Débat de haut niveau de l’ECOSOC: les Objectifs du Millénaire pour le développement sont étroitement liés à la question de l’égalité des sexes
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Conseil économique et social
Session de fond de 2010
17e et 18e séances – matin & après-midi
DÉBAT DE HAUT NIVEAU DE L’ECOSOC: LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT
SONT ÉTROITEMENT LIÉS À LA QUESTION DE L’ÉGALITÉ DES SEXES
Portugal, République de Corée, Norvège, Australie, Congo et Mongolie présentent
à leur tour des exposés facultatifs dans le cadre de l’Examen ministériel annuel
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a poursuivi ce jeudi son débat de haut niveau sur le thème choisi cette année, relatif à la « mise en œuvre des objectifs et engagements convenus au niveau international en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes ». Une cinquantaine de délégations se sont exprimées, dont une quinzaine avaient à leur tête des ministres et autres membres de gouvernement, pour dresser un état des lieux dans la perspective du Sommet de l’Assemblée générale, prévu en septembre prochain, sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
À l’image de la Ministre du développement social, de la famille et de la solidarité du Maroc, de nombreuses délégations ont rappelé que les OMD étaient étroitement liés à la question de l’égalité des sexes et que leur réalisation restait fortement liée à la lutte contre toutes les discriminations et violences à l’encontre des femmes, ainsi qu’à l’autonomisation de celles-ci et à la promotion de l’égalité des sexes. Le Ministre des affaires étrangères de l’Estonie a toutefois rappelé que, si les OMD concernent essentiellement les pays en développement, les inégalités entre les sexes, quant à elles, persistent partout.
Les délégations ont abondamment commenté les progrès réalisés depuis la Conférence de Beijing, illustrant leur propos par les efforts menés et les réalisations accomplies par leur propre pays. Côté progrès, la Ministre du travail et de la Politique sociale de la Pologne a constaté que des questions comme les violences à l’encontre des femmes ou la traite des femmes avaient pris un caractère public, et n’étaient donc plus considérées comme relevant essentiellement de la sphère privée. Des thèmes tels que la conciliation entre la vie familiale et l’emploi des femmes ou leur participation aux processus de prise de décisions font désormais partie intégrante des débats publics, a-t-elle souligné.
Un certain nombre de mesures prises par la communauté internationale ont été largement saluées. La Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Slovaquie a estimé que l’adoption de résolutions phares par le Conseil de sécurité et la nomination d’un Représentant spécial du Secrétaire général sur la violence sexuelle dans les conflits armés témoignaient d’une volonté internationale d’améliorer le traitement des questions de genre. Plusieurs représentants se sont félicités de la création de l’entité « ONU Femmes » appelée à regrouper toutes les questions de genre au sein des Nations Unies.
Toutefois, plusieurs délégations ont rappelé la fragilité des progrès réalisés dans l’amélioration de la condition des femmes depuis 15 ans. Le représentant de la Suisse a constaté que ces progrès restaient inégaux selon les régions, qu’ils restaient globalement insuffisants, et qu’ils étaient remis en cause en cette période de crises systémiques. Au nom des pays les moins avancés (PMA), le représentant du Népal a estimé que le Sommet de septembre sur les OMD serait l’occasion d’évaluer l’impact de la conjonction de ces crises sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment ceux relatifs aux droits des femmes. Comme l’a rappelé le représentant du Yémen, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ces crises affectent tout particulièrement la situation des femmes. La représentante de l’Autriche s’est particulièrement inquiétée de la féminisation de la propagation du VIH/sida, en particulier en Afrique subsaharienne.
Si la représentante de la Gambie a estimé qu’il serait inutile de promouvoir l’égalité de genre et l’autonomisation de la femme sans créer un environnement juridique favorable, le représentant de la Lituanie a fait remarquer, au nom des États membres de la Communauté des démocraties, qu’adopter de bonnes lois ne suffisait pas et qu’il fallait aussi les mettre pleinement en œuvre. En effet, a affirmé le représentant de la Belgique au nom de l’Union européenne, les OMD ne pourront être réalisés que si les femmes sont considérées comme des agents du changement, ce qui exige de les faire participer aux prises de décisions et de leur donner accès aux crédits et aux ressources.
Parallèlement, six États -Portugal, République de Corée, Norvège, Australie, Congo et Mongolie- ont présenté leur examen national facultatif, dans le cadre du thème de référence de la session de fond du Conseil. Tous ont présenté les politiques et mesures prises par leur gouvernement respectif pour promouvoir l’égalité hommes-femmes et les droits de ces dernières. Alors que son pays est souvent présenté comme un modèle en matière de promotion des droits de la femme, la Secrétaire d’État de la Norvège au développement international a estimé que le plus grand risque serait de penser que le travail est fait, alors qu’il faut poursuivre le dialogue politique en y faisant participer les jeunes, garçons et filles, pour débattre de la source des inégalités.
Pays donateurs, la Suède, le Portugal, la République de Corée et l’Australie ont mis en valeur l’intégration de la perspective sexospécifique dans leur politique de coopération internationale au développement. La délégation de la République de Corée a ainsi expliqué que ce pays, d’une part, finance des projets destinés spécifiquement aux femmes et fillettes dans les pays en développement et que, d’autre part, il intègre une dimension « égalité des sexes » de manière transversale dans tous ses programmes de coopération. La délégation du Congo a expliqué qu’il avait été difficile de faire inclure une dimension sexospécifique dans le document national de stratégie de réduction de la pauvreté et a reconnu que des pesanteurs socioculturelles et autres pratiques traditionnelles persistantes limitaient l’accès des femmes aux instances de prise de décisions, freinant la réduction des inégalités. La délégation de la Mongolie a pour sa part annoncé que ce pays atteindrait sans doute d’ici à 2015 les OMD relatifs à l’égalité des sexes dans l’emploi salarié et dans la réduction de la mortalité maternelle.
Le Conseil économique et social poursuivra ses travaux demain, vendredi 2 juillet, à partir de 10 heures. Il achèvera son débat de haut niveau et aura un échange de vues avec les secrétaires exécutifs des commissions régionales sur le thème de la session. Parallèlement se tiendra une concertation de haut niveau avec les institutions financières et commerciales internationales qui portera sur la situation économique et sociale dans le monde.
EXAMEN MINISTÉRIEL ANNUEL
Animé par Mme RITVA KOUKKU-RONDE, Sous-Secrétaire d’État de la Finlande,l’Examen ministériel annuel (EMA)a porté sur le Portugal, la République de Corée et la Norvège. L’EMA analyse les progrès accomplis dans la réalisation du programme de développement des Nations Unies et des initiatives concrètes permettant d’accélérer le processus, en mettant tout particulièrement l’accent, cette année, sur les objectifs et buts liés à l’égalité entre les sexes et à l’émancipation des femmes. T
Exposé national facultatif du Portugal (E/2010/59)
Mme ELSA PAIS, Secrétaire d’État pour l’égalité entre les sexes, Portugal, a expliqué dans sa première partie, que le rapport national décrit l’action entreprise par le Gouvernement portugais pour mettre en œuvre les stratégies et politiques du développement national. Il précise les différentes priorités de la coopération pour le développement du Portugal et ses principaux bénéficiaires, décrit le cadre institutionnel mis en place et met l’accent sur les principes de la cohésion des politiques, de l’efficacité de l’aide, ainsi que sur l’importance de la création et de la consolidation de partenariats avec l’ensemble de la société civile.
Dans la seconde partie, le rapport aborde le thème auquel est consacré l’EMA 2010. Une section décrit les politiques et activités publiques dans ce domaine, pour analyser ensuite l’intégration d’une perspective sexospécifique dans le cadre de la coopération nationale pour le développement. Au niveau national, la nomination au Gouvernement d’un Secrétaire d’État à l’égalité, à la suite des élections législatives de septembre dernier, prouve l’importance politique qu’accorde à l’égalité des sexes le Gouvernement portugais qui a considérablement augmenté le budget de la promotion de l’égalité des sexes pour la période 2007-2013, à hauteur de 83 millions d’euros. En outre,cinq nouveaux plans nationaux ayant une incidence sur l’égalité des sexes ont été adoptés depuis 2007, dont un porte sur l’application de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.
De son côté, M. JOÃO GOMES CRAVINHO, Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, a affirmé que la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes constitue un principe directeur des stratégies de développement national. Nous estimons, a-t-il dit, qu’il est impossible de progresser vers la réalisation de tous les autres Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sans un investissement important dans l’autonomisation des femmes. C’est aux femmes qu’incombe souvent, dans le monde, la tâche de satisfaire aux besoins de leurs familles en eau et en aliments et de prendre des décisions qui agissent sur l’activité économique, en ce qui concerne notamment les choix qui influent sur les investissements de leurs familles.
On se rend mieux compte aujourd’hui du rôle que les femmes doivent jouer dans toute réponse efficace aux crises, de même que dans la réalisation d’une croissance et d’un développement économiques durables. La coopération portugaise pour le développement tient compte de cette tendance, a-t-il affirmé, en citant les efforts du Portugal en matière de santé en Guinée-Bissau. Les programmes mettent l’accent sur la formation du personnel infirmier et des sages-femmes, auxquels incombe l’essentiel de l’assistance en santé sexuelle et reproductive. Le pays bénéficie aussi d’un programme de lutte contre la malnutrition des femmes enceintes et des enfants grâce à la fabrication et à la commercialisation d’une multivitamine à partir d’ingrédients locaux. Le projet prévoyant le renforcement de 12 unités sanitaires d’urgence en obstétrique et soins néonatals dans les régions en Guinée-Bissau revêt une importance particulière.
Le représentant du Guatemala a souhaité des précisions sur les initiatives prises par le Portugal pour mettre en exergue le rôle crucial de la femme dans tous les domaines de l’économie et estimé que l’élaboration de statistiques et d’indicateurs démographiques mettraient mieux en évidence la place de la femme au Portugal et son évolution. De son côté, la représentante de la Norvège a souhaité des informations sur les résultats de l’enquête de 2009 sur les violences sexistes. Elle a demandé comment le Portugal comptait intégrer dans ses politiques de développement le potentiel spectaculaire des femmes comme catalyseur de la modification des comportements face aux changements climatiques.
La Secrétaire d’État pour l’égalité entre les sexes du Portugal a insisté sur trois plans nationaux relatifs à la citoyenneté et l’égalité des sexes; à la violence domestique et à la traite des êtres humains. Elle a rappelé l’augmentation du budget de l’égalité entre les sexes. Son homologue des affaires étrangères et de la coopération a dit la volonté de son pays de développer des relations bilatérales sur la question avec le Guatemala. S’agissant de l’intégration de la femme dans les mesures de lutte contre les changements climatiques, il a reconnu que le Portugal devait encore progresser en ce domaine en s’appuyant sur les expériences existantes. Le représentant du Cap-Vert a souligné les efforts menés par son pays grâce au soutien du Portugal, contre la violence sexiste.
Exposé national facultatif de la République de Corée (E/2010/71)
Mme PAIK HEE YOUNG, Ministre de l’égalité entre les sexes et de la famille de la République de Corée, a rappelé que son pays avait connu une croissance considérable durant les dernières décennies, précisant que le revenu par habitant y était passé de 251 dollars en 1970 à 19 353 dollars en 2008. En rejoignant, le 1er janvier 2010, le Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la République de Corée est passée du statut de pays partenaire à celui de pays donateur. Le pays a ensuite adopté une loi-cadre sur la coopération internationale au développement, qui met l’accent sur la promotion des droits de la femme et de l’égalité des sexes, reflétant la détermination du Gouvernement coréen à mettre en œuvre les engagements pris sur le plan international, conformément au Programme d’action de Beijing et aux OMD. Le rapport s’attache à expliquer comment la République de Corée, qui était un pays pauvre, a réussi à accéder au statut de pays donateur.
Mme Paik a souligné l’importance des femmes dans le développement socioéconomique du pays, comme moyen d’éliminer la pauvreté. Elle a expliqué les mesures prises par le pays pour assurer l’autonomisation des femmes ainsi que l’équilibre entre leur travail et la famille. Leurs besoins et leurs intérêts ont été intégrés dans la planification des politiques nationales. La Ministre a jugé impératif que les femmes soient mieux représentées dans tous les aspects de la société. Ainsi, dans le domaine politique, une loi impose aux partis des quotas pour les candidatures aux élections, ce qui a permis d’augmenter fortement la représentation des femmes dans les instances élues.
La politique de quotas est aussi imposée dans de très nombreux secteurs, y compris au niveau décisionnel. L’accès des femmes au marché du travail est essentiel pour la lutte contre la pauvreté, a répété la Ministre, qui a rappelé que la main-d’oeuvre féminine avait joué un rôle déterminant dans la rupture du cycle de la pauvreté dans le pays. La République de Corée s’attache donc à faciliter cet accès et à lutter contre toutes les formes de préjugés et de discrimination qui limitent l’accès des femmes à l’emploi. La Ministre a toutefois fait observer que, souvent les femmes renonçaient à travailler après leur premier ou leur deuxième enfant. Des mesures sont donc prises pour faciliter des formes d’emploi souples et multiplier les crèches.
La Ministre a ensuite expliqué comment son pays développe sa coopération avec les pays en développement, notamment en y promouvant l’autonomisation des femmes, y compris par l’éducation. C’est un bon moyen d’accélérer la croissance et le développement, a-t-elle affirmé, tout en regrettant que l’OMD no 3 relatif à cette autonomisation était l’un de ceux pour lesquels on observait le moins de progrès. La République de Corée compte augmenter son aide publique au développement (APD) pour la porter en 2015 à 0,25% de son PIB.
Sont ensuite intervenus les représentants des pays évaluateurs que sont le Chili, l’Indonésie et la Suède. Les évaluateurs ont tous trois salué le développement de la République de Corée et son passage du statut de pays partenaire à celui de pays donateur. En réponse à des questions du Chili et de la Suède sur la méthode choisie par la République de Corée pour favoriser la promotion des femmes dans ses programmes de coopération au développement, la délégation coréenne a expliqué que, d’une part, le pays finance des projets destinés spécifiquement aux femmes et fillettes dans les pays en développement, en voulant par exemple 30% de femmes dans tous les programmes de formation, et d’autre part, il intègre une dimension « égalité des sexes » de manière transversale dans tous les programmes de coopération.
Quant aux mesures prises pour assurer le bien-être des femmes, la Ministre a expliqué que, dans un premier temps, il s’était agi de lutter contre les violences sexuelle ou domestique. Aujourd’hui, il s’agit plus largement de s’occuper de santé, d’éducation ou encore de fournir aux femmes des services tels que des garderies qui à la fois créent des emplois et permettent à des mères de travailler. En outre, on tente de trouver des formules de travail assez souples pour faciliter l’emploi des mères.
Le représentant de l’Indonésie a remercié la République de Corée pour l’assistance qu’elle a fournie aux femmes indonésiennes dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. Le représentant ayant demandé si la République de Corée comptait élargir ces programmes aux hommes, la Ministre a estimé que c’était une possibilité. En réponse à une question de la Suède sur la politique des quotas dans le secteur privé, la Ministre a expliqué que son pays envisage d’étendre cette politique à beaucoup d’autres secteurs. Mais, a-t-elle reconnu, il serait préférable sur le long terme que les entreprises renforcent, de manière volontaire, la participation des femmes de manière volontaire.
Exposé national facultatif de la Norvège (E/2010/66)
Mme INGRID FISKAA, Secrétaire d’État norvégienne au développement international, a indiqué que 80% des femmes de 25 à 66 ans font partie de la population active norvégienne. La dimension de genre a été intégrée dans la plupart des domaines et secteurs de la vie publique et la coopération internationale au développement met l’accent sur la santé de la mère et de l’enfant, et sur les femmes, la paix et la sécurité.
Le rapport indique que la Norvège a mis en œuvre diverses politiques qui ont pour but de donner aux personnes la possibilité de combiner la vie de famille et la vie de travail. Le recours à diverses mesures de discrimination positive a été capital pour augmenter la participation des femmes aux processus décisionnels. La Norvège, dit encore le rapport, dispose d’une législation solide en faveur de l’égalité des sexes et contre la discrimination. Le Bureau de l’ombudsman de l’égalité, qui garantit l’application de la législation sur l’égalité des sexes, est une institution qui remonte à 1979. Un des enseignements tirés jusqu’ici de cette expérience est que l’État-providence a été vital pour la libération de la femme et l’égalité entre les sexes.
La coopération tripartite entre les organisations d’employeurs, les syndicats et l’État a joué un rôle essentiel dans la création d’un État-providence moderne. Un mouvement féministe actif fortement centré sur les questions d’égalité entre les sexes et les questions familiales a également été important. Le changement social dépend d’une volonté politique affirmée, souligne le rapport.
Il n’en demeure pas moins que la Norvège reste confrontée à certains défis. Si les Norvégiennes participent au monde du travail presque en même nombre que les hommes, beaucoup travaillent à mi-temps. Toutefois, les choix éducatifs et professionnels des femmes sont très différenciés par rapport à ceux des hommes et, dès lors, le marché du travail en Norvège est fortement cloisonné selon le sexe. En outre, le salaire horaire des femmes est inférieur de 15% en moyenne à celui des hommes.
L’intervention de la Secrétaire d’État a été suivie par celles du Forum norvégien pour les femmes et le développement(FOKUS) et de la Confédération norvégienne des syndicats. Si la représentante du Forum a souligné l’importance de la loi de 2007 contre la prostitution, la seconde a mis l’accent sur l’aménagement du temps de travail pour concilier vie familiale et vie professionnelle. De son côté, le représentant des entrepreneurs norvégiens a reconnu les différences entre hommes et femmes dans le domaine de la formation. Il a noté que les femmes dominaient le secteur public et les hommes le secteur privé.
Le représentant du Guatemala a souligné l’importance d’un État fort capable de créer un système de bien-être consolidé par des mesures incluant systématiquement les femmes. Il a demandé quelles mesures ont permis à la Norvège d’enregistrer de tels succès et comment la Norvège comptait refléter la priorité de l’égalité des sexes dans sa politique de coopération au développement. Son homologue des Pays-Bas a jugé que la Norvège était un exemple en matière de promotion des droits de la femme.
Il a voulu savoir de quelles façons l’égalité des sexes demeurait une priorité constante dans la politique norvégienne. La budgétisation sexospécifique est-elle un outil efficace? a-t-il demandé, en s’interrogeant aussi sur l’impact des congés parentaux accordés aux pères. Il a fait sienne la dernière ligne du rapport de la Norvège qui dit que les hommes et les femmes ressentent le monde différemment et qu’il faut leur donner la responsabilité et la possibilité de façonner sur un pied d’égalité la société de demain.
Répondant à ces deux interventions, la Secrétaire d’État norvégienne a répété que le changement trouve son origine dans un mouvement actif en faveur des droits de la femme. Mais ce changement doit toujours être dirigé par le pouvoir politique, a-t-elle insisté, en ajoutant que la principale menace est de penser que le travail est fait alors qu’il faut continuer le dialogue politique en y faisant participer les jeunes, garçons et filles, pour débattre de la source des inégalités.
En ce qui concerne la budgétisation sexospécifique, elle a indiqué qu’en 2005, la principale circulaire relative au budget, émanant du Ministère des finances, contenait des instructions sur la manière dont les ministères doivent effectuer une évaluation de l’égalité entre les sexes dans leurs domaines de compétence. Il appartient à chaque ministère de décider des secteurs à soumettre à une analyse sensible au genre et si cette analyse doit figurer dans les propositions budgétaires. Le but est d’examiner les effets que les différentes décisions politiques ont sur les femmes et les hommes, les filles et les garçons, en vue de promouvoir l’égalité entre les sexes.
Par ailleurs, la Secrétaire d’État a indiqué que 90% des pères qui ont l’occasion de prendre des congés de paternité le font et que beaucoup prennent plus que les 10 semaines réglementaires. Les pères qui passent plus de temps à la maison permettent aux femmes de préserver leur carrière et de réduire les écarts salariaux.
Elle a précisé que depuis 2006, les droits de la femme et l’égalité des sexes sont au cœur de la coopération internationale au développement. En 2008, le Gouvernement a soumis au Parlement un rapport qui définit sept principes directeurs qui consacrent la nécessité de mobiliser les femmes et les hommes dans toutes les initiatives.
Animé cet après-midi par M. HAMIDON ALI (Malaisie), Président du Conseil économique et social, l’Examen ministériel annuel a porté sur l’Australie, le Congo et la Mongolie. Il examine les progrès accomplis dans le cadre de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, en insistant en particulier sur efforts en matière d’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.
Exposé national facultatif de l’Australie (E/2010/63)
M. ROBERT MCMULLAN, Membre du Parlement et Secrétaire parlementaire chargé du Service de l’aide au développement international (Australie), a indiqué que le rapport national facultatif présente ce qui a été entrepris par l’Australie pour aider les pays en développement à accélérer leurs progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Le rapport précise que le montant de l’aide publique au développement de l’Australie, qui a augmenté, au cours des six dernières années de 70%, atteint 3,8 milliards de dollars. Le rapport souligne par ailleurs l’importance de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes ainsi que les mesures et initiatives prises par l’Australie dans ce domaine. Le rapport présente en particulier les efforts visant à combler l’écart entre hommes et femmes, tout en mettant l’accent sur la nécessité de réduire cet écart pour réaliser les OMD. Enfin, le rapport envisage les moyens d’améliorer l’aide et identifie les défis à relever.
Les représentants du Timor-Leste, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et du Portugal ont félicité l’Australie d’avoir nommé, pour la première fois de son histoire, une femme au poste de premier ministre. La représentante du Timor Leste a également félicité l’Australie pour les progrès réalisés en matière de parité entre les femmes et les hommes. L’Australie, a-t-elle reconnu, est un partenaire très généreux qui a contribué au développement des capacités du Timor-Leste. Elle a souligné qu’il était important pour chaque pays de bien cibler les mesures à prendre, avec la coopération de tous les partenaires concernés et dans le respect du principe de responsabilité partagée.
Le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a mis l’accent sur l’importance de l’OMD no 8 qui encourage les partenariats pour la formulation des programmes prioritaires et la reconnaissance des aspirations des pays récipiendaires. Il a mis l’accent sur la nécessité de sensibiliser les jeunes à la parité entre les sexes. Il a dit qu’il était aujourd’hui reconnu que la violence sexiste était un risque pour la sécurité humaine et un facteur de déstabilisation de la société.
Le représentant du Portugal a demandé si l’Australie envisageait d’élaborer un plan d’action pour mettre en œuvre les principes contenus dans la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. Il a également demandé ce que le Portugal et l’Australie pourraient faire ensemble au Timor-Leste et comment l’Australie comptait mieux intégrer la dimension sexospécifique dans toutes ses initiatives de développement.
Répondant à ces premières remarques, M. MCMULLAN a estimé que l’Australie devrait faire plus dans la lutte contre la mortalité maternelle et la violence à l’encontre des femmes au Timor-Leste. La violence domestique, a-t-il dit, doit être considérée comme un crime grave. L’Australie a établi une compilation des meilleures pratiques pour réduire la violence à l’encontre des femmes dans les situations de conflit, a-t-il indiqué.
À une question posée par la représentante d’Israël, M. McMullan a assuré que l’Australie fournissait une assistance technique à la demande de gouvernements. « Nous travaillons toujours en accord avec les gouvernements et en collaboration avec des ONG », a-t-il précisé. Il a salué la création, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, de l’association « Hommes contre la violence », initiative qu’il a définie comme un excellent moyen de changer les attitudes des hommes.
Exposé national facultatif de la République du Congo (E/2010/78)
Mme JEANNE FRANÇOISE LECKOMBA LOUMETO-POMBO, Ministre de la promotion et de l’intégration de la femme du Congo, a attiré l’attention sur le document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) 2008-2010 qui s’articule autour de cinq stratégiques où la parité entre les sexes est classée dans le diagnostic sectoriel de la gouvernance. Le Plan national pour atteindre les OMD a en son cœur l’OMD no 3 sur l’égalité entre les sexes. La Ministre a ajouté que la politique nationale sur la parité entre les sexes tourne autour de sept axes. Elle a ensuite énuméré les réussites et les défis dans les domaines de l’éducation, la santé maternelle, la participation à la vie administrative et politique, la participation à la vie économique, la lutte contre la violence à l’égard des filles et des femmes et le renforcement des mécanismes institutionnels.
La Ministre a attiré l’attention sur le plan d’action, pour la période 2009-2013, de la politique nationale sur la parité entre les sexes dont la mise en œuvre est estimée à plus de 16 millions et demi de dollars. Sur ce montant, une somme de 9 990 000 de dollars est mobilisable au titre du budget national. Des avancés significatives, a-t-elle affirmé, ont été enregistrées dans les domaines de l’enseignement primaire et des mécanismes institutionnels. Des efforts soutenus doivent néanmoins être consentis dans les domaines de l’enseignement secondaire, de la santé maternelle et infantile, de l’emploi non formel, de la violence sexiste et de la représentation de la femme dans les instances de prise de´décision.
Le secteur de l’éducation est encore caractérisé par une forte déperdition sociale et la baisse du pouvoir d’achat des parents. La mortalité maternelle reste élevée à cause des avortements, des hémorragies de la délivrance, des infections postabortum ou encore du paludisme. Le secteur informel demeure dominé par les femmes qui occupent la quasi-totalité des postes dans les domaines de la conservation, la transformation et la commercialisation des produits agricoles et de pêche.
La violence sexiste est toujours alimentée par la persistance de pratiques traditionnelles discriminatoires telles que les rites de veuvage, la pratique du lévirat ou du sororat, alors que la persistance des pesanteurs socioculturelles barrent l’accès des femmes aux instances de prise de décision.
La réduction des inégalités est certes possible d’ici à 2015, a dit la Ministre, mais ces pesanteurs sont véritablement un frein. Seule une action politique plus soutenue pourrait inverser la tendance actuelle et assurer des progrès durables, a conclu la Ministre.
La représentante de la Chines’est félicitée des progrès effectués par le Congo tout en relevant les défis « parfaitement surmontables » grâce à une aide technologique et financière. De quel type d’assistance technique, avez-vous besoin? a-t-elle demandé, en s’interrogeant aussi sur les mesures prises pour atténuer la trop grande vulnérabilité des femmes aux conséquences de la crise financière. Elle a aussi demandé des détails sur le dispositif « sécurité sociale » en faveur des femmes travaillant dans le secteur informel.
« Une lucidité qui force l’estime », a commenté la représentante de la France, en parlant de la présentation de la Ministre. Le Congo nous montre, a-t-elle ajouté, que la santé des femmes et des filles est un bon exemple du caractère transversal des OMD. Elle a insisté sur l’accès aux soins du VIH/sida et de la lutte contre la mortalité maternelle.
Quelle est la feuille de route congolaise en matière de santé? a demandé la représentante. Elle a rappelé que le Congo, dont l’économie de rente est liée au pétrole, a les moyens de renforcer le secteur de la santé et le secteur tertiaire, grand pourvoyeur d’emplois aux femmes. Comment le Congo intègre-t-il ces priorités dans son programme de lutter contre la pauvreté? a-t-elle demandé. Venant à la violence sexiste, elle s’est inquiétée de la stratégie appliquée, en particulier dans les domaines de l’éducation et de l’économie. Quel type de partenariat recherche le Congo s’est-elle enfin interrogée?
Répondant aux questions de ces deux délégations, la Directrice nationale des questions du genre a avoué qu’il a fallu abattre un grand travail de plaidoyer pour pouvoir intégrer une dimension sexospécifique dans le Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), contrairement aux OMD où l’importance de l’égalité entre les sexes est consacrée. Elle a reconnu le problème de la santé maternelle mais, a-t-elle dit, le Congo, pays postconflit, s’emploie à rétablir les infrastructures nécessaires dont les centres de planification familiale et la formation des agents de santé. En matière de santé maternelle, a-t-elle assuré, toutes les actions sont accompagnées de campagnes de sensibilisation pour accélérer le changement des mentalités.
Mais, a-t-elle préconisé, il faut aussi renforcer les capacités économiques des femmes car l’une des contraintes est le manque de ressources financières. Au Congo, la législation du travail est assez avancée, c’est au niveau de la pratique de recrutement que le problème se pose, en particulier dans le secteur privé qui voit dans les congés de maternité un manque à gagner. C’est dans le secteur informel que les femmes souffrent le plus, a-t-elle dit, citant par exemple le manque d’accès à la sécurité sociale et aux crédits.
La représentante a aussi reconnu l’ampleur du phénomène de la violence. Elle a indiqué qu’une étude sur les stéréotypes sexistes a été menée en vue de la révision des manuels scolaires. Mais les stéréotypes existent aussi dans les médias et dans le langage même, a-t-elle dit. Le Gouvernement congolais travaille donc avec les médias, les leaders traditionnels et les chefs religieux qui peuvent véhiculer des messages défavorables à l’amélioration du statut de la femme.
En outre, des efforts sont faits pour former et informer les praticiens du droit et les auxiliaires de justice, en même temps qu’une révision de la législation est envisagée. Toutes ces actions étant menées avec l’appui des partenaires dont les institutions des Nations Unies, a conclu la Directrice, en indiquant que, compte tenu des montants « colossaux » nécessaires, son pays entend développer la coopération Sud-Sud et la coopération décentralisée.
En conclusion, le Président de la société civile du Congo et membre du Conseil économique et social national a d’abord tenu à souligner qu’au Congo, toutes les lois en vigueur veillent sur le respect de l’égalité entre les sexes. La question de la scolarité des filles ne se pose pas. Il a fait part de la dynamique féconde qui existe entre le Gouvernement et la société civile, laquelle est impliquée en amont et en aval. Le lancement de la campagne sur la violence sexiste a bénéficié d’une participation totale des ONG. Au nom de la société civile congolaise, il s’est engagé à poursuivre cette dynamique et à participer activement à la campagne sur le leadership humain qui consiste à impliquer les hommes et les garçons dans les efforts en faveur de l’égalité entre les sexes. « Nous devons travailler pour que les femmes puissent exercer leurs droits », a conclu l’intervenant.
Exposé national facultatif de la Mongolie (E/2010/80)
Mme TUGSJARGAL GANDI, Membre du Parlement, Ministre de la protection sociale et du travail (Mongolie), a indiqué que le rapport national décrit brièvement l’action menée par la Mongolie pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme dans le cadre fondamental de la promotion de la démocratie et de la réalisation des droits de l’homme pour tous. Il met l’accent sur les résultats obtenus, les difficultés rencontrées et les enseignements tirés, en insistant plus particulièrement sur la mise en place d’un cadre juridique, l’emploi féminin, la participation des femmes au processus décisionnel et la santé maternelle et génésique. La Ministre a assuré que la Mongolie est sur la bonne voie pour atteindre d’ici à 2015 les Objectifs du Millénaire pour le développement en ce qui concerne l’égalité des sexes en matière d’emploi salarié et de réduction de la mortalité maternelle. Le rapport, a-t-elle ajouté, présente aussi les mesures prises, les résultats obtenus, les difficultés rencontrées et les enseignements tirés de l’application des droits économiques de la femme, c’est-à dire en matière d’emploi. En outre, le rapport fournit des données sur la participation des femmes au processus décisionnel, ainsi que sur la santé génésique des femmes et des filles.
Dans une intervention complémentaire, Mme NASAN-ULZII ENKHNASAN (Mongolie) a notamment mis l’accent sur les écarts de salaire entre les sexes en notant que le salaire des femmes dans le secteur non agricole était inférieur d’environ 15% à celui des hommes. Cette différence, a-t-elle dit, provient essentiellement de la ségrégation sectorielle des sexes: les femmes sont concentrées dans des secteurs à faible rémunération et à faible productivité tels que l’éducation, la santé, l’hôtellerie et la restauration, le commerce de gros et de détail et les activités de réparation, tandis que les hommes travaillent pour la plupart dans des branches hautement productives telles que l’industrie extractive, le bâtiment et les transports. Elle a également précisé que les femmes représentaient actuellement 30,2% des membres des législatures locales et 16,2% des présidents de ces organes, 26,5% des chefs de cabinets ministériels, 17,3% des gouverneurs locaux et de leurs adjoints à tous les niveaux. Elle a indiqué que l’objectif de réduire le taux de mortalité maternelle à 50 pour 100 000 naissances vivantes d’ici à 2015, soit quatre fois moins qu’en 1990, a déjà été atteint.
De son côté, une représentante de la société civile de la Mongolie a mentionné la création d’un réseau de femmes, il y a trois ans. Elle a regretté l’absence de moyens des points focaux de la structure nationale pour l’égalité des sexes et la subsistance d’un fossé entre femmes rurales et urbaines.
Le représentant du Chili s’est félicité de ce que la Mongolie puisse atteindre d’ici à 2015 les OMD en ce qui concerne l’égalité des sexes en matière d’emploi salarié et de réduction de la mortalité maternelle. Il a demandé si la Mongolie disposait du personnel nécessaire pour dispenser les services de santé indispensables aux femmes. Il a également souhaité des précisions sur un projet visant à promouvoir l’égalité sociale et la sécurité humaine par une méthode intégrée de traitement et de prévention qui est actuellement réalisé dans trois régions -Vovi-Altai, Bayankhongor et Ummugovi-, avec l’appui du PNUD, de l’OMS, de l’UNICEF et du FNUAP par l’intermédiaire du Fonds d’affectation spéciale de l’ONU pour la sécurité humaine.
Le représentant du Japon a recommandé à la Mongolie de tenir compte des facteurs qui se cachent derrière les défis de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes. Il faut que la Mongolie adopte une approche multisectorielle pour renforcer les capacités et la protection des femmes, a–t-il insisté avant de demander comment le Gouvernement comptait renforcer ses relations avec les membres de la société civile.
Répondant à ces premières remarques, le représentante de la délégation dela Mongolie a indiqué que le projet financé par le Fonds d’affectation spéciale de l’ONU pour la sécurité humaine était fondé sur une analyse des situations intégrant la dimension sexospécifique et vise à améliorer la qualité et la prestation des soins de santé de base, l’eau et l’assainissement, les possibilités de création de revenu et l’éducation de type scolaire. Parmi les activités couvertes par ce projet, elle a cité un projet sur les soins durables de première nécessité, l’amélioration des écoles, la formation des instituteurs, ou encore la réduction de la vulnérabilité économique et sociale. Elle a, notamment, mentionné une disposition de la loi sur la sécurité sociale qui permet aux femmes de prendre leur retraite cinq ans avant les hommes. Mais cette loi est considérée comme une discrimination à l’égard des femmes, a-t-elle dit. Elle a précisé que toutes les femmes enceintes bénéficiaient de services de soins prénataux. En moyenne, il y a 370 patients par médecin, a-t-elle dit, précisant qu’il existe de grandes disparités entre zones rurales et urbaines.
À une question de la délégation du Japon, elle a assuré que son gouvernement était de plus en plus conscient de la nécessité d’intégrer la dimension sexospécifique à toutes les étapes de la planification du budget national. Elle a assuré que le Gouvernement collaborait activement avec les ONG pour la sensibilisation à la mise en œuvre des objectifs de parité entre les sexes. Elle a précisé que la législation nationale prévoyait que les ONG peuvent exécuter certaines fonctions gouvernementales quand elles sont habilitées à le faire. Elle a mis l’accent sur les activités menées de concert en matière de lutte contre la traite des personnes et la violence domestique. La représentante de la société civile mongole a confirmé l’excellente collaboration du Gouvernement de la Mongolie avec la société civile sur les questions relatives à la parité entre les sexes.
Le représentant de l’Organisation météorologique internationale (OMI),intervenant également dans le cadre de cet échange interactif, a mis l’accent sur les défis liés aux changements climatiques et leurs conséquences sur les précipitations et les moyens de subsistance des communautés locales.
DÉBAT DE HAUT NIVEAU
Débat général
M. ABDULLAH M. ALSAIDI (Yémen), qui prenait la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a noté qu’au cours des dernières décennies, la question de la promotion de la femme avait reçu une attention considérable de la part de la communauté internationale. Il a toutefois souligné qu’en dépit des progrès accomplis en matière de genre, des obstacles demeurent en ce qui concerne la mise en œuvre des objectifs internationaux relatifs à l’autonomisation des femmes. Après avoir rappelé que les femmes représentent la majorité des pauvres et des analphabètes dans le monde, le représentant a mis l’accent sur la situation de celles-ci dans les situations de conflit, « où plus que d’autres elles sont victimes de la violence gratuite ». Le Groupe des 77 et la Chine soulignent l’urgence d’une action collective pour lever les obstacles à la pleine réalisation des droits des femmes et des filles vivant sous occupation étrangère, a ensuite lancé le représentant. Il a en outre reconnu que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) était entravée par l’impact négatif de la crise économique et financière internationale, « qui affecte tout particulièrement la situation des femmes ». Nous attendons avec impatience l’adoption par l’Assemblée générale d’une résolution portant création d’une entité consacrée au genre et à l’autonomisation des femmes, a-t-il dit, assurant que ce mécanisme renforcerait les capacités de l’ONU dans le domaine considéré.
M. JAN GRAULS (Belgique), qui a pris la parole au nom de l’Union européenne (UE), a appelé les organisations internationales, les gouvernements, la société civile et le secteur privé à renouveler les engagements pris en faveur de l’autonomisation des femmes et de l’égalité entre les sexes. Cette égalité constitue une valeur fondamentale dans l’Union européenne et figure depuis 1957 dans les traités européens, a-t-il indiqué. Il a aussi signalé qu’une Charte des femmes a été adoptée le 5 mars 2010, qui couvre l’indépendance économique, l’égalité des chances et des salaires dans le travail, l’égalité dans les prises de décisions, la dignité, l’intégrité et la fin de la violence sexiste, de même que la promotion de l’égalité entre les sexes au-delà de l’Europe. L’Union européenne se base aussi sur une stratégie de fond visant à améliorer l’efficacité des actions de lutte contre la violence et sur un plan d’action pour accélérer la réalisation des OMD, a dit M. Grauls. Ce plan prévoit notamment des actions pour accroître la capacité technique pour l’intégration de la sexospécificité dans tous les programmes d’action, a-t-il précisé. Par le biais de ce plan d’action, des efforts sont menés pour faire participer les femmes au maintien de la paix et de la sécurité, a-t-il aussi expliqué. M. Grauls a également souligné que les Objectifs du Millénaire pour le développement ne peuvent être réalisés que si les femmes sont considérées comme des agents de changement, ce qui exige de les faire participer aux prises de décisions et de leur donner accès aux crédits et aux ressources. La crise financière ne doit donc pas être une excuse pour diminuer les budgets des mesures qui doivent être prises au profit des femmes, a-t-il indiqué. Le représentant a aussi appelé à un accès universel à la santé génésique et au traitement du VIH/sida. Enfin, a-t-il signalé, l’Union européenne a salué la percée qui s’est produite hier concernant les négociations sur la question de la sexospécificité. Il a dit que l’Union européenne était satisfaite de la création d’une nouvelle entité au sein de l’ONU, qui sera chargée de traiter des questions concernant la femme et la sexospécificité.
M. GYAN CHANDRA ACHARYA (Népal) a pris la parole au nom des pays les moins avancés (PMA). Il a assuré que les PMA accordent la plus haute grande importance aux réunions de l’ONU sur l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes. Le Sommet de septembre sur les Objectifs du Millénaire pour le développement sera l’occasion d’évaluer l’impact de la conjonction des crises économique, climatique et alimentaire sur la réalisation des OMD, en particulier ceux relatifs aux droits des femmes, les premières touchées par cette conjonction, a-t-il ajouté. Dans nos pays, les crises se féminisent gravement, et la faiblesse du développement humain dont souffrent les PMA les empêche d’inverser la tendance, a reconnu le représentant. Selon lui, dans un tel contexte, il est urgent que les pays développés honorent leur engagement de verser 0,7% de leur PIB à l’APD. Quant à l’efficacité de l’aide, le représentant a demandé qu’elle soit effective dans les programmes pertinents. Dans les PMA, plus qu’ailleurs, les femmes sont les gestionnaires du foyer, a-t-il aussi rappelé.
Mme NOUZHA SKALLI, Ministre du développement social, de la famille et de la solidarité du Maroc, a déclaré que les Objectifs du Millénaire pour le développement étaient étroitement liés à la question de l’égalité des sexes, et que leur réalisation est particulièrement liée à la lutte contre toutes les discriminations et violences à l’encontre des femmes, ainsi qu’à leur autonomisation et à la promotion de l’égalité sexuelle. Malgré des progrès vers la parité, de nombreuses difficultés subsistent, aggravées par les crises financière et économique, l’insécurité alimentaire et les changements climatiques. L’égalité entre hommes et femmes est une priorité pour notre monde, a affirmé la Ministre, qui l’a présentée comme la voie royale pour construire un monde plus juste, plus humain et plus solidaire. C’est la voie dans laquelle s’est lancé le Maroc, a affirmé la Ministre, qui a rappelé la réforme majeure qu’a représenté en 2004 au Maroc la réforme du Code de la famille, aujourd’hui basé sur l’égalité et la coresponsabilité, puis celle du Code de la nationalité. Le Maroc s’est ensuite doté d’une stratégie nationale de promotion de l’égalité qui se traduit par un agenda gouvernemental allant en ce sens, a encore expliqué Mme Skalli. L’année 2009 a en outre représenté un tournant dans le domaine de la parité dans la gestion des affaires publiques, a affirmé la Ministre, qui a rappelé que les élections municipales avaient été marquées par une augmentation de 3 000% de la représentation des femmes dans les communes, passée de 127 à 3 428. Elle a enfin rappelé que le Roi du Maroc avait fait du développement humain un chantier de son règne. Appelé « Initiative nationale pour le développement humain », le plan mis en place vise à lutter contre les disparités, qu’elles soient territoriales -entre le monde urbain et le monde rural- ou fondées sur le genre, en luttant contre la précarité, la pauvreté et l’exclusion. Grâce à tous ces efforts, le Maroc est en très bonne position pour remplir d’ici à 2015 ses engagements internationaux relatifs au Objectifs du Millénaire pour le développement, a conclu Mme Saklli.
M. SARDAR MUHAMMAD LATIF KHAN KHOSA, Conseiller aux technologies de l’information auprès du Premier Ministre du Pakistan, a indiqué que la Constitution de son pays garantit l’égalité des droits pour tous les citoyens, sans aucune discrimination. La Constitution garantit aussi la participation pleine et entière des femmes dans toutes les sphères de la vie nationale, a-t-il ajouté. Nous avons eu la première femme Premier Ministre dans le monde musulman, a-t-il ensuite rappelé. Le Gouvernement pakistanais prend des mesures dans la lignée de la vision de Benazir Bhutto pour promouvoir l’égalité entre les sexes, afin de réduire la féminisation de la pauvreté, de promouvoir l’égalité entre les sexes, de mettre fin à la violence à l’égard des femmes et de mettre en place les structures législatives assurant l’autonomisation des femmes, a souligné M. Khan Khosa. Le Conseiller a cité, entre autres mesures en faveur des femmes, l’élaboration d’un plan d’action national visant la mise en œuvre des engagements de la Déclaration de Beijing, les travaux de la Commission nationale sur la condition de la femme, et l’adoption de lois protégeant les droits des femmes contre la violence domestique notamment. Le Gouvernement du Pakistan agit également pour l’autonomisation des femmes sur le plan économique, en suivant le programme « Benazir Income Support », et en menant des actions ciblées en faveur de la gent féminine dans le domaine de l’éducation. Les questions liées aux femmes sont également visées dans la stratégie de réduction de la pauvreté, a-t-il ajouté.
Mme NILCÉA FREIRE, Ministre du Secrétariat spécial chargé des politiques de la femme du Brésil, a signalé que les indicateurs économiques et sociaux de son pays ont progressé, avec notamment une réduction notable des inégalités entre les riches et les pauvres. Grâce à sa stratégie de promotion de la justice sociale, le Brésil devrait atteindre tous les objectifs qu’il s’est fixé pour 2015, a-t-elle ajouté. Mme Freire a indiqué que les services offerts à la population par le biais du Programme « Bolsa Familia » sont notamment un examen prénatal, un accompagnement nutritionnel, et un soutien à la santé des enfants. Ce Programme bénéficie actuellement à plus de 12 millions de familles pauvres au Brésil, ce qui représente 40 millions de personnes, a-t-elle précisé. En termes d’éducation, les femmes représentent la plus grande part des étudiants de l’enseignement supérieur, a-t-elle ajouté. La Ministre a aussi parlé du Programme destiné à éliminer les inégalités entre les sexes, lancé en 2005, et du Plan national contre la violence à l’égard des femmes, qui vise en particulier les femmes noires et autochtones. Elle a également annoncé que son pays a avancé sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, espérant notamment réduire de 15% la mortalité maternelle d’ici à 2011.
M. URMAS PAET, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a déclaré que parvenir à l’égalité des sexes représente un défit pour chaque pays, ajoutant que les résultats acquis lors des 15 dernières années restaient fragiles. En période de crise, les progrès dans ce domaine et dans celui des droits des femmes sont les premiers à disparaître, a-t-il fait observer. Tout en citant les nombreux domaines où les défis restent grands, M. Paet a rappelé que des progrès avaient été réalisés en faveur de l’égalité des femmes. Un certain nombre de pays ont réduit l’inégalité dans l’accès à l’éducation, et on assiste à une augmentation des financements privés en faveur des droits des femmes, a-t-il ajouté. Il a également rappelé que la participation des femmes à la vie politique est essentielle pour faire entendre leur voix, et a relevé en ce sens de nombreux exemples de progrès, citant le cas du Rwanda, seul pays au monde où les femmes sont majoritaires au parlement. Les besoins des femmes doivent être pris en compte si l’on veut mettre en place un développement juste, a poursuivi M. Paet. Or, les questions de genre sont encore trop négligées par les décideurs. Un des meilleurs moyens de promouvoir l’égalité des sexes est l’intégration de la dimension sexospécifique dans les budgets, a-t-il estimé, en citant en exemple le Timor-Leste, où un tel système a été mis en place avec un caucus de parlementaires femmes, en coopération avec l’UNIFEM et le PNUD. Mais le Ministre a déploré que les femmes restent trop souvent exclues des processus de paix, estimant que cela réduisait les espoirs de paix durable. Il a rappelé que l’éducation des fillettes restaient un des meilleurs moyens d’assurer la promotion des femmes, et qu’il était important aussi de leur donner l’accès à la santé, notamment reproductive, et le contrôle de leur corps.
M. Paet en a appelé à une meilleure coopération de la part d’une constellation d’acteurs allant des États et organisations internationales au secteur privé et à la société civile. Il a mis l’accent sur le rôle joué par un groupe de quelque 300 associations de femmes, de défense des droits de l’homme, et de la justice sociale, dans la création de la nouvelle entité des Nations Unies sur l’égalité des sexes. Il a affirmé que les hommes comme les femmes en position dirigeante devaient donner l’exemple et a cité comme source d’inspiration la lauréate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi. Le Ministre a également rappelé que si les Objectifs du Millénaire pour le développement concernent essentiellement les pays en développement, les inégalités entre les sexes persistent partout
Mme MARIA ROSARIA CARFAGNA, Ministre de l’égalité des chances de l’Italie, a affirmé que chaque OMD était lié directement ou indirectement aux droits des femmes. Cela signifie que dans les sociétés où les femmes sont traitées sur un pied d’égalité, il existe davantage de possibilités que les OMD soient atteints d’ici à 2015, a-t-elle ajouté. Pour la Ministre italienne, la promotion de l’égalité des chances doit être une priorité en vue de la mise en œuvre des OMD, l’Italie étant convaincue qu’étendre les services de base en matière de santé et de protection des femmes et des filles peut être un moteur permettant de parvenir à cette fin. L’éducation est également l’un des moyens les plus sûrs et efficaces pour endiguer dans les pays en développement l’épidémie de VIH/sida, a-t-elle poursuivi. Après avoir souligné la nécessité de faire plus pour réduire la mortalité infantile, la Ministre a rappelé que chaque année plus d’un demi million de femmes perdent la vie en accouchant ou pendant leur grossesse. Mme Carfagna a plaidé pour le lancement d’une action collective destinée à combattre plus efficacement la violence à l’égard des femmes « sous toutes ses formes ». Les abus physiques et psychologiques constituent toujours des violations des droits de l’homme, ces violences étant encore plus intolérables lorsqu’elles sont utilisées comme armes de guerre, a-t-elle renchéri.
Mme JOLANTA FEDAK, Ministre du travail et de la politique sociale de la Pologne, s’est interrogée sur ce qui avait changé dans la situation des femmes dans le monde depuis l’adoption de la Déclaration de Beijing voici 15 ans. Elle a constaté que les questions de la violence à l’encontre des femmes, de la violence domestique, et de la traite, avaient pris un caractère social connu du grand public et n’étaient plus considérées comme relevant essentiellement de la sphère privée. On le voit notamment dans la campagne lancée par les Nations Unies pour impliquer les hommes dans la lutte pour le respect des droits fondamentaux des femmes, a-t-elle affirmé, ajoutant qu’on pouvait être fier de ce résultat.
La Ministre a expliqué que la Pologne entendait mettre en œuvre la dimension sexospécifique de nombreuses manières, y compris en promouvant l’égalité dans l’accès au marché du travail ou par des campagnes de sensibilisation. Elle a expliqué que le Ministère qu’elle dirige cofinance des opérations destinées à promouvoir la participation des femmes dans la vie publique, afin de renforcer leur position tant au niveau central que dans les institutions locales. Pour Mme Fedak, l’égalité entre les sexes est un processus de « civilisation et de développement » qui ne pourra pas être stoppé, même si la voie à suivre est encore longue, car des questions telles que la conciliation entre la vie familiale et l’emploi des femmes ou leur participation aux processus de prise de décisions font désormais partie intégrante des débats publics. La Ministre a rappelé que l’égalité des sexes n’était pas seulement une question de justice sociale, mais aussi une condition de la croissance soutenable, de la compétitivité, et de la cohésion sociale. Il faut donc traiter cette question comme un investissement à long terme et non comme un fardeau à court terme, a-t-elle conclu.
Mme DOREEN SIOKA, Ministre de l’égalité entre les sexes et de la protection de l’enfance de la Namibie, a indiqué que son pays avait réussi à éliminer les disparités dans l’accès à l’éducation secondaire, l’éducation primaire pour tous devant être achevée d’ici à 2015. En outre, l’accès à l’éducation a été amélioré par d’autres initiatives gouvernementales tournées celles-là vers la formation professionnelle, a-t-elle ajouté. La Ministre namibienne a reconnu que des obstacles demeurent sur la voie de la réalisation des OMD, en particulier ceux relatifs à l’autonomisation des femmes. Elle a ensuite dénoncé les violations des droits des femmes dans les domaines de l’emploi et de l’accès au crédit ainsi que leur faible participation aux processus de prise de décisions dans la sphère publique et dans les entreprises. Mme Sioka, a, en conclusion réaffirmé l’engagement de son gouvernement à mettre pleinement en œuvre le Programme d’action et la Plateforme de Beijing ainsi que « tous les engagements pris au plan international en faveur de l’amélioration des conditions d’existence des femmes ».
Mme ALCINDA DE ABREU, Ministre de la coordination de l’action environnementale du Mozambique, a indiqué que le Gouvernement mozambicain consentait des efforts considérables pour améliorer la condition de la femme dans les secteurs privé et public. Aujourd’hui, près de 40% du Parlement national est constitué de députés femmes, et le Gouvernement comprend cinq ministres femmes, a-t-elle précisé, rappelant que de 2004 à 2010, le Premier Ministre du Mozambique était une femme. Elle a ensuite mis en avant les progrès réalisés par son pays dans l’application de la CEDAW et du renforcement de la législation en faveur de l’égalité de traitement entre les deux sexes. Après avoir détaillé les résultats obtenus en matière d’accès à l’éducation primaire des filles, qui atteint désormais 95,5% d’entre elles, Mme de Abreu a reconnu que les défis restaient nombreux et difficiles à relever sur la voie de la réalisation des OMD. Le taux de VIH/sida parmi les femmes reste élevé, a-t-elle dit, et nous devons faire davantage dans le secteur de la formation professionnelle afin de donner à nos femmes les moyens de se réaliser pleinement. En conclusion, elle a estimé que le renouvellement de la volonté politique des États était le moteur de la réalisation, d’ici à 2015 des OMD, et elle a plaidé pour l’entrée en vigueur de la future entité « ONU Femmes ».
M. ALEXANDER YAKOVENKO, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a indiqué que le Gouvernement va bientôt présenter ses sixième et septième rapports sur la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Partageant l’avis du Secrétaire général selon lequel tous les États Membres devraient élaborer leurs propres stratégies pour combattre la violence contre les femmes, le Vice-Ministre des affaires étrangères russe a soutenu la campagne qu’il a lancée pour mettre fin à cette forme de violence ainsi que sa nouvelle initiative de réseau de dirigeants qui cherche à impliquer les hommes dans ces questions. En ce qui concerne la nouvelle entité qui doit être créée à l’ONU pour traiter des questions sexospécifiques, M. Yakovenko a souhaité qu’elle soit basée sur le principe d’universalité géographique et soit chargée d’examiner tous les pays puisqu’aucun n’est exempt de violation des droits des femmes, a-t-il noté. L’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes sont de grandes priorités en Fédération de Russie, a-t-il poursuivi, et le Gouvernement met en œuvre des projets sur la santé, le logement et l’agriculture qui favorisent l’égalité entre les sexes, l’autonomisation des femmes et la lutte contre la discrimination à leur égard. Nous sommes convaincus de l’utilité d’utiliser tout le potentiel des femmes, en favorisant leur équilibre entre leur vie familiale et leur vie professionnelle, a indiqué le Vice-Ministre. Les femmes sont bien représentées dans trois ministères, a-t-il aussi indiqué.
Mme OL’GA ALGAYEROVÁ, Secrétaire d’État, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, a notamment estimé que l’adoption de résolutions phares par le Conseil de sécurité et la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général sur la violence sexuelle dans les conflits armés démontrent la volonté internationale d’améliorer le traitement des questions de genre. Nous appelons tous les États qui ne l’ont pas encore à ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, a-t-elle ajouté, et à mettre pleinement en œuvre la résolution 1325 du Conseil. Pour la responsable slovaque, le consensus politique international sur le genre s’est exprimé autour du projet de création d’une entité « ONU Femmes », qui, « en regroupant les quatre entités existantes, contribuera à harmoniser la gestion et le fonctionnement de l’architecture onusienne dans le domaine considéré ». La Ministre slovaque a en outre estimé que la nouvelle entité, en fournissant un appui décisif aux efforts des États Membres engagés dans la réalisation de la promotion de la parité entre hommes et femmes, contribuera également à renforcer la croissance durable, l’emploi et la cohésion sociale dans les pays.
M. HOSSIN FARAHI, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a indiqué que la Constitution de son pays offre une bonne base pour l’autonomisation des femmes afin de les faire participer activement aux activités socioéconomiques, culturelles et scientifiques, avec des dispositions spécifiques pour garantir l’égalité de tous les citoyens devant la loi. Au cours des 30 dernières année, le Parlement iranien s’est employé à adopter des lois en faveur des femmes et des familles, a dit M. Farahi. Dans ses efforts pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, le Gouvernement iranien a porté une attention particulière à l’emploi, à l’éducation, à la santé et à l’élimination de la pauvreté, a-t-il ajouté, expliquant que les mesures prises dans ces domaines permettent aux femmes de jouer le rôle qui leur incombe dans le développement. Ces mesures ont abouti à une augmentation du niveau d’alphabétisation des femmes et à l’extension de la couverture médicale aux familles des zones rurales, a dit M. Farahi. Le Vice-Ministre a également signalé des réductions importantes des taux de mortalité, en particulier maternelle et infantile. En termes de participation économique des femmes, de grands progrès ont aussi été accomplis au cours des 10 dernières années, s’est-il réjoui. Il a cependant reconnu les grands défis qu’il reste à relever pour l’autonomisation des femmes en Iran, comme ceux que posent la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, avant de préciser que des efforts sont menés par le Gouvernement dans ces domaines grâce notamment à un plan sur la création d’emplois et à la création de réseaux de communication pour les femmes rurales.
M. HYNEK KMONICEK, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a déclaré que son pays avait consacré 224 millions de dollars à l’APD en 2009. Il a indiqué que les principes de l’aide tchèque étaient codifiés dans le nouveau « Concept national de la coopération pour le développement » (2010-2017). Il a mis l’accent sur l’importance des échanges de bonnes pratiques et d’expériences dans la mise en œuvre des OMD. S’appuyant sur l’expérience de sa propre transition, qui a fait d’elle une société démocratique, a-t-il dit, la République tchèque estime que l’appui à la démocratie et aux droits de l’homme est un domaine important de sa politique en direction des pays en développement ou des États en transition.
M. ROBERT McMULLAN, Membre du Parlement et Secrétaire parlementaire chargé du service de l’aide au développement international de l’Australie, a salué la décision historique de créer une entité chargée des questions du genre aux Nations Unies et a indiqué que son pays attendait avec intérêt la nomination de la personne qui en assurera la direction à travers un poste de secrétaire général adjoint. Il a reconnu également le rôle important que jouent les institutions des droits de l’homme au niveau national, institutions qui incitent les gouvernements à rendre des comptes et à collaborer pour atteindre les objectifs du genre. Il a donc appelé à faire participer davantage ces institutions aux travaux de la Commission de la condition de la femme, organe subsidiaire de l’ECOSOC. L’Australie, qui présente aujourd’hui son exposé national facultatif devant le Conseil, est satisfaite de ses progrès en matière d’autonomisation des femmes et de promotion de l’égalité entre les sexes, a poursuivi le représentant. Il a insisté sur l’importance de l’éducation des filles et des femmes, pour leur permettre de profiter de tout leur potentiel. L’Australie a ainsi augmenté le financement de ce domaine dans le cadre de son aide au développement, y consacrant 744 millions de dollars cette année. M. McMullan a précisé que des programmes d’éducation ont pu ainsi être mis en place en Indonésie et aux Philippines. Il a ensuite mentionné la stratégie adoptée en Australie pour 5 ans, qui vise le développement des personnes handicapées. Avec un plan national de lutte contre la violence faite aux femmes, l’Australie agit aussi activement dans ce domaine sur le plan national et contribue en outre au fonds des Nations Unies dont les ressources visent à mettre en place des programmes pour mettre fin à cette forme de violence. L’Australie y a contribué à hauteur de 1,25 million de dollars, a-t-il indiqué.
Mme ATANAS MANYALA KEYA, Sous-Ministre au Ministère des affaires des femmes et des enfants du Kenya, a souligné que la violence à l’égard des femmes n’était pas qu’une violation des droits des personnes mais « un véritable vol de leur dignité et de leur capacité à se réaliser socialement ». Elle a expliqué que le Kenya appuyait pleinement l’initiative « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes » du Secrétaire général, « qui doit être appliquée en optimisant la communication, la coordination et la collaboration entre tous les acteurs ». Nous devons impliquer les hommes et les garçons dans le combat contre la violence domestique et communautaire, a-t-elle en outre dit. Mme Keya a ensuite fait savoir que pour atteindre la sécurité alimentaire, son pays avait mis en place des stratégies pour améliorer le fonctionnement des exploitations agricoles par le biais de technologies productives et résistantes aux effets de la sécheresse.
Mme SOLVEIGA SILKALNA, Envoyée spéciale du Premier Ministre de la Lettonie, s’est félicitée du consensus général atteint récemment sur la nouvelle entité créée en faveur des femmes aux Nations Unies, un organe qui permettra, selon elle, de renforcer la présence des politiques et questions sexospécifiques à l’ONU et dans ses États Membres. La Lettonie offre un exemple positif dans ce domaine, a-t-elle indiqué, les femmes représentant 71% des diplômes délivrés à l’université, 50% des juges de la Cour suprême et 45% des employés dans la recherche et le développement. Les femmes ont occupé des postes de haut niveau au service de l’État, a-t-elle signalé, comme ceux de président du pays, de président du Parlement, de ministre des affaires étrangères, de la défense et de l’intérieur. Nous devons en même temps nous attaquer aux défis qui subsistent pour les femmes et combattre le risque de pauvreté, qui touche en particulier les handicapées et les mères célibataires. La représentante a aussi indiqué que la Lettonie partage son expérience avec d’autres pays, come l’Afghanistan, l’Iraq et la Géorgie, et encourage les femmes de ces pays à être plus autonomes économiquement et politiquement.
Mme IRENE FREUDENSCHUSS-REICHL, Directrice générale pour la coopération aux fins du développement, du Ministère fédéral des affaires européennes et internationales de l’Autriche, s’est particulièrement inquiétée de la féminisation de la propagation du VIH/sida en précisant que les femmes représentaient 60% des personnes contaminées en Afrique subsaharienne. Elle a dit que l’Autriche accordait une grande importance à l’adoption d’une approche sexospécifique de la prévention du VIH/sida. Elle a indiqué que l’Autriche accueillerait du 18 au 23 juillet, à Vienne, la dix-huitième Conférence internationale sur le sida. Elle a souhaité que cette Conférence soit l’occasion de faire le lien entre la pandémie et les droits de la femme, afin que des progrès soient faits dans la mise en œuvre de l’OMD 6 et la lutte contre le VIH/sida. Par ailleurs, elle a mis l’accent sur l’importance des résolutions 1325, 1820, 1888 et 1889 du Conseil de sécurité pour consacrer la place de la femme dans les efforts de maintien et de consolidation de la paix. Notant que la question de genre touchait tous les 8 OMD, elle a estimé que la parité entre les sexes était une question essentielle pour la réalisation de tous les OMD d’ici à 2015. Elle a salué la création de la nouvelle entité de l’ONU consacrée à l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes en espérant qu’elle permettra une meilleure coordination et cohérence en matière d’intégration de la sexospécificité dans l’ensemble du système des Nations Unies.
Mme MAZAL RENFORD, Directrice du Centre international de formation Gold Meir du Mont Carmel, d’Israël, a expliqué que le centre qu’elle dirige conduit des programmes et projets au service de la cause des OMD, en particulier ceux relatifs à l’autonomisation des femmes. Elle a précisé que le Centre Gold Meir était spécialisé dans la microentreprise et la fourniture de soutien aux initiatives de lutte contre la pauvreté. Nous sommes présents en Israël et dans les pays en développement, notamment en Asie centrale et dans les régions du Caucase, où nous concentrons nos activités sur l’aide à l’activité économique des femmes et à la création d’emplois, a indiqué Mme Renford. Elle a par ailleurs annoncé qu’en 2011, Israël organisera la deuxième biennale de la Conférence des femmes dirigeantes, ceci en coopération avec l’UNESCO, le thème arrêté étant les femmes, l’éducation, la formation, la science et la technologie. Cette rencontre devrait mettre l’accent sur la nécessité d’encourager les filles à suivre, dans le secondaire, des formations scientifiques et technologiques, a-t-elle dit.
Mme VARINIA DAZA, Conseillère auprès du Ministre du développement et de la planification de la Bolivie, a expliqué le nouveau modèle de développement adopté sous la présidence de M. Evo Morales Ayma, orienté vers la distribution des revenus, l’amélioration de la politique sociale, la préservation de la stabilité économique, dans un contexte de renforcement de la démocratie. La Constitution du pays reconnaît l’égalité entre les sexes et le droit au développement des femmes comme partie intégrante des droits de l’homme, a-t-elle ajouté. Par le biais de son Plan national de développement, la Bolivie se concentre sur les femmes autochtones des zones rurales les plus pauvres, a-t-elle poursuivi. Elle a indiqué également que les femmes participent activement et sont même des leaders dans les organisations sociales, agricoles, autochtones, rurales et urbaines. Elles constituent aussi 49% de l’Assemblée plurinationale bolivienne et 50% du Cabinet ministériel du Président Morales Ayma, a dit Mme Daza. La Conseillère a mentionné le fait que la Bolivie ait pu parvenir à une réduction de 5% de la pauvreté au niveau national et de 10% dans les zones rurales, entre 2006 et 2008. Elle a en outre expliqué les progrès accomplis dans les domaines de la santé maternelle et infantile. Enfin, Mme Daza a appuyé la nouvelle entité chargée des questions qui se posent aux femmes aux Nations Unies.
M. OLIVIER CHAVE, Chef de la Division des institutions globales, Direction suisse du développement et de la coopération, Département fédéral des affaires étrangères, a reconnu que les progrès réalisés en matière de genre sont insuffisants et inégaux en fonction des régions. Ces progrès accomplis au cours des 15 dernières années sont en outre très fragiles, a-t-il ajouté, évoquant une époque de crises systémiques qui menacent d’anéantir les avancées en matière d’égalité des sexes et de promotion des droits des femmes. Comme nous pouvons le constater, a-t-il encore dit, les femmes sont souvent les plus vulnérables aux choix externes, et elles sont les premières exposées aux risques du chômage et de la pauvreté, « tout particulièrement dans les pays en développement ». Pour M. Chave, les approches de la communauté internationale en matière de développement doivent être basées sur les droits, qui « renforcent les capacités et l’autonomie des femmes et leur garantissent entre autres l’accès aux services publics et aux ressources économiques en leur permettant de participer pleinement à la vie politique et sociale », a-t-il noté.
Mme KAMPETA SAYINZOGA, Secrétaire permanente au Ministère des finances et de la planification économique du Rwanda, a noté les progrès inégaux dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier ceux qui concernent plus particulièrement les femmes (santé maternelle et infantile, autonomisation des femmes et lutte contre le VIH). Le rôle et la contribution des femmes est un facteur clef dans l’agriculture, la sécurité alimentaire et l’élimination de la pauvreté, a-t-elle relevé. Elle a invité les gouvernements à intégrer les questions intéressant les femmes dans la mise en œuvre des programmes nationaux de développement. La représentante a aussi insisté sur l’importance de l’accès à l’emploi et aux marchés pour les femmes. Elle a aussi demandé que l’on recueille plus de données ventilées par sexe et par âge pour mesurer les progrès en matière de développement. Le Rwanda a mis en place des programmes pour faire face à ces questions et a obtenu de bons résultats, a-t-elle enfin indiqué.
Mme JEANNE HEAD, du « National Right to Life Educational Trust Fund » et de la « Fédération internationale Right to Life », a estimé que le monde avait échoué dans la poursuite des OMD nos 4, 5 et 6 parce que les ressources ont été consacrées à faire diminuer le nombre de naissances au lieu de les diriger vers les efforts visant à rendre les accouchements plus sûrs. Elle a donc insisté sur l’importance de réaliser l’OMD 5, qui concerne l’amélioration de la santé maternelle, car, s’il n’est pas atteint, aucun des autres OMD ne pourra être réalisé, a-t-elle averti. Mme Head a aussi estimé que les lois contre l’avortement doivent aussi prévoir une plus grande protection des mères et des enfants. La légalisation sur l’avortement conduit à une augmentation du nombre d’interruptions volontaires de grossesses, a-t-elle rappelé. Elle a aussi indiqué que les pays où l’avortement est interdit ont des taux de mortalité maternelle et infantile inférieurs à ceux qui autorisent cette pratique, citant les cas de l’Irlande et de la Pologne.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a indiqué que sa délégation se réjouissait de la création prochaine de l’entité composite des Nations Unies chargée des questions liées à la problématique hommes-femmes « ONU Femmes », qui contribuera à renforcer et coordonner les efforts de l’ONU dans le domaine considéré. Nous saluons également les actions de l’Organisation en faveur de l’élimination de la violence contre les femmes et les filles, dont les conséquences sociales, économiques et humanitaires désastreuses doivent être sans cesse soulignées, a-t-il ajouté. Rappelant que les États ont l’obligation de protéger les femmes et les filles contre toute forme de violence, ainsi que celle de traduire en justice les auteurs de tels actes, le représentant a estimé que seule l’application de normes juridiques internationales pertinentes permettra de mettre fin aux comportements machistes. Nous appelons tous les États Membres à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, a-t-il encore dit, en vue d’intensifier la participation des femmes dans le règlement des conflits et les processus de reconstruction nationale.
M. LI BAODONG (Chine) a rappelé que depuis la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, qui s’est tenue à Beijing en 1995, les pays ont travaillé activement à la mise en œuvre de la Déclaration et de la Plate-forme d’action de Beijing et ainsi accompli de grands progrès dans la promotion de l’égalité entre les sexes, le renforcement de l’éducation des filles et l’éradication des violences faites aux femmes. Il a cependant constaté que les stéréotypes demeurent enracinés et que des progrès restent à faire pour améliorer la situation économique des femmes, surtout face aux effets de la crise financière internationale. La Chine soutient les Nations Unies dans leurs efforts de promotion de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes et se félicite des avancées de la réforme que mène l’ONU en ce qui concerne ses institutions chargées des questions du genre, a dit M. Li. La Chine abrite le cinquième des femmes de la planète, soit 641 millions, qui représentent 48,5% de la population chinoise, a-t-il ajouté. Le représentant a assuré que le Gouvernement chinois fait son possible pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier en ce qui concerne les femmes. Nous avons aidé 100 000 femmes à bénéficier de microcrédits, a-t-il indiqué, et avons rendu la scolarité gratuite pendant neuf années, ce qui est obligatoire pour tous nos citoyens. Ainsi, en 2009, 99,44% de filles étaient scolarisées, a-t-il annoncé. Comme autres mesures prises en faveur des femmes, M. Li Baodong a mentionné des prestations gratuites en soins de santé gratuits pour les femmes rurales et des lois contre les violences faites aux femmes.
M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a notamment exprimé la préoccupation de sa délégation devant l’absence persistante de femmes dans les processus de paix. Les besoins des femmes sont négligés dans les accords de paix, les conférences de donateurs, les réformes légales postconflit ou encore les programmes de développement, a-t-il déploré. Pour le représentant, le dixième anniversaire de la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité, qui sera célébré le 31 octobre prochain à New York, doit être l’occasion d’examiner les moyens qui permettraient que « la voix des femmes soit mieux entendue ».
M. KHALID A. AL-NAFISEE (Arabie saoudite) a assuré que son pays considère la lutte contre la pauvreté et l’aide aux pays les moins développés comme une priorité en vue de permettre notamment à ces derniers de réaliser dans les temps les OMD. Les Nations Unies, et particulièrement l’ECOSOC, sont essentielles pour faciliter la fourniture de l’aide internationale aux pays qui connaissent des retards dans la réalisation des OMD, a-t-il ajouté. Il a ensuite mis l’accent sur la situation des femmes et la nécessité d’accroître leur participation dans les programmes économiques et de développement social. Le représentant saoudien a ainsi souligné que son pays, par le biais de son Conseil des ministres, adoptait régulièrement des mesures pour faciliter l’accès des femmes aux emplois disponibles dans les entreprises.
M. PETER WITTIG (Allemagne) a souligné le lien évident qui existe entre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et la mobilisation du potentiel des femmes. Il a aussi rappelé que les droits des femmes sont des droits de l’homme. Le Gouvernement allemand a versé 3,17 millions de dollars au Plan d’action de la Banque mondiale pour le genre, dont la mise en œuvre s’étalait sur la période 2007-2010, a-t-il indiqué. L’Allemagne a aussi adopté son premier Plan d’action de politique de développement sur le genre. Ce Plan se concentre sur le rôle des femmes dans la gestion des conflits armés, leur autonomisation économique, les réponses à apporter aux défis sexospécifiques et celles concernant les changements climatiques. Il met aussi l’accent sur la promotion de la santé reproductive et de la planification familiale. M. Wittig a aussi estimé que les organisations de la société civile jouent un rôle clef dans le renforcement des droits des femmes. En outre, a-t-il indiqué, l’Allemagne soutient une série de projets en faveur de l’autonomisation des femmes au Nigéria, en République démocratique du Congo, ainsi que dans plusieurs pays d’Amérique latine où elle participe en particulier à la lutte contre les violences faites aux femmes. L’Allemagne mise beaucoup sur la création d’une entité du genre aux Nations Unies et se réjouit de l’accord qui a été atteint à ce sujet, a-t-il aussi affirmé, espérant que cette instance puisse raffermir les politiques sexospécifiques au sein du système de l’ONU et dans le monde entier.
M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) est intervenu brièvement pour assurer que son pays faisait partie des « meilleurs élèves » en matière de promotion de l’autonomisation de la femme. La participation très élevée des femmes aux processus de prise de décisions, notamment, permet de valoriser leur rôle au sein des entreprises et dans la sphère politique, a-t-il expliqué avant de mentionner une loi grâce à laquelle les jeunes mères peuvent s’occuper de leur progéniture pendant trois ans sans perte de salaire ni d’emploi. En conclusion, il a exprimé l’appui du Bélarus aux avancées effectuées dans les négociations relatives à la mise en place d’une entité composite des Nations Unies chargée des questions liées à la problématique hommes-femmes, ou entité « ONU Femmes ».
Mme MARY ELIZABETH FLORES (Honduras) a souhaité que le débat de haut niveau de l’ECOSOC puisse atteindre des résultats concrets et, dans cet objectif, a soutenu la proposition de faire en sorte que le Conseil adopte une déclaration ministérielle succincte et orientée vers l’action. Au Honduras, la femme joue un rôle fondamental dans le cadre économique et social du pays, a soulignée Mme Flores. Des institutions spéciales veillent au développement et au respect des droits des femmes et des filles, et notamment celles appartenant aux ethnies minoritaires. Les droits des enfants et des familles sont également promus, a-t-elle signalé. Le Honduras dispose aussi de programmes et projets, de stratégies, et de politiques destinés à la réduction de la pauvreté, mais les besoins dépassent encore les ressources, a reconnu Mme Flores. Elle a aussi rappelé combien les peuples sont vulnérables par rapport aux changements climatiques. Mme Flores a ensuite fait remarquer la distance qui sépare une paysanne des plateaux des régions montagneuses, qui travaille du matin au soir, tout en élevant de nombreux enfants, et une femme de la ville, diplômée d’université et travaillant dans un bureau. C’est un véritable abime, a-t-elle affirmé. Elle a donc appelé à adopter des politiques basées sur des valeurs d’humanisme et de la solidarité, pour que les bénéfices de la mondialisation puissent atteindre les femmes défavorisées.
Mme PAULETTE BETHAL (Bahamas) a indiqué que le Gouvernement des Bahamas a adopté une série de mesures en vue de promouvoir l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes. Aux Bahamas, au cours des 36 années d’histoire du pays en tant qu’État souverain, les femmes ont occupé des postes politiques de haut niveau et représentent la vaste majorité des titulaires de postes de direction dans les instances gouvernementales, s’est-elle réjouie. Elles ont aussi atteint les niveaux les plus hauts dans le système judiciaire. Dans le domaine de la santé, Mme Bethal a rappelé que la région des Caraïbes est particulièrement touchée par le VIH/sida, et elle a expliqué que son pays poursuit la mise en œuvre de ses campagnes de sensibilisation, ainsi que des mesures de prévention et des soins et traitements. Cela a conduit à une réduction du taux de transmission de la mère à l’enfant, qui est passé à moins de 2%, a-t-elle précisé. Mais les femmes sont aussi très affectées par les maladies non transmissibles, a-t-elle ajouté, soulignant la nécessité d’améliorer l’accès aux systèmes de santé pour les femmes. La représentante a aussi regretté que les femmes ne se voient pas offrir autant d’opportunités économiques que les hommes, soulignant notamment les différences de salaires entre les sexes. Les Bahamas ont amendé leurs lois sur l’emploi et sur les successions pour corriger les inégalités, a-t-elle ajouté. Nous avons aussi alourdi les peines qu’encourent les auteurs de violences faites aux femmes, a-t-elle dit.
M. GONZALO GUTIÉRREZ REINEL (Pérou) a indiqué que son pays appuie les efforts visant l’institutionnalisation des mécanismes de promotion de l’égalité entre les sexes et d’autonomisation des femmes. Il a ensuite mis en exergue la nécessité que les débats qui ont lieu à l’ONU soulignent les progrès accomplis au titre des OMD et identifient les tâches « qui nous attendent en matière de genre, en particulier dans la période de crise que nous traversons tous à des degrés divers ». Pour le représentant, la crise ne doit pas être une excuse pour remettre à plus tard ou éviter le financement des mesures d’autonomisation, qu’il a jugées « essentielles » pour lutter contre la pauvreté et l’isolement et réduire le fossé entre les villes et les campagnes. Évoquant la situation au Pérou, il a fait remarquer qu’en 15 ans, le taux de pauvreté y est passé de 54% à 36%, cela « grâce à la mise en œuvre déterminée de programmes comportant une perspective sexospécifique ». Il a également assuré que son gouvernement restait engagé dans la lutte contre les stéréotypes afin de faciliter la participation des femmes aux processus de prise de décisions dans les sphères publiques et privées et d’éliminer la violence sexuelle, « un fléau qui entrave tout progrès social et humain durable ».
M. DALIUS ČEKUOLIS (Lituanie), au nom de la « Communauté des démocraties », a affirmé que les femmes étaient des acteurs importants du développement et que leur contribution était essentielle pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Leur participation pleine et entière à tous les niveaux de la vie, politique, économique et social est fondamentale pour la réduction de la pauvreté, le relèvement économique et la prospérité, ainsi que pour la pleine jouissance de tous les droits de l’homme par tous. Elle est également nécessaire à la construction de démocraties actives à travers le monde. Les femmes et filles sont les premières victimes des conflits, des crises et des catastrophes naturelles, a ajouté M. Čekuolis.
La « Communauté des démocraties » insiste sur l’importance d’une participation égale des femmes face à ces crises. Elle affirme en outre que des événements comme la crise économique et financière ne doivent pas servir de prétexte pour relâcher les efforts dans la lutte contre les discriminations à l’encontre des femmes, a dit le représentant. Rappelant que l’égalité entre hommes et femmes n’est pas un OMD en soi, mais qu’elle constitue un élément central de leur réalisation, M. Čekuolis s’est inquiété des progrès très inégaux dans la réalisation des OMD 4 et 5 et a rappelé qu’il incombe au premier chef à chaque État de veiller à l’égalité entre les sexes et de promouvoir le rôle des femmes. Adopter de bonnes lois ne suffit pas, il faut veiller à les mettre pleinement en œuvre, a-t-il recommandé. Le représentant a également souhaité que la nouvelle entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes soit rapidement rendue opérationnelle. Rappelant que la « Communauté des démocraties » avait, en début d’année, créé un groupe de travail sur les droits des femmes et l’égalité des sexes, il a invité tous les États Membres à y contribuer.
M. JORGE ARGÜELLO (Argentine) a mentionné l’adoption par son pays en 2009 de la « Loi de protection générale » pour prévenir, sanctionner et éradiquer les violences faites aux femmes. En outre, nous avons pu dépasser l’objectif de promotion de l’égalité entre les sexes du troisième des Objectifs du Millénaire pour le développement, avec un taux d’alphabétisme de 95% atteint en 2007. Cependant, bien qu’elles soient plus diplômées que les hommes en Argentine, les femmes ne se voient toujours pas rémunérées autant qu’eux quand elles occupent les mêmes emplois, a relevé M. Argüello. En outre, a noté le représentant, elles sont peu représentées aux postes de haut niveau, tant dans le secteur privé que dans le secteur public, ce qui a conduit le Gouvernement à lancer des programmes pour promouvoir leur participation dans les domaines économiques. Par ailleurs, une loi sur les quotas de 1991 a permis aux femmes d’accéder au pouvoir législatif, ce qui a placé l’Argentine au rang des 10 pays ayant le plus de femmes dans leurs parlements. Dans le domaine de la santé, a poursuivi le représentant, l’Argentine veut atteindre l’objectif concernant la santé reproductive, car la mortalité maternelle est en majorité causée par les avortements. Nous avons donc travaillé ces dernières années à la mise en œuvre du Programme de santé sexuelle et de la procréation responsable, en adoptant de nombreuses lois dans ce domaine, notamment pour améliorer la santé sexuelle des adolescentes.
Mme SUSAN WAFFA-OGOO (Gambie) a estimé qu’il est inutile de promouvoir l’égalité de genre et l’autonomisation de la femme sans créer un environnement juridique et un cadre efficaces de renforcement et de protection de leurs droits. Une loi complète sur les femmes est actuellement en cours d’examen en Gambie et devrait être alignée sur les engagements internationaux pris dans le domaine considéré, a indiqué la représentante. Selon elle, la mise en œuvre des objectifs généraux de développement et de ceux relatifs à la condition de la femme se renforcent mutuellement, notamment dans les pays en développement. Dans ces pays, le succès est une question vitale, c’est pourquoi les donateurs et autres partenaires au développement doivent aller au bout de leurs engagements, a affirmé la représentante. Elle a ensuite mis l’accent sur la nécessité urgente de revitaliser le secteur agricole et celui de l’énergie par le biais notamment de l’appui au microcrédit, dont les femmes bénéficient directement en Afrique. Quand les femmes sont responsabilisées juridiquement, économiquement et socialement, c’est la société toute entière qui en tire profit, a-t-elle conclu.
M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay) a appelé à renforcer les efforts visant à respecter les engagements pris au niveau international en matière de développement, ce qui est le seul moyen, selon lui, pour parvenir à améliorer la qualité de vie de toutes les femmes. Au cours des dernières années, l’Uruguay a connu une transformation fondamentale sur les questions du genre, a-t-il annoncé. Il a d’abord indiqué que l’Institut national des femmes assure la promotion des politiques en faveur de l’égalité entre les sexes, par le biais du Plan pour l’égalité des chances et des droits, mis en place en 2007. Le Gouvernement uruguayen lutte aussi activement contre les violences faites aux femmes, grâce à un plan sur la violence domestique datant de 2004. Autre domaine d’action, le secteur de l’emploi, a poursuivi M. Cancela qui a signalé, entre autres, une loi sur le travail à domicile. Il a aussi indiqué que le Ministère de la santé publique a créé en 2005 un programme national sur la santé de la femme et le genre, dans l’objectif de réduire les inégalités entre les sexes en matière de santé. Des mesures ont également été prises pour que le personnel de santé intervienne en matière de santé sexuelle et procréative, a-t-il ajouté. Enfin, le représentant a lancé un appel à la communauté internationale afin qu’elle accroisse le niveau de sa coopération en matière de développement, afin de permettre aux pays en développement d’atteindre tous les objectifs prescrits. Il a aussi salué la finalisation des négociations sur la nouvelle entité « ONU Femmes », chargée du genre et de l’autonomisation des femmes aux Nations Unies.
M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) a souligné que son pays avait pris des mesures spécifiques pour atténuer l’impact négatif de la crise économique et financière internationale sur l’emploi et la situation sociale des femmes enceintes et des jeunes mères. Les sujets les plus vulnérables au sein du groupe des femmes ont également bénéficié d’aides et d’allocations spéciales, a-t-il ajouté, assurant que la représentation égale des hommes et des femmes dans les processus de prise de décisions politiques restait l’une des priorités du Gouvernement ukrainien actuel. Poursuivant son intervention, le représentant de l’Ukraine a déploré la persistance de violences à l’égard des femmes et des filles, un phénomène exacerbé selon lui par la conjonction des crises économique et alimentaire qui sévissent conjointement dans de nombreux pays. Il a plaidé pour une intensification de la coopération aux niveaux bilatéral et multilatéral pour inverser cette tendance « qui sape la réalisation des OMD et des autres initiatives de développement ».
M. LESLIE KOJO CHRISTIAN (Ghana) a déclaré que son pays était engagé depuis longtemps en faveur de l’égalité entre hommes et femmes et a expliqué que les Objectifs du Millénaire pour le développement avaient été incorporés dans tout le cadre de la politique de développement de son pays. Le Ghana a également adopté des lois en faveur des femmes en pénalisant les agressions sexuelles, les pratiques traditionnelles néfastes, ainsi que la violence domestique. Le Gouvernement ghanéen prépare actuellement une loi sur la propriété en faveur des épouses et prépare la révision de la loi sur les successions. Après avoir présenté certaines mesures en faveur de la promotion économique des femmes, M. Kojo Christian a affirmé que l’égalité entre filles et garçons dans l’éducation primaire serait sans doute réalisée d’ici à 2015. Les résultats des mesures de promotion des femmes se font progressivement sentir de différentes manières, a-t-il ajouté, en mettant l’accent sur la participation aux processus de prise de décisions qui permet aux femmes de mieux influencer les politiques de développement à tous les niveaux. Il a rappelé que des femmes sont actuellement à la tête du Parlement, de la Cour suprême et du Ministère de la justice au Ghana.
Malgré ces progrès, le représentant a rappelé qu’il faudra faire davantage pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015. Il a ainsi rappelé que son pays a encore un taux de mortalité maternelle et infantile très élevé, et que peu de naissances ont eu l’aide d’un personnel qualifié, en particulier dans les zones rurales. Il a aussi observé que, bien que le Ghana connaisse la démocratie depuis 1992, la représentation des femmes au Parlement ne dépasse pas 11%, et que leur nombre a baissé de 25 à 20 après les élections de 2008. Il a aussi rappelé que les récentes crises économique et financière avaient exacerbé les défis et menaçaient les objectifs de développement que tentent d’atteindre les pays en développement.
M. CLAUDE HELLER (Mexique) a souligné l’importance de l’éducation et de la communication pour sensibiliser les hommes sur les violences faites aux femmes et aux filles. Il a aussi attiré l’attention sur les discriminations aggravées dont souffrent les femmes handicapées, autochtones et migrantes. Le Mexique a avancé sur la voie de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en ce qui concerne la dimension sexospécifique, a-t-il indiqué. Le Gouvernement cherche notamment à obtenir de meilleurs niveaux de santé et de nutrition pour les femmes, dans le but de réduire la mortalité et la morbidité. Depuis cinq ans, nous avons augmenté de plus de 200% le budget alloué aux questions sexospécifiques, a-t-il aussi fait valoir. Nous avons aussi adopté des lois sur l’égalité des sexes et contre les violences faites aux femmes, ainsi qu’un Programme national 2009-2012 sur l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, a dit M. Heller. Le Mexique se félicite de l’adoption imminente à l’Assemblée générale d’une résolution qui, notamment, finalisera la création d’une nouvelle entité sur la question du genre et confirmera l’engagement de tous les États Membres en faveur de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes. La clef du succès de cette entité sera de se servir de l’expérience acquise par des institutions comme l’UNIFEM et l’INSTRAW, a-t-il suggéré.
M. FAZLI ÇORMAN(Turquie) a insisté sur l’importance de coordonner la mise en œuvre des stratégies et politiques de développement. À cette fin, l’ONU est l’organisme de choix pour rendre l’action collective plus cohérente et efficace, a-t-il ajouté. Le représentant a estimé que la célébration en octobre prochain des 10 ans de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité devait être l’occasion de réaffirmer les engagements pris en matière d’autonomisation et de protection des femmes. Nous avons pris ces engagements au plus haut niveau, et l’opinion publique attend des actes, a-t-il lancé, rappelant le lien inextricable entre la sécurité des femmes et le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Au travers de ses résolutions 1325, 1820, 1888 et 1889, le Conseil de sécurité a souligné que l’autonomisation des femmes est un élément clef de stabilité, a-t-il ainsi dit. Reprenant les termes du Secrétaire général, le représentant a reconnu que tant que les femmes et les filles n’auront pas été libérées du joug de la pauvreté et de l’injustice, la réalisation de tous les objectifs de paix, de sécurité et de développement durable sera compromise. Il a conclu en formant le souhait que l’entité composite des Nations Unies chargée des questions liées à la problématique hommes-femmes contribuera à mieux répondre aux besoins et défis qui se posent actuellement dans le domaine de l’égalité des sexes à travers le monde.
M. AMAN HASSEN (Éthiopie) a déclaré que son pays avait pris de nombreuses mesures au niveau national pour mettre en œuvre la Déclaration et la Plate-forme de Beijing ainsi que le Document final de la vingt-troisième session spéciale de l’Assemblée générale. Le Gouvernement de l’Éthiopie a promulgué une loi nationale sur la femme et a pris de nombreuses mesures pour améliorer les conditions de la femme par le biais de stratégies et de politiques visant à intégrer la sexospécificité dans tous ses programmes de développement, a indiqué M. Hassen. Il a dit que 21% des parlementaires éthiopiens étaient des femmes et que ce chiffre représente 40% en ce qui concerne le pourcentage des femmes élues au niveau provincial. Le pourcentage des filles à l’école primaire, secondaire et tertiaire a atteint respectivement 45%, 35% et 22%, a-t-il précisé. Il a cité le lancement d’une campagne de lutte contre la mortalité maternelle et le déploiement d’immenses efforts dans la lutte contre le VIH/sida et d’autres maladies contagieuses. De plus, a-t-il insisté, la nouvelle « Loi sur la famille » permet aux femmes de jouir de la pleine égalité en ce qui concerne les droits de succession, de divorce ou de garde des enfants. Le Code pénal éthiopien prévoit des peines pour les responsables de violences sexistes, a-t-il ajouté.
M. NEVEN MIKEC (Croatie) a salué le consensus atteint en ce qui concerne la création de l’entité des Nations Unies chargée des questions de genre et a déclaré attendre avec impatience le début de ses activités. La Croatie a adopté une politique nationale pour la promotion de l’égalité entre les sexes pour 2006-2010, a-t-il indiqué. Cette politique se base sur la mise en œuvre des principes du droit international et des recommandations de la Déclaration de Beijing, ainsi que sur les acquis communautaires et la Convention européenne pour la protection des droits de l’homme. M. Mikec a signalé les progrès accomplis dans ce cadre, comme une plus grande sensibilisation du public en général sur les droits des femmes, une législation plus sophistiquée en matière de lutte contre la discrimination, et une meilleure représentation des femmes au niveau politique. En outre, les postes de premier ministre, de vice-premier ministre et de vice-président du Parlement sont actuellement occupés par des femmes, a-t-il signalé, ajoutant qu’il y a 25% de femmes au Parlement croate. M. Mikec a également mentionné les différentes lois adoptées ces dernières années pour lutter contre la discrimination à l’égard des femmes et promouvoir l’emploi des femmes. La Croatie a fait des progrès en ce qui concerne l’éducation des filles, a-t-il aussi indiqué, notant également les efforts de lutte contre les violences faites aux femmes grâce à une stratégie nationale.
M. RODOLFO BENÍTEZ VERSÓN (Cuba) a assuré que « la femme cubaine est la force principale de la société dans les domaines clefs que sont l’économie, la santé, l’éducation, la science ou encore le droit ». Après avoir détaillé les niveaux de participation des femmes dans ces domaines, le représentant a rappelé que Cuba avait été le premier pays à ratifier la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Poursuivant son intervention, il a déclaré que l’appel lancé à Beijing aux pays développés pour qu’ils consacrent 0,7% de leur PIB à l’APD « est pratiquement resté lettre morte ». « Honte à ceux qui se lavent les mains des aspirations justes et des besoins des pays qui ont besoin de l’aide internationale pour se réaliser », a-t-il lancé. Le représentant a ensuite considéré que la pleine mise en œuvre du Plan d’action de Beijing était liée à la réalisation des OMD. « Nous devons travailler d’arrache-pied pour éliminer la pauvreté ainsi que la dette extérieure, mais également pour stopper l’augmentation absurde des dépenses militaires, une escalade qui affecte directement l’appui au développement », a encore déclaré M. Versón.
M. CARLOS GARCÍA GONZÁLEZ (El Salvador) a reconnu le rôle important que jouent les femmes dans le développement. El Salvador a atteint la parité dans l’éducation primaire et il y a même plus de filles dans l’éducation secondaire et supérieure, a-t-il indiqué, précisant toutefois que l’analphabétisme des adultes affecte davantage les femmes. Il a assuré que le Gouvernement salvadorien a facilité l’ascension sociale pour les femmes, afin qu’elles puissent occuper des postes élevés dans les administrations et le Gouvernement. Malgré ces efforts, a-t-il ajouté, les femmes continuent à travailler en majorité dans les emplois à domicile, et des mesures ont été prises pour intégrer les femmes de ce secteur dans le régime de sécurité sociale. Le représentant a reconnu qu’il fallait encore relever d’autres défis pour assurer l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes, notamment en luttant contre les violences qui leur sont infligées, œuvrer pour un travail décent des femmes et augmenter leur participation politique. Il faut aussi éliminer la traite des femmes et protéger les droits de l’homme des femmes migrantes, a-t-il ajouté. Le représentant a ensuite salué l’adoption par 67 pays, en décembre 2008, de la Déclaration sur l’orientation sexuelle et l’identité du genre des Nations Unies ». M. García González a enfin précisé ce qui est fait par l’Institut salvadorien pour le développement de la femme, pour une meilleure répartition des tâches familiales notamment, et signalé qu’il a été renforcé grâce à une augmentation budgétaire.
M. HASAN KLEIB (Indonésie) a estimé que les actions en faveur de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes devaient être basées sur la recherche d’une participation accrue des femmes au fonctionnement de la société. Nous devons nous doter de garde-fous pour éviter que les avancées obtenues ne soient de nouveau perdues du fait d’une crise de l’ampleur de celle dont nous affrontons actuellement les effets, a-t-il dit. Le représentant a ainsi plaidé pour un réexamen des objectifs et des approches en matière de développement, la réduction de la pauvreté devant être liée à un rééquilibrage du partage des richesses. Dans cette perspective, l’emploi pour tous doit être le moteur de cette répartition qui permet de mettre un terme à la pauvreté endémique, a-t-il estimé. Selon lui, un tel environnement, favorable à la création d’emplois doit donner aux femmes les moyens de s’accomplir en apportant leur écot à la prospérité des sociétés. Le succès des femmes inspirera inévitablement une transformation sociale bénéfique au plus grand nombre, a considéré le représentant, qui a conclu son intervention en appuyant à son tour l’établissement de la nouvelle entité « ONU Femmes ».
M. PARK IN-KOOK (République de Corée) a déclaré que son pays avait vérifié d’expérience que l’égalité entre les sexes était primordiale pour la croissance économique, l’élimination de la pauvreté et le développement durable. Investir dans les femmes a donc un effet positif clair et direct sur le développement national, a-t-il souligné. M. Park a ainsi estimé que le rôle des femmes dans l’économie ne pouvait être surestimé, notamment en cette période de crise. L’amélioration de la situation économique des femmes bénéficie à leur famille, à leur communauté et à leur pays. Il faut donc leur assurer un meilleur accès au microcrédit et aux services bancaires et financiers, a préconisé M. Park. Le représentant a cité en exemple le programme spécifique mis en place dans son pays au profit des femmes cheffes de famille qui sont la seule source de revenu de leur famille. La santé des femmes mérite la pleine attention de la communauté internationale, a poursuivi M. Park, car ce sont elles qui prennent le plus soin de leur famille. Il a rappelé la participation de son pays à l’initiative Muskoka du G-8, qui a réuni 7,3 millions de dollars qui seront mobilisés sur 5 ans pour appuyer la réalisation des OMD 4 et 5, relatifs à la réduction de la mortalité infantile et à l’amélioration de la santé maternelle.
Rappelant que la pleine participation des femmes aux processus de prise de décisions politiques et économiques à tous les niveaux représente un avantage considérable dans toutes les situations, y compris celles de conflits, d’après-conflit ou encore d’urgence, M. Park s’est dit impressionné par l’amélioration des résultats obtenus par le Programme alimentaire mondial (PAM) après le séisme en Haïti quand le Programme a décidé de modifier ses méthodes de distribution de l’aide alimentaire, la faisant passer par les femmes. Du coup, a-t-il rappelé, les distributions se sont faites davantage dans le calme, et l’aide a mieux atteint les familles, sans risque qu’elle soit revendue. M. Park a déclaré que les inégalités entre hommes et femmes dans son pays avaient considérablement diminué en deux décennies, et que la participation des femmes avait nettement augmenté, grâce à des mesures de discrimination positive, par exemple pour recruter des femmes dans l’administration. Tout en faisant remarquer que les violences à l’encontre des femmes n’étaient pas directement liées à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, M. Park a estimé que tous les efforts devaient être faits pour lutter contre ces violences. Estimant qu’il était important de renforcer l’architecture de l’égalité des sexes au sein du système des Nations Unies, il s’est félicité des résultats positifs obtenus récemment à propos de la nouvelle entité « ONU Femmes » qui œuvrera dans ce domaine.
Mgr CELESTINO MIGLIORE, Observateur permanent du Saint-Siège, s’est félicité des progrès accomplis par de nombreux pays pour promouvoir les perspectives des femmes en matière de développement. Rappelant que l’autonomisation des femmes repose sur le respect de la dignité humaine, qui est universelle, il a remarqué qu’elle implique une complémentarité des hommes et des femmes entrainant une « égalité dans la diversité ». « La différence n’est pas l’inégalité », a-t-il expliqué. L’autonomisation des femmes implique donc une reconnaissance des talents de celles-ci et passe par de meilleurs soins de santé, une meilleure éducation et une plus grande égalité des chances. Il a appelé à respecter la dignité des femmes en honorant leur capacité à servir la société et la famille par le biais de la maternité. Si le travail au foyer était reconnu comme un talent particulier des mères, il y aurait une meilleure redistribution des travaux non payés et une plus grande attention serait portée aux arrangements nécessaires pour elles en matière d’emploi, a-t-il remarqué. L’Observateur du Saint-Siège a aussi invité à éliminer les inégalités entre hommes et femmes dans le domaine de la santé en général, en évitant de se concentrer sur une seule question pour ne pas négliger les autres. Il a appelé à autonomiser les femmes grâce à l’accès aux terres, au crédit et à des chances égales. Le nonce apostolique a également attiré l’attention sur l’importance d’un bon cadre juridique pour lutter contre les violences faites aux femmes et a soutenu les initiatives visant les handicapées, les migrantes et les réfugiées.
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