rappelé que ce pays avait « connu de nombreux plans de développement au cours de la dernière décennie », faisant remarquer que cette fois le « défi était de faire de ce plan d’action un plan opérationnel ».  Il a poursuivi son propos en expliquant que les Haïtiens parlaient principalement de « travail » et « d’école ».  Il faut, a insisté M. Fisher, « créer une croissance économique et cela est un enjeu pour le pays le plus pauvre de cette partie de l’hémisphère Nord ».  Le Représentant spécial adjoint a ensuite énuméré les nombreux défis à relever en matière d’éducation, de lutte contre l’insécurité, de justice et de police.  Concernant les femmes du pays, « considérées comme les chefs de famille », il a estimé qu’il faudrait améliorer leur condition et leur permettre de participer plus activement à la reconstruction du pays, a-t-il ajouté.  Concluant son propos, le représentant a noté que la question de la reconstruction est indispensable et devrait se faire de manière « concertée et durable », en évitant de revenir à la « situation qui prévalait en Haïti le 12 janvier dernier, celle avant le séisme ».


M. ALFREDO LAZARTE, Directeur du programme « ILO CRISIS » de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a souligné que les jeunes de 15 à 24 ans étaient les plus touchés par le chômage, qui s’est aggravé depuis le séisme.  Près de 11 millions de jours travaillés ont été perdus à cause du tremblement de terre, a-t-il dit, précisant que les secteurs d’activités les plus touchés étaient ceux de l’éducation, la santé, les transports et le tourisme. 


Dans un tel contexte marqué par l’augmentation de la pauvreté et de la vulnérabilité des groupes défavorisés et la faiblesse des capacités institutionnelles de relèvement, a souligné M. Lazarte, il est crucial de mettre l’accent sur la fourniture d’emplois décents pour tous.  Les travailleurs haïtiens ont besoin d’un emploi durable qui leur permette de reconstruire leur vie et celle de leur famille, a-t-il ainsi estimé.  Prônant une approche complète, basée sur des investissements publics propices à la création d’emplois à moyen et long termes, M. Lazarte n’a pas manqué de souligner la nécessité de répondre aux besoins spécifiques des femmes et des milliers de personnes qui sont devenues handicapées à la suite du séisme. 


Il a aussi attiré l’attention sur les petites et moyennes entreprises de l’économie informelle qui, en période de reconstruction, peuvent, dans le secteur du bâtiment par exemple, embaucher de nombreux travailleurs locaux.  M. Lazarte a également plaidé pour que les donateurs aident à introduire, dès les phases de relèvement, les technologies « vertes », en vue de moderniser le marché du travail en Haïti et de relancer une agriculture respectueuse de l’environnement.  L’OIT appelle la communauté internationale à souligner que tous les employeurs, du secteur privé comme du secteur public, doivent assurer des conditions de travail décentes au cours du processus de reconstruction, a ensuite déclaré le Directeur d’« ILO CRISIS ».  Il a rappelé que le coût de la vie s’était envolé depuis le séisme, ce qui exige que les salaires soient ajustés à cette évolution. 


Débat


Lors du débat, plusieurs représentants ont rendu hommage au peuple haïtien pour son courage dans cette situation difficile et fait part de leur solidarité.  Plusieurs délégations, comme celle du Venezuela, d’Israël et de l’Argentine, ont en outre rappelé la contribution de leur pays à l’aide internationale pour Haïti.


Certains intervenants se sont inquiétés de la capacité de l’État à coordonner, avec l’appui des Nations Unies, l’aide internationale et, notamment les ONG, le représentant de la Chine rappelant que Port-au-Prince était parfois surnommée « capitale mondiale des ONG ».  Le représentant de l’Union européenne a estimé que, compte tenu du nombre des donateurs, la coordination jouait un rôle fondamental.  Sa délégation, a-t-il dit, appuie vigoureusement le rôle de coordination des Nations Unies.  M. Fisher a déclaré que la majorité des grandes ONG internationales, qui obtiennent l’essentiel des financements internationaux,  s’engagent à agir de manière responsable dans un cadre dirigé par les Haïtiens et doivent respecter les normes internationales.  Pour lui, la difficulté vient plutôt de la présence de milliers de très petites ONG qu’il est difficile d’intégrer dans ce cadre.  Mme Gédéon a répété qu’elle allait travailler pour Haïti, mais aussi avec Haïti.


Le représentant du Maroc ayant demandé ce qui était fait en termes d’assistance psychologique, qu’il a jugée déterminante, Mme Gédéon a expliqué qu’il n’y avait pas de tradition de soutien psychologique extérieur en Haïti mais que, compte tenu de l’ampleur de la catastrophe, une telle assistance était apparue nécessaire et que de nombreuses organisations apportaient une telle aide.  M. Farmer a parlé, à propos des services d’assistance psychologique, d’une « république d’ONG ».


Au représentant du Bangladesh, qui avait demandé comment les risques de corruption qui accompagnent ce genre de catastrophes et l’aide qui s’ensuit  étaient gérés par le Gouvernement haïtien et la communauté internationale, M. Voltaire a expliqué que la Commission intérimaire pour la reconstruction était composée à parité de parties haïtiennes et des principaux pays donateurs, et qu’elle disposait d’un site Internet qui affichera les projets de reconstruction, les contrats et leurs montants, et les prestataires de service.  Cet esprit de transparence est le meilleur moyen de lutter contre la corruption, a-t-il affirmé.


La représentante du Venezuela a demandé s’il ne serait pas plus efficace, dans le cadre de la reconstruction, d’investir dans un État plus compétent mieux à même de fournir des services de base décents à sa population et, notamment aux plus pauvres.  Il a rappelé que, depuis 2007, des projets de développement étaient menés en Haïti par une commission tripartite Cuba-Haïti-Venezuela, à laquelle M. Farmer a rendu hommage. 


La représentante de la Norvège a estimé que l’un des problèmes fondamentaux était celui de la protection, notamment celle des femmes et enfants.  M. Fisher a expliqué que des mesures de protection à court terme avaient été prises dans les  camps de personnes déplacées, mais a ajouté que ces violences résultaient de l’inégalité entre les sexes dans la société haïtienne.  Pour lui, il y a des questions sous-jacentes à traiter, comme la faiblesse du droit.  Tant que les hommes pourront abuser des femmes sans crainte de sanctions, il n’y aura pas de réelle protection possible, a-t-il affirmé.


Le représentant d’Israël, tout en prenant note de la construction des camps de réfugiés, a demandé à quel stade de la reconstruction se trouvait actuellement le pays.  Il a estimé que celle-ci ne pourrait commencer que lorsque serait réglée la question de l’évacuation des débris de logements.


Le représentant de l’Union européenne a estimé, pour sa part, qu’une évaluation des progrès était nécessaire. Il a mis l’accent sur la nécessité d’évaluer rapidement les besoins pour l’avenir, tout en reconnaissant qu’exiger une évaluation précise risquait de retarder l’envoi de l’aide. Il a aussi tiré du cas haïtien des enseignements relatifs au préstockage des besoins en assistance humanitaire.  Il a fait observer que les secours les plus rapides étaient venus de stocks prépositionnés en République dominicaine ou dans des pays proches.  Il a cependant noté que de gros goulots d’étranglement avaient été mis en lumière au niveau de l’acheminement de cette aide.


M. LESLIE VOLTAIRE, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, Envoyé spécial du Gouvernement d’Haïti auprès du Secrétaire général des Nations Unies, a remercié l’ECOSOC pour la tenue de ce débat sur Haïti.  Rappelant que le peuple et le Gouvernement d’Haïti avaient reçu le mois dernier, pour la première fois depuis le séisme, les membres du Groupe consultatif sur Haïti, il a estimé que cette visite avait sans doute renforcé davantage la chaîne de solidarité dont a bénéficié le pays, et donné un surcroît d’espoir.  Le rapport du Groupe consultatif fait un bilan de tous les défis anciens et nouveaux que doit affronter Haïti, a-t-il estimé.  L’aide internationale, a-t-il ajouté, est indispensable pour les relever et Haïti a besoin de beaucoup de voix pour plaider en sa faveur et faire connaître sa situation, qui ne doit jamais être oubliée.  M. Voltaire, qui s’est dit favorable à un renforcement du mandat du Groupe consultatif sur Haïti, a sollicité la prorogation de ce mandat afin de permettre au Groupe consultatif de suivre la situation et de présenter régulièrement des recommandations sur la stratégie de développement à long terme qu’il convient d’adopter.


Débat général


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a déclaré que l’objectif de tous les pays était d’avancer vers un meilleur niveau de développement, et de meilleures conditions de vie  pour leur population.  Le peuple et le Gouvernement haïtiens, a-t-il affirmé, doivent pouvoir bénéficier des services nécessaires à l’amélioration du niveau de vie de la population.  Il a jugé en outre qu’il était nécessaire d’assurer au pays des mesures de sécurité durable, ainsi qu’une stabilité démocratique, marquée notamment par des élections.  Le plan d’action pour le relèvement et le développement présenté par le Gouvernement d’Haïti est la feuille de route en la matière et la Commission intérimaire en est un élément important, a-t-il estimé.  Le représentant a souhaité que l’ECOSOC puisse contribuer comme il convient aux efforts de la communauté internationale pour aider Haïti.  


Mme REGINAMARIA CORDEIRODUNLOP(Brésil) a rappelé que, six mois après le séisme, les défis sur le terrain et les besoins restaient gigantesques.  Elle s’est félicitée des promesses de contributions, tout en soulignant qu’elles devraient être tenues.  Le Brésil, quant à lui, a décaissé les fonds promis lors de la Conférence d’annonces de contributions du 31 mars dernier, a-t-elle assuré.  La représentante a également affirmé que le système des Nations Unies devrait jouer un rôle clair pour assurer une transition adéquate et la coordination de l’assistance internationale.  Elle a estimé que la MINUSTAH continuait de jouer un rôle important pour assurer la stabilité et l’état de droit et devrait bénéficier des ressources nécessaires.  Elle a déclaré que le Groupe consultatif sur Haïti pourrait être renforcé et a appuyé les recommandations du Groupe figurant dans son rapport.  Elle a jugé la stabilité politique essentielle pour la reconstruction et a appuyé les intentions du Gouvernement haïtien de tenir des élections générales à la fin du mois de novembre afin de reconstituer le Parlement et de tenir une élection présidentielle en février 2011.


Questions de coordination, questions relatives au programme et autres questions: Programme à long terme d’aide à Haïti 


M. JOHN MCNEE, Représentant permanent du Canada et Président du Groupe consultatif de l’ECOSOC sur Haïti, présentant le rapport (E/2010/CRP.5), a rappelé que le Groupe consultatif s’était rendu récemment en Haïti pour évaluer la situation économique et sociale sur le terrain et la coordination de l’aide internationale.  L’ampleur de la dévastation a été sans précédent et c’est pourquoi, l’assistance humanitaire demeure nécessaire, a-t-il dit.  La reprise est lente et la reconstruction n’est aujourd’hui qu’au stade de la « planification », a-t-il ajouté. 


Le représentant a expliqué que malgré des aspects encourageants, la situation sur le terrain reste préoccupante,  notamment à l’approche de la saison des ouragans.  « Cette situation difficile appelle à un leadership de la part du Gouvernement haïtien ».  La transition sur le terrain ne peut réussir sans l’intervention du Gouvernement et « d’un effort accru de la communauté internationale », a-t-il estimé.  À cet égard, le processus électoral est important, a-t-il dit.  « La tenue d’élection en Haïti est une question très préoccupante et le Président Préval a publié un décret contenant les dates du prochain scrutin afin d’en assurer sa bonne organisation », a-t-il ajouté. 


M. McNee a ensuite énuméré les défis rencontrés par la population haïtienne afin de faire face à la reconstruction de son pas.  Il a toutefois noté que le nombre de bailleurs de fonds restait pour l’instant en deçà des attentes.  Dans cet environnement difficile, l’aide internationale est indispensable, a-t-il dit.  Si l’aide internationale est mise en œuvre de façon satisfaisante, elle sera un levier pour le développement d’Haïti, a-t-il poursuivi.  Il a rappelé que le pays était à la croisée des chemins.  « Le Groupe consultatif estime aujourd’hui que les conditions pour jeter les bases d’un développement sont aujourd’hui réunies et il convient de saisir cette opportunité », a précisé M. McNee.


M. GONZALO GUTIÉRREZ (Pérou) a indiqué que sa délégation qui fait partie du Groupe consultatif pour évaluer la situation en Haïti a effectué une visite dans le pays du 16 au 19 juin dernier.  Cette visite, a-t-il poursuivi, nous a permis d’évaluer la situation sur le terrain et d’avoir une meilleure compréhension des besoins afin de les mesurer.  À cet égard, a-t-il dit, l’aide de la coopération internationale demeure indispensable.  Le représentant a estimé que les conditions sont aujourd’hui réunies pour jeter les bases d’un développement et c’est pourquoi, la communauté internationale doit appuyer cet effort de transition.  M. Gutiérrez a également indiqué que le travail des organisations non gouvernementales sur le terrain était nécessaire et qu’elles devraient poursuivre leurs efforts de coopération avec le Gouvernement haïtien afin de faciliter la mise en place du plan national de reconstruction.  


M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin), rappelant qu’il avait participé à la visite du Groupe consultatif en Haïti, en juin dernier, a noté que la situation sur le terrain est devenue plus complexe depuis février 2010.  Il a appelé les bailleurs de fonds internationaux à prendre en compte cette complexité tout en gardant à l’esprit l’opportunité nouvelle qui s’ouvre pour le pays.  Si l’assistance est mise en œuvre de façon efficace, le pays sera mieux équipé pour répondre aux défis auxquels il est confronté, a-t-il estimé.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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