ECOSOC: une table ronde fait le point sur les rôles respectifs des Nations Unies et du G-20 dans la gouvernance économique mondiale
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Conseil économique et social
Session de fond de 2010
25e et 26e séances – matin & après-midi
ECOSOC: UNE TABLE RONDE FAIT LE POINT SUR LES RÔLES RESPECTIFS DES NATIONS UNIES
ET DU G-20 DANS LA GOUVERNANCE ÉCONOMIQUE MONDIALE
Le Conseil achève son débat consacré à l’examen des questions de coordination
Une table ronde organisée aujourd’hui par le Conseil économique et social sur le thème de la « Gouvernance économique mondiale » a été largement consacrée aux rôles respectifs des Nations Unies et du G-20, à leur souhaitable coopération, et aux risques de concurrence entre une organisation mondiale jugée représentative et légitime, mais lente à réagir, et un « club » restreint de membres cooptés parfois jugé non démocratique, mais dont l’efficacité et la rapidité de réaction face aux évènements ont été reconnues.
Par ailleurs, le Conseil a achevé son débat consacré à l’examen des questions de coordination, et la délégation du Yémen, agissant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a présenté un projet de résolution relatif au Pacte mondial pour l’emploi.
Lors de la table ronde, tant le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, que le Représentant permanent de Singapour auprès des Nations Unies, M. Vanu Gopala Menon, ont fait observer que l’essentiel de la réaction face à la crise économique et financière mondiale avait été le fait du G-20, qui a sans doute évité au monde une profonde dépression économique et financière. Mais certains y ont vu le signe qu’une direction limitée était nécessaire pour obtenir une réaction efficace, face aux pesanteurs de l’Organisation mondiale. Il en résulte un risque de concurrence entre les Nations Unies, perçues comme étant la voix de la communauté des nations et le seul organe mondial dont la légitimité est indiscutée et apte à prendre des décisions contraignantes, et un G-20, qualifié de « club à la composition restreinte et cooptée », qui exclut 85% des pays du monde et un tiers de sa population. Lors du débat, certains intervenants, à l’image du représentant du Venezuela, ont dénoncé ce caractère non démocratique du G-20, tandis que la délégation du Népal, parlant au nom des pays les moins avancés, affirmait que celui-ci ne pourrait pas apporter de contribution utile sans la participation des pays ayant le plus de problèmes.
MM. Sha Zukang et Meron ont donc plaidé pour une meilleure coopération entre les deux institutions, coopération que le représentant de Singapour a jugée actuellement « au stade de la simple ébauche ». Celui-ci a aussi plaidé pour une réforme de l’ONU qui permette de lui conférer un rôle plus efficace dans la gouvernance économique mondiale. Pour sa part, M. Michael Green, commentateur économique sur les finances mondiales, qui s’est présenté comme étant « un capitaliste sans remords », a estimé que le G-20 était appelé à jouer un rôle particulier pour régler les déséquilibres actuels du fait qu’il n’existe pas actuellement de grand pays créancier qui garantisse la stabilité du système en place. M. Green a toutefois estimé que le G-20 semblait plus enclin à s’entendre sur un statu quo que sur de véritables réformes fondamentales. Estimant que l’ONU pouvait jouer un rôle important en mobilisant les contributions intellectuelles sur ces nécessaires réformes, il a affirmé que « c’est l’ONU qui doit aller au G-20, et c’est à l’ONU de prendre des initiatives, pour influer les décisions du G-20 ».
Le Conseil avait auparavant poursuivi son débat consacré à l’examen des questions de coordination.
Dans ce cadre, le Yémen avait présenté, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, un projet de résolution aux termes duquel le Conseil économique et social se féliciterait que le Pacte mondial pour l’emploi, document adopté par l’Organisation internationale du Travail qui vise à promouvoir une sortie de crise créatrice d’emplois et une croissance durable, offre un cadre général dans lequel chaque pays peut arrêter un train de mesures adaptées à sa situation et à ses priorités propres, et il encouragerait les États Membres à poursuivre les efforts déployés pour assurer la mise en œuvre et l’application du Pacte. Le Conseil prendrait également note avec satisfaction des mesures prises par le système des Nations Unies pour le développement pour assurer la promotion du Pacte et inviterait à nouveau les pays donateurs, les institutions multilatérales et les autres partenaires du développement à assurer un financement, y compris des ressources de crise existantes, en vue de la mise en œuvre de ces recommandations et orientations. L’ECOSOC se prononcera sur ce projet de résolution en début de semaine prochaine.
Comme l’a fait observer le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, le débat sur les questions de coordination, qui s’est achevé cet après-midi, a été largement consacré aux questions de santé publique, dans le cadre du suivi de la Déclaration ministérielle de 2009. Rappelant que les OMD relatifs à la santé ne pourront pas êtres atteints d’ici à 2015 sans une action concertée de toutes les parties prenantes, M. Sha a invité les États à adresser un signal fort à ce sujet au Sommet sur les OMD de septembre 2010. De fait, lors du débat, plusieurs intervenants ont rappelé, à l’instar du représentant de l’Inde, que trois des OMD concernaient la promotion de la santé, mais qu’ils étaient aussi ceux pour lesquels les progrès enregistrés avaient été les plus faibles.
Le débat a aussi porté sur le suivi de la Conférence internationale sur le financement du développement. Pour la Belgique, qui intervenait au nom de l’Union européenne, toutes les ressources en faveur du développement doivent être utilisées de manière efficace. La représentante belge a donc demandé à tous les donateurs, traditionnels ou émergents, de fournir leur aide publique au développement d’une manière qui soit en conformité avec les Principes de Paris et la Déclaration d’Accra. Elle a aussi rappelé que la mobilisation des ressources nationales restait essentielle à la fourniture de biens publics et pour la redistribution de la richesse, ainsi que pour la « redevabilité » des gouvernements, qui doivent rendre compte à leurs citoyens.
Demain vendredi, à 10 heures, le Conseil économique et social entamera son débat consacré aux activités opérationnelles (point 3 de son ordre du jour).
DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS DE COORDINATION
Application et suivi des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies: Suite donnée à la Conférence internationale sur le financement du développement
Table ronde sur le thème « Gouvernance économique mondiale »
Présidée et animée par M. MORTEN WETLAND (Norvège), Vice-Président du Conseil économique et social, la table ronde avait pour intervenants M. Sha Zukang, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales; Vanu Gopala Menon, Représentant permanent de Singapour auprès de l’Organisation des Nations Unies, et M. Michael Green, Commentateur économique sur les finances mondiales, le développement international et la philanthropie.
Présentations liminaires
Après avoir rappelé qu’il n’était pas un économiste, M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, qui a demandé qui, aujourd’hui, pourrait réellement se prétendre qualifié face au marasme de l’économie mondiale, a fait observer que le monde ressent encore les contrecoups de la crise économique et financière mondiale et que les Nations Unies avaient mis en garde contre la fragilité de la reprise actuelle, qui est en outre inégale, et n’a pas compensé les pertes subies. Des dizaines de millions de personnes ont été jetées dans la pauvreté extrême. Le chômage et les emplois précaires restent à un niveau inacceptable et les gains difficilement acquis sur la voie de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement sont menacées, a-t-il rappelé. Les crises multiples –alimentaire, énergétique, climatique, financière et économique- ont aussi mis en lumière les faiblesses du système économique et financier. Quant à la mondialisation, elle a créé une interdépendance entre les pays beaucoup plus complexe qu’on ne s’y attendait, de nombreux pays en développement ont émergé en tant qu’acteurs puissants de l’économie mondiale. Les changements climatiques et démographiques vont venir encore plus modifier les données du développement mondial. Il est donc urgent de tenir compte de ces changements et de les intégrer dans nos structures et mécanismes de gouvernance mondiale, a poursuivi le Secrétaire général adjoint.
Nous pouvons trouver des éléments de confiance dans la réponse apportée à ce jour à la crise mondiale, a toutefois estimé M. Sha, car les gouvernements ont agi dans un esprit de multilatéralisme et ont largement évité de recourir à des mesures protectionnistes. Ils ont adopté des mesures de stimulation, alors que le FMI et la Banque mondiale procuraient des financements aux pays qui en avaient besoin. La plus grande partie de ces mesures ont été prises par le G-20, a observé M. Sha, qui l’a qualifié de « groupement coopté et informel qui représente une proportion importante de l’économie mondiale ». En outre, les dirigeants du G-20 ont réformé les facilités de prêt des institutions de Bretton Woods et supprimé la dette d’Haïti. Ils ont en outre consenti des efforts pour assurer une meilleure représentation des pays en développement au FMI et à la Banque mondiale et se sont engagés dans la réforme du système financier. Au total, la réaction du G-20 a été impressionnante, a estimé M. Sha, ajoutant que certains y avaient vu le signe qu’une telle direction limitée était nécessaire pour une action efficace. Il a cependant fait observer que 85% des pays du monde et un tiers de sa population n’avaient aucune voix au G-20. Pour M. Sha, il n’existe pas de compétition inévitable entre le G-20 et l’ONU, qui peuvent jouer des rôles complémentaires. Pour les deux organes, la légitimité et l’efficacité ne devraient pas s’exclure. Le Secrétaire général a souligné cette idée de complémentarité, a rappelé M. Sha.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a ensuite mis l’accent sur le rôle de l’ONU dans la gouvernance économique, en rappelant que le fait que la composition de l’Organisation soit pratiquement universelle rendait également universelles ses décisions et ses préoccupations. Pour M. Sha, l’ONU peut tenir ses promesses. Il a vu dans le Consensus de Monterrey et la Déclaration de Doha deux exemples de la contribution significative de l’ONU à un système économique mondial qui doit devenir plus équitable. Les travaux de recherche et d’analyse menés par le personnel des Nations Unies portent sur l’impact, à court comme à long termes, des politiques économiques, a-t-il en outre rappelé. Le caractère universel des Nations Unies et leur force institutionnelle confèrent une grande valeur à leurs délibérations, à leurs activités de recherche et à leurs activités opérationnelles, a encore affirmé M. Sha.
Estimant qu’il était possible que, dans l’avenir, le G-20 ne se limite plus à la gestion de la crise et s’intéresse à des aspects plus larges de la gouvernance économique mondiale, le Secrétaire général adjoint a ajouté que, dans ce cas, le G-20 se pencherait alors sur des questions dont l’ONU est déjà saisie. Il a jugé très important que les Nations Unies et le G-20 collaborent à tous les niveaux à la mise en place d’une gouvernance économique plus efficace, avant de s’interroger sur les modalités de cette collaboration. Il s’est également demandé s’il fallait créer de nouvelles structures de gouvernance économique au sein des Nations Unies ou renforcer les fonctions de coordination de l’ECOSOC. Il a enfin suggéré la création d’un petit groupe représentatif au sein des Nations Unies qui se réunirait au sommet de manière annuelle en marge des réunions de l’Assemblée générale et pourrait s’appuyer sur des réunions ministérielles informelles tenues une ou deux fois par an.
M. VANU GOPALA MENON, Représentant permanent de Singapour auprès des Nations Unies, a estimé que le G-20 avait assumé pendant la crise un rôle de plus en plus actif pour mobiliser l’action internationale, et a rappelé qu’on considère en général que les mesures qu’il a prises ont évité une dépression mondiale. Toutefois, le fait que le G-20 ait pu éviter cette récession sans s’occuper réellement de ce que faisaient les Nations Unies a soulevé des questions, y compris celle de la capacité des Nations Unies à réagir aux défis majeurs de l’époque actuelle.
Les États Membres sont certainement préoccupés par la montée en puissance du G-20, a poursuivi M. Menon, qui a demandé à ce qu’on analyse bien son action. Il a notamment estimé que l’action du G-20 dans le domaine du commerce mondial laissait beaucoup à désirer, expliquant qu’il avait certes appelé à éviter les mesures protectionnistes, mais que plusieurs de ses membres avaient aussitôt après pris des mesures de cette nature. Rappelant que les membres du G-20 représentent 85% du commerce mondial, il a ajouté que le groupe devrait donc être en mesure de galvaniser les négociations de Doha. Or, ce n’est pas le cas, s’est-il étonné.
M. Menon a toutefois jugé positif que le G-20 commence à accorder davantage d’importance aux questions de développement et ait pris des mesures en sa faveur. Il s’est notamment félicité de son action pour recapitaliser les banques internationales de développement. Il a souhaité qu’il en résulte entre le G-20 et les Nations Unies une amélioration de la relation qui doit les lier, et qu’il a jugée actuellement « au stade de la simple ébauche ». Il a toutefois estimé que ce sont les Nations Unies qui restent le mieux placées pour diriger les efforts en faveur du développement, et que le rôle du G-20 devrait être complémentaire.
L’ONU a ses propres forces, a rappelé M. Menon. Elle est perçue comme accordant à chacun une place, comme représentant la voix de la communauté des nations et comme le seul organe mondial dont la légitimité n’est pas mise en question. Elle est dotée d’une Charte, peut prendre des décisions contraignantes, contrairement au G-20, lequel, en tant que club à la composition restreinte et aux ambitions limitées, a besoin des Nations Unies pour rendre ses décisions légitimes. Or, les Nations Unies sont aujourd’hui réticentes, ne serait-ce qu’à mentionner le G-20 dans leurs résolutions. Ne parlons même pas d’une pas d’une éventuelle mise en œuvre des recommandations du G-20 par les États Membres de l’ONU, a fait observer le représentant. Cependant, en dépit de son mandat et de ses ressources intellectuelles, l’ONU risque d’être laissée de côté si elle n’utilise pas son potentiel de direction, a poursuivi M. Menon. C’est pourquoi le groupe informel 3G (« Global Gouvernance Group », ou « Groupe pour la gouvernance mondiale »), dont Singapour est partie, insiste sur la nécessité pour les Nations Unies et leur Secrétaire général d’apporter des contributions importantes en termes d’idées lors des Sommets du G-20, car la collaboration entre les deux entités semble être à double sens, a-t-il affirmé.
M. Menon a donc estimé que la réforme des Nations Unies est particulièrement nécessaire dans le contexte actuel, même s’il est difficile de mettre 192 pays en mouvement. Le moment est venu pour les États de montrer comment l’ONU peut améliorer ses processus internes pour avoir davantage d’influence sur la gouvernance économique mondiale, a ajouté le représentant, qui a estimé que le rôle aujourd’hui éminent du G-20 pourrait bien dans l’avenir s’effacer, comme cela avait été le cas après que la crise financière asiatique de 1997 se soit estompée. En revanche, si les Nations Unies ne saisissent pas cette occasion pour se réformer, elles se retrouveront prises à contrepied par un quelconque autre groupe mondial opportuniste lorsque surgira la prochaine crise, a conclu M. Menon.
M. MICHAEL GREEN, Commentateur économique sur les finances mondiales, le développement international et la philanthropie, s’est présenté comme étant « un capitaliste sans remords » parce que « le capitalisme est le seul modèle économique qui soit à notre disposition ». Il a dit que la récente crise économique et financière était aussi une crise intellectuelle pour tous ceux qui défendent le capitalisme. Il a estimé utile de voir comment les marchés se remettent des crises et comment trouver un bon équilibre entre les mesures de stimulation et les mesures d’austérité budgétaire. Une des principales sources de l’instabilité vient du fait que les banques ont prêté des fonds à des gens qui ne peuvent pas les rembourser. Pour assurer une plus grande stabilité financière, il faut faire des progrès sur le front des échanges, conclure les négociations commerciales du Cycle de Doha, et régler la question du dollar comme monnaie internationale de référence, a estimé M. Green. S’agissant des échanges, il a dit qu’il était tout à fait regrettable que des populations pauvres des pays du Sud financent les dépenses des consommateurs des pays riches.
L’historique de la coordination économique mondiale est assez regrettable, a dit M. Green, en estimant que la Conférence de Bretton Woods de 1944 a été néanmoins moins imparfaite que les Conférences de 1878 ou 1933. En 1944, les choses étaient plus faciles, car le seul pays créancier, les États-Unis, a pu dicter sa loi aux autres. Parce qu’il n’y a pas de grand pays créancier qui garantisse la stabilité du système, le G-20 a un rôle particulier à jouer pour régler les déséquilibres actuels. Or le G-20 semble plus enclin à s’entendre sur un statu quo que sur de véritables réformes fondamentales qui pourraient être apportées au système financier international, a estimé Michael Green. Il a dit que le système axé sur l’utilisation du dollar comme monnaie de référence prendra fin un jour et peut même s’effondrer du jour au lendemain. L’ONU peut jouer un rôle important en mobilisant des contributions intellectuelles sur ce débat, a-t-il insisté.
Débat interactif
Au cours du débat qui s’est tenu sur le thème de la « Gouvernance économique mondiale », de nombreuses interventions ont noté la nécessité d’assurer une complémentarité entre le G-20 et l’ONU. À l’instar du représentant du Maroc, plusieurs délégations ont estimé qu’il fallait officialiser la contribution du G-20 à la relance de l’économie mondiale et à la sortie de crise, tout en soulignant que le G-20 reste un organisme ad hoc. Il faut allier la légitimité internationale de l’ONU et l’efficacité du G-20, ce dernier rassemblant des pays qui génèrent la part la plus importante de l’économie mondiale, ont dit plusieurs délégations. Un certain nombre d’entre elles ont mis l’accent sur la nécessité de réfléchir aux moyens de rendre l’ONU, et l’ECOSOC en particulier, aussi efficace que le G-20 dans les réponses et les solutions à fournir aux crises. D’autres ont estimé que l’ONU n’avait pas utilisé toutes les opportunités que lui offrent ses différents mandats pour réagir à la crise économique et financière mondiale. Un consensus s’est dégagé sur le fait que la volonté des 192 États Membres était déterminante pour avancer sur la question de la coopération internationale en matière économique, financière et de développement.
Dans ses remarques de clôture, le Vice-Président de l’ECOSOC a rappelé qu’un groupe de travail à composition non limitée de l'Assemblée générale poursuivait sa réflexion sur ces questions et devait produire un rapport prochainement.
« Parce que les pays parties au G-20 abritent aussi les plus grands centres financiers au monde, ce groupe a des avantages et des capacités de réaction que l’ONU n’a pas », a déclaré M. MENON (Singapour) en suggérant la mise en place de voies de communications officielles entre le G-20 et l’ONU pour assurer la meilleure coopération entre l’efficacité du G-20 et la légitimité dont jouit l’ONU. « À mon avis, c’est l’ONU qui doit aller au G-20, et c’est à l’ONU de prendre des initiatives, pour influencer les décisions du G-20 », a pour sa part estimé M. GREEN, Commentateur économique sur les finances mondiales, en insistant que le G-20, qui représente une grande partie de l’économie mondiale, a un rôle important à jouer en matière de régulation et de règlementation pour faire en sorte que les banques ne prennent pas trop de risques en se lançant dans la création et l’usage de produits financiers trop dérivés et qu’elles aient assez de fonds dans leurs propres réserves.
« Il faut régulariser, systématiser et officialiser les relations entre le G-20 et l’ONU en se demandant comment rendre l’ECOSOC plus efficace », a de son côté insisté M. SHA ZUKANG. « C’est au G-20 de venir voir l’ONU, car je ne peux pas imaginer l’inverse », a-t-il ajouté, en estimant qu’aucun groupe ad hoc ne pouvait se mesurer à l’ONU en terme de légitimité et de représentativité. Il a rappelé que la volonté politique de l’ONU n’était pas la volonté d’un seul pays ou d’un seul homme, mais la volonté commune des 192 États Membres, qui reflètent différentes volontés et préoccupations. M. Sha a rappelé que les décisions du G-20 servent d’abord les intérêts des 20 pays de ce groupe.
La représentante de l’Union européenne a pour sa part rappelé qu’il appartenait aux 192 États Membres de l’ONU de mettre en œuvre les recommandations de l’Organisation en saluant la volonté du G-20 de mettre en œuvre les OMD et de répondre aux attentes des PMA. La représentante a invité l’ONU à bien articuler sa contribution unique à la réponse à la crise.
La représentante de la France a indiqué que son pays aura à cœur, lors de sa présidence du G-8 et du G-20 en 2011, de renforcer les canaux de communication entre le G-20 et l’ONU dans le souci de parvenir à un nouvel ordre mondial s’appuyant sur la refondation de la gouvernance économique mondiale. Elle a souhaité l’adoption d’une approche plus équitable de la mondialisation qui s’appuie sur les trois piliers du développement durable que sont le développement économique, le développement social, et la protection de l’environnement.
Intervenant au nom des pays les moins avancés (PMA), le représentant du Népal a estimé que le G-20 ne pourra pas apporter de contribution utile sans la participation des pays qui rencontrent le plus de problèmes sur la scène économique mondiale. Sur le même ton, le représentant du Venezuela a estimé que le G-20 ne représentait pas tout le monde et ne servait pas les intérêts de tous les pays.
Le représentant de Maurice a fustigé la pratique adoptée par les banques qui prêtent des montants excessifs à des taux extrêmement élevés, ce qui contribue à mettre de nombreux pays en développement en difficultés. Le représentant du Mexique a dit que la participation de son pays au G-20 n’affecte pas le rôle joué par l’ONU dans le multilatéralisme. Il a rappelé que le G-20 n’a pas été créé en réponse à la crise, mais bien avant, il y a 10 ans. Comme le représentant de Maurice, il s’est demandé s’il ne serait pas judicieux de créer un véritable conseil économique international pour s’assurer que la réponse que s’efforce d’apporter l’ONU aux crises soit suffisamment rapide à l’avenir et soit basée sur des considérations pragmatiques.
La représentante de l’Indonésie a mis l’accent sur la nécessité d’apporter des réponses inclusives au niveau global pour que la communauté internationale puise faire face à la nature interdépendante de l’économie actuelle. Il faut que l’ONU ait un rôle plus actif dans le processus de prise de décisions du système financier international, a-t-elle insisté.
Si la représentante de l’Argentine a suggéré la mise en place de mécanismes permettant à l’ONU de répondre aux crises aussi rapidement que le fait le G-20, celui du Botswana a vanté les avantages d’une plus grande coopération entre les deux parties. L’officialisation d’une coopération entre le G-20 et l’ONU, permettra au G-20 de trouver une légitimité internationale en s’associant à l’ONU, et elle donnera en retour à l’ONU les moyens de gagner en efficacité, a-t-il préconisé. Il a fustigé les réflexes consistant à ne se reposer que sur les forces du marché en insistant sur la nécessité de trouver un équilibre entre ces forces et la mise en place des réglementations bancaires qui sont devenues nécessaires, comme l’a prouvé la récente crise.
S’agissant des questions relatives à la nécessité de mettre en place plus de réglementations, M. GREEN a utilisé une métaphore en expliquant que « bien que l’airbag soit une invention utile, le plus important est que l’on apprenne aux gens à mieux conduire quand ils sont au volant ». Il faut que les acteurs du marché apprennent à mieux gérer les risques, a-t-il insisté. Répondant à la proposition de la représentante de la Chine, qui a suggéré d’examiner la possibilité d’utiliser les droits de tirage spéciaux (DTS) comme nouvelle monnaie de référence internationale, M. Green a jugé plus approprié d’adopter un « panier de devises élargi » ou un DTS élargi. Il faut être vigilant et s’assurer que le G-20 n’outrepasse pas ses prérogatives, ont conclu MM. Vanu Gopala Menon et Sha Zukang, ce dernier rappelant que les pays du
G-20 avaient pris des mesures protectionnistes bien qu’ils se soient engagés, lors de la création du groupe, à ne pas le faire.
- Application et suivi des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies
- Le rôle du système des Nations Unies dans la mise en œuvre de la déclaration ministérielle issue du débat de haut niveau du Conseil tenu lors de sa session de fond de 2009
- Application des résolutions 50/227, 52/12 B, 57/270 B et 60/265 de l’Assemblée générale, y compris la résolution 61/16 (A/65/84–E/2010/90)
Avant la reprise du débat général, qui a débuté hier, M. THOMAS STELZER, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, a répondu aux commentaires exprimés hier sur le rapport annuel d’ensemble du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies (CCS) pour la coordination pour 2009/10 (E/2010/69). Il a notamment reconnu l’importance de renforcer le niveau de coordination entre le CCS et l’ECOSOC, dans le cadre de l’établissement de la transparence et du partage d’information.
Réagissant à cette intervention, le représentant de Cuba a estimé que le segment de l’ECOSOC sur les questions de coordination devrait pouvoir débattre plus avant des activités du CCS. Il a demandé à quelle date serait publié le rapport du Comité du programme et de la coordination (CPC), qui a passé un mois à débattre des questions de coordination. M. STELZER lui a répondu en annonçant que cela se fera à partir du 16 juillet prochain.
Suite et fin du débat général sur les questions de coordination
Mme OLHA KAVUN (Ukraine) a estimé que les questions de santé doivent être abordées comme un élément essentiel du développement durable. L’épidémie récente de grippe A H1N1 a démontré l’urgence d’agir dans la solidarité, a-t-elle aussi remarqué. C’est en œuvrant ensemble dans le cadre de partenariats constructifs qu’il est possible de fournir des soins de santé aux plus démunis, notamment en période de crise, a-t-elle estimé. En Ukraine, le Gouvernement a fait de la santé une priorité de sa politique sociale, a-t-elle indiqué, précisant que les objectifs de réduction des taux de mortalité maternelle et infantile, de la lutte contre le VIH/sida et la tuberculose sont au centre des politiques de l’Ukraine.
La représentante a ensuite félicité le rôle de chef de file que joue l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui agit de manière déterminée aux niveaux national, régional et international face aux nouvelles menaces. Elle l’a aussi remerciée d’avoir fourni une assistance humanitaire à l’Ukraine pendant l’épidémie de grippe à la fin de 2009. En ce qui concerne le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), elle a indiqué qu’il a fourni lui aussi une aide précieuse à l’Ukraine, pour l’aider à mettre en place des mesures préventives et à traiter le VIH. Enfin, elle s’est félicitée de la décision du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) de prolonger d’un an le programme de pays pour l’Ukraine.
M. RANDHIR JAISWAL (Inde) a rappelé que la promotion de la santé était partie à trois des huit OMD. Il a cité le lancement en 2005 d’une campagne visant à fournir des soins de santé primaire à des dizaines de millions d’individus. Il a indiqué que 28,5 millions de femmes indiennes avaient bénéficié de cette campagne. Il a dit que son pays avait eu l’honneur de partager son expérience en matière de santé avec d’autres pays en développement. L’Inde est aujourd’hui une source importante de médicaments génériques, fournis à des prix abordables, a-t-il insisté. Il a souhaité que le régimedesdroitsdepropriétéintellectuelle ne soit pas utilisé contre le droit de toutes les populations à accéder à la santé.
Mme GOMEZ DURAN (Argentine) a souligné les efforts déployés par son pays pour mettre en œuvre les OMD nos 4, 5 et 6, liés à la santé. Il a dit que l’Argentine s’est concentrée sur la réduction de la mortalité infantile et maternelle, ainsi que sur la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Grâce aux mesures prises, a-t-il dit, la mortalité infantile a été réduite de 50% entre 1990 et 2008 en Argentine. Pour ce qui est du taux de prévalence du VIH/sida, il cité une légère augmentation entre 2003 et 2007, tout en précisant que le chiffre atteint en 2007 en matière d’efforts de réduction était bien en deçà des objectifs fixés pour 2015.
M. OLIVIER CHAVE (Suisse) a rappelé que la Suisse, État hôte de l’OMS et de très nombreuses organisations gouvernementales et ONG du secteur de la santé, s’engage pour un effort accru de coordination et de cohérence dans le domaine de la santé mondiale. Cet effort, a-t-il expliqué, commence au plan national par une collaboration étroite entre les acteurs de la coopération au développement, des affaires étrangères et du Ministère de la santé, afin de mettre en œuvre une politique cohérente dans les diverses arènes internationales. M. Chave s’est dit bien conscient que le défi de la cohérence est autrement plus grand pour les pays bénéficiaires. C’est pourquoi il a salué les efforts des agences onusiennes pour coordonner et harmoniser les processus de financement, ainsi que des initiatives telles que H8, IHP+ et GAVI et le Fonds mondial, ou encore les efforts de coordination des Fonds et agences des Nations Unies dans le cadre de l’initiative « Unis dans l’Action ». De même, il a salué le travail de coordination dans la lutte contre les maladies spécifiques comme le projet « Three Ones » de l’ONUSIDA et a suggéré l’extension de tels mécanismes à d’autres domaines comme les soins de santé primaire ou le renforcement des services de santé.
Pour la Suisse, il n’existe pas d’instance intergouvernementale disposant d’une vision d’ensemble de tous les mécanismes de coordination. Ainsi, si elle reste l’organe de référence pour les questions techniques ou normatives liées à la santé, l’OMS est loin d’être la seule à agir sur le terrain. M. Chave a estimé que l’OMS devrait mieux refléter les réalités complexes de la santé mondiale en incluant mieux tous les acteurs majeurs, gouvernementaux ou non, afin de faciliter une bonne coordination dans la mise en œuvre des objectifs faisant l’objet d’un consensus international. Les efforts entrepris à Genève doivent avoir un écho à New York, a encore estimé le représentant, pour qui l’Assemblée générale et l’ECOSOC doivent traiter des questions de santé mondiale au plan politique. Les arènes de New York et de Genève doivent se compléter avantageusement afin d’offrir une plus grande visibilité à la santé en tant qu’enjeu de politique étrangère, a conclu M. Chave.
Mme PAULETTE BETHEL (Bahamas) a noté que de nombreux pays d’Afrique subsaharienne ont toujours des niveaux inacceptables de mortalité maternelle et infantile, et que beaucoup enregistrent encore une augmentation du taux de prévalence du VIH/sida. Elle a appelé à aider les pays qui en ont le plus besoin en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Les exigences accrues dans le domaine de la santé mondiale ne peuvent être prises en charge par le système des Nations Unies à lui seul, a-t-elle ensuite relevé, soulignant le rôle important que doivent jouer les partenaires du secteur privé pour combler les lacunes dans le financement du développement. Indiquant que son pays est durement touché par la pandémie de VIH/sida, Mme Bethel a cependant reconnu que, grâce au Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, et grâce au plan de santé des États-Unis, les Bahamas ont enregistré des progrès en termes de prévention du VIH/sida et de prestation de soins. La transmission de la mère à l’enfant a ainsi été réduite à moins de 2%, a-t-elle fait valoir. Mme Bethel a aussi mentionné les prévisions de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), selon laquelle, entre 2006 et 2015, les décès dus à des maladies non transmissibles augmenteront de 17% dans les Caraïbes. Cela pèse lourd dans les finances d’un pays comme les Bahamas, a-t-elle indiqué, avant de se féliciter de la prochaine réunion de haut niveau sur la prévention et la maitrise de ces maladies, qui se tiendra en septembre 2011. Elle a enfin réaffirmé le rôle clef que l’OMS doit jouer, en termes de leadership et de coordination. Elle a aussi regretté que plusieurs délégations aient exprimé des réserves quant à la mention de mécanismes de financement innovants dans le projet de résolution en cours de négociation à l’ECOSOC.
M. JEAN LEZIN FILA (Congo) a demandé que tout soit mis en œuvre pour apporter un appui aux initiatives des organes du système des Nations Unies en matière de santé publique et de développement, ajoutant que, pour espérer parvenir aux résultats escomptés, ces dernières devraient être coordonnées pour éviter toute dispersion des efforts ou chevauchement dans l’action. Ceci est particulièrement vrai des initiatives visant à la réalisation des OMD relatifs à la santé dans les pays en développement, a-t-il ajouté.
M. Fila a ensuite expliqué comment le Congo avait commencé depuis 2008 à traduire en actions concrètes sa stratégie de réduction de la pauvreté, qui sert de cadre de référence cohérent, consensuel et unique pour fixer les grandes orientations nationales en matière de développement économique et social, et d’instrument de négociation avec les partenaires au développement. Il a toutefois expliqué qu’en ces temps de crise, il était difficile à un seul pays de lutter par ses propres moyens contre la pauvreté et de faire efficacement face aux nombreux défis existants dans le domaine de la santé publique. C’est pourquoi les efforts du Congo continueront de requérir l’appui de plusieurs partenaires au développement, comme la Banque mondiale et les agences du système des Nations Unies.
M. JORGE CUMBERBATCH MIGUEN (Cuba) a dit que l’expérience et l’histoire ont montré que c’était une erreur de vouloir privatiser les services sociaux. Il a exprimé l’appui de son pays aux conclusions et recommandations du Comité des programmes et de la coordination (CPC) sur les travaux de l’ECOSOC, en regrettant qu’elles n’aient été que peu suivies. Il a souhaité la mise sur pied d’un mécanisme qui permette aux États participant aux travaux de l’ECOSOC d’être informés sur les travaux du CPC sur la coordination. Il faut éviter de mettre une pression inutile sur le Secrétariat pour ce qui est de la publication des documents officiel dans les six langues, compte tenu du délai très court qui sépare la réunion du CPC et le segment de haut niveau de l’ECOSOC, a préconisé le représentant.
M. ILAN FLUSS (Israël) a souligné l’importance des efforts à déployer pour améliorer la santé mondiale en vue de la réalisation de tous les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Le système des Nations Unies doit encourager l’appropriation par les pays de projets dans le domaine de la santé publique, en travaillant de concert avec la société civile et les organisations non gouvernementales, a-t-il estimé. Il a appelé à aider en particulier les pays de l’Afrique subsaharienne à réaliser les objectifs concernant la santé maternelle et la santé infantile. Préconisant que ces questions soient abordées de façon holistique, il a invité l’ECOSOC à prendre en compte tous les secteurs du développement, comme l’éducation et les questions d’égalité entre les sexes.
Israël travaille avec des partenaires pour atteindre les OMD nos 4 (réduire la mortalité infantile), 5 (améliorer la santé maternelle) et 6 (combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies), a-t-il assuré, donnant l’exemple de la création de cliniques qui dispensent des soins prénataux, fournissent des conseils en matière de santé sexuelle et prodiguent des soins aux enfants. Nous coopérons avec le Ghana dans ce domaine, a-t-il ajouté, en l’aidant à incorporer une initiative néonatale dans son programme de santé publique. Israël participe aussi à des projets en matière de santé en Asie centrale, a ajouté le représentant. Il a aussi parlé de l’importance de la lutte contre la pneumonie, qui représente 4% de la mortalité des enfants de moins de 5 ans.
Mme PYTRIK OOSTERHOF, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a déclaré qu’il était évident que de nouveaux investissements devraient être consentis pour parvenir aux objectifs communs fixés pour 2015 et au-delà. Elle a rappelé que la FICR et ses 186 sociétés nationales appuyaient quotidiennement les autorités publiques à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement liés à la santé, ajoutant qu’en tant que réseau communautaire mondial, la FICR disposait d’une vision sans égale des véritables enjeux et priorité. D’expérience, nous savons qu’une approche holistique est nécessaire, et que les communautés elles-mêmes doivent être mieux impliquées dans la réalisation des objectifs de santé, a poursuivi Mme Oosterhof. Le renforcement des capacités locales est particulièrement important pour faire face aux effets des catastrophes, quand l’accès aux soins devient souvent une question de dignité et de protection, particulièrement pour les femmes et les enfants. C’est pourquoi la FICR vient de lancer un rapport spécial consacré à Haïti qui appelle la communauté internationale à traiter de cet important aspect de la santé pour éviter une seconde catastrophe, qui serait sanitaire celle-là.
Mme Oosterhof a par ailleurs rappelé que l’égalité entre les sexes était essentielle dans l’accès aux soins, et qu’aucune population ne devrait être laissée au bord du chemin. Elle a rappelé que la FICR et ses sociétés nationales continuaient de soutenir les populations locales, y compris les personnes déplacées ou en situation irrégulière, et estimé que cette activité méritait d’être davantage reconnue, citant en exemple l’efficace réseau de cliniques mis en place en Syrie par la Société du Croissant-Rouge syrien au profit des réfugiés iraquiens, de manière indépendante de la situation juridique de ceux-ci. Mme Oosterhof a également plaidé pour davantage d’investissements dans la promotion de l’hygiène et de la santé, en précisant qu’il fallait aussi, dans ce domaine, anticiper, par exemple, sur les conséquences sanitaires des changements climatiques ou encore sur celles de l’urbanisation.
M. CHRISTOPHE DE BASSOMPIERRE(Belgique), parlant au nom de l’Union européenne, a rappelé que, depuis l’adoption en 2002 du Consensus de Monterrey, le financement du développement est étroitement lié à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, avant d’estimer que l’ECOSOC pouvait jouer un rôle important dans la préparation du Sommet sur les OMD de septembre. Il a rappelé que toutes les formes de financement du développement devaient contribuer à une croissance inclusive et soutenable, ainsi qu’à un emploi décent, tous éléments essentiels à la réalisation des OMD.
Le représentant a déclaré que la mobilisation des ressources nationales restait essentielle à la fourniture de biens publics, et pour la redistribution de la richesse, ainsi que pour la « redevabilité » des gouvernements, qui doivent rendre compte à leurs citoyens. L’Union européenne, a-t-il rappelé, a adopté des nouvelles politiques de coopération avec les pays en développement qui facilitent ces tendances. Quant à la coopération et au commerce régionaux, ils sont essentiels pour la croissance et les emplois. L’Union européenne continuera de travailler à la réalisation du Plan d’action de Doha pour le développement. De manière unilatérale, l’Union européenne a respecté ses engagements relatifs à un libre accès à ses marchés pour tous les produits en provenance des PMA, et elle appelle les autres pays développés, émergents ou en développement qui le peuvent à agir de même. L’Union européenne et ses États membres ont déjà atteint leur objectif commun de dépenser deux milliards d’euros annuellement en assistance liée au commerce, et l’ensemble de leur aide au commerce a atteint le niveau record de 10,4 milliards d’euros, a précisé le représentant.
L’ensemble des flux internationaux de capitaux doit être progressivement relancé du fait du retour de la confiance sur les marchés mondiaux, a affirmé le représentant, qui a ajouté que l’Union européenne encourageait le développement du secteur privé, y compris sa mobilisation en faveur de la réalisation des OMD par la promotion du Pacte mondial et des principes de responsabilité sociale des entreprises. Rappelant l’importance de l’APD, il a rappelé que l’Union européenne fournit 60% du montant total de celle-ci et réaffirme son engagement d’atteindre l’objectif de 0,7% de son PIB consacré à l’APD en 2015. Il a également estimé que le montant total de la coopération Sud-Sud « représentait en valeur quelque 10% de l’APD alors qu’elle n’est pas officiellement décomptée comme telle », et a appelé les bailleurs de fonds qui ne sont pas membres du CAD de l’OSCE à faire état du flux de ressources qu’ils transfèrent au titre de l’assistance ou de la solidarité afin qu’il soit possible de quantifier cette aide et ses effets sur le développement. Il a rappelé que l’Union européenne soutient le développement de la coopération triangulaire et est d’ores et déjà engagée dans des projets opérationnels avec des pays comme la Chine ou le Brésil.
Toutes les ressources en faveur du développement doivent être utilisées de manière efficace, a affirmé le représentant, qui a demandé à tous les donateurs, traditionnels ou émergents, de fournir leur APD en conformité avec les principes de Paris et de la Déclaration d’Accra. Il a par ailleurs rappelé que l’Union européenne étudie attentivement les possibilités de financements innovants et qu’elle continuera de soutenir les mécanismes et initiatives existants d’allègement de la dette. L’Union européenne appelle enfin à rendre l’architecture internationale en faveur du développement plus efficace car la crise a montré qu’il est nécessaire de renforcer la coordination et la cohérence tant au sein du système des Nations Unies qu’entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods. L’Union européenne salue en outre le rôle du G-20 et estime qu’il apporte une valeur ajoutée appréciable en faveur du développement.
M. BIRICHEVSKIY (Fédération de Russie) a déclaré qu’il est indispensable de mettre à profit les avantages qu’offre l’ECOSOC. Il a souligné l’importance de la contribution de la réunion de haut niveau du mois de mars 2010 entre l’ECOSOC, les institutions de Bretton Woods, l’OMC et la CNUCED. Il a invité le Président de l’ECOSOC à poursuivre ses efforts pour tenir des réunions de travail avec la Banque mondiale et le FMI. Il a jugé essentielle la participation du Président de l’ECOSOC aux réunions des Institutions de Bretton Woods, de l’OMC et de la CNUCED en souhaitant également que ces dernières soient représentées aux travaux de l’ECOSOC. Il faut une division efficace du travail dans le cadre des suites à donner aux recommandations et programmes agréés en matière de financement du développement, a-t-il dit. Il a souhaité que les décisions de l’ECOSOC ne fassent pas de doublons avec les décisions de la Deuxième Commission de l'Assemblée générale, chargée des questions économiques et financières.
M. YUTIY SERGEYEV (Ukraine) a indiqué que son pays a été très touché par la crise et dépend beaucoup de l’aide financière internationale. Il a cependant indiqué que l’Ukraine vient d’adopter un vaste programme de réforme économique visant à développer les investissements en Ukraine, afin de résoudre les problèmes économiques et sociaux actuels. De son avis, l’intégration régionale et le commerce sont des domaines qui ne doivent pas être délaissés. Il a reconnu le rôle majeur que joue l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dans la mise en place de relations commerciales multilatérales non discriminatoires et a émis l’espoir que le Cycle de négociations commerciales de Doha sera couronné de succès. Il a également jugé important de renoncer aux mesures protectionnistes et de mettre en place des mécanismes pour préserver la concurrence mondiale. Il a aussi annoncé que l’Ukraine a signé, il y a deux semaines, un accord de libre échange avec des pays de sa région. Le représentant a ensuite attiré l’attention du Conseil sur l’importance de la réforme totale du système financier international, en renforçant notamment le rôle régulateur de ses institutions. Le dialogue avec le G-20 sur ces questions doit se concentrer sur les intérêts des pays en développement et des nouvelles économies de marché, a-t-il souhaité, car ces pays sont les plus exposés aux chocs économiques externes. Il a notamment souhaité que des mécanismes d’octroi de prêt plus souples soient adoptés.
M. DENIS ZDOROV (Bélarus) a jugé indispensable de lutter contre les entraves qui se posent à la réalisation des OMD, en fustigeant les mesures économiques unilatérales, qui représentent de sérieuses contraintes imposées aux échanges commerciaux. Il faut s’engager à garantir des accès aux marchés aux produits des pays les moins avancés (PMA), a-t-il dit. Il a précisé que le Bélarus avait adhéré à la Déclaration de Paris concernant l’efficacité de l’aide, ainsi qu’à la Déclaration d’Accra. Il a salué le partenariat avec l’Union européenne, qui est consacré à des mesures en faveur des pays de l’Europe orientale, notamment en matière de transport et de promotion d’infrastructures.
M. REINEL (Pérou) a reconnu la nécessité de renforcer les politiques de l’emploi et de la protection sociale, ainsi que la coordination internationale, afin d’accélérer le redressement des pays à faible revenu. Il a aussi soutenu les mesures proposées par le Pacte mondial pour l’emploi, qui se sont montrées très efficaces pour lutter contre le chômage dans son pays, a-t-il précisé. Le représentant a estimé par ailleurs que les efforts réalisés en vue de la création d’une nouvelle architecture financière internationale sont particulièrement importants, se réjouissant du débat de ce matin qui a permis d’entendre le point de vue qu’ont, sur ce sujet, les pays en développement. Il a souhaité en particulier que soit évitée toute tendance protectionniste. La coopération financière et technique pour le développement est également fondamentale, a-t-il ajouté, mentionnant en particulier la coopération dans les domaines de la recherche, des innovations, et des technologies, ainsi que pour la formation des ressources humaines. Il a enfin indiqué que l’adaptation au changement climatique constitue un élément central des décisions internationales prises en matière de financement du développement.
M. NOJIBUR RAHMAN (Bangladesh) a rappelé que le système de santé publique restait pour le moins précaire dans de nombreux pays, ajoutant que la propagation de nouvelles maladies, facilitée par l’urbanisation, les migrations et les conflits, aggravait encore la situation. En ce sens, les PMA, et plus encore ceux d’entre eux qui sont vulnérables aux changements climatiques, sont affectés de manière disproportionnée, a dit M. Rahman. Il s’est dit très inquiet de la lenteur relative des progrès réalisés dans la réalisation des OMD relatifs à la santé, du fait notamment du manque de ressources disponibles dans les pays en développement.
Le représentant s’est toutefois félicité du rôle joué par l’ECOSOC et de l’adoption de la Déclaration ministérielle de 2009 sur le respect des engagements relatifs à la santé publique mondiale, et en particulier de l’accent mis sur le fardeau croissant que font peser sur les économies les maladies non infectieuses. Il s’est également félicité que le Secrétaire général ait inclus la santé mondiale parmi les priorités de son programme d’action. Il a invité tous les États Membres à mettre en œuvre pleinement la déclaration ministérielle. M. Rahman a déclaré que la santé publique restait un défi majeur pour son pays, rappelant que celui-ci avait adopté le Plan Vision 2021, qui fait du développement du secteur de santé une priorité au sein du développement socioéconomique dans son ensemble. Il a notamment rappelé que le Gouvernement du Bangladesh avait mis l’accent sur la réduction de la mortalité maternelle, rappelant que celle-ci était passée de 570 cas pour 100 000 naissances en 1990 à 351 en 2007, tout en restant en deçà de l’objectif de réduire de trois quarts le nombre de décès d’ici à 2015, chiffre fixé dans l’OMD no 5. Il a également rappelé la priorité accordée au renforcement du système de santé primaire.
Le Bangladesh reconnait l’importance d’une utilisation efficace des ressources procurées par l’APD, a déclaré le représentant. C’est pourquoi le Gouvernement du Bangladesh a signé le 2 juin dernier une Stratégie de coopération commune avec 18 partenaires au développement, y compris l’Équipe de pays des Nations Unies, qui couvre la période 2010-2015. Cette stratégie, a-t-il expliqué, vise à travailler plus efficacement dans l’esprit de la Déclaration de Paris et du Plan d’action d’Accra. Rappelant que le coût nécessaire à la réalisation des OMD en matière de santé pour le Bangladesh avait été estimé à 21,33 milliards de dollars, soit un coût par habitant de 12,6 dollars en 2009 et de 26 dollars en 2015, M. Rahman a exhorté les États, particulièrement les pays développés, à redoubler d’efforts pour former davantage de professionnels de santé, et il a encouragé les efforts internationaux de coopération, qu’il s’agisse de coopération Nord-Sud, Sud-Sud ou triangulaire.
M. NOEL GONZALEZ SEGURA (Mexique) a déclaré que l’examen des OMD montre qu’un certain nombre de priorités peuvent être atteintes par tous les pays, à condition de trouver les moyens financiers nécessaires. Il a mis l’accent sur l’importance de la coopération Sud-Sud et la promotion d’un environnement international propice aux échanges commerciaux. Il a souhaité que la déclaration qui doit être adoptée au terme du débat de haut niveau de l'Assemblée générale sur le financement du développement au mois de septembre 2010 tienne compte du programme de financement du développement et des débats du segment de haut niveau de l’ECOSOC.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a noté qu’au cours du débat sur les questions de coordination, l’ECOSOC a discuté de nombreuses questions importantes en matière de santé publique, dans le cadre du suivi de la Déclaration ministérielle de 2009. Rappelant que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) relatifs à la santé ne pourront pas être atteints d’ici à 2015 sans une action concertée de toutes les parties prenantes, il a invité à envoyer un signal fort à ce sujet au Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui aura lieu en septembre. Il a noté que le débat a permis d’évoquer les effets dévastateurs des maladies non transmissibles sur les populations, et que les délégations se sont félicitées de la décision de l’Assemblée générale de consacrer une réunion de haut niveau à ces maladies en septembre 2011.
M. Sha a constaté que le débat a aussi porté sur le rôle de l’ONU dans le soutien à apporter aux pays à revenus faible et moyen qui adoptent des politiques de création d’emplois. Il s’est également félicité que l’ECOSOC examine pour la première fois la question du suivi des recommandations de la Conférence internationale sur le financement du développement, soulignant l’importance de la coopération Sud-Sud dans ce domaine, mais avertissant qu’elle ne doit pas se substituer à la coopération avec les pays du Nord. En matière de gouvernance économique mondiale, le Conseil a jugé important de trouver des moyens par lesquels les États du G20 pourraient collaborer avec les Nations Unies, a noté M. Sha Zukang. Bien que la riposte du G20 à la crise ait été admirable, il a cependant averti que cette organe exclut 85% des pays du monde et plus d’un tiers de la population mondiale.
Le Vice-Président de l’ECOSOC a lui aussi apprécié la richesse du débat sur les questions de coordination. Nous serons bientôt en mesure de nous prononcer sur un projet de résolution sur le suivi par le système de l’ONU de la mise en œuvre de la Déclaration ministérielle de 2009, a-t-il promis. Il a demandé à la délégation du Mexique, auteur d’une proposition sur ce projet, de bien refléter les délibérations au sein du Conseil.
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