En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/6435

L’ECOSOC achève son débat de haut niveau et adopte la déclaration ministérielle sur la mise en œuvre des engagements sur l’égalité des sexes

02/07/2010
Conseil économique et socialECOSOC/6435
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de fond de 2010

19e et 20e séances – matin & après-midi


L’ECOSOC ACHÈVE SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU ET ADOPTE LA DÉCLARATION MINISTÉRIELLE

SUR LA MISE EN ŒUVRE DES ENGAGEMENTS SUR L’ÉGALITÉ DES SEXES


Il tient une Concertation de haut niveau avec les institutions

financières et commerciales internationales sur la situation de l’économie mondiale


Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé aujourd’hui le débat de haut niveau et l’Examen ministériel annuel de sa session de fond par l’adoption d’une déclaration ministérielle portant sur la mise en œuvre des objectifs et engagements adoptés au niveau international en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes.  L’ECOSOC a par ailleurs tenu une Concertation de haut niveau avec les institutions financières et commerciales internationales sur la situation actuelle de l’économie mondiale, ainsi qu’un échange de vues avec les Secrétaires exécutifs des commissions régionales sur le thème: « Égalité des sexes et autonomisation des femmes dans le cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement: perspectives régionales ».


Dans la déclaration ministérielle adoptée par consensus, les ministres et chefs de délégation participant à la session de fond de l’ECOSOC soulignent que le Conseil s’engage à contribuer à la Réunion plénière de haut niveau de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale sur l’accélération de la réalisation de tous les Objectifs du Millénaire pour le développement avant 2015.  Ils se félicitent de la création à l’ONU d’un service chargé des questions concernant l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dénommé « ONU Femmes » et promettent d’appuyer pleinement son entrée en fonctions 


Les auteurs de la déclaration ministérielle et les délégations qui l’ont adoptée par consensus expriment leur profonde inquiétude devant les crises en cours et devant les épreuves qu’imposent les catastrophes naturelles et les changements climatiques aux efforts déployés pour la réalisation de l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et la réalisation des OMD.  Ils s’engagent à prendre toutes les mesures nécessaires pour réaliser tous les objectifs de développement convenus sur le plan international, y compris les OMD. 


En outre, la déclaration souligne la nécessité d’agir face aux attitudes discriminatoires et aux stéréotypes sexuels qui perpétuent la discrimination contre les femmes et les rôles stéréotypés des hommes et des femmes, et celle d’adopter une démarche globale pour mettre fin à toutes les formes de discrimination et de violences à l’égard des femmes et des filles.  La déclaration ministérielle souligne la nécessité d’assurer la pleine intégration des femmes dans l’économie officielle, et énonce une série de stratégies à mettre en œuvre pour réaliser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.


Enfin, 10 ans après l’adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix, les délégations réaffirment, en adoptant cette déclaration ministérielle, l’importance de la participation à égalité des femmes et des hommes à tous les niveaux de la prévention et du règlement des conflits et de la consolidation de la paix, et elles invitent instamment le Conseil économique et social et la Commission de consolidation de la paix à renforcer le rôle que jouent les femmes dans ce domaine.


L’ECOSOC avait auparavant achevé son débat général de haut niveau en entendant les interventions de 12 délégations d’États Membres, huit organisations internationales et quatre organisations non gouvernementales.  Plusieurs délégations se sont félicitées du consensus obtenu sur la création de la nouvelle entité composite de l’ONU chargée de la promotion de la femme, après plusieurs années de négociations.  Officiellement créée cet après-midi par une résolution adoptée à l’Assemblée générale, « ONU Femmes » sera opérationnelle le 1er janvier 2011.  Par ailleurs, la participation des femmes à la vie politique a été présentée à plusieurs reprises comme une condition essentielle de leur autonomisation.  Le Bangladesh s’est prévalu d’avoir 64 femmes au sein de son Parlement, tandis que le Japon annonçait que 54 femmes ont été élues pour siéger à son Assemblée nationale.  En Colombie, les femmes occupent 18% des sièges au Sénat et 12% à l’Assemblée nationale, a indiqué la délégation de ce pays.  Celle de l’Iraq a précisé que le Gouvernement iraquien compte cinq femmes ministres, dont deux ministres d’État.


La Concertation de haut niveau avec les institutions financières et commerciales internationales a été animée par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Sha Zukang, avec la participation du Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, M. Supachai Panitchpakdi; du Directeur de l’Organisation mondiale du commerce, M. Clemens Boonekamp, et d’officiels du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.  Les participants ont constaté que la reprise économique annoncée au niveau mondial restait fragile, voire artificielle, et qu’il n’existait pas de recette simple pour sortir de la crise actuelle.  Des enseignements ont toutefois été tirés: le marché seul ne peut assurer la croissance et éliminer la pauvreté, et il n’y a pas de modèle unique ou universel de développement économique, ont reconnu les panélistes.  En outre, le multilatéralisme a permis d’éviter le pire et doit être développé, ainsi que la coordination des politiques.  Mais si, pour la Banque mondiale, il faut garder le cap sur la réalisation des OMD, M. Panitchpakdi, Secrétaire général de la CNUCED, a plaidé pour un rééquilibrage entre la recherche de l’atteinte des OMD et la relance du secteur de la production en affirmant qu’on ne pouvait mettre l’accent uniquement sur le secteur social.  Quant à M. Boonekamp, de l’Organisation mondiale du commerce, il a estimé que, pour créer les emplois nécessaires à la croissance sans augmenter la pression fiscale, il fallait relancer le commerce international et notamment le Cycle de négociations de Doha.


Animé par M. Ján Kubiš, Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe, l’échange de vues avec les Secrétaires exécutifs des commissions économiques régionales de l’ONU et l’ECOSOC a permis à ceux-ci d’exposer les principaux défis auxquels leurs régions doivent faire face pour atteindre l’OMD no 3 (égalité des sexes et autonomisation des femmes), notamment les inégalités en matière d’emploi.  Ils ont formulé diverses recommandations, certaines destinées au niveau global et d’autres concernant spécifiquement les régions couvertes par leurs commissions.


Mardi, le 6 juillet, le Conseil entamera à 10 heures son débat consacré aux questions de coordination.


DÉBAT DE HAUT NIVEAU


Suite du débat général


M. MASIHUR RAHMAN (Bangladesh) a indiqué que des femmes tenaient des ministères importants au Bangladesh et que leur nombre est de 64 au Parlement. Il a mis l’accent sur la mise en œuvre nationale de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et cité la mise en place d’un Plan national pour l’autonomisation de la femme.  Il a insisté sur les initiatives liées à l’accès des femmes au microcrédit. 


M. OCTAVIO ERRÁZURIZ (Chili) a souhaité que la nouvelle entité de l’ONU pour la promotion de la femme soit opérationnelle le plus rapidement possible.  Il a indiqué que pour la période 2010-2014, le Service national pour la femme a comme mandat de renforcer l’autonomie économique de la femme en facilitant son insertion dans le monde du travail.  Il a dit le souci du Chili de garantir de permettre aux femmes de concilier vie familiale et vie professionnelle.  Nous travaillons à la mise en œuvre du programme « femme chef de famille » qui permet aux enfants dont les parents travaillent de bénéficier de certains services sociaux. 


Mme PRENEET KAUR, Ministre d’État aux affaires étrangères de l’Inde, a souhaité que les engagements pris pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) soient tenus, notamment en ce qui concerne le transfert des technologies et des ressources, ainsi que le renforcement des capacités.  Expliquant ensuite la politique nationale de l’Inde pour l’autonomisation des femmes, elle a mentionné un plan sur l’emploi rural qui vise 46 millions de foyers, devenant ainsi un des plus grands programmes « argent contre travail » au monde.  Après avoir attiré l’attention sur les groupes d’entraide qui regroupe deux millions de femmes, la Ministre a signalé le programme d’alphabétisation qui vise 60 millions de femmes.  Enfin, a-t-elle aussi souligné, les femmes participent de plus en plus à la vie politique du pays, citant notamment les postes de président et de président du Parlement, occupés par des femmes.


M. FREDERICK BARTON (États-Unis) s’est félicité du consensus atteint cette semaine sur la nouvelle entité sur le genre aux Nations Unies.  Il s’est également réjoui des innovations qui sont mises en œuvre partout dans le monde pour accroitre la participation des filles à l’école, diminuer les risques à l’accouchement, combattre la traite des femmes, aider les agricultrices et renforcer l’émancipation économique des femmes.  L’égalité entre les sexes est une condition essentielle à la réalisation des OMD, a-t-il affirmé, soulignant le rôle catalyseur des femmes et l’importance d’adopter en la matière une approche holistique.  Tout en notant les progrès accomplis vers la réalisation de ces objectifs, par exemple dans le domaine de l’accès à l’éducation primaire, il a souligné qu’il reste encore beaucoup à faire, notamment pour réduire les mortalités infantile et maternelle. 


Il a ensuite résumé les efforts de son pays pour intégrer les préoccupations sexospécifiques dans les programmes internationaux, citant les initiatives récentes du Président américain pour la sécurité alimentaire et la santé, auxquelles sont consacrés respectivement 3,5 milliards de dollars et 63 milliards de dollars.  L’initiative sur la santé permet d’aider 80 pays, a-t-il précisé.  Le représentant a aussi appelé au renforcement des efforts de lutte contre les violences faites aux femmes et à l’implication des femmes dans la résolution des conflits.


M. HAMID AL BAYATI (Iraq) a indiqué que l’Iraq était un des premiers pays de la région à avoir promu la place de la femme. Il a précisé que la promotion de la femme iraquienne a coïncidé avec l’établissement de l’État moderne en 1921, comme en témoigne la création en 1923 de l’association de la renaissance des femmes iraquiennes.  Les articles 14 et 15 de la Constitution iraquienne de 2005 consacrent l’égalité des personnes et la non-discrimination, a-t-il affirmé. 


Un quart des députés sont des femmes en Iraq et le Gouvernement compte cinq femmes ministres, dont deux ministres d’État.  Il a rappelé que le terrorisme a fait des dizaines de milliers de veuves et d’orphelins en Iraq mais il a salué le rôle de la Commission de la femme et de l’enfant du Parlement et les dizaines d’institutions qui s’occupent de femmes et d’enfants.  Il a assuré que l’Iraq était conscient de l’importance de l’autonomisation des femmes pour la réalisation des OMD.


Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a déclaré que l’éducation des filles était une exigence de base pour arriver à une autonomisation effective des femmes.  Elle a cité les efforts de son gouvernement pour promouvoir les principes de la parité entre les sexes.  Au niveau national, la Colombie a renforcé la formation technique pour promouvoir l’emploi.  La représentante a également cité un programme pour les femmes entrepreneurs et des programmes de lutte contre la pauvreté dont bénéficient 2,6 millions de foyers.


Elle a mis l’accent sur l’importance de mesures contre la violence sexiste qui est un frein à l’autonomisation des femmes.  Le Congrès, a-t-elle indiqué, a d’ailleurs renforcé la législation contre des formes spécifiques de violence comme la traite des personnes et la violence domestique.  La représentante a souligné l’importance de la loi colombienne sur les quotas qui a permis d’augmenter la participation des femmes à l’exécutif. Elle a précisé que les femmes occupent 30% des postes de décision, 18% des sièges au Sénat et 12% à l’Assemblée nationale. 


Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a indiqué que son pays met en œuvre un cinquième plan national de développement qui promeut l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, et que le sixième plan inclura systématiquement les questions du genre dans tous les secteurs.  La Zambie a aussi mis en place en 2006, un Fonds d’émancipation économique des citoyens.  Elle a assuré que le Gouvernement s’est attaché à donner aux femmes un meilleur accès aux ressources productives, telles que les terres, les crédits, les services agricoles et les technologies.  La Banque de Zambie a aussi incité les institutions financières à s’impliquer davantage auprès des femmes entrepreneurs. 


La représentante a aussi signalé que son pays a bien progressé sur la voie de la réalisation des OMD, notamment ceux qui visent l’élimination de la faim, l’éducation primaire universelle, l’égalité entre les sexes, la santé maternelle et le traitement du VIH/sida.  Elle a cependant indiqué que les violences faites aux femmes et la forte féminisation du VIH/sida demeurent de grands défis.  Elle a en outre indiqué que la Zambie d’est dotée d’une stratégie de promotion des questions du genre au sein de la réforme du service public. 


M. NORIHIRO OKUDA (Japon) s’est félicité de l’accord atteint à l’Assemblée générale sur la nouvelle entité composite de l’ONU qui sera chargée des questions du genre.  Il a souligné que, malgré les efforts importants fournis depuis 2000, il reste beaucoup à faire dans chaque pays en matière d’autonomisation des femmes.  Il a mentionné le concept de « sécurité humaine », qui se concentre notamment sur la vulnérabilité des femmes et vise à les mettre à l’abri du besoin et à leur permettre de jouir de l’égalité de droits.  En 2005, le Japon a introduit au plan national une initiative sur le genre et le développement et fait tout pour l’appliquer dans son programme d’aide au développement.  Il a ainsi fourni une assistance qui a contribué directement à l’autonomisation des femmes dans le monde, comme au Yémen où le Japon contribue à la réalisation de l’OMD sur l’accès universel à l’éducation primaire. 


Le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour le Programme conjoint de la sécurité humaine, que le Japon a introduit aux Nations Unies, fournit en outre une aide aux femmes et aux adolescentes piégées par les conflits armés, notamment au Népal, a-t-il ajouté.  Le Japon se concentre aussi sur la santé des femmes et la lutte contre la traite humaine, a ajouté le représentant, avant d’attirer l’attention sur les efforts de son pays pour augmenter la participation des femmes aux processus de prise de décisions.  Il s’est félicité de ce que 54 femmes aient été élues à l’Assemblée nationale.


M. JULIO RAFAEL ESCALONA OJEDA (Venezuela) a déclaré que son pays appelait à l’avènement d’une société axée sur l’être humain.  Malgré la crise, le Venezuela n’a pas réduit ses dépenses sociales, a-t-il dit en estimant que son pays était l’un des premiers au monde en matière de promotion de la femme et de l’égalité entre les sexes.  Il a cité des dispositions en vigueur pour lutter contre la violence sexiste et a précisé que le Venezuela était partie de la CEDAW depuis 1982.  Le pays a accueilli en 2008 la deuxième conférence de suivi de la mise en œuvre de la Convention interaméricaine de Belem Do Para.  Parmi les autres initiatives, il a cité la création d’abris pour femmes, d’une banque de développement pour la femme et la gratuité de l’éducation primaire et secondaire.  En 2009, 99 724 femmes ont eu une aide financière, a-t-il encore précisé.


Mme EZINNE NWADINOBI (Nigéria) a cité la création d’un Fonds de développement des affaires pour les femmes nigérianes.  Outre les allocations statutaires, le Gouvernement garantit des allocations budgétaires supplémentaires pour répondre aux objectifs de promotion de la femme à tous les niveaux, a-t-elle insisté.   Les écarts entre garçons et filles se réduisent en matière d’éducation, a-t-elle dit, en précisant que de nombreux États du Nigéria ont adopté des législations sur la gratuité de l’éduction primaire.  Elle a jugé indispensable un appui des pays développés pour atteindre les objectifs fixés, en particulier la lutte contre les maladies transmissibles et non transmissibles, l’adaptation et l’atténuation des changements climatiques, le financement du développement agricole ou encore l’accès aux marchés. 


M. LIBRAN N. CABACTULAN (Philippines) a, parlant de son pays, qui vient d’élire un nouveau Président qui n’est autre que le fils de la première Présidente des Philippines, mentionné l’élaboration d’un nouveau Plan de développement à moyen terme pour 2010-2016.  Il a aussi attiré l’attention sur la campagne sur la réduction de la pauvreté qui se concentre sur des projets en matière de santé, d’éducation, de sécurité alimentaire, d’emploi, de justice et de lutte contre la corruption.  Les Philippines ont adopté, en 2009, une Magna Carta sur les femmes qui reconnait le rôle des femmes dans l’édification de la nation.  La loi protège aussi les femmes contre les violences faites à leur endroit, a ajouté le représentant qui a aussi signalé la présence de quatre femmes au Gouvernement. 


M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a félicité le Département des affaires économiques et sociales pour l’Étude 2010 intitulée « de nouveaux outils pour le développement » qui constitue un « document exceptionnel », selon lui.  Il a estimé que les travaux de l’ECOSOC au cours de la présente session sont un bon exercice préparatoire au Sommet sur les OMD qui se tiendra en septembre, car ils ne se limitent pas à l’OMD no 3 sur l’égalité entre les sexes mais ils les couvrent tous, notamment l’OMD sur les partenariats.  Il a également salué l’accord trouvé pour finaliser la création de l’entité sur le genre de l’ONU.  M. Rosenthal a apprécié les éléments novateurs des travaux de l’ECOSOC à la présente session, comme les exposés nationaux facultatifs et les débats thématiques, tout en soulignant le long chemin qui reste à parcourir pour que cet organe montre pleinement le potentiel qui est le sien.


Mme AMY MUEDIN, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a notamment souligné que pour les quelque 105 millions de femmes migrantes, l’expérience migratoire représente une opportunité de se réaliser professionnellement dans le pays d’accueil « où les perspectives d’avenir existent ».  Ces femmes qui ont réussi à l’étranger envoient annuellement environ le même volume de fonds que les hommes migrants à leur famille restée au pays, a ajouté l’intervenante.  Pour Mme Muedin, l’expérience migratoire réussie des femmes peut également signifier un changement de statut fondamental loin des rôles traditionnels réservés aux femmes dans leur pays d’origine.  Elle a souhaité que dans les années à venir, les femmes migrantes ayant grimpé dans l’échelle sociale des pays d’accueil participent pleinement aux partenariats de codéveloppement tels que définis dans l’OMD no 8 de l’ONU.


M. UFUK GOKCEN, Organisation de la Conférence islamique(OCI), a dit que les femmes ont toujours contribué à la création de sociétés fortes et saines.  Bien que le droit des femmes se soit vu accorder une priorité dans l’ordre du jour international, les femmes restent privées des droits fondamentaux et sont sujettes à des violences et discriminations.  La violence contre les femmes constitue un crime honteux qui doit être traité par les dispositions législatives appropriées, a-t-il dit.  L’islam préconise l’émancipation des femmes et demande le respect de leurs droits à tous les niveaux de la société.  Il a ajouté que l’OCI considérait que l’autonomisation des femmes, la parité entre les sexes et l’égale participation économique et sociale des femmes étaient des questions centrales à l’élimination de la pauvreté et à la réalisation des OMD.  Il a précisé que la trente-septième Conférence ministérielle des États membres de l’OCI a décidé en mai 2010 de créer un Centre des femmes de l’OCI au Caire pour appuyer la promotion de la femme. 


M. MARWAN JILANI, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a mis l’accent sur les risques de catastrophes liées aux changements climatiques et leur impact immense sur les biens et les vies des plus pauvres, dont les femmes.  Il a souhaité des mesures de réduction des risques et le renforcement des communautés urbaines.  Il a cité la mise en place d’un programme financé par le Japon en collaboration avec ONU-Habitat sur la réduction des risques pour les sociétés urbaines.  Il a dit le souci de sa Fédération d’intégrer à toutes ses activités une dimension sexospécifique à une époque où les femmes sont touchées d’une manière disproportionnée par les crises et les catastrophes. 


Mme ANITA L. DEFRANTZ, Comité international olympique (CIO), a rappelé que plus de 40% des participants aux Jeux olympiques étaient des femmes, et que l’objectif du CIO était de parvenir à la parité. Elle a précisé qu’avec l’ajout de la boxe féminine à la prochaine édition, les jeux olympiques de Londres de 2012 verront les femmes concourir dans toutes les disciplines.  Elle a indiqué que la Commission de la femme et du sport du CIO suivait de nombreux projets pour promouvoir l’accès des filles à des activités sportives.  Elle a indiqué que l’assistance technique et financière du CIO était dispensée par les biais des Comités nationaux du CIO présents dans 205 pays.  Elle s’est félicitée d’une stratégie qui a eu de nombreux succès et qui est à l’origine de partenariats constructifs, en particulier avec les fonds et programmes des Nations Unies, et avec notamment le Représentant spécial du Secrétaire général pour le sport, le développement et la paix.   


M. KILONTSI MPOTOGOMYI, Union interparlementaire (UIP), a mentionné les activités entreprises par l’UIP ces dernières années pour favoriser la réalisation des OMD, en particulier de l’OMD no 3.  « Nous sommes convaincus qu’une forte participation politique des femmes aura un impact significatif sur le développement de la société », a-t-il dit, expliquant que les femmes constituent un « pilier du développement » et ont un rôle clef à jouer dans la réduction de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire.  Il a donc regretté que la participation des femmes dans la vie politique et la gouvernance soit encore loin de ce qu’elle devrait être, même si elle a progressé ces dernières années.  Au rythme actuel, l’objectif de 30% de femmes dans les parlements ne sera atteint qu’en 2025, a-t-il prévenu.  Il a donc appelé à redoubler d’efforts pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes, notamment par des mesures de quotas et une sensibilisation visant à combattre les stéréotypes et la violence faite aux femmes.  Il faut aussi renforcer les politiques en matière de santé, adopter des lois efficaces et allouer les ressources suffisantes pour les mettre en œuvre, a-t-il ajouté.  Les parlements doivent jouer un plus grand rôle dans ces efforts, a-t-il souhaité.


M. ANTONIO MARZANO, Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS), a indiqué que l’association a contribué aux travaux de la Commission de la condition de la femme et des Conférences Beijing +10 en 2005 et Beijing +15.  Il a reconnu que les différentes facettes de l’égalité entre les sexes exigent une approche globale.  L’AICESIS se concentre sur l’éducation, la santé, l’emploi, la vie économique, la migration, les violences faites aux femmes et, de façon plus générale, sur la place de la femme dans la société.  Il a prôné en la matière, une approche transversale permettant d’intégrer les questions sexospécifiques dans tous les aspects des politiques de développement.  Il a aussi souligné le rôle important qu’ont à jouer les organisations de la société civile.  Les Conseils économiques et sociaux sont des forums idéaux pour encourager l’innovation, a-t-il conclu.


Mme LILA RATSIFANDRIHAMANANA, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), s’exprimant aussi au nom du FIDA et du PAM, a souligné le rôle joué par les femmes dans la production agricole, tout en rappelant qu’elles devaient faire face à des contraintes que les hommes ne connaissent pas du fait de pratiques traditionnelles et d’inégalités socioculturelles et politiques, tant dans la vie sociable que dans les foyers.  Les femmes sont régulièrement victimes de discrimination et l’accès à la terre, à l’eau, au crédit ou à la technologie leur est dénié.  


La représentante a expliqué comment les trois organisations -FIDA, FAO et PAM-, qui ont une expertise commune et des capacités complémentaires en matière d’agriculture et de sécurité alimentaire, travaillent, par le biais de leur assistance financière, technique et humanitaire, à améliorer le sort des femmes, en particulier en milieu rural.  Elle a cité notamment les programmes destinés à générer des revenus, l’accès aux services de base, le renforcement des organisations de femmes rurales, la fourniture d’une assistance alimentaire en période de crise et la reconnaissance des femmes rurales en tant qu’acteurs importants du changement, au même titre que les hommes.  Elle a estimé qu’on pouvait apprendre beaucoup des femmes rurales, qui ont amplement démontré leur résilience face aux crises, ajoutant que le système des Nations Unies et l’ensemble de la communauté internationale humanitaire s’efforçaient de mieux écouter les voix qui viennent du terrain et de la société civile.


Mme Ratsifandrihamanana a ensuite encouragé la communauté internationale et les autorités nationales à accroître les investissements dans le développement rural, l’agriculture, et la sécurité alimentaire; ainsi qu’à promouvoir le filet de sécurité sociale; à mettre en place des stratégies efficaces de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté offrant les mêmes opportunités aux hommes et aux femmes vivant en milieu rural; à renforcer les partenariats multiples; à éliminer les discriminations fondées sur le sexe dans l’accès aux ressources et aux services par le renforcement des cadres juridiques; et à améliorer la collecte de statistiques fondées sur le sexe.


Mme JANE STEWART, Directrice de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a mis l’accent sur la résolution relative à l’égalité des sexes adoptée par la Conférence de l’OIT en juin 2009.  Un texte, a-t-elle ajouté, qui met l’accent sur l’importance du principe « à travail égal, salaire égal », des mesures visant à concilier vie professionnelle et vie familiale, la promotion du dialogue social et le développement de l’entreprenariat féminin.  Elle a souhaité que la crise actuelle soit envisagée comme une opportunité de donner un nouvel élan aux questions d’autonomisation des femmes et de parité entre les sexes. 


Déclarations des organisations non gouvernementales (ONG)


Mme IRINI SARLIS, Alliance internationale pour les femmes, a souhaité que les femmes soient encouragées à trouver leur place dans la prévention des conflits, et dans les situations postconflit, a-t-elle ajouté, il faut s’assurer que la réconciliation se fasse dans le respect du statut de la femme.  Il faut établir des systèmes d’alerte précoce en matière d’abus des droits de la femme, a-t-elle encore ajouté.  Nous souhaitons, a-t-elle conclu, une participation politique des femmes, a-t-elle insisté, en estimant que la résolution 1325 du Conseil de sécurité pêche par quelques insuffisances. 


Rappelant l’évolution démographique d’un monde qui vieillit, Mme JUDY LEAR, Help Age international, a lancé un appel aux délégations: « Au nom de vos mères et grands-mères, vous devriez utiliser l’expression « femmes et filles de tout âge » dans vos déclarations, a-t-elle demandé.


M. SUDHANGSHU KARMAKAR, Association pour la réconciliation israélo-palestinienne, a estimé que l’indépendance financière est la toute première étape à franchir dans les relations d’égalité.  Il a aussi insisté sur le financement des services de planification familiale et demandé que les filles soient informées sur leurs droits face aux abus sexuels.  Le représentant a demandé que chaque pays désigne un responsable de haut niveau sur les questions du genre et crée un centre d’information sur ces questions.


Mme MAYUMI SAKOH, Société mondiale de protection des animaux (SPA), a déclaré que le bien-être des animaux avait un impact sur le bien-être des êtres humains, notamment les filles et les femmes en charge des poulaillers et du petit bétail.  Elle a rappelé que l’exploitation de ce petit bétail permettait aux femmes de nourrir leur famille, de financer les soins et la scolarité de leurs enfants et ainsi de contribuer au développement.  L’amélioration des élevages et des soins vétérinaires a une incidence directe sur l’autonomisation des femmes, a-t-elle dit, en souhaitant que le bien-être animal soit considéré comme un élément de la réalisation des OMD.  


CONCERTATION DE HAUT NIVEAU AVEC LES INSTITUTIONS FINANCIÈRES ET COMMERCIALES INTERNATIONALES SUR LA SITUATION ACTUELLE DE L’ÉCONOMIE MONDIALE


Présentations liminaires


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, qui a joué le rôle d’animateur de cette séance de travail, a rappelé que l’économie mondiale avait régressé de 2% en 2009 et devrait connaitre un taux de croissance de 3% en 2010 et de 3,1% en 2011.  Ces chiffres encourageants ne permettront pourtant pas de réduire de manière importante le chômage et de lancer la consommation, a-t-il cependant prévenu.  En outre, les perspectives de redressement sont inégales selon les pays, a relevé M. Sha.  Alors que les mesures de stimulation fiscale représentent une part importante du redressement, la fragilité inhérente à de telles mesures pourrait aboutir, en cas d’échec, à ce que le monde se retrouve dans une période prolongée de croissance lente.  M. Sha a estimé qu’il faudrait donner la priorité à la résolution de la crise de l’emploi.  Davantage d’efforts sont nécessaires pour contrecarrer les difficultés à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et il faut en ce sens augmenter le niveau de l’aide publique au développement (APD), a poursuivi le Secrétaire général adjoint.  La crise a montré la nécessité de disposer de mécanismes de financement d’urgence dotés de fonds suffisants.  Enfin, aucun de ces efforts ne pourra réussir sans un renforcement de la coordination des politiques nationales.  Il n’existe pas de recette simple pour sortir de la crise actuelle, mais des enseignements ont quand même été tirés: on voit bien que le marché seul ne peut assurer la croissance et éliminer la pauvreté, a fait remarquer Sha Zukang.  Il faut aussi admettre qu’il n’y a pas de modèle unique ou universel de développement économique et insister sur l’appropriation nationale des politiques, a-t-il souligné.  Il a rappelé que le Sommet sur le développement durable, qui se tiendra en 2012 à Rio au Brésil se concentrera sur les perspectives d’une « économie verte ».


M. SUPATCHAI PANITCHPAKDI, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a estimé qu’il n’existait pas de réelle différence d’analyse sur les crises actuelles.  Le redressement économique actuel, qui reste fragile et inégal, doit être soutenu.  Mais la croissance que connait le monde en ce moment est faible et son impact très réduit.  Elle est d’autre part largement artificielle car due à l’injection massive de liquidités par des gouvernements qui ont procédé à la mise en œuvre de politiques de relance fiscale, a-t-il affirmé.  La demande des consommateurs doit s’accroître de façon saine pour assurer une relance de la production et un réel redressement.  Or, actuellement, cette demande augmente peu car l’endettement, dont celui des ménages, est excessif, et il n’est pas remboursé assez rapidement.  En outre, s’il existe un certain redressement du secteur financier, les liens entre celui-ci et le secteur productif ne sont pas établis, car les banques pratiquent une politique de prêt très restrictive, a noté Supatchai Panitchpakdi.  Enfin, l’hypothèse d’une relance grâce à un effet  multiplicateur des investissements effectués ne s’est pas confirmée, car la plupart des dépenses et des injonctions de fonds effectuées dans le cadre des politiques de stimulation des économies ont en fait été consacrées à des dépenses non productives, à des compensations, et au maintien des systèmes et de filets sociaux qui étaient déjà en place.  De ce fait, il n’y a eu que très peu d’emplois créés, a estimé M. Panitchpakdi.  Ce à quoi on assiste actuellement, c’est au lancement d’énormes dépenses fiscales provenant de politiques publiques.  Mais, si on n’a pas d’excédents budgétaires, on ne peut qu’accumuler des dettes, et la crise économique et financière débouchera sur une crise des finances publiques, a prévenu le Secrétaire général de la CNUCED.  On assiste à une crise des finances publiques en Europe qui est contagieuse et pourrait entraîner d’autres crises dans le reste du monde, a-t-il averti.


La croissance des échanges commerciaux restera faible cette année, a estimé M. Panitchpakdi.  Il a fait remarquer que le G-20 avait reporté la prise de beaucoup de mesures à sa prochaine réunion et a regretté qu’on ait beaucoup parlé de reprise mais peu mis l’accent sur les échanges commerciaux qui devraient pourtant être favorisés, car ils sont une source de mobilisation de ressources pour le financement du développement.  Quand il existe un manque de coordination, et que la croissance ne dépend que d’un seul moteur, les effets ne peuvent être que déstabilisateurs, a-t-il estimé.  Il s’est dit inquiet pour les OMD, estimant que la pauvreté extrême et la sous-alimentation allaient s’aggraver.  Des emplois ont été créés, mais avant tout dans le secteur informel.  Ils sont donc précaires et mal rémunérés, et les travailleurs pauvres se multiplient, a-t-il fait observer, avant d’ajouter: « Nous avons déjà perdu trois ans, le niveau des échanges commerciaux se retrouve aujourd’hui au niveau de 2007-2008 ».  Pour mobiliser davantage de ressources au titre de l’aide au développement, il faut trouver de nouvelles sources de financement, a déclaré M. Panitchpakdi.  En ce sens, il a noté que les transferts de fonds effectués par les travailleurs migrants ont augmenté, et il a mis l’accent sur l’importance du développement de la coopération Sud-Sud.  Le Secrétaire général de la CNUCED a souhaité l’adoption de mesures nationales par les États, mais aussi une coopération internationale plus équilibrée.  « On ne peut mettre l’accent uniquement sur le secteur social », a-t-il affirmé, ajoutant qu’on ne pouvait investir dans l’éducation si on ne créait pas d’emplois pour les personnes éduquées et les futurs diplômés.  Il a ainsi souhaité un rééquilibrage des Objectifs du Millénaire pour le développement au profit de la production.  Il s’est en outre prononcé pour une plus grande surveillance de l’efficacité de l’aide au développement.


M. REZA MOGHADAM, Directeur du Département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation au Fonds monétaire international (FMI), a dit que le FMI était d’accord avec le diagnostic qui a été fait sur la situation actuelle.  Il a cependant voulu rappeler qu’il y a 18 mois, l’économie mondiale était au bord du gouffre.  Le redressement actuel est limité et fragile, mais il faut reconnaître que les mesures de coordination internationales ont permis de traverser la crise et, malgré des craintes de protectionnisme le libre-échange a été dans l’ensemble préservé, a estimé M. Moghadam.  Le multilatéralisme a donc permis d’éviter le pire et a permis le redressement limité que nous voyons actuellement.  Le redressement et la relance de l’économie restent fragiles en raison de la persistance des inquiétudes et des préoccupations qui pèsent sur l’état du secteur financier dans de nombreux pays.  La fragilité de la relace est aussi due aux déséquilibres budgétaires que l’on voit dans beaucoup de pays parmi les plus avancés.  Toutefois, il existe une certaine volonté d’agir ensemble, s’est félicité le représentant du FMI.  En outre, alors que cette crise a compté parmi les plus graves jamais survenues, elle ne s’est pas traduite par une aggravation de la pression de la dette des pays en développement, et en particulier de ceux qui ont le plus faible revenu, a indiqué Reza Moghadam.  La dette a souvent augmenté, a-t-il reconnu, mais le nombre des pays vulnérables du fait de la dette est resté le même.  En revanche, il faut absolument que les investissements permettent la croissance, a recommandé M. Moghadam.  Un des moyens à utiliser réside dans les prêts concessionnels, a-t-il affirmé, en constant que les États donateurs, malgré les restrictions budgétaires qu’ils s’imposent, maintiennent pour l’instant le niveau de leur APD, ou l’augmentent.  M. Reza Moghadam a par ailleurs fait remarquer que, s’il est bon de renforcer le multilatéralisme, il faut en même temps en améliorer la gouvernance.  La Banque mondiale fait d’importants efforts en ce sens, a-t-il affirmé.


M. OTAVIANO CANUTO, Vice-Président du Réseau réduction de la pauvreté et gestion économique de la Banque mondiale, a déclaré que la crise avait permis d’accumuler des expériences qui aboutissent à la création d’une certaine convergence de vue.  Le fait que nous ayons réussi, en tant qu’économie mondiale, à prendre des mesures sur un large front est ce qui a permis d’éviter le pire, a-t-il affirmé.  La reprise reste fragile, le chômage reste élevé, et les grandes banques n’ont pas été complètement assainies, ce qui indique que la crise ne relève pas encore du passé, a néanmoins reconnu M. Canuto.  En outre, les pauvres ont été lourdement affectés par la multiplicité des crises mais, en même temps, les systèmes sociaux, en particulier dans les pays en développement, ne se sont pas effondrés.  Pour M. Canuto, il faut garder le cap sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et maintenir le pacte entre les pays donateurs et ceux qui sont bénéficiaires de l’aide.  Les pays donateurs, malgré leurs difficultés budgétaires, doivent maintenir leurs promesses d’aide et d’ouverture des marchés.  Les institutions internationales doivent renforcer leur obligation de rendre des comptes et d’être responsables, a ensuite dit le représentant.  Quant aux bénéficiaires des flux d’aide, ils doivent prendre des engagements en matière de bonne gouvernance.  M. Canuto a enfin lancé un appel pour le renouvèlement des ressources de l’Association internationale de développement (IDA) et de la Banque mondiale et demandé que soit mis en place d’urgence les mécanismes d’évaluation de l’efficacité de l’aide.  Il a rappelé en ce sens qu’il n’existait pas de modèle unique en la matière, mais a ajouté que l’on ne savait pas vraiment que faire, tant que l’on ne disposera pas de ces éléments d’évaluation.  Concernant le rôle des femmes, M. Canuto a rappelé que la Banque mondiale avait intégré depuis plusieurs années une dimension sexospécifique dans tous ses projets de financement du développement.


M. CLEMENS BOONEKAMP, Directeur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), s’est dit d’accord avec le diagnostic de ces prédécesseurs, ajoutant qu’il faut créer des emplois sans augmenter la pression fiscale.  Le moyen pour y parvenir est de relancer le commerce international, a-t-il ajouté, en observant que des progrès nets ont été accomplis en ce sens.  Il s’est dit d’accord sur l’importance du multilatéralisme, estimant qu’il avait prouvé sa valeur en cette période de crise.  Le système commercial multilatéral a lui aussi montré son efficacité, puisque la crise n’a pas entraîné de recours significatifs au protectionnisme, a-t-il noté.  Les mesures protectionnistes prises depuis la crise ne touchent que 0,4% du commerce mondial, et ont été adoptées dans le cadre d’une protection d’urgence parfaitement légale dans le cadre de l’OMC, a-t-il expliqué.  Le commerce ne suffira toutefois pas à lui seul pour relancer la croissance mondiale, a ensuite averti M. Boonekamp.  Il faut pour cela des politiques coordonnées, et il faut mettre à terme les engagements et les actions lancés dans la mise en œuvre du programme de développement agréé au niveau international.  Concernant le Cycle de négociations commerciales de Doha, M. Bonnekamp a estimé que « 80% des résultats recherchés et souhaités étaient prêts d’être atteints ».  Sur la question plus spécifique des négociations sur l’agriculture et l’accès aux marchés agricoles, nous connaissons à la fois les positions des uns et des autres et les solutions possibles, a dit M. Boonekamp.  L’impasse actuelle est de nature politique, a-t-il affirmé, ajoutant qu’il fallait désormais que les parties fassent mutuellement des concessions pour libéraliser le commerce et consolider ainsi la reprise.



Débat interactif


Les intervenants du débat interactif ont dit qu’ils partageaient le diagnostic des experts, notamment en ce qui concerne le constat de la fragilité de la reprise économique actuelle.  Le Ministre de la planification du Nicaragua a fait observer que la crise ne doit pas être considérée comme étant derrière nous parce que quelques grandes banques font de nouveau des profits.  Actuellement nous ne sommes encore sûrs de rien et nous tâtonnons, a-t-il dit.  La représentante du Brésil a ajouté que beaucoup des conséquences de la crise restaient à venir, et a rappelé que les pays en développement, qui n’en sont pas responsables, en souffrent plus que les autres.  En outre, si ces pays récupèrent en moyenne plus rapidement que les États industrialisés, cela cache souvent de grandes disparités.  Rappelant les menaces que la crise fait peser sur la réalisation des OMD, elle a estimé qu’il était temps de réitérer les engagements conjointement pris par les pays sur l’aide internationale et s’est dite inquiète des évaluations de l’OCDE, qui font état de manquements sérieux dans le respect des engagements de Gleneagles.


Pour réaliser les OMD malgré la crise, il faut concentrer les actions sur les mesures qui ont le plus gros effet multiplicateur, a affirmé la Directrice exécutive du Centre commercial international, pour qui toutes ces solutions doivent donc tenir compte du rôle des femmes, qui représentent 70% des pauvres et environ deux tiers des emplois du secteur informel.  Elle a préconisé une modification des pratiques commerciales, qui doivent être rendues plus transparentes, avant de soutenir l’idée d’un meilleur équilibre entre objectifs économiques, commerciaux et sociaux pour sortir de la crise.


De nombreux intervenants ont appelé à une meilleure coordination des politiques de lutte contre la crise.  Le Nicaragua a estimé que les États sont devenus trop faibles, le capital trop hégémonique, les visions étant quant à elles trop centrées sur le court terme.  La solution à ces problèmes ne pourra venir que du multilatéralisme, a-t-il dit.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a lui aussi estimé que le modèle utilisé jusqu’à présent par les pays développés n’avait pas d’avenir et avait atteint ses limites.  Mais les opinions divergent sur la forme que doit prendre le multilatéralisme.  Pour la Fédération de Russie, ce qui se passe dans des enceintes comme le G-8 ou le G-20 est un début, mais il faut aller plus loin.  La représentante de l’Union européenne a elle aussi estimé que le G-20 pouvait jouer un rôle dans la coopération, mais elle a précisé que les objectifs visant à réduire de moitié le déficit budgétaire en 2011 et à stabiliser l’endettement d’ici 2020 qu’il a préconisés sont un minimum.  Elle a ajouté que l’UE avait des objectifs beaucoup plus ambitieux. 


Pour le représentant de l’Indonésie, nous nous fondons actuellement sur des politiques qui restent partielles et continuent d’être traitées par des institutions spécialisées séparées, d’où un risque d’incohérences.  Cette situation fait que c’est le G-20 qui assume le rôle nécessaire de coordination.  Le Nicaragua, pour sa part, a accusé le G-7, le G-8 et le G-20 d’être des organisations antidémocratiques.  C’est au sein de l’Assemblée générale, de l’ECOSOC, qu’il faut agir, a-t-il préconisé.  Le représentant du Pakistan a lui aussi souhaité que la coordination soit assurée par les Nations Unies. 


Revenant sur l’absence de résultats dans le Cycle de négociations commerciales de Doha, le représentant du Pérou a fait observer qu’on assistait à une multiplication d’accords bilatéraux ou régionaux de libéralisation des échanges et a demandé comment rendre un tel univers où existent plus de 400 accords commerciaux bilatéraux de portée variable compatible avec le cadre mondial de l’OMC.   M. PANITCHPAKDI, de la CNUCED, a expliquéqu’il existait un comité chargé d’examiner ces accords.  Mais il a reconnu qu’il n’était pas très efficace, ne serait-ce que parce que certains groupements régionaux ne veulent pas se prêter à un tel examen.  Il a toutefois estimé que la prolifération d’accords commerciaux et d’institutions Sud-Sud avaient eu des effets positifs et permis aux États qui en sont parties de mieux s’intégrer au niveau régional, ajoutant que, si problème il y avait, il viendrait plutôt d’accords concernant des pays qui ont des niveaux de développement très différents. 


En revanche, pour M. Boonekamp, de l’OMC,les institutions régionales commerciales sont considérées par l’OMC comme une menace systémique pour le système commercial international.  En effet, l’OMC est fondée sur un principe de non-discrimination, alors que ces accords bilatéraux ou régionaux impliquent presque nécessairement une préférence pour les pays qui en sont membres, ce qui crée donc une discrimination par rapport aux produits des autres pays.  En outre, l’OMC n’a jamais très bien suivi les institutions régionales pour vérifier si elles se conformaient aux principes du système commercial multilatéral, a-t-il reconnu.


Toujours à propos de l’OMC, la représentante du Brésil s’est dite convaincue qu’une réduction des subventions aux exportations agricoles par les pays qui pratiquent ce genre de politique et une meilleure ouverture des pays industrialisés dans le cadre du Cycle de Doha représenteraient la meilleure contribution de ces pays à la reprise. Le représentant de l’Indonésie a quant à lui estimé que, si elles aboutissent, les négociations de Doha encourageront les flux commerciaux et permettront de créer davantage d’emplois.  Il a aussi rappelé qu’il fallait assurer la croissance à long terme et trouver équilibre entre redressement à court terme et croissance à long terme.


Les représentants du Kenya et de Sainte-Lucie ont émis des doutes sur les suggestions de M. Panitchpakdi concernant le recours aux fonds transférés par les migrants et aux ressources nationales par les pays en développement pour sortir de la crise.  Pour eux, les envois de fonds des migrants ne sauraient couvrir les besoins des pays qui sont dans le besoin, et la mobilisation des ressources nationales n’est pas soutenable, car elle aboutirait alors à une crise de la dette.  Le Secrétaire général de la CNUCED a répondu que les envois de fonds des migrants n’avaient pas beaucoup baissé pendant la crise et que, si on parvenait à maintenir l’emploi dans les pays d’accueil, on pourrait maintenir ces transferts de ressources, dont le montant représente chaque année dans le monde le double de celui de l’APD et est de surcroît plus prévisible que l’APD.  Il est donc légitime de soulever la question.  Quant à la mobilisation de l’épargne, la croissance nationale ne se fait pas que par la consommation, mais aussi par l’investissement, a-t-il fait remarquer.  M. Canuto, de la Banque mondiale, a pour sa part fait remarquer queles migrations se font de plus en plus entre pays du Sud, ajoutant que la Banque mondiale s’intéresse de plus en plus à ces mouvements et aux politiques des États face au phénomène des migrations.


Déclarations après l’adoption de la déclaration ministérielle (E/2010/L.8)


Le représentant du Yémen, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est félicité de l’adoption de la déclaration ministérielle, un document « qui vient à point nommé et fournira une contribution très importante au Sommet de septembre sur les OMD ainsi qu’aux travaux de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale », a-t-il dit.  Le Groupe des 77 et la Chine réaffirment leur engagement envers la promotion du respect des droits pour tous et en particulier en faveur des femmes et des filles, a-t-il ajouté.


Au nom de l’Union européenne, le représentant de la Belgique s’est également félicité de cette adoption et a remercié les participants aux négociations qui ont permis d’aboutir à ce texte.  Les négociations se sont tenues dans une « atmosphère très agréable », a-t-il précisé.


Déclarations de clôture du débat de haut niveau


Le Président de l’ECOSOC, M. HAMIDON ALI, de la Malaisie, a constaté que les délibérations qui ont conduit à l’adoption de la déclaration ministérielle marquent la clôture d’un processus de négociations très long et intense.  Cela a été l’occasion, pour certains pays, de faire connaitre aux autres ce qu’ils font pour progresser dans la réalisation des OMD, a-t-il noté.  Comme messages clefs de la déclaration, il a retenu que la promotion de l’égalité entre les sexes est indispensable à la réalisation des OMD; qu’investir dans les femmes et les filles va au-delà de l’OMD no 3; et que ces préoccupations doivent être au centre des programmes d’action visant la réalisation des OMD d’ici à 2015.  En outre, il a noté l’importance donnée à la santé maternelle et aux droits reproductifs, ainsi qu’à la participation des femmes aux processus de prise de décisions.  La question du genre doit également être examinée de façon transversale, a-t-il ajouté.  La déclaration exprime aussi que la lutte contre la violence à l’égard des femmes est une priorité urgente qui requiert de sensibiliser les hommes et les garçons.


Le Forum sur la coopération en matière de développement a noté l’urgence des actions à mener et la multiplication des acteurs dans le domaine du développement, a ajouté M. Ali.  Il y a également davantage de sources de financement pour le développement, a-t-il aussi indiqué.  Il s’est dit heureux de voir que l’approche proposée par la présidence a permis aux travaux d’aboutir à la rédaction d’une déclaration très concise et orientée vers l’action.  « N’oublions pas que c’est un début et non une fin », a-t-il rappelé.


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, s’est joint aux remerciements exprimés par M. Hamidon Ali et a salué en outre le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences (DGACM) pour les efforts qu’il a déployés pour faciliter la tenue de ce débat de haut niveau.  « J’ai été frappé par l’ampleur de toutes les questions qui ont été abordées dans le cadre du Forum pour la coopération en matière de développement », a-t-il aussi déclaré.  Il a également remercié les 14 pays qui ont présenté leurs exposés facultatifs, ce qui a permis un partage d’expériences réussies.


ÉCHANGE DE VUES AVEC LES SECRÉTAIRES EXÉCUTIFS DES COMMISSIONS RÉGIONALES SUR LE THÈME « ÉGALITÉ DES SEXES ET AUTONOMISATION DES FEMMES DANS LE CADRE DE LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT: PERSPECTIVES RÉGIONALES » (E/2010/15, E/2010/15/ADD.11, E/2010/16, E/2010/17, E/2010/18, E/2010/19 et E/2010/20)


AniméparM. JÁN KUBIŠ, Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE), cet échange de vues a vu des interventions liminaires de M. Abdoulie Janneh, Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA); Mme Noeleen Heyzer, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP; M. Antonio Prado, Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC); Mme Afaf Omer, Chef du Centre pour les femmes de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (CESAO).


Le Secrétaire exécutif la Commission économique pour la CEE, M. JÁN KUBIŠ, s’est particulièrement inquiété que les indicateurs relatifs à la situation générale des femmes faisaient partie des OMD sur lesquels les États avaient fait le moins de progrès, alors que les femmes représentent 70% des plus pauvres. 


Le Secrétaire exécutif de la CEA, M. ABDOULIE JANNEH, a salué le rôle joué par la société civile, qui met l’accent sur les liens entre l’égalité des sexes et la croissance économique.  Il a ensuite présenté un tableau général de la situation en Afrique, montrant combien l’autonomisation des femmes est indispensable pour le développement durable et la lutte contre la pauvreté.  Il a mis l’accent sur les progrès accomplis par des pays africains en matière de parité entre les sexes et d’autonomisation des femmes, ceci OMD par OMD.  Il a insisté sur la nécessité pour chaque pays, de procéder à un investissement national conséquent pour réaliser ces objectifs de promotion de la femme.  Parmi les recommandations, M. Janneh a appelé à une responsabilisation rigoureuse et a préconisé l’utilisation de données ventilées par sexes et de statistiques qui permettraient l’évaluation et la mise en œuvre des programmes destinés à l’atteinte des objectifs choisis.  Il a suggéré la mise en place d’incitations en faveur des pays qui ont pu faire des avancées dans la bonne direction, et a suggéré que soient évalués l’impact des changements climatiques sur les femmes et celui de la fuite des cerveaux sur les systèmes de santé des pays africains.


La Secrétaire exécutive de la CESAP, Mme NOELEEN HEYZER, s’est inquiétée du coût économique de l’inégalité des sexes dans la région Asie et Pacifique, dont le montant est estimé de 16 à 30 milliards de dollars par an.  Cette inégalité cause une perte de productivité, et elle est responsable de nombreux maux sociaux, notamment des décès d’enfants et de mères liés à des accouchements rendus difficiles par la pauvreté des femmes.  Réduire les écarts entre hommes et femmes dans la région Asie-Pacifique est d’autant plus urgent que tous les indicateurs montrent que cette région joue un rôle capital dans l’économie mondiale et dans la sortie de crise du reste de la planète, a dit Mme Heyzer.  L’expérience de la crise asiatique de 1997 nous montre que nous pouvons nous attendre à un deuxième choc à cause de la perte de revenus qui affecte les femmes, ce qui a un impact sur la santé et l’éducation, a-t-elle dit.  Outre les OMD liés à la sexospécificité, a-t-elle ajouté, il est essentiel d’avoir une représentation des femmes dans les secteurs économique et politique.  Elle a mis l’accent sur l’importance de développer la protection sociale en rappelant que seulement 20% des personnes actives de la région Asie-Pacifique avaient accès à une couverture sociale.  Elle a indiqué que la question de la protection sociale serait le thème de la réunion annuelle de la CESAP en 2011.  Les dépenses sociales présentent le double avantage de préserver la croissance et d’aider à la réalisation des OMD, a souligné Noeleen Heyzer.  En outre, elle a mis l’accent sur les liens entre l’accès à l’éducation et l’accès à l’emploi des femmes.


Pour sa part, le Secrétaire exécutif de la CEE a expliqué que si la réalisation de l’objectif de scolarisation universelle au niveau du primaire ne pose pas de problème majeur en Europe, il faut toutefois aller au-delà de l’OMD no 3 et axer les efforts dans ce domaine sur la sensibilisation en vue d’éliminer les stéréotypes.  En outre, a-t-il ajouté, les femmes sont toujours sous-représentées dans les postes de prise de décisions, tant au niveau des parlements que dans le domaine économique.  Il a aussi indiqué que les femmes continuent à être désavantagées dans le secteur de l’emploi, étant davantage employées que les hommes dans les postes les moins biens payés et dans les tâches non rémunérées.  M. Kubiš a aussi indiqué que les pays de la région sont tous engagés dans la lutte contre la violence faite aux femmes.


M. Kubiš a appelé à intégrer davantage la sexospécificité dans les stratégies de réduction de la pauvreté et de promotion du développement.  Il résulte d’une étude menée en Asie centrale et dans le Caucase que la parité continue à être considérée avant tout comme une question juste sociale et qu’elle n’est pas assez intégrée dans les politiques économiques, a-t-il noté.  Il a aussi invité à renforcer les mécanismes nationaux visant la parité et à assurer que des lois pertinentes sont effectivement appliquées.  Il a par ailleurs appelé à rassembler plus de données et de statistiques sur les inégalités dont sont victimes les femmes, afin de les rendre plus visibles.  Rappelant enfin que les pays européens contribuent largement à l’aide au développement, il a invité ces pays à s’assurer que leur aide soit explicitement orientée vers les objectifs sexospécifiques. 


M. ANTONIO PRADO, Secrétaire exécutif adjoint de la CEPALC, a indiqué que les femmes sont toujours au bas de l’échelle des salaires et des revenus en Amérique latine et dans les Caraïbes.  Si leurs revenus ont augmenté dans le secteur non agricole, cette progression reste cependant modeste, a-t-il noté.  S’agissant du secteur de la production, dans presque tous les pays, sauf en République dominicaine et au Honduras, les femmes occupent essentiellement des emplois à faible productivité, ce qui se répercute sur leur revenu.  Les inégalités sont aussi sensibles au niveau de la protection sociale et des salaires, même si la situation s’améliore.  Passant à la participation politique des femmes dans la région, M. Prado a signalé qu’elle est en moyenne la même que dans le reste du monde, ce qui est encore loin de la parité.  Cependant, a ajouté M. Prado, les pays de la région ont élu cinq femmes présidentes au cours des dernières années.


M. Prado a par ailleurs annoncé que se tiendra au Brésil, du 13 au 16 juillet prochain, la onzième Conférence régionale sur les femmes de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Parmi les questions qui seront examinées, a-t-il précisé, la Conférence se penchera sur les mesures à prendre par les États de la région dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la participation des femmes aux processus de prise de décisions, ainsi que pour mettre fin à l’inégalité en matière d’emploi.  L’État doit aussi garantir les droits de la femme sur le marché du travail et dans la famille, pour augmenter son autonomie. 


Mme AFAF OMER, Chef du Centre pour les femmes de la CESAO, a noté que seulement 22% de femmes ont un emploi en Asie occidentale, ce qui est très en deçà de la moyenne mondiale et reflète le faible niveau de participation économique des femmes dans le monde arabe.  Cela s’explique notamment par des lois qui limitent la liberté de mouvement des femmes, a-t-elle indiqué, ainsi que par un manque d’infrastructures, notamment en ce qui concerne les transports et les crèches.  Malgré ces limitations, a ajouté Mme Omer, les femmes ont pu atteindre des niveaux d’enseignement élevé et la plupart des pays arabes ont signé les Conventions de l’OIT.  En ce qui concerne l’objectif de parité dans le domaine de l’éducation, il y a eu beaucoup de progrès, surtout dans le primaire.  Mais c’est au niveau le plus élevé que les filles sont le moins représentées, car elles sont souvent gardées à la maison pour s’occuper du foyer.


Mme Omer a ensuite précisé que le nombre de femmes au niveau de postes de prise de décisions augmente dans la région de la CESAO.  Les pays arabes ont placé des femmes à des postes clefs, comme cela s’est fait aux Émirats arabes unis, qui ont leur première femme ministre de l’économie.  Malgré tout, il y a seulement 10% de femmes en moyenne dans les parlements de la région, ce qui représente le taux le plus faible au monde, a noté Mme Omer.  L’Iraq et le Soudan ont quand même 25% de femmes dans leurs parlements, a indiqué Mme Omer.  Et la Jordanie, la Palestine et le Liban ont commencé à introduire des quotas.  Au niveau de la santé, elle a précisé que la mortalité des femmes a diminué.  Parmi ses recommandations, elle a invité à intégrer la dimension sexospécifique dans les lois nationales et à consacrer suffisamment de ressources à l’autonomisation des femmes.  Plus spécifiquement, elle a souhaité voir adopter des lois qui relèvent l’âge du mariage et révisent les programmes scolaires pour éliminer les images et stéréotypes discriminatoires.  Il faut aussi promouvoir des mécanismes de financement accessibles aux femmes, pour leur participation économique, et instaurer des systèmes de quotas, pour leur participation à la vie politique.


Débat interactif


La représentante du Pérou a mis l’accent sur la nécessité pour les pays de l’Amérique latine et des Caraïbes de renforcer la coopération Sud-Sud aux fins de l’autonomisation des femmes.  Celui de la Fédération de Russie a estimé qu’il fallait identifier les priorités en fonction des spécificités respectives des pays.  Ce dernier a rappelé que la Fédération de Russie était concernée par les travaux des Commissions économiques et sociales pour l’Asie et l’Europe. 


De son côté, le représentant du Guatemala a souhaité que les représentants de la Deuxième Commission (économique et financière) maintiennent des contacts réguliers avec les commissions régionales en estimant qu’à lui seul le débat de cet après-midi à l’ECOSOC n’était pas suffisant.  À l’instar d’autres délégations, il a jugé qu’il n’était pas opportun de tenir de tels réunions et débats pendant des matches de la coupe du monde de football.


Le représentant du Congo a illustré les difficultés que rencontre son pays pour atteindre les OMD liés à la lutte contre la pauvreté, l’accès à l’éducation primaire ou encore la mortalité infantile en rappelant néanmoins combien la mise en place d’un Plan national du genre en 2008 a permis de lancer une initiative significative sur ces questions au Congo. 


Le représentant de l’Indonésie a cité l’importance de la réunion ministérielle de Djakarta les 3 et 4 aout prochains pour promouvoir la coopération entre les États de la région aux fins de l’autonomisation des femmes.  La représentante d’Israël a quant à elle salué le lancement d’un programme commercial qui bénéficie à 29 pays de la région. 


La représentante du Brésil a indiqué que 800 représentantes d’associations de femmes examineront prochainement à Brasilia les moyens de surmonter les obstacles à l’autonomisation des femmes.  Enfin, le représentant du Cameroun s’est félicité de la contribution au débat du Secrétaire exécutif de la CEA, en rappelant notamment la référence que constitue la résolution 32/197 qui porte création des commissions régionales. 


Suite à ces interventions, les Secrétaires exécutifs des cinq commissions régionales ont apporté des précisions sur les contributions respectives de ces organes de l’ONU en matière d’autonomisation des femmes.  Il faut que la volonté politique se traduise par des budgets suffisants pour la mise en œuvre des objectifs, ont-ils déclaré, et que l’investissement national soit appuyé par la coopération régionale et complété par l’aide internationale.  Répondant à une question du représentant de l’Iraq, la Secrétaire exécutive de la CESAO a indiqué que l’on pouvait rapidement diminuer la mortalité maternelle par le biais de la collaboration régionale. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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